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Archives Journalières: 06/12/2018

Débat : Derrière la crise des « gilets jaunes », l’échec de l’université de masse ?

06 jeudi Déc 2018

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The Conversation

  1. Claudio Galderisi

    Professeur de langues et littératures de la France médiévale, Université de Poitiers

Région Nouvelle-Aquitaine

 

Depuis des décennies, en Occident, l’« économie de la connaissance » ne s’est pas conjuguée avec un partage des codes permettant la compréhension du nouveau monde.EQRoy/Shutterstock

La France est secouée et fascinée par le mouvement des « gilets jaunes », comme elle l’a toujours été par les révoltes qui en ont jalonné l’histoire. Elle craint ou espère y reconnaître l’éternel retour de la Révolution, qui a façonné sa spécificité française dont elle est fière. Le pays veut montrer une fois de plus au monde les vertus de la rébellion. C’est ce qui explique sans doute le mieux le soutien massif des Français à d’autres Français. Mais les uns et les autres ont sans doute tort cette fois. Non pas d’exprimer leur souffrance, par moments leur ire, mais de croire que ce mouvement de protestation est uniquement l’expression d’une histoire nationale.

La crise a évidemment des causes françaises, qui n’expliquent cependant pas tout. Depuis des décennies, en Occident, l’« économie de la connaissance » ne s’est pas conjuguée avec un transfert équilibré des savoirs, avec un partage des codes permettant la compréhension du nouveau monde. En conséquence, a été rendue impossible une critique libre de ce qu’Alain de Libera a appelé les faux prestiges et les vrais savoirs.

L’incommunicabilité croissante entre ceux qui croient tout savoir et ceux qui pensent que le savoir des élites n’est qu’une forme d’oppression déguisée mine les sociétés occidentales. Elle peut être la source de conflits dont nous ignorons encore toutes les conséquences. Les « sachants » ont évidemment tort de se croire infaillibles, car ce qui est le propre des sciences n’est pas l’absence d’erreurs mais la capacité à se remettre en question et à s’autocorriger. Les déshérités de la mondialisation s’illusionnent en pensant que faire tomber du piédestal ceux qu’ils perçoivent comme des rentiers du savoir suffirait à améliorer les états du monde et leur vie au quotidien.

Promesses déçues

Le monde occidental avait pourtant créé dans les années 1970 l’instrument qui aurait dû lui permettre de renouer le pacte intellectuel et scientifique, en faisant communiquer les savants et les moins savants : l’université de masse. L’université, accueillant de plus en plus d’étudiants d’une même classe d’âge, devait être le creuset et le levier d’une nouvelle chaîne du savoir, capable de garantir le partage progressif et critique des codes intellectuels et scientifiques.

Comment ne pas constater aujourd’hui que cette université est en train d’échouer dans presque tous les pays qui ont donné à cette institution quasi millénaire ses origines et ses lettres de noblesse ? Les élites d’Harvard, Stanford, Princeton ou Columbia n’ont ni réussi à partager leur savoir avec les laissés-pour-compte américains de la mondialisation, ni à les convaincre que la culture est le seul remède contre l’exclusion non pas des autres mais d’eux-mêmes. Les classes aisées issues d’Oxford, Cambridge ou de la London School of Economics ont échoué à persuader leurs concitoyens que, selon la formule consacrée, le brouillard dans la Manche n’isolait pas le Continent mais plutôt leur île.

Les professeurs de Bologne, l’« Alma mater », la première université, ou de la Scuola Normale de Pisa n’ont été ni écoutés, ni entendus lorsqu’ils ont essayé d’expliquer à leurs compatriotes que l’Italie ne se conçoit pas sans l’Europe, pas plus que l’Europe ne serait pas sans la Péninsule. De même, les intellectuels de la Sorbonne, du Collège de France, de l’École normale supérieure et des autres lieux du savoir, n’ont ni les moyens, ni sans doute l’intention, de se faire entendre par les Français qui ne les comprennent pas.

Une fracture culturelle

La chaîne du savoir est distendue et les médiateurs intellectuels, scientifiques et culturels que devraient être les millions de diplômés des universités ne sont plus capables d’assurer leur rôle de passeurs. Ce serait à eux, non pas d’expliquer la vérité des élites, qui peut être discutée et critiquée, mais de contribuer à la compréhension et à la discussion des nouvelles réalités.

