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Archives Mensuelles: janvier 2019

Le livre papier perd-il vraiment du terrain?

22 mardi Jan 2019

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The Conversation

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  1. Claude Poissenot

    Enseignant-chercheur à l’IUT Nancy-Charlemagne et au Centre de REcherches sur les Médiations (CREM), Université de Lorraine

Université de Lorraine

 

De l’injonction à lire à la lecture choisie. Pexels

Pour la troisième année consécutive, le Ministère de la Culture organise la Nuit de la lecture le 19 janvier. Plus de 5 000 événements sont recensés sur le site dédié. Cette opération donne l’occasion de s’interroger sur le statut actuel de la lecture dans notre société contemporaine.

Entre omniprésence et érosion

Et d’abord pourquoi faut-il une fête de la lecture ? Si on définit la lecture par l’activité de déchiffrage de texte, nos contemporains ne cessent de lire. Que ce soit dans la ville (signalétique, publicités), à leur domicile (factures, recettes, etc.) ou partout sur leur téléphone portable, ils passent leur temps à lire. La dernière enquête de Médiamétrie montre qu’en novembre 2018, 69 % de la population française s’est connectée tous les jours à Internet. Et le temps consacré aux écrans connectés est loin d’être négligeable puisqu’en moyenne, parmi les Français de 2 ans et plus, il est estimé chaque jour à 33 minutes sur ordinateur et 52 minutes sur téléphone portable.

Bien sûr, ils ne font pas que lire, ils accèdent à des vidéos, communiquent, écoutent de la musique, etc. Mais pour faire tout cela, ils ont recours à la lecture même si les assistants vocaux se développent. La lecture est donc omniprésente sur un support qui ne lui est pas historiquement associé. La lecture est en effet soutenue et défendue par le monde du livre. Le magazine Livres-Hebo (plus exactement son site web) relayait récemment l’estimation de Charles Chu selon laquelle les Américains pourraient lire plus de 200 livres par an avec le temps qu’ils consacrent aux réseaux sociaux. Sur France-Culture, Guillaume Ernerpointait récemment la « disparition » dans les cinq dernières années de plus de 6 millions d’acheteurs de livres en Allemagne et leur migration vers les vidéos diffusées en streaming.

C’est que la lecture demeure largement reliée à l’imprimé et en particulier au support du livre. Des années 1960 à 90, elle a été pensée comme concurrencée par la télévision et aujourd’hui, le succès des écrans connectés auprès de toutes les générations constitue la nouvelle « menace ». La Nuit de la lecture prend donc place dans ce contexte de contestation à l’état pratique des formes institutionnalisées de la lecture par nombre de nos contemporains.

Au lieu de les laisser s’abandonner à l’appel d’Internet, il s’agit de leur rappeler les charmes et les vertus du papier. Notre nouveau ministre de la culture ne s’y trompe pas en décrivant la Nuit de la lecture comme « une fête ouverte à tous les lecteurs, quels que soient leur âge et leurs goûts ; une fête ouverte à tous les livres, quels que soient leur genre et leur format ». Il n’y a plus de mauvais livres ou de « mauvais genres » comme il en existait encore au temps où la lecture de romans policiers était vue avec mépris. Il s’agit de célébrer l’universalité de la lecture de livres.

Il faut dire que depuis 1973 les déclarations de pratiques intensives de lecture de presse et de livres connaissent une érosion régulière. Les enquêtes Pratiques culturelles des Français ont montré par ailleurs que chaque nouvelle génération lisait moins (de livres) que la précédente. Ce repli du livre est donc une tendance qui aura du mal à s’inverser.

Quand la culture littéraire devient une « niche »

Plus globalement, c’est le statut de la lecture dans notre société qui est remise en question. La culture littéraire ne fait plus partie des pratiques constitutives de la formation, du recrutement et de la vie des élites. Certes, notre ministre de l’Economie et des finances vient de faire paraître un récit, mais il est obligé d’expliquer qu’il l’a rédigé sur le temps de ses vacances et n’en tirera pas une légitimité supplémentaire.

