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Archives Mensuelles: novembre 2017

Une nouvelle piste pour expliquer les effets indésirables du Levothyrox

30 jeudi Nov 2017

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L’expertise universitaire, l’exigence journalistique

29 novembre 2017, 21:38 CET

Claude Hamonet

Auteur

  1. Claude Hamonet

    Professeur émérite de médecine, Université Paris-Est Créteil Val de Marne (UPEC)

Université Paris-Est Créteil Val de Marne

 

Ancienne et nouvelle formule du levothyrox, un médicament notamment prescrit dans l’hypothyroïdie. Gerard Bottino/Shutterstock

Environ 3 millions de personnes prennent, en France, du Levothyrox. On a réalisé à quel point ces patients étaient nombreux à l’occasion de la crise déclenchée par le changement de la formule de ce médicament au mois de mars. 2 500 dossiers ont déjà été enregistrés dans une action collective pour « défaut d’information » qui sera engagée au civil contre le fabricant, Merck, tandis que des plaintes ont été déposées au pénal pour « non-assistance à personne en danger et mise en danger de la vie d’autrui ».

De nombreux patients se plaignent d’effets secondaires avec ce médicament, destiné à remplacer l’hormone produite par la thyroïde en cas d’ablation de cette glande située à la base du cou, ou bien à compenser une baisse de cette hormone – ce qu’on nomme l’hypothyroïdie. En attendant que les enquêtes menées par la justice aboutissent, plusieurs pistes ont été avancées pour tenter de comprendre la survenue, avec la formule modifiée, de troubles du rythme cardiaque, de crampes musculaires, de problèmes intestinaux, de maux de tête ou de vertiges, par exemple une différence dans la biodisponibilité du médicament c’est-à-dire dans la diffusion du principe actif dans l’organisme. Mais à ce jour, ces hypothèses peinent à expliquer l’ampleur du phénomène.

Notre expérience dans le suivi à l’hôpital, sur 22 années, de plus de 5 000 patients touchés par une maladie héréditaire méconnue, le syndrome d’Ehlers-Danlos, nous amène à formuler une nouvelle hypothèse. Des personnes traitées par Levothyrox pour une hypothyroïdie pourraient être porteuses de ce syndrome, sans avoir été diagnostiquées. Cette maladie serait alors à l’origine des effets indésirables observés, du moins pour certains patients.

Le syndrome d’Ehlers-Danlos, maladie méconnue mais fréquente

Le syndrome d’Ehlers-Danlos est fréquent, bien qu’il soit encore rangé par certains chercheurs dans les maladies rares. Il concerne environ 2 % de la population selon l’estimation de notre groupe de médecins, le Groupe d’étude et de recherche du syndrome Ehlers-Danlos, même si cette proportion peut varier en fonction de la classification retenue. La maladie touche l’ensemble des tissus conjonctifs, qui représentent environ 80 % des tissus du corps humain, par exemple la peau ou les os. Ces tissus sont plus fins et plus fragiles, en raison notamment d’une modification du collagène, l’armature de ces tissus. Les symptômes apparaissent habituellement dans les premières années de la vie ; pourtant ces signes ne conduisent jamais au diagnostic, ou alors avec un retard considérable de… 21 ans en moyenne.

Les difficultés à reconnaître le syndrome d’Ehlers-Danlos chez un patient sont liées à la diversité des symptômes et à l’absence de test biologique, à l’exception de certaines formes particulières.

Les descriptions initiales de la maladie ont été réalisées par des dermatologues, d’abord Nicolai Alexandrovich Chernogubow à Moscou (Russie) en 1891, puis Edvard Ehlers à Copenhague (Danemark) en 1900. Elles se concentraient sur l’hypermobilité des articulations – une souplesse articulaire bien supérieure à la moyenne – et l’étirabilité de la peau.

Au cours des vingt dernières années, la conception de la maladie a beaucoup évolué sous l’influence de chercheurs de plusieurs pays, notamment Rodney Grahame à l’université de Londres (Grande-Bretagne), Daniel Manicourt à l’Université catholique de Louvain (Belgique), Antonio Bulbena à l’université autonome de Barcelone (Espagne) et Pradeep Chopra à l’université de Brown, à Rhode Island (États-Unis). Leurs travaux ont permis d’identifier de nombreuses autres manifestations de la maladie, par exemple des difficultés respiratoires qui peuvent être confondues avec l’asthme, ou des manifestations cardiaques comme la tachycardie. Le système endocrinien, dont la thyroïde fait partie, est aussi concerné.

Un diagnostic fondé sur neuf signes caractéristiques

La présence, chez un patient, de 5 au moins des 9 signes caractéristiques du syndrome d’Ehlers-Danlos permet de poser le diagnostic de manière fiable, comme montré dans notre communication à l’Académie de médecine, le 28 février. L’absence de l’un d’entre eux ne peut l’éliminer, étant donnée la variabilité des tableaux cliniques.

Nous reprenons ici la description de ces neuf signes.

  1. Des douleurs des articulations et autour des articulations, avec des localisations multiples (cou, épaules, coudes, poignets, doigts, dos, bassin, hanches, genoux, chevilles, pieds) de type chronique ou, à l’inverse, brèves et très violentes. Elles sont variables en intensité (souvent très fortes) selon la localisation, évoluant habituellement par crises sur un fond continu. Elles sont aggravées par l’activité physique, avec souvent un décalage au lendemain, et peuvent persister longtemps.
  2. Une sensation de fatigue importante, présente dès le réveil, avec l’impression de pesanteur du corps, exagérée lors de crises imprévisibles, avec parfois des accès de somnolence dans la journée.
  3. Des troubles du contrôle des mouvements volontaires, avec des maladresses et des heurts d’obstacles comme le chambranle de la porte, une déviation de la marche et parfois des chutes.
  4. Une instabilité des articulations responsable de pseudo entorses (qui ne durent pas, contrairement aux entorses véritables), de blocages articulaires, de luxations ou de subluxations c’est-à-dire des débuts de luxation (incluant les craquements des articulations).
  5. Une peau amincie, pâle, transparente, laissant voir le réseau veineux sur les avant-bras, au-dessus des seins et dans le dos. La peau est douce au toucher. Elle ne protège pas contre l’électricité statique, ce qui entraîne des sensations de décharge électrique au contact d’objets métalliques comme la portière d’une voiture, un caddy, ou lors du contact physique avec une autre personne.
  6. Une hypermobilité des articulations, au moins dans l’enfance. Elle est plus ou moins diffuse, permettant par exemple de mettre un pied derrière la tête ou de faire le grand écart facial. Cette souplesse extrême a pu disparaître par la suite, ou bien être masquée par les douleurs ou les contractures. Son absence n’exclut pas le diagnostic. Des rétractions des muscles, par exemple des muscles fléchisseurs des genoux, des triceps ou des muscles fléchisseurs plantaires, sont même fréquentes, surtout chez l’enfant.
  7. Des reflux gastro-œsophagiens, ou vomissements, qui peuvent survenir tôt dans la vie, par exemple lors de la prise des biberons.
  8. Des ecchymoses étendues, ce qu’on appelle des « bleus », survenant pour des traumatismes minimes bien souvent passés inaperçus, ou du purpura, un semis de petites taches rouges sur la peau.
  9. Des sens exacerbés, ce qu’on nomme l’hypersensorialité. Cela se traduit notamment par une intolérance aux bruits et une perception très fine des sons, ou hyperacousie. Cela entraîne également des vertiges, survenant aux changements de position de la tête, compromettant l’équilibre postural.

Les pieds et les mains froids, des fièvres inexpliquées, des vergetures

D’autres signes peuvent coexister et contribuent à l’identification du syndrome d’Ehlers-Danlos. Les pieds et les mains froids, signe d’une dysautonomie, souvent confondus avec un syndrome de Raynaud ; des palpitations, des sueurs, de la frilosité, des fièvres inexpliquées ; une grande sensibilité olfactive et au toucher ; une constipation ; des douleurs dans l’abdomen ou dans les côtes ; des troubles du sommeil ; de la dystonie, c’est-à-dire des tremblements ou des secousses musculaires, des contractures ; de la fragilité cutanée avec des troubles de cicatrisation ou des vergetures ; une étirabilité cutanée excessive ; des gencives qui saignent facilement ; des blocages respiratoires, des essoufflements ; des troubles de la vision binoculaire (capacité à utiliser les deux yeux pour voir nettement) ; des dents mal positionnées ou qui bougent ; le besoin d’uriner souvent ; pour les femmes, des douleurs lors des rapports sexuels, des accidents lors des accouchements ; des troubles cognitifs liés à la mémoire, l’attention, la concentration, l’orientation ; des troubles de l’affectivité ou du comportement comme l’anxiété, l’émotivité ; des troubles du spectre autistique.

