• Actualités régionales
    • Communes limitrophes
    • Régionales
  • Adhésion
  • André Lhote
  • Au-delà du 14 juillet, des interrogations tenaces sur l’usage des armées
  • Auteurs morts en 17, (déjà…)
  • BD « Sciences en bulles » : À la recherche des exoplanètes
  • Bonnes feuilles : Le château d’If, symbole de l’évasion littéraire
  • Comment la lecture enrichit l’éducation des enfants
  • Corruption, contrebande : le drame de Beyrouth et la question de la sécurité dans les zones portuaires
  • Des crises économiques à la crise de sens, le besoin d’une prospérité partagée
  • Evènements
  • Lecture : comment choisir un album qui peut vraiment plaire aux enfants
  • L’économie fantôme de l’opéra
  • L’Europe s’en sortirait-elle mieux sans l’Allemagne ?
  • Maladie de Lyme : attention au sur-diagnostic !
  • Mirmande
    • Pages d’histoire
    • AVAP et PLU
    • Fonds de dotation et patrimoine
  • NutriScore : quand l’étiquetage des aliments devient prescriptif
  • Penser l’après : Le respect, vertu cardinale du monde post-crise ?
  • Podcast : le repos, une invention humaine ?
  • Prévoir les changements climatiques à 10 ans, le nouveau défi des climatologues
  • Qui sommes-nous?
  • Réforme de la taxe d’habitation… et si la compensation financière n’était pas le seul enjeu ?
  • Revues de presse et Chroniques
  • S’INSCRIRE AU BLOGUE
  • Scène de crime : quand les insectes mènent l’enquête
  • The conversation – Changement climatique : entre adaptation et atténuation, il ne faut pas choisir
  • Une traduction citoyenne pour (enfin) lire le dernier rapport du GIEC sur le climat

Mirmande PatrimoineS Blogue

~ La protection des patrimoines de Mirmande.com site

Mirmande PatrimoineS Blogue

Archives Mensuelles: juillet 2018

Le hasard existe-t-il ? Ou comment quantifier la chance

31 mardi Juil 2018

Posted by mirmandepatrimoines in Uncategorized

≈ Poster un commentaire

 

The Conversation

Le hasard existe-t-il ? Ou comment quantifier la chance

  1. Francois Vannucci

    Professeur émérite, chercheur en physique des particules, spécialiste des neutrinos, Université Paris Diderot – USPC

Université Sorbonne Paris Cité

Université Paris Diderot

Chacun se fait sa propre idée du hasard. Le dictionnaire le définit comme la cause d’événements fortuits ou inexplicables. Il se révèle souvent sous forme de coïncidences improbables, il engendre des événements imprédictibles qui semblent se libérer des lois.

Mais alors que dire d’une éclipse de Soleil ? Le phénomène est longtemps resté un événement aléatoire supposé maléfique. Puis les lois de la mécanique céleste ont permis de calculer exactement de telles occurrences. Ainsi, ce qui était hasard s’est soumis à une loi, et ce qu’on comprend ne relève plus du hasard. La chute d’une tuile tombant sur ma tête sous l’effet du vent répond à la même problématique, et si je ne peux l’éviter, c’est parce que l’événement met en jeu trop de paramètres corrélés. Le macrocosme reste déterministe et donc prédictible, mais le hasard découle de l’enchevêtrement des phénomènes, et les ordinateurs les plus puissants ne sont pas capables de tout modéliser.

Adaptation vidéo de l’album d’Hergé Tintin et le temple du soleil_ mettant en scène une éclipse solaire.

Mais il existe un autre hasard qui demeurera définitivement aléatoire, celui découlant de la mécanique quantique. Un électron traverse le trou d’une paroi, il émerge en un point d’un écran situé au-delà. Un second électron strictement identique aboutira en un point différent : on est incapable de prédire où l’électron sera détecté, sa trajectoire répond au pur hasard. Pourtant, une loi contraint cette incertitude quantique. On ne sait prédire le parcours d’un électron, mais on sait calculer la répartition d’une population.

La nature à l’échelle de l’infiniment petit n’est plus strictement déterministe, elle devient probabiliste. C’est ce qui fit dire à Einstein : « Je ne peux croire en un Dieu qui joue aux dés avec le monde. »

Hasard, quand tu nous tiens

Depuis longtemps je me suis interrogé sur la capricieuse nature du hasard quotidien, parfois si serviable et parfois si contrariant. Mon ami Youcef, croyant convaincu, affirme que le hasard n’existe pas, Dieu décide de tout. Alors j’ai voulu tester le hasard au crible d’une analyse objective, choisissant une de ses formes emblématiques : la chance.

Peut-on étudier de manière rationnelle quelque chose qui ne l’est guère ? Je marche beaucoup et suis observateur, assez souvent je trouve de l’argent au cours de mes promenades. Ceci constitue un signe de pur hasard, vraiment imprévisible.

Rechercher si une loi existe, voilà un test expérimental clair d’apparition de la chance. Encore faut-il définir une méthode et sélectionner un échantillon. Or je connais les règles d’une analyse statistique simple et efficace, et depuis des lustres je note scrupuleusement les faits dominants de mon histoire personnelle. Ainsi, piocher dans mes vieux agendas restituera l’information.

Relire la litanie de 32 années de jours disparus alourdit le moral, mais le pèlerinage tint ses promesses et sur 11 700 jours examinés, 350 se révélèrent chanceux. Une prise tous les deux mois, c’est suffisant pour poursuivre. Bien sûr, parfois six mois se passent sans découverte, en revanche la chance peut frapper deux jours de suite. Le hasard n’en fait qu’à sa tête, c’est bien connu.

J’ai d’abord tenté de corréler les jours fastes avec les paramètres communément prônés par les horoscopes. Jouer avec le feu provoque toujours sa montée d’adrénaline. On touche au surnaturel, on frise la superstition, mais il ne s’agit pas d’elle qui échafaude des stratégies pour aborder l’avenir avec confiance ; ici, on ne fait qu’une analyse a posteriori cherchant à classifier des faits déjà vécus.

Alors quel message ? J’ai affiché les dates sélectionnées en regard des signes du zodiaque, j’en ai extrait le jour et le nombre. Point après point, les données se sont accumulées dans les histogrammes. Parfois, une fluctuation excessive palpitait, vite lissée par un nouveau point. Au final, le résultat ne révéla aucune corrélation avec le jour, le mois ou le nombre. Des maxima et minima subsistèrent, en accord avec le maniement de nombres finalement peu élevés, mais au bout du compte, je pus me convaincre que l’horoscope est une ânerie.

L’enquête se poursuit

Après ce décevant résultat, je croyais avoir épuisé l’étude. Pourtant, l’idée me vint de vérifier la vague impression qu’il existait des corrélations à l’intérieur même de mon jeu de dates. J’eus la curiosité d’extraire la distribution des intervalles qui séparent deux pioches heureuses successives.

Et là, ô surprise, le résultat est loin d’être anodin, il présente une structure évidente, il suit une loi : la courbe décroît exponentiellement, à l’image d’un échantillon radioactif qui se désintègre au cours du temps (fig). Le résultat était prévisible, il est difficile d’en imaginer un autre et il s’applique ailleurs comme le remarqua Blaise Pascal (distribution de Pascal pour des entiers).

<image id=“229246” align=“centre” caption=“en X le nombre de jours entre deux prises : 1 signifie que deux jours de suite ont été chanceux, 2 il a fallu attendre 2 jours… 30, un mois entier sans prise

et en Y les occurrences : pour X=1 une trentaine de fois en 35 ans.”/>

Mais ceci prouve qu’une loi s’applique, même le hasard de la chance individuelle est contraint par une formule mathématique. Tout comme pour les électrons qui se répartissent sur une figure connue de diffraction, les jours de chance suivent une courbe de probabilité définie.

Quand on y réfléchit, le résultat s’avère très dérangeant. La nature de l’électron hésite entre les états d’onde et de corpuscule, de même, il existe une espèce de mémoire de la fortune, comme si chacun vivait sous un régime de liberté surveillée où le hasard est statistiquement prédictible.

Il restait à tester l’affirmation de mon ami monothéiste en introduisant un nouveau paramètre lié à Dieu. Lors d’une promenade, une sérieuse objection se présenta. Classiquement, Dieu règne au-dessus des contingences du monde, les circonstances locales sont hors jeu. Pourtant, j’avais la preuve que mes prises variaient significativement entre un lieu et un autre. Je marche surtout à Paris mais aussi dans la petite ville de V.. Or, rapportée aux kilomètres parcourus, la moisson s’avère plus favorable en V., les habitants y étant plus distraits ou le nettoyage moins systématique. Ceci contredit l’idée d’une chance reposant sur l’unique rapport à la divinité. J’en étais à ce point de ma réflexion, satisfait de ma conclusion objective, quand je m’arrêtais sidéré : à mes pieds gisait un fort billet.

Ce ne fut pas l’illumination sur le chemin de Damas avec éclairs trouant les nuées. Mais ce fut un choc qui s’extériorisa par des battements de cœur accélérés, des frémissements joyeux et des hosannas exaltés. Au moment où je prouvais que Dieu n’avait rien à voir avec ma chance, je recevais un cinglant démenti ; le surnaturel faisait son coming-out. Décidément, Dieu est un grand humoriste.

L’allégresse ressentie me rappela les moments magiques vécus par Proust, eux aussi fruit de coïncidences improbables, quand la mémoire involontaire fait communiquer des événements disjoints temporellement. La saveur de la madeleine imbibée de thé lui rappelle Combray, et en vivant cette réalité affranchie du temps, Proust ressent une exaltation, un sentiment de plénitude. L’indicible mécanique quantique n’est pas très éloignée. Cette expérience résonne avec Simone Weil qui écrivit : « L’homme n’échappe aux lois de ce monde que la durée d’un éclair… C’est par ces instants qu’il est capable de surnaturel. »

J’avais vécu l’exceptionnel enchaînement d’une suite invraisemblable de coïncidences, une prise très favorable se réalisait quand ma pensée tournait autour du problème. Pourtant, la conclusion logique tenait encore : Dieu ne s’immisce pas dans la réalité matérielle. Influence-t-il donc ma pensée ! Mais alors une inspiration aurait bridé ma liberté ? Les dés seraient pipés ? Mais je me rassérénais en décrétant que l’inspiration n’est pas un don gratuit ; E=mc2 ne vient pas à l’esprit par hasard, la formule découle d’une réflexion tenace et demande une pensée libre pour l’accueillir. Dieu est non seulement un grand humoriste, il est aussi très subtil, ce qu’un jour Einstein lui-même concéda !

En guise de moralité

Il y a un niveau de réalité ouvert à notre intelligence, c’est celui où règne la physique classique qui gère les événements naissant à notre échelle et dont on prend connaissance par les cinq sens. À ce stade, pour suivre Occam et son souci de parcimonie, on peut substituer à l’intervention d’un Dieu les seules lois scientifiques.

