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Archives Mensuelles: février 2018

Une bonne raison de faire du sport quotidiennement (en plus de perdre du poids)

28 mercredi Fév 2018

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The Conversation

Auteur

  1. William B. Farquhar

    Professor of Kinesiology & Applied Physiology, University of Delaware

Bien équipé, on peut courir ou faire du vélo, même en hiver. Shutterstock

On sait tous qu’il est bon de bouger un peu pour brûler des calories.

Parfois, on en a même assez d’entendre notre famille, nos amis et les médias nous rebattre les oreilles sur l’importance de pratiquer une activité physique si l’on veut perdre du poids. Mais il existe une autre bonne raison de faire de l’exercice, sans rapport avec le tour de taille : la tension artérielle.

Je suis professeur de physiologie, c’est à dire que j’étudie et j’enseigne le fonctionnement de l’organisme. Cela fait 20 ans que j’analyse le rapport entre santé et sport, et je peux vous assurer qu’il s’agit d’un excellent moyen de faire baisser immédiatement votre tension. Dès que vous avez fini de vous dépenser, après un jogging quotidien ou une marche rapide, votre tension diminue pour plusieurs heures, ce qui est bon pour la santé. Voici pourquoi.

Baisse de la tension après l’exercice

Ce phénomène est appelé « hypotension post-exercice ». De nombreuses études ont montré que chaque séance la faisait chuter de 5 à 7 millimètres de mercure (ou mmHg, unité propre à la tension, mesurée par deux valeurs), pour des raisons qui ne sont pas encore bien identifiées, mais qui incluent la vasodilatation. Quoi qu’il en soit, le résultat est clairement bénéfique.

Prise de la tension. Shutterstock

A l’inverse, pendant l’activité physique, la tension augmente considérablement. Pourquoi ? Parce que le corps réagit de façon innée à l’exercice. Quand nous faisons du sport, nos muscles ont besoin d’un sang riche en oxygène. Notre cerveau informe le cœur qu’il doit augmenter le flux sanguin, ce qui fait monter la tension. La pression systolique (le nombre le plus élevé des deux) peut dépasser 180 mmHg lors des phases les plus intenses. Cette valeur peut sembler incroyablement élevée – ce serait effectivement le cas si la tension était prise au repos. Mais elle n’a rien d’inhabituel pendant les exercices les plus exigeants, d’autant que l’élévation, ponctuelle, est contrebalancée par l’hypotension post-exercice qui profite à notre corps.

L’hypertension, un problème qui touche aussi les jeunes

Pourquoi se soucier  de sa pression artérielle et chercher à la faire baisser ? Tout simplement parce que l’hypertension peut être fatale. Elle serait responsable, ou du moins l’un des facteurs, de plus de 400 000 morts chaque année chez les Américains. Un milliard de personnes en seraient atteintes à travers le monde. Dans un pays comme les Etats-Unis, un tiers de la population est touchée et ce chiffre devrait augmenter de 7% d’ici à 2030. Cette pathologie n’est pas réservée aux personnes d’un certain âge : jusqu’à 19% des jeunes adultes seraient concernés.

L’hypertension augmente le risque de maladies cardiaques, d’accidents vasculaires cérébraux et de pathologies rénales. Son coût pour la société est astronomique. En effet, si l’on additionne le prix des services de santé, des médicaments et des absences au travail, il s’élèverait à 46 milliards de dollars par an, rien qu’aux États-Unis. L’hypertension est aussi fréquemment asymptomatique, ce qui lui vaut le surnom de « tueuse silencieuse », et près de la moitié des adultes diagnostiqués ne parviennent pas à la soigner. Bien évidemment, toute mesure permettant de diminuer la tension limite également le risque de maladie.

Du sport au quotidien

Les recommandations destinées aux personnes atteintes d’hypertension mettent l’accent sur l’importance d’une pratique du sport quotidienne, comme nous l’indiquons, mes collègues et moi-même, dans la revue scientifique Mayo Clinic Proceedings. Et, bien qu’elles s’adressent aux personnes diagnostiquées, tout un chacun gagnerait à faire de même.

Pour certains, cette habitude semble difficile à adopter. Mais la bonne nouvelle, c’est que la dépense physique n’a pas besoin d’être intense, ni trop longue. Un exercice modéré tel qu’une marche rapide de 30 minutes suffit à réduire la tension. Plusieurs brèves séquences dans la journée (par exemple, 10 minutes trois fois par jour) peuvent également la diminuer.

Alors, retenez ceci : pratiquer une activité physique quotidienne — et, bien sûr, manger moins — permet de ne pas prendre de poids. Mais, surtout, de diminuer sa tension artérielle !

Varian Fry, le journaliste américain qui sauva des milliers d’opposants au nazisme

27 mardi Fév 2018

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  1. The Conversation
  1. Jean-Kely Paulhan

    Docteur en histoire contemporaine, agrégé de Lettres classiques, Sciences Po – USPC

Université Sorbonne Paris Cité

Sciences Po

 

Varian Fry. Tourisme Marseille

En 2008, le musée de la Halle Saint-Pierre à Paris consacrait une grande exposition au journaliste américain Varian Fry. Son action à Marseille en 1940-1941 est aussi racontée dans le roman de Jean Malaquais, Planète sans visa (1947). Il faut croire que l’homme entretient un courant de sympathie durable, à en juger par la réédition régulière de son récit, Livrer sur demande. Sa toute dernière édition (Marseille, Agone, 2017), qui coïncide avec le cinquantenaire de la mort de Fry, comporte une excellente préface, des notes efficaces, des articles écrits par Fry après son retour aux États-Unis, des notices biographiques, une bibliographie complète en français et en anglais, et des index.

La couverture de la 3ᵉ édition de Livrer sur demande. Agone

Nous sommes en 1940. L’article 19 de la convention d’armistice stipule : « Le gouvernement français est tenu de livrer sur demande tous les ressortissants désignés par le gouvernement du Reich. » Marseille-Soir, le 25 juin, commente simplement : « Les clauses de l’armistice sont dures mais nullement déshonorantes », sans plus de précisions. Alors que des millions de gens ont fui sur les routes, que des millions de prisonniers sont acheminés vers l’Allemagne et que près de 100 000 soldats ont été tués en mai-juin 1940, ce point de l’accord d’armistice passe largement inaperçu. Par ailleurs, il n’y a plus de presse libre où l’évoquer et en débattre.

Varian Fry est alors un jeune journaliste, déjà remarqué pour ses livres ou ses rapports de qualité sur les questions internationales. Il participe à des cercles de réflexion et d’action américains très divers, qui ont en commun leur connaissance de la situation européenne depuis les années trente, et la conviction que leur pays doit tout faire pour soutenir les démocraties européennes, que ce devoir correspond aussi à son intérêt.

« Une des dernières actions de solidarité internationale du vieux mouvement ouvrier »

La préface – claire bien que détaillée – de Charles Jacquier, auteur de la citation ci-dessus, est indispensable pour comprendre la complexité (et les contradictions) des réseaux américains finançant l’Emergency Rescue Committee ; prudemment présenté aux autorités françaises comme le CAS ou Centre américain de secours de Marseille, chargé officiellement d’accorder des aides en argent ou en nourriture, il a pour but réel de soustraire à l’Allemagne nazie les intellectuels, artistes, opposants politiques, juifs ou non, puis les syndicalistes les plus menacés, pour lesquels Marseille, en zone non occupée, représente l’espoir d’une porte de sortie.

Varian Fry. Tourisme Marseille

Ces réseaux américains comprennent des lieux prestigieux de pouvoir universitaire, entre autres la « New School for Social Research » de New York, aptes à organiser l’accueil de professeurs invités, les milieux d’immigrés juifs socialistes et syndicalistes d’Europe centrale, polonais (en particulier le « Bund »), de grands syndicats américains, l’AFL (« American Federation of Labor »), en rapport étroit avec l’AFGF (« American Friends of German Freedom ») qui fédère les associations d’exilés antifascistes et antinazis. Déterminante, l’influence du JLC (« Jewish Labor Committee »), dont l’argent va financer les opérations de sauvetage en France, qui incite l’AFL à « se mobiliser contre la destruction des mouvements ouvriers et socialistes européens ».

La Halle Saint-Pierre a consacré une exposition à Varian Fry en 2008. Halle Saint-Pierre

C’est l’AFL qui sera l’interlocuteur du département d’État et du président des États-Unis en 1940-1941. Ces milieux, très marqués à gauche mais anticommunistes (la guerre d’Espagne et le pacte germano-soviétique sont dans tous les esprits), le plus souvent francophiles, comprennent l’urgence de la situation.

La nomination de Fry à la tête du CAS a lieu très vite, faute de candidats et aussi parce qu’il a le profil idéal : germanophone, francophone et francophile, bon connaisseur de la France et de la situation européenne. Ses convictions antinazies s’enracinent dans une réflexion mûrie pendant plusieurs années d’études de journalisme et de relations internationales ; il a aussi assisté à un pogrom, le 15 juillet 1935, à Berlin (dont il a rendu compte quelques jours plus tard dans The New York Times)…

À Marseille, Varian Fry recrute une petite équipe, très dévouée : des Français (dont la plupart entreront dans la Résistance active avant et après son départ), des Américains, qui résident en France depuis longtemps, décidés à aider financièrement le centre en cas de coup dur.

Son action, efficace, trop efficace – il aura réussi à faire partir plusieurs milliers de personnes – se heurte à une double opposition. Il gêne Vichy et son intendant de police, Maurice Rodellec du Porzic, qui obtiendra son départ ; à la Libération, cet ancien capitaine de corvette devra répondre de son refus d’aide médicale aux internés du camp des Milles, de son comportement inhumain lors des rafles de Marseille en 1942-1943, mais insistant sur son obéissance à Vichy et à la puissance occupante, bien conseillé par un avocat, soutenu par des réseaux, il sera libéré en décembre 1945, « réintégré dans la Marine en novembre 1946, avec pleine reconnaissance de ses droits à la retraite » (Doris Obschernitzki, « L’intendant de police à Marseille, Maurice Rodellec du Porzic, et le camp des Milles », Cahiers d’études germaniques, printemps 1997, n° 32).

Fry gêne aussi le gouvernement américain, le département d’État et son représentant local, le consul des États-Unis, même si le vice-consul arrive à le soutenir tant bien que mal avant d’être muté (comme quelques policiers français, qui ont manifesté activement leur sympathie à Fry, malgré le danger) : les enquêtes sur les camps d’internement qu’il veut présenter aux autorités de Vichy, ses interventions incessantes en faveur de telle ou telle personnalité exposée indisposent l’équipe du président Roosevelt, longtemps attachée à maintenir les meilleurs rapports avec le maréchal Pétain.

La sensibilité libérale d’Eleanor Roosevelt est impuissante contre la loi des quotas de 1924, peu favorable aux personnes expulsées par des régimes totalitaires, contre l’influence de Breckinridge Long, sous-secrétaire d’État chargé de l’immigration et des problèmes des réfugiés, persuadant Roosevelt que « l’émigration risque d’amener aux États-Unis des éléments de la « cinquième colonne » ou des communistes ».

Enfin, assurer la relation entre les différents groupements américains qui financent le centre et le département d’État, préoccupé de tout contrôler et s’intéressant surtout à « un programme traditionnel de « récupération des cerveaux » », devient de plus en plus ardu.