Si nous avons dressé ici cette longue liste, c’est dans le but de mettre des personnes concernées – ou leurs médecins – sur la piste du syndrome. L’absence de diagnostic peut en effet avoir de lourdes conséquences pour la santé de ces personnes. Quand d’autres membres de la famille présentent des tableaux identiques – plus ou moins expressifs – cela vient renforcer la suspicion.

On le voit, les manifestations cliniques sont multiples et de ce fait, aboutissent à bien des erreurs de diagnostic. Certaines personnes touchées par la maladie ont un diagnostic psychiatrique, comme montré dans notre article publié en mars dans la revue Journal of Depression and Anxiety ou encore un diagnostic, là aussi erroné, d’une autre maladie physique.

Un diagnostic de fibromyalgie peut aussi être posé. Il s’agit en fait d’une appellation impropre donnée par les rhumatologues au syndrome d’Ehlers-Danlos. Cette catégorisation a été réalisée par des chercheurs abusés par une conception ancienne du syndrome d’Ehlers-Danlos, longtemps vu comme une simple curiosité de la nature permettant de faire des numéros de contorsionnisme, et sans douleurs. Et malheureusement, elle perdure.

L’hypothèse d’une confusion diagnostique entre deux maladies

Pour en revenir à la crise du Levothyrox, il convient donc de se poser la question suivante : pourrait-il exister une confusion diagnostique entre l’hypothyroïdie et le syndrome d’Ehlers-Danlos ? Un nombre important des symptômes décrits se retrouvent en effet dans les deux maladies.

L’hypothyroïdie est caractérisée par la fatigue importante dès le réveil, les troubles du sommeil, les ronflements nocturnes, les troubles de la thermorégulation (extrémités froides, frilosité, hypothermie), la sécheresse de la peau et les modifications des phanères (ongles cassants, chute des cheveux), la constipation, la prise de poids, les douleurs articulaires, les crampes musculaires, les difficultés à avoir un enfant et la fréquence des fausses couches, les troubles de la sexualité, l’anémie, les troubles de la mémoire, de la concentration, un état dépressif.

Ces symptômes sont tous retrouvés, plus ou moins groupés, chez des patients avec un syndrome d’Ehlers-Danlos. Leur présence peut être à l’origine d’une erreur d’interprétation donnant lieu à un diagnostic erroné d’insuffisance thyroïdienne.

A l’inverse, on observe dans le syndrome d’Ehlers-Danlos des modifications morphologiques visibles à l’échographie, comme l’atrophie de la thyroïde. Par ailleurs, des nodules sont très banals dans cette maladie du conjonctif, tout comme les kystes. Il est donc possible que des diagnostics d’hypothyroïdie soient posés à tort devant un tableau de syndrome d’Ehlers-Danlos, notamment chez les sujets les plus jeunes.

L’hypothyroïdie, l’une des expressions du syndrome d’Ehlers-Danlos ?

Notre expérience auprès des patients et nos publications scientifiques nous conduisent à proposer, en plus, une autre hypothèse. L’hypothyroïdie pourrait être, en fait, l’une des modalités d’expression du syndrome d’Ehlers-Danlos. Autrement dit, la première relèverait du second, il ne s’agirait pas de deux maladies différentes. Le tissu conjonctif serait peut-être, là aussi, en cause.

En effet, arrêtons-nous un instant sur les principaux symptômes décrits par une partie des patients après la prise du nouveau Levothyrox. Ils ont été rendus publics en octobre par l’Agence nationale de sécurité du médicament sur la base des déclarations de pharmacovigilance envoyées par les patients. Fatigue, insomnie, maux de tête, vertiges, douleurs articulaires et musculaires, chute des cheveux : ces signes se retrouvent dans le syndrome d’Ehlers-Danlos. On observe également parmi les déclarants une nette prédominance des femmes (soit 90,7 %), comme dans le syndrome.

Il convient donc de s’interroger : les effets indésirables observés chez certains avec le nouveau Levothyrox ne sont-ils pas le fait de patients ayant un syndrome d’Ehlers-Danlos méconnu ? Il resterait, encore, à comprendre pourquoi ces réactions n’ont été signalées qu’avec le changement de formule. Étant donnée la population très importante de personnes atteintes non diagnostiquée en France, l’hypothèse mérite en tout cas d’être explorée. Les médecins formés à cette maladie voient en effet venir à eux de nombreux patients qui ont trouvé seuls, avec l’aide d’Internet, l’explication à leurs douleurs et autres problèmes de santé. Les interrogations autour de la nouvelle formule du Levothyrox sont, peut-être, une occasion de mettre certains patients sur la bonne voie.

Islam-Occident: relire Jacques Berque

29 mercredi Nov 2017

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  1. Thierry Rambaud

    Professeur des Universités en droit public (Université Paris Descartes USPC), Sciences Po – USPC

  2. Antoine Arjakovsky

    Historien, Co-directeur du département «Politique et Religions», Collège des Bernardins

Collège des Bernardins

Université Sorbonne Paris Cité

Sciences Po

.

Jacques Berque. Mémoires d’Afrique du Nord

Le 5 octobre dernier s’est tenu au Collège des Bernardins un colloque relatif à la pensée politique et religieuse de Jacques Berque (1910-1995), le grand islamologue et orientaliste français. C’est principalement sous l’angle du « dialogue des civilisations et des cultures » que la pensée de Berque y fut abordée. On sait l’importance majeure de ce dialogue dans le contexte politique si troublé qui a suivi les attentats de 2015 en France et ailleurs, et les interrogations nombreuses qui en ont résulté. En ce domaine, il ne fait guère de doute que les travaux de Jacques Berque posent de précieux repères.

L’islamologue fut un remarquable passeur, « entre les deux rives de cette Méditerranée » qui lui fut si chère, comme l’atteste le recueil de ses études paru après sa mort. Il s’y intéresse autant à la liberté des peuples qu’au sujet de l’identité ou encore à ce qu’il appelle les « horizons méditerranéens ».

Ancien administrateur colonial, auteur d’une thèse remarquée sur les structures sociales dans le Haut-Atlas, Jacques Berque fut professeur au collège de France jusqu’en 1981, élu à la chaire d’Histoire sociale de l’islam contemporain.

La France et sa part d’« islamité »

Ses analyses d’une grande lucidité et d’une grande actualité témoignent de son attachement profond au thème du « dialogue et de la synthèse des cultures ». Il n’est sans doute pas besoin de beaucoup insister pour souligner la dimension fondamentale d’un tel sujet dans le contexte actuel troublé où ce dialogue paraît bien mal en point.

Outre ses analyses sur les échanges entre l’islam et de la modernité, Berque a consacré des pages essentielles au sujet de la présence de l’islam en France. Invitant la France à accepter une part de son « islamité », il s’est interrogé, en penseur politique, sur l’articulation nécessaire entre la « francité » et « l’islamité » dans le cadre de la communauté politique nationale. Ses travaux peuvent être à cet égard relus à l’aune du stimulant essai de Pierre Manent, Situation de la France. Pierre Manent s’était, dans un essai très stimulant et qui a suscité de nombreuses discussions, interrogé sur les conditions d’intégration de l’islam, pris en tant que tel, à la société française.

La nécessaire synthèse des cultures

Relativement au dialogue des cultures, Jacques Berque a proposé trois concepts : le mélange, l’amalgame et la synthèse des cultures. C’est cette dernière qui a particulièrement retenu particulièrement son attention, car « la synthèse dépasse les deux identités sans les altérer ». La synthèse « n’aliène en rien leur autonomie ». Ce point est absolument fondamental et Jacques Berque ajoute :

« Il s’agit de prendre les apports respectifs de ces civilisations, sans les contraindre à se perdre les uns dans les autres. »

Il écrit également dans Une cause jamais perdue. Pour une méditerranée plurielle :

« Le tissu se forgera avec le temps. Il y a quelque chose à chercher et à bâtir. »

Chaque culture, la culture arabe comme la culture française, ne saurait perdre ce qui constitue son irréductible spécificité en se fusionnant dans un ensemble plus grand.

Comment, dans ces conditions, doit s’opérer alors cette synthèse ?

Si les musulmans doivent s’adapter à la culture française, les autorités françaises, de leur côté, doivent également contribuer de manière active à ce mouvement profond et nécessaire.