On parle beaucoup de la fracture territoriale ou de la fracture sociologique qu’opposerait deux France, mais en écoutant les uns et les autres il apparaît que la fracture cognitive, l’impossibilité de confronter des savoirs si différents et de plus en plus autoréférentiels, est encore plus grave et plus porteuse d’incompréhension, et implicitement de violence, que les autres fractures sociales.

Elle l’est d’autant plus que les moyens d’information, Internet, les réseaux sociaux produisent un savoir qu’aucune critique de la méthode et des contenus ne philtre ni valide. Umberto Eco avait, parmi les premiers, alerté sur la déformation des esprits et du réel que les réseaux sociaux sont en train de produire. En même temps, la fréquentation à la hausse des sites Internet traduit aussi une demande d’information et de connaissance, à laquelle les lieux du savoir n’ont su répondre.

Si l’université française n’a ni favorisé un nouveau pacte culturel, ni assuré son rôle d’ascenseur social, ni même endigué le chômage de masse, c’est aussi parce que elle s’est progressivement transformée en une agence de l’employabilité immédiate. L’insertion professionnelle, liée à des compétences, par essence destinées à se périmer vite, est devenue son horizon principal.

Le malentendu de l’employabilité

On a confondu la vocation des filières professionnelles, qui doivent former prioritairement aux métiers du présent, et la mission de formations universitaires, qui doivent préparer aux professions de demain. Ce sont la transmission exigeante du savoir et le partage d’une méthode critique qui offrent à la fois la garantie la plus sûre d’une insertion professionnelle digne des efforts consentis et la capacité de comprendre, de s’approprier, de transformer et enfin de relayer les connaissances nouvelles.

En oubliant les vertus de la formation tout au long de la vie, on a contribué à former des travailleurs mal payés, des chômeurs potentiels, des exclus en puissance. Ce ne sont pas eux qui forment pour l’essentiel les rangs de la contestation actuelle, mais ce sont eux qui soit soutiennent des modalités d’action potentiellement dangereuses pour la démocratie, soit sont dans l’incapacité de dialoguer aussi bien avec les élites qu’avec ceux qui n’ont pas pu poursuivre leurs études.

En privilégiant un savoir de plus en plus lié à des compétences vites caduques, l’université n’a plus exercé véritablement sa mission d’incubateur et de creuset intellectuel et scientifique, et donc son rôle de liant culturel, social et moral. Or notre monde moderne manque cruellement de ces chaînons civiques que devraient être des diplômés des universités formés à la connaissance comme à une réalité qui mue.

Miser sur un pacte de la connaissance

Ce sont ces « classes moyennes du savoir » qui devraient être le trait d’union entre la communauté des médailles Fields et des prix Nobel et la France de ceux qui possèdent des compétences les condamnant de plus en plus à être exclus du monde moderne. Convaincre ces outsiders à devenir des insiders, à bénéficier d’une formation tout au long de la vie est une priorité pour la France. Elle réussira d’autant plus qu’elle sera accompagnée dans cette œuvre par ces corps intermédiaires du savoir que sont les diplômés des universités.

« Indocti discant et ament meminisse periti », rappelle un poète oublié du XVIIIe siècle, le Président Hénault ; si l’on veut que ceux qui ne savent pas apprennent et que ceux qui savent se souviennent que leur savoir est aussi mortel que leur corps, si nous souhaitons que toutes les communautés françaises communiquent, se comprennent et se respectent, il faut que l’école assure un apprentissage rigoureux des « savoirs premiers ».

L’université pourra alors à nouveau être le lieu qui garantit la pérennité du pacte de la connaissance, sans lequel aucune nation ne peut prospérer et l’humanisme ne peut fructifier. Il ne s’agit pas d’une énième réforme, d’une demande de nouveaux moyens pour les facultés françaises, mais d’affirmer clairement que le savoir est le seul antidote contre l’inégalité des chances, le seul bien qui garantisse une réussite tout au long de la vie.

Un tel discours ne peut être la réponse immédiate apportée aux angoisses et aux revendications de ceux qui crient leur mal de vivre, mais c’est sans doute la seule voie qui peut assurer à l’avenir la cohésion intellectuelle et culturelle du pays, sans laquelle nous sommes tous condamnés à l’échec.