C’est le niveau où nous sommes menés par nos instincts, nos habitudes, par tout ce qui nous rend prédictibles. En pratique, notre pensée y est presque exclusivement confinée, elle qui affronte les soucis quotidiens dans des occupations obligatoires. Mais il y a un autre niveau de réalité, celui dont le hasard apparent serait la marque. La mécanique quantique en donne le prototype, elle qui prédit des possibles au-delà de l’espace-temps. Parfois notre pensée explore cette mystérieuse supraréalité ; c’est là que jaillissent les amorces de création artistique, d’intuition scientifique et jusqu’aux émotions.

Qu’il y ait une réalité au-delà de celle appréhendée par la seule intelligence ne devrait pas nous choquer. Le monde n’est pas entièrement rationnel, n’en déplaise à Einstein. La science elle-même indique aujourd’hui des domaines qui s’affranchissent d’ores et déjà de la vérification expérimentale. Certaines spéculations demanderaient un inconcevable accélérateur de la taille de la galaxie pour être départagées. La connaissance complète semble hors de notre portée. Or ce qui n’est pas vérifiable par l’expérience relève, par définition même, de la métaphysique. D’ailleurs si notre intelligence était exactement configurée à la mesure de la somme totale des mystères de l’Univers, cela impliquerait une sorte de principe anthropique assez peu crédible.

Alors le hasard existe-t-il ? En mécanique quantique certainement, mais c’est un hasard bridé par des lois de probabilités. Devant le hasard de la complexité, nous nous croyons libres, mais là encore nous vivons en liberté surveillée sous la tutelle des mathématiques.

Vieillir en Europe : peut-on imaginer un système de soins communs à tous ?

30 lundi Juil 2018

Posted by mirmandepatrimoines in Uncategorized

≈ Poster un commentaire

The Conversation

  1. Milena Pavlova

    Associate Professor of Health Economics, Maastricht University

Quelle est la meilleure façon pour l’Europe de prendre en charge ses personnes âgées? BM10777/Pixabay
DR.

Cet article est republié dans le cadre de l’initiative « Quelle est votre Europe ? » dont The Conversation France est partenaire. Retrouvez toutes les informations, débats et les événements de votre région sur le site quelleestvotreeurope.fr


La population européenne vieillit. En 1950, 12 % seulement des Européens avaient plus de 65 ans. Cette part a déjà doublé aujourd’hui et les projections montrent qu’elle dépassera 36 % en 2050.

Les coupables sont le taux de fécondité et la longévité. Autrefois, une Européenne avait en moyenne plus de deux enfants. Depuis 2000, le taux de fécondité est tombé sous ce seuil. Les Européens vivent également plus longtemps : jusqu’à 78 ans en moyenne, contre 66 dans les années 1950.

Cette longévité témoigne de la prospérité de l’Europe mais elle engendre une série de problèmes sociaux et financiers lorsqu’elle est associée à un taux de fécondité faible.

Le plus inquiétant est sans doute que la proportion des actifs en mesure de s’occuper des personnes âgées diminue, alors que celle des personnes nécessitant des soins progresse.

Ce déséquilibre entre l’offre et la demande, qui entraîne des pénuries d’infirmières et autres personnels soignants, est déjà critique dans les pays au vieillissement rapide, comme l’Allemagne, la Finlande et le Royaume-Uni.

La demande croissante de soins nécessitera également des ressources financières importantes. En 2014, les pays de l’OCDE consacraient 1,4 % de leur PIB en moyenne aux soins de longue durée, mais ces coûts devraient considérablement augmenter, pour atteindre 6,4 % en 2060.

La dépense publique en soins de longue durée est la plus élevée aux Pays-Bas et dans les pays scandinaves (3 à 4 % du PIB), et la plus basse en Europe Centrale et de l’Est. Elle représente ainsi moins de 1 % du PIB en Pologne, Hongrie et Estonie.

Ces écarts reflètent non seulement la part de la population vieillissante mais également la diversité des systèmes de soins de longue durée en Europe. Les Pays-Bas et les pays scandinaves, par exemple, disposent de systèmes de soins professionnels bien développés pour les personnes âgées, avec un large éventail de services publics et privés à domicile ou en institutions.

Dans les pays d’Europe centrale et de l’Est, à l’inverse, les soins aux personnes âgées relèvent largement de la responsabilité des familles. Dans ces pays, comme ceux de la Méditerranée, une personne âgée nécessitant des soins quotidiens de long terme emménagera très probablement chez ses enfants ou des membres de la famille qui lui apporteront soutien social et assistance médicale en cas de besoin.

Ce système de soins informel est aujourd’hui confronté à de nouveaux défis. Les femmes qui, dans le monde entier, s’occupaient traditionnellement de la famille travaillent de plus en plus souvent à l’extérieur, ce qui réduit encore le nombre de membres de la famille disponibles pour s’occuper des anciens.

Présentation d’une maison de retraite en Bulgarie, pays qui s’en remet aux soins informels pour soutenir ses personnes âgées. US Army/Africa/Flickr, CC BY-NC

Les défis des systèmes de soins informels

Tout en cherchant à développer leurs prestataires de soins longue durée, les États s’efforcent de faciliter les prises en charge familiales, jugées plus bénéfiques aux personnes âgées, et moins problématiques socialement.

En Allemagne, les aidants, bénévoles, peuvent ainsi réduire leur temps de travail grâce un congé de soutien familial de moyenne durée. En République tchèque et en Irlande, ils bénéficient d’exonérations d’impôts en contrepartie de leur aide.

Ce type de soutien continuera à jouer un rôle important dans les pays occidentaux et d’Europe de l’Est. Mais il pose également la question de la qualité du service. Comment les États peuvent-ils s’assurer que leurs anciens sont bien traités ?

Les aidants, de la famille ou du voisinage, n’ont en général pas reçu de formation spécialisée. Ils n’ont donc pas les compétences ni les connaissances pour identifier les symptômes et le type de soins appropriés.

En tant que protecteurs des droits des individus et garants des valeurs sociétales, les États ont l’obligation de superviser les prestations de soins informelles et s’assurer que les citoyens âgés sont entre de bonnes mains. Mettre en place des mécanismes de contrôle dans le système de soin informel est, en soi, une tâche immense.

Aujourd’hui, les seniors ne sont pas passifs en la matière. La numérisation des sociétés et les compétences progressant, les personnes âgées ont un meilleur accès à l’information, ce qui peut élever leurs exigences en matière de qualité et de diversité des soins.

Les seniors européens technophiles veulent des services de santé plus nombreux et de meilleures qualités. Sigismund von Dobschütz/Wikimedia, CC BY-NC

Trouver de nouveaux systèmes de soins longue durée

Dans toute l’Europe, de l’Ouest prospère à l’Est en développement, l’État est fortement sollicité. Toute somme consacrée au développement de systèmes de soins longue durée aux personnes âgées aurait pu l’être à d’autres besoins sociaux pressants, comme de nouveaux programmes de santé publique ou environnementaux, par exemple.

En Europe de l’Ouest, le coût de plus en plus élevé des structures de soins déjà en place sera de plus en plus lourd à supporter à mesure que la population qui en a besoin continuera de croître.

Le dilemme est différent pour les pays de l’Est : la prise en charge de leurs membres âgés pèse de plus en plus lourd sur les familles, tandis que les ressources publiques pour créer des maisons de retraite et des unités médicalisées restent limitées.

Aujourd’hui, alors que chaque pays commence à réfléchir à un avenir marqué par la baisse de la population active et l’augmentation de la population âgée, on ne sait si cette réflexion va converger. Le continent pourrait réagir de manière unifiée à ces problèmes, différents et communs à la fois, peut-être par l’intermédiaire de la Commission européenne, l’organe exécutif des programmes européens.

À ce jour, la Commission a entrepris d’encourager la collaboration entre les pays sur la prise en charge des personnes âgées, à l’aide de plateformes telles que le Partenariat européen d’innovation pour un vieillissement actif et en bonne santé, un portail qui aide les institutions, les professionnels et les chercheurs en vieillissement et santé dans leur recherche de formation, de pratiques optimales, de modèles d’organisation, etc.

Ceci représente un petit pas au regard d’un problème social à l’échelle du continent. Mais l’un des premiers obstacles à la coopération sur les soins aux personnes âgées est lié au fait que la santé n’entre pas dans les compétences de la Commission européenne : chaque membre de l’Union est libre d’organiser son propre système.

L’UE a déjà su répondre au besoin de coordonner des politiques nationales du même ordre, telles que l’agriculture par exemple, en définissant les subventions, règlements et investissements pour l’ensemble de ses membres.

Un programme européen similaire sur le vieillissement, fondé sur l’engagement et l’initiative de chaque pays, pourrait également fonctionner, en aidant chaque État de l’Union à construire un système de soins adapté, qui bénéficierait autant à ses citoyens âgés qu’à la société dans son ensemble.


Créé en 2007, Axa Research Fund soutient plus de 500 projets à travers le monde portés par des chercheurs de 51 nationalités. Le projet EuroLTCS vise à identifier les mécanismes innovants de systèmes de soins longue durée en Europe. Ses principaux chercheurs sont Milena Pavlova (Université de Maastricht), Tetiana Stepurko (Université nationale Académie Mohyla, Kiev), Marzena Tambor (Collegium Medicum de l’université Jagellonne, Cracovie), Petra Baji (Université Corvinus, Budapest) et Wim Groot (Université de Maastricht). Cet article a été traduit de l’anglais par Julie Flanère pour Fast for Word.

« Brexit » : le point de vue du reste de l’Europe

29 dimanche Juil 2018

Posted by mirmandepatrimoines in Uncategorized

≈ Poster un commentaire

The Conversation

  1. Gabriele Suder

    Principal Fellow, Faculty of Business & Economics/Melbourne Business School, University of Melbourne

University of Melbourne

Victoria State Government

 

In or out ? Descrier/Flickr, CC BY

Si nombre d’analyses et spéculations sur les coûts du « Brexit » (la possible sortie de la Grande-Bretagne de l’Union européenne (UE)) pour la Grande-Bretagne ont été publiées, bien peu ont traité de l’autre perspective : quelles conséquences pour le reste de l’UE, cette union politico-économique de 28 États membres couvrant un marché unique de plus de 508 millions de consommateurs.

Bien que seuls les Britanniques ont le droit de voter pour ce référendum, il convient d’examiner si le possible Brexit devrait être considéré comme néfaste pour les autres pays. L’UE devrait- elle souhaiter que la Grande-Bretagne la quitte ou qu’elle reste membre ?

Les considérations économiques

Si le Royaume-Uni se trouve actuellement en première place en Europe pour les investissements étrangers directs, un Brexit entraînera le transfert d’une partie de ses investissements vers l’Europe continentale. Les pays candidats à l’UE seront les bénéficiaires les plus probables de cette tendance.