Le rôle de l’école

En cette matière, l’école doit jouer un rôle essentiel dans la réalisation de cette « synthèse des cultures ». Celle-ci doit en effet s’opérer, en premier lieu, à l’école, bien que « tout le système éducatif doive être repensé dans sa forme et souvent dans son contenu même ». C’est à l’école, instrument du projet collectif national, que doit se réaliser « cette innovation culturelle » si fondamentale qui doit permettre de définir une « stratégie axée sur la France du XXIe siècle ». Les enseignants ont une responsabilité majeure en la matière. Françoise Lorcerie rappelle, dans une très belle étude consacrée à Jacques Berque que celui-ci invitait à dépasser deux défauts graves de la « coutume scolaire » : « la nonchalance méthodologique » et « l’unitarisme frileux », « enclin à prendre pour l’universel sa spécificité à lui ».

Dès l’école primaire, les enfants doivent être mis en contact avec des contenus pédagogiques les familiarisant avec la « pluralité des civilisations du monde » et la diversité des cultures méditerranéennes. Bien évidemment, cet apprentissage de la découverte de l’altérité et de la complémentarité ne peut pas se réaliser dans un contexte désinstitutionnalisé et dénationalisé, mais doit être reliée à la construction d’un « récit national » qui puisse articuler l’apprentissage des valeurs patriotiques qui permettent l’« être-ensemble républicain » avec la pluralité des histoires qui dessinent la grande histoire d’une nation.

En cette période où les interrogations sont nombreuses sur la nécessaire consolidation de l’« être ensemble » républicain et de la vocation de la France à parler aux mondes arabes, relire Jacques Berque s’avère vraiment fondamental.

Débat : le rôle des réseaux masculins dans les violences faites aux femmes

28 mardi Nov 2017

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L’expertise universitaire, l’exigence journalistiqu

  1. Maurice Daumas

    Professeur émérite d’histoire moderne, Université de Pau et des pays de l’Adour

Région Nouvelle-Aquitaine

Le 12 novembre à Hollywood, des centaines de femmes ont marché pour protester contre les violences sexuelles et le harcèlement. David McNewAF

L’affaire Harvey Weinstein et celles qui l’ont suivie sont généralement considérées comme relevant de l’« abus de pouvoir ». Cette conception de la réalité correspond à l’argumentation développée par les grands studios américains pour refuser un code de bonne conduite : « Ce serait une mauvaise façon d’encadrer des pratiques qui restent individuelles et qui concernent tous les secteurs de l’industrie » estime Charles Rikvin, président de la Motion Pictures Association of America (MPAA), qui regroupe les six principaux studios d’Hollywood.

En ne retenant que la dimension individuelle et exceptionnelle de ces affaires, on les minimise considérablement et on s’exonère à bon compte de ce qui relève plus généralement de la domination masculine. Dans son essai « Sur la violence », Hannah Arendt a clairement distingué le pouvoir, qui est toujours collectif, de la puissance, qui est la propriété d’un individu. Ces scandales révèlent des abus de puissance, mais le pouvoir est rarement mis en cause, sinon vaguement, lorsqu’on accuse le « système » d’être au final responsable.

Pouvoir et réseaux

Dans la vie quotidienne, cette dimension collective du pouvoir s’incarne dans le réseau. Chacun d’entre nous appartient à des réseaux d’ampleur variable, d’où nous tirons notre force et notre autorité. Or les réseaux masculins sont prépondérants dans les sphères politique, économique et culturelle. Dans l’article du Monde dressant le portrait d’Édouard Philippe au lendemain de sa nomination au poste de premier ministre, l’image de son réseau politique apparaît clairement : 18 hommes sont cités (50 occurrences) contre seulement 3 femmes (4 occurrences).

En première analyse, les réseaux apparaissent comme un groupe soudé par des liens d’amitiés. Au début de ses Mémoires, commencées en 1694, Saint-Simon fait le compte de ses amis, masculins pour la plupart. Il distingue ceux qu’il a hérités de son père de ceux qu’il s’est faits lui-même. Il différencie les « amis intimes », les « grands amis » et les amis communs. Au total, il cite plus de cinquante noms d’aristocrates, dont plusieurs ducs et ministres d’État. Ce réseau influent lui permit, à la mort de Louis XIV, qui l’avait écarté de la Cour, d’intégrer le Conseil de régence.

Le réseau serait ainsi une affaire de connivence entre hommes. Les anglophones parlent de male bonding pour désigner cette manière toute masculine de faire du lien en parlant football ou en échangeant des propos machistes. Une étude américaine sur les jeunes femmes entrées dans de grandes entreprises dans les années 70 a montré qu’elles découvraient vite « que les vrais centres de pouvoir ne sont pas les salles de réunion mais les lieux (bar, salle de gym, terrain de tennis…) de fraternisation entre hommes ».

Mais cette approche des réseaux est insuffisante. Les liens ne se définissent pas qu’en termes d’amitié. Ou alors il faudrait en revenir à la conception de l’amitié, tissée de droits et de devoirs, qui prévalait à l’époque de Saint-Simon : l’amitié « obligeait ». Les réseaux professionnels et politiques sont constitués de liens d’égaux à égaux, mais aussi de liens de vassalité, de protecteurs à obligés.

À travers les accords de confidentialité et le devoir de réserve, les entreprises savent obtenir l’allégeance de leurs responsables, comme de leurs employés. Plus un réseau est puissant, plus il est hiérarchisé. Quand il est centré sur un individu, il devient une clientèle. Dans un portrait de Gérard Collomb, ex-maire de Lyon et franc-maçon, Dominique Perben dit de lui : « Il est très fort pour tisser des réseaux. Il sait rendre les gens dépendants, et du coup redevables ».

Pour le membre d’un réseau, celui-ci sert à collecter de l’information, à obtenir du conseil, à promouvoir ses réalisations, à accroître sa visibilité, à favoriser sa carrière. Les réseaux servent surtout à court-circuiter les voies officielles. Pour Brigitte Grésy,

« Les réseaux sont essentiels et les hommes y ont continuellement recours pour noyauter le système de cooptation au sein des entreprises et assurer ainsi leur promotion. »

Monopole masculin

Les réseaux jouent un rôle fondamental dans les domaines innovants, où les règles et les normes ne sont pas encore fixées. Il est aisé de constater que les hommes y monopolisent collectivement le pouvoir. Apparue au début du XVIIIe siècle, la franc-maçonnerie a longtemps exclu les femmes. La naissance de la gastronomie au temps de la Révolution entraîna leur éviction des banquets jusqu’à la Belle Epoque. Celle de l’alpinisme, à partir de la création de l’Alpine Club en 1857, ne faillit pas à la règle selon laquelle les femmes devaient être écartées de toute occupation sérieuse.

Tableau des loges de la Grande Loge de Londres en 1735. Wikipedia

Aujourd’hui, les femmes ont investi toutes les professions et sont plus diplômées que les hommes. Pourtant, elles accusent un très net retard dans les domaines de l’innovation, comme le montre l’examen du top 200 des start-up françaises en 2016 : seulement 7 % des entreprises sont dirigées par des femmes, 2 % l’étant par une femme et un (ou deux) hommes, et 91 % par des hommes. De surcroît, ces derniers ont tendance à s’associer pour gouverner, renforçant ainsi l’emprise masculine sur les domaines innovants (20 % des entreprises sont dirigées par deux ou trois hommes).

L’exemple des start-up montre que l’origine des réseaux masculins doit être recherchée dans les filières de formation. C’est là que se créent bien des liens (d’amitié, d’allégeance) dont seront tissés les réseaux. On ne l’ignorait pas au XVIIe siècle : l’une des principales fonctions des collèges aux yeux des familles consistait à se faire des amis utiles pour construire sa carrière. C’est dans les structures d’apprentissage du savoir, dont les filles ont longtemps été écartées, que s’élabore cette expérience collective du pouvoir qui n’appartient aujourd’hui encore qu’aux hommes.

Trois catégories de réseaux

L’affaire Weinstein permet de distinguer trois catégories de réseaux : les licites, les délictueux et les supraréseaux. Les premiers sont de deux types : les réseaux professionnels qui correspondent aux fonctions officielles et les réseaux officieux destinés à court-circuiter les règles officielles sans pour autant tomber dans l’illégalité. Un autre type de réseau a pour fonction de favoriser et de couvrir des activités délictueuses liées à l’argent ou au sexe. C’est ainsi que « Harvey Weinstein avait embauché une « armée d’espions » pour éviter d’être pris ».

Le supraréseau est aux réseaux précédents ce que les sympathisants d’un parti politique sont à ses dirigeants. Le supraréseau est constitué de personnes, de groupes ou d’institutions qui gravitent au-delà des réseaux qu’entretient un homme de pouvoir, et qui le protègent. Harvey Weinstein ne connaissait pas tous les médias, les agents, les conseils, les intermédiaires qui, profitant de sa puissance et la redoutant, retenaient la leur en refusant d’enquêter sur lui ou en taisant ce qu’ils savaient. À l’origine de la « culture du silence et de la complicité », ce supraréseau le protégeait à la manière d’un bouclier antimissile.