Deux ou trois choses dont je suis presque certain à propos des « gilets jaunes »

06 jeudi Déc 2018

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The Conversation

  1. Laurent Mucchielli

    Directeur de recherche au CNRS (Laboratoire méditerranéen de sociologie), Aix-Marseille Université

 

Sur un rond-point, à Blois, le 24 novembre 2018. Guillaume Souvant/AFP

À la différence de la plupart des commentateurs que l’on peut entendre tous les jours donner leurs avis dans les médias, il est difficile pour un chercheur de s’exprimer sur un sujet sur lequel il n’a pas enquêté. L’enquête en sciences sociales n’a en effet pas grand-chose à voir avec les reportages télévisés que l’on peut voir ou revoir en quelques clics sur Internet, ni avec les verbatim rapportés ici et là par les journalistes et dont on ne peut pas présumer de la représentativité à l’échelle nationale, ni même à l’échelle locale d’ailleurs.

Plutôt que de se précipiter pour mettre des mots d’allure savante sur des choses mal connues, ou pour fournir des interprétations toutes faites informant davantage sur les représentations de leurs auteurs que sur la réalité qu’ils prétendent éclairer, on souhaite ici partager simplement quelques enseignements tirés d’une expérience de sociologue ayant, dans un passé récent, travaillé sur diverses formes de violences sociales et politiques (notamment les émeutes), ainsi que sur les stratégies sécuritaires (notamment le maintien de l’ordre) déployées à leur encontre par les pouvoirs publics.

Mettre à distance la fascination-sidération-répulsion pour la violence

« La violence » n’est pas une catégorie d’analyse, ni un ensemble homogène de comportements. C’est une catégorie morale. La violence, c’est ce qui n’est pas bien. Dès lors, on comprend que le spectacle de la violence produise des effets de sidération-fascination-répulsion qui empêchent de penser. De fait, les analyses que l’on développe généralement à partir de là sont, en réalité, triviales, donc sans intérêt.

Qu’une partie des gens soient capables de comportements violents est trivial. Nous en sommes tous capables dans certaines circonstances. Et en l’occurrence, des circonstances sont réunies. Ce sont donc ces circonstances et non ces violences qu’il faut analyser.

Que dans des grandes manifestations organisées à Paris les samedis se greffent des petits groupes venant régler leurs comptes avec l’État (les « casseurs ») ou d’autres venant profiter du désordre pour se remplir les poches (les pillards) est trivial. Cela se produit presque toujours (rappelons que la loi « anti-casseur » date de 1970). Et cela reste marginal – n’en déplaise à celles et ceux qui aimeraient pouvoir distinguer les « bons manifestants » (traduisez : les gentils) des « mauvais manifestants » (traduisez : les méchants). Ce découpage manichéen est infantile.

Dans ce genre d’événements, les circonstances sont déterminantes et tel manifestant par ailleurs « bon père de famille » peut se retrouver en comparution immédiate pour avoir jeter un pavé sur des CRS alors qu’il n’était pas venu manifester pour ça et que c’est la première fois de sa vie que ça lui arrive (voir les articles sur les profils très divers des personnes présentées à la justice à Paris comme en province). D’où, d’ailleurs, l’importance des stratégies policières de maintien de l’ordre sur lesquelles on reviendra à la fin de ce texte.

Cette concentration des discours politiques et journalistiques (à quelques notables exceptions près) sur « la violence » est donc un obstacle – volontaire ou involontaire – à l’analyse de la situation. C’est le moyen de délégitimer globalement les manifestants. La chose est classique. Nous l’avons constaté à d’innombrables reprises dans le passé avec les émeutes de banlieue. Et c’est un peu la même chose qui se reproduit ici, avec pour principale différence le fait que les émeutiers viennent défier le pouvoir dans les beaux quartiers de la capitale plutôt que de s’autodétruire dans leur coin.

Surpolitisation, un premier écueil qui empêche de penser

Le succès du mouvement des gilets jaunes ne peut que susciter la convoitise dans l’univers de la compétition politico-électorale. Toutes ces tentatives pour récupérer à leur profit la colère qui s’exprime sont aisément repérables et doivent être écartées. Il est évident que la colère est spontanée, qu’elle est partie de dénonciations de la hausse du prix des carburants mises en ligne et propagées dans les réseaux sociaux par des personnes qui n’ont, à aucun moment, agi au nom d’un quelconque mouvement politique ni même d’une quelconque idéologie.

Pour les mêmes raisons, il faut écarter les discours de celles et ceux qui profitent de ces tentatives de récupération politique pour déconsidérer le mouvement. Du genre : « les gilets jaunes sont noyautés par l’extrême droite » (ou par l’extrême gauche). Ce mouvement est un mouvement populaire, au sens des classes populaires et des petites classes moyennes qui composent la majorité de la population.