Expulsé de France à l’automne de 1941, Varian Fry continue la lutte. Il publie dans The New Leader de mai 1942 un article sur « La politique [d’immigration] à courte vue du gouvernement américain », qui prive son pays des compétences des réfugiés antifascistes. Il dénonce dans The New Republic de décembre 1942 la passivité américaine face aux camps de concentration, met les points sur les i en mai 1943 à propos de l’action en Algérie du général Giraud, l’allié préféré à De Gaulle par le gouvernement américain.

Un homme dérangeant

Suspect dans son propre pays, où l’on considère qu’il a gêné la politique gouvernementale, inquiété par la Commission des activités antiaméricaines en 1950, il ne tire aucun avantage de son action courageuse. Apparemment, ses anciens « clients » européens ne se pressent pas, en 1964, de l’aider à publier un recueil de lithographies commémorant le sauvetage des intellectuels et artistes antinazis. Deux témoignages, dans les marges du livre, celui d’Albert Hirschman et celui de Hans Sahl, cité dans la préface, laissent entrevoir l a générosité, l’humanité et l’énergie qu’il a déployées alors.

Varian Fry a été contraint, pour mener à bien la mission qui lui avait été donnée et dans laquelle il s’est investi tout entier, d’aller à l’encontre de la politique du gouvernement américain de l’époque ; ce dernier, pénétré par des éléments antisémites, anticommunistes, voulait maintenir de bonnes relations avec Vichy à tout prix. L’arrêt de sa mission est aussi dû en partie à la mésentente régnant entre les différents commanditaires appartenant à la gauche américaine, même si l’évolution de la guerre impliquait l’expulsion de Fry, éventuellement son arrestation, à plus ou moins long terme. La France gaulliste, de son côté, ne semble pas non plus pressée de reconnaître un « héros » dont l’action met en lumière la part la plus noire de la collaboration d’État.

En 1967, quelques mois avant sa mort, le consulat français de New York le fait chevalier de la Légion d’honneur… Le procureur Mornet, accusateur du maréchal Pétain à son procès, qui avait fort efficacement, sous l’Occupation, présidé la Commission de dénaturalisation des juifs étrangers, qui permettait leur déportation, avait, quant à lui, été commandeur du même ordre…

  1. Jean-Kely Paulhan

    Docteur en histoire contemporaine, agrégé de Lettres classiques, Sciences Po – USPC

Université Sorbonne Paris Cité

Sciences Po

 

Varian Fry. Tourisme Marseille

En 2008, le musée de la Halle Saint-Pierre à Paris consacrait une grande exposition au journaliste américain Varian Fry. Son action à Marseille en 1940-1941 est aussi racontée dans le roman de Jean Malaquais, Planète sans visa (1947). Il faut croire que l’homme entretient un courant de sympathie durable, à en juger par la réédition régulière de son récit, Livrer sur demande. Sa toute dernière édition (Marseille, Agone, 2017), qui coïncide avec le cinquantenaire de la mort de Fry, comporte une excellente préface, des notes efficaces, des articles écrits par Fry après son retour aux États-Unis, des notices biographiques, une bibliographie complète en français et en anglais, et des index.

La couverture de la 3ᵉ édition de Livrer sur demande. Agone

Nous sommes en 1940. L’article 19 de la convention d’armistice stipule : « Le gouvernement français est tenu de livrer sur demande tous les ressortissants désignés par le gouvernement du Reich. » Marseille-Soir, le 25 juin, commente simplement : « Les clauses de l’armistice sont dures mais nullement déshonorantes », sans plus de précisions. Alors que des millions de gens ont fui sur les routes, que des millions de prisonniers sont acheminés vers l’Allemagne et que près de 100 000 soldats ont été tués en mai-juin 1940, ce point de l’accord d’armistice passe largement inaperçu. Par ailleurs, il n’y a plus de presse libre où l’évoquer et en débattre.

Varian Fry est alors un jeune journaliste, déjà remarqué pour ses livres ou ses rapports de qualité sur les questions internationales. Il participe à des cercles de réflexion et d’action américains très divers, qui ont en commun leur connaissance de la situation européenne depuis les années trente, et la conviction que leur pays doit tout faire pour soutenir les démocraties européennes, que ce devoir correspond aussi à son intérêt.

« Une des dernières actions de solidarité internationale du vieux mouvement ouvrier »

La préface – claire bien que détaillée – de Charles Jacquier, auteur de la citation ci-dessus, est indispensable pour comprendre la complexité (et les contradictions) des réseaux américains finançant l’Emergency Rescue Committee ; prudemment présenté aux autorités françaises comme le CAS ou Centre américain de secours de Marseille, chargé officiellement d’accorder des aides en argent ou en nourriture, il a pour but réel de soustraire à l’Allemagne nazie les intellectuels, artistes, opposants politiques, juifs ou non, puis les syndicalistes les plus menacés, pour lesquels Marseille, en zone non occupée, représente l’espoir d’une porte de sortie.

Varian Fry. Tourisme Marseille

Ces réseaux américains comprennent des lieux prestigieux de pouvoir universitaire, entre autres la « New School for Social Research » de New York, aptes à organiser l’accueil de professeurs invités, les milieux d’immigrés juifs socialistes et syndicalistes d’Europe centrale, polonais (en particulier le « Bund »), de grands syndicats américains, l’AFL (« American Federation of Labor »), en rapport étroit avec l’AFGF (« American Friends of German Freedom ») qui fédère les associations d’exilés antifascistes et antinazis. Déterminante, l’influence du JLC (« Jewish Labor Committee »), dont l’argent va financer les opérations de sauvetage en France, qui incite l’AFL à « se mobiliser contre la destruction des mouvements ouvriers et socialistes européens ».

La Halle Saint-Pierre a consacré une exposition à Varian Fry en 2008. Halle Saint-Pierre

C’est l’AFL qui sera l’interlocuteur du département d’État et du président des États-Unis en 1940-1941. Ces milieux, très marqués à gauche mais anticommunistes (la guerre d’Espagne et le pacte germano-soviétique sont dans tous les esprits), le plus souvent francophiles, comprennent l’urgence de la situation.

La nomination de Fry à la tête du CAS a lieu très vite, faute de candidats et aussi parce qu’il a le profil idéal : germanophone, francophone et francophile, bon connaisseur de la France et de la situation européenne. Ses convictions antinazies s’enracinent dans une réflexion mûrie pendant plusieurs années d’études de journalisme et de relations internationales ; il a aussi assisté à un pogrom, le 15 juillet 1935, à Berlin (dont il a rendu compte quelques jours plus tard dans The New York Times)…

À Marseille, Varian Fry recrute une petite équipe, très dévouée : des Français (dont la plupart entreront dans la Résistance active avant et après son départ), des Américains, qui résident en France depuis longtemps, décidés à aider financièrement le centre en cas de coup dur.

Son action, efficace, trop efficace – il aura réussi à faire partir plusieurs milliers de personnes – se heurte à une double opposition. Il gêne Vichy et son intendant de police, Maurice Rodellec du Porzic, qui obtiendra son départ ; à la Libération, cet ancien capitaine de corvette devra répondre de son refus d’aide médicale aux internés du camp des Milles, de son comportement inhumain lors des rafles de Marseille en 1942-1943, mais insistant sur son obéissance à Vichy et à la puissance occupante, bien conseillé par un avocat, soutenu par des réseaux, il sera libéré en décembre 1945, « réintégré dans la Marine en novembre 1946, avec pleine reconnaissance de ses droits à la retraite » (Doris Obschernitzki, « L’intendant de police à Marseille, Maurice Rodellec du Porzic, et le camp des Milles », Cahiers d’études germaniques, printemps 1997, n° 32).

Fry gêne aussi le gouvernement américain, le département d’État et son représentant local, le consul des États-Unis, même si le vice-consul arrive à le soutenir tant bien que mal avant d’être muté (comme quelques policiers français, qui ont manifesté activement leur sympathie à Fry, malgré le danger) : les enquêtes sur les camps d’internement qu’il veut présenter aux autorités de Vichy, ses interventions incessantes en faveur de telle ou telle personnalité exposée indisposent l’équipe du président Roosevelt, longtemps attachée à maintenir les meilleurs rapports avec le maréchal Pétain.

La sensibilité libérale d’Eleanor Roosevelt est impuissante contre la loi des quotas de 1924, peu favorable aux personnes expulsées par des régimes totalitaires, contre l’influence de Breckinridge Long, sous-secrétaire d’État chargé de l’immigration et des problèmes des réfugiés, persuadant Roosevelt que « l’émigration risque d’amener aux États-Unis des éléments de la « cinquième colonne » ou des communistes ».

Enfin, assurer la relation entre les différents groupements américains qui financent le centre et le département d’État, préoccupé de tout contrôler et s’intéressant surtout à « un programme traditionnel de « récupération des cerveaux » », devient de plus en plus ardu.

Expulsé de France à l’automne de 1941, Varian Fry continue la lutte. Il publie dans The New Leader de mai 1942 un article sur « La politique [d’immigration] à courte vue du gouvernement américain », qui prive son pays des compétences des réfugiés antifascistes. Il dénonce dans The New Republic de décembre 1942 la passivité américaine face aux camps de concentration, met les points sur les i en mai 1943 à propos de l’action en Algérie du général Giraud, l’allié préféré à De Gaulle par le gouvernement américain.

Un homme dérangeant

Suspect dans son propre pays, où l’on considère qu’il a gêné la politique gouvernementale, inquiété par la Commission des activités antiaméricaines en 1950, il ne tire aucun avantage de son action courageuse. Apparemment, ses anciens « clients » européens ne se pressent pas, en 1964, de l’aider à publier un recueil de lithographies commémorant le sauvetage des intellectuels et artistes antinazis. Deux témoignages, dans les marges du livre, celui d’Albert Hirschman et celui de Hans Sahl, cité dans la préface, laissent entrevoir l a générosité, l’humanité et l’énergie qu’il a déployées alors.

Varian Fry a été contraint, pour mener à bien la mission qui lui avait été donnée et dans laquelle il s’est investi tout entier, d’aller à l’encontre de la politique du gouvernement américain de l’époque ; ce dernier, pénétré par des éléments antisémites, anticommunistes, voulait maintenir de bonnes relations avec Vichy à tout prix. L’arrêt de sa mission est aussi dû en partie à la mésentente régnant entre les différents commanditaires appartenant à la gauche américaine, même si l’évolution de la guerre impliquait l’expulsion de Fry, éventuellement son arrestation, à plus ou moins long terme. La France gaulliste, de son côté, ne semble pas non plus pressée de reconnaître un « héros » dont l’action met en lumière la part la plus noire de la collaboration d’État.

En 1967, quelques mois avant sa mort, le consulat français de New York le fait chevalier de la Légion d’honneur… Le procureur Mornet, accusateur du maréchal Pétain à son procès, qui avait fort efficacement, sous l’Occupation, présidé la Commission de dénaturalisation des juifs étrangers, qui permettait leur déportation, avait, quant à lui, été commandeur du même ordre…

Le vrai piège de l’intelligence artificielle : la disparition du corps

26 lundi Fév 2018

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The Conversation

Auteur

  1. Joel Chevrier

    Professeur de physique, Université Grenoble Alpes

 

Partenaires

Université Grenoble Alpes

 

« Charlie don’t surf », une œuvre de Maurizio Cattelan (1997). Fondation Louis Vuitton

Dans le film Her de Spike Jonze, Scarlett Johansson n’est présente que par sa voix. Son corps n’apparaît pas une seule seconde. Elle donne sa voix à un des acteurs principaux du film : un « système d’exploitation ». Elle est une intelligence artificielle qui n’existe dans le film que par cette voix.