Si bénéfiques que soient la « libération de la parole » et le probable tournant qu’elle constitue, on ne peut oublier que les violences exercées à l’égard des femmes dans le cadre professionnel ont pour origine profonde la mainmise des hommes et de leurs réseaux sur la gouvernance des entreprises, des organisations et des institutions, tant économiques que politiques

Produire et consommer les vins et alcools en France de 1914 à 1918 : une autre manière de comprendre la Première Guerre mondiale

27 lundi Nov 2017

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26 novembre 2017, 21:26 CET

Sébastien Durand

Auteur

  1. Sébastien Durand

    Historien, chargé de cours, Université Bordeaux Montaigne

Région Nouvelle-Aquitaine

Une du journal La Baïonnette, numéro du 14 décembre 1916.

Au début du mois d’octobre 2017, s’est tenu à Bordeaux un colloque sur les « Vins et alcools pendant la Première Guerre mondiale ». Cette rencontre a été l’occasion d’interroger les bouleversements causés en France par la Grande Guerre, non seulement sur la production et les échanges, mais aussi sur les modes de consommation, les pratiques sociales et les représentations, au front comme à l’arrière. Derrière les mutations et les vicissitudes de l’économie des vins, spiritueux et alcools, puissamment mobilisée, s’esquisse le portrait d’une société en guerre, alors en pleine perte de repères.


Le « pinard » et les alcools au cœur de l’expérience combattante

« Les circonstances de la guerre sont particulièrement propices à l’utilisation du vin […]. Il exalte les qualités de notre race, la bonne humeur, la ténacité, le courage. »

Une du journal La Baïonnette, numéro du 14 décembre 1916.

Ainsi s’exprime, en novembre 1914, le docteur Eugène Rousseaux, alors directeur de la Station œnologique de l’Yonne. De tels propos ne peuvent être compris, sans avoir à l’esprit que, contrairement à l’alcool industriel distillé, condamné pour ses effets néfastes et associé aux productions allemandes, le vin est considéré à cette époque comme une « boisson hygiénique », un aliment aux vertus caloriques et microbicides et même comme un rempart contre… l’alcoolisme.

En fait, ils soulignent en creux un aspect fondamental : à la veille du conflit, les boissons alcoolisées, le vin tout spécialement (150 litres consommés par habitant et par an en 1900 !), imprègnent en profondeur la France, son corps social autant que son tissu économique. De telles considérations, faisant de la France « le pays du boire », ne peuvent qu’impacter les stratégies militaires, dès lors que se pose avec acuité la question du ravitaillement en vins et alcools des combattants. Comme l’ont déjà montré Stéphane Le Bras, Christophe Lucand et Charles Ridel, le vin fait l’objet d’une attention soutenue et régulière de la part de la gouvernance et de l’intendance militaires françaises.

Pour preuve, les 3 à 3,5 millions de poilus reçoivent gratuitement dans leur rationnement quotidien un quart de vin (25 cl) dès 1914, puis deux quarts en 1916, avant d’atteindre trois quarts deux ans plus tard. L’eau-de-vie est également fournie, à hauteur d’un seizième de litre. La bière est aussi acheminée jusqu’au front, mais plus difficilement il est vrai (les Belges sont bien mieux approvisionnées !). À rebours, l’absinthe est proscrite en 1915.

Un tel approvisionnement nécessite un effort tout à fait considérable de la part de l’armée, qui devient un gestionnaire logisticien d’envergure. Les moyens de transport intégrés à l’effort de guerre (véhicules, transports ferroviaires par wagons-foudres, navires spécialisés dits « cargos-pinardiers » reliés au marché algérien) côtoient des structures d’entreposage impressionnantes, notamment les stations-magasins aménagées dans les gares, transformées près des zones de combat en centres de stockage et de tri. Soutenir le moral des troupes et garantir la solidité du front sont à ce prix.

La qualité du vin n’est cependant pas au rendez-vous. Pour reprendre les mots de C. Lucand,

« il s’agit d’un vin rouge de qualité très médiocre, tantôt âpre, rêche, raboteux, tantôt aigrelet, acerbe, piquant. Le pinard mouillé, frelaté, bromuré, trafiqué, empesté est un gros vin rude, bourru, sans distinction, couramment coupé […]. »

Les soldats, faute de mieux, s’en accommodent : il n’est pas rare de les entendre répéter un air rendu célèbre par le chanteur comique [ Charles-Joseph Pasquier, dit Bach], incorporé au 140e régiment d’infanterie de ligne : « Le pinard c’est de la vinasse. Ça réchauffe là oùsque ça passe. Vas-y, Bidasse, remplis mon quart. Vive le pinard, vive le pinard ! ».

Carte comique de 1916 montrant un poilu avec plusieurs bouteilles. Historial de Péronne, AFP

L’essentiel est sans doute ailleurs. Les vins et alcools balisent désormais l’horizon mental et l’univers quotidien des combattants. Ils représentent ainsi un élément important et jusque-là mésestimé d’un dialogue tantôt fécond, tantôt heurté entre les soldats, les officiers et les généraux. Ces derniers, dans une logique de don et de contre-don, n’hésitent pas à récompenser ceux qui ont vaillamment combattu par une augmentation de leur rationnement. Ils disposent, à ce titre, d’une réelle latitude, celle de pouvoir stocker puis redistribuer selon leur volonté d’importantes quantités d’alcool. Parfois veillent-ils même à une alcoolisation des troupes avant l’assaut, afin de donner – par une annihilation des esprits – de la force pour se battre, de la force pour tuer.

En outre, la pratique des soldats s’approvisionnant sur leurs fonds propres, grâce à leur solde, auprès des cantines, des débits de boisson et des mercantis, s’effectue très souvent sans aucun contrôle. Du moins dans un premier temps. Selon Jules Isaac, dans une lettre datée du 5 septembre 1915, « La chasse au pinard est depuis le début de la guerre la principale occupation des poilus […] et ils n’en ont jamais assez. » Les experts et les hiérarques militaires, bien que responsables au premier chef de la situation, s’en inquiètent, modérément depuis 1915, plus sérieusement l’année suivante. À l’instar de Pétain qui, à Verdun, s’interroge sur les désordres éventuels provoqués par l’alcoolisation des troupes. Le rôle de cette dernière dans le déclenchement des mutineries de 1917 se pose ici : sont-elles déclenchées par une consommation excessive, désinhibant les soldats, et/ou par une insuffisance des approvisionnements ? Les historien·ne·s sont très partagé·e·s sur le sujet.

Une du journal l’Excelsior, numéro du 13 janvier 1916.

Un point fait consensus : les soldats ont besoin de l’alcool. L’ivresse des combattants est-elle généralisée ? Sans doute pas. Mais il s’agit d’un adjuvant irremplaçable, bien qu’artificiel, pour supporter la pression, l’ennui, l’éloignement, la perte des camarades. Quel soulagement pour le soldat de recevoir un colis de sa famille contenant une fiole de son alcool préféré, à l’exemple des Antillais recevant une petite quantité de rhum accompagnée de denrées coloniales ! Quel plaisir de bénéficier pour le Nouvel An ou le 14 juillet des « rations de fête », sous la forme de vins et d’alcools de qualité de leur région d’origine ! Ces dons ciblés de négociants de tout le pays (bordelais, charentais, champenois, bourguignons, languedociens) sont habilement exploités par la propagande.

Les alcools tissent de solides liens de fraternité et de solidarité. Associés à des moments festifs ou adossés à des pratiques cohésives (entrée dans une escouade, retour de permission, célébration d’une promotion), ils favorisent l’esprit de corps et participent à la construction d’une communauté combattante et d’une sociabilité masculine, toutes deux mises à mal par une guerre mécanique et industrielle, dont la brutalité oblitère la valeur de l’existence humaine.

Une économie et une société mobilisées à l’épreuve des pénuries

Approvisionner suffisamment et régulièrement les zones de combat, tout en veillant à maintenir les positions sur les marchés civils, tant en France qu’à l’étranger, est un véritable défi lancé aux viticulteur.trice.s, brasseur.euse.s et fabricante·e·s de liqueurs. Le challenge est relevé en 1914, grâce il est vrai à des récoltes et des stocks surabondants. La guerre purge les marchés. Mais les années qui suivent sont bien plus difficiles. Dans les vignobles, les récoltes de 1915, passant de 60 à 20 millions d’hectolitres, sont calamiteuses, péniblement compensées par l’achat de vins étrangers (espagnols, italiens, chiliens…). C’est alors que les ponctions militaires débutent. En Gironde, elles portent sur environ un tiers de la récolte en vins ordinaires, soit la même proportion relevée sur l’ensemble de la période et des territoires. Au total, les réquisitions portent sur une moyenne annuelle de 10 à 15 millions d’hectolitres de vins. Pour le rhum, le quota de 50 % de la production réservée à l’intendance militaire est régulièrement dépassé.