Le fait est que le bac littéraire ne représente même plus un dixième du total des bacheliers en 2015. Les formations élitistes supposent des compétences mathématiques, juridiques, économiques. La lecture n’en est pas absente mais elle remplit une fonction instrumentale d’accès aux connaissances et n’est ni sa propre fin ni une source évidente de reconnaissance. Rares sont les romans faisant l’objet de débats au-delà du cercle du milieu littéraire. Leurs enfants après eux de Nicolas Mathieu en a fait partie au bénéfice du mouvement des gilets jaunes mais le dernier Michel Houellebecq, pourtant lancé à grand renfort de presse, a quitté bien vite l’actualité générale.

Le livre, ce fétiche

La Nuit de la lecture apparaît comme une réponse (modeste) à cet affaiblissement symbolique du livre dans notre société. Le monde du livre entend montrer et démontrer les charmes de la lecture. Comme les manifestations littéraires qui émaillent le territoire au printemps et à l’automne, au creux de l’hiver, elle vient rassembler les croyants et pratiquants du livre et au premier chef dans les lieux qui lui sont traditionnellement dédiés (bibliothèques, librairies, CDI). La Nuit sera donc avant tout un moment de communion des croyants et pratiquants autour d’une sorte de fétiche, pour les professionnels comme pour les amateurs. L’enquête sur les manifestations littéraires pour le Centre National du Livre montre que les publics de ces événements ont « plutôt le goût de la lecture et de la culture ».

Comment peut-on être lecteur ?

Si donc la lecture n’est plus une condition de la participation aux élites, pourquoi la lecture serait-elle encore d’actualité ? Si le livre n’est plus un support constitutif du statut des élites, il peut faire l’objet d’un investissement à titre personnel, encore plus facilement qu’avant. D’une pratique issue d’une contrainte sociale, la lecture devient un choix personnel. Et plusieurs sociologues n’excluent pas que l’érosion de la lecture soit en partie en trompe l’œil. Elle est en effet mesurée à travers la baisse des lectures déclarées. D’ailleurs, si le marché du livre tend à s’éroder ces dernières années (on attend -2 % pour 2018 d’après les dernières données GfK citées récemment par Livres-Hebdo), il ne s’est pas écroulé depuis les années 1970.

Nous serions confrontés à un affaiblissement de la place symbolique du livre autant (mais peut-être plus, ou moins) qu’à un recul de la lecture. Le repli de l’injonction à lire ouvre la voie à l’engagement personnel dans la lecture. Et la Nuit de la lecture cherche à s’adresser aux lecteurs par-delà leurs statuts. Le recours à l’idée même de nuit renvoie à ce moment de la vie où, avec l’obscurité, peut émerger une identité plus ouverte que celle du jour. Et sans surprise, de nombreuses animations auront lieu autour de l’idée de proposer aux lecteurs de choisir un livre qui leur est cher pour le lire en public, pour le faire découvrir à d’autres ou tout simplement pour l’emprunter dans un acte de liberté personnelle.

De la culture pour tous à la lecture pour chacun

Débarrassés de toute pression à la lecture, les adultes (parce que les jeunes sont toujours sous l’emprise du « il faut lire ») peuvent construire leur pratique à travers la diversité de ce qui les constitue (histoire personnelle, rencontres, loisirs, etc.). Certains cherchent à en faire le cadre d’un partage mais tous participent à un éclatement des références collectives. Derrière les quelques titres phares se cache une diversité considérable non seulement dans la production éditoriale (plus de 68 000 titres publiés l’année dernière) mais aussi dans les lectures telles que nous les révèlent les statistiques de ventes ou d’emprunt.

Olivier Donnat a montré que les livres vendus à moins de 10 000 exemplaires représentaient 63 % du total des ventes de livre en 2016. De son côté, le palmarès des prêts et des acquisitions en bibliothèque 2017 révèle que les 1 000 titres de livres les plus empruntés ne représentent que 12 % du total des 13 millions de prêts étudiés. Comme notre société dans son ensemble, la lecture est confrontée au défi de conjuguer les échelons individuels et collectifs.

Urgence climatique, le coût exorbitant de la procrastination

21 lundi Jan 2019

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  1. Xavier Timbeau

    Économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), Sciences Po – USPC

  2. Adeline Gueret

    Économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), Sciences Po – USPC

  3. Aurélien Saussay

    Économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), Sciences Po – USPC

  4. Paul Malliet

    Économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), Sciences Po – USPC

Université Sorbonne Paris Cité

Sciences Po

COP24 laborieuse, taxation carbone suspendue dès le début de la crise des « gilets jaunes »… la préoccupation climatique semble être passée au second plan de l’agenda politique mondial et hexagonal ces dernières semaines. Quelle sera sa place au sein du grand débat national, lancé ce mardi 15 janvier, et qui propose d’y consacrer l’un de ses quatre thèmes ?

