• Actualités régionales
    • Communes limitrophes
    • Régionales
  • Adhésion
  • André Lhote
  • Au-delà du 14 juillet, des interrogations tenaces sur l’usage des armées
  • Auteurs morts en 17, (déjà…)
  • BD « Sciences en bulles » : À la recherche des exoplanètes
  • Bonnes feuilles : Le château d’If, symbole de l’évasion littéraire
  • Comment la lecture enrichit l’éducation des enfants
  • Corruption, contrebande : le drame de Beyrouth et la question de la sécurité dans les zones portuaires
  • Des crises économiques à la crise de sens, le besoin d’une prospérité partagée
  • Evènements
  • Lecture : comment choisir un album qui peut vraiment plaire aux enfants
  • L’économie fantôme de l’opéra
  • L’Europe s’en sortirait-elle mieux sans l’Allemagne ?
  • Maladie de Lyme : attention au sur-diagnostic !
  • Mirmande
    • Pages d’histoire
    • AVAP et PLU
    • Fonds de dotation et patrimoine
  • NutriScore : quand l’étiquetage des aliments devient prescriptif
  • Penser l’après : Le respect, vertu cardinale du monde post-crise ?
  • Podcast : le repos, une invention humaine ?
  • Prévoir les changements climatiques à 10 ans, le nouveau défi des climatologues
  • Qui sommes-nous?
  • Réforme de la taxe d’habitation… et si la compensation financière n’était pas le seul enjeu ?
  • Revues de presse et Chroniques
  • S’INSCRIRE AU BLOGUE
  • Scène de crime : quand les insectes mènent l’enquête
  • The conversation – Changement climatique : entre adaptation et atténuation, il ne faut pas choisir
  • Une traduction citoyenne pour (enfin) lire le dernier rapport du GIEC sur le climat

Mirmande PatrimoineS Blogue

~ La protection des patrimoines de Mirmande.com site

Mirmande PatrimoineS Blogue

Archives Mensuelles: août 2018

Afghanistan : comment expliquer la résilience des talibans

31 vendredi Août 2018

Posted by mirmandepatrimoines in Uncategorized

≈ Poster un commentaire

The Conversation

  1. Bernard Dupaigne

    directeur émérite au Musée de l’Homme, Muséum national d’histoire naturelle (MNHN) – Sorbonne Universités

 

Partenaires

Sorbonne Universités

Muséum National d’Histoire Naturelle

 

Rare photo des talibans, prise lors d’un éphémère cessez-le-feu, le 16 juin 2018, à Jalalabad (Afghanistan). Noorullah Shirzada/AFP

La guerre en Afghanistan dure depuis 1978 quand, le 27 avril, des communistes afghans, encouragés par une Union soviétique en sa période d’expansion territoriale, ont pris le pouvoir à Kaboul en assassinant le président Mohammed Daoud. Ce dernier avait lui-même renversé son cousin, le roi Mohammed Zaher Châh, le 17 juillet 1973, parti en exil à Rome.

Les révolutionnaires communistes étaient soit des officiers ayant goûté à la vie moderne lors de leurs périodes de formation en URSS, soit de jeunes professeurs et des diplômés à la recherche de reconnaissance sociale et financière.

Par leur ignorance des réalités du pays, ils ont vite provoqué la révolte des campagnes qu’ils prétendaient transformer. Ils ont tué ou emprisonné nombre de religieux respectés et décrété une réforme agraire sans prévoir de fournir aux métayers les moyens indispensables pour les cultures : semences, eau d’irrigation et attelage de bœufs pour la charrue. La dot coutumière pour les mariages était supprimée, et femmes et jeunes filles embrigadées de force dans les cours d’alphabétisation obligatoires. Les paysans n’ont pas voulu de cette marche forcée vers le monde moderne et ont pris les armes.

Voyant le régime en difficulté, Brejnev a cru facile de mater la révolte paysanne, qui s’est alors muée en résistance généralisée contre les armées de l’envahisseur. Les Soviétiques et le régime communiste afghan, affaibli par d’incessantes luttes intestines, très vite, n’ont plus tenu que les villes et leurs alentours. C’est l’époque où les humanitaires, largement français, évoluaient presque en liberté dans les campagnes.

Le 15 février 1989, l’armée soviétique s’est retirée d’Afghanistan, la guerre de dix ans étant devenue trop onéreuse. Les crédits étant coupés, le gouvernement afghan a tenu Kaboul jusqu’en avril 1992, grâce aux dissensions, déjà, entre les divers groupes de moudjahiddin, chacun revendiquant le pouvoir pour son seul clan.

L’irruption des talibans

Les désordres dans le pays, les luttes intestines et le phénomène de la transformation de trop nombreux « chefs de guerre » en entreprises de prise de pouvoir privé ont provoqué l’émergence, dès 1994, du mouvement des talibans (« les étudiants en religion »), largement soutenus et équipés par l’armée du pays voisin, le Pakistan. Brandissant le Coran, et promettant de restaurer l’ordre et la justice, ils ont suscité le ralliement immédiat des campagnes du Sud, la région des fiers Pachtounes.

Portrait de Massoud dans une rue de Kaboul (en 2007). Colleen Taugher/Flickr, CC BY

Ils prennent Kaboul le 26 septembre 1996. Et, à l’été 1998, ils contrôlent pratiquement tout le pays. Leur dernier opposant, le commandant Ahmed Châh Massoud en a été réduit à solliciter l’aide du Tadjikistan voisin, fraîchement sorti de l’orbite soviétique. Il est assassiné le 9 septembre 2001 par deux pseudo-journalistes missionnés par le réseau Al-Qaïda patiemment constitué par Oussama Ben Laden. Lequel a organisé l’attaque aérienne, deux jours après, contre les deux tours jumelles du World Trade Center, au cœur de New York, et des locaux du Pentagone, à Washington.

La réaction américaine était inévitable. Moins d’un mois après, leurs avions bombardent les bases talibanes. Le travail de nettoyage des ennemis et de reprise du pays est confié aux responsables militaires de « l’Alliance du Nord », coalition de forces anti-Pachtounes : Tâdjiks, Ouzbeks et Hazâras.

Le 5 décembre 2001, sous l’égide des Nations unies, Hamed Karzaï, un notable d’une famille, pachtoune, de Kandahar est nommé chef du gouvernement intérimaire. Il sera élu président le 13 juin suivant, confirmé le 7 octobre 2004 comme président de la République et réélu le 20 août 2009.

Les Américains, ces nouveaux envahisseurs

Repliés au Pakistan, les talibans vont progressivement retrouver de l’importance. Les nations occidentales – USA en tête – se sont entêtées à vouloir diriger le pays, en le menant vers plus de démocratie et d’égalité. Leur prétention, leur insistance à expliquer aux dirigeants et au peuple ce qu’ils doivent faire provoquent de nouveau l’ire des campagnes qui se livrent, volontairement souvent, de force parfois, aux talibans revenus.

Les bombardements, les incursions armées dans les villages, dans les habitations, même la nuit, finissent d’attiser la haine contre ces nouveaux envahisseurs, jusqu’à 100 000 troupes américaines. L’argent qu’ils déversent sans réflexion crée une nouvelle classe de parvenus enrichis qui pensent plus à leurs revenus qu’au bien du pays. La corruption est généralisée, avec le besoin de profiter de la situation quand il est encore temps.

Les talibans s’installent progressivement dans les campagnes, les administrant en remplaçant le pouvoir central, défaillant et absent, les fonctionnaires d’autorité ne pouvant plus sortir des villes. En de plus en plus de villages, ils perçoivent les impôts, la zakat de 10 % des revenus de chacun. Ils règlent les différends et rendent la justice. Mais ils reprennent leurs habitudes réactionnaires : ils remettent les femmes à la maison, et, souvent, ils ferment les écoles de filles. Ils font respecter leur morale et surveillent l’honneur des femmes, l’action qui leur est la plus facile.

On retrouve les luttes entre les campagnes traditionnalistes, souvent ultraconservatrices, et les gens des villes, ayant subi les influences occidentales et, pour cela considérés comme impies et dépravés.

La situation sécuritaire ne s’améliore pas : les gouvernementaux ne tiennent peut-être plus que 30 % du pays. Ce qui est nouveau, c’est que les talibans ne sont plus uniquement que des gens du Sud, des Pachtounes. Les poches d’agriculteurs et d’éleveurs pachtounes du Nord, mais aussi de jeunes Ouzbeks du Nord les ont rejoints, comme d’ailleurs des Ouzbeks venus de l’Ouzbékistan (ex-soviétique) voisin.

Démonstration de force des talibans

Kunduz, une des deux grandes villes du nord, a été temporairement prise par les talibans. Et, cette année, ils ont conquis d’autres districts ouzbeks du Nord : ils sont maintenant fortement présents dans les campagnes d’Aqcha, de Shiberghan, et de Sar-e Poul, à la lisière de la région montagneuse des Hazâras.

Une réfugiée afghane et ses deux enfants, à Peshawar (Pakistan), en mars 2018. Abdul Majeed/AFP

Les talibans ont montré de nouveau leur force, cette année, en s’emparant temporairement, le 15 mai, de la capitale provinciale de Farah qui jouxte l’Iran, puis ce 9 août de Ghazni, l’ancien centre de l’empire ghaznévide (1022-1150), récemment proclamée capitale de la Culture musulmane et riche de monuments anciens, maillon essentiel sur la route du Sud, entre Kaboul, Kandahar et Hérat.

La situation n’est pas plus claire dans la capitale. Kaboul est enclavée et ce sont les villes de la périphérie qui sont prospères, celles qui profitent du commerce transfrontalier, des droits de douane et de la contrebande, sport national. Hérat est tourné vers l’Iran, Mazar-e Charif vers l’Ouzbékistan ; Kandahar au Sud et Jalalabad, à l’Est, vers le Pakistan. Des fiefs se sont constitués grâce à cette possibilité de bénéficier de ressources indépendantes.

Le désespoir des jeunes

Un nouveau président a été élu le 21 septembre 2014 : Aschraf Ghani Ahmadzay, un universitaire pachtoun ayant longtemps enseigné l’ethnologie aux États-Unis. Les Américains, l’ayant trouvé mal élu et ne voulant pas de second tour aux élections, l’ont affublé d’un « chef de l’exécutif », son compétiteur tadjik, l’élégant Abdullah Abdullah (qui a été accusé d’avoir malmené l’une de ses collaboratrices).

Cette fonction de chef de l’exécutif n’est pas prévue dans la Constitution afghane du 4 janvier 2004 ; ses compétences et le budget dont il dispose sont donc flous, et les deux hommes s’ignorent ou se combattent. Les Américains qui avaient imposé à l’Afghanistan un régime présidentiel à l’américaine préfèrent maintenant un régime de type européen, avec un Président et un premier ministre, le même dispositif que du temps du roi Zaher Chah, jusqu’en 1973.

La plupart des soldats étrangers ont quitté le pays, et l’argent déversé à Kaboul s’est tari. Il ne reste plus que 14 000 soldats américains, la plupart des commandos d’élite et des aviateurs, indispensables soutiens de la faible armée afghane. Les jeunes sont sans emploi et désespérés, ils ne cherchent plus qu’à gagner les pays occidentaux : ils y forment le gros des demandeurs d’asile.