La pénurie imprime sa marque sur les systèmes productifs. En métropole, la mobilisation massive des hommes, producteurs, distillateurs, techniciens et ouvriers agricoles, réduit drastiquement le nombre de bras disponibles. La crainte de ne pas mener à bien les travaux agricoles (récoltes) et techniques (conditionnements, distillations) est constante. Dans les Antilles, l’incorporation des Martiniquais est tardive et ne débute réellement qu’en 1916 : à peine un tiers des effectifs mobilisables part sur le front, le reste étant déployé dans les exploitations sucrières et les rhumeries. Il faut s’adapter à cette saignée démographique : outre l’investissement remarquable des femmes, sont mobilisés des étrangers et des prisonniers de guerre. Dans le Languedoc, le travail des Espagnols et des Algériens donne un résultat à ce point médiocre que les exploitants préfèrent faire appel aux prisonniers ! Des permissions sont également octroyées, mais elles sont loin d’être systématiques. Dans le pays charentais, par exemple, 15 à 20 jours sont accordés en faveur de soldats distillateurs, quand 3 à 4 mois sont demandés !

La pénurie est multiple. Les moyens de transport font défaut à leur tour. Les communications ferroviaires sont insuffisantes, en fréquence et en quantité de matériels disponibles. Les négociants de Cognac n’ont d’autres choix que de réutiliser les anciennes voies d’expédition par gabarre. Le verre, le sucre, le liège, le charbon pour les verreries, le bois pour les futailles manquent également : leur usage est d’abord militaire. Les alcools industriels sont orientés eux aussi prioritairement vers la satisfaction des besoins stratégiques des industries chimiques (explosifs) et mécaniques (lubrifiants). Dans ses colonnes, _Le Vigneron champenois _se fait régulièrement écho des inquiétudes des vigneron·ne·s, qui manquent cruellement de produits anticryptogamiques et phytosanitaires. À cause du rationnement et de l’inflation, les outils et produits nécessaires au sulfatage sont peu accessibles. La vigne souffre et la qualité des vins se pose. En Gironde, cette qualité oscille grandement d’une année sur l’autre. D’après le courtier bordelais Tastet-Lawton, les vins rouges sont « bons » en 1914, mais « très médiocres » en 1915. Les 1917 ne laissent pas un grand souvenir : « Année ordinaire ; vins plutôt maigres, certains n’ont pas été soignés comme il convenait. »

Les vins et alcools, une trace sociale et une image mentale de la Grande Guerre

L’image du vin et des alcools se modifie-t-elle durant le conflit ? Les historien·ne·s soulignent l’existence d’un paradoxe, surtout concernant le vin, dans la mesure où celui-ci apparaît pour certains comme un alcool dangereux et pour d’autres comme un produit hautement patriotique. À dire vrai, la seconde acception l’emporte sur la première. L’année 1916 marque bien un tournant relatif : l’alcool est présenté par d’aucuns comme « un ennemi de l’intérieur ». La Société française d’action contre l’alcoolisme n’hésite pas, dans son bulletin L’Alarme, à associer les effets de l’alcool aux exactions allemandes et souhaite que les autorités françaises imitent les Russes qui ont interdit toute consommation dès 1914. Des mesures sont certes prises, mais elles sont tardives : une loi du 1ᵉʳ octobre 1917 renforce la répression contre l’ivresse. Les autorités restreignent alors les quantités de pinard achetées par les soldats chez les commerçants, mais les quantités tolérées demeurent importantes (pas plus de 10 litres !). Un chiffre impressionne : les débits de boisson en France, environ 480 000 en 1913, ne sont plus que 360 000 en 1918. Mais cette baisse est trompeuse, dans la mesure où les résultats de la réglementation, d’ailleurs mal ou peu appliquée, se combinent certainement ici aux conséquences de la délicate réinsertion dans le tissu commercial des hommes démobilisés.

Une d’un bulletin de L’Alarme, daté de 1916.

Le « vinisme » est-il sur le point de remplacer l’absinthisme ? La tempérance s’inscrit moins dans les actes que dans les discours, dont le contenu ne fait d’ailleurs pas consensus. Des professionnels, négociants et producteurs, s’émeuvent bien d’une possible « guerre contre les vins », mais l’opinion ne bascule pas, et pour plusieurs raisons. D’abord, les systèmes productifs des vins et alcools, entre ceux et celles qui les produisent puis en assurent le conditionnement, le transport et la vente, emploient des millions de personnes. Il n’est guère étonnant de voir des syndicats disposer de solides contacts auprès d’hommes politiques influents (notamment Édouard Barthe, Étienne Camuzet et Joseph Capus). Même originaires de régions concurrentes, les responsables professionnels et politiques savent se réunir pendant et après la guerre pour défendre des marchés jugés essentiels.

« Le vin de la revanche », Une du Petit Journal, numéro du 14 septembre 1919.

Ensuite, les alcools fermentés jouissent toujours d’une bonne image, y compris auprès des généraux français. Dans leur grande majorité, malgré quelques inquiétudes formulées, ils rendent hommage au vin, qui prend les traits – pour reprendre les mots de Roland Barthes – d’une « boisson-totem ». Pour le maréchal Joffre, lui-même fils de tonnelier, le vin est demeuré le fidèle compagnon du soldat ; lui aussi a contribué à la victoire. La une du Petit Journal du 14 septembre 1919 n’est-il pas consacré au « vin de la revanche », instrument de glorification nationale contre le « phylloxera allemand » ? Le « bon vin de 1919 » a un arrière-goût fort agréable, celui de la victoire.

Après-guerre, la réglementation en vigueur est supprimée, tandis que les ligues de tempérance s’effondrent. Et pourtant les traces de la Grande Guerre n’en restent pas moins profondes. Le sont-elles dans la structuration des filières ? Les historien·ne·s sont encore trop partagé·e·s pour déterminer avec certitude un lien direct entre la Grande Guerre et la mise en ordre opérée dans les appellations par la loi du 6 mai 1919, qui bouleverse en Bourgogne, par exemple, le rapport de force entre le commerce et la propriété, en faveur de cette dernière. Le sont-elles alors dans la mémoire et les esprits ? Plus sûrement. Pour preuve, la littérature des témoignages est une aventure intellectuelle également mise en mouvement par des hommes et des femmes du vin dont rien, dans leurs parcours respectifs, ne présageait a priori un tel intérêt pour l’écriture.

Qu’ils soient patron·e·s de maison, cavistes, chef.fe.s de vignoble ou vigneron·ne·s, les uns comme les autres ont tenu à laisser une trace de leur désarroi. Vient aussitôt à l’esprit le succès retentissant des Carnets de guerre de Louis Barthas, tonnelier, publiés une première fois en 1978, réédités en 2003. D’autres réalisations sont bien moins connues, à l’exemple du Carnet de Grand-maman Laure, rédigé pour les années 1910 à 1916 par Laure de Salignac-Fénelon, comtesse de Briailles, et reproduit par son petit-fils Jean‑Remy Chandon-Moët. Comme si le Premier Conflit mondial, par les multiples épreuves et maux qu’il a infligés, révélait chez ceux qui en sont à la fois les acteurs et les victimes, un implacable pouvoir de créations cathartiques.

Image

9 décembre à Mirmande, rendez-vous à 17h30 à l’église Saint Pierre.

26 dimanche Nov 2017

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Quand les algorithmes prennent le métro

26 dimanche Nov 2017

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22 novembre 2017, 06:11 CET

Fanny Pascual

Auteur

  1. Fanny Pascual

    Enseignante-chercheuse en informatique , Université Pierre et Marie Curie (UPMC) – Sorbonne Université

Sorbonne Universités

Sorbonne Universités apporte des fonds en tant que membre fondateur de The Conversation FR.

Université Pierre et Marie Curie (UPMC)

 

« Quel est donc le plus court chemin pour aller à votre destination ? » Mario Mancuso/Flickr, CC BY-SA

Vous êtes en vacances dans une métropole, et vous vous trouvez devant un plan de métro. Votre problème est le suivant : quel est l’itinéraire le plus court pour aller de la station de métro où vous vous trouvez, à celle où vous souhaitez aller ? Sans le savoir, vous vous trouvez face à un problème qui peut être facilement résolu par un algorithme : étant donné un plan de métro et deux stations A et B, trouver le chemin le plus court (en nombre de stations) qui va de A vers B.