Car si la situation politique française a profondément évolué, la situation climatique reste, elle, identique et n’affiche guère de progrès satisfaisants.

Le rythme actuel d’émissions de CO2 et les engagements nationaux annoncés par les États signataires de l’accord de Paris dessinent toujours une hausse de la température globale supérieure à 3°C d’ici la fin du siècle ; loin de la cible souhaitable de +1,5°C (par rapport à la température globale préindustrielle) ou encore de la cible de +2°C, point focal de la COP21 à Paris en 2015.

Or, les conséquences d’un changement climatique à +3°C seraient considérables, c’est ce qui justifie la cible de 1,5°C. Et, même à +1,5°C, les conséquences seront lourdes et le coût d’adaptation, pour cette génération comme pour les futures, sera élevé : perte de rendement agricole, montée du niveau des océans, régions du monde invivables avec son cortège de migrants climatiques, effondrement d’écosystèmes et de biodiversité, évènements climatiques extrêmes et érosion accélérée sont autant de phénomènes qui vont aller en s’amplifiant.

On ne peut pas rétrograder la question climatique et la considérer moins urgente que la crise sociale ou économique.

À quand l’épuisement du « budget carbone » ?

Comment remettre l’urgence climatique au cœur des discussions et décisions ? En donnant, par exemple, une valeur à la procrastination qui retarde la décarbonation de l’économie.

Pour cela, on s’appuiera sur ce que les climatologues nomment le « budget carbone global », soit la quantité de carbone que nous pouvons continuer à émettre tout en limitant le réchauffement climatique à un seuil donné (+2°C ou +1,5°C pour l’accord de Paris). Ce budget carbone inclut dans le calcul les puits de carbone (les océans, la biomasse…) ainsi que les autres gaz à effet de serre (GES).

Ne pas s’engager tout de suite sur la voie de la décarbonation se traduit par un épuisement précoce du budget carbone.

À partir de ces émissions probables, nous pouvons calculer à quelle date le budget carbone sera épuisé et donc à quelle date nous devrons brutalement réduire nos émissions. Mais cette façon de respecter la contrainte environnementale est absurde puisqu’elle pousse la logique de procrastination à son maximum.

Il existe sans doute un autre moyen, moins coûteux, d’arriver à la décarbonation. Mais la procrastination extrême est une borne quantifiable du coût de la décarbonation. À partir de la date d’épuisement, le coût de la décarbonation est évalué comme le coût (actualisé) de la réduction des émissions en utilisant une technologie particulière qui capture le CO2 et le stocke (voir par exemple Climeworks).

Ce coût, que l’on ne paye pas tout de suite mais qui s’accumule, est assimilable à une dette, que nous appelons dette climatique et que nous pouvons rapporter au PIB.

Encore 10 ans

Les valeurs auxquelles nous aboutissons sont saisissantes, comme l’indique le tableau ci-dessous : le budget carbone de l’UE sera épuisé dans dix années pour la cible de +2°C. La dette climatique de l’Europe est de plus de 50 % du PIB européen, pour la cible +2°C.

iASES 2019 (chapitre 3), CC BY-NC-ND

Cette évaluation est par nature spéculative (elle est construite à partir de scénarios d’émissions futures, de coûts de technologie de réduction d’émissions) et repose sur des paramètres supposés. Avec un jeu d’hypothèses plus sévères, la dette climatique peut atteindre 200 % du PIB de l’UE (les paramètres et hypothèses sont détaillés dans le policy brief de l’OFCE sur la question).

Pour la cible plus stricte de +1,5°C, le budget carbone de l’Union européenne est aujourd’hui épuisé. L’Europe est en « déficit climatique excessif » et emprunte implicitement aux autres pays – tant que le budget global n’est pas épuisé – puis au climat futur – lorsque le budget carbone global sera épuisé. Pour cette cible, la dette climatique européenne est de 120 % du PIB.