Face à un chatbot, défaite assurée

Dans l’histoire qui nous est contée, la pauvreté de l’activité du personnage principal incarné par Joaquin Phoenix est frappante. S’il se déplace chez lui et occasionnellement en ville, pour le reste, il ne fait rien de ses journées, sinon parler sans fin. Rien avec son corps : sport, danse… Rien de ses mains : musique, cuisine, bricolage… Aucune de ces activités qui demandent un apprentissage avec d’autres pour faire face à des situations réelles complexes voire nouvelles, sans mode d’emploi et grâce à des gestes précis et sûrs.

Le scénario du film fait alors de ce personnage une proie évidente pour une intelligence artificielle qui n’a ni corps ni mains, qui ne fait que parler et qui est partout sans trêve. Il ne s’agit entre eux que de traiter, d’échanger une information aisément numérisable, ce qu’est toute expression orale ou écrite de notre pensée, au moins quant à son contenu.

En compétition avec un bot, nous n’avons simplement aucune chance. Les jeux comme le Go, les échecs sont évidemment perdus pour toujours. Et la liste s’allonge des professions dont l’activité est pour une part importante prise en charge par des bots. C’est par exemple une interrogation prégnante pour les avocats. Récemment, un bot a surclassé 80 % des étudiants au concours d’entrée dans une université à Tokyo. Résultat en fait sans surprise puisque tout ceci est formaté pour une acquisition de connaissances qui permettent de mesurer et de trier sans nuances. Ce qui s’appelle communément le bachotage. Mais ces échanges d’information numérisables sont loin d’épuiser la totalité de notre relation aux autres et au réel. Loin de là, en réalité.

Une IA peut-elle être montagnarde ?

Il est des terrains de jeu sur lesquels l’intelligence artificielle, fût-elle équipée de robots, ne part pas (encore) gagnante, même si les progrès sont rapides et (très très) impressionnants.

Par exemple, à Grenoble, sur le campus de l’université, il n’est pas rare de rencontrer un étudiant qui est non seulement un étudiant mais aussi, à lui seul, un skieur, un montagnard et un grimpeur, un cycliste, un nageur et un coureur. Il peut aussi, toujours à lui seul, être musicien et/ou danseur. Toutes ces activités rassemblées chez une seule personne, et pas seulement chez des étudiants bien sûr, c’est certes rare, mais ça existe. Probablement encore plus rare, s’il est de surcroît, un artiste, un créateur… mais toujours possible. J’ai des noms.

« Our English majors study physics » déclare l’Université de l’Utah au pied des montagnes rocheuses avec la station de ski Snowbird à coté.

Face à cette polyvalence humaine, on devrait attendre l’IA quelque temps. D’autant plus, peut être, si nous évitons de nous trouver « super performants » en nous transformant nous-mêmes en robots spécialisés dans une seule activité facilement mesurable et à l’environnement simplifié en vue de la compétition…

Ma vision du potentiel du corps humain, de sa capacité à créer ses propres activités, de ses métamorphoses toujours nouvelles, est très largement inspirée par les écrits de Michel Serres. Il nous aide à penser la place du corps dans le monde aujourd’hui. Il dit ainsi, dans Variations sur le corps :

« Écrites en éloge des professeurs d’éducation physique et des entraîneurs, des guides de haute montagne, des athlètes, danseuses, mimes, clowns, artisans et artistes… ces Variations décrivent les métamorphoses admirables que leur corps peut accomplir. Les animaux manquent d’une telle variété de gestes, postures et mouvements ; souple jusqu’à la fluidité, le corps humain imite à loisir choses et vivants ; de plus il crée des signes. Déjà là dans ces positions et métamorphoses, l’esprit, alors, naît de ces variations. Les cinq sens ne sont pas la seule source de la connaissance : elle émerge, en grande part, des imitations que rend possibles la plasticité du corps. En lui, avec lui et par lui commence le savoir. Du sport à la connaissance, il passe de la forme au signe, pour s’envoler en corps glorieux. Qu’est-ce que l’incarnation ? Une transfiguration ».

Et il ajoute dans cette vidéo, à l’appui de son argument sur ce corps qui se transforme, se métamorphose, crée sans fin de nouveaux gestes, les apprend et les partage :

« Mais, voyons, au fond, l’essentiel, c’est le danseur. »

Nous ne sommes échangeables avec rien

Ainsi, la question n’est probablement pas tant une compétition avec les robots et l’IA, que la nécessité, pour être entièrement nous-mêmes, de toujours enrichir notre contact avec le réel grâce aux possibilités infinies de notre corps. Comment vivons-nous la richesse et la diversité générées par notre interaction physique avec cette scène matérielle dans laquelle nous vivons ? Nous sommes des corps qui se recréent au monde en permanence dans les mouvements et les gestes. À ce jeu, pour nous-mêmes, nous sommes échangeables avec rien. Rien ne peut prendre une place qui est l’invention continue de notre propre façon d’être au monde.

Et, même s’il semble que nous ayons quelques difficultés à le considérer ainsi quand il s’agit du corps, c’est peut-être alors d’abord une question d’éducation et d’apprentissage. Le plus souvent nous nous empressons d’immobiliser de longues heures les jeunes corps pour remplir les têtes. Je demande pardon à mes collègues enseignants pour la photo de « Charlie don’t surf » de Maurizio Cattelan. Je n’ai pas pu résister.

Autour de Grenoble, les danseurs de la compagnie Sylvie Guillermin dans des collèges travaillent avec des enseignants et proposent avec succès la danse contemporaine à des élèves. Ils leur font ainsi explorer comment leur façon d’être au monde avec les autres, corps compris, les amènent à comprendre qu’ils sont des intelligences mouvantes. Ils les conduisent à expérimenter l’infinie diversité à laquelle nous avons accès par nos mouvements et nos gestes. Chacun ramenant son corps, donc.

« Qu’est-ce une résidence d’artiste en milieu scolaire ? » demande la compagnie Sylvie Guillermin.

Pour ma part, les chorégraphes Yoann Bourgeois et Loic Touzé, l’artiste plasticien Julien Prévieux m’ont (re)montré, par l’expérience et le travail en commun, combien la création artistique peut conduire une exploration sans équivalent du monde par le corps. J’ai vécu ces expériences d’abord avec un regard de scientifique. C’était plus confortable… Mais même avec cet engagement limité, ce fut aussi lumineux.

Comme l’a été sur ce même sujet, la découverte du mouvement Gaga de Ohad Naharin grâce à Anat Meruk que je remercie ici.

Cependant, si l’on se fonde sur les données disponibles au sujet de l’exposition massive des enfants aux écrans dès le plus jeune âge, il semble que cette déconnexion du réel soit pourtant ce à quoi le digital grand public nous conduise, comme dans le film HER. Les corps sont conduits, par l’omniprésence de la technologie, à s’immobiliser seuls, de leur plein gré et sans contrainte. Quelque 20 ans plus tard, Maurizio Cattelan va-t-il nous proposer la version 2.0 de son œuvre ?

Intégration des personnes autistes : un atout pour l’entreprise

25 dimanche Fév 2018

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The Conversation

Auteurs

  1. Xavier Weppe

    Maître de Conférences en Stratégie & Organisation, Université de Lille 1 – Université de Lille

  2. Vanessa Warnier

    Maître de Conférences (IAE de Lille) – Co-responsable du Mastère spécialisé Management et Innovation dans la Mode (CGE), Université de Lille 1 – Université de Lille

 

La capacité des personnes autistes à voir le monde différemment peut constituer un atout pour les entreprises qui savent les valoriser. Shutterstock

En France, on évalue à 700 000 le nombre de personnes présentant un trouble du spectre autistique (TSA), enfants et adultes confondus. Améliorer leur situation passe évidemment par une réponse plus efficace des pouvoirs publics. Toutefois, les entreprises ont également un rôle à jouer, en favorisant leur emploi. Il ne s’agit pas d’une vision utopiste : des business models adaptés existent, et ils sont performants.

Vers une idéologie de la valorisation

Grâce à l’implication d’associations très actives et à la médiatisation de témoignages d’autistes ou de leurs familles, la question de l’autisme est désormais inscrite à l’agenda politique. À la veille du quatrième plan autisme, la Haute Autorité de Santé a émis le 19 février plusieurs recommandations concernant le dépistage et la prise en charge de l’autisme chez l’adulte, l’enfant et l’adolescent. Ces recommandations arrivent après un rapport publié en janvier par la Cour des comptes, qui faisait état des faiblesses de la prise en charge des personnes présentant un trouble du spectre autistique en France.

Le travail à accomplir pour aboutir à une meilleure prise en charge des 600 000 autistes adultes français reste toutefois immense. En effet, leur cas a souvent été délaissé et leur insertion professionnelle est très peu soutenue par des actions spécifiques. Aujourd’hui, les statistiques précises sur l’emploi en France des personnes avec TSA sont rares, mais l’ensemble des associations françaises reconnaît qu’une très grande majorité n’est pas insérée professionnellement. D’ailleurs, au niveau européen, les études sur les personnes avec TSA attestent toutes du fait qu’elles sont majoritairement exclues du monde du travail.

Pour améliorer la situation, il est impératif que les entreprises perçoivent les potentialités de la très grande diversité des personnes avec TSA, et ne les enferment pas dans un stéréotype négatif : celui d’une personne non adaptée au monde du travail. La première étape consiste repenser la conception des sources de performance et à refonder les stratégies ainsi que les pratiques de gestion des ressources humaines. Il faut adopter une « idéologie de la valorisation », c’est-à-dire de chercher à voir dans chaque ressources un potentiel de création de valeur économique et sociale, en abandonnant tout jugement de valeur a priori.

Faire de l’extraordinaire à partir de ressources ordinaires

De nombreux travaux de recherche expliquent les différences de performance par le fait que certaines entreprises ont des ressources de plus grande valeur, dites stratégiques. Ainsi, il y a une croyance largement répandue chez nos dirigeants selon laquelle il faudrait des ressources extraordinaires – par définition rares – pour faire des choses extraordinaires. Pour espérer gagner les titres et trophées les plus prestigieux, les meilleurs clubs de football dépensent des sommes exponentielles pour recruter les joueurs les plus talentueux. Les multinationales cherchent sur le marché des dirigeants, celui qui sera capable d’améliorer la rentabilité de l’entreprise.

Cette croyance présente de nombreuses limites : elle focalise l’attention sur les ressources considérées comme les « joyaux de la couronne » en oubliant la masse des ressources disponibles. Elle favorise de ce fait le développement de business models non-inclusifs reposant sur l’utilisation intensive de ressources stratégiques. Au niveau des ressources humaines, cela conduit davantage les entreprises à se battre pour recruter des « salariés stars » qu’à chercher à créer les conditions pour faire des choses extraordinaires avec des salariés ordinaires. Pourtant, les ressources considérées comme ordinaires sont au cœur des stratégies de nombreuses plateformes : millions de propriétaires ou de locataires pour Airbnb, millions d’automobilistes pour BlaBlaCar et Uber etc.