Supposons que l’on charge un ordinateur de résoudre ce problème. Supposons également que nous ayons accès à l’ordinateur de notre choix. Tant qu’à faire, choisissons TaihuLight, l’ordinateur le plus puissant au monde (ce supercalculateur chinois peut faire 94 000 000 000 000 000 opérations par seconde !). Étant donné la puissance de la machine, un premier réflexe serait de faire au plus simple : on demande à l’ordinateur de tester toutes les combinaisons possibles des stations (toutes les permutations). L’ordinateur connaît le plan de métro : étant donné une permutation, il regarde si elle correspond à une liste de stations voisines. Si c’est le cas, alors c’est que la liste des stations est un chemin possible. L’ordinateur calcule la longueur de ce chemin (le nombre de stations qu’il parcourt), et garde en mémoire le chemin le plus court trouvé.

Plan du métropolitain de Paris de 1973. Roger W/Flickr, CC BY-SA

L’ordinateur le plus puissant du monde inefficace ?

En utilisant cet algorithme, si le réseau de métro contient 19 stations (ce qui, on en convient, est bien peu), le supercalculateur trouvera le chemin le plus court en moins d’une seconde. En effet, pour combiner 19 stations (ou plutôt 18, puisque la première est A), il y a 18×17×16×… ×2×1 = 6 402 373 705 728 000 choix possibles.

On divise ce nombre de permutations à examiner par le nombre d’opérations par seconde de notre ordinateur, et on trouve que l’ordinateur met moins d’une seconde à trouver le chemin le plus court (et même si l’ordinateur fait plusieurs opérations et non une seule pour vérifier qu’une permutation est un chemin, cela ne change pas l’ordre de grandeur du temps mis).

Si le réseau contient 21 stations, l’ordinateur mettra 25 secondes à trouver le chemin le plus court. Avec 23 stations, il lui faudra un peu plus de 3 heures, tandis qu’avec 25 stations il lui faudra 76 jours. Avec 30 stations il lui faudra plus de 2 982 siècles ! C’est ce que l’on appelle l’explosion combinatoire : ici, si l’on ajoute une station à un plan de n stations, le temps d’exécution de l’algorithme devra être multiplié par n.

Ce résultat est décourageant, mais en fait notre ordinateur pourrait faire bien mieux : pour trouver le chemin le plus court dans un plan de métro, il existe un algorithme bien plus efficace.

A la recherche du meilleur algorithme

On demande maintenant à l’ordinateur de sélectionner toutes les stations voisines de votre station de départ, A. Ces stations sont donc à distance 1 de A. S’il a trouvé une station X, il mémorise le chemin A-X.

Puis, il explore les stations voisines de ces stations à distance 1 (stations à distance 2 de A donc). Il continue ainsi de suite, jusqu’à tomber sur la station de destination, B. En utilisant cet algorithme, notre supercalculateur mettrait moins d’une milliseconde à trouver le plus court chemin entre deux stations dans un plan contenant un million de stations !

Vous êtes soulagés, et vous vous dites que finalement vous aimeriez visiter plusieurs lieux se trouvant à différentes stations de métro de cette ville. Votre but est donc maintenant de trouver un itinéraire comprenant tous ces lieux. Vous ne souhaitez pas vous éterniser dans le métro, et votre problème est le suivant : quel est le chemin le plus court qui permet d’aller à toutes les stations que vous avez sélectionnées ?

Plan du métro de Tokyo. Oran Viriyincy/Flickr, CC BY

Là, malheureusement, la solution est moins simple. Personne ne connaît d’algorithme efficace trouvant à coup sûr la meilleure solution ! C’est le fameux problème du voyageur de commerce.

Et non seulement personne ne connaît un tel algorithme, mais si quelqu’un en trouvait un alors cet algorithme permettrait de résoudre des centaines de problèmes très étudiés par les chercheurs, ayant énormément d’applications dans l’industrie – mais des problèmes pour lesquels personne n’a encore trouvé d’algorithme efficace (c’est-à-dire rapide).

On dit que ce problème est difficile, alors que celui consistant à trouver un plus court chemin est considéré comme facile.

Les problèmes – vraiment – difficiles

Les problèmes difficiles sont rencontrés très couramment : trouver des tournée de véhicules livrant des clients et minimisant la distance parcourue ; planifier des emplois du temps étant donné une liste de contraintes ; affecter des tâches à des machines qui les exécutent de manière à ce que les tâches soient terminées le plus tôt possible ; sont par exemple des problèmes difficiles.

Revenons à nos deux problèmes de recherche de plus court chemin entre deux stations, et de recherche d’itinéraire comprenant plusieurs points d’intérêt. Pour ces deux problèmes, vérifier qu’une solution est réalisable est facile (vous et moi pouvons aisément vérifier qu’un chemin entre A et B est bien un chemin, ou qu’un chemin passe bien par toutes les stations qu’on lui a demandé).

Ces problèmes, facilement vérifiables, forment la classe NP. Les problèmes faciles à résoudre, comme celui consistant à trouver un plus court chemin, forment, à l’intérieur de la classe NP, la classe P. Une des principales questions en informatique (et en mathématiques) est la suivante : est-ce que P est différent de NP ? Autrement dit, pour les problèmes difficiles de NP (comme notre problème d’itinéraire comprenant plusieurs points d’intérêt), la question est : est-ce qu’il existe un algorithme efficace (mais que l’on n’a pas encore trouvé), ou bien est-ce qu’il n’en existe pas ?

Les chercheurs sont persuadés que P est différent de NP. Mais en attendant de trouver la réponse à cette question, les chercheurs et ingénieurs s’emploient à trouver pour les problèmes difficiles des algorithmes efficaces qui retournent de bonnes solutions, à défaut d’être toujours les meilleures.

Mais avoir des problèmes difficiles peut aussi être un atout : si l’on arrivait à résoudre efficacement des problèmes difficiles (si P=NP), alors les implications seraient très importantes. Par exemple, tout un pan de la cryptographie s’effondrerait (les systèmes de cryptographie à clé publique, par exemple le chiffrement RSA, très utilisé dans le commerce électronique, seraient en effet cassés

De nouvelles méthodes d’analyse pour assister la conservation et la restauration des œuvres d’art classiques ou contemporaines

25 samedi Nov 2017

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  1. Caroline Tokarski

    Professeur des Universités, membre de l’Institut Universitaire de France, Directrice de l’USR CNRS 3290, Université de Lille 1 – Université de Lille

L’auteure de cet article sera présente au Forum du CNRS 2017 dont The Conversation France est partenaire. Elle interviendra le samedi 25 novembre 2017 à 11h30 à la Cité internationale universitaire de Paris.


Les objets d’Art et les vestiges archéologiques nous confient, en tant que témoin d’une époque, d’inestimables précisions historiques, sociétales, économiques et culturelles. Toutefois, leur étude précise par l’élucidation de la matière organique qui les constitue reste un véritable challenge analytique.

Ces échantillons, soumis à des stress physiques, chimiques et environnementaux voient alors leur matière organique constitutive, incluse dans des matrices complexes, se dégrader ou se dénaturer de manière irréversible.

La caractérisation de cette matière organique représente donc, en plus de son identification et de la confirmation de son origine biologique, une source inestimable d’information. Elle permet en premier lieu d’identifier les matières premières utilisées par l’artiste, d’élucider ses recettes et d’éventuellement comprendre ses techniques.

L’identification des structures chimiques de ces mêmes molécules permet d’en comprendre les interactions, l’évolution et les modifications. Il est ainsi possible d’étudier l’effet du vieillissement d’une œuvre, d’un traitement de restauration ou même d’une condition de conservation.

Comment les molécules organiques sont-elles analysées ?

Jusqu’à récemment, les composés organiques provenant d’échantillons du patrimoine culturel étaient étudiés par l’analyse de leurs composés constitutifs comme les acides aminés, les acides gras ou les monosaccharides, ces approches menant à des réponses structurales partielles doublées de pertes importantes d’informations.

« Holy Ghost Altarpiece », église St Michael de Mondsee en Autriche. Caroline Tokarski, Author provided

Au début des années 2000, tirant profit des formidables progrès réalisés dans l’instrumentation en spectrométrie de masse et bénéficiant des initiatives globales de séquençage génomique, nous avons proposé de nouvelles méthodes analytiques permettant pour la première fois d’identifier précisément les protéines et certains types de lipides (triglycérides) à partir de quelques microgrammes d’échantillons du patrimoine culturel (peintures historiques et d’échantillons archéologiques).

Basées sur un séquençage peptidique ou sur l’identification structurale des triglycérides, ces études nous ont permis pour la première fois d’identifier les protéines et les lipides présents, leurs modifications chimiques, et plus pertinemment leurs espèces biologiques d’origine.