Cette dette climatique a un montant très élevé, particulièrement pour la cible +1,5°C. Il augmentera à chaque fois que nous repoussons la mise en œuvre des politiques environnementales. Cette hausse est liée, d’une part, à l’écart qui s’agrandit (probablement) entre la trajectoire de décarbonation et la trajectoire suivie. D’autre part, la hausse intégrera le coût de l’emprunt fait aux autres pays et au climat.

Moins coûteux que la crise de 2008

Lorsque le budget global sera épuisé, continuer de procrastiner impliquera de dépasser le seuil de +1,5°C ou +2°C et nécessitera des émissions négatives pour ramener le climat sur la cible, ce qui est plus coûteux que le non-dépassement.

Mais cet ordre de grandeur pointe également notre responsabilité.

Le coût de la cible +2°C est un flux d’investissement de 1 % (et jusqu’à 4 % pour les hypothèses plus dures) du PIB européen chaque année et jusqu’à la fin des temps (ou du siècle). C’est le même ordre de grandeur de ce que le rapport Stern – première étude majeure d’estimation économique des conséquences du changement climatique – avait évalué (par une méthode différente) en 2006. C’est assez proche des 180 milliards d’euros d’investissement vert pour l’UE que la Commission européenne retient pour son évaluation des besoins en investissement vert.

1 % du PIB pour tenir la cible de +2°C, c’est moins de consommation ou moins d’investissement productif ou encore moins d’éducation, puisque cet « investissement » ne donne aucun autre avantage que la réduction des émissions de CO2. C’est aussi un défi pour les inégalités, puisque suivant les instruments utilisés la charge n’est pas répartie de la même façon et surtout pas de façon juste.

Mais c’est un chiffre encore suffisamment petit pour que nous n’ayons aucune excuse de renoncer à tenir l’engagement de la COP21 et à baisser les bras : la crise de 2008 représente une perte de PIB plus grande que celle-là ! La cible de +1,5°C est bien sûr plus contraignante ; le flux d’investissement est de l’ordre de 2,4 % du PIB, il peut monter bien au-delà en fonction des scénarios retenus.

La question du partage de la responsabilité

Un second enseignement de cette évaluation est la sensibilité de la dette climatique aux règles de partage – désignant le choix de la répartition entre l’ensemble des pays du globe – du budget carbone. Par exemple, suivant que l’on partage le budget carbone en 2018 ou en 1990, la dette climatique varie d’un rapport de 4 à 1.

La première méthode (budget partagé en 2018) est à l’avantage des pays développés, qui ont émis par individu plus que le reste du monde depuis 1990. Adopter le point de vue du producteur et ne pas comptabiliser le carbone importé dans les produits fabriqués ailleurs (net de ce que nous exportons) allège également la responsabilité des pays développés.

Ce partage de la responsabilité joue aussi à l’intérieur de l’Europe. La COP21 a innové en mettant de côté la question du partage de la responsabilité et en laissant chacun énoncer la sienne en conscience. Mais le monde est (toujours) clos et ce que ne font pas les uns sera au détriment de tous.

Notre quantification indique que les transferts implicites entre États, y compris à l’intérieur de l’UE, sont de plusieurs dizaines de points de PIB. Reporter l’explicitation du partage explicite du fardeau ne fait pas qu’en augmenter la charge, il générera des conflits futurs, d’autant que le changement climatique deviendra plus pressant.

Il est attribué au physicien britannique Lord Kelvin, pilier de l’approche scientifique classique, cette citation reproduite au fronton du bâtiment de Sciences sociales de l’université de Chicago :

« Si vous pouvez mesurer ce dont vous parlez et l’exprimer par un nombre, vous savez quelque chose de votre sujet, mais si vous ne pouvez pas le mesurer, si vous ne pouvez pas l’exprimer en nombre, vos connaissances sont d’une pauvre espèce et bien peu satisfaisantes. »

Ce à quoi, Frank Knight ou Jacob Viner, tous deux professeurs d’économie de cette mêle université, auraient répondu :

« Même si vous pouvez mesurer […] votre connaissance est (toujours) d’une pauvre espèce et bien peu satisfaisante. »

Évaluer la dette climatique se heurte à ces écueils – on risque de banaliser la catastrophe tout comme de décourager les bonnes volontés. Mais l’examen des possibles passe par sa mesure.