A la merci des influences étrangères

Et il faut compter avec les influences étrangères. L’Iran, proche de Hérat et qui exerce son magistère religieux sur les Hazâras, de confession musulmane chiite, n’oublie pas de s’efforcer de contrer son ennemi américain, en armant ou entraînant nombre de talibans, pourtant Pachtounes et sunnites.

La Russie de Poutine craint l’influence sur ses anciennes républiques musulmanes des islamistes extrémistes. Tout bien considéré, Moscou préfère les talibans aux restes d’Al-Qaïda, ou à ce nouvel arrivant dans la région, ce Daech incontrôlable et sanguinaire.

Le Président afghan Ghani, et son épouse, à Kaboul, en février 2018. Shah Marai/AFP

Le Pakistan, ou plutôt ses puissants généraux, n’a qu’une crainte : une alliance en gestation entre son voisin afghan et son ennemi indien. Et les gouvernements afghans successifs refusent de voir les données essentielles de leur destin : l’Afghanistan est un pays enclavé, sans débouché sur les océans, et dépend (presque en tout) pour ses importations et exportations du grand port pakistanais de Karachi.

Ce ne sont pas les liaisons aériennes avec l’Inde qui modifieront sensiblement la donne. Ni le rêve du commerce à partir du nouveau port de Chabahar sur les côtes iraniennes du Golfe persique. Et beaucoup de hauts officiers pakistanais sont d’origine pachtoune, de tempérament plus guerrier que les Pandjabis de l’Est. Sans la guerre, ils n’auraient ni les honneurs, ni les avantages.

Le Pakistan vigilant

Le pays pachtoune a été coupé en deux par la ligne établie entre 1893 et 1896 par Mortimer Durand et le roi afghan Abdour Rahmân Khân (1880-1901), contre une solide contribution financière britannique. Aucun gouvernement afghan n’a admis cette « Ligne Durand », tracée un peu arbitrairement, vu les conditions de l’époque. Et la constitution du Pakistan en 1947 n’a pas été reconnue par les Afghans.

Le fait est que si les gouvernements afghans s’obstinent à ne pas reconnaître la frontière et à rêver à un « Grand Pachtounistan », les Pakistanais ne tiennent pas à annexer leur turbulent voisin. Exercer une influence décisive sur lui leur suffirait bien. Quand aux Pachtounes ruraux, des deux côtés, ils se satisfont aisément de la situation actuelle : les frontières sont nécessaires à la contrebande organisée. « Smugglers need borders », selon l’expression d’Olivier Roy.

N’oublions pas les riches commerçants des pays sunnites du Golfe. Ils ont soutenu et financé les talibans, et les soutiennent encore par idéologie religieuse.

Le rejet d’un compromis par les talibans

Dans ces conditions, les talibans ne sont guère enclins à accepter les demandes répétées de trêve de la part du président Ghani. Le pays est en guerre ; et l’été est la saison des offensives, pas des trêves. L’armée afghane est démoralisée, mal équipée, mal formée et désemparée. Les pertes y sont énormes, du fait des combats ou des désertions.

Les talibans ont exercé le pouvoir de 1996 à 2001. Ce qu’ils cherchent c’est de le reprendre totalement. Les compromis ne les tentent pas. Ils sont bien installés dans les campagnes, d’où ils lancent des raids meurtriers contre Kaboul et les grandes villes. Ils comptent sur la lassitude de l’armée et des citadins, sur la fatigue des donateurs et soldats étrangers pour s’imposer.

Aux négociateurs, ils tiennent le même langage : « Nous discuterons après le départ des envahisseurs étrangers. » Mais ce départ signerait la disparition du régime de Kaboul. La guerre dure depuis maintenant quarante ans, et ils sont prêts à la prolonger. Chacun veut gagner, complètement.


L’auteur a publié « Désastres afghans. Carnets de route 1963-2014 », Gallimard, « Témoins », octobre 2015, 325 p.

Qui a peur de l’éducation à la sexualité ?

30 jeudi Août 2018

Posted by mirmandepatrimoines in Uncategorized

≈ Poster un commentaire

The Conversation

  1. Gabrielle Richard

    Sociologue du genre, Université Paris-Est Créteil Val de Marne (UPEC)

Université Paris-Est Créteil Val de Marne

 

« Zizi sexuel l’expo » (mettant en scène Titeuf, personnage créé par Zep) à la Cité des sciences et de l’industrie, avait connu un beau succès en 2007 puis en 2015…et avait relancé les débats sur l’éducation à la sexualité. DaffyDuke/Flickr

Les menstruations, la masturbation, l’homosexualité, autant de sujets qui peuvent faire frémir les pédagogues les moins téméraires d’entre nous. Autant de sujets dont on présume – souvent à tort – qu’ils seront introduits dans des séances scolaires d’éducation à la sexualité.

La déclaration récente de la secrétaire d’État à l’égalité entre les femmes et les hommes Marlène Schiappa sur les trois séances annuelles d’éducation à la sexualité dans les écoles, les collèges et les lycées – une loi mise en place depuis 2001 – a fait du bruit.

Pourtant, l’histoire nous a montré que les résistances adultes à l’éducation à la sexualité scolaire sont bien ancrées dans les mœurs, les mentalités et les comportements, en Franceou ailleurs.

Or, les arguments de ces adultes réfractaires à l’éducation à la sexualité à l’école relèvent d’une frilosité morale et ne tiennent pas la route, pour peu qu’on les confronte aux données empiriques disponibles depuis plusieurs décennies. Ne reculant devant rien en cette saison estivale, c’est à partir de tweets verbalisant les craintes les plus fréquentes que nous proposons d’analyser les deux principales appréhensions des adultes, érigées en autant d’arguments.

Argument n°1 : Les enfants sont trop jeunes/purs pour qu’on leur parle de sexualité

Twitter

Ce type d’argument, souvent doublé d’une référence de bon ton à la pédophilie ou à la petite enfance, suggère qu’aborder des notions liées à la sexualité dès la petite enfance contribuerait à la corruption des enfants, qui seraient jusqu’alors « purs » parce que non exposés à la sexualité. C’est d’ailleurs la mention de l’introduction de séances d’éducation à la sexualité « dès l’âge de 4 ans » qui a engendré la récente levée de boucliers autour de la (ré)intégration de ces séances à l’école et le battage médiatique qui s’en est suivi.

Dans les faits, ce discours sur la menace que ferait planer l’éducation à la sexualité sur la pureté enfantine ne tient pas la route pour au moins deux raisons. D’une part, parce que les programmes d’éducation à la sexualité sont développés de manière à s’adapter à l’âge des élèves, en débutant par parler des familles et des amitiés, en enchaînant avec la violence et le consentement, et en n’introduisant que progressivement les véritables notions relevant véritablement du corps, des pratiques sexuelles et de la prise de risque qu’elles peuvent engendrer. Les notions abordées en bas âge ne relèvent donc pas de la sexualité, mais du bon vivre ensemble.

D’autre part – n’en déplaise à celles et ceux qui préféreraient qu’il en soit autrement – parce que les enfants ont déjà une « sexualité » par la masturbation et l’auto-découverte de leur corps et de ses zones érogènes, souvent dès l’âge de 3 ans.

‘Jeux d’enfants’ (Bolivie) : l’enfance est vécue par certain·es comme une période sacrée qui ne devrait pas être « souillée » par la sexualité, perçue comme négative. Christophe Sertelet/Flickr, CC BY-SA

Bref, l’enfance innocente et ignorante, brutalement confrontée à une sexualité génitale adulte trop avancée (qu’elle s’incarne dans les contenus scolaires ou dans les avances sexuelles d’un « pédophile » tant craint) n’existe… pour l’essentiel, que dans les fictions d’adulte.

La donne serait la même pour ce qui est des adolescent·es. Dans son étude des perceptions entretenues par les parents face à la sexualité de leurs enfants, la chercheuse Sinikka Elliott rappelle que les parents sont en mesure de maintenir leur illusion de l’innocence sexuelle de leurs adolescent·es, tant et aussi longtemps qu’ils puissent imputer à d’autres jeunes de leur entourage – essentiellement, selon elle, des jeunes racialisé·es – le rôle d’influence corruptrice en matière de sexualité.

Bref, on constate que bien des adultes désirent tant maintenir cette apparence de pureté qu’ils et elles n’hésitent pas à mettre en place des stratégies favorisant le maintien de ces illusions.

Archives de l’INA, reportage sur les ouvrages traitant d’éducation sexuelle en 1978.

La sexualité n’est pas de la responsabilité de l’école

Tweet du 30 juillet 2018. Twitter

Cet argument suggère que l’on puisse distinguer deux modes de gestion de la sexualité : l’un à caractère privé, se déployant à partir de la relation privilégiée unissant un enfant à son/ses parents, suggère qu’il ne soit pas de la responsabilité de l’école d’aborder les questions de sexualité.

L’autre, à caractère public, mobiliserait plutôt le bien commun et la citoyenneté sexuelle pour faire intervenir des éducateurs extérieurs à la cellule familiale et exposer les élèves, sans égard aux préférences parentales, à des contenus équivalents en matière de sexualité.

Dans le film American Pie (1999), l’éducation à la sexualité se fait aussi bien dans la cour de l’école… qu’à la maison.

Dans les faits, toutefois, cette scission entre privé et public ne se joue pas si franchement. Il est ainsi faux d’affirmer que la vie familiale puisse être étanche à tout contenu en matière de sexualité pour peu que les parents ne les désirent ou ne les valident pas. Ainsi, une étude canadienne a montré que, si 95 % des parents considéraient que l’école et la famille devaient se partager la responsabilité de l’éducation sexuelle, la majorité d’entre eux rapportait ne pas avoir abordé de façon assez détaillée les sujets qu’ils avaient par ailleurs déclaré estimer importants.

Il n’y a qu’à prendre connaissance des habitudes adolescentes en matière de consommation de pornographie sur Internet. Ainsi, dans une enquête datant de 2017, 51 % des jeunes Français·es de 15-17 ans déclarent avoir déjà surfé sur un site pornographique. Il va sans dire que le désir parental de contrôler l’accès de leur progéniture à des informations liées à la sexualité ne passe pas l’épreuve de l’accessibilité fournie par les outils numériques.

Par ailleurs, clamer que « la sexualité ne relève pas de la responsabilité de l’école » présume à tort que celle-ci n’est pas déjà omniprésente dans les établissements scolaires. Or, pour peu que l’on porte attention à ce qui s’y joue, l’école est plutôt un lieu où les élèves apprennent – au contact de leurs pairs comme des adultes – une panoplie de leçons à caractère sexuel, c’est-à-dire concernant les comportements attendus d’eux et d’elles en matière de sexualité ou d’interactions genrées.

Le film Tomboy (Céline Sciamma, 2012) montre bien les échanges des enfants autour de la sexualité et du genre.

Bals, rumeurs, insultes, exemples donnés en classe, formulaires plus ou moins inclusifs des différents types de familles, voilà autant de messages qui enseignent la « bonne » sexualité, et qui passent plus souvent qu’autrement sous le nez des parents dont l’attention semble uniquement concentrée sur les séances formelles d’éducation à la sexualité.

Bref, l’hypocrisie est de considérer que la sexualité se trouve confinée aux trois séances annuelles prévues par la Loi du 4 juillet 2001, alors que les manifestations de la sexualité se retrouvent partout dans nos établissements éducatifs, et pas seulement cloîtrées dans un cours, quelques heures par année.