Qu’une partie des personnes qui composent les gilets jaunes aient, par ailleurs voté, pour Marine Le Pen ou pour Jean‑Luc Mélenchon à la dernière élection présidentielle est accessoire. Les plus précaires d’entre eux se sont, du reste, probablement plutôt abstenus. Rappelons, en effet, que l’abstention au second tour en 2017, en moyenne de 25 % – ce qui était inédit sous la Ve République (de même que le nombre de votes blancs et nuls) –, a atteint 32 % chez les ouvriers, 34 % chez les personnes gagnant moins de 1 250 euros par mois et 35 % chez les chômeurs.

Second écueil à éviter : la dépolitisation

Après la surpolitisation, la dépolitisation. C’est sans doute une variante du même mépris de classe (en tous cas de la même distance sociale) qui fait dire à certains commentateurs que les gilets jaunes n’ont, au contraire, aucune conscience politique et rien d’autre à dire que « l’essence est devenue trop chère » (voir en ce sens la première étude des contenus électroniques des sites des gilets jaunes).

À Frontignan (Hérault), le 3 décembre 2018.Pascal Guyot/AFP

De tels jugements, d’une part, mésestiment l’importance de ces variations de prix dans la vie quotidienne d’une partie de nos concitoyens, de même que l’importance pour eux de la voiture à la fois pour aller travailler en semaine et pour se promener en famille le week-end. D’autre part, ils mésestiment l’intérêt pour la chose politique qui habite la majorité de nos concitoyens quand bien même ils n’ont pas toujours les facilités de langage ou la confiance en soi nécessaires pour s’exprimer devant une caméra de télévision ou prendre la parole dans une réunion publique.

Les enquêtes d’opinion indiquent régulièrement que le problème n’est pas l’absence d’idées politiques de nos concitoyens mais le décalage grandissant – pour ne pas dire le gouffre béant – qui sépare ces idées de la compétition électorale et de la gouvernance politique qui en résulte, donnant ainsi l’impression à la majorité de ces mêmes citoyens que les responsables politiques se moquent d’eux et que la démocratie ne fonctionne pas.

Le fait que les commentateurs du débat public – élus, journalistes de plateaux, chroniqueurs, « experts » invités – soient presque tous parisiens n’est pas insignifiant. Il contribue à expliquer la mésestimation du rôle global et du budget de la voiture dont on vient de parler. Mais il explique sans doute aussi la mésestimation du soutien que reçoit le mouvement des gilets jaunes dans la population. Les sondages sont certes clairs à ce sujet, mais le résultat d’un sondage reste une information en soi abstraite.

Pour qui circule tous les jours en voiture, et pâtit bien entendu de tous les bouchons occasionnés par les occupations de rond-point, le très large soutien dont bénéficient les gilets jaunes est une évidence concrète qui s’entend (par les coups de klaxon) et se voit (par la présence d’un gilet jaune posé derrière le pare-brise des voitures, les appels de phare et les saluts de la main donnés par les automobilistes au passage des barrages filtrants). À nouveau, comme dans les émeutes, si seule une minorité agit, une majorité les approuve plus passivement. Et cette approbation joue un rôle très important dans le sentiment de légitimité morale que ressentent ceux qui agissent.

Prendre les citoyens au sérieux, replacer l’événement dans les structures

La colère des gilets jaunes doit donc être prise au sérieux. Et elle ne devrait pas surprendre. Elle s’inscrit en effet dans une évolution à la fois économique (le recul ou la stagnation du pouvoir d’achat), sociale (le creusement des inégalités, les difficultés du logement, de l’accès à l’université, la disparition des services publics de proximité…), territoriale (le déclassement réel ou ressenti des habitants des périphéries, des périurbains et des ruraux) et politique.

Cette dernière (l’évolution politique) est double puisqu’il s’agit à la fois du discrédit croissant des élites (tant politiques que journalistiques du reste) et de la crise de l’offre politique qui a abouti, en 2017, à un paroxysme dont on n’a peut-être pas assez réfléchi les conséquences.

Qu’Emmanuel Macron ait été élu par défaut ou par un concours de circonstances est une évidence que sa mise en scène d’un présidentialisme exacerbé ne rend que plus grotesque et énervante. Mais, au passage, les formations politiques classiques de gauche et de droite semblent avoir sombré durablement, et avec elles une partie de leurs relais syndicaux et associatifs. Du coup, la distance est maximale entre, d’une part, un pouvoir politique perçu comme l’appropriation des institutions par une petite élite parisienne de technocrates et de rentiers du monde économique et financier et, d’autre part, un « peuple » ou une « base » se retrouvant plus que jamais sans corps intermédiaires et sans médiation avec ce pouvoir politique.