Réflexions d’une lauréate du Nobel : les scientifiques ont besoin de temps pour faire des découvertes

20 dimanche Jan 2019

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  1. Donna Strickland

    Professor, Department of Physics and Astronomy, University of Waterloo

University of Waterloo

University of Waterloo apporte des fonds en tant que membre fondateur de The Conversation CA.

 

Il est normal que les gens veuillent savoir comment cela les affecte. Mais comme scientifique, je souhaiterais que la société s’intéresse également à la science fondamentale. Après tout, on ne peut pas profiter des applications sans la recherche préalable basée sur la curiosité. En apprendre davantage à propos de la science — la science au service de la science — mérite d’être soutenu.

Gérard Mourou, mon colauréat du Prix Nobel, et moi-même avons développé la CPA au milieu des années 1980. Tout a commencé lorsqu’il s’est demandé si nous pourrions augmenter l’intensité du laser par ordre de grandeur — ou par facteurs de mille. Il était alors mon directeur de thèse à l’université de Rochester. Gérard Mourou a suggéré d’étaler dans le temps une impulsion ultrarapide de lumière de faible énergie, l’amplifier, puis la comprimer. Comme étudiante diplômée, je devais m’occuper des détails.

Un objectif de révolutionner la physique des lasers

L’objectif était de révolutionner le domaine de la physique des lasers à haute intensité, un secteur scientifique fondamental. Nous voulions que le laser nous montre comment la lumière à haute intensité change la matière et comment la matière affecte la lumière lors de cette interaction.

La lauréate du Prix Nobel Donna Strickland dans son laboratoire à l’université de Waterloo. Elle a obtenu le prix pour ses inventions révolutionnaires dans le domaine de la physique des lasers qui ont diverses applications, notamment pour la chirurgie corrective oculaire au laser. THE CANADIAN PRESS/Nathan Denette

Il m’a fallu un an pour fabriquer le laser. Nous avons fait la preuve que nous pouvions augmenter l’intensité du laser par ordre de grandeur. En fait, la CPA a donné lieu aux impulsions laser les plus intenses jamais enregistrées. Nos résultats ont changé la façon dont on comprend à travers le monde l’interaction des atomes avec la lumière à haute intensité.

C’était environ une décennie avant que les applications pratiques connues aujourd’hui commencent à se profiler.

Plusieurs applications pratiques

En raison de la rapidité des impulsions à haute intensité, le laser n’endommage que les zones où il est appliqué. Le résultat est précis, des coupes nettes qui sont idéales pour les métaux transparents. Un chirurgien peut utiliser la CPA pour trancher la cornée d’un patient durant une chirurgie de l’œil au laser. Cela peut couper proprement les pièces de verre dans nos téléphones cellulaires.

Les scientifiques se servent de ce que nous savons à propos des lasers à haute intensité et s’appliquent à trouver une façon d’utiliser les lasers CPA les plus intenses pour accélérer des protons.

Espérons qu’un jour, ces particules accélérées aideront les chirurgiens à l’ablation des tumeurs au cerveau qu’ils ne peuvent réussir aujourd’hui. Dans l’avenir, les lasers CPA pourront nous débarrasser des débris spatiaux en les repoussant hors de notre orbite et de l’atmosphère de la terre, où ils se consumeront et ne percuteront pas les satellites actifs.

Dans de nombreux cas, il y a un décalage de plusieurs années, ou même de décennies, entre les applications pratiques et les découvertes initiales.

Albert Einstein a créé des équations pour le laser en 1917, mais ce n’est qu’en 1960 que Theodore Maiman a fait la première démonstration du laser. Isidor Rabi a mesuré la résonance magnétique nucléaire la première fois en 1938. Il a reçu le Prix Nobel de physique en 1944 pour sa recherche, qui a mené à l’invention de l’imagerie par résonance magnétique ou IRM. Le premier examen par IRM sur un patient humain a eu lieu en 1977.

La professeure Donna Strickland prononce le discours du Nobel de physique en 2018.

Les applications méritent assurément beaucoup d’attention. Avant d’en arriver là cependant, les chercheurs doivent d’abord comprendre les questions fondamentales sous-jacentes.

Le terme science fondamentale peut donner la fausse impression qu’elle n’affecte pas réellement nos vies parce qu’elle semble si éloignée de tout ce qui s’y rapporte. De plus le terme basique a une définition non scientifique de simple qui mine son importance dans le contexte de ‘science basique’.

