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Archives Journalières: 01/12/2018

Gilets jaunes et journalistes : aux sources du rejet

01 samedi Déc 2018

Posted by mirmandepatrimoines in Uncategorized

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The Conversation

 

  1. Jean-Marie Charon

    Researcher, sociologist, École des hautes études en sciences sociales (EHESS)

 

Aux abords de la porte d’Auteuil, à Paris, le 17 novembre 2018. Lucas Barioulet / AFP
 

Des journalistes insultés, menacés, cibles de jets de pierre, sur les Champs Élysées, à Toulouse, dans la Drôme, etc. Tweets où fleurissent les « merdiasses » et autres « journalopes ». Vidéos de « gilets jaunes » où s’affichent la conviction que les médias sont aux ordres du gouvernement. Il serait possible de prolonger cette litanie des manifestations du violent divorce entre les acteurs du mouvement des « gilets jaunes » et les journalistes qui en rendent compte.

D’aucuns y voient un phénomène d’une ampleur inédite. Peut-on souscrire à ce constat et quelle analyse peut-on faire d’une situation qui semble s’installer alors même que mouvement social dans toute sa complexité est loin de s’éteindre ?

S’agissant d’un mouvement social composite et à l’écoute des témoignages, interviews, reportages, l’hypothèse qui paraît s’imposer est celle d’une coagulation d’expériences sociales et politiques qui courent sur plusieurs décennies, et au cours desquelles s’exprime avec force une contestation du travail des médias, jusqu’à prendre des formes de rejets physiques, de coups, de bris de matériels.

Divorce entre médias et revendication sociale

La première de ces expériences est celle de mouvements revendicatifs et de mobilisations sociales dans lesquelles s’exprime avec virulence la contestation des analyses qui dominaient dans la plupart des grands médias.

1995 est un moment particulièrement fort de ce clivage entre les commentaires bienveillants des éditorialistes à l’égard de la « réforme Juppé », alors que le pays va se trouver paralysé plusieurs semaines. Des intellectuels, à commencer par Pierre Bourdieu, viennent apporter une caution et surtout un cadre interprétatif à ce divorce entre média et revendication sociale.

Dans les années qui suivront, des crispations comparables se retrouveront. Les journalistes couvrant les mobilisations étudiantes ou syndicales de la décennie 2000 font alors le constat qu’ils n’ont plus accès aux AG et doivent suivre les cortèges des manifestations, à l’abri des forces de l’ordre, au moins pour les télévisions.

C’est ainsi qu’en 2008 les « Entretiens de l’information » proposaient une rencontre entre acteurs des mouvements et journalistes intitulée : « Quand les journalistes ne sont plus les bienvenus. » Et les échanges furent alors plutôt rugueux.

Le sentiment d’être stigmatisé et caricaturé

La seconde expérience est celle de crises sociales, violentes, à commencer par celles qui vont se développer dans les banlieues en 2005 et 2006.

Hors de tout encadrement ou représentation politique ou syndicale, ce sont les acteurs de terrain ou les populations dont ils sont issus qui vont dénoncer là, avec virulence, le sentiment d’être stigmatisés, caricaturés dans le traitement qui est fait des événements. Sans compter que les journalistes se voient reprocher de ne s’intéresser à ces territoires que lorsque la violence les embrase.

L’extériorité sociale des journalistes est dénoncée, assimilés aux milieux privilégiés, complices des pouvoirs (« Les Entretiens de l’information 2005-2006, École supérieure de journalisme de Lille »).

L’un des paradoxes n’est-il pas alors que le seul média à s’être immergé est alors suisse, L’Hebdo, qui fonde alors le Bondyblog. Média de terrain, qui reste un symbole de cette réconciliation difficile entre cette France de la diversité et les médias qualifiés désormais de « mainstream ».

Haro sur la pensée unique

La troisième expérience est politique et située à gauche. Son moment de cristallisation aura été celui du référendum sur la Constitution européenne de 2005. Celle-ci répète, dans des termes assez comparables, la rupture avec les éditorialistes qui soutiennent la Constitution. La contestation de cette analyse par plusieurs courants et personnalités de la gauche, débouche finalement sur le cinglant démenti de l’opinion qui optera pour le non.