La panique morale adulte

Selon le sociologue Michel Bozon, les inquiétudes adultes autour de la sexualité à laquelle sont exposés ou participent les jeunes relèvent d’une « panique morale » engendrée par le sentiment de ne pas (de ne plus ?) pouvoir contrôler la sexualité des jeunes.

C’est ainsi la croissante autonomie des jeunes en matière de sexualité qui déplairait aux adultes. Il ne s’agit pas de suggérer que les parents n’ont pas leur place quand vient le temps de parler sexualité avec leurs enfants, mais bien de constater que les débats autour de la « menace » de l’éducation à la sexualité créent une représentation négative de la sexualité.

Ils la positionnent en effet comme une chose menaçante, arrivant presque « malgré soi », et dont il faut impérativement être protégé. Si cela va de pair avec tout un langage autour du « risque » de la sexualité (comportements à risque, réduction des méfaits, prise de risque, etc.), ce discours dépossède les jeunes de leur capacité de faire des choix éclairés en matière de sexualité et de relations amoureuses.

C’est ce discours qui risque de créer le spectre tant craint par les parents : celui d’adolescent·es immatures, dangereux et potentiellement hors de contrôle en matière de sexualité. S’il existe une véritable menace à l’intégrité sexuelle des enfants, ce n’est donc pas dans l’éducation à la sexualité scolaire qu’elle se trouve, mais dans la mollesse de projets de loi comme celui contre les violences sexuelles et sexistes, pour lequel une (autre) tempête s’abat sur Marlène Schiappa.

Il reste toujours la méthode Anne-Sophie de la Coquillette alias Florence Foresti (2015).

Dans la valise des chercheurs : l’exercice du pouvoir au Moyen Âge

29 mercredi Août 2018

Posted by mirmandepatrimoines in Uncategorized

≈ Poster un commentaire

 

The Conversation

  1. Simon Hasdenteufel

    Doctorant en histoire médiévale, Sorbonne Université

 

Partenaires

Sorbonne Universités

S

L’armée de Saladin. Wikipédia

Dans le cadre de ma thèse en histoire médiévale, je suis amené à lire en grande majorité des livres sur la théorie et l’exercice du pouvoir au Moyen Âge. Cela me permet de comprendre comment les individus concevaient la politique à cette époque et comment les détenteurs de l’autorité – seigneurs, rois et empereurs, sans oublier les puissants hommes d’Église – l’exerçaient concrètement, par les actes, la parole et les symboles.

Parmi ces lectures, je souhaiterais proposer quelques « classiques » qui me semblent importants, non seulement pour les étudiants en histoire, mais aussi pour les lecteurs et lectrices non spécialistes qui voudraient en apprendre plus sur la politique au Moyen Âge afin de réfléchir sur notre temps.

L’empire du roi. Idées et croyances politiques en France, XIIIe-XVᵉ siècle (Jacques Krynen)

De la chute de l’empire carolingien (fin du IXe siècle), jusqu’au règne du roi de France Philippe-Auguste (1180-1224), c’est l’ordre féodal qui prédomine en Europe occidentale. Des princes régionaux ou seigneurs locaux, tantôt laïcs, tantôt ecclésiastiques, détiennent l’autorité sur un territoire restreint qu’ils peuvent parcourir aisément et manifestent leur pouvoir par des démonstrations de force – chevauchées, réceptions et intimidation des potentiels adversaires. Pourtant, au milieu de ces princes régionaux, les membres de la dynastie des Capétiens ont réussi à récupérer et conserver le titre de rois des Francs, « rex Francorum ».

Installés à Paris et disposant d’un domaine en Île-de-France, ils ne sont certes pas les plus puissants seigneurs du royaume, mais disposent d’un prestige particulier par leur titre et par la cérémonie du sacre où ils reçoivent l’onction et deviennent ainsi les rois élus par Dieu.

Ce livre raconte comment les Capétiens en sont progressivement venus à dominer l’ordre féodal et à construire un État. Jacques Krynen entreprend d’étudier les différentes façons dont les Capétiens ont construit leur légitimité en tant que souverains auprès de leurs vassaux et du peuple. Parmi les qualités indispensables pour être un bon souverain, il y a la forme physique et la force guerrière, ainsi que la valeur morale et la piété, mais aussi la fidélité à la parole donnée. Les Capétiens se sont efforcés de cultiver ces représentations positives, par le biais de mises en scène mais aussi à travers les écrits des clercs, moines et évêques, qui participaient à l’élaboration d’une propagande royale.

Ce renforcement de la royauté s’accentue avec Louis-Philippe, un roi conquérant et victorieux à la bataille de Bouvines en 1214 contre ses ennemis politiques et des seigneurs de France indisciplinés. Ainsi, au cours du XIIIe siècle, les Capétiens passent-ils du titre de « roi des Francs », à celui de « roi de France ». Ils sont devenus les souverains, non plus d’un groupe aristocratique, mais d’un territoire peuplé par des sujets sur lesquels s’exerce l’autorité royale.

On pourra par ailleurs compléter cette lecture par celle des Rois thaumaturges de Marc Blochqui s’était intéressé dès 1924 aux pouvoirs de guérison que l’on attribuait aux rois capétiens, contribuant à façonner leur prestige politique.

La Bataille de Bouvines par Horace Vernet. Wikipédia

Saladin, d’Anne-Marie Eddé

On a pu rencontrer ce personnage dans des films grand public comme Kingdom of Heaven de Ridley Scott qui le présentait comme le modèle du bon souverain musulman, indulgent et ouvert face à ses ennemis chrétiens. Pourtant, on ignore souvent la place qu’il occupe vraiment dans le monde musulman médiéval du XIIe siècle et pourquoi il fut difficile pour lui d’obtenir le pouvoir puis de le conserver.

Le livre d’Anne-Marie Eddé retrace ainsi en détail l’ascension politique de Saladin. Issu d’une famille kurde, rien ne le destine à être à la tête du monde musulman puisqu’il n’est pas d’origine arabe comme doivent l’être les souverains en Islam.

Il ne règne pas mais se trouve au service du calife abbasside de Bagdad qui est le chef du monde musulman sunnite. En son nom, il conquiert l’Égypte vers 1171 sur les califes fatimides qui étaient des chiites et donc des ennemis des Abbassides. Puis, il se lance dans la guerre sainte contre les États latins installés en Orient. Au fil de ces entreprises qu’il mène au nom de l’Islam sunnite, il espère construire sa légitimité de chef de guerre combattant les Infidèles et ainsi obtenir en parallèle des reconnaissances symboliques de la part du calife, notamment le titre de « sultan » qui lui permettrait de se présenter en souverain et bras armé de l’Islam. Il sut habilement occuper l’espace vide laissé par les califes de Bagdad qui tendaient à rester de plus en plus dans leur capitale, déléguant leur autorité à des hommes comme Saladin.

Le personnage est fascinant. Il révèle les tensions politiques internes de l’Islam médiéval ainsi que les relations complexes entre chrétiens et musulmans, tantôt cordiales et tantôt conflictuelles.

Un peu comme le fait Jacques Krynen avec les Capétiens, Anne-Marie Eddé s’intéresse à l’image de guerrier du Jihad que Saladin et son entourage auraient tenté de cultiver et diffuser : il faut être un souverain actif et pieux et un combattant infatigable au nom de Dieu pour obtenir la reconnaissance de son entourage, de ses sujets et du calife.

Là aussi, il peut être intéressant de compléter cet ouvrage par la lecture du livre d’Élisabeth Crouzet-Pavan, Les Rois de Jérusalem, étudiant ceux qui furent les adversaires de Saladin et durent régner sur la ville Sainte, un lieu disputé et progressivement chargé de sacralité.

Empereur et prêtre. Étude sur le « césaropapisme byzantin », par Gilbert Dagron

Après avoir évoqué l’Europe occidentale et l’Islam, il faut réserver quelques lignes à l’Empire byzantin. À sa tête, l’empereur est un souverain autocratique, représentant direct de Dieu sur Terre et responsable de l’empire et de ses sujets chrétiens. Il détient à la fois un pouvoir politique et religieux, d’où le titre du livre (« empereur et prêtre »). Cette double nature pose de nombreux problèmes car l’empereur doit sans cesse négocier de manière explicite ou implicite ses prérogatives religieuses avec l’Église byzantine, en particulier avec le patriarche installé à l’église Sainte-Sophie, en face du palais impérial.

À Byzance, l’empereur est l’héritier de nombreuses figures politiques et Gilbert Dagron s’attache à décrypter ces différents héritages. Il est tout d’abord le successeur des empereurs romains, en particulier de Constantin, mort en 337 après avoir notamment mis fin aux persécutions contre les chrétiens et devenu dans la mémoire politique byzantine la figure de l’empereur chrétien – alors qu’il faut en réalité attendre 392 et l’empereur Théodose pour que le christianisme devienne la religion d’État de l’Empire romain.

Mosaïque de l’impératrice Zoé (XIᵉ s.) à Sainte-Sophie (Istanbul, Turquie). Au milieu, le Christ pantocrator. À sa droite, l’empereur Constantin IX Monomaque ; à sa gauche, l’impératrice Zoé. Domaine public

L’empereur byzantin est également l’héritier des rois bibliques, en particulier de David, le roi prêtre de l’Ancien Testament, un texte qui fait autorité et à « valeur constitutionnelle » à Byzance.

Au cœur du livre se trouve l’idée que l’empereur byzantin, bien que souverain autocratique, doit sans cesse œuvrer pour légitimer son pouvoir. Il doit montrer à la cour et au peuple qu’il est un dirigeant pieux, un gestionnaire efficace de l’empire et un guerrier au service de la gloire impériale. Les apparitions publiques, les cérémonies, les opérations militaires ou même les crises politiques constituent des moments-clés où les empereurs cherchent à manifester leur prestige et leurs capacités à régner – tandis que leurs adversaires exploitent à l’inverse ces occasions pour faire vaciller le pouvoir impérial. Au fil des pages, l’auteur s’intéresse ainsi à toute une série de gestes, représentations et symboles politiques.

On pourra notamment lire des pages consacrées à l’absence de règles de succession dynastique à Byzance. Les empereurs peuvent certes essayer de favoriser leurs enfants, notamment les aînés, pour la succession. Néanmoins, c’est celui qui sort victorieux des compétitions aristocratiques et des crises politiques qui est jugé par la société byzantine comme digne de régner et donc choisi par Dieu.

Enfin, pour ceux et celles qui souhaiteraient en savoir plus sur le monde byzantin de manière générale, Michel Kaplan a récemment publié Pourquoi Byzance, un texte accessible et passionnant qui donne la vision la plus actualisée de l’histoire byzantine en France.

Vous reprendrez bien un peu de plastique ?

28 mardi Août 2018

Posted by mirmandepatrimoines in Uncategorized

≈ Poster un commentaire

The Conversation

  1. Eric Beckman

    Professor of Chem/Petroleum Engineering, University of Pittsburgh

 

Partenaires

University of Pittsburgh

Les pailles en plastique sur la sellette : en juillet 2018, Seattle et Paris ont pris l’engagement de les bannir. Bert Kaufmann/Wikimedia, CC BY

Depuis ses débuts, au cours et après la Seconde Guerre mondiale, l’industrie des polymères – ces molécules synthétiques à longue chaîne regroupées à tort sous le terme commun de « plastiques » – a connu une croissance rapide. En 2015, plus de 320 millions de tonnes de polymères (fibres exclues) ont ainsi été produites dans le monde.