Des business models innovants

Nos travaux récents mettent en avant le rôle de ces ressources ordinaires. Plus surprenant : ils soulignent aussi le rôle que peuvent jouer des ressources considérées comme négatives, délaissées car elles sont perçues comme ayant une valeur inférieure à leur coût d’acquisition. On trouve dans cette catégorie les ressources humaines exclues durablement du monde du travail car perçues comme sans réelle valeur par les employeurs. C’est notamment le cas des personnes présentant un TSA. Développer des organisations performantes en utilisant les compétences, les spécificités, les talents des personnes avec TSA, oui, c’est possible !

Temple Grandin, de l’Université du Colorado, explique en quoi son autisme est un atout (sous-titres français disponibles).

Il y a beaucoup à apprendre d’initiatives portées au niveau international par des organisations comme Spécialisterne, Auticon, Aspertise. Au niveau national, le dispositif « PASS P’AS » est également très intéressant. Dans tous les cas, ces structures réussissent à concilier recrutement de collaborateurs avec TSA et création de valeur économique. Contrairement à la plupart des organisations, elles perçoivent de la valeur là où personne ne l’imaginait, et développent des business models innovants pour l’utiliser ! Ceux-ci partagent tous les cinq mêmes caractéristiques.

Saisir l’importance de la perspective

Les tenants de ces business models ne considèrent pas les TSA comme une maladie ou un handicap, mais plutôt comme une différence potentiellement porteuse d’atouts pour l’entreprise. La vision la plus inspirante, et la plus aboutie, est sans aucun doute celle portée par Spécialisterne, organisation danoise ayant pour projet d’aider les employeurs et les organisations à comprendre et valoriser les capacités uniques des personnes avec TSA. Son dirigeant, Thorkil Sonne, aime l’exprimer via la métaphore de la mauvaise herbe.

Selon lui, quand des pissenlits poussent dans une pelouse, ils sont considérés comme des mauvaises herbes. Mais s’ils sont cultivés dans le potager d’un grand chef cuisinier, ils peuvent devenir la base d’une excellente recette printanière. Une même plante peut donc être considérée comme une mauvaise herbe ou comme un aliment doté de nombreuses qualités : tout est une question de perspective. De la même façon, la valeur d’une ressource humaine n’est pas purement objective. Elle dépend de sa perception par les acteurs et, plus largement, par la société.

Inventer de nouvelles modalités d’évaluation pour faire émerger la valeur

Comme l’évoque Josef Schovanec, chercheur en philosophie et sciences sociales (et autiste lui-même), la mesure des compétences professionnelles des personnes présentant un syndrome Asperger est complexe car elles « peuvent être très fortes sur certains aspects et extrêmement faibles sur d’autres ». Pour cette raison, le processus de recrutement est crucial. Si certains entrepreneurs sont capables de détecter de la valeur dans des ressources humaines généralement exclues du monde du travail, c’est parce qu’ils ont su développer des dispositifs d’évaluation innovants et adaptés. Grâce à eux, ils mettent en évidence des talents invisibles dans les entretiens classiques, du fait des difficultés de communication ou de socialisation.

L’entreprise Spécialisterne a par exemple inventé un processus de sélection combinant entretiens et ateliers Lego Mindstorm afin de révéler des potentialités non-verbalisables par l’Asperger dans le cadre des processus de recrutement classiques. Le dispositif « PASS P’AS », quant à lui, combine entretiens, ateliers individuels et travaux en groupe pour saisir les habiletés. La tâche est complexe, car l’exclusion professionnelle des autistes les conduit souvent à ne pas avoir confiance en eux-mêmes et à dévaloriser leurs compétences.

Repenser et adapter son organisation

Au-delà de l’étape de recrutement, les entreprises doivent repenser leur organisation pour valoriser au mieux le potentiel et les qualités de salariés autistes. Il s’agit d’imaginer les activités dans lesquelles ils seraient les plus efficaces. On constate notamment une forte croissance de l’emploi d’autistes dans le monde informatique où leur grande capacité de concentration, leurs compétences cognitives, leur souci du détail et leur extrême fiabilité constituent de vrais atouts.

Il est toutefois souvent indispensable d’adapter le poste de travail pour le faire correspondre aux caractéristiques individuelles. Il arrive en effet que les personnes autistes présentent une hypersensibilité à des nuisances que d’autres salariés peuvent supporter, voire ne pas remarquer (éclairages, odeurs, bruits…). Il est également nécessaire de les accompagner dans la compréhension des règles sociales dans l’entreprise. Et inversement : il faut aussi sensibiliser les futurs collègues à certains comportements atypiques (difficulté à regarder dans les yeux, à comprendre le non verbal et le second degré, manque d’attraits pour des conventions sociales admises en entreprise comme les pauses café, etc.).

Gwénaël Laurent-Guy, « autiste Asperger assumé » et chef de projet informatique depuis 15 ans.

Au final, les aménagements sont souvent simples. Ils nécessitent néanmoins que l’entreprise change de logique, en ne demandant plus aux salariés de s’adapter à l’organisation mais en adaptant l’organisation à ces collaborateurs, pour tirer profit de leur potentiel.

Changer le regard des parties prenantes

Si repenser l’organisation permet de développer des business models efficaces, les entreprises ne doivent pas négliger les stratégies de légitimation permettant d’en renforcer la pertinence. Dans le cadre de nos travaux, nous avons d’ailleurs démontré que les entreprises de conseil informatique qui recrutent quasi-exclusivement des consultants avec TSA cherchent également à agir sur les représentations qu’en ont les différentes parties prenantes, notamment leurs clients, en mobilisant des stratégies discursives autour de la rhétorique du talent. Elles utilisent un vocabulaire renvoyant à celui des hauts potentiels : « talents », « capacités hors-normes », « l’autisme comme un avantage ».

Concilier création de valeur économique et valeur sociale

Les business models évoqués dans cet article sont créateurs de valeur économique et les organisations étudiées sont pérennes. Surtout, ils sont, de plus, créateurs de valeur sociale. Pour les autistes eux-mêmes, tout d’abord : ils retrouvent confiance, améliorent leur employabilité et deviennent plus autonomes. Pour leurs familles ensuite, dont le sentiment de dépendance diminue à mesure que croît la confiance dans les capacités sociales et professionnelles de leur enfant. Pour les entreprises enfin, qui enrichissent leurs salariés « neurotypiques » avec les différences et les manières spécifiques d’appréhender le monde de leurs salariés « neuroatypiques ».

Les entreprises ont tout intérêt à développer leur créativité stratégique en imaginant des business models adaptés à ces ressources délaissées. Et ainsi prouver que l’on peut faire des choses extraordinaires avec des ressources perçues, à tort, comme négatives…

Assistons-nous vraiment au déclin du mythe de la virilité ?

24 samedi Fév 2018

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Assistons-nous vraiment au déclin du mythe de la virilité ?

  1. Haude Rivoal

    Doctorante en sociologie, Université Paris VIII, Centre national de la recherche scientifique (CNRS)

 

Une image du Loup de Wall Street. Universal Pictures/Allociné

Fin 2017, la philosophe Olivia Gazalé s’intéressait au mythe de la virilité dans un livre paru chez Robert Laffont. Elle y retrace de manière précise et détaillée les constructions sociales et culturelles liées aux injonctions qui pèsent sur les hommes, comme les historiens Alain Corbin, Jean‑Jacques Courtine et Georges Vigarelo s’y étaient intéressés en 2013 à travers les trois tomes de l’Histoire de la virilité. L’originalité du propos de la philosophe est de montrer que les hommes auraient tout à perdre de la domination masculine et tout à gagner de la déconstruction des assignations sexuées qui pèsent sur eux (comme sur les femmes).

Si on peut se réjouir que paraisse cette stimulante réflexion sur le sujet, on sera plus circonspect sur la conclusion de la philosophe quant au déclin d’un « système viriarcal » qui serait pris à son propre piège. Si la virilité comme modèle normatif nourrit certes un certain malaise et certaines interrogations, on peut aussi penser que dans une société obsédée par la performance, l’usage de la virilité ne cesse de se réinventer et de se transformer pour favoriser la légitimation d’une masculinité hégémonique sous des formes renouvelées.

La virilité, entre fascination et répulsion

Partons d’une définition simple : la virilité est un idéal. Un idéal de perfection, de performance et de courage qui passe autant par des démonstrations corporelles que par des démonstrations verbales d’autorité et de pouvoir. La virilité est porteuse d’un imaginaire qui fascine par sa manière de pousser aux limites certaines qualités attendues d’un homme. Le cinéma et la littérature regorgent de l’exploitation de ces mythes virils (Indiana Jones, Rocky, Terminator), mais aussi de leur caricature, nous rappelant que les figures les plus viriles ne sont pas nécessairement les plus désirables.

Couverture de « Pascal Brutal 2 ». Riad Sattouf

En 2006, Riad Sattouf crée le désormais célèbre Pascal Brutal, « l’homme le plus viril du monde ». Le monde dans lequel vit ce héros est un univers imaginaire où Alain Madelin est président de la République, où le centre de Paris est interdit d’accès aux pauvres et où la Bretagne est indépendante.

À travers les cinq tomes de la série, on découvre un personnage sans cesse poussé par ses pulsions. Adidas Torsion 1992 visés aux pieds, gourmette en argent clinquante au poignet et petit bouc parfaitement taillé, Pascal Brutal est un fervent adepte de la baston et de la moto à grande vitesse. La musculation qu’il pratique assidûment lui offre un physique avantageux qui lui permet d’aligner les conquêtes féminines (et masculines). Pascal Brutal est particulièrement à l’aise dans un environnement populaire duquel il est issu (il est le fruit d’une union entre une ancienne teufeuse et un punk à chien) autant que dans les sphères dirigeantes à qui il arrive de prêter main-forte. Même s’il ne possède pas le QI d’un astronaute, Pascal Brutal sait s’imposer. Rien n’y personne ne lui résiste. « La virilité, c’est mon métier » déclare-t-il. Mais derrière les facéties surréalistes du héros, Riad Sattouf dessine l’époque d’un trait à la fois provocateur et malin, démontrant avec brio par l’absurde, démolissant par le ridicule et la démesure les codes sociaux d’une société ultra-libérale où seuls les plus forts s’imposent, un monde dans lequel l’intelligence ne paie plus et où l’image prime sur les idées.

Si la caricature fonctionne ici si bien, c’est que les formes de virilisme incarnées par le héros ne correspondent plus à ce qui est attendu d’un comportement masculin dans le fonctionnement actuel de la société. La représentation culturelle et médiatique d’une virilité excessive sert souvent (et malheureusement de manière beaucoup plus sérieuse) la stigmatisation des classes populaires (les jeunes de banlieue, les rappeurs ou encore certains groupes ouvriers comme les dockers décrits par Michel Pigenet), tandis qu’au sein des classes supérieures, cette représentation prend généralement la forme d’une fascination teintée d’inquiétude (en particulier dans certaines professions comme chez les traders ou encore chez les leaders politiques). Donald Trump représente de manière exemplaire cette figure d’une masculinité ostentatoire, entre hétérosexualité conquérante et excès de violence.