Nous devons donner l’occasion aux scientifiques, en temps et en argent, de poursuivre leur recherche à long terme basée sur la curiosité en science fondamentale. Le travail qui n’a pas de ramifications directes avec l’industrie ou notre économie a aussi sa valeur. On ne sait jamais ce qui peut résulter du soutien accordé à un esprit curieux qui tente de découvrir quelque chose de nouveau.

Brexit: Theresa May survit au vote de confiance, mais Bruxelles est maintenant en charge

19 samedi Jan 2019

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La conversation

  1. Chris Stafford

    Chercheur au doctorat, Université de Nottingham

Université de Nottingham

 

Ce fut une semaine de montagnes russes pour les manifestants hors du parlement. PA / Victoria Jones

À peine 24 heures après avoir subi une défaite historique au Parlement à la suite de son accord sur le Brexit, la première ministre a survécu à un vote de censure envers son gouvernement, grâce au soutien de ses députés de l’arrière-ban. Jusqu’à présent, ces mêmes députés d’arrière-ban étaient tout à fait disposés à voter contre elle et son accord sur le Brexit.

Le résultat était attendu, étant donné qu’une rébellion conservatrice aurait probablement entraîné des élections générales qui auraient très mal tourné pour le parti. Renoncer au poste de Premier ministre est moins attrayant lorsque, au lieu d’offrir un potentiel d’avancement professionnel, il ya de fortes chances pour que cela aboutisse à une rétrogradation du cabinet fantôme.

Avec le très public complot et agitation qui a été affiché sur le Brexit, il n’est pas étonnant que les Britanniques soient devenus profondément méfiants à l’égard de leurs représentants élus et de leurs motivations . Ce qui se passe ensuite est donc crucial non seulement pour le Premier ministre et le pays, mais également pour la confiance du public dans la démocratie du pays.

La voie à suivre n’est pas claire et de nombreux membres de l’UE voudraient savoir ce que le Royaume-Uni souhaite réellement . Pour tenter de le savoir, May a promis de consulter les principaux parlementaires sur la voie à suivre. On lui a reproché de ne pas le faire plus tôt et, même si cela pourrait peut-être donner une nouvelle idée pour faire avancer les choses, il est difficile de voir quelles assurances le premier ministre ou l’Union européenne peuvent donner pour apaiser qui que ce soit.

Rouvrir les négociations?

De manière réaliste, le seul moyen d’obtenir les principaux changements sur les questions controversées serait de rouvrir les négociations sur le Brexit avec l’Union européenne et de prolonger la période visée à l’article 50. Bien que certains soutiennent le second, celui-ci n’est plus une option acceptable sur le continent depuis quelque temps déjà. Cela ne semblepas susceptible de changer.

De nombreux partisans acharnés du Brexit ont suggéré que le rejet de l’accord par le Parlement mettrait l’UE sous pression. Ils pensent que Bruxelles reviendra à la table des négociations une fois les vis vissées. Mais, dans l’état actuel des choses, cela ressemble à une bravade mal placée et même à un voeu pieux.

C’est tout les votes de confiance faits, alors. Pennsylvanie

Suggérer que la défaite de l’accord au parlement forcera d’une manière ou d’une autre l’UE à vaciller est un parfait exemple de la logique erronée qui a créé cette situation. Bien que la perspective d’un Brexit sans accord les concerne naturellement, les autres États membres de l’UE sont prêts à faire face à la tempête d’un non-accord s’ils le doivent . Ils préféreraient ne pas être obligés de le faire, mais si le choix s’imposait entre menacer l’intégrité du marché unique et le projet européen lui-même, le choix est clair – et ce, depuis le déclenchement de l’article 50.

Un gouvernement coincé

En fin de compte, si un nouvel accord est bel et bien sur la table, le gouvernement dispose d’un nombre limité d’ options . Le Brexit pourrait être annulé ou soumis à un autre référendum. Ni l’un ni l’autre ne sont susceptibles d’être des options populaires au sein du parti conservateur. Plus probablement, il a été suggéré que le gouvernement continue à faire voter le Parlement sur l’accord, ou une version de celui-ci, jusqu’à son adoption, bien que la légalité de cet accord soit maintenant en cause. Si l’accord ne peut passer par la Chambre des communes, il n’y aura peut-être pas d’autre choix que de partir sans accord. Les députés conservateurs doivent donc soit accepter l’accord, soit se résigner à approuver un scénario d’absence d’accord.