Jusqu’à il y a cinq ans environ, les créateurs de produits élaborés à partir de polymères se souciaient peu de ce qui adviendrait de leurs produits une fois que leur cycle de vie initialement prévu serait révolu. Mais cette situation est en train d’évoluer et cette question fera l’objet d’une attention grandissante dans les années à venir.

https://datawrapper.dwcdn.net/AGbTV/2/

L’industrie du plastique

Le terme « plastique » constitue une façon maladroite de décrire les polymères. Généralement issus du pétrole ou du gaz naturel, ce sont des molécules à longue chaîne, chaque chaîne comportant des centaines de milliers de liaisons. Ces longues chaînes confèrent des propriétés physiques intéressantes, comme la résistance et la dureté, qualités que des molécules courtes ne peuvent tout simplement pas fournir.

Le mot « plastique » est en fait un diminutif du terme « thermoplastique », qui désigne les matériaux polymères que l’on peut former et déformer grâce à la chaleur.

L’industrie des polymères telle que nous la connaissons a été mise au point dans les années 1930 par Wallace Carothers au sein de l’entreprise Dupont. Ses travaux minutieux sur les polyamides ont notamment donné lieu à la commercialisation du nylon, qui remplaça pendant la guerre la soie utilisée pour confectionner les bas des femmes.

Et quand d’autres matières sont venues à manquer durant la Seconde Guerre mondiale, les scientifiques ont regardé du côté des polymères synthétiques pour « colmater les brèches ». La conquête japonaise de l’Asie du Sud-Est ayant par exemple provoqué la fin de l’approvisionnement en caoutchouc, les chercheurs se sont mis en quête d’un polymère synthétique aux propriétés équivalentes.

Portées par une insatiable curiosité, des découvertes dans le domaine de la chimie ont permis le développement de nouveaux polymères synthétiques, comprenant par exemple le polypropylène, mondialement utilisé, ou encore le polyéthylène haute densité. D’autres polymères, comme le Teflon (polytétrafluoroéthylène), ont été élaborés par accident.

C’est certainement la combinaison de besoins, de progrès scientifiques et de quelques heureux hasards qui auront conduit à la mise au point de cet ensemble de polymères que l’on désigne aujourd’hui sous le terme de « plastiques ». Ces polymères ont été rapidement commercialisés pour permettre de réduire le poids des produits et offrir des alternatives bon marché aux matières naturelles, comme la cellulose ou le coton.

Les types de plastiques

La production mondiale de polymères synthétiques est aujourd’hui dominée par les polyoléfines, famille à laquelle appartiennent le polyéthylène et le polypropylène.

On dénombre deux types de polyéthylène : haute densité et faible densité. Du point de vue moléculaire, le polyéthylène haute densité ressemble à un peigne dont les dents seraient courtes et espacées à intervalles réguliers ; la version faible intensité ressemble, elle, à un peigne dont les dents, de longueur différente, seraient espacées de façon irrégulière – un peu comme une rivière et ses affluents vus d’en haut. S’il s’agit toujours du polyéthylène, ces particularités formelles les feront réagir différemment quand on les transforme en films ou d’autres produits sous l’action du moulage.

https://datawrapper.dwcdn.net/rLRq0/4/

Les polyoléfines dominent le marché pour plusieurs raisons. Premièrement, ils peuvent être produits en utilisant du gaz naturel assez bon marché. Deuxièmement, ce sont les polymères synthétiques les plus légers produits à grande échelle ; leur densité est d’autre part tellement faible qu’ils peuvent flotter. Troisièmement, les polyoléfines résistent aux dommages occasionnés par l’eau, l’air, la graisse et les solvants de nettoyage – toutes ces choses que les polymères rencontrent lorsqu’on les utilise. Enfin, il est facile de les façonner, ce qui n’enlève rien à leur résistance, si bien que les emballages en polyoléfines peuvent rester dans un véhicule garé en plein soleil toute une journée sans se déformer.

Ces matériaux présentent cependant de sérieux inconvénients. Ils se dégradent très lentement, restant ainsi présents dans l’environnement pour des décennies, des siècles. Pendant ce temps, l’action des vagues et du vent peut les abraser, transformant ces déchets en microparticules facilement ingérées par les poissons et d’autres animaux, ce qui ne manque pas d’affecter toute la chaîne alimentaire (et donc nous autres humains).

Recycler les polyoléfines n’a rien d’un jeu d’enfant, en raison de multiples difficultés relatives au ramassage et au nettoyage. L’oxygène et la chaleur causent en effet de multiples dégâts au cours du retraitement, tandis que les aliments et d’autres matières peuvent les contaminer. Les progrès continus en chimie ont permis de mettre au point de nouvelles catégories de polyoléfines, dotées d’une résistance et d’une durabilité accrues ; mais ces dernières ne peuvent pas toujours se mélanger avec d’autres types de polyoléfines durant le recyclage. En outre, ces polymères synthétiques sont souvent associés à d’autres matériaux pour produire des emballages multicouches ; si ces structures se montrent efficaces, elles sont toutefois impossibles à recycler.

https://datawrapper.dwcdn.net/8k8H3/3/

Les polymères sont parfois critiqués parce qu’ils nécessitent du pétrole et du gaz naturel, ressources sous pression, pour leur fabrication. Il faut cependant souligner ici que la quantité requise, soit de pétrole, soit de gaz naturel, pour la fabrication des polymères est très faible ; moins de 5 % de ces ressources fossiles sont utilisés chaque année à la production des plastiques. En outre, l’éthylène peut être produit à partir d’éthanol de canne à sucre, comme c’est le cas au Brésil.

Les usages du plastique

En fonction des régions du globe, l’emballage requiert 35 à 45 % de la production totale de polymères synthétiques, les polyoléfines se taillant la part du lion. Le polyéthylène téréphtalate, un polyester, domine le marché des bouteilles en plastique et des fibres textiles.

Les industries du bâtiment et de la construction consomment 20 % de la production totale de polymères ; ici, les tuyaux en PVC dominent. Ces derniers sont légers et peuvent être collés, plutôt que soudés ou brasés ; ils résistent d’autre part très bien aux dommages causés par la présence de chlore dans l’eau. Malheureusement, cette qualité les rend très compliqués à recycler et la majorité de ces tuyaux est mise au rebut une fois qu’ils ne servent plus.

Le polyuréthane est largement utilisé dans la mousse isolante pour les habitations et les appareils ménagers, ainsi que dans les revêtements pour les bâtiments.

https://datawrapper.dwcdn.net/eTHAO/3/

Le secteur automobile fait pour sa part un usage croissant des thermoplastiques, en premier lieu pour réduire le poids des véhicules et ainsi consommer moins de carburant. L’Union européenne estime ainsi que les composants plastiques représentent 16 % du poids moyen d’une voiture ; ils sont utilisés tout particulièrement dans l’habitacle.

Plus de 70 millions de tonnes de thermoplastiques sont utilisées chaque année pour la fabrication des textiles, principalement pour les vêtements, les tapis et les moquettes. Plus de 90 % des fibres synthétiques, principalement du polyéthylène téréphtalate, sont produits en Asie. Cette demande croissante pour les fibres synthétiques s’est faite au détriment des fibres naturelles, comme le coton et la laine, qui nécessitent de vastes terres agricoles.

L’industrie des fibres synthétiques a connu une croissance spectaculaire dans le secteur de l’habillement et de l’aménagement, en raison notamment des propriétés de ces fibres en matière d’élasticité, d’anti-humidité et de perméabilité à l’air.

Comme pour l’emballage, les textiles ne sont généralement que peu recyclés. Chaque Américain produit ainsi en moyenne par an plus de 40 kilos déchets textiles. Et selon Greenpeace, en 2016, chaque personne a acheté en moyenne 60 % de vêtements en plusqu’il y a une quinze ans, tout en les conservant moins longtemps.

Crise en Grèce : une tragédie qui finit bien ?

27 lundi Août 2018

Posted by mirmandepatrimoines in Uncategorized

≈ Poster un commentaire

The Conversation

  1. Nathalie Janson

    Économiste & enseignante-chercheure, Neoma Business School

Neoma Business School

.

Le premier ministre grec Alexis Tsipras, le 4 juillet 2018. Sakis Mitrolidis / AFP

Le grand jour est enfin arrivé : la Grèce sort officiellement du troisième plan d’aide financière signé en août 2015. Elle va voler de ses propres ailes, ou presque, étant donné qu’elle aura accès à une manne de 15 milliards au cas où l’accès au marché financier se complique. En échange de quoi, elle continuera à rendre des comptes à la Troïka, et ce jusqu’en 2022.

Pour autant, faut-il se réjouir pour la Grèce ? Pour l’Europe ? Rien n’est moins sûr… Pour se réjouir d’une telle nouvelle encore faudrait-il que cet épisode dramatique ait pu régler les problèmes qui l’ont engendré. La Grèce a-t-elle vraiment appris de la crise de la dette souveraine qui l’a terrassée économiquement ?

Une Europe moins solidaire que prévu

Rappelons que cette crise est née de la cumulation d’une politique budgétaire indisciplinée permise par des investisseurs étrangers persuadés que la dette grecque n’était certes pas équivalente en termes de qualité à la dette allemande, mais qu’elle ne poserait pas de défaut de paiement, étant donné que la Grèce est partie intégrante de la zone euro.

Pour preuve, l’écart de taux entre la dette grecque à 10 ans et celle de l’Allemagne était quasi nul avant la crise et, au plus fort, a atteint plus de 3 000 points de base. Comme jusqu’en 2010, le problème de la dette souveraine ne s’est jamais posé, les investisseurs ont supposé – à tort – que les pays membres de la zone euro seraient solidaires des dettes souveraines de ses membres et que le « bail out » était acquis.

La crise a montré que la question était plus complexe. Elle a même fait ressurgir les nationalismes les plus primaires. Les pays membres n’étaient pas tous prêts à assumer des erreurs de gestion des finances publiques – voire des malversations – commises par des dirigeants peu regardants.

Sur la route du pacte de stabilité

Si la zone euro encourageait ce comportement de passager clandestin, il fallait alors y remédier. C’est la position tenue par les pays du Nord, au premier chef par l’Allemagne qui a toujours été soucieuse de mettre des garde-fous pour éviter un tel comportement.

C’est elle qui avait insisté pour adopter le pacte de stabilité dont la vocation était d’assurer que les pays membres de la zone euro adoptent des politiques fiscales convergentes, le pacte limitant à 3 % du PIB le déficit public et à 60 % du PIB la dette publique. Consciente des conditions de réussite d’une zone monétaire optimale – similarité des cycles économiques des pays membres ou flexibilité des économies des pays membres pour pallier la diversité des cycles –, et du fait que les pays de la future zone euro ne les respectaient pas, il semblait indispensable de poursuivre sur cette route.

Le pacte de stabilité a bien été adopté, mais il a rarement été scrupuleusement respecté, les mécanismes de sanction n’ayant jamais été appliqués. De ce point de vue, la crise de la dette grecque a concrétisé pour l’Allemagne le scénario du pire qu’elle s’était tant employée à éviter. C’est sous cet angle qu’il faut décrypter la position « dure » de l’Allemagne depuis le premier plan d’aide alloué à la Grèce.