Désormais des médias (à l’image du Monde Diplomatique), groupements (à l’image d’Acrimed et un temps de L’Observatoire français des Médias) sont autant de lieux de réflexion et de discussion, où sont dénoncés « pensée unique », « connivence » (notamment des journalistes politiques) avec les élites, sans parler de la concentration des médias (90 %) entre quelques mains.

Internet et les « réalités alternatives »

La quatrième expérience est également politique, plus ancienne, située à l’extrême opposé de l’échiquier politique, avec le Front national d’abord de Jean‑Marie Le Pen, voire des courants plus radicalisés.

Ici la critique, voire l’affrontement avec les journalistes sont installés depuis des générations, participant d’un phénomène qui se retrouve dans de nombreux pays d’Europe ou d’Amérique du Nord. Ces courants investiront très tôt l’Internet, contournant le paysage traditionnel des médias pour s’adresser directement aux pratiquants de ces nouveaux supports, surtout après l’arrivée des mouvements sociaux.

C’est dans cette mouvance que vont prendre corps des approches complotistes, en même temps que se fait jour un vocabulaire violent, insultant à l’égard des journalistes. La maîtrise de l’Internet se couple parfois avec « une réalité alternative » qui ne recule pas devant des manipulations de documents, d’images, de vidéos, sorties de leurs contextes, ou de la réalité des événements qu’elles prétendent relater.

Quand les politiques s’y mettent

Sans qu’il soit possible d’être ici exhaustif, une dernière expérience politique serait celle qui voit des personnalités politiques de premier plan, des responsables de partis, des candidats à des élections présidentielles adopter à leur tour une expression extrêmement virulente à l’égard de journalistes.

Que l’on se souvienne de déclarations de François Fillon mis en cause pour des emplois fictifs de ses proches. Le candidat Macron aime faire la leçon aux journalistes. Un pic est sans doute atteint lorsque Jean‑Luc Mélenchon en appelle à « pourrir la vie » aux journalistes des médias qui viennent de publier une enquête à propos de ses comptes de campagne.

Les politiques ont levé un tabou. Ils savent qu’ils surfent sur un fond de défiance à l’égard des médias, qui est plus large encore que ces différentes expériences évoquées plus haut.

Le surplomb traditionnel n’est plus de mise

Depuis 1987, le « Baromètre de la confiance des Français dans leurs médias » créé par la revue MédiasPouvoirs et la Sofres, publié chaque année, par La Croix, rappelle sensiblement les mêmes réalités : une personne sur deux ne croit pas que les choses se sont passées comme le disent les médias ; deux personnes sur trois ne pensent que les journalistes peuvent faire face aux pressions de l’argent ou des politiques ; la hiérarchie des sujets traités dans l’année fait l’objet de contestation.

Il faut dire que les publics, la société, auxquels les journalistes s’adressent ne sont plus les mêmes. La compétence et les sachants se sont largement diffusés et l’expertise des journalistes est régulièrement prise en défaut. Le surplomb traditionnel n’est plus de mise, de la part d’experts de nombreux domaines qui disposent de moyens d’expression, de discussion – des blogs aux réseaux sociaux.

Cette expertise peut être scientifique, intellectuelle, technique, mais également nourrie par l’expérience, s’emparant des mêmes outils à l’image de la maîtrise des outils numériques par les « gilets jaunes ».

Mais pourquoi une telle exaspération ?

Lorsque les syndicats, les partis politiques, les religions, les familles élargies, les organisations territoriales (communautés de voisinages), voire les entreprises et collectifs professionnels intègrent et accompagnent de moins en moins les individus dans leur quotidien, les médias deviennent toujours plus des ressources.

Qu’il s’agisse de santé, d’éducation des enfants, d’orientations ou choix professionnels, etc., les médias sont devenus toujours plus des ressources, voire les seules ressources à la disposition de chacun. Les sujets sont de plus en plus complexes et les rubricages, les magazines, les sites d’information ont accompagné cet élargissement du champ de l’information.

Aussi les questions de fiabilité, de traitement des personnes ordinaires, de hiérarchie de l’information deviennent cruciales. Dans Les journalistes et leur public – le grand malentendu, était soulignée cette émotion, cette sensibilité exacerbée à l’égard des erreurs, des contre-sens, du manque de rigueur. « Lorsque les médias se trompent, ils nous trompent et nous mettent en danger », pourrait-on dire.