Le désarroi des élus locaux – qui s’exprime notamment lors de leurs congrès annuels – est en ce sens révélateur et inquiétant. Il est du reste passé trop inaperçu, ou bien a été lui aussi trop vite ramené à de simples questions de fiscalité. Qu’un maire sur deux déclare être à bout et ne pas vouloir se représenter aux prochaines élections municipales, en 2020, est un fait qui peut également être pris comme un signal d’alarme.

Apaiser la colère plutôt que l’exacerber

Dans un tel contexte, la moindre des choses semble d’essayer d’apaiser la colère plutôt que de l’exacerber. Et de ce point de vue, même si les informations que l’on peut réunir à ce sujet sont partielles, deux choses semblent tout de même assez claires.

Le premier ministre, Édouard Philippe, le 4 décembre, à Paris. Ludovic Marin/AFP

La première est que le pouvoir politique serait bien avisé de donner à ses forces de maintien de l’ordre les mêmes consignes claires de retenue et de stratégie de désescalade que celles qu’il a manifestement données aux forces locales de police et de gendarmerie par le biais des préfectures. Le contraste est en effet saisissant entre l’inaction voire la relative bienveillance des policiers et des gendarmes sur les ronds-points de nos villes et villages d’une part, et ce qui s’est passé ces deux derniers samedis à Paris.

Entendons-nous bien : que la situation soit particulièrement compliquée pour les forces de l’ordre à Paris est une évidence. Ils ont peu de renseignements en amont, doivent gérer des multitudes de petits groupes différents et en partie imprévisibles, interviennent sur des quartiers ouest-parisiens qui ne sont pas les lieux habituels des manifestations, redoutent à juste titre l’infiltration de « casseurs » et pillards… Mais la bonne réponse est-elle de tirer les premiers ?

Nombre de témoignages de gilets jaunes signalent que, samedi dernier, à Paris, ils ont été attaqués à la grenade lacrymogène par des policiers dès le début de la matinée, lors même qu’ils se rendaient tranquillement aux points de rassemblement validés par la préfecture de police. Cela s’appelle de la provocation. Et le résultat est nécessairement de mettre ces manifestants encore plus en colère, pour ne pas dire en rage.

Quelle est donc la stratégie ? La tenue à distance ou la provocation ? La canalisation ou la nasse ? Le contrôle ou la charge ? On aimerait le savoir, plutôt que d’entendre simplement les journalistes répercuter la fatigue et la souffrance (bien compréhensibles) des policiers. Comme d’habitude, on connaît bien le nombre de blessés parmi les forces de l’ordre, mais on s’attarde beaucoup moins sur celui des manifestants (qui n’ont pas de syndicats pour les recenser de façon exhaustive).

Pourtant, le nombre de grenades tirées est semble-t-il inédit (14 000 en une seule journée selon l’AFP), et on note que les CRS et les gendarmes mobiles continuent à faire un usage extensif des pistolets Flash-Ball et autres lanceurs de balles en caoutchouc dont la dangerosité et finalement l’inutilité sont reconnues non seulement par les chercheurs, mais aussi – et depuis plusieurs années – par le Défenseur des Droits (qui a clairement demandé l’arrêt de leur usage dans les manifestations), et même par l’Inspection générale de la police nationale (IGPN, dans son rapport de 2015).

Samedi 1er décembre, il est possible que, débordés le samedi précédent, CRS et gendarmes mobiles aient voulu au contraire faire une démonstration de force. Si une telle consigne avait été donnée politiquement, ce serait une faute. Et si une telle consigne n’avait pas été donnée politiquement, alors on peut se demander qui dirige la police ?

Enfin, une deuxième chose semble assez claire, c’est que le pouvoir politique ne doit pas attendre (espérer ?) un pourrissement de la situation pour faire la seule chose qui ramènera le calme et lui permettra de reprendre par la suite la main pour préparer plus sereinement l’indispensable transition écologique (qui n’en est hélas plus à deux mois près) : donner clairement raison aux gilets jaunes sur leurs revendications immédiates relatives au pouvoir d’achat.

L’absence d’interlocuteurs organisés ne peut pas être un prétexte et l’annonce de concertations à venir ne peut qu’être inaudible. Emmanuel Macron a sciemment personnalisé son pouvoir, il est peut-être temps pour lui de l’assumer jusqu’au bout en faisant un vrai mea culpa sur sa politique économique et sociale.