Donald Trump, figure d’une masculinité de la performance. Amazon

Le fait que les propos et les actes de l’actuel président des États-Unis apparaissent à ce point en décalage avec l’époque témoigne d’un fonctionnement que l’on pensait dépassé. Les soupçons récurrents sur la santé mentale de Donald Trump témoignent bien du fait que cette virilité est jugée comme extra-ordinaire et donc dangereuse, précisément parce qu’elle semble ne pas pouvoir être maîtrisée. À l’inverse, certains leaders politiques n’hésitent pas à revendiquer une masculinité plus « inclusive », compatible avec une exigence d’égalité entre les hommes et les femmes, la défense du droit des homosexuels, l’expression des émotions, etc.

On pense aux larmes de Justin Trudeau lors de son discours d’excuse envers la communauté homosexuelle ou encore à l’attention portée aux droits des femmes par Barack Obama, à contre-courant de la masculinité des angry white men décrit par le sociologue Michael Kimmel, qui ont conduit aux portes de la Maison Blanche un président à leur image.

Dans ce sens, il ne faut pas sous-estimer la résistance des groupes conservateurs menacés par cette « dévirilisation » de la société et/ou le regret qu’expriment certains (ou certaines) d’une disparition de la figure virile comme Emmanuel Macron a pu en faire l’objet durant la campagne présidentielle (soupçon quant à sa capacité à diriger l’armée faute de service militaire réalisé ou rumeurs relatives à son orientation sexuelle). Pour autant, l’élection de l’actuel Président français ne doit pas nous leurrer et cette apparente « neutralisation » ne signifie pas qu’hommes et femmes occupent des places égales, ni que la virilité ait perdu de sa valeur symbolique dans les coulisses du pouvoir.

« Les habits neuf de la domination masculine »

la couverture de Management en septembre 2017. Relay

Quand bien même la masculinité hégémonique se serait elle débarrassée de ses oripeaux les plus visibles, l’obsession pour la preuve virile n’a pas disparue. Dans une société « féminisée » où la virilité, tenue pour suspecte, aurait disparu et empêcherait les hommes d’« oser l’autorité », l’injonction du magazine Nouveau Management nous donne les clés pour être « un chef assumé », un vrai : « fermeté, écoute et empathie ».

Comme l’analyse Serge Rabier en s’intéressant à la figure d’Emmanuel Macron, son leadership tiendrait dans son « audace stratégique, un sens aigu des opportunités, un courage affirmé dans la prise de risque, une ardeur et une ténacité sans failles, une croyance insolente en son destin, une combinaison entre la fougue de jeunesse et une maturité sage… toutes qualités mobilisées vers un seul objectif : la conquête et la pratique volontaire du pouvoir ».

À des formes plus traditionnelles de commandement succède donc l’autorité conquise dans l’aptitude à se contrôler, à surmonter les épreuves, à faire preuve de tempérance et d’endurance, à être maître de soi-même et de son destin. Comme le souligne le sociologue Alain Ehrenberg, les individus évoluant dans une société « où la norme n’est plus fondée sur la culpabilité et la discipline mais sur la responsabilité et l’initiative individuelle » autrement dit, dans une société où chacun est amené à devenir entrepreneur de soi, assurer son leadership ne passe plus par les voies traditionnelle de la virilité – le corps masculin dont elle a été si souvent l’emblème – mais par un usage toujours plus fin de l’autorité et du pouvoir, dans un savant mélange de savoir-faire et de savoir-être.

C’est notamment un des résultats de la passionnante enquête de l’anthropologue Mélanie Gourarier sur la communauté des séducteurs de rue où l’on comprend que l’idéal viril qui gouverne les hommes ne se définit pas seulement dans la démonstration de sa puissance que par la hantise de l’impuissance. Dans cette virilité « en creux », « l’idée est de se gouverner soi-même pour mieux gouverner les autres » précise-t-elle.

C’est donc dans une forme plus individuelle de disqualification du féminin et d’autres formes de masculinités (des masculinités jugées trop viriles ou trop efféminées) que la masculinité hégémonique se renouvelle. Dans les positions socialement valorisées (chez les cadres par exemple), cette masculinité se construit en effet par le biais d’une désolidarisation de groupes masculins dont les pratiques virilistes apparaissent comme démodées. En 1993, le sociologue François de Singly soulignait déjà dans un article paru dans la revue Esprit que l’apparente « neutralisation » de la société s’était « opérée sur le dos des milieux populaires » dont la masculinité est régulièrement dévaluée et stigmatisée.

Dans ce sens, on peut penser qu’aujourd’hui, ce ne sont pas les injonctions qui pèsent sur ces « leaders » qui diffèrent (quête d’excellence et de performance) mais la manière dont les hommes se distinguent au sein de cette compétition. En effet, on en attend pas moins des hommes dans l’exercice du pouvoir, on en attend différemment. La référence identitaire à la virilité dans l’accession au pouvoir n’a donc pas disparu, elle s’est modifiée. Aussi ne faut-il pas se réjouir trop vite des transformations du masculin mais s’intéresser aux conditions dans lesquelles les hommes (et les femmes) répondent aux injonctions sexuées et sociales. Si la figure du pouvoir change de forme en s’incarnant dans une masculinité plus « inclusive », elle n’implique pas nécessairement plus d’égalité. Ainsi, plutôt que de se focaliser sur les pratiques virilistes dont les médias sont si friands, on aurait tout intérêt à détourner le regard vers les nouvelles formes de domination, plus pernicieuses à détecter.

La fin du modèle unique pour l’agriculture française ?

23 vendredi Fév 2018

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  1. Xavier Hollandts
    Xavier Hollandts

    Professeur de Stratégie et Entrepreneuriat, Kedge Business School

  2. Bertrand Valiorgue

    Professeur de stratégie et gouvernance des entreprises – co-titulaire de la Chaire Alter-Gouvernance, Université Clermont Auvergne

Kedge Business School

Université Clermont Auvergne

Réunion du syndicat des Jeunes agriculteurs en 2016 en Bretagne. Loïc Venance/AFp

 

L’agriculture hexagonale offre un bilan de santé contrasté. Si la France compte des champions agro-industriels, des entreprises intermédiaires et des startups qui bénéficient d’une excellente compétitivité sur des marchés mondialisés, plusieurs signaux d’alerte montrent que le secteur vit des mutations profondes et souvent douloureuses.

De nombreuses exploitations sont aujourd’hui en détresse et un agriculteur sur quatre vit en France sous le seuil de pauvreté. Les raisons de cette paupérisation sont bien connues : elles tiennent à la fois à la dérégulation des marchés agricoles et, surtout, à la très inégale répartition de la valeur dans les filières agricoles et alimentaires.

Les récents États généraux de l’alimentation (EGA) ont été l’occasion d’identifier différentes pistes de réformes pour les années à venir. Ces grandes orientations laissent toutefois de côté trois mutations majeures qui méritent d’être analysées en détail. Elles imposent également une nécessité : changer de paradigme en matière de politiques publiques pour favoriser la diversité des agricultures françaises.

L’émergence d’un capitalisme agraire

Pour la première fois dans l’histoire du secteur agricole naissent de véritables empires, développés par des investisseurs privés et extérieurs à ce milieu. Comme l’ont bien résumé François Purseigle et ses co-auteurs dans le récent ouvrage Le nouveau capitalisme agricole, nous sommes en train de passer de la « ferme à la firme agricole ».

Alors que pendant des décennies, le modèle agricole de référence reposait sur des structures de production familiales, on observe aujourd’hui la multiplication de formes non familiales d’organisation du travail, d’importantes levées de capitaux et des stratégies commerciales totalement inédites. Le modèle dominant de la ferme familiale cède la place ainsi à l’entreprise agricole qui vise à répondre à une demande mondialisée. Ceci est particulièrement vrai dans des secteurs où les produits agricoles sont des commodités (des produits standards et homogènes), où seul le prix bas compte.

Cette émergence d’un capitalisme agraire mondialisé et les transformations des structures de production agricoles posent de nombreuses questions au sujet de la construction de la souveraineté alimentaire des pays, mais également sur les modes de production des denrées alimentaires.

Ainsi, que faut-il penser du rachat de terre à grande échelle de la part d’investisseurs chinois qui expédient ensuite dans leurs pays d’origine les denrées agricoles produites en France ? Ces investissements, s’ils devaient se généraliser, tendraient à faire de la France le « grenier » de puissances étrangères.

La digitalisation du métier d’agriculteur

En parallèle, le métier d’agriculteur est en train de fortement évoluer, notamment sous l’influence de la révolution numérique. Aujourd’hui, seuls 12 % des exploitations ne possèdent aucun objet connecté. On parle souvent de smart farming pour désigner cet univers numérique qui accompagne désormais le quotidien des agriculteurs : puces électroniques, données en temps réel, drones, robots de traite, tracteurs connectés et pilotés par satellite, plateformes et pilotage à distance des exploitations. Les objectifs sont évidents : produire plus et mieux tout en consommant moins d’intrants (et donc en diminuant aussi les coûts).

On voit également apparaître l’intelligence artificielle sur les moissonneuses-batteuses. Elles intègrent des éléments topographiques grâce au positionnement GPS ainsi que les données de rendement des années précédentes.

L’analyse de ces données en temps réel permet à la machine d’adapter les réglages sur plusieurs de ses organes (battage, séparation, nettoyage) pour optimiser différents paramètres (débit, qualité, propreté, pertes). Les robots conversationnels ou « chatbots » constituent une autre déclinaison de l’intelligence artificielle pour les agriculteurs. En élevage, les premiers assistants virtuels sur smartphone aiguillent les éleveurs dans leur choix de taureau, facilitent la commande d’insémination, contrôlent les déclarations de sortie d’animaux.

Objets connectés et intelligence artificielle vont bouleverser comme jamais le métier d’agriculteur.

Rapprocher les producteurs des consommateurs

Depuis plusieurs années, les consommateurs exigent une plus grande transparence et traçabilité des produits agricoles, renouant ainsi avec une tradition pas si lointaine où l’on consommait localement ce qui était produit localement.

Cette demande s’exprime parfaitement à travers les circuits courts, ou encore le regroupement de producteurs en vente directe ou bien la création de mini-marchés locaux ou de paniers paysans (la Ruche qui dit Oui, les AMAP, etc.). Par ailleurs, l’émergence de plateformes transactionnelles change la donne car elles facilitent et sécurisent grandement la mise en relation entre producteurs et consommateurs. Cette transformation est regardée de très près par des géants du web comme Amazon ou encore le Chinois Alibaba, qui voient dans cette mutation des modes de consommation une opportunité majeure de profit.

Les grandes villes n’échappent pas à ce phénomène puisque de nouveaux types d’agriculteurs investissent les espaces urbains. On parle désormais d’une « agriculture urbaine » pour désigner l’appropriation de territoires urbains parfois délaissés ou rendus à une vocation agricole.

Accompagner les mutations

Pour répondre à ces mutations, l’agriculture française doit répondre à trois enjeux majeurs.

Elle doit d’abord réussir son tournant numérique. La digitalisation des métiers ne se décrète ni ne s’impose. Il faut donc accompagner les paysans français dans cette évolution désormais inéluctable. Les coopératives, qui regroupent 75 % du monde agricole, sont particulièrement attendues sur cette question.