Pas de passager clandestin de la zone euro

Il est crucial à ses yeux d’envoyer un message aux pays membres : il ne peut y avoir de passager clandestin dans la zone euro. C’est ce qui explique son refus catégorique aujourd’hui d’effacer une partie de la dette grecque afin d’alléger le fardeau. Maintenir l’obligation d’honorer sa dette est un signal envoyé aux pays membres de la zone euro qui seraient tentés par l’indiscipline fiscale, mais c’est aussi une manière d’acculer la Grèce à procéder aux réformes de son économie – réformes nécessaires pour qu’elle converge avec le reste des pays membres.

Emmanuel Macron, Angela Merkel et Alexis Tsipras, à Bruxelles, le 11 juillet dernier. Benoît Doppagne/AFP

Au paroxysme de la crise grecque en 2015, il est apparu clairement que cette position « dure » de l’Allemagne n’était pas partagée par l’ensemble des pays membres avec une claire scission Nord-Sud. Cette scission est symptomatique du malentendu sur lequel s’est bâtie la monnaie commune, certains pays le voyant comme un projet économique et d’autres comme un projet politique.

C’est ce qui engendre, aujourd’hui, la résurgence des nationalismes. En effet, certains pays membres s’offusquent de la perte de souveraineté en matière de politique budgétaire, mais dans une zone monétaire optimale, la perte de souveraineté monétaire conduit nécessairement au renoncement de la pleine souveraineté fiscale afin d’assurer la synchronisation du cycle économique.

Les maux structurels de la Grèce ?

La Grèce est « tombée » en 2010 en raison de dépenses publiques irraisonnées au regard de ses capacités à collecter l’impôt. Au début des années 2000, la croissance économique exceptionnelle de la Grèce – une hausse annuelle moyenne de 4,2 % – a masqué l’insoutenabilité de la politique fiscale grecque – la dette grecque a systématiquement dépassé le seuil de 100 % du PIB depuis 1993. D’autant plus que les investisseurs, on l’a dit, achetaient volontiers sa dette supposant que son risque de défaut était faible étant donné son appartenance à la zone euro.

Les maux de la Grèce sont pourtant connus avant la crise : un secteur public surdimensionné représentant 40 % du PIB et 800 000 fonctionnaires – soit 16 % de la population active, et une économie souterraine évaluée entre 20 % et 30 % du PIB qui affaiblit la capacité de l’État à se financer par l’impôt.

L’économie grecque, très dépendante du secteur du tourisme et du transport maritime, est tout sauf ouverte à la concurrence. Elle est structurellement très éloignée de la moyenne des pays de la zone euro et, plus inquiétant encore, elle n’a pas profité de l’embellie économique des années 2000 pour procéder à des réformes structurelles lui permettant de converger vers la moyenne des états membres.

C’est donc sous la contrainte des plans d’aide européens qu’elle a dû le faire. La crise lui a coûté une perte de PIB de 25 % et a conduit à un chômage massif qui a atteint jusqu’à 27 % de la population active. Est-ce pour autant que la Grèce s’est transformée ?

Une Grèce transformée ?

Du côté du secteur public, la fonction publique a diminué de près d’un quart ses effectifs – ce qui n’a pas forcément conduit à une amélioration de son efficacité puisqu’elle doit parallèlement opérer une complète réorganisation. D’ailleurs, certains incriminent aujourd’hui les coupes budgétaires à marche forcée couplées à l’inefficacité de l’État à gérer de façon anticipée les incendies meurtriers et l’absence de la mise en place de plans d’évacuation clairs dans le drame que vit actuellement la Grèce.

Pour ce qui est de la collecte de l’impôt, son efficacité ne s’est pas améliorée depuis la crise, voire dans le cas de la TVA, elle s’est même détériorée à la suite de l’augmentation de son taux. Des réformes de simplification de l’impôt sur le revenu ainsi que la taxe sur la propriété ont été également effectuées. Compte tenu d’une culture où la fraude fiscale est un sport national, il faudrait presque recommander l’instauration d’une flat-tax à un taux faible pour inciter le paiement de l’impôt !

Pour le reste, la Grèce a procédé à de nombreuses réformes imposées par les créanciers lors du troisième plan d’aide en 2015, qui ont permis une plus grande ouverture à la concurrence de nombreux secteurs, avec parallèlement une réforme du marché du travail favorisant sa flexibilité et du système des retraites trop coûteux.

Sur le papier, la Grèce « a fait le job » exigé par la tutelle des créanciers, conditions nécessaires pour l’obtention des différentes tranches. Est-ce pour autant que la Grèce a changé ? Rien n’est moins évident.

Débat au Parlement grec, le 5 juillet 2018, lors du débat sur l’Europe et les résultats de l’Eurogroupe. Louisa Gouliamaki/AFP

La Grèce a un fonctionnement institutionnel différent de la moyenne des pays de la zone euro et les institutions ne se changent pas rapidement. Sans doute les réformes effectuées mettent le pays sur la voie de la convergence, mais s’il n’y a pas de relais interne pour continuer ce travail, il n’est pas certain que les changements structurels de fond se réalisent dans le long terme. Pour ce faire, il faudrait une véritable adhésion de la population et la crise de 2015 a montré qu’elle n’y est pas forcément favorable. En outre, la fuite des jeunes depuis 2010 – entre 350 000 et 400 000 jeunes entre 20 et 30 ans dont les deux tiers diplômés, aggrave la situation et compromet la croissance à long terme.

Une zone euro sortie grandie et plus mature ?

La crise grecque aurait pu être l’occasion pour les pays de la zone euro de clarifier leurs intentions sur le dessein de la monnaie unique. Malheureusement, c’est loin d’être le cas.

Depuis cet été tragique de 2015, les désaccords sont plus vifs que jamais au sein de la zone euro, et l’adhésion des peuples n’est pas là. Pour preuve, la récente arrivée au pouvoir en Italie de l’improbable coalition de l’extrême droite nationaliste et de la gauche antisystème… Le pire est-il vraiment derrière nous ?

Dans la valise des chercheurs : sexe, matrones et prostituées de la Rome antique

26 dimanche Août 2018

Posted by mirmandepatrimoines in Uncategorized

≈ Poster un commentaire

 

The Conversation

  1. Christian-Georges Schwentzel

    Professeur d’histoire ancienne, Université de Lorraine

Une peinture de Pompéi. Ier siècle apr. J.-C. Couple en action, la femme a gardé son soutien-gorge. Stephanecompoint

Dans son essai, Les Femmes et le sexe dans la Rome antique (Tallandier 2013), Virginie Girod, docteur en Histoire ancienne, nous offre un vivant panorama de la sexualité féminine à l’époque romaine. L’ouvrage est d’autant plus précieux que l’Antiquité sexuelle a envahi notre imaginaire, au moins depuis le XIXe siècle, à travers la peinture, puis au cinéma et, aujourd’hui encore, dans la BD et les téléfilms. On associe souvent l’Empire romain à des images sulfureuses et orgiaques.

Mais qu’en était-il en réalité ? Virginie Girod tente de répondre à cette question, sans pour autant dénigrer les fantasmes qui, dès l’Antiquité, se sont cristallisés sur la sexualité féminine. L’enquête est menée sur deux fronts qui constituent les deux faces du même sujet : l’historienne questionne la réalité quotidienne des femmes, nous guidant jusque dans leur intimité ; elle nous montre aussi comment les auteurs romains, tous masculins, ont construit, à travers leurs œuvres, une certaine image de la féminité correspondant à leurs désirs.

L’ouvrage est abondamment documenté. Virginie Girod exploite toutes les sources disponibles : de la littérature aux objets de la vie quotidienne, en passant par les œuvres d’art. L’ensemble est très agréablement écrit et facilement accessible. C’est une vaste fresque constituée de trois grands tableaux : « La morale sexuelle féminine » brosse les portraits de Romaines mythiques ; « Corps féminins et sexualité » affronte sans tabou les pratiques sexuelles ; « mère et putain » distingue les deux principales catégories de femmes dans la société patriarcale romaine.

Les Romains étaient-ils des obsédés sexuels ?

C’est ce qu’on pourrait croire, quand on contemple avec nos repères contemporains les nombreuses peintures érotiques découvertes à Pompéi. Longtemps, ces œuvres, comme d’autres objets jugés licencieux, ont été conservées à l’abri d’un cabinet particulier du Musée de Naples, dont l’accès était interdit aux femmes et aux enfants.

Mais cette pornographie antique, nous explique Virginie Girod, n’était pas ressentie comme obscène : « l’obscénité, sous la forme d’images ou de mots, pouvait revêtir des sens bien différents dans l’Antiquité. Ce qui est perçu comme obscène aujourd’hui pouvait alors avoir une valeur prophylactique ou cathartique », écrit l’historienne. En fait, l’obscénité n’existe pas en elle-même : c’est d’abord un regard, une représentation sociale. Par exemple, Les Fleurs du Mal de Baudelaire furent considérées comme impudiques lors de leur publication, avant de devenir un chef d’œuvre de la littérature française. À en juger à partir des nombreuses peintures retrouvées à Pompéi, on pourrait naïvement penser que la ville n’était qu’un vaste bordel. On y trouvait, certes, un lupanar décoré de tableaux pornographiques, mais beaucoup de demeures, plus ou moins riches, exposaient aussi des peintures lascives aux yeux de tous, résidents et invités. Il n’y avait pas de cabinet secret dans les demeures pompéiennes. Ce sont les auteurs chrétiens, comme Tertullien, qui bouleversèrent la vision de l’érotisme, transformant la célébration de la vie en une offense à la pudeur. « Sous la pression du christianisme, le corps érotique allait être de plus en plus dissimulé et dénigré ».

Romaines au pluriel : matrones et prostituées

La société romaine était fondamentalement inégalitaire. Aujourd’hui, les lois sont les mêmes pour tous. À Rome, tout dépendait du statut juridique de chaque individu : droits, devoirs et comportements différaient radicalement selon qu’une femme était épouse de citoyen ou esclave. Entre ces deux pôles gravitaient encore d’autres statuts plus ambigus, comme celui des affranchies, c’est-à-dire des esclaves auxquelles on avait rendu leur liberté, mais qui restaient tout de même soumises à leurs anciens maîtres.

Les femmes mariées, appelées matrones, devaient posséder trois qualités essentielles, précise Virginie Girod : la chasteté, la fidélité et la fécondité. Il ne s’agissait nullement d’abstinence sexuelle ; mais l’épouse, femme d’intérieur, devait se dévouer exclusivement à son mari. Lorsqu’elle sortait de la maison, elle se couvrait de vêtements amples qui dissimulaient ses formes, afin de bien afficher son indisponibilité sexuelle. La fertilité était vue comme la plus grande qualité physique des matrones ; les Romains admirant tout particulièrement celles qui avaient accouché plus de dix ou douze fois.