À titre d’exemple, ces techniques ont permis d’identifier une colle de poissons liée au célèbre effet étincelant de la polychromie « The Holy Ghost Altarpiece » (XVIIe siècle, Mondsee) ; celle-ci est très minoritaire dans la composition de l’œuvre et localisée précisément entre la feuille métallique constitutive de la polychromie et la laque, les composés protéiques majoritaires localisés dans d’autres couches de la polychromie ont été identifiés comme de la colle d’origine bovine.

« Goat » de Arthur Dove. Tableau exposé au Metropolitan Museum of Art de New York.

Plus récemment, nous avons proposé une méthodologie permettant l’identification précise des matériaux polysaccharidiques naturels d’échantillons anciens. La complexité de ces biopolymères a été résolue par l’identification de leurs empreintes saccharidiques constitutives, obtenues par hydrolyse enzymatique spécifique ménagée.

Ainsi cette caractérisation structurale a, par exemple, permis d’identifier la gomme arabique dans la composition de deux aquarelles exposées au Metropolitan Museum of Art de New York, Boat Houses et Goat d’Arthur Dove.

Ces techniques sont actuellement utilisées dans les musées internationaux les plus prestigieux tels que le Metropolitan Museum of Art de New York ou les Harvard Art Museums de Cambridge, Massachusetts.

Quels sont les nouveaux challenges ?

Le challenge analytique auquel nous faisons face actuellement est lié à l’analyse de ces mêmes macromolécules natives par spectrométrie de masse de haute résolution.

Les objectifs sont par exemple d’élucider leurs réticulations (réseaux tridimensionnels moléculaires) ou d’identifier leurs produits de dégradation/fragmentation pour une meilleure compréhension de leurs structures in situ et de leurs dégradations moléculaires.

Ces informations sont de première importance pour proposer des solutions de restauration et de conservation des œuvres toujours plus adaptées et sont le sujet de projets européens que nous portons actuellement en tant que responsable (H2020 JPI-JHEP « LeadART » (2014-2018)) comme en partenariat (H2020 Marie Skłodowska Curie European Training Network « Tempera » (2017-2021)).

Black Friday, beautiful day ?

24 vendredi Nov 2017

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L’expertise universitaire, l’exigence journalistique
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 Black Friday, beautiful day ?
23 novembre 2017, 22:32 CET
Black Friday à New York en 2014. Une file d’attente en sous-sol… Erwin Bernal / Flickr, CC BY

embre 2017, 22:32 CETAute Benoit Aubert

  1. Benoit Aubert est un(e) ami(e) de The Conversation

    Directeur ICD Paris, Propedia

Propedia

Union des Grandes Ecoles Indépendantes (UGEI)

À ceux qui, reclus sur une île sans radio web ou télévision, sans boîte aux lettres dégoulinante de prospectus, n’auraient pas connaissance de l’actualité commerciale de la semaine, il faut le crier haut et fort : aujourd’hui c’est le Black Friday ! Étrange nom de code d’une contre-attaque de l’empire marketing dans une période de l’année atone entre la rentrée scolaire qui n’est plus et Noël à venir. Que cache cette étrange expression dont la couleur sombre inquiéterait plus au premier abord qu’elle ne réjouirait ? Qu’en est-il au juste de la pratique du Black Friday en France ? Quels sont les pour et les contre ? Autant de questions qui amènent à se pencher sur un phénomène tout droit venu des États-Unis.

La queue nocturne devant le magasin Macy’s de New York en attendant l’ouverture des portes. Diariocritico de Venezuela/Flickr, CC BY

Les origines du Black Friday

Le Black Friday trouve ses origines au XIXe siècle, date à laquelle la grande dépression américaine faisait des ravages et incitait les magasins à trouver des parades aux ventes en berne. Il est réellement apparu comme un phénomène commercial dans les années 70 aux États-Unis, prenant la forme d’une grande braderie, aux promotions agressives et aux prix vraiment cassés (au moins 50 % de réduction), qu’organisent les grandes chaînes de distribution sur une durée très courte.

Son nom tient d’une part au jour consacré à cette opération, le vendredi qui suit la fête de Thanksgiving (traditionnellement organisée le dernier jeudi de novembre), d’autre part à la couleur noire, couleur de l’encre qu’utilisaient les comptables dans les magasins pour marquer les bénéfices réalisés. Sur ce dernier point, l’interprétation du terme « black » est sujette à d’autres interprétations comme celle d’un terme utilisé par la police de Philadelphie dès les années 50 pour évoquer les foules dans les rues et les bouchons de circulation créés par l’opération commerciale.

Performance. Vanderelbe.de/VisualHunt, CC BY-SA

Un dispositif performant

L’actuelle mise en œuvre du Black Friday s’étend sur une période de 3 à 4 jours plus que sur la seule journée du vendredi 24 novembre. L’opération a un retentissement conséquent sur les achats pour Noël, et les annonceurs prolongent l’événement pour surfer sur le Cyber Monday programmé le 27 novembre. Dans cette période élargie, des records de vente semblent être battus chaque année avec des chiffres dépassant les 7 milliards de dollars aux USA et 5 milliards d’euros en Europe, dont 850 millions pour la France sur le seul canal du e-commerce. Les chiffres existants restent toutefois à considérer avec prudence, tant les périmètres de mesure (période et circuits de distribution concernés) peuvent créer une confusion dans l’interprétation des données disponibles.

Dans l’hexagone, le Black Friday est récent, initialement introduit par Amazon en 2014 et repris par mimétisme tant par les sociétés de e-commerce que par les grandes chaînes de distribution en mal de dispositifs massifs de promotion. Le marché répond avec dynamisme à cette nouvelle sollicitation commerciale et semble privilégier l’approche connectée.

Selon l’entreprise Kwanko spécialiste de la publicité digitale à la performance (contribuant à plus de 400 000 commandes en ligne et 30 millions d’euros de ventes), 47 % des transactions sont effectuées depuis un ordinateur, 24 % depuis une tablette et 29 % par un téléphone mobile, ce dernier outil semblant prendre une part croissante au fil des ans.

Black Friday en Suisse à Sankt Margrethen, Canton de Saint-Gall. Kecko/Flickr, CC BY

Le point de vue de la recherche en marketing

L’intérêt des consommateurs, notamment Américains exposés depuis des dizaines d’années à cette opération, semble relever du rituel de consommation, une activité symbolique traduite par un comportement à échéance fixe et appelé à être répété dans le temps. Le rituel devient alors l’objet déclencheur de l’acte d’achat. Il inclut une dimension personnelle ou collective notamment au travers d’attachements familiaux ou amicaux à cette journée.

Le Black Friday implique également une véritable stratégie de planification en phase pré-achat, marquant l’implication et le degré d’expérience attendu. Il s’entend comme un acte émotionnel fort et peut développer l’esprit de compétition pour bénéficier de l’aubaine. Les consommateurs attendent alors de cette expérience la joie d’une consommation favorisée par l’esprit de fête (Thanksgiving et Noël). Ils attendent également un bénéfice plus rationnel qu’est celui de l’achat à prix raisonné.

En France, la recherche dans ce domaine est peu développée. On peut toutefois supposer que le bénéfice rationnel prend le dessus sur celui du plaisir de consommation, généralement moins présent dans la culture individuelle. La croissance actuelle des ventes s’explique par l’hyperexposition aux sollicitations médiatiques et publicitaires. La question est posée de l’intérêt dans la durée pour un événement par trop calqué sur un contexte culturel différent du nôtre.

Faites de grosses économies… n’achetez rien ! Mike Licht/Flickr, CC BY

Les mouvements de protestation

Si le black Friday est générateur de ventes, il cristallise également les critiques. Certaines chaînes de distribution aux USA comme REI (spécialisé dans l’outdoor) ont par exemple décidé de stopper leur participation à l’événement pour témoigner de l’impact négatif de la consommation excessive sur l’environnement. Les reproches sont également formulés par les mouvements consuméristes contre les excès de consommation en tous genres qui exacerbent les inégalités sociales. Reviennent souvent également les aspects néfastes de l’esprit de compétition entre les consommateurs évoqués précédemment et les comportements induits : comportements violents, destructeurs et anti-sociaux.

Même les spécialistes du marketing s’interrogent sur la pertinence du dispositif dans un contexte où les offres se multiplient (ventes privées, anniversaires, etc.) et où les possibilités de bonnes affaires sont permanentes pour le consommateur. Pour les chaines de distribution physiques, le Black Friday maintient la guerre des prix à un moment où l’enjeu consiste plutôt à essayer de renouveler l’expérience client et d’innover dans ce domaine. L’impact stratégique peut donc être discuté.