Il faut ensuite faire évoluer les modèles économiques en étant réellement transparent sur l’origine des produits et la répartition de la valeur, comme les débats menés dans le cadre des États généraux de l’alimentation l’ont souligné. Les initiatives couronnées de succès, telles que La Marque du consommateur, Merci ou Faire France, montrent que l’on peut avoir une consommation citoyenne et engagée dans notre pays quand la vérité sur les prix agricoles est assumée. Demain, il faudra mieux former les agriculteurs au management, au marketing et à l’informatique.

Enfin, répondre au défi démographique et professionnel. Si la surface agricole française n’a pas reculé, le nombre d’exploitations en France a été divisé par deux depuis les années 1980. Il en résulte de véritables difficultés autour de l’installation ou de la reprise d’exploitations agricoles. À moins de laisser l’initiative à des investisseurs privés étrangers, la France doit pouvoir compter sur un renouvellement des générations afin de maintenir une présence humaine et agricole sur ses territoires. Le rôle des sociétés d’aménagement foncier et d’établissement rural (comme les Safer) devra être redimensionné et modernisé.

Éviter une vision homogène de l’agriculture

Une interrogation essentielle demeure : quels modèles agricoles les pouvoirs publics souhaitent-ils promouvoir ? Quelles initiatives doivent-ils encourager pour assurer un revenu aux agriculteurs et une alimentation durable et saine aux consommateurs ?

Depuis les années 1950, les pouvoirs publics ont globalement privilégié une orientation productiviste des fermes familiales. Il s’agissait de gagner l’indépendance alimentaire du pays et de maintenir un modèle d’agriculture séculaire.

Comme le souligne le sociologue Bertrand Hervieu, cette vision de l’agriculture reposait sur un postulat de base : l’activité agricole est par excellence une activité à caractère familial, censé se déployer dans un cadre national. Ce modèle universel de l’agriculture, c’est celui d’un adossement des fermes familiales à une industrie agroalimentaire puissante, offrant des progrès technologiques constants.

Les pouvoirs publics ont favorisé ce modèle à travers une politique volontariste et homogène qui a poussé les fermes familiales à se restructurer en continu pour gagner sans cesse en productivité. L’Europe prit le relais à travers la politique agricole commune (PAC), toujours dans le même esprit : ferme familiale productive – industrie agroalimentaire compétitive – souveraineté alimentaire des pays.

Les transformations actuelles font voler en éclat ce paradigme : la ferme familiale est en voie d’extinction, les consommateurs sont moins préoccupés par l’abondance que par la qualité des biens alimentaires, les marchés agricoles sont mondialisés et l’État, comme l’Europe, n’ont plus les moyens de subventionner. Face à ces mutations, l’erreur à ne pas reproduire de la part des pouvoirs publics serait de privilégier, comme par le passé, un modèle unique, au motif qu’il serait souhaitable ou plus performant sur la scène internationale.

Avant de proposer des solutions globales, il apparaît plus que nécessaire de reconnaître et d’accompagner la diversité des différents modèles agricoles français. Il faut éviter une vision homogène de l’agriculture et promouvoir un accompagnement différencié de la part des pouvoirs publics. Les enjeux agricoles ne se posent pas de la même manière en Haute-Loire, en Aquitaine ou dans la plaine de la Beauce. Les pouvoirs publics gagneront à se rapprocher des collectivités territoriales (régions, départements, métropoles) pour mettre en place des dispositifs d’accompagnement localement adaptés.

Dans les années qui viennent, on devrait pouvoir évoquer non pas le Salon international de l’agriculture, qui ouvre ses portes ce samedi 24 février, mais bien le Salon international des agricultures et de l’alimentation durable.

Le harcèlement sexuel, conséquence d’une « mauvaise culture » ou de la nature dangereuse de l’homme ?

22 jeudi Fév 2018

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Débat :

Auteur

  1. Thorsten Botz-Bornstein

    Associate Professor of Philosophy, Gulf University for Science and Technology

Détail du « Viol de Lucrèce », Titien. Wikipédia
 

Dans une tribune du Monde intitulée « Violences sexuelles : La nature a remplacé la culture comme origine de la violence » (9 janvier 2018), le politologue et spécialiste de l’islam Olivier Roy attire notre attention sur la coexistence de deux interprétations différentes du harcèlement sexuel des femmes : l’interprétation culturelle et l’interprétation naturelle.

La première a émergé principalement dans le contexte des agressions sexuelles qui eurent lieu lors du Nouvel An à Cologne en 2016, tandis que la seconde a été discutée dans le contexte de l’affaire Weinstein et des mouvements « balance ton porc » et « #MeToo ».

Selon Roy, après Cologne, « la faute était attribuée […] à la culture des agresseurs (en l’occurrence, bien sûr, l’islam). Les agressions commises par des hommes occidentaux… étaient soit minimisées, soit présentées comme relevant d’une pathologie individuelle… La solution était de promouvoir les “valeurs occidentales” de respect de la femme ».

Après l’affaire Weinstein, le scénario a changé. Les critiques portent désormais sur les dispositions « naturellement prédatrices » de l’homme en général. Mais pourquoi, après tant de tentatives pour calibrer la sexualité en tant que phénomène culturel et individuel, fait-on ce retour à l’explication « naturelle » ? Pour répondre à cette question, je présente ici une lecture élargie des motivations qui ont mené à ce déplacement de la culture vers la nature.

La disparition de la culture

Dans la civilisation libérale moderne, se référer à la culture est devenu problématique. O. Roy explique dans son livre La Sainte Ignorance que la montée du fondamentalisme religieux (islamique, chrétien, juif, etc.) qu’on a pu observer dans deux dernières décennies est due à une libéralisation des sociétés qui se sécularisent mais ouvrent – paradoxalement – la porte à la radicalisation religieuse.

La sécularisation mène à une séparation de la religion de la culture indigène dans laquelle la religion était originalement inscrite : « À force de séparer la religion de notre environnement, la religion va réapparaître en tant que religion pure », écrit Roy.

Sans valeurs culturelles concrètes avec lesquelles la religion peut dialoguer, la vérité religieuse se transforme en vérité absolue, à l’instar des vérités scientifiques. En résulte une forme de radicalisation.

Le politiquement correct

L’avènement du « politiquement correct » doit être vu dans ce contexte. Richard Bernstein, dans son livre La Dictature de la Vertu, utilise le mot dérapage pour caractériser ce qui se passe aujourd’hui dans l’Amérique (neo)libérale. Une bureaucratie de conseillers éducatifs, de « diversity trainers » et d’administrateurs inculque de façon formelle l’utilisation correcte du langage et des comportements s’efforçant d’être culturellement neutre.

Si les intentions étaient bonnes, le projet est devenu destructeur. Selon le célèbre sociologue Afro-Américain Orlando Patterson :

« La position du politiquement correct s’est développée au point où il est devenu normal de condamner et d’étiqueter comme racistes tous ceux qui se réfèrent – même si ce ne soit que provisoirement – aux problèmes sociaux et culturels ».

L’ère du « sexuellement correct »

Il faut replacer le débat ouvert par Olivier Roy dans ce contexte du politiquement correct, intimement lié aux effets d’une démarche qui a comme but de supprimer le concept de culture. Roy parle des « valeurs occidentales de respect de la femme ». Mais dans un monde où l’on ne se réfère plus à la culture, ces valeurs ne peuvent plus être exprimées que sous forme de normes abstraites et universelles. Cela va aussi pour « le masculin ». Il existe différentes sortes de masculinités en fonction des cultures. Mais dans l’affaire Weinstein, on préfère de parler du « mâle » en tant que tel.

Quand on définit l’homme en tant qu’être naturel, on croit se réfugier dans la nature, mais on se réfugie dans le « sexuellement correct ». Or, qu’est-ce qui peut être plus correct que la nature ? Le sexuellement correct est ici le politiquement correct compris comme un système de règles abstraites applicables dans tous les contextes parce que déconnecté de la culture. Domestiquer la nature de l’homme ne signifie donc plus corriger un rituel joué par les mâles dans certains contextes culturels, mais plutôt imposer aux hommes une deuxième nature.

Certains se sentent mal à l’aise avec ces ambitions qui essaient de réduire un comportement social et culturel à la nature : Anne Chemin a écrit une autre tribune dans le Monde évoquant « une courtoisie traditionnelle plus sensible au doux commerce entre les sexes » qui serait typiquement française. Ceux qui s’opposent à l’explication naturelle avancent des arguments culturels et il n’est pas étonnant qu’ils soient plutôt conservateurs. Après tout, les conservateurs veulent sauvegarder des valeurs, donc une certaine forme de culture. Pour les progressistes, le « sexuellement correct » est le corollaire des normes d’une civilisation universelle qui « va de soi », comme si elle pouvait se confondre avec la nature.

Les règles du jeu

Que veulent donc dire ceux qui s’attachent à l’argument culturel ? Veulent-ils agresser les femmes, les humilier et faire des blagues antiféministes ? Pas le moins du monde. Ils s’attachent plutôt à des règles implicites qui déterminent la vie sociale et qui fonctionnaient plus ou moins bien (tout est relatif) par le passé.

Les règles culturelles sont flexibles et élastiques, ce qui ne veut pas dire qu’elles soient inexistantes ni qu’elles soient constamment minées par un relativisme sous-jacent. La civilisation néolibérale a remplacé ces règles par une forme de « correction » moralisateur et statique. Les règles culturelles et même les lois peuvent être « infléchies » mais vous ne pouvez pas infléchir le « correct ».

Ceux qui détectent un moralisme étouffant dans les descriptions des rapports entre les sexes en tant que phénomènes naturels estiment que la grivoiserie est « juste une partie de la culture » au sens de « c’est juste un jeu ». Ils estiment que ces rapports, tant qu’ils sont encadrés par des forces culturelles, restent principalement innocents. Il n’y a transgression qu’en cas de violation grave des règles du jeu.

Le jeu, tel qu’il a été défini par Huizinga et Eugen Fink est une activité innocente où rien n’a des conséquences réelles. Elle se distingue de l’activité « sérieuse » où il faut assumer sa responsabilité et où on peut être coupable. On assiste donc à l’affrontement majeur entre un esprit ludique qui s’appuie sur une vision culturelle des rapports de séduction entre les êtres humains et la civilisation du politiquement correct, qui les assimile à des phénomènes entièrement « naturels ».

Dans le monde du politiquement correct, l’innocence a disparu, dans la mesure où le mouvement civilisationnel du politiquement correct se fonde principalement sur la culpabilité : « Le politiquement correct prend mal des remarques innocentes qu’il redéfinit comme des insultes », écrit David Green. Le correct est une vertu en soi et non une règle qui peut être interprétée dans divers contextes culturels. On n’est donc pas loin du fondamentalisme religieux.

On ne demande plus au « porc » de se cultiver. On ne veut pas que « le porc » se choisisse une nouvelle culture – puisque toute culture contient des règles élastiques, par définition. Qui sait ce que « le porc » ferait avec cette culture ?

On demande au « porc » de changer sa nature, c’est-à-dire d’échanger sa « mauvaise culture » (qu’on a décidé d’appeler nature) contre la « vertu » du politiquement correct. Et c’est ainsi qu’on espère atteindre une « normativité débarrassée du poids de la culture »(Roy) qui marche partout et dans n’importe quel contexte culturel.

Allemagne, États-Unis, Australie et Maroc dans les affres de l’après-charbon.