Aujourd’hui, trois articles pour comprendre les gilets jaunes : Les « gilets jaunes », qu’est-ce que c’est ?

06 jeudi Déc 2018

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The Conversation

Expliquer pour mieux agir

Analyser et donner à voir pour éclairer l’action

Université Sorbonne Paris Cité

Fondation Maison des Sciences de l'Homme

 

A Toulouse, le 1er décembre 2018. Pascal Pavani/ AFP
 

Souvent, les catégories des sciences sociales et celles de la vie quotidienne, de la politique et des médias reposent sur le même vocabulaire, ce qui est source de confusion. Il en est ainsi de l’expression « mouvement social », qui renvoie aussi bien à une conceptualisation sociologique ou de science politique qu’à des usages courants, ordinaires, quand une partie de la société se mobilise, qu’une lutte sociale fait l’actualité et par exemple qu’une grève paralyse la SNCF ou la RATP.

Et, pour compliquer le problème, les concepts, les définitions varient d’une école sociologique à une autre. De de ce point de vue, il faut être reconnaissant à The Conversation d’accueillir des articles qui témoignent de la vitalité des sciences sociales dès qu’il s’agit d’une mobilisation aussi importante que celle des gilets jaunes, tout en faisant apparaître la diversité des orientations théoriques des chercheurs.

Autant dire que si l’on veut qualifier l’action des « gilets jaunes » de « mouvement social », il est souhaitable d’indiquer ce que l’on entend en recourant à ce qualificatif. Ainsi, Thomas Roulet et Bertrand Valiorgue, dans leur article du 3 décembre, se réclament d’un courant fréquemment qualifié de « la mobilisation des ressources », et dont la plus haute figure fut l’historien Charles Tilly. Dans cette perspective, un mouvement social est un mécontentement mobilisant des ressources pour parvenir à des fins qui éventuellement incluent son institutionnalisation.

Différemment, pour le courant auquel j’appartiens, avec pour chef de file depuis une soixantaine d’années Alain Touraine, un « mouvement social » est la signification la plus élevée d’une action contestataire mettant en cause face à un adversaire social les orientations générales de la vie collective et présentant deux faces, l’une tendue vers un projet, l’autre défensive. On notera, au passage, que dans les deux cas – Tilly et Touraine –, la figure paradigmatique du mouvement social est donnée par le mouvement ouvrier.

La mobilisation actuelle des « gilets jaunes » comporte-t-elle, parmi d’autres, la signification singulière de « mouvement social », au sens auquel je me réfère ? De façon certainement réelle, mais aussi limitée.

Les deux faces des gilets jaunes

Lorsqu’ils demandent du respect, la fin du mépris ou de l’arrogance de la part du pouvoir, lorsqu’ils se disent citoyens, qu’ils veulent être entendus et écoutés au sommet de l’État pour faire connaître leurs souffrances et leurs difficultés, et qu’ils plaident pour une démocratie renouvelée, étendue, on peut admettre que les gilets jaunes s’inscrivent dans la logique d’un « mouvement social » tel que je l’entends.

Lorsqu’ils dénoncent la précarité, les revenus insuffisants pour une vie digne, qu’ils demandent à ne pas être les laissés-pour-compte du changement et des réformes, ils incarnent à haut niveau, là encore, la face défensive du mouvement, et beaucoup moins celle d’un acteur capable de se tendre vers une utopie ou un contre-projet de société. D’autres revendications n’atteignent pas ce stade de la mise en cause des orientations générales de la vie collective, et sont d’envergure plus limitée, par exemple lorsqu’est demandée l’annulation d’une mesure fiscale.

Il arrive, comme dans toute mobilisation d’ampleur, qu’à partir de là, des dérapages s’observent, par exemple racistes ou xénophobes. On notera simplement ici que le cœur des revendications est bien social, et n’a rien à voir avec les questions de l’islam, de la laïcité, de l’immigration ou de l’ethnicité. La question de la violence, par contre, mérite qu’on s’y arrête.

Violence et mouvement social

De façon générale, et c’est le thème principal de mon dernier livre, la violence est le contraire du mouvement social, en tous cas au sens indiqué plus haut. Elle surgit quand celui-ci ne parvient pas ou plus à exister et à se transcrire en action concrète, et transforme en rupture ce qui dans un conflit est de l’ordre de la relation, du débat et, éventuellement, de la négociation.