Cette exaspération, cette colère est omniprésente aujourd’hui dans nombre d’expression de « gilets jaunes ». D’autant plus, qu’il s’agit d’un mouvement, d’une mobilisation sans cadre d’organisation, de référence et là encore les médias se trouvent placés dans une position paradoxale, à commencer par les chaînes d’information en continu. Ils sont l’espace nécessaire de représentation, de démonstration de la force et de la dynamique du mouvement et ils sont l’objet de l’exaspération de ne pas voir le mouvement traduit dans les termes mêmes des acteurs.

Imaginer des ponts entre journalistes et acteurs sociaux

Le problème se pose sans doute au plus mauvais moment pour les rédactions, celui de la tension maximum entre les contraintes liées aux fragilités des modèles économiques (avec des baisses d’effectifs), alors qu’il faut travailler sur toujours plus de supports, une amplitude horaire maximum, et cette montée des attentes, cette complexification du décryptage de la réalité du corps social.

Plus que jamais se pose la question d’imaginer des ponts entre journalistes et acteurs sociaux, d’expliquer le travail et les contraintes de ceux qui rendent compte des événements, de multiplier les « making of », d’éduquer aux médias, d’investir ces problématiques dans la durée, sans laisser retomber l’effort comme ce fut si souvent le cas au lendemain des mouvements et crises sociales par le passé.

Des traces de présence humaine de 2,4 millions d’années découvertes en Algérie

01 samedi Déc 2018

Posted by mirmandepatrimoines in Uncategorized

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The Conversation

  1. Mathieu Duval

    ARC Future Fellow, Griffith University

  2. Mohamed Sahnouni

    Archéologue et professeur au National Center for Research on Human Evolution (CENIEH), Burgos., National Center for Research on Human Evolution (CENIEH)

Griffith University

 

Exemple de traces d’activité anthropique trouvées sur le site d’Ain Boucherit (Algérie) : un nucleus en pierre à partir duquel des éclats coupants ont été extraits. M. Sahnouni , Author provided

L’étude des premiers peuplements humains préhistoriques du pourtour méditerranéen fait l’objet d’intenses recherches depuis de nombreuses décennies. Dans un article publié jeudi 29 novembre dans la revue américaine Science, nous apportons un nouvel éclairage sur cette question : des traces de présence humaine datées de 2,4 millions d’années ont été découvertes dans le nord de l’Algérie. Que révèlent-elles ? L’utilisation d’outils lithiques taillés (lithique signifie en pierre), dont on distingue les marques sur certains ossements fossiles. Un travail de boucherie a été opéré sur ces os. Ces traces d’activité sont les plus anciennes découvertes à ce jour sur tout le pourtour méditerranéen. Il aura fallu plusieurs années d’efforts de chercheurs de plusieurs disciplines (archéologie, géologie, paléontologie, géochronologie, taphonomie et archéozoologie) pour que ce travail puisse aboutir à cette publication. Des chercheurs issus de différentes institutions en Algérie, Espagne, France et Australie en sont les auteurs.

Exemple de traces d’activité anthropique trouvées sur le site d’Ain Boucherit (Algérie) : un os de bovidé avec des traces de découpes réalisées avec un outil lithique tranchant. I. Caceres, Author provided

Le site d’Ain Boucherit en Algérie

Ain Boucherit est situé au Nord de la ville d’El Eulma, dans la wilaya de Sétif, à quelques centaines de mètres du fameux site archéologique d’Ain Hanech, découvert à la fin des années 1940 par le paléontologue Camille Arambourg, et daté d’environ 1,8 million d’années. Les fouilles archéologiques et recherches associées menées par Mohamed Sahnouni et son équipe dans le secteur depuis 1992 ont permis de mettre au jour de nombreux gisements archéologiques et paléontologiques dont celui d’Ain Boucherit.