Le coût des affaires plus intéressant dans les pays en cours d’adhésion à l’UE facilitera l’investissement étranger dans ces pays au détriment du Royaume-Uni – grâce aux moindres coûts d’établissement, entre autres avantages de financement. La Turquie, la Serbie, l’Albanie, la Bosnie-Herzégovine, le Monténégro, le Kosovo et la Macédoine sont aujourd’hui considérés comme des pays candidats à l’Union européenne.

De plus, la Grande-Bretagne a actuellement accès aux marchés de plus de 60 nations grâce à l’UE, avec des conditions favorables qui seront toutes à renégocier. Si un régime de réglementations distinctes est adopté, les coûts des affaires avec l’UE à partir d’un investissement ou siège en Grande-Bretagne augmenteraient de manière significative : ce sera principalement le cas pour les coûts administratifs (par exemple, des formalités de douanes) et les coûts de mise en conformité – même dans l’hypothèse où le tarif du commerce des marchandises resterait le même.

Les services, le plus souvent exempts de droits d’importation, pourraient pâtir des barrières non-tarifaires : le monde financier s’attend déjà à ce que l’exportation de services financiers vers l’Europe devienne plus difficile. Le Royaume-Uni perdra sa position d’influence dans l’industrie financière par la perte du rôle de Commissaire à la Commission européenne de Jonathan Hill, qui est actuellement responsable de la stabilité financière (services financiers et capital markets), un secteur clé pour le Royaume-Uni (comptant pour 80 % de son économie).

Pour ce qui est de l’immigration, le récent rapport de l’OCDE sur l’impact du Brexit estime qu’une baisse dans l’arrivée de migrants qualifiés, dont une grande partie de l’économie britannique est dépendante, réduira la productivité de celle-ci.

La question des « chaînes de valeur mondiales »

Par contre, même si le Brexit avait lieu, le marché unique de l’UE continuerait à fonctionner selon les règles et les règlements établis. Cette certitude dotera le continent d’un avantage concurrentiel important en ce qui concerne le commerce, le flux d’investissement, et la participation importante du marché dans les chaînes de valeur mondiales (CVM).

Ces chaînes de valeur sont aujourd’hui devenues de gigantesques « usines internationales » qui permettent aux entreprises de produire à travers un grand nombre de pays, de la conception, la production, l’assemblage, la commercialisation jusqu’à la distribution entre plusieurs pays. La participation des entreprises dans ces CVM fournit de l’emploi, des prestations sociales, et de la valeur ajoutée à l’économie.

Les CVMs sont très mobiles, car elles concernent essentiellement des produits intermédiaires : la Grande-Bretagne aurait besoin de renégocier, point par point, le traitement des milliers de produits et services, pour que son rôle dans les CVM puisse persister. La phase de transition de l’UE serait donc très probablement accompagnée d’un changement de la participation et importance du Royaume-Uni dans les CVMs, au profit d’autres parties de l’UE. Les pertes économiques – même partielles – dans les domaines de la production, le commerce et les investissements pourraient être importantes pour le Royaume-Uni. L’OCDE note également de pertes en terme d’innovation et de qualité de gestion ainsi que des dommages à long terme à la capacité d’exportation de la Grande-Bretagne.

Scepticisme

Ceux-ci ne sont que quelques exemples d’analyses plus approfondies. Ces exemples sont à analyser dans le contexte d’une histoire des relations politiques du Royaume-Uni avec l’UE qui n’a pas toujours été très sereine.

En tant qu’État le plus euro-sceptique de tous les membres de l’UE, le Royaume-Uni a connu de nombreuses difficultés internes concernant l’harmonisation des politiques nationales et des décisions -ou directives- européennes. Ces difficultés sont parfois de nature législative, liées aux problèmes issus de l’application du droit commun britannique, et beaucoup d’autres de nature idéologique.

Des rivalités entre anciens empires et des conflits sur le plan commercial ont marqué une grande partie des relations de la Grande-Bretagne avec les autres pays européens dans le passé, par exemple des défis diplomatiques avec l’Allemagne, provenant en grande partie des guerres mondiales, avec la Russie à cause de la guerre froide, et avec la France, son ‘meilleur ennemi’ dans la plupart des conflits de l’histoire moderne.

Bien que des alliances et collaborations à court terme aient ponctuellement existé, les relations fortes et durables entre la Grande-Bretagne et l’Europe continentale se sont rarement établies, ni n’ont elles réellement été cruciales dans le passé.

Lorsque le Royaume-Uni a finalement rejoint l’UE en 1973 (la « CEE » à l’époque), le précurseur de l’union avait déjà pour buts premiers la paix et la stabilité (géo-)politique de l’Europe, grâce à la collaboration entre pays et l’intégration économique. La Grande-Bretagne s’y est jointe à des fins plutôt économiques, et surtout, d’une manière assez malencontreuse. Ayant dans un premier temps refusé de se joindre à l’Union, elle a ensuite vu sa candidature rejetée par deux fois par le veto de la France, avant de ne finalement pouvoir rejoindre la CEE que dans un contexte de crise pétrolière.

Le Thatchérisme a laissé sa marque et entraîné un isolement politique de la Grande-Bretagne vis-à-vis de l’Europe ; l’Europe de plus en plus fédérale de Jacques Delors, le progrès vers une monnaie unique et le développement d’une Europe post-soviétique semblaient ensuite avoir provoqué les réticences du Royaume-Uni.

Lorsque le traité de Maastricht fut signé, le transfert de pouvoir à la nouvelle Union européenne a été vu comme défavorable outre-Manche ; la Grande-Bretagne a alors négocié une clause de non-participation à la monnaie unique et au chapitre social du traité. Le référendum sur l’adoption de la monnaie unique proposé par Tony Blair ne s’est jamais tenu.

De plus, en décembre 2011, lorsque les dirigeants de l’UE ont cherché à négocier un traité pour en réformer son fonctionnement et établir de nouvelles règles budgétaires, le Royaume-Uni a de nouveau demandé des exemptions, avant d’exercer son droit de veto contre la totalité du pacte. Plus récemment, David Cameron a de nouveau négocié des exemptions pour le Royaume-Uni, cette fois-ci en politique d’immigration et contre toute obligation britannique d’accepter de futures réformes fédéralistes.

L’accumulation des postures méfiantes du Royaume-Uni depuis son adhésion face à l’Europe a développé chez les autres États membres l’image d’un État égoïste qui utilise l’Europe à son seul avantage et oublie l’intérêt collectif.

Opportunité ou risque ?

Certains décideurs en Europe, il faut l’admettre, considèrent donc le Brexit comme une opportunité potentielle pour pouvoir enfin se lancer dans une nouvelle ère d’intégration européenne.

Quelle que soit son issue, l’histoire quasi-tragique des relations entre l’UE et le Royaume-Uni, dû à son scepticisme envers l’Europe, pourrait bien induire un sentiment de désaffection d’acteurs économiques européens et internationaux. Ceci risque de modifier les comportements politiques et économiques de ses partenaires sur le long terme… un changement peu attendu outre-Manche.

Seul un rejet du Brexit par une large majorité des Britanniques pourrait empêcher cela ; si le référendum devenait un vrai vote pour l’Europe.

Malgré les bénéfices que le continent pourrait tirer du Brexit, croyons en l’idée d’une Europe intégrée et espérons que le rejet du Brexit soit encore possible.

Repenser l’(auto)financement des entrepreneurs du developpement au Burkina Faso

28 samedi Juil 2018

Posted by mirmandepatrimoines in Uncategorized

≈ Poster un commentaire

The Conversation

  1. Lassané Tapsoba

    Docteur, Sciences de Gestion, Université Aube Nouvelle

  2. Seydou Ramdé

    Doctorant en Sciences de Gestion, Université Aube Nouvelle

AUF (Agence Universitaire de la Francophonie)

 

La Ferme avicole KISWEND-SIDA au Burkina Faso, sise à 8 km du site de BRAFASO. Prise par le Doctorant sur lors d’une visite d’échange avec le promoteur de la ferme. Le fondateur raconte les difficultés pour l’accès aux financements. E-mail du promoteur: alainsorgho@gmail.com, Author provided

L’idée centrale de cet article est de présenter et décrypter les solutions pouvant permettre l’accès aux ressources financières pour les entrepreneurs de projets de développement en pays émergents et notamment en Afrique.

Pourquoi évoquer l’(auto)financement ?

Il s’agit en particulier de montrer qu’une participation et une implication massive des adhérents, des opérateurs, des acteurs, des entrepreneurs, voire des simples sympathisants, au projet est indispensable. Il s’agit aussi d’insister sur la nature de l’engagement et/ou de la participation – en cohérence avec les moyens des acteurs – qui sera alors assimilé à un certain type « d’autofinancement ». Même si localement la partie « auto » reste faible !

Nous soulignons ici que ce mode de financement reste complémentaire à celui des banques et autres institutions de microfinance. Notons aussi qu’il ne dépend pas directement de l’aide extérieure qu’elle soit gouvernementale ou non gouvernementale (ONG).

Finalement, il s’agit ici de mettre en contact direct les porteurs de projets et les fournisseurs de ressources. De plus, le recours à l’autofinancement doit être perçu comme un instrument réellement complémentaire et incitatif pour trouver des solutions aux financements des entrepreneurs et des projets de développement stratégiques en Afrique. Nous avons retenu le cas du Burkina Faso au Sahel dès lors que ce pays apparaît comme emblématique des nombreuses spécificités et contraintes rencontrées sur le terrain dans les dossiers de financement.

Nous aborderons ici la problématique de l’autofinancement sous l’angle des outils de financement participatif et des plates-formes de crowdfunding qui restent assez peu mobilisés.

Seydou Ramdé sur un chantier participatif. Author provided

Quelques constats sur le terrain

En nous focalisant sur l’état des lieux de l’accès aux financements au Burkina Faso, la problématique centrale peut être résumée comme suit :

  • Il semble clair que les concours de la fonction publique ne permettent pas d’absorber tous ces « jeunes » porteurs de projets et de dossiers entrepreneuriaux ;
  • Il semble qu’une grande partie des jeunes acteurs n’ait pas accès aux financements fautes de garanties qu’ils n’arrivent ni à trouver ni à prouver ;
  • Il apparaît que les pistes proposées par l’État pour l’octroi des fonds nécessaires ont clairement montré leurs limites.
  • Il semble que les acteurs burkinabés soient quasi absents des partenaires financiers de leur propre développement. Notamment, dans le processus du financement du PNDES, les nationaux n’ont pas été considérés comme partenaires financiers mobilisables nonobstant leurs impôts, taxes et contributions.

Par conséquent, sur le terrain, le peuple burkinabé s’en remet à l’extérieur d’une part et à l’État d’autre part. Cette situation est difficilement acceptable et explique en partie l’insatisfaction économique et les revendications sociales perceptibles actuellement. D’autant plus qu’il existe une réelle densité et diversités de projets à financer et abordant tous les secteurs (éducation, agriculture, alimentation, services, eau, santé, bois, énergies renouvelables, numérique, etc.)