Le conflit met aux prises des adversaires, là où la violence oppose des ennemis. Mais cette dernière peut aussi être un élément du mouvement social, une composante à la fois stratégique et expressive. C’est même ainsi qu’il faut comprendre, à certains égards, les violences des samedi 24 novembre et 1er décembre derniers à Paris – sans oublier qu’il y en a eu aussi dans quelques autres villes de France.

À Paris, le 1ᵉʳ décembre 2018. Geoffroy Van Der Hasselt/AFP

Si l’on considère le profil des personnes interpellées et transmises à la justice, les violences parisiennes ont été le fait d’ultra (de gauche et de droite), de purs casseurs voire pilleurs venus souvent de la périphérie, et de gilets jaunes enragés, peut-être montés à Paris pour en découdre éventuellement avec les forces de l’ordre, peut-être portés par le climat insurrectionnel dans lequel ils étaient immergés. Ce qui déjà oblige à corriger l’image simpliste qui ressortait des premiers commentaires, le 24 novembre, pour lesquels il fallait distinguer entre les « casseurs », politisés ou non, et le mouvement à la base, très éloigné de la violence. Mais il y a plus.

Pour être visibles et audibles, et attirer l’attention des médias, les gilets jaunes sont déjà venus à deux reprises à Paris, et ont tenté de manifester au plus près des lieux symboliques du pouvoir. La réussite, de ce point de vue, a été dans l’impact médiatique dû aux affrontements avec les forces de l’ordre et non pas tant à une présence massive de « gilets jaunes », en fait peu nombreux.

La violence est à la fois nécessaire, ou utile, pour occuper le devant de la scène, et inacceptable pour nombre de gilets jaunes. Il y a là une ambivalence du mouvement, qui est sous tension entre l’importance que revêtait leur présence à Paris et la violence inéluctable qui en a découlé jusqu’ici. Il faut distinguer analytiquement, même si elles ont frayé ensemble, la violence qui constitue l’extrémité enragée du mouvement, et celle qui, en dehors, en est le contraire, une sorte alors d’anti-mouvement. Et il faut en même temps considérer la totalité de la violence dans sa relation fonctionnelle, voire légitimante avec un mouvement social qui est par essence, en lui-même, non ou peu violent.

Mouvement social et force politique

Un mouvement social n’est pas une force politique, mais ses acteurs se posent la question du traitement politique de ses demandes. Certains, en son sein, peuvent vouloir se transformer en parti, un peu comme Podemos a jailli des « Indignados » du 15-M en Espagne. D’autres considèrent que l’action politique peut être portée par un parti qui l’exprime, comme dans la social-démocratie au bon temps de la splendeur du mouvement ouvrier, ou qui le dirige sur un mode léniniste.

Les gilets jaunes sont loin, aujourd’hui, de pouvoir donner naissance à une force politique qui leur serait propre, et ne se reconnaissent dans aucun parti, même si le Rassemblement national et la France insoumise s’efforcent, plus encore que la droite classique, de capitaliser leur mobilisation. Leurs revendications initiales, limitées pour l’essentiel à des mesures fiscales, n’ont pas été immédiatement entendues par le pouvoir, et leurs demandes se sont complexifiées et diversifiées.

Mais il n’existe pas de force sociale ou politique capable d’en assurer le traitement institutionnel. Dès lors, elles s’agglutinent dans une confusion que des propositions politiques de changement global tentent de ramener à une formulation unique.

Référendum, dissolution, autoritarisme et VIe République

C’est ainsi que quatre tendances se dessinent, au moins.

La première – transmission en langage politique du discours des acteurs quand ils scandent « Macron démission ! » – consiste à exiger un référendum. Ce qui, dans la tradition française et compte tenu des circonstances, ne peut être qu’un plébiscite à l’envers : la question en serait dictée par les contestataires, et le résultat prévisible en serait la mise en échec du président, avec à la clé son départ.

A Marseille, le 1ᵉʳ décembre 2018. Clément Mahoudeau/AFP

La deuxième est une mise en forme politique de l’idée « dégagiste » selon laquelle il faut en finir avec les parlementaires en place. Elle passe par la dissolution de l’Assemblée nationale, et ne peut aboutir qu’à une cohabitation, puisque le président reste en place dans une telle hypothèse.

Troisième tendance : l’autoritarisme, qui commence à se faire entendre. Il est alors demandé à la tête du gouvernement un nouveau premier ministre qui ait de la poigne – le nom du Général de Villiers circule dans certains milieux, vraisemblablement à son corps défendant. Parfois encore, quatrième tendance, il redevient question d’un changement institutionnel radical, et le thème de la « VIe République » refait alors surface.