À l’inverse, les prostituées prenaient en charge la sexualité récréative et non reproductive. Elles étaient vues comme des objets sexuels. Elles avaient recours à divers accessoires afin d’augmenter leur potentiel érotique. La nudité intégrale ne semble pas avoir beaucoup excité les Romains qui préféraient les corps féminins ornés de bijoux ou cerclés de chaînes en or mesurant parfois plusieurs mètres de long. Ils aimaient aussi faire l’amour avec des filles uniquement vêtues d’un soutien-gorge. Il s’agissait sans doute de dissimuler des seins tombants ou trop volumineux, à une époque où les hommes appréciaient les petites poitrines dressées. Suivant une autre hypothèse, la pièce de tissu pouvait aussi exciter le partenaire masculin, en suggérant un déshabillage toujours en cours ; le soutien-gorge constituant une sorte de « dernier rempart », écrit l’historienne.

Des pratiques sexuelles codifiées

Les Romains, comme les Grecs, distinguaient deux types de partenaires érotiques : l’homme dominant qui pénètre sexuellement et la personne dominée qui est pénétrée, qu’il s’agisse d’une femme ou d’un jeune homme. Mais, contrairement à ce qu’on a parfois écrit, il ne s’agissait pas d’une opposition entre activité et passivité. Le dominant pouvait être passif et le dominé actif, comme la femme qui chevauche son amant selon une position nommée « cheval érotique ». Il est clair que la cavalière, pourtant vue comme dominée, était loin d’être inactive durant sa chevauchée.

Virginie Girod consacre un chapitre très détaillé aux pratiques sexuelles qu’elle évoque sans fausse pudeur. On y apprend que les Romains adoraient les baisers, plus ou moins suaves. Ils embrassaient fréquemment les prostituées sur la bouche en guise de préliminaires.

Le coït vaginal relevait surtout de la sexualité en couple, le but principal du mariage étant la procréation. Mais les prostituées ouvraient aussi leurs vagins à leurs clients, au risque, lorsqu’elles tombaient enceintes, de se retrouver temporairement indisponibles. Sodomie et fellation permettaient d’échapper à ces conséquences.

« Une épouse légitime et née libre n’avait pas à pratiquer la fellation ». Cette tâche était réservée aux prostitués et esclaves des deux sexes. Le fellator comme la fellatrix étaient socialement méprisés ; c’est pourquoi ces deux termes servaient d’insultes. Virginie Girod cite d’étonnants graffiti retrouvés à Pompéi, comme « Secundilla fellatrix » (« Secundilla la fellatrice »). Un équivalent de ce qu’on peut encore lire, de nos jours, dans les toilettes publiques. Plus surprenant encore : « Sabina fellas, non belle faces » (« Sabina tu fais des fellations, mais tu ne les fais pas bien »).

Cunnilingus pratiqué par un homme ; le corps de la femme est orné d’une chaîne en or croisée sous la poitrine. Peinture de Pompéi.

« Lèche-vagin »: l’insulte suprême

Si la fellation est vue comme dégradante, le cunnilingus est considéré comme pire encore, la personne qui le pratique se trouvant dans la position d’un chien. « Lèche-vagin » était l’une des pires insultes qu’on pouvait entendre à Rome.

Le poète latin Martial (Epigrammes IX), plaint un serviteur obligé de lécher sa patronne ; il en vomissait tous les matins. Certaines riches Romaines possédaient aussi des jouets sexuels vivants : elles s’achetaient de beaux esclaves qu’elles castraient afin de bénéficier du plaisir sexuel sans risquer de tomber enceintes, comme le raconte Juvénal (Satires VI).

On n’en dira pas plus. L’immense mérite du livre de Virginie Girod est de mettre en lumière, dans un style simple et agréable à lire, une histoire romaine intime et confidentielle souvent méconnue. Lecteur pudibond abstiens-toi.

Air toxique : un cocktail de molécules encore largement méconnu

25 samedi Août 2018

Posted by mirmandepatrimoines in Uncategorized

≈ Poster un commentaire

The Conversation

  1. Jean-Francois Doussin

    Professeur de chimie atmosphérique, Université Paris-Est Créteil Val de Marne (UPEC)

  2. Jorge Boczkowski

    Professeur de pneumologie, Université Paris-Est Créteil Val de Marne (UPEC)

  3. Patrice Coll

    Professor of Chemistry and Universe Sciences, Université Paris Diderot – USPC

  4. Sophie Lanone

    Directrice de recherche, Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm)

Université Paris-Est Créteil Val de Marne

Université Sorbonne Paris Cité

Université Paris-Est Créteil Val de Marne et Université Sorbonne Paris Cité apportent des fonds en tant que membres fondateurs de The Conversation FR.

Inserm

Université Paris Diderot

 

À Lyon. P.Desmazes/AFP

La pollution de l’air demeure l’un des principaux fléaux des temps modernes. Selon un rapport de l’OMS publié en 2016, 92 % des populations urbaines ne respirent pas un air sain ; un chiffre alarmant à l’heure où 53 % de la population mondiale vit désormais en ville (une part qui devrait être portée à 65 % en 2050).

Face noire de la révolution industrielle puis des « trente glorieuses », la pollution atmosphérique urbaine tend – en valeur absolue – à diminuer dans les pays occidentaux ; mais ses conséquences demeurent extrêmement sensibles sous l’effet de l’évolution des principales autres causes de mortalités (diminution des morts violentes, augmentation des décès dus au cancer, aux maladies du système nerveux et stagnation des décès liés aux maladies respiratoires dans un contexte de diminution du tabagisme).

ClientEarth@ClientEarth

In case you missed it, more than 4.5 million children in the UK are growing up in areas with toxic levels of #airpollution Unicef warned this week https://www.theguardian.com/environment/2018/jun/21/millions-of-british-children-breathing-toxic-air-unicef-warns …

6:02 PM – Jun 24, 2018

Millions of British children breathing toxic air, Unicef warns

More than 4.5 million affected, says UN group, while tests suggest children’s shorter height increases exposure on busy roads

theguardian.com

  • 46

  • 68 people are talking about this

Twitter Ads info and privacy

Dans les pays émergents, où suivre la même trajectoire que les pays industrialisés – fut-elle funeste – est parfois revendiqué comme un des droits à l’émancipation, la destruction de l’environnement atmosphérique est considérée comme une conséquence inévitable du développement industriel, de la compétitivité et de l’autonomie énergétique. En Chine, par exemple, la quasi-inexistence des normes environnementales a permis ces 20 dernières années un intense développement de l’industrie des biens manufacturés. La fréquence et l’importance des événements de pollution sont telles que la dégradation de la qualité de l’air devient problématique tant d’un point de vue politique qu’économique.

Enfin, dans les pays les moins avancés sur le plan économique, une production énergétique rudimentaire et décentralisée à l’extrême conduit parfois à des enfers atmosphériques. À Singrauli (dans l’État indien du Madhya Pradesh), par exemple, le développement rapide de centrales électriques rudimentaires au charbon, combiné à des émissions industrielles hors de contrôle, provoquent des niveaux records de pollution de l’air aux terribles conséquences. Cette situation a d’ailleurs conduit le tribunal vert indien a déclarer la région « zone de pollution critique ».

À l’échelle globale de notre planète, la pollution de l’air conduit annuellement à la perte de près de 4,5 millions de vies et de 120 millions d’années de vie.D’après Lelieveld et Poeschl, _Nature_ (2017), Author provided

Les causes structurelles de la dégradation de la qualité de l’air semblent si prégnantes, et les avancées scientifiques quant à la compréhension de ses déterminants si significatives, que l’on pourrait croire que seule manquent les volontés économique et politique de l’éradiquer.

Ce n’est que partiellement vrai. Si ces volontés demeurent réelles, la recherche scientifique n’a pas encore produit toute la connaissance dont nous avons besoin pour inverser la tendance, et donc limiter l’importance de la dégradation de la qualité de l’air dans les facteurs de risques environnementaux sur la santé humaine.

La pollution « secondaire »

Ces trente dernières années, les chimistes de l’atmosphère ont sans nul doute fait des progrès considérables quant à la compréhension de l’origine de la pollution atmosphérique et de ses processus physico-chimiques. Ils ont bâti des modèles numériques qui servent aujourd’hui à la prévision de la qualité de l’air.

Ils ont, en particulier, parfaitement identifié qu’en aval de la pollution directement émise dans l’atmosphère (dite « primaire ») se développe celle, plus pernicieuse, que l’on appelle « secondaire ». À l’origine des pics d’ozone que nous connaissons chaque été et de la majorité des épisodes de particules fines, ce type de pollution est le résultat des réactions chimiques multiples qui se déroulent dans l’environnement atmosphérique.

Cette pollution « secondaire » possède deux caractéristiques qui font de sa résorption un défi scientifique et sociétal.

Elle est, d’une part, beaucoup plus diffuse et donc beaucoup plus difficile à réguler. En effet, contrairement à ce qui a été réussi en Europe dans les années 1970-1980, avec la mise en place de technologies de réduction à la source (filtration des émissions industrielles, révision des procédés, desulfuration des carburants, etc.), la source de la pollution « secondaire » est géographiquement peu définie.

Elle est ensuite extrêmement complexe de par ses mécanismes : ce sont des milliers de composés chimiques différents qui sont émis dans l’atmosphère urbaine. Chacun d’entre eux se transforme selon des processus à la fois multiples et variables en fonction des conditions atmosphériques et météorologiques, donnant à leur tour des milliers d’espèces secondaires présentant toutes des propriétés physiques, chimiques et toxicologiques qui leur sont propres.

Des avancées scientifiques indéniables

Il faut toutefois saluer, malgré cette problématique complexe, les très importants progrès accomplis ces dernières années dans la description de la pollution atmosphérique.

L’émergence de nouveaux instruments « en ligne », tels que les spectromètres de masse pour aérosol permettant de caractériser cette pollution en temps réel. Ces instruments sont combinés à des techniques de chimie analytique de pointe qui permettent aux chercheurs d’identifier de nouvelles familles de molécules, de nouvelles fonctions chimiques, ainsi que de nouveaux types d’associations de molécules présentes dans l’air que nous respirons.

Mais, alors même que les impacts sanitaires sont la principale motivation de ces recherches, les chimistes de l’atmosphère peinent à observer les molécules responsables de ces effets. En effet, à part quelques-unes comme l’ozone, le formaldéhyde ou les PANs, ils manquent de cibles pour lesquels les effets délétères sur la santé humaine auraient été clairement identifiés.

Analyse d’un échantillon d’aérosol atmosphérique collecté en 2002 à Londres : chaque tache correspond à un ou plusieurs composés chimiques. Plus de 10 000 espèces distinctes extraites d’environ 10µg d’aérosol. _Atmos. Chem. Phys._, 4, 1279-1290, 2004

Parallèlement, les épidémiologistes ont eux aussi fait des progrès substantiels. Mené sur la santé de 39 millions d’habitants de 25 villes européennes, le programme APHEKOM a en particulier estimé que, si les niveaux moyens annuels de particules fines étaient ramenés à la valeur guide préconisée par l’OMS (soit 10 µg/m3), le gain d’espérance de vie à l’âge de 30 ans pourrait atteindre 22 mois.

Ce chiffre indique donc que le dépassement de la valeur préconisée par l’OMS pour les PM2,5 se traduit par près de 19 000 décès prématurés chaque année, dont 15 000 causés par des maladies cardio-vasculaires correspondant à un surcoût de dépenses de santé et d’absentéismes estimé à 31,5 milliards d’euros par an. Au-delà de l’aspect sanitaire, ce type de pollution impacte directement le régime de la sécurité sociale en France : entre 1 et 2 milliards d’euros par an, selon une récente étude.