La confusion des genres

Au-delà de l’intérêt propre de l’opération, la multiplication de ces événements présente le risque de leur banalisation : Single Day (en Chine), Black Friday et Cyber Monday pourraient par exemple voir leur influence diminuer dans le temps. Et l’adaptation des concepts ne facilite pas la tâche.

Cette année, le Black Friday est devenu ainsi la Black Week ou la Black Friday Week. Demain verra-t-on le mois Black Friday ? Autant de questions qui se posent tandis que l’opération reste un succès commercial réel et annonciateur de fortes ventes pour

23 jeudi Nov 2017

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Aux origines de la phallocratie

22 novembre 2017, 22:36 CET

Christian-Georges Schwentzel

Auteur

  1. Christian-Georges Schwentzel

    Professeur d’histoire ancienne, Université de Lorraine

Université de Lorraine

Donald Trump lors du concours Miss Univers en 2015. Rodrigo Varela / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP

Quelles sont les origines de la phallocratie, cette domination exercée par les hommes sur les femmes ? Depuis les chefs de l’Antiquité jusqu’à Donald Trump, les leaders masculins se sont servis de figures féminines réelles ou imaginaires – déesses, égéries, mannequins ou groupies –, pour se faire valoir et imposer leur domination.

Les singes dominants

La phallocratie remonte au règne animal, si l’on en croit Frans de Waal.

Observant les chimpanzés, ce zoologue identifie le « mâle dominant » : un singe physiquement plus fort que les autres qui s’impose à ses congénères comme un véritable chef politique. Il parvient à s’approprier des réserves de nourriture et à se constituer un harem de femelles dont il rétribue les faveurs en échange de friandises. Le mâle dominant met en place un système de domination basé sur une hiérarchie : il s’érige en souverain de son groupe de chimpanzés. Selon Frans de Waal, cette dominance chez les animaux préfigure les mécanismes de la domination phallocratique, les hommes étant les héritiers directs des singes. Le chimpanzé « dominant » a pour équivalent humain le leader politique, de l’Antiquité à nos jours.

Jean Lecomte du Noüy (1842-1923), « Ramsès dans son harem » (entre 1885 et 1886). Patrice Schmidt/Musée d’Orsay

La possession de femmes, symbole de puissance

Les pharaons, comme Amenhotep III (vers 1390-1352 av. J.-C.) ou Ramsès II (vers 1279-1213 av. J.-C.), possédaient – dans tous les sens du terme – des centaines de femmes, installées dans des palais qui leur étaient spécialement destinés.

Le roi perse Darius III aurait eu 360 concubines ; elles formaient un véritable cortège accompagnant le souverain lors de ses déplacements, comme le raconte l’historien antique Quinte-Curce.

Pourquoi posséder autant de femmes ? On conçoit que ces souverains aient souhaité être polygames afin de varier leurs plaisirs érotiques. Mais ils ne profitent pas plus de l’ensemble de leurs femmes qu’un milliardaire peut véritablement jouir de tous ses milliards. À quoi peuvent donc bien servir ces épouses que le chef thésaurise ?

Outre pour son divertissement, il a aussi besoin d’elles pour valoriser sa propre personne. C’est parce qu’il possède plus de femelles que les autres que le singe accède au statut de mâle dominant. La femme est reléguée au statut d’objet ; comme la nourriture ou l’or, elle devient un bien précieux, un faire-valoir. Bien que méprisée dans les sociétés patriarcales, elle n’en constitue pas moins un ingrédient essentiel dans la stratégie de domination des leaders. Darius impressionne ses sujets et conforte sa position de souverain lorsqu’il apparaît en public, suivi de son cortège de concubines. Les pharaons, collectionneurs de femmes, se servaient aussi d’elles comme monnaie d’échanges diplomatiques avec les autres rois du moment.

« Le roi Numa Pompilius écrit le les lois que lui dicte Égérie ». Peinture d’Ulpiano Checa, 1885. Wikipedia, CC BY-SA

Le mythe du chef aimé par une déesse

Il y a 5 000 ans, les souverains sumériens de la cité d’Uruk, au sud de l’actuel Irak, prétendaient qu’ils étaient les amants de la grande déesse Ishtar. Ils avaient en réalité recours à cette divinité pour légitimer leur pouvoir. Ishtar était censée faire don de sa fécondité au chef qu’elle aimait, et parce qu’elle l’aimait. La commémoration annuelle de cette relation servait aussi de cérémonie de réinvestiture symbolique du roi auquel la déesse, amante satisfaite, accordait, en guise de récompense, une nouvelle année de bonheur pour le royaume.

On retrouve ce schéma dans la Rome royale. Numa Pompilius, deuxième roi de la Cité (vers 716-673 av. J.-C., selon la tradition latine) est lui aussi présenté comme l’amant d’une divinité, nommée Égérie. Il tire profit de cette union, car Égérie lui enseigne la connaissance des choses divines et lui dicte la législation qu’il va imposer aux Romains. Comme l’explique l’écrivain antique Plutarque, auteur d’une biographie de Numa, ce mythe, inventé par le pouvoir, avait pour but de faire accepter les lois promulguées par le chef. Le discours politique exploite une prétendue relation amoureuse entre le souverain et la déesse, perçue comme une source de légitimité pour le leader.

Pisistrate et Phyé vêtue en Athéna. Turtledove.wikia.com

L’exploitation de l’image féminine par le leader

Le lien amoureux avec la déesse est parfois remplacé par une simple alliance entre la divinité et le chef ; la déesse continuant à jouer son rôle légitimant, mais sans qu’il soit question de relations sexuelles. Lors de son coup d’État, vers 554 av. J.-C., le tyran athénien Pisistrate se fait accompagner par Phyé, une marchande de fleurs, jeune fille remarquable par « sa beauté et ses formes admirables », écrit l’auteur grec Athénée de Naucratis.

Phyé, sorte de mannequin ou de « Miss » de l’époque, est vêtue en guerrière, à l’image de la déesse Athéna. Installée sur un char, aux côtés de Pisistrate, elle est censée le conduire jusqu’à son trône. La mise en scène rencontre un grand succès : Pisistrate est acclamé par la foule. À sa manière, Phyé est l’égérie de Pisistrate, une belle femme servant à promouvoir la carrière du leader masculin.

On retrouve encore à Rome, au Ier siècle av. J.-C., cette figure féminine tutélaire valorisante dans la propagande de Jules César. L’imperator romain affirme qu’il est le descendant de Vénus, déesse de l’amour et de la beauté. La divinité est son alliée, sa protectrice personnelle ; elle lui inspire sa tactique militaire et lui offre la victoire. Ainsi, c’est à nouveau une figure féminine qui assure le succès du mâle dominant.

Égéries des présidents d’aujourd’hui

Les stratégies des leaders politiques contemporains n’ont pas beaucoup changé depuis l’Antiquité. Le président russe Vladimir Poutine est soutenu par une association, appelée « Armée de Poutine » (Armia Putina), composée de jeunes femmes qui organisent des manifestations à sa gloire. Elles vont jusqu’à déchirer publiquement leur T-shirts en signe de dévotion pour leur champion.

Bien avant de se faire élire président des États-Unis, Donald Trump, alors leader de la finance et du show business, s’est abondamment fait photographier en compagnie de jeunes beautés.

Portrait officiel de Melania Trump. By Regine Mahaux Weaver, Hilary (3 April 2017)

Mais, depuis son élection, c’est surtout sa troisième épouse, Melania, ancienne mannequin, qui assume le rôle traditionnellement dévolu à l’égérie du chef. Ses débuts comme First Lady furent pourtant relativement discrets : elle attendit le mois de juin 2017 avant de venir s’installer à la Maison-Blanche.

Désormais, le Président semble avoir bien compris le rôle d’atout de charme qu’elle est susceptible de jouer à ses côtés. Melania Trump revêt les plus belles robes, pose pour les photographes et sa popularité connaît une forte hausse en septembre 2017.

Stratège en communication et mâle dominant, Donald Trump a trouvé en Melania un instrument pour sa propre promotion. Mais cela suppose un minimum de consentement de la part de l’intéressée, car si la femme se rebiffe, elle peut faire vaciller la statue du mâle dominant. On se souvient des dégâts commis par Valérie Trierweiler à l’encontre de François Hollande, en 2014, lors de la publication de son livre : Merci pour ce moment. Melania Trump acceptera-t-elle de jouer jusqu’au bout le rôle de faire-valoir du Président ?

Flammes, Chants et poésies de Noël

22 mercredi Nov 2017

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Flammes, Chants et poésies de Noël avec Mirmande patrimoineS

 

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