21 mercredi Fév 2018

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The Conversation

Auteur

  1. Diana Cooper-Richet

    Chercheur au Centre d’histoire culturelle des sociétés contemporaines, Université de Versailles Saint-Quentin en Yvelines – Université Paris-Saclay

.

Partenaires

Université Paris-Saclay

Université Paris-Saclay apporte des fonds en tant que membre fondateur de The Conversation FR.

Université de Versailles Saint-Quentin en Yvelines

Le 20 janvier 2018 lors d’une manifestation à Jerada (Maroc) après la mort de deux jeunes hommes dans une mine de charbon abandonnée. Fadel Senna/AFP

À l’heure de la lutte contre le réchauffement climatique et la pollution, l’actualité relative aux différents modes d’exploitation de la houille dans le monde témoigne des contradictions entre discours et réalités, et des difficultés que pose le passage à l’après-charbon.

Entre Ruhr et Pays-Bas, Erkelenz-Immerath en Rhénanie-du-Nord Westphalie n’est plus qu’un village fantôme dans lequel l’église centenaire a été détruite en janvier dernier et les habitants (environ 900) déplacés, tout comme ceux d’une vingtaine d’autres hameaux dans la région.

L’Allemagne des mines à ciel ouvert

Là, comme ailleurs en Allemagne, et plus particulièrement près de la frontière polonaise, l’extension des mines de lignite à ciel ouvert s’avère destructrice. En dépit des vigoureuses protestations des paroissiens et des militants écologistes, les travaux du géant de l’énergie RWE progressent inexorablement.

Si la République fédérale s’est engagée à sortir totalement du nucléaire d’ici à 2022, elle doit néanmoins continuer à fournir du gaz et de l’électricité à ses 83 millions d’habitants. Or, 40 % de cette dernière provient de la combustion de lignite, un charbon de mauvaise qualité, extrêmement polluant, qui ne s’exploite qu’à ciel ouvert (« en découverte »), tant ses couches sont peu profondes.

Si le nucléaire paraît condamné en raison de sa dangerosité, le lignite – encore appelé « charbon brun » – semble avoir encore de beaux jours devant lui avec, pour les plus optimistes, de nombreux emplois à la clef.

La dangereuse extension des mines de lignite à ciel ouvert (Euronews/YouTube 2015).

Le charbon à l’ère Trump

Aux États-Unis, dans les Appalaches, région historiquement charbonnière, les houillères employaient encore 90 000 hommes en 2012. Aujourd’hui, ils ne sont plus que 52 000.

Dans leur grande majorité, ces travailleurs, issus de plusieurs générations de mineurs, regrettent les années fastes de l’exploitation du minerai. Sans regret pour l’ère Obama, ils ont été très nombreux à voter pour Donald Trump, qui l’a emporté dans les États miniers. N’a-t-il pas été généreusement soutenu par Bob Murray, un ancien mineur fondateur de la plus grande compagnie houillère privée des États-Unis, la Murray Energy Corporation ?

Même si au cours des six premiers mois du mandat du président, ancien animateur de « The Apprentice », la production de charbon a augmenté, les mineurs s’inquiètent malgré tout pour leur avenir. Et la mécanisation tant redoutée de leur métier sera-t-elle à même de produire le charbon dont dépend entre 30 % à 40 % de l’énergie domestique outre-Atlantique ?

Un projet indien controversé en Australie

En Australie, où l’exploitation de la houille (40 000 emplois) est désormais hautement mécanisée, le projet d’installation d’une mine à charbon thermique dans le Queensland, état qui longe une barrière de corail elle-même menacée par la pollution, par la firme indienne Adani est au centre des discussions.

Cette société du Gujarat prévoit en effet la construction d’une ligne de chemin de fer (longue de près de 400 km), allant du bassin Galilee jusqu’au terminal portuaire de Abbot Point.

De là, il est prévu que des cargos partiront chargés de charbon vers les centrales électriques du sous-continent indien. Selon les porteurs de ce plan ambitieux, quelque 10 000 emplois seront créés. Mais pour les Verts australiens défenseurs de la planète, un tel projet est indéfendable et ne devrait en aucun cas bénéficier d’un financement étatique.

Extraction clandestine au Maroc

Dans le nord-ouest du Maroc, à Jerada, ancienne ville minière où l’exploitation a commencé en 1927 après la découverte du charbon par la société belge Ougrée Marihay, les mines sont officiellement fermées depuis les années 1990. Avec une production d’environ 350 000 tonnes au début de la décennie 1950, Jerada faisait à l’époque figure de véritable Eldorado, et la ville a vu le nombre de ses habitants croître rapidement.

Aujourd’hui, en dehors de la centrale thermique, les emplois sont rares et le taux de chômage très élevé (près de 40 % de la population active). Parmi les 43 000 habitants de cette cité des montagnes de l’Oriental, la pauvreté règne et le mécontentement est grand, surtout depuis la mort accidentelle de deux frères, Houcine (23 ans) et Jedouane (30 ans), descendus dans une mine abandonnée, dite « mine de la mort » pour préparer l’extraction clandestine du charbon.

L’exploitation non-autorisée est très répandue parmi la population qui cherche par tous les moyens, même les plus périlleux, à joindre les deux bouts. Les habitants, qui se sentent abandonnés par le gouvernement ont manifesté à de nombreuses reprises.

Ils réclament de quoi vivre décemment et aussi la prise en charge des nombreux anciens mineurs atteints de silicose qui, sans soins, meurent à petit feu, étouffés par les poussières de charbon qui ont envahi leurs poumons.

Au royaume chérifien, qui dit placer les questions environnementales au cœur de ses préoccupations, Jerada est une plaie sociale béante qui n’est pas sans rappeler la situation de bien des villes minières de Chine et d’ailleurs.

Difficile transition

La question du charbon est aujourd’hui centrale dans de nombreux pays. La cessation de son extraction, que ce soit pour des raisons environnementales ou de coût, a pour résultat l’abandon de régions entières marquées pour longtemps par une exploitation quasiment jamais respectueuse des populations et des écosystèmes.

Son maintien, qu’accompagne le plus souvent une mécanisation forcenée, n’est ni créatrice d’emplois, ni très écologique. Enfin, l’existence de minerai difficilement exploitable et au rendement financier médiocre conduit, dans les pays où règne la corruption et les passe-droits, vers l’exploitation informelle où des mineurs improvisés, souvent des enfants, risquent chaque jour leur vie.

Inondations et canicules : quelles solutions pour y faire face en ville ?

20 mardi Fév 2018

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The Conversation

  1. Dagmar Haase

    Professor of Landscape Ecology, Humboldt Universität zu Berlin, Helmholtz Centre for Environmental Research-UFZ

Le 28 janvier 2018, la Seine inonde Paris. Geoffroy Van Der Hasselt/AF

Janvier 2018 : Paris boit à nouveau la tasse. La Seine et la Marne sont sorties de leur lit, obligeant certains habitants de la banlieue à regagner leur domicile en barque, tandis que le célèbre zouave du pont de l’Alma se pare d’un gilet de sauvetage. La montée des eaux a également suscité de vives inquiétudes autour de Lyon et dans les environs de Strasbourg, où le Rhin a atteint des niveaux préoccupants.

Et si cette situation devenait la norme ? D’après certaines études, le coût des dégâts liés aux inondations en Europe devrait plus que doubler en raison du réchauffement climatique pour s’établir à quelque 15 milliards d’euros.

Dans nos régions, ces inondations dévastatrices et coûteuses seront désormais monnaie courante, et ce même si nous réussissons à maintenir limiter ce réchauffement à moins de 1,5 °C, comme le recommande l’Accord de Paris.

Les villes européennes risquent dans les années à venir d’être écrasées par des vagues de chaleur qui céderont la place à des épisodes pluvieux extrêmes, donnant du fil à retordre aux urbanistes et aux services de santé. Pour éviter ces périls, les villes devront entièrement revoir leur politique. Si la réduction des émissions de gaz à effet de serre est essentielle pour ne pas aggraver les dérèglements climatiques, d’autres options s’offrent également aux municipalités pour faire face à ces aléas.

Informer la population

Il est primordial d’informer la population des vagues de chaleur à venir, par toutes les sources de communication et d’information possibles. Les applis et les réseaux sociaux tels que WhatsApp ou Facebook peuvent en effet s’avérer très pratiques, à condition d’être utilisés de façon cohérente, comme l’expliquent des spécialistes des sciences sociales chargés d’observer la réaction des réseaux sociaux aux catastrophes en Californie.

Les infrastructures du quotidien, comme les supermarchés, les pharmacies et les cafés, peuvent aussi se révéler très utiles. À Vienne, les églises ont ainsi accueilli touristes et habitants pendant les vagues de chaleur de 2015 et 2017.

Des services d’information mobiles doivent être mis en œuvre pendant les épisodes caniculaires afin d’aider les services de santé et les travailleurs sociaux à localiser les personnes âgées, souvent isolées et particulièrement vulnérables aux fortes températures. Rappelons qu’en France, la canicule de 2003 avait fait des milliers de victimes parmi ces classes d’âge.

Dans cet esprit, la Poste a lancé à l’été 2017 un projet pilote proposant à ses clients un service payant d’aide pour leurs proches isolés.

Mur végétal à Milan, 2015. faverzani/Pixabay, CC BY

Végétaliser les espaces urbains

Les trames bleues et vertes, futures normes en matière de planification et de construction, permettent de réintroduire des éléments naturels au sein des bâtiments. Elles consistent à multiplier les étendues d’eau et à créer des zones spécifiquement inondables (dans les zones humides de la Seine, par exemple) ou des endroits où l’eau peut stagner. Ce type de solution technologique peut convenir dans les cas où les zones humides ou riveraines sont indisponibles ou totalement remblayées.

La présence de la végétation permet en effet d’affronter la chaleur et les fortes précipitations par filtration, absorption, percolation et écoulement. Les sols non artificialisés des parcs, cimetières et jardins publics remplissent parfaitement ce rôle, de même que les toits et murs végétalisés. Véritables « tampons thermiques », ils permettent de rafraîchir les zones fortement urbanisées.

C’est également le cas des immeubles écologiques et autres jardins de pluie courants à Milan ; ceux-ci se sont avérés par exemple très utiles à New York, en absorbant près de 50 % des précipitations ambiantes.

Autre option de végétalisation : les anciens terrains industriels à convertir en vastes parcs publics et espaces verts, comme ces fermes urbaines installées dans le centre de Berlin, à Édimbourg, Malmö ou encore Leipzig. Autre solution, les rigoles de drainage biologiques ; ces canaux linéaires recouverts de végétation ont été spécialement conçus pour atténuer et traiter le ruissellement des eaux pluviales.

La présence d’arbres contribue tout autant à combattre la chaleur, les fortes précipitations et les émissions dues au transport automobile (particules, oxyde d’azote).

Toutes ces techniques concourent à bâtir des villes dites « résilientes ».

https://player.vimeo.com/video/67238469
Le principe des rigoles de drainage biologiques.

S’adapter, expérimenter

Au-delà de ces considérations techniques, il faut aussi souligner la dimension politique de l’aménagement urbain au sein des villes résilientes : c’est ici l’ensemble des habitants qui doit pouvoir accéder gratuitement, dans le cadre d’un service municipal et public, aux informations nécessaires à l’atténuation du risque de catastrophe.

Élémentaires, ces méthodes compléteront des solutions écologiques plus techniques, à l’image des mesures de prévention des inondations instaurées à Vienne ou Cologne et qui ont fait leurs preuves.