Risques sanitaires multiples

La pollution atmosphérique dans son ensemble a été déclarée cancérigène en octobre 2013par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC). Là encore, les espèces chimiques responsables ne sont identifiées qu’approximativement.

Les particules fines – à savoir celles de taille inférieure à 10 µm pour les PM10 et à 2,5 µm pour les PM2,5 – ne sont qu’un état de la matière. Il est pourtant évident pour les chimistes et toxicologues que leur composition chimique est en lien direct avec leurs effets sur la santé, tant ces catégories peuvent recouvrir aussi bien des sels de mer, des poussières minérales mais aussi d’infâmes mélanges de composés organiques connus pour être toxiques a des concentrations sans rapport avec celles trouvées dans l’atmosphère, voire même contenant des métaux lourds.

Du coté des toxicologues, il apparaît que les patients présentant un état morbide (asthme, BPCO, obésité), ou à certains âges de la vie (enfants, patients âgés) ont une susceptibilité particulière à cette pollution. Des études récentes suggèrent en outre qu’une exposition à la pollution pendant la période intra-utérine, pourrait avoir des conséquences délétères sur la croissance fœtale et le développement (diminution du poids à la naissance, risque accru de naissance prématurée, etc.).

Confrontés aux mêmes limitations que leurs collègues épidémiologistes pour établir des mécanismes biologiques qui pointeraient vers des molécules responsables, ils se tournent aujourd’hui vers des études en laboratoire mais sont alors confrontés à la complexité de l’environnement atmosphérique, complexité que connaissent bien les chimistes de l’atmosphère.

Cinquante ans après la découverte du smog photochimique, l’élucidation de ses mécanismes et la mise en évidence de ses effets sont insatisfaisants : nous ne savons toujours pas quelles molécules sont responsables des effets sur la santé de la pollution atmosphérique. Même si nous découvrons l’incroyable multitude des polluants atmosphériques, nous ignorons toujours s’il y a des effets « cocktails » ou bien, à l’inverse, si certaines molécules particulièrement adaptées à certains récepteurs sont immensément plus toxiques que d’autres…

View image on Twitter

View image on Twitter

Élan transdisciplinaire

Une nouvelle ère peut aujourd’hui s’ouvrir du côté de la recherche. Il s’agit de combiner la compréhension du milieu atmosphérique dans lequel nous vivons – et les capacités de reproduire ce milieu en laboratoire qu’ont développées les chimistes de l’atmosphère – avec la méthodologie et la connaissance de la biologie humaine, développées par les toxicologues.

L’objectif commun est d’identifier de nouveaux descripteurs moléculaires à destination des épidémiologistes, et de nouveaux objectifs de calculs pour les modélisateurs de la qualité de l’air.

De cet élan transdisciplinaire devraient émerger de nouvelles cibles pour les agences de surveillance de la qualité de l’air, ainsi qu’une réglementation renouvelée pour de futures politiques publiques enfin éclairées quant à ce qui, dans l’air, empoisonne les populations.

Comment traquer les fausses bonnes idées en politique ?

24 vendredi Août 2018

Posted by mirmandepatrimoines in Uncategorized

≈ Poster un commentaire

The Conversation

  1. Adam Baïz

    Economiste, enseignant et doctorant sur l’innovation des politiques publiques, Mines ParisTech

 

Arrestation de la famille royale à Varenne en 1791, peinture de Thomas Falcon Marshall (1818-1878). Louis XVI aurait-il fuit s’il avait été équipé des bons outils de décision? Wikimedia

« Projetez-vous un instant… à la tête du gouvernement. Et vous souhaitez réformer la TVA, car il lui est reproché de pénaliser les faibles revenus. Quand on achète du pain par exemple, la TVA est de 5,5 %, pour tous, sans distinction. Alors autour de vous, vos conseillers rivalisent d’ingéniosité : Eh bien plafonnons le prix du pain ! Ou donnons des chèques alimentaires aux plus modestes ! Non, non… qu’ils mangent de la brioche ! Soudain, une idée retient votre attention : et si l’on mettait en place une TVA qui dépende précisément du revenu du consommateur ? Progressive, cette TVA vaudrait 0 % pour les plus modestes et monterait jusqu’à 40 % pour les plus riches. Ainsi, la même baguette de pain coûterait 1 euro à Léo, votre ami étudiant, et 1,40 euro à Léa, votre amie milliardaire… Parfait, il suffisait d’y penser ! »

C’est avec ces mots que j’ai commencé mon pitch lors de la finale 2018 Ma Thèse en 180 secondes. Parmi les 850 visages que les lumières du Théâtre National de Toulouse illuminent devant moi, je distingue quelques mines interloquées, et d’autres subjuguées par cette proposition séduisante. Mais j’entends aussi ici et là des rires sceptiques, que je comprends car, finis-je par dévoiler, cette TVA progressive est en fait une fausse bonne idée.

J’interpelle alors l’auditoire : « C’était évident ! me direz-vous. Certes ! Mais s’il s’agissait d’une politique dix fois, cent fois plus complexe, auriez-vous eu le même flair ? »

Tout l’enjeu est là. Sommes-nous capables, en dépit de la complexité croissante de nos politiques publiques, de traquer les fausses bonnes idées ?

Disposons-nous, nous les citoyens, les observateurs et les décideurs, d’une méthode pour les déceler, les caractériser et le cas échéant les corriger ?

Une chaîne de causalité

Dans le cadre de ma thèse au Centre de Gestion Scientifique (Mines ParisTech – PSL), nous nous étions donnés pour objectif de développer une telle méthode. Une méthode pratique et rigoureuse, qui serait au service de la délibération démocratique, et libre de toute normativité idéologique. Impossible ? Nous n’étions pas loin de le penser, au bout de mille recherches infructueuses, jusqu’à nous apercevoir que toutes les politiques publiques, quelle que soit leur complexité, ont un point commun : chacune d’elles met en interaction des acteurs selon une chaîne de causalité qui lui est propre. Par exemple pour la TVA : si vous achetez une baguette de pain, alors l’Etat oblige le boulanger à vous faire payer un supplément proportionnel à son prix.

Lire « A = un consommateur », « Ac₁ = acheter une baguette de pain », « A₂ = l’Etat », « Ac₂ = appliquer une contrainte légale sur le boulanger », « Ac₃ = payer un supplément proportionnel à son prix », tandis que la double flèche traduit l’idée d’effet certain. Adam Baiz, Author provided

Graphique n°1 : Une chaîne de causalité possible de l’instrument « taxe sur la valeur ajoutée »

Sous cet angle, bientôt qualifié d’algorithmique, il devient alors possible d’analyser rigoureusement la mise en œuvre de n’importe quelle chaîne de causalité : chaque acteur réalise-t-il l’action qui lui est assignée ? A-t-il l’influence souhaitée ? Par exemple, pour la TVA : à chaque fois que vous achetez une baguette de pain, le boulanger va-t-il systématiquement se soumettre à l’injonction légale et vous faire payer un supplément proportionnel à son prix ?

Au moindre biais ou obstacle pressenti, ou avéré, il s’agit ensuite de dessiner une nouvelle chaîne de causalité, ou de modifier les acteurs et les actions qui la composent. En traduisant ainsi l’évaluation et l’innovation des politiques publiques, cette approche algorithmique apparaît également comme un outil démocratique puisqu’elle obligerait les décideurs à révéler leurs intentions et à expliciter leurs représentations de la réalité technico-sociale. Chacun pourrait alors réagir, exprimer ses réserves ou émettre des contre-propositions.

Gare aux fausses bonnes idées

En ces temps où s’entrecroisent les urgences sociales, économiques, environnementales et budgétaires, l’innovation de nos politiques publiques est nécessaire. Elle est aussi à la mode. Alors prenons doublement gare à toutes ces fausses bonnes idées, celles qui semblent irréalisables (la loi interdisant les portables à l’école) ou de simples effets d’annonce (la loi contre les fake news), celles qui produisent des effets pervers (la loi sur le secret des affaires), ou celles qui sont conçues sans concertation avec les parties prenantes (… à vous de me dire !).

J’espère que ma thèse contribuera à stimuler, à l’Assemblée nationale, dans les conseils de quartier ou encore à l’ENA, le goût pour l’évaluation, l’imagination et la concertation autour des politiques publiques. D’ailleurs, quelle réforme de la TVA auriez-vous proposée, vous ?

Vidéo de la finale Ma thèse en 180 secondes.

2018-2022, chaud devant !

23 jeudi Août 2018

Posted by mirmandepatrimoines in Uncategorized

≈ Poster un commentaire

 

The Conversation

  1. Florian Sévellec

    Associate Professor in Ocean Physics, University of Southampton

University of Southampton

Les quatre prochaines années devraient être anormalement chaudes et viendront intensifier le changement climatique en cours. C’est ce qui ressort d’une toute récente étude que mon collègue Sybren Drijfhout et moi-même venons de publier.

Nous avons mis au point un nouveau dispositif de prévision, appelé PROCAST (pour « Probabilistic forecast »), dont nous nous sommes servis pour prévoir la variabilité naturelle du climat. Cette variabilité désigne la façon dont le climat évolue sur plusieurs années entre des phases chaudes et des phases froides ; cette variabilité est dite « naturelle » car elle se distingue de la tendance au réchauffement climatique global sur le long terme induit, par exemple, par les activités humaines.

PROCAST met ainsi en lumière la probabilité d’une phase de chaleur liée à la variabilité naturelle du climat pour la période 2018-2022.

Nos travaux, publiés dans Nature Communications, contribuent à améliorer notre capacité d’anticipation, des mois à l’avance, face à des événements tels que les vagues de chaleur ou de froid ; et l’on sait aujourd’hui combien les aléas climatiques ont un impact direct sur nos vies. Les vagues de chaleur peuvent, par exemple, entraîner une surmortalité et ce en quelques semaines seulement. Durant la canicule de 2003, la sécheresse avait notamment provoqué une baisse de la production de blé de 12 % au Royaume-Uni.

Quant aux hivers plus rigoureux, ils peuvent aggraver les infections respiratoires, ce qui ne manque pas de mettre sous tension les services hospitaliers et l’approvisionnement en médicaments. La demande pour les vaccins antigrippe varie ainsi très sensiblement en fonction des conditions météorologiques. La neige de l’hiver 2010 a par exemple pesé lourd sur l’économie britannique ; on estime à 690 millions par jour le coût de ces épisodes neigeux, au cours desquels la consommation de gaz a considérablement augmenté. Prévoir ce type d’événements saisonniers devient aujourd’hui crucial, pour être en mesure de s’y adapter de manière précoce et efficace.

Si les scientifiques ont réalisé d’importants progrès ces dernières années dans la compréhension et la modélisation numérique du climat, leurs découvertes n’ont pas encore permis de prévoir le climat d’une année à l’autre. Cette incapacité s’explique par le chaos déterministe qui caractérise le système climatique ; un phénomène devenu célèbre grâce au concept d’« effet papillon », qui décrit comment une minuscule erreur dans l’évaluation de l’état actuel peut avoir de sérieuses conséquences plus tard.

Retour sur l’épisode caniculaire qui a touché la France cet été. (Météo France/YouTube).