La région du site d’Ain Boucherit. Jordi Mestres, Author provided

Le gisement d’Ain Boucherit est composé de deux niveaux archéologiques différents appelés niveaux inférieur (AB-Lw) et supérieur (AB-Up). Dans les deux, on a trouvé des outils en pierre et des ossements fossiles. L’assemblage lithique est composé de plus de 250 pièces réalisées en calcaire ou en silex. Il s’agit de galets taillés (choppers, polyèdres et subspheroides), nucleus, éclats (dont certains sont retouchés) et autres fragments indéterminés. L’ensemble présente une unité technologique cohérente qui permet de le caractériser comme oldowayen (les spécialistes parlent aussi de Mode 1) : le terme désigne un ensemble d’outils lithiques relativement peu élaborés caractéristiques du Paléolithique inférieur.

Quant à l’assemblage fossile, il est composé de presque 600 ossements issus principalement d’éléphants, d’hippopotames, de rhinocéros, d’équidés et bovidés de petite et moyenne taille. Certains os présentent des traces de découpes par des éléments tranchants ou de percussion par un percuteur en pierre. Ce sont là des activités typiques de dépeçage, d’éviscération ou d’extraction de moelle. Ces éléments montrent qu’il y a plus de 2 millions d’années, les hominidés avaient déjà accès aux carcasses animales pour en extraire la viande et la moelle.

Comment Ain Bouherit a-t-il été daté ?

L’absence de minéraux et dépôts volcaniques empêche l’utilisation de méthodes de datations très précises telles que l’Argon-Argon ou la téphrochronologie couramment utilisée pour les sites du rift est-africain. Du coup, nous avons dû employer une autre approche, basée sur la combinaison de quatre différentes méthodes : la stratigraphie, le paléomagnétisme, la résonance paramagnétique électronique (RPE) et la biochronologie.

Chaque méthode apporte des informations complémentaires. Il nous a ainsi été possible de construire un cadre chronologique relativement cohérent et solide pour les niveaux archéologiques inférieur et supérieur d’Ain Boucherit. En particulier, le niveau supérieur a notamment pu être positionné au sein d’un intervalle de polarité magnétique normale identifié comme étant l’épisode Olduvai.

Quelques éléments d’explication à ce propos. L’orientation et l’amplitude du champ magnétique de la Terre à un endroit particulier varient avec le temps, et peuvent ainsi être utilisées pour dater des matériaux, des sédiments, des objets… Grâce à la chronologie de ces variations, nous savons que nous sommes, depuis 780 000 ans dans une période magnétique de polarité principalement positive (ou normale). La période précédente était caractérisée par une inversion de la polarité. Elle a commencé il y a 2,6 millions d’années mais elle a été entrecoupée par plusieurs brefs épisodes de polarité normale, dont Olduvai, qui est daté entre 1,78 et 1,94 million d’années (Ma).

Si l’on revient au site d’Ain Boucherit, le niveau archéologique inférieur étant situé plusieurs mètres en dessous au sein d’un intervalle de polarité inverse antérieur à Olduvai, il est donc plus ancien que 1,94 Ma. À partir de la position stratigraphique des niveaux supérieur et inférieur et en partant de l’hypothèse d’un taux de sédimentation constant, nous avons pu estimer des âges respectifs pour ces deux niveaux archéologiques d’environ 1,9 et 2,4 Ma.

Le gisement archéo-paléontologique d’Ain Boucherit en Algérie. Au premier plan, la fouille du niveau archéologique supérieur daté d’environ 1,9 million d’années ; au deuxième plan, le niveau archéologique inférieur (flèche rouge a la base de l’arbre) daté d’environ 2,4 millions d’années. M. Duval, Author provided

Les implications de cette découverte

Ces nouvelles découvertes à Ain Boucherit changent quelque peu notre perception de la chronologie et de la diffusion de la technologie lithique oldowayenne à travers l’Afrique et l’Europe. Son origine est-africaine semble pour l’instant clairement établie. Dans cette portion de l’Afrique, de nombreux sites de plus de 2 millions d’années ont été identifiés (article en anglais), dont les plus anciens à Gona en Éthiopie (2,6 Ma), bien antérieurs aux sites algériens.