Du coté de la demande, le « terrain » fait donc émerger de multiples projets qu’il faudrait a minima collecter, étudier et évaluer afin qu’ils puissent rencontrer, de l’autre coté, l’offre de financement dans toute sa diversité

Une vue des poulaillers du Centre international de formation et de recherche appliquée en développement communautaire (CIFRADEC) mobilisant des matériaux locaux et de modestes budgets. Author provided

Quelques précisions sur les structures de financements et leur « force de frappe »

Les structures intermédiaires de financement exploitent la force de frappe d’un grand nombre et d’un réel dynamisme de clients porteurs de projets. Notons par exemple, le cas des frais de timbre qui sont passés de 25 FCFA à 50 FCFA et qui illustre une pratique contre-productive. Concrètement, une banque X peut mobiliser assez facilement et rapidement 50 millions FCFA auprès d’un million de clients. Ce potentiel massif reste finalement assez ignoré du « peuple ».

Insistons aussi sur les frais de tenue des comptes bancaires qui montrent que les structures financières classiques peuvent mobiliser des fonds colossaux auprès de leurs clients. Par exemple, avec les 200 FCFA usuels de frais mensuels de tenue de compte, cette même banque X mobiliserait 200 000 000 FCFA par mois auprès d’un million de clients.

De même, la mobilisation des ressources au niveau des opérateurs de téléphonie mobile au Burkina Faso n’est pas négligeable. Ces structures font par exemple régulièrement des actions de promotions de bonus sur les recharges en demandant à leurs clients particuliers de souscrire à 100 FCFA pour bénéficier de 300 % sur les recharges. Il y a ici une stratégie de mobilisation des petites contributions de 100 FCFA auprès d’un (très) grand nombre de clients dont les résultats sont spectaculaires. L’opérateur Orange Burkina avec ses six millions de clients mobiliserait ainsi 600 000 000 FCFA sur la base des souscriptions de 100 FCFA.

Ces exemples montrent que la mobilisation fréquente de « petites sommes » auprès de « très nombreux clients » est à la fois possible, simple et rapide notamment avec le recours à la téléphonie mobile et aux outils numériques.

Quelques pistes pour réorienter les flux financiers

Voyons à présent ce qui se passe avec l’incontournable opérateur CANAL+. Ce sont en effet des millions de Burkinabès qui sont abonnés à ces bouquets de chaînes de télévision payantes. Il s’agit de millions de FCFA engagés à chaque grande échéance comme lors la récente coupe du monde en Russie (fortement suivie en Afrique notamment avec les exploits des joueurs d’origine africaine en équipe nationale ou en équipe de France). Ces sommes pourraient être réinvesties dans l’économie nationale.

Notons aussi le cas de la LONAB une grosse machine qui pourrait aider au financement de l’entrepreneuriat.

Soulignons aussi le cas de la journée de 8 mars au Burkina Faso qui permet de mettre l’accent sur une belle possibilité de mobiliser des fonds au profit d’un grand nombre de femmes porteuses de projets. Combien de milliers de pagnes sont vendus à l’occasion de cette cérémonie festive ? Combien de millions sont dépensés par ces femmes et leur famille pendant cette journée ? Alors que – paradoxalement – ces mêmes femmes souffrent de manque de financement pour leurs nombreux projets commerciaux.

Les dépenses moyennes par foyer liées aux fêtes de fin d’année au Burkina Faso ne sont pas suffisamment connues et tracées comme en France mais elles sont importantes et massives. Combien de milliards de FCFA sont dépensés par le peuple burkinabé à l’occasion des nombreuses et rituelles fêtes (mariages, baptêmes, anniversaires et cérémonies funèbres) ? Si chacun cédait 50 % de ses dépenses pour le financement des entrepreneurs, des opérateurs et des porteurs de projets stratégiques, alors le pays bougerait !

Il ne s’agit pas ici de jeter la pierre à quiconque mais juste de souligner que des financements massifs seraient disponibles si une réorientation – même modeste – de nos dépenses était à l’ordre du jour. Cela pourrait notamment palier les insuffisances de financement public.

Quelques pistes d’expérimentation du financement participatif

L’idée est de rester connecter au terrain et aux communautés locales afin de rendre leur financement ancré et participatif avec une implication claire vers le résultat final et l’intérêt collectif.

Les communes par exemple peuvent s’organiser autrement en mobilisant le grand nombre de la population des villages membres autour des projets d’intérêts communautaires. Le cas des éleveurs de chèvres de la commune d’Arbinda au Soum en est une belle illustration. Les communes peuvent ainsi s’organiser pour financer les jeunes entrepreneurs.

Les communautés catholique, musulmane et évangélique ensuite peuvent être (mieux) mobilisées. Elles proposent déjà un certain type de financement participatif de proximité mais qui reste centré sur la construction et l’équipement des lieux de culte. Parallèlement, elles ont créé des ONG pour appuyer le développement local mais combien dépendent encore des financements de l’extérieur ?

Il est enfin possible d’expérimenter le financement participatif avec les élèves et avec les étudiants pour financer des projets qui touchent leurs centres d’intérêt (éducation, santé, numérique…).

Rêvons aussi un peu, la plate-forme nationale avec une communauté d’un million de membres pourrait aisément mobiliser 40 milliards pour financer les projets – qui existent actuellement « dans les cartons » – de 4 000 jeunes.

Soulignons à ce sujet que cette même communauté peut financer les investissements de la journée du 11 décembre, célébrée comme journée de l’indépendance de notre pays. Les budgets alloués à la journée à Gaoua et à Manga sont massifs et témoignent qu’une communauté de 10 millions de membres peut financer les grands investissements avec de petites contributions. Dans le même ordre d’idée, le pays serait en mesure de financer, avec de modestes contributions et de bons outils de collecte, la réalisation des fermes solaires comme celle de zagtouli.

À ce propos, le projet de mise en place d’une banque agricole au Burkina Faso est excellent certes mais celui d’une plate-forme à dimension nationale – intégrant la diaspora bien évidement – accompagnant le financement participatif serait aussi une bonne nouvelle pour les porteurs de projets.

Dépasser les pesanteurs sociales qui freinent la mise en œuvre du FPP

Nous notons certes que L’individualisme ne facilite pas l’entrepreneuriat au Burkina Faso. Nous déplorons aussi un certain type d’ethnocentrisme et d’égoïsme et une forte dépendance envers l’aide extérieure. Certes ce sont des pesanteurs et des freins.

Néanmoins, les rapports entre structures de financement et les autres partenaires qui ont joué le rôle d’intermédiaires entre le peuple, pourvoyeur de ressources et une partie du peuple, porteur de projets sont à repenser.

Cette approche, un peu trop caricaturale et binaire, a montré ses limites pour le financement de l’entrepreneuriat et de sa diversité. Dans le même temps les outils numériques et téléphoniques ont désormais montré leur force de frappe.

Il faut à présent laisser la place – à côté des banques et des Institutions de microfinance – à d’autres formes de financement et d’autofinancement beaucoup plus proche des porteurs de projets et de leur projet et beaucoup moins processuels. Comme en occident, le financement et ses institutions doivent eux aussi devenir plus « agiles ». Plus rapide, moins exigeant et plus pertinent !

En ce sens, le financement participatif – des simples tontines numériquesjusqu’aux robustes plates-formes de crowdfunding – permettra aux acteurs, confrontés au terrain, aux contraintes et aux marchés, de promouvoir plus directement leur projet. Ils pourront ainsi en assumer plus clairement la réussite ou, bien entendu, l’échec éventuel.

Eaux de baignade : comment mieux détecter les cyanobactéries toxiques ?

27 vendredi Juil 2018

Posted by mirmandepatrimoines in Uncategorized

≈ Poster un commentaire

 

The Conversation

  1. Christophe Laplace-Treyture

    Hydrobiologiste, algologue, Irstea

 

Viktor Jakovlev/Unsplash

Le soleil brille, vous êtes en vacances près d’un lac. Vous décidez d’aller piquer une tête pour vous rafraîchir mais la couleur de l’eau, d’un bleu tirant sur le vert, vous semble suspecte…

Aujourd’hui, avec l’augmentation constante de la pression humaine sur les écosystèmes, les apports en nutriments et en molécules chimiques – qu’ils soient d’origine agricole, industrielle, urbaine ou ménagère – s’intensifient dans les eaux de surface.

Les plages, les plans d’eau artificiels, les lacs naturels, les rivières et autres zones de baignade sont particulièrement exposées à ces menaces. Et quand la présence de ces nutriments et autres molécules chimiques s’accompagne de conditions météorologiques particulières, des végétaux aquatiques et des cyanobactéries peuvent se développer en masse.

Une brasse avec les cyanobactéries

Cyanobactéries. Sylvie Moreira/Irstea, CC BY-NC-ND

Micro-organismes de la famille des bactéries, les cyanobactéries possèdent certaines caractéristiques des algues. Capables de photosynthèse, elles vivent le plus souvent en colonie ou en filament ; on en connaît aujourd’hui plus de 4600 espèces.

Avec un bel ensoleillement, des eaux calmes et des apports en nutriments (azote et phosphore), elles peuvent proliférer rapidement, jusqu’à devenir l’élément dominant du milieu ; on parle alors d’« efflorescence ».

Sous certaines conditions, pas encore totalement bien connues à ce jour, certaines cyanobactéries produisent des toxines qui peuvent avoir des impacts sur les autres êtres vivants. Elles s’accumulent ainsi dans les organes (foie, muscles, cellules nerveuses) des animaux (poissons, chiens, etc.) et peuvent entraîner des dérèglements, voire la mort. Cette situation représente un risque sanitaire important pour les animaux et les êtres humains ; et l’impact négatif sur les ressources et les activités touristiques devient réel lorsque la présence de cyanobactéries entraîne des fermetures de zones de baignade ou l’arrêt d’activités nautiques comme la pêche.

Il faut alors procéder à des analyses scientifiques pour confirmer la présence de ces cyanobactéries.

24 heures pour un diagnostic fiable

En France, le contrôle sanitaire des cyanobactéries potentiellement toxiques repose sur des observations visuelles in situ et l’usage de seuils ; ceux-ci sont définis selon le nombre de cellules de cyanobactéries par ml d’eau dénombrées au microscope. Ces seuils conditionnent la limitation ou la fermeture de la zone de baignade.

Réalisés obligatoirement en laboratoire, ces dénombrements imposent un délai entre le prélèvement et les résultats qui peut être long – de 24 à 48 heures au minimum. Une attente dommageable à la sécurité sanitaire et qui ne permet pas non plus d’anticiper les risques.

Ces analyses ne reflètent d’autre part pas fidèlement la quantité d’algues potentielles toxiques dans l’eau, puisque les cyanobactéries ont des cellules de taille très diverses selon les espèces. Une espèce non toxique, moyennement abondante avec de très petites cellules, pourra ainsi déclencher une alerte et entraîner une fermeture de plage ou une interdiction de baignade, alors que le risque est quasi nul.