En Allemagne, après les crues désastreuses de l’Elbe au cours des deux dernières décennies, les digues ont ainsi été déplacées et modifiées pour élargir la plaine inondable naturelle et laisser plus de place au fleuve. Malgré tout, le barrage a cédé il y a quatre ans.

C’est la raison pour laquelle d’autres villes appliquent la stratégie inverse : accueillir l’eau, au lieu de la retenir. C’est le cas à Hambourg, qui envisage de créer une nouvelle plaine inondable pour l’Elbe afin de rétablir « un certain équilibre naturel dans sa zone portuaire », soumise à des conditions difficiles depuis un demi-siècle en raison d’un trafic maritime intense.

S’il est certain que des rigoles de drainage ou du gazon planté le long d’une plaine inondable paraissent bien dérisoires face à une crue centennale, ces solutions peuvent néanmoins la ralentir et en réduire les pics, laissant ainsi plus de temps à la population pour réagi

Enseigner une oeuvre immorale ? l’exemple de Gide

19 lundi Fév 2018

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The Conversation
Stéphanie Bertrand
  1. Stéphanie Bertrand

    Maître de conférences en langue et littérature françaises (XX-XXIe), Université de Lorraine

Partenaires

 fondatUniversité de Lorraine

 

Marc Allegret et André Gide en 1920, photo prise par Lady Ottoline Morrell (1873-1938). Wikimedia Commo 

« Comment peut-on mettre au programme du baccalauréat un romancier mettant en scène dans son œuvre une forme d’inceste ? » « Comment justifier la présence à l’examen d’un écrivain pédophile » ? Voici quelques-unes des objections formulées par une partie du public venu assister aux formations proposées en 2016 et 2017 sur Les Faux-Monnayeurs et le Journal des Faux-Monnayeurs d’André Gide, deux œuvres inscrites au programme du baccalauréat littéraire pour deux ans.

Certes, cette accusation d’« immoralité », portée ici tantôt à l’encontre de l’œuvre, tantôt à l’encontre de l’écrivain lui-même, n’est ni spécifique à Gide ni nouvelle ; sans remonter jusqu’à l’Antiquité et à la sentence bien connue de Platon prononcée dans La République contre le poète, chassé hors de la ville, pour réserver au seul « conteur plus austère et moins agréable qui imitera pour nous le ton de l’honnête homme » la possibilité d’exercer son art dans la cité, Baudelaire, Flaubert ou Céline, pour ne citer que quelques noms plus proches de nous, ont eux aussi été confrontés à ce type de « procès », à leur époque et/ou à la nôtre. Cette condamnation, qui réveille la question si rebattue des liens problématiques entre littérature et morale, paraît cependant connaître aujourd’hui un succès inquiétant (dont la dérive a été bien perçue par certains satiristes contemporains) ; elle mérite quelques éclairages ou rappels.

Entre inactualité et anachronismes

Première accusation portée à l’encontre (de l’œuvre) de Gide : l’effet délétère qu’aurait la mise en scène d’actions ou de comportements jugés immoraux. Cette charge est récurrente dans l’histoire de la littérature, a fortiori dans la réception de Gide : on ne compte plus, bien avant Les Faux-Monnayeurs (1925) déjà, les accusations portées contre l’auteur de L’Immoraliste (1902) et des Caves du Vatican (1914), inlassablement présenté comme un « pervertisseur », de la jeunesse en particulier, pour avoir représenté dans ses fictions des sujets jugés scabreux, à commencer par la pédérastie. Henri Massis et Henri Béraud comptent ainsi parmi les accusateurs les plus virulents.

Les Caves du Vatican.

Il n’est pas jusqu’à la célèbre réaction de Paul Claudel lui-même, après sa lecture des Caves du Vatican (sotie à laquelle Les Faux-Monnayeurs était d’abord supposé proposer une suite), qui ne témoigne de la constance avec laquelle la mise en scène d’une relation affective et pédagogique entre un aîné et un plus jeune a pu susciter la polémique : « Ne vous rendez-vous pas compte de l’effet que peuvent avoir vos livres sur de malheureux jeunes gens ? » s’inquiète Claudel, dans une lettre à Gide le 2 mars 1914, révolté par un passage trop explicite à son sens sur les préférences sexuelles de Lafcadio, l’un des personnages principaux de la sotie gidienne. Il réitère une semaine plus tard, en demandant à Gide de « supprimer aussitôt cet horrible passage », notamment « pour des raisons de moralité ». Il ajoute :

« La littérature fait parfois un peu de bien, mais elle peut faire surtout du mal et beaucoup. Le vice dont vous parlez tend à se répandre de plus en plus. Il n’est nullement indifférent de voir un homme comme vous, avec le prestige de votre intelligence, de votre culture et de votre talent, s’en faire l’apologiste, ou simplement apprivoiser l’imagination de ses lecteurs à des pensées dont elle doit se détourner avec horreur ».

Les sciences cognitives ont certes montré, ces dernières années, le pouvoir néfaste que peuvent avoir sur le lecteur les représentations fictionnelles lorsqu’elles donnent à voir une action ou un événement négatif (voir par exemple les travaux d’Irwing Kirsch ou de Laurent Bègue) ; mais les conditions ou les contraintes (notamment esthétiques), l’intensité, et les formes de cette mauvaise influence restent à préciser, de même que les spécificités du médium littéraire par rapport à d’autres arts fictionnels.

Les Faux Monnayeurs.

Surtout, une juste contextualisation permet d’éviter que des lycéens peu au fait de l’histoire culturelle du début du XXe siècle ne considèrent d’emblée, dans Les Faux- Monnayeurs, la relation amoureuse et pédagogique esquissée entre Édouard, un homme d’une quarantaine d’années, et Olivier, jeune bachelier, fils de la demi-sœur d’Édouard, rencontré quelques mois avant le début du roman, comme une « forme d’inceste » ou de « pédophilie ». Connaître la fréquence, au début du XXe siècle, des relations affectives, voire conjugales nées dans un cadre familial élargi (voir par exemple les travaux de Jack Goody) ; se souvenir que les risques de consanguinité de l’engendrement comptent alors parmi les premières raisons de condamnation de l’inceste ; se rappeler que l’âge de la majorité sexuelle était de 13 ans jusqu’en 1945 ; être informé de la difficulté à distinguer, à cette époque, en Occident, les frontières entre pédérastie, pédophilie, « éphébophilie » et homosexualité (considérée comme un délit jusqu’en 1982), sans ignorer la vogue et le prestige culturel attachés alors à la pédérastie : tout ceci (notamment) préserverait le (jeune) lecteur d’aujourd’hui de fâcheux raccourcis.

La haine du « prédicateur »

André Gide à Jersey (1907) par Théo Van Rysselberghe. Irina/Flickr, CC BY

Au-delà des sujets représentés, ce sont aussi les énoncés gnomiques qui cristallisent les griefs. Rien de neuf, là non plus : à l’époque de Gide déjà, certains critiques comme Pierre Lièvre, étaient allés jusqu’à disculper Stendhal face à Gide, au motif que le premier, peintre lui aussi de sujets immoraux, « s’[était] bien gardé », contrairement au second, de « tirer une règle de conduite, ou une morale pratique de la vie de Julien Sorel », c’est-à-dire « un corps de doctrine néfaste et des maximes assurément pernicieuses ».

Gide, de fait, multiplie dans ses œuvres, à commencer dans Les Faux-Monnayeurs, les énoncés sentencieux, volontiers provocateurs. Pensons à la formule de Bernard, qui ouvre le roman en mettant à distance la transmission filiale (« Ne pas savoir qui est son père, c’est ça qui guérit de la peur de lui ressembler. ») ; cette mise à distance de la « cellule familiale » – véritable leitmotiv des œuvres de Gide – vaut d’ailleurs à l’écrivain, au moins depuis Les Nourritures terrestres (1897), une durable méfiance voire haine de la part des familles, ainsi que le note bien un critique de l’époque, Maurice Sachs :

« [Ce] que les familles lui reprochent peut-être le plus, c’est cet admirable envoi des Nourritures Terrestres : « Jette mon livre : dis-toi bien que ce n’est là qu’une des mille postures possibles en face de la vie. Cherche la tienne. Ce qu’un autre aurait aussi bien fait que toi, ne le fais pas. Ce qu’un autre aurait aussi bien dit que toi, ne le dis pas, aussi bien écrit que toi, ne l’écris pas. Ne t’attache en toi qu’à ce que tu sens qui n’est nulle part ailleurs qu’en toi-même, et crée de toi, impatiemment ou patiemment, ah le plus irremplaçable des êtres. » « Action décomposante », disent les familles. »

L’on peut songer encore à la maxime de Profitendieu père en matière d’éducation (livresque), restituée à travers un discours indirect libre (« Car que sert d’interdire ce qu’on ne peut pas empêcher ? ») ; elle pourrait se lire comme l’expression d’une forme de laxisme, à tout le moins d’impuissance.

Cette fois, c’est l’absence de distinction claire entre le statut fictif du narrateur ou des personnages (partant, de leur discours), et la réalité de l’auteur, qui amène le lecteur, de l’époque comme d’aujourd’hui, à attribuer trop promptement à l’écrivain la responsabilité de propos énoncés par les personnages du roman. Lire les énoncés gnomiques à la lettre revient aussi à supposer que l’œuvre de Gide repose sur une poétique édifiante, que les maximes se chargeraient précisément d’expliciter. C’est oublier à quel point Gide a construit toute son esthétique en opposition à l’assertif et autoritaire roman à thèse barrésien, ainsi qu’il le suggère bien, d’ailleurs, dans le Journal des Faux-Monnayeurs.

Portrait d’Andre Gide (1869-1951) en 1924 par Paul Albert Laurens (détail).

« Inquiéter » : une nouvelle rhétorique de la fiction

Gide, pourtant, est loin de refuser le principe d’une « rhétorique de la fiction » (pour reprendre l’approche théorisée par Wayne Booth en 1961). Il s’en explique ouvertement dans un passage devenu célèbre du Journal des Faux-Monnayeurs :

Inquiéter, tel est mon rôle. Le public préfère toujours qu’on le rassure. Il en est dont c’est le métier. Il n’en est que trop.

Cette rhétorique de l’inquiétude rappelle que pour Gide, l’éthique est d’abord une éthique de l’écriture (si l’on distingue l’éthique comme réflexion sur l’agir, de la morale comme ensemble de valeurs et de principes). Dans les oeuvres, ce refus de la certitude passe notamment par une ironisation constante, qui se traduit dans Les Faux-Monnayeurs par des énoncés gnomiques non seulement contradictoires, mais en contradiction avec la trajectoire des personnages qui les énoncent, par la décrédibilisation des personnages potentiellement exemplaires, par la polyphonie, etc.

Cette méfiance face à tout jugement trop prompt et/ou trop littéral sera encore au cœur de la collection que Gide fondera quelques années plus tard à La Nouvelle Revue Française – Ne jugez pas –, collection appelée à accueillir l’étude d’affaires judiciaires problématiques sur un plan psychologique. L’incertitude, le doute, le questionnement : voilà sans aucun doute l’éthique, voire la morale, qui se dégage de l’écriture de Gide, esprit déjà prévenu contre les lectures moralisantes de son œuvre

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