L’industrie oldowayenne d’Ain Hanech, datée d’environ 1,8 million d’années, était considérée jusqu’à présent comme la plus ancienne d’Afrique du Nord. La découverte d’outils lithiques à Ain Boucherit repousse d’environ 600 000 ans en arrière l’arrivée des hominidés dans la région. Cela suggère soit une dispersion relativement « rapide » (ou du moins, beaucoup plus rapide qu’envisagée jusqu’à présent) de ce type d’industrie lithique depuis l’Afrique de l’Est vers l’Afrique du Nord, ou bien même, compte tenu des marges d’erreur sur les datations, son apparition multiple dans différentes régions d’Afrique aux environs de 2,5 millions d’années.

Enfin, ces nouvelles découvertes à Ain Boucherit témoignent d’un peuplement humain sur la marge sud du pourtour méditerranéen bien plus ancien qu’au Nord, puisqu’il apparaît désormais comme antérieur de presque un million d’années par rapport aux plus anciennes traces d’industries lithiques et de fossiles d’hominidés trouvées dans le sud de l’Europe et notamment en Espagne, à Atapuerca et Orce.

Mais qui sont les auteur·e.s de ces outils taillés ?

Les candidats hominidés connus à ce jour comme étant les possibles auteurs de ces outils lithiques et traces de boucherie sont peu nombreux et relativement méconnus. L’Afrique du Nord a livré très peu de fossiles, et les plus anciens restes trouvés à ce jour proviennent du site de Tighennif (anciennement Ternifine), situé à environ 600 km à l’ouest d’Ain Boucherit. Le site a livré dans les années 1950 trois mandibules, un pariétal et des dents humaines attribués à une nouvelle espèce Atlanthropus mauritanicus, aujourd’hui rattaché à Homo erectus ou bien Homo heidelbergensis selon les auteurs. Cependant l’âge estimé de ces fossiles (environ 700 000 ans) et le type d’outils lithique associé (de type Acheuléen ou Mode 2) diffèrent trop de ceux d’Ain Boucherit pour que l’hypothèse soit crédible.

Les fossiles d’hominidés répertoriés sur la marge Nord et Orientale du pourtour méditerranéen sont associés à une industrie lithique de type oldowayenne comme à Ain Boucherit, mais les chronologies sont ici beaucoup trop récentes pour effectuer une quelconque connexion avec ces gisements. Par ailleurs, les fossiles trouvés en Espagne de l’autre côté de la Méditerranée à Atapuerca Sima del Elefante et Barranco Léon datés respectivement d’environ 1,2 et 1,4 million d’années sont trop fragmentaires ou isolés pour pouvoir être attribués clairement à Homo antecessor, la plus ancienne espèce d’hominidés identifiée en Europe de l’Ouest et datée de 0,8 Ma. On a donc pour l’instant très peu d’information sur les plus anciens occupants de ce continent.

Les meilleurs candidats sont probablement à chercher en Afrique de l’Est. Plusieurs espèces d’hominidés ont été retrouvées soit en association avec des industries oldowayennes, soit dans des dépôts de plus de 2 millions d’années, c’est-à-dire dans un intervalle de temps proche de celui d’Ain Boucherit. Au sein de la lignée du genre Homo, il convient de mentionner Homo habilis ou bien Homo rudolfensis, même si d’autres représentants du genre ne peuvent être exclus. Par exemple, la découverte d’une mandibule partielle à Ledi-Geraru en Éthiopie a repoussé l’apparition du genre Homo à au moins 2,8 Ma. Elle n’a pour l’instant pas pu être rattachée à aucune des espèces connues a ce jour. À noter également que plusieurs espèces d’australopithèques ou de paranthropes ont été retrouvées sur certains sites oldowayens et pourraient donc potentiellement être les auteurs de ces outils lithiques. Certains spécialistes n’excluent pas cette possibilité même si les représentants du genre Homo sont généralement perçus comme de meilleurs candidats du fait de certaines caractéristiques crâniennes et dentaires qui indiqueraient une plus grande capacité cognitive.

Il y a donc plusieurs candidats possibles pour les découvertes réalisées à Ain Boucherit. Mais précisons qu’aucune des espèces citées n’a encore été trouvée en Afrique du Nord. Il est également possible qu’il s’agisse d’une espèce d’hominidé qui n’ait tout simplement pas encore été identifiée. Il convient donc pour le moment d’avancer avec prudence sur ce sujet en attendant de nouvelles découvertes.

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