Inversement, une espèce toxique, avec des cellules de grande taille mais peu présente, n’entraînera pas d’alerte alors que le risque existe.

Sur l’étang de Parentis dans les Landes. Le changement de couleur de l’eau indique souvent la présence de cyanobactéries. Julie Neury-Ormanni/Irstea, CC BY-NC-ND

Réduire les temps d’analyse

Pour les scientifiques, il est primordial d’améliorer les méthodes de détection et de quantification des cyanobactéries : il s’agit d’appréhender plus efficacement leur nombre et de réduire le temps du rendu d’un résultat d’analyse.

Les chercheurs de l’équipe Ecovea à Bordeaux contribuent à cet effort : en partenariat avec une start-up spécialisée dans le diagnostic génétique, Microbia Environnement, ils travaillent à la mise au point d’un biocapteur génétique qui cherche à quantifier, en moins de 3 heures, 4 genres de cyanobactéries potentiellement toxiques et particulièrement abondantes dans les eaux douces.

Des premiers tests sur cultures ont été réalisés et sont prometteurs. Le développement porte maintenant sur des échantillons naturels venant de zones de baignade situées dans les Landes et en région parisienne.

Une synthèse des connaissances pour 2019

Les chercheurs ont également mis au point un nouveau protocole de surveillance et d’alerte plus réactif, appelé Cyanalert, basé sur l’utilisation d’un fluorimètre, un type de capteur récent. En moins d’une minute, ce capteur offre une mesure de la quantité de matière représentée par les cyanobactéries dans l’eau.

Ce dernier est issu d’un travail de collaboration avec les communautés de Communes des Grands Lacs et de Mimizan, sur certaines zones de baignade à risque situées dans les Landes (lacs de Parentis-Biscarrosse, Aureilhan).

On utilise le fluorimètre pour repérer rapidement la présence de cyanobactéries dans l’eau. Christophe Laplace-Treyture/Irstea, CC BY-NC-ND

Ce dispositif apporte une vision globale des cyanobactéries présentes en un temps très court, permettant au gestionnaire d’agir rapidement en cas de risque. Car il permet de s’affranchir de la phase de dénombrement des cyanobactéries en laboratoire pour donner une première alerte. Dans l’optique de sa généralisation, les chercheurs sont en train de procéder à des analyses sur des échantillons provenant d’un autre site exposé (la base nautique de Champs-sur-Marne), en plus de l’acquisition de nouvelles données sur les lacs landais.

Notons enfin que pour tenir compte des dernières avancées scientifiques, l’Anses a demandé à un groupe d’experts la mise à jour des connaissances scientifiques sur le sujet et la rédaction de recommandations pour la gestion et l’alerte des cyanobactéries et de leurs toxines. Les conclusions de ces travaux devraient être connues courant 2019.

« Théâtre du pouvoir » : la communication politique à travers les âges

26 jeudi Juil 2018

Posted by mirmandepatrimoines in Uncategorized

≈ Poster un commentaire

The Conversation

« Théâtre du pouvoir » : la communication politique à travers les âges

  1. Claire Oger

    Professeure en sciences de l’information et de la communication, Université Paris-Est Créteil Val de Marne (UPEC)

 

« Sacre de l’empereur Napoléon Ier et couronnement de l’impératrice Joséphine dans la cathédrale Notre-Dame de Paris, le 2 décembre 1804 », par Jacques-Louis David. Wikipédia
  •  Adresse électronique
  •  Twitter16
  •  Facebook32
  •  Linkedin
  •  Imprimer

Nicolas Léger et Camille Louradour, étudiants du master « Communication politique et publique en France et en Europe de l’Université Paris-Est Créteil ont co-écrit cet article.


Au cœur de l’été, les activités culturelles ne manquent pas pour les touristes présents à Paris. Les Carters, Beyoncé et Jay-Z, ont d’ailleurs profité de leur visite pour tourner leur dernier clip dans le musée le plus célèbre de Paris. Danser et chanter dans un lieu comme le Louvre, et devant des tableaux savamment sélectionnés, a pu être présenté comme un acte politique fort. Mais au-delà, ce musée est le lieu idéal pour s’interroger sur les liens entre communication politique et création, lors d’une petite visite loin de la chaleur des rues parisiennes.

L’exposition « Théâtre du pouvoir », qui s’est achevée tout récemment et qui a été présentée cette année dans la Petite Galerie, a pu en témoigner. C’est d’ailleurs à partir de la visite de cette exposition que la promotion du Master 2 « Communication politique et publique en France et en Europe » de l’UPEC a eu l’idée d’organiser au Louvre l’événement pédagogique qui marque la fin de sa scolarité. Parcours commentés et table ronde ont été l’occasion de réfléchir aux formes de continuité entre les représentations du pouvoir dans la peinture et les formes plus contemporaines de la communication politique : le thème a été abordé par une pluralité d’acteurs liés de près ou de loin à la communication et au pouvoir.

Apportant des points de vue aussi complémentaires que ceux d’un photographe (Sébastien Calvet), d’une historienne et d’une historienne de l’art (Evelyne Cohen et Sophie Picot-Bouquillion), d’un historien spécialiste de l’Assemblée nationale (Bruno Fuligni), d’un architecte (Antoine Brochard) ou encore d’un ancien community manager de l’Élysée (Maxime Taillebois), ce moment d’échange aura été riche en savoirs et en anecdotes, nous permettant de concrétiser les thèmes abordés lors de la visite guidée.

Nous ne développerons ici que deux des points abordés au cours de cette journée : l’art du récit au service du pouvoir et l’importance des projets architecturaux de nature à asseoir sa légitimité.

De l’art du storytelling « à l’ancienne »

Une des salles du Louvre, la Galerie Médicis, peut apparaître comme emblématique de la manière dont la peinture peut se mettre au service du Prince et du récit politique de légitimation de l’autorité. Elle abrite un cycle narratif commandé par la Reine Marie de Médicis au peintre Pierre-Paul Rubens en 1622. Bref rappel historique : suite à l’assassinat d’Henri IV dans les rues de la capitale par Ravaillac, le 14 mai 1610, Louis XIII – alors âgé de 8 ans – est sacré roi pour succéder à son père, le 17 octobre 1610. Dans un contexte politique incertain, la régence est confiée à sa mère, la reine Marie de Médicis.

La Galerie Médicis, au musée du Louvre. Angèle Dequier/Musée du Louvre

Installé dans le Palais du Luxembourg, résidence de la reine, le cycle de 21 peintures illustre – au moyen de force symboles et allégories – la vie de la Reine, et il est découpé en trois grandes parties : son enfance, sa vie de reine mariée et sa régence. Deux tableaux y ressortent sans égal, se distinguant par leur largeur (727 cm, contre 295 pour tous les autres). Tout y est mis en place pour établir et renforcer l’autorité de la reine. Le Couronnement de la reine à l’abbaye de Saint-Denis en témoigne : Henri IV, tout d’abord, est complètement effacé et assis au balcon, dans l’ombre, il assiste au couronnement en tant que simple spectateur. On remarque aussi la mise en scène du pouvoir opérée à travers les regalia (la couronne, le sceptre et la Main de la justice) qui sont représentés et portés vers la reine, tandis que des allégories de la Victoire et de l’Abondance versent sur la tête de la reine les bienfaits de la paix et de la prospérité, et que la foule acclame la nouvelle régente.

Le Couronnement de la reine à l’abbaye de Saint-Denis, le 13 mai 1610, par Pierre Paul Rubens. Musée du Louvre. A Decquier/M Bard

L’Apothéose de Henri IV et la proclamation de la régence

est le tableau essentiel de la série. En arrivant dans la galerie, c’est la toile à laquelle on faisait face et elle a pour but de légitimer pleinement la position de la reine après la mort de son époux. Henri IV, couronné de lauriers, est arraché à la terre par Jupiter et Saturne et sa mort est pleurée par deux Victoires tandis que la reine se voit remettre, par La France personnifiée, un globe fleurdelisé, symbole du pouvoir. Elle est conseillée par Minerve, la Sagesse, et par la Prudence et la Providence divine lui tend le gouvernail, signe d’autorité.

L’Apothéose de Henri IV, par Pierre Paul Rubens. Wikipédia

Écriture de l’Histoire, représentation des lieux géographiques ou des espaces symboliques se rejoignent ici pour mettre en scène et imposer l’autorité politique. Ce n’est évidemment pas l’apanage du seul cycle de Marie de Médicis. Nous avons pu également l’évoquer dans bien d’autres cas, lors de la visite guidée, par exemple avec Le Sacre de Napoléon (1806-1807) de Jacques Louis David.

L’Empereur a commandé cette œuvre dans un but de légitimation du pouvoir impérial et d’ancrage d’une nouvelle dynastie. On y retrouve les regalia, représentés au premier plan, et qui témoignent d’une continuité avec l’histoire de France. Le pouvoir religieux de Rome est également présent dans la composition (bien que le pape soit représenté assis derrière l’empereur et spectateur du couronnement alors qu’il devrait en être l’acteur). Ce tableau rejoint la fonction des portraits royaux officiels, incarnation du pouvoir et de la gloire royale. Il remplit également cette double fonction de la représentation du souverain, telle qu’évoquée par Louis Marin dans Le Portrait du roi : rendre présente la figure royale, mais aussi et surtout renforcer son autorité en procédant à la « mise en réserve de la force dans les signes » : discours d’éloge, récit historique, tableau et médailles opèrent le passage de l’un à l’autre des deux « corps du Roi » évoqués par E. Kantorowicz et commentés par L. Marin.

La mise en scène du pouvoir dans la peinture peut aussi faire appel à des scènes historiques ou mythologiques. David avait d’ailleurs répondu à une autre commande, initialement pour le compte de la couronne. Dans Les licteurs rapportent à Brutus les corps de ses fils (1789), le peintre représente le fondateur légendaire de la République romaine, comme un modèle de vertu civique, capable de sacrifier la vie de ses propres fils pour sauver la République menacée. Ce retour à l’Antique et cette exaltation morale allaient prendre une autre signification quand David embrasserait peu après le mouvement révolutionnaire avant de devenir député de la Convention. Et la réinterprétation des œuvres fait partie intégrante de leur fonction politique…

Les licteurs rapportant à Brutus les corps de ses fils, 1789, par Jacques-Louis David. Wikipédia

Mais la visite du Louvre, qui en fournit de nombreuses autres illustrations à travers la richesse de ses collections, est aussi l’occasion de se pencher sur le palais lui-même, et sur la place singulière qu’occupent les monuments dans l’entreprise de légitimation de l’autorité.

Le pouvoir politique des dorures royales

Le palais du Louvre a beaucoup changé au fil des règnes selon les envies, les besoins ou les caprices des rois. Louis XIV n’a pas échappé à la règle et la réalisation de la galerie d’Apollon est un symbole fort envoyé à tous ceux qui défiaient sa légitimité.