Ainsi, faute de niveau intermédiaire dans le système politique et social institutionnel, les demandes du mouvement deviennent des projets politiques au sommet. Elles ne sont susceptibles d’aboutir alors qu’au prix d’un spasme social prolongé et paralysant pour le pays, encouragé par des politiciens désireux non pas de voir ramener rapidement la paix, le dialogue et la négociation que de faire vivre les tensions incarnées par le couple paradoxal gilets jaunes–violence.

Un acteur défensif et… neuf

Dans la définition du « mouvement social » qui est la mienne, celui-ci ne se réduit pas à un épisode, une lutte, un moment ; il s’inscrit dans l’épaisseur historique d’un type de société, il en est l’acteur contestataire. Les gilets jaunes, dans la mesure où une de leurs significations est celle du « mouvement social », s’inscrivent bien plus dans le type de société qui se défait que dans celui qui naît – c’est ce que dit fort justement Daniel Behar sur ce site.

Les gilets jaunes incarnent, avant tout, le refus de faire les frais de cette transformation, ils sont l’acteur défensif d’un modèle qui a commencé à se décomposer avec la fin des Trente Glorieuses. Mais les mobilisations actuelles sont-elles dans la continuité avec d’autres, plus anciennes, liées au mouvement social de l’ère industrielle classique que nous quittons, le mouvement ouvrier ? Pas vraiment. Les grandes luttes des cinquante dernières années n’ont jamais été portées par les acteurs d’aujourd’hui, et les témoignages abondent de personnes d’un certain âge expliquant qu’il s’agit là pour elles de leur toute première expérience de l’engagement et de la manifestation.

Place de la République, à Paris, le 1ᵉʳ décembre 2018. Zakaria Abdelkafi/AFP

Pourtant, les comparaisons historiques vont bon train, y compris avec 1995. Ce qui n’est pas sérieux, et source de confusion et d’idéologie. Il faut une bonne dose d’incurie intellectuelle chez certains pour profiter de la situation présente pour régler on ne sait quels comptes avec des chercheurs s’étant exprimés en 1995 à propos de la mobilisation de l’époque, et suggérer une continuité avec 2018 : les acteurs de 1995 défendaient un modèle social assurant diverses garanties aux salariés et fonctionnaires ; ceux de 2018 demandent des mesures fiscales et sociales au profit de tout autres catégories.

Le mouvement des gilets jaunes est neuf, alors même qu’il exprime la fin d’un monde sans entretenir un quelconque lien avec le syndicalisme ou ce qui reste de la classe ouvrière comme telle. Il est encore plus neuf, et par contre installé alors dans un nouveau monde, si l’on considère ses formes de mobilisation, qui conjuguent le recours aux technologies modernes de communication, et la présence physique en des lieux multiples permettant la couverture de tout le territoire national.

Mais la technologie est une chose, le sens en est une autre : les gilets jaunes ne nous parlent guère de l’entrée dans un nouveau monde où ils auraient une place créatrice, y compris sur un monde contestataire. Tout au plus plaident-ils – on l’a dit – pour un renouveau de la démocratie, et expriment-ils ça et là une réelle sensibilité au thème de l’environnement.

Gilets jaunes, quel avenir ?

Un mouvement n’est pas une classe sociale, et encore moins une catégorie ou un ensemble de catégories sociales : les « gilets jaunes » sont socialement diversifiés, et donc indéterminés, les uns modestes, les autres moins, ils comptent en leur sein des femmes, et pas seulement ou principalement des hommes ; des jeunes, et des « seniors ».

Ils ont raison de ne pas vouloir faire les frais d’une longue mutation dont ils ont été les « oubliés » et les « invisibles », de demander des mesures sociales en leur faveur, d’exiger, aussi, du respect et de la démocratie. Mais ils ne constituent pas le sel de la terre, et leur mouvement pour l’instant n’invente aucun avenir au-delà de ce qu’exigent des politiques sociales et de dignité.

Il est injuste d’y voir une ébauche de fascisme, à l’italienne, car ils ne sont pas porteurs de revendications qui en donneraient l’image ; il est tout autant erroné d’y voir l’acteur contestataire d’un monde nouveau, car ils n’apportent pas d’appels au renouveau culturel, intellectuel, utopique, créatif – ou fort peu.

Céder à leurs demandes est à la fois nécessaire, voire incontournable, et périlleux.

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