Le Graal des prévisions climatiques annuelles

Malgré ces difficultés, les grands centres de recherche et les services météorologiques nationaux intensifient actuellement leurs efforts pour permettre des prévisions climatiques précises et anticiper les variations du climat, une ou plusieurs années en avance. Au cœur de ces recherches, chaque équipe s’appuie sur son modèle climatique spécifique qu’elle a mis au point pour tenter de définir, en observant ce qui se passe aujourd’hui, à quoi ressemblera le climat de demain. Mais ces modèles n’étant malheureusement pas parfaits, il n’est à l’heure actuelle pas possible de prévoir de manière tout à fait efficace le climat des années à venir.

C’est ici que PROCAST entre en jeu. Car au lieu de nous appuyer sur un seul modèle climatique particulier, nous avons combiné une série de modèles utilisés dans le cadre du projet Coupled Model Intercomparison Project (CMIP5). Et PROCAST a pu très facilement « s’entraîner » en partant des simulations déjà réalisées par ces modèles.

Ceci présente deux avantages évidents. Premièrement, PROCAST permet de ne plus dépendre d’un seul modèle potentiellement biaisé. Deuxièmement, il améliore considérablement la vitesse à laquelle sont réalisées les prévisions. Une prévision qui réclamait en effet des calculs effectués par un supercalculateur pendant une semaine peut désormais être réalisée en quelques centièmes de seconde sur un ordinateur portable.

Pour vérifier la précision et la fiabilité de nos prédictions, nous avons mené une série de prévisions a posteriori. Notre système s’est avéré à la fois exact (prévoyant ce qui a eu lieu) et fiable (il n’a, en moyenne, pas prévu d’événements qui n’ont pas eu lieu).

La méthode utilisée dans le cadre du programme PROCAST permet d’évaluer la probabilité climatique pour les années à venir. François Lamidon, Author provided

Prévoir le futur ?

Notre étude établit ainsi qu’en plus du changement climatique imputable aux activités humaines, la variabilité climatique naturelle va provoquer une phase anormalement chaude pour les quatre années à venir : plus de 0,01 °C en moyenne pour la période 2018-2022 – avec plus de 0,02 °C pour 2018 et plus de 0,03 °C pour 2018-2019. Ces chiffres, qui peuvent sembler particulièrement faibles, sont en réalité comparables à l’intensité du réchauffement global vécu chaque année, si l’on fait la moyenne de ce réchauffement sur les 100 dernières années (1 °C en plus sur les 100 dernières années équivalant à 0,01 °C en plus par an).

Il est intéressant de souligner ici, en guise de conclusion, que la méthode PROCAST n’établit pas qu’une valeur spécifique mais bien une probabilité. Nos résultats indiquent ainsi que les années chaudes sont plus probables que les années froides pour la période 2018-2022. Nos recherches indiquent notamment que pour les deux années à venir, il y a 64 % de chance qu’il s’agisse d’années plus chaudes. Et pour les cinq prochaines années, PROCAST prévoit une forte baisse relative de la probabilité d’années extrêmement froides.

Apprentissage et responsabilité sociale de l’entreprise en Allemagne : l’un ne va pas sans l’autre !

22 mercredi Août 2018

Posted by mirmandepatrimoines in Uncategorized

≈ Poster un commentaire

The Conversation

  1. Julien Sellier

    MCF d’allemand, Faculté d’AEI, IMAGER, Université Paris-Est Créteil Val de Marne (UPEC)

Université Paris-Est Créteil Val de Marne

 

Jeunes Allemands dans une usine du Martin Bauer Group (phytopharmacie et tisanes) près de Nuremberg. Campus of Excellence/Flickr, CC BY-ND

Il est fréquent en France de faire référence au système allemand d’apprentissage et de le présenter comme un modèle d’une façon complètement décontextualisée.

Pourtant, les succès du système de la formation duale – qui connaît cependant aussi des difficultés – sont liés à une structure économique et à une culture d’entreprise particulières qu’il faut prendre en compte si l’on veut en comprendre les causes.

Des apprentis massivement formés par les entreprises du Mittelstand

Ce ne sont pas les plus grandes entreprises allemandes qui forment l’écrasante majorité des apprentis du pays ! En effet, une étude de la banque publique KfW publiée en août 2017 estime que 90 % des apprentis sont formés dans les entreprises du Mittelstand, soit environ 1,2 millions de personnes. Ces entreprises rencontrent cependant des difficultés à recruter, même si elles ont réussi à stabiliser leur nombre d’apprentis.

En effet, le déclin démographique allemand rend le recrutement de main-d’œuvre particulièrement ardu pour les entreprises (on peut noter qu’en 2017-2018 environ 10 000 réfugiés ont pu entrer dans le système de la formation duale), d’autant plus que les candidats potentiels n’ont pas toujours acquis à l’école les savoirs et compétences nécessaires avant d’entamer une formation en apprentissage.

De plus, même si l’apprentissage jouit en Allemagne d’une bonne réputation, de plus en plus de jeunes souhaitent poursuivre des études supérieures à l’université.

Toutefois, la part des bacheliers parmi les jeunes ayant signé un contrat d’apprentissage augmente régulièrement tandis que l’apprentissage se développe au niveau universitaire, alors que traditionnellement l’apprentissage concernait plutôt les jeunes aux compétences académiques les moins élevées.

Un Mittelstand marqué par le caractère familial des entreprises

Le Mittelstand regroupe des entreprises de tailles variées, puisqu’il comprend les petites et moyennes entreprises, les entreprises intermédiaires, jusqu’aux fameux « hidden champions » rendus célèbres par les analyses du professeur et consultant Hermann Simon.

Les critères quantitatifs ne suffisent pas à décrire de façon pertinente cet ensemble d’entreprises. En effet, une très forte proportion d’entre elles sont également des entreprises familiales. La fondation des entreprises familiales, die Stiftung Familienunternehmen, indique ainsi qu’en 2016 91 % des entreprises allemandes sont contrôlées par une famille, tandis que 87 % d’entre elles sont dirigées directement par leurs propriétaires.

Les spécialistes des entreprises familiales, tels que Birgit Felden et Andreas Hack, insistent sur l’importance de prendre en compte les dimensions psychologiques et sociologiques pour comprendre le fonctionnement (et les dysfonctionnements éventuels notamment lors des successions) de ces entreprises à la culture particulière. Les outils développés par les sciences de gestion bien qu’utiles ne suffisent pas à comprendre les particularités des entreprises familiales.

En effet, les dirigeants de ces entreprises ont souvent pour objectif de garder le contrôle sur l’entreprise afin de la transmettre à la prochaine génération. De plus, les valeurs familiales ont une forte influence sur celles de l’entreprise. Celle-ci porte souvent le nom du fondateur et doit donc adopter une stratégie orientée sur le long terme, faire preuve de responsabilité sociale, afin que les activités économiques ne mettent pas en danger la réputation de la famille dans la région.

Des « champions cachés » souvent implantés en région

Selon Hermann Simon, l’Allemagne compte environ 1 300 entreprises qu’ils qualifient de « hidden champions » de l’économie allemande. Il s’agit le plus souvent d’entreprises familiales, leader sur leur marché au plan mondial, et assez peu connu du grand public, car opérant sur un marché de niche qu’elles tentent de maîtriser le mieux possible en offrant à leurs clients des solutions sur mesure de haute technicité.

Or, ces entreprises, tel le champion de l’énergie éolienne Enercon à Aurich, ont bien souvent implanté leur siège social dans de petites villes de province. Il est donc impératif pour ces entreprises de s’engager fortement dans la formation de la main-d’œuvre et de la fidéliser.

En effet, il est essentiel de recruter parmi la population locale, dans la mesure où les jeunes des grandes villes sont peu disposés à venir s’installer dans ces localités. Les entreprises doivent dès lors développer divers dispositifs et organiser des campagnes de communication pour attirer les jeunes et leur offrir une formation de qualité. Le groupe Hauni a par exemple lancé un site web à destination des éventuels futurs apprentis en affichant son statut de « champion caché » dans la dénomination du site.

Il n’est pas rare que plusieurs membres d’une même famille, sur plusieurs générations, travaillent dans la même entreprise, une entreprise qui finance dans la région des manifestations culturelles, des organisations sportives ou bien des projets éducatifs ou sociaux afin de développer l’attractivité du site pour ses collaborateurs.

La responsabilité sociale inscrite dans la Loi fondamentale

Bien sûr, ces entreprises ne sont pas toutes des modèles, comme l’atteste par exemple le cas de l’entreprise Schlecker au comportement vis-à-vis de ses employés des plus critiquables.

Toutefois, la stratégie à long terme de nombreuses entreprises familiales a pour conséquence une gestion proactive des parties prenantes, d’où une politique active de formation du personnel et un engagement social au plan local affirmé, d’autant plus que cela rejaillit sur le prestige de la famille et que cela correspond aux intérêts bien compris de l’entreprise.

S’il est possible de noter parfois dans ces pratiques des relents conservateurs et/ou paternalistes, elles ne s’y réduisent pas. Il est important de préciser que les entreprises allemandes qui s’engagent dans l’apprentissage financent entièrement la formation se déroulant dans l’entreprise et organisent l’accompagnement du jeune apprenti par un maître d’apprentissage qui a été formé pour accomplir cette tâche (les jeunes apprentis fréquentent également régulièrement une école professionnelle financée par le Land où ils acquièrent des savoirs généraux).

Elles s’engagent donc pleinement dans la formation des jeunes Allemands (environ 11 % des entreprises du Mittelstand sont formatrices, elles sont très rares parmi les petites structures, mais la proportion d’entreprises formatrices s’élève à 75 % au-delà de 50 employés) : il s’agit pour elles d’un investissement essentiel au maintien de leur compétitivité et de leur capacité d’innovation qui reposent en grande partie sur les compétences de leurs collaborateurs.

Cette situation est à lire dans le cadre de l’ordre économique tel qu’il a été conçu et mis en œuvre dans l’après-guerre en Allemagne. En effet, l’article 14 de la Loi fondamentale, promulguée en 1949, fait très clairement état de la responsabilité sociale des entreprises : « La propriété engage. Son usage doit contribuer dans le même temps au bien de la collectivité ».

Une culture de la subsidiarité

Cette idée est liée à la culture de la subsidiarité allemande qui accorde une place importance à la responsabilité des acteurs, et où l’État, qui fixe uniquement le cadre général des activités économiques et du fonctionnement social, agit concrètement plus comme un médiateur ou un animateur qu’un arbitre comme l’analyse René Lasserre. Cela permet dans le domaine de la formation d’assurer une forte adéquation et adaptabilité des contenus de formations aux enjeux économiques.

← Articles Précédents
août 2018
L M M J V S D
 12345
6789101112
13141516171819
20212223242526
2728293031  
« Juil   Sep »

Stats du Site

  • 96 519 hits

Liens

  • Associations-patrimoines
  • La Fédération d'environnement Durable
  • Moelle Osseuse
  • Visite de Mirmande
août 2018
L M M J V S D
 12345
6789101112
13141516171819
20212223242526
2728293031  
« Juil   Sep »

Commentaires récents

Светлана dans Donald Trump cerné par les…
Paf dans Le bilan économique des années…
Hervé Brient dans « Apocalypse snow » : la délic…
Paf dans L’humiliation comme méthode di…
Le Soudanite dans Nutrition : pour bien vieillir…

Propulsé par WordPress.com.