En 1661, Louis XIV avait besoin d’asseoir son pouvoir et d’exprimer son autorité. Après la mort du Cardinal Mazarin, en 1661, le Roi décida de supprimer le poste de ministre principal et de prendre, seul, le contrôle du gouvernement. L’entourage du roi remet en question son statut d’homme d’État qui prouve son autorité par un « coup de majesté ». C’est dans ce contexte que s’engage la rénovation d’une partie du Louvre, et en 1661, la destruction par le feu de la petite galerie et de la galerie des Rois fournit une bonne occasion. Rénovée pour devenir une salle de réception admirée de tous, la future galerie d’Apollon se voulait à la gloire d’un roi tout-puissant. Et c’est donc en 1663, que Colbert, contrôleur général des finances, demande au peintre Charles Lebrun de prendre la direction artistique des travaux et lui donne pour but d’exalter la monarchie.

Le peintre décide d’utiliser le mythe d’Apollon et de mettre en avant ce dieu solaire pour faire écho à celui qu’on appelle, déjà, le Roi Soleil. La comparaison du roi avec un dieu, met en avant les vertus et l’immortalité fantasmée du roi, elle le glorifie et lui rend hommage. De plus, Apollon est un dieu honoré et admiré pour son art et sa beauté, autant de qualités que le roi souhaite s’arroger. Ce jeu autour du soleil permet d’honorer le roi, d’imposer son rayonnement, autant par son omniprésence que par les références à sa personnalité et d’ancrer enfin son autorité dans les murs du palais.

Sophie Picot-Bouquillon, responsable du centre de documentation du service Histoire du Louvre a souligné d’ailleurs lors de la table ronde du 29 juin, l’importance de ces symboles laissés par les souverains, visibles à travers les sculptures qui ornent le Louvre, et qui, toujours présentes au fronton du bâtiment, attestent encore aujourd’hui que le Palais du Louvre n’a cessé d’être un lieu de pouvoir.

La galerie d’Apollon ne sera finalement pas terminée sous le règne de Louis XIV, trop occupé à construire un monument à la hauteur de son pouvoir et de sa gloire, le château de Versailles. Mais la galerie servit de prototype à la future Galerie des Glaces et reste le parfait exemple pour montrer qu’asseoir son pouvoir n’est pas qu’une affaire de guerres ou d’économie.

Galerie d’Apollon, au Louvre. Tangopaso/Wikipédia

Enfin, la symbolique des lieux n’a rien perdu de sa force, comme nous avons pu le constater avec le discours d’Emmanuel Macron suite à sa victoire aux élections présidentielles. Les époques changent, mais les lieux restent chargés d’une histoire et d’une mémoire porteuses de sens.

Multilatéralisme : lever le « masque des fictions profitables »

25 mercredi Juil 2018

Posted by mirmandepatrimoines in Uncategorized

≈ Poster un commentaire

The Conversation

  1. Mehdi Abbas

    Maître de conférence, Université Grenoble Alpes

Université Grenoble Alpes

Les dernières décisions de politique commerciale prises par l’administration Trump de taxer les importations européennes et chinoises vers les États-Unis suscitent inquiétudes et réprobations. Elles s’agrègent aux attaques contre le multilatéralisme à l’ONU, sur le climat, en matière de sécurité collective et, bien entendu, commercial.

À ce niveau, les États-Unis ne sont pas les seuls à avoir érodé le système commercial multilatéral. L’UE est en effet la championne en matière d’accords commerciaux bilatéraux, préférentiels et régionaux, ces « termites » (J. Bhagwati) qui n’ont eu de cesse de saper l’édifice multilatéral.

Face à la montée des tensions et au retour des logiques agressives de défense des intérêts nationaux beaucoup d’observateurs en appellent aux vertus du multilatéralisme, bien entendu rénové pour tenir compte des réalités nouvelles de l’économie internationale, et de proposer des solutions plus ou moins infaisables.

Au-delà de l’aspect formel d’une coopération à trois et plus, qu’en est-il réellement du multilatéralisme économique et de l’idéal de coopération à laquelle ils renverait ?

Le multilatéralisme commercial et ses arrières-pensées

Le multilatéralisme commercial prend forme dans la réforme de la politique commerciale américaine de 1934 entreprise par l’administration Roosevelt. Le Reciprocal Trade Agreement Act constitue, avant toute chose, une tentative d’élargissement des exportations américaines fondée sur une norme de réciprocité dans l’échange.

Ainsi, c’est en utilisant le bilatéralisme que les États-Unis entendent contrecarrer la tendance au repli des nations sur leurs Empires à l’époque. Cette démarche sera au cœur de la mort-née Organisation internationale du commerce, puis du GATT. Ils auront, pour se faire, le souci de construire un édifice fondé sur le droit, certes du plus fort, mais sur le droit tout de même !

Ce que l’on présente comme le parangon de la coopération internationale est avant toute chose un projet américain de reconstruire les relations économiques internationales conformément à leurs intérêts et permettant la sortie, sans risques majeurs pour les États-Unis, d’une économie de guerre en état de surproduction. Un projet dont la finalité était d’articuler besoin de reconstruction en Europe et en Asie à la nécessité de redéploiement de l’appareil industriel américain.

Ce projet trouve son origine dans les premières discussions, entamées dès 1941, américano-britanniques (l’économie qui « se sait et se veut dominante » et celle qui « ne peut se déshabituer de l’être » pour reprendre les mots de F. Perroux). Ces discussions portaient sur les conditions d’octroi d’une aide américaine à l’effort de guerre britannique. Après la Charte de l’Atlantique proclamée par Roosevelt (1941) et la Déclaration des Alliés (1942), les discussions portent sur l’ordre économique d’après-guerre.

Elles aboutissent à l’Accord d’aide economique mutuelle (Mutual Aid Agreement) signé le 23 février 1942 dans lequel figure l’Article VII. L’originalité de cet article – qui contient l’ADN de l’ensemble de l’architecture de Bretton Woods – est de poser que les contreparties des contributions américaines ne consisteront pas en des remboursements ou à l’imposition de conditions contraignantes (le précédent catastrophique du Traité de Versailles est dans toutes les mémoires). Les contreparties sont définies en termes d’engagements normatifs en matière de politique commerciale.

Pour la première fois dans l’histoire du capitalisme, les conditions des échanges internationaux sont régies par des textes, proposés par l’économie dominante et ratifiés par les autres États. Il en sera de même concernant le système des paiements, le système de financement et de reconstruction, autant de dispositifs de financement des débouchés.

L’économie dominante est toujours favorable au libre‑échange

Le multilatéralisme est, en fait, l’internationalisation des intérêts et préférences états-uniennes dans un contexte de reconstruction d’un monde en ruine où une économie concentre la quasi-totalité des ressources nécessaires à cette reconstruction.

Les théories de la stabilité hégémonique ou du leadership stratégique ou bienveillant offrent une explication, voire une justification ou légitimation, à la domination américaine. Elles nous rappellent cette vieille réalité qui traverse toute l’œuvre de F. Braudel, I. Wallerstein ou P. Bairoch, l’économie dominante est toujours favorable au libre-échange et au multilatéralisme, ce qu’avaient, en des termes plus économiques, très bien analysés A. Smith, K. Marx et F. List.

À cela s’ajoute le pragmatisme de la diplomatie économique, désormais multilatérale, des États-Unis. L’échec de l’OIC en offre un exemple en matière d’organisation des échanges internationaux. C’est ce même pragmatisme qui fera que, confronté à la pénurie de dollars, les États-Unis vont, par une simple lettre en 1947, s’engager à acheter et à vendre de l’or au taux de 35$ de l’once, officialisant le fait que le système monétaire international est concrètement un « système dont l’étalon était le dollar » (Denizet), et surtout qu’il fonctionne plus grâce à cette lettre qu’aux statuts du FMI.

De même, la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD) va très vite changer de nature face à l’ampleur de la reconstruction européenne qui sera, par ailleurs, à l’origine du lancement du Plan Marshall (1948).

Il faudrait également mentionner le rôle tenu par la guerre de Corée dans la relance de l’économie américaine (qui connaissait un sérieux ralentissement économique en 1949) et, bien plus que le Plan Dodge, ses effets sur le développement du Japon qui comprend rapidement l’intérêt pour sa croissance et sa participation à la globalisation.

Schéma qui se reproduira plus tard durant la guerre du Vietnam dont on oublie qu’elle est à l’origine du développement du conteneur, vecteur déterminant de la mondialisation bien plus que les développements successifs de la théorie du libre-échange et autres formalisations des économistes. Avec la guerre du Vietnam la conteneurisation s’étend à l’Asie-Pacifique (Japon, Taiwan, Hong Kong, Singapour et Australie).

Paradoxe : pour la première fois, l’économie mondiale est multilatérale

Ces dernières années sont marquées par une évolution des rapports de richesse et de puissance dans l’économie mondiale. Cette dernière est désormais moins asymétrique qu’en 1944 (Bretton Woods) ou 1995 (création de l’OMC). Simultanément, les États-Unis prennent conscience des contradictions sociales et économiques de plus de cinq décennies d’une globalisation, qu’ils ont eux-mêmes initiée.

La capacité des États-Unis – et du G7 – à multilatéraliser leurs préférences s’est amoindrie. Outre ce nouvel équilibre en gestation, il manque une vision ou un projet tel que celui porté par l’administration Roosevelt et son Secrétaire d’État Cordell Hull ; un projet, qui chaque fois que cela était nécessaire, s’est adapté de façon ad hoc aux contraintes tant internes que systémiques.

Paradoxalement, il est possible de considérer que pour la première fois, l’économie mondiale est multilatérale. C’est-à-dire que les pays sont, collectivement, mis face à la responsabilité, voire la nécessité, d’élaborer des règles communes, partagées et acceptées, régissant les relations économiques internationales.

Il s’agit, par conséquent, d’innover en matière de construction de règles, de faire place à l’hétérogénéité des préférences et des intérêts ; au pluralisme juridiques ; de re-hiérarchiser les valeurs autour desquelles se construisent les régimes internationaux et de rénover les principes d’ordre des rapports économiques et politiques internationaux.

Il s’agit d’élaborer des actions concertées, de trouver de nouveaux principes de solidarité internationale, d’élaborer des mécanismes de compensation internationale, bref construire une économie mondiale praticable (workable global economy). Ni le marché, ni la concurrence ne sont en mesure de le faire, la tâche est gigantesque d’autant que « la tragédie est aujourd’hui collective » (A. Camus).

Le RGPD vu des deux côtés de l’Atlantique : des divergences philosophiques inconciliables ?

24 mardi Juil 2018

Posted by mirmandepatrimoines in Uncategorized

≈ Poster un commentaire

The Conversation

  1. Jòan Gondolo

    Enseignant chercheur – Droit de la protection des données à caractère personnel, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

 

La notion de vie privée, deux visions de part et d’autre de l’Atlantique. Pixabay

Le Règlement général sur la protection des données (RGPD) est entré en application en mai dernier, et avec lui son lot de provisions supposées renforcer la protection des données à caractère personnel. Prétendue révolution, ce texte n’est en réalité que l’expression plus aboutie d’une vision philosophique ancienne, tendant à rapprocher donnée, vie privée et personne humaine et s’opposant à une vision plus mercantile de la donnée, adoptée outre-Atlantique.

Transformation de la notion de vie privée

En développant massivement les services numériques, nos sociétés ont profondément transformé la notion de vie privée : consciemment ou non, chaque individu partage des informations plus nombreuses et plus diverses le concernant, faisant d’éléments ordinairement privés, des données connues par d’autres individus, des entreprises ou des administrations.

Parmi ces données comptent, de manière très immédiate et par exemple, les données de localisation collectées notamment par les smartphones et les diverses applications qui y sont installées, les données biométriques collectées à la demande d’édition d’un passeport ou encore les préférences alimentaires via les cartes de fidélité utilisées par les grands acteurs de la distribution.

En outre, la modification de la notion de vie privée est d’autant plus grande lorsque l’entité collectant initialement des informations sur un utilisateur, les recoupe, déduisant ainsi de nouvelles données, notamment par l’utilisation d’algorithmes.

Dans les deux cas, en face des possibilités offertes par la technologie, existent des risques pour les personnes concernées en cas de fuite de données comme le prouvent les nombreux scandales passés (Target, Ashley Madison, etc.) ou lors de la prise de décisions basées sur des données erronées. Dès lors, il appartient à chaque société, notamment par le droit, de contrôler les opérations portant sur des données à caractère personnel.

De la sacralité de la personne humaine à celle de la donnée

De l’anthropocentrisme aristotélicien à l’idée kantienne de respect de la personne, les philosophes européens ont longtemps considéré que toute chose de nature ontologique méritait une protection des plus absolues. Cette approche fondamentaliste, embrassant les droits de l’Homme, se retrouve par exemple en droit français dans le concept d’indisponibilité du corps humain, lui-même à l’origine de l’interdiction de vente d’organes, ou de la pratique des mères porteuses.

Le philosophe italien Luciano Floridi (Information : a very short introduction, 2010) crée à ce titre un parallèle éloquent entre la donnée et le corps humain en expliquant que la « quatrième révolution » (celle de l’informatique, en référence à Alan Turing) et la circulation accrue de données qui y est associée ont transformé la vie humaine à tel point que la donnée devrait être vue comme une extension de la personne humaine.

Ainsi, la marque de possession de la donnée à caractère personnel (« mes données ») se rapprocherait davantage du lien entre l’individu et son corps (« mon bras ») que de la marque de possession d’un objet (« ma voiture »).

En Allemagne, un droit à l’autodétermination informationnelle

En considérant la donnée comme une véritable émanation de la personne, celle-ci devient digne d’une protection très élevée. La volonté de protéger les données à caractère personnel est ainsi bien antérieure au RGPD en Europe, les premières législations relatives aux données à caractère personnel datant de 1970 (Land de Hesse, Allemagne), 1976 (Suède) et 1978 (France).

En Allemagne, la protection des données à caractère personnel revêt, en outre, un caractère constitutionnel depuis qu’en 1983 la Cour constitutionnelle a déduit de la Constitution fédérale un principe de droit à l’autodétermination informationnelle.

Ce principe dépasse la conception minimaliste de la vie privée (« le droit d’être laissé tranquille ») pour correspondre davantage à une protection large de la sphère privée et à la capacité de l’individu à participer de manière indépendante à la vie politique et sociale, comme l’expliquent Gerrit Hornung et Christoph Schnabel (« Computer law and security report », 2009).

Un renforcement progressif au sein de l’UE

L’Union européenne est également intervenue sur le sujet de la protection des données à caractère personnel avant le RGPD par l’adoption de la Directive 95/46/CE du Parlement européen et du Conseil, du 24 octobre 1995), créant un cadre général relatif à la protection des données à caractère personnel ainsi que par l’inclusion, dans la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne, d’un article 8 relatif à la protection des données à caractère personnel.

Les nouvelles règles de protection des données personnelles sont en vigueur en Europe depuis mai 2018. Pixabay

Sans constituer une révolution, le RGPD vient toutefois renforcer sensiblement la protection des données à caractère personnel, en ligne avec l’idéologie fondamentaliste présente en Europe.

À titre d’exemple, le Règlement a une portée plus large territorialement puisqu’il s’applique à des contrôleurs de données situés en dehors de l’Union européenne. Substantiellement également, il accorde davantage de droits aux personnes concernées et prévoit notamment des sanctions plus fortes en cas de non-respect.

Aux États-Unis : laissez-faire, laissez-passer

À l’opposé de la vision sacrée de la vie privée et de la considération quasi corporelle de la donnée, existe une vision plus matérielle de cette dernière, dérivée d’une vision plus mercantile de la vie privée.

Dans An economic theory of privacy (1978), Richard Posner dépeint la notion de privacy comme nocive pour le marché en ce qu’elle prive d’informations les agents dans leurs prises de décisions. Dès lors, il m’apparaîtrait pas justifié d’accorder une protection particulièrement élevée aux données mais plutôt d’en autoriser la libre aliénabilité, notamment en créant un droit de propriété de l’individu sur ses données comme le défendait récemment le think tank Génération libre.

La structure américaine s’inspire de cette logique mercantile et est ainsi moins contraignante pour les entreprises désireuses de collecter et traiter des données à caractère personnel. Elle s’oppose au choix européen d’un régime protecteur de l’individu, destiné à sécuriser sa confiance en l’économie numérique.

Au contraire d’une intervention publique forte comme l’est le RGPD, les premières initiatives de régulation aux États-Unis sont l’œuvre des acteurs privés ayant produit des codes de bonne conduite (voir notamment les guidelines de la Direct Marketing Association).

La liberté laissée aux grands acteurs du secteur symbolise parfaitement l’approche libérale choisie par le législateur américain, suivant la doctrine libérale du « laissez-faire, laissez passer » élaborée par Vincent de Gournay au XVIIIe siècle. Cette expression, symbole de la confiance en la capacité autorégulatrice du marché, explique alors la structure parcellaire du droit américain de la protection des données à caractère personnel.

Ce seul exemple de la structure du droit suffit à mettre en lumière les différences juridiques résultant des différences philosophiques dont font l’objet États-Unis et Union européenne. En effet, aucun texte général relatif à la protection des données à caractère personnel n’existe aux États-Unis et le législateur n’est intervenu que sporadiquement sur des points particulièrement sensibles (la protection des jeunes enfants avec le Children Online Privacy Protection Act, 1998) ou pour certains secteurs comme les télécommunications (1996) et la finance (1970, 1999).

Des désaccords insurmontables ?

En somme, l’analyse philosophique et juridique comparée de la vie privée et de la protection des données à caractère personnel met en évidence d’importantes divergences entre États-Unis et Union européenne.

La multiplication des flux de données et les problématiques résolument transfrontières qu’ils engendrent pourraient pourtant inciter à la création de cadres plus larges. De telles améliorations permettraient notamment de faciliter la mise en conformité des différents contrôleurs de données et de sécuriser plus aisément la confiance des utilisateurs de services internationaux.

Quoi qu’une telle issue collaborative puisse séduire dans l’absolu, l’expérience passée n’incite pas à l’optimisme ainsi que le suggèrent les échecs passés dans les négociations internationales trop anciennes et limitées ou dans les négociations bilatérales remises en cause (invalidation du Safe Harbor) ou vivement critiquées (contestation du Privacy Shield).

Pédagogie dans le supérieur : faut-il vraiment miser sur l’autonomie des étudiants ?

23 lundi Juil 2018

Posted by mirmandepatrimoines in Uncategorized

≈ Poster un commentaire

 

The Conversation

  1. Yann Roche

    Ingénieur-chercheur en pédagogie, Grenoble École de Management (GEM)

Grenoble École de Management (GEM)

 

Même si le savoir est aujourd’hui à portée de clic, tout élève, enfant ou adulte, a besoin d’être guidé dans ses apprentissages. Shutterstock

Étymologiquement, le mot pédagogie veut dire « l’art d’enseigner aux enfants » – paidos, en grec ancien, signifiant « enfant ». Mais alors que l’enseignement supérieur est en pleine croissance et que la formation continue se développe, on peut remarquer qu’aucun autre terme ne s’est imposé pour désigner la manière d’enseigner à un public adulte, pas même « andragogie » – du grec andros désignant l’homme ou l’adulte. On continue à parler de pédagogie sans distinction d’âge, qu’il s’agisse du système scolaire ou des cursus post-bac.

« Lorsqu’une chose n’existe pas, il n’existe pas de mot pour la désigner ; et s’il n’existe pas de mot pour nommer une chose, c’est que cette chose n’existe pas », selon Aristote. Peut-on appliquer ce précepte à la pédagogie ? Peut-on dire que la pédagogie pour adultes n’existe pas ? Inspiré par la proximité entre le psychisme de l’adulte et celui de l’enfant, voici ce qu’Antoine Léon, auteur d’une Psychopédagogie des adultes, répondait à cette question dans les années 1970 :

« L’andragogie apparaît beaucoup plus comme une aspiration que sous les traits d’un ensemble doctrinal ou méthodologique en voie d’élaboration. En d’autres termes, l’opposition entre andragogie et pédagogie relève davantage du domaine de l’opinion que de celui de la démarche scientifique ou même empirique. »

Un cadre nécessaire

Qu’en est-il quarante ans plus tard, alors qu’on invoque de plus en plus l’autonomie ? Celle-ci peut-elle être une base autour de laquelle s’étoffe un enseignement spécifique aux adultes, bien distinct des méthodes destinées aux jeunes enfants ? Des dispositifs comme les MOOCs, et leurs cours diffusés en ligne, ou la classe inversée – où l’élève découvre le cours chez lui avant de l’approfondir en classe – semblent placer les apprenants seuls face aux savoirs. Mais, de là à conclure que l’autonomie est la condition d’un bon apprentissage, il y a un pas.

C’est ce que montre l’exemple de la classe inversée d’Éric Mazur. La lecture individuelle annotée est l’une des activités emblématiques du programme, dispensé dans la prestigieuse université d’Harvard, aux États-Unis. Elle consiste, pour chaque étudiant, à lire sur son ordinateur les chapitres d’un livre, à en surligner les passages mal compris, puis, via une plate-forme de mise en réseau, à décrire ses problèmes à ses collègues étudiants et à répondre aux éventuelles questions posées par ces derniers.

Une coopération qui s’établit spontanément ? Non, puisque le travail effectué sur la plate-forme, commentaires inclus, est supervisé et noté. Au cœur de l’une des plus grandes universités au monde, accueillant des étudiants parmi les meilleurs de la planète, on a ainsi compris que c’est sous l’influence de son milieu que l’individu devient ce qu’il est, et que ce n’est qu’au travers d’une l’histoire sociale qu’il développera au mieux ses aptitudes. Et cette histoire, il appartient aux enseignants de la créer.

Des interactions sociales décisives

En réalité, l’autonomie dont on vante à l’envi les vertus ne peut être considérée comme une compétence clé dans l’acte d’apprendre. Elle ne constitue que l’aboutissement de l’apprentissage et non son pré-requis : à tout âge, en effet, l’individu n’est autonome que pour ce qu’il a déjà appris. Aller au-delà de ce qu’il sait déjà faire, nécessite, à chaque fois, de nouvelles relations sociales avec des tiers aidants – un enseignant, un collègue étudiant, un parent. Pour progresser, il est nécessaire d’être confronté à de nouvelles interactions sociales qui vont permettre d’être guidés vers de nouvelles acquisitions. Le vrai moteur de l’apprentissage n’est donc pas l’autonomie de l’apprenant, mais les liens sociaux inéditspouvant naître d’un milieu humain stimulant.

Si, dans certains dispositifs, le rôle des professeurs se joue désormais plus en coulisses que sur l’estrade du cours magistral, il n’en demeure pas moins essentiel pour guider les apprentissages. Leur empreinte passe par la prescription d’exercices pertinents, l’évaluation personnalisée des élèves, la gestion de la discipline, les encouragements à persévérer dans l’effort et la reconnaissance des succès. Toutes choses, à l’évidence, qu’une classe ne peut aisément obtenir ou s’imposer à elle-même et motivent le recours à une aide extérieure multiple.

Que l’enseignant se trouve face à un groupe d’enfants ou d’adultes, leurs besoins sont les mêmes en matière de pédagogie. C’est en abandonnant le mythe d’une autonomie de plus en plus nécessaire au fil de l’âge que les universitaires pourront commencer à déployer une pédagogie « radicalement sociale » cessant de naviguer entre deux eaux, comme le soulignait cette étude pour l’Observatoire de la vie étudiante :

« la grande contradiction […] est la cohabitation de deux discours : d’une part, on réclame de plus en plus d’autonomie chez les étudiants et, d’autre part, on insiste sur la nécessité d’un encadrement plus important. »

Ce faisant, ils privilégieront toutes les activités sortant l’étudiant de son isolement, comme les travaux de groupes, la conduite de projets, la communication entre étudiants ou entre professeurs et étudiants. Et pour mieux le dire encore, nous laisserons à Malson et la poésie de son verbe, la plus belle des conclusions : « Avant la rencontre du groupe et d’autrui, l’homme n’est rien que des virtualités aussi légères qu’une vapeur transparente. Toute condensation suppose un milieu, c’est-à-dire le monde des autres. »

Dans la valise des chercheurs : jamais sans ma langue

22 dimanche Juil 2018

Posted by mirmandepatrimoines in Uncategorized

≈ Poster un commentaire

The Conversation

 

  1. Marc Porée

    Professeur de littérature anglaise, École normale supérieure (ENS)

École Normale Supérieure (ENS)

 
Les conseils de lecture estivales de chercheurs. Pixabay

Cet été, je partirai en vacances avec ces deux livres qui me suivent un peu partout, physiquement ou par la pensée :

  • Alain Borer, De quel amour blessée : Réflexions sur la langue française, Gallimard, nrf, 2014.
  • Michael Edwards, Dialogues singuliers sur la langue française, Puf, 2016.

Leurs auteurs, Alain Borer et Michael Edwards, s’y livrent à de stimulantes considérations sur la langue française, son état actuel, son histoire, son avenir, sa relation en miroir à la langue anglaise. Sans craindre le paradoxe, je dirais que les deux spécialistes rapatrient l’angliciste que je suis, spécialiste de poésie des XIXe et XXe siècles britanniques, traducteur aussi, de l’anglais de Conrad, Stevenson ou Byron vers le français. Le premier, rimbaldien notoire, me rapatrie en terre française. Le second, poète et essayiste britannique, me reconduit dans les eaux qui bordent ladite France. Le premier se fend d’un rappel à l’ordre, dicté par un mouvement d’humeur, comprenons de méchante humeur ; le second spécule à bâtons rompus, avec cet humour british qui caractérise nos voisins d’outre-Manche. Boer fulmine et fustige quand Edwards rumine et transige. Bref, on ne saurait imaginer textes plus différents, bien que profondément complémentaires, ne serait-ce parce qu’ils ont Racine en commun.

Néologismes en rafale

Son titre racinien (emprunté à Phèdre) donne d’emblée le ton : blessé à mort dans son amour pour la langue française, Borer dénonce la capitulation de cette dernière devant l’ennemi, anglais et globish : « nous préférons la langue du maître », persifle-t-il. La charge est rude, mais comment la récuser, tant les exemples du « reculisme » (sic) abondent. Ils viennent d’en haut, de surcroît. C’est en effet depuis le sommet de l’Etat que la « langue du Grand Blanc imaginaire » se répand, de sorte que, pour le coup, elle ruisselle plutôt deux fois qu’une. Il y aurait ainsi un « devenir shiak » (sabir anglo-français, forgé sur le nom de l’île de Shediac, dans le Nouveau-Brunswick) de la langue française, menacé de disparition devant la marée montante d’un « englosbish » « anglobant ». Un glossaire n’est pas de trop pour comprendre les néologismes, ingénieux et expressifs, que Borer livre en rafale. Du reste, en fin d’ouvrage, il reprend l’ensemble des trouvailles langagières qui émaillent son discours, de l’« anapsie » (capacité qu’a l’anglais de saisir la chose en un mot : zip) à la « synapsie » (disposition française inverse, qui fait se succéder plusieurs morphèmes lexicaux pour former une unité sémantique : « tirer la fermeture Eclair »).

Le livre d’Alain Borer. Gallimard

Reste qu’on peut aimer l’anglais sans être un affreux « collabo ». Et cultiver le français, sans rien renier de sa vocation d’angliciste. Ce que je goûte chez le « Résistant » Borer tient plutôt au « beau souci » de la langue française qui est le sien. Il fait l’éloge de son orthographe, de sa grammaire, apte à distinguer le sexe et le genre : « il s’entend que la femme parle en langue française », contrairement à la neutralité de l’anglais sur ce point. Le français, affirme Borer, est « une langue écrite qui se parle », animée de part en part par le sens du « vertuel » (sic), soit le mouvement du « Je vers le Tu ». De fait, il y a de l’anima chez Borer, laquelle englobe l’animosité, mais comprend surtout le sentiment. Sentiment de la langue, de lui manquer, de manquer au « devoir de langue », au regard du « projet » civilisationnel qui est le sien depuis le fameux serment de Strasbourg de l’an 842. L’universalité du français procède de ce qu’il n’est pas né d’un terreau, d’un sol, mais d’une construction raisonnée de l’esprit.

Embrasser deux visions du monde

Tout en s’y prenant bien autrement, Michael Edwards rejoint Borer quant à la prééminence de l’esprit. Déjà, avec son Racine et Shakespeare (2004), lointainement inspiré de Stendhal, Edwards avait posé les jalons d’une réflexion, de type universitaire et plutôt savante, sur les différences entre classicisme français et baroquisme anglais. Son objectif a toujours été, en effet, d’embrasser, sans les confondre, les deux visions du monde qui se font face. Cette fois, le ton est détendu, presque cool (Borer n’aimerait pas que je dise ça), sans que la densité du propos en souffre, bien au contraire. L’Académicien n’oublie pas qu’il doit son élection à « l’étrangèreté » (autre néologisme) qui est la sienne. Et de généraliser : c’est toute langue qui est à la fois étrangère et mystérieusement trouble, voire inquiétante.

Ce faisant, les biais qui caractérisent la démarche de Borer (qu’il cite), quant à la supériorité de telle langue sur telle autre, n’ont plus lieu d’être. Homme de théâtre – tous les Anglais le sont –, Edwards met en scène un dialogue entre les deux consciences qui constituent l’étoffe, la trame existentielle et poétique dont il est tissé. Le dialogue se conduit entre « Moi » (le versant francophile d’Edwards) et « Me » (celui demeuré sur la rive anglaise). À la faveur du dédoublement, les différences fondatrices entre le français et l’anglais apparaissent au grand jour, à commencer par l’attitude, détachée, presque distanciée, des Français par rapport au réel, alors que les Anglais embrassent la réalité de plain-pied, surprises et hasards compris.

L’ouvrage de Michael Edwards. Puf

Et puis l’ouvrage de Michael Edwards se parle (autant qu’il s’écrit) en communion avec l’élément liquide, aux prises qu’il est avec « l’imagination matérielle » de l’eau, aurait dit Gaston Bachelard. Liquide dans son écoulement, il prend sa source sur les bords de la rivière Cam, à Cambridge ; au milieu – au milieu de nos deux pays, coule la Manche–, il franchit à l’air libre un bras de mer pour rentrer en France ; avant de remonter à bord d’un bateau, amarré à demeure cette fois à un quai de la Seine.

Se revendiquant tout à la fois de Shakespeare, le dramaturge du rêve, mais aussi du philosophe du passage qu’est Héraclite, Edwards médite sur la parenté qu’il y a entre l’eau, sa multiplicité, sa variabilité, et le langage, tout aussi divers et ondoyant. À la manière amphibie qui est la sienne, il nage entre deux eaux, navigue d’une rive à l’autre. De sorte que faire suivre avec soi les ouvrages d’Edwards et de Borer, voyager avec eux – « le langage est voyage », écrit Edwards –, c’est se retrouver sur la plage, au bord d’un lac ou d’une rivière, au figuré comme au propre. Leur compagnie, finalement, parce qu’elle me plonge dans le grand bain de la langue, me garde dans mon élément, tout en me dépaysant. J’y suis comme un poisson dans l’eau. En « immersion totale ».

Cet été, donc, je relirai, pour la énième fois, Edwards et Borer. Et je me surprendrai à rêver. Rêver que je mets en chantier le livre que j’aurais envie de lire, parce qu’il manquerait. Celui qu’un Français consacrerait, sans parti pris, à décrire l’anglais depuis l’intérieur : « Réflexions singulières sur la langue anglaise »… Et si, de surcroît, les réflexions croisées en question s’écrivaient toutes seules ? On peut toujours rêver… Les vacances sont faites pour ça, n’est-il pas ?

← Articles Précédents
juillet 2018
L M M J V S D
 1
2345678
9101112131415
16171819202122
23242526272829
3031  
« Juin   Août »

Stats du Site

  • 96 605 hits

Liens

  • Associations-patrimoines
  • La Fédération d'environnement Durable
  • Moelle Osseuse
  • Visite de Mirmande
juillet 2018
L M M J V S D
 1
2345678
9101112131415
16171819202122
23242526272829
3031  
« Juin   Août »

Commentaires récents

Светлана dans Donald Trump cerné par les…
Paf dans Le bilan économique des années…
Hervé Brient dans « Apocalypse snow » : la délic…
Paf dans L’humiliation comme méthode di…
Le Soudanite dans Nutrition : pour bien vieillir…

Propulsé par WordPress.com.