C’est aussi l’heure de la décision pour Jeremy Corbyn et le Parti travailliste. N’ayant pas réussi à gagner le vote de censure et à imposer leur choix préféré d’élections générales, ils doivent eux aussi s’engager à fond dans l’accord ou renvoyer le pays dans un scénario de non-accord. Cela dit, il existe bien sûr l’option toujours controversée d’un deuxième référendum. Jusqu’à présent, Corbyn avait résisté aux appels – mais, face à la pression croissante des députés et des membres, ainsi qu’à un besoin pressant de distinction entre les deux principaux partis sur le Brexit, il pourrait s’avérer difficile de continuer à voter contre l’accord du premier ministre sans offrant une alternative viable.

Le Parlement reprend le contrôle

Ayant démontré avec succès leur volonté et leur capacité à s’affirmer dans le processus du Brexit au Parlement, les députés eux-mêmes pourraient être la clé pour sortir de l’impasse. Il existe une menace imminente qu’ils s’emparent du contrôle total de la question, légiférant pour empêcher la réalisation d’un scénario de non-accord.

Compte tenu de la défaite historique de l’accord sur le Brexit, il n’est pas invraisemblable qu’une telle décision obtienne le soutien dont elle a besoin. Cependant, si l’UE refuse de céder à l’accord ou au timing du Brexit, il est encore difficile de voir à quoi cela finira par aboutir. Malgré les affirmations selon lesquelles le Brexit permettrait au Royaume-Uni de «reprendre le contrôle», il semble toujours que ce soit l’Union européenne qui est tout à fait responsable de la situation.

Facebook, le début de la fin ?

19 samedi Jan 2019

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The Conversation

  1. Marc Bidan 
    Marc Bidan est un·e ami·e de The Conversation

    Professeur des Universités – Management des systèmes d’information – Polytech Nantes, Auteurs fondateurs The Conversation France

 

Ringard, Facebook ? MichaelJayBerlin/Shutterstock
 

Quelque 2,27 milliards d’utilisateurs actifs (donc) contributeurs chaque mois, dont 1,49 milliard au quotidien, et un bénéfice net encore confortable, ne mettent absolument pas à l’abri des menaces, ni endogènes ni exogènes. Pour le leader des réseaux sociaux, Facebook, les nuages semblent en effet s’amonceler aussi bien à court terme (moins d’un an) qu’à moyen (moins de cinq ans) et long terme. C’est l’objet de l’article, certes plutôt alarmiste, qui va suivre.

Une stratégie (trop) globale

Le premier niveau de lecture, à court terme, montre que les points de vigilance concernent d’abord des problématiques managériales et organisationnelles. Ces points tournent autour de la fragilisation du leadership du fondateur, Mark Zuckerberg, dont certains actionnaires veulent clairement la tête notamment depuis le scandale Cambridge Analytica. À ce propos, le PDG historique du groupe tient régulièrement à rassurer et à montrer qu’il tient bon la barre du vaisseau amiral. « J’aimerais pouvoir dire que résoudre ces difficultés sera l’affaire de trois ou de six mois, mais je crois que la réalité est que résoudre certaines de ces questions prendra beaucoup plus de temps », a-t-il néanmoins concédé dans une interview en avril 2018.

Ces points de vigilances tournent aussi autour des doutes sur la gouvernance du groupe et sur sa capacité à contrer les pertes financières massives en renouvelant son business model. Ce dernier est encore trop centré sur la vente de publicités ciblées et il conviendrait de le réorienter vers une transformation de ses utilisateurs de produits (collecte et exploitation des données personnelles) en clients (abonnements, services premium payants, sport, musique, marketplace, etc.).

Un second niveau de lecture montre, qu’en externe cette fois-ci, les aspects à ne pas négliger sont principalement liés à la concurrence et à la réglementation. La concurrence frontale de la filiale Instagram est révélatrice car elle montre le désamour des jeunes et des influenceurs envers Facebook – devenu presque ringardisé et contre productif à leurs yeux – mais n’est guère dangereuse financièrement car le réseau de partage de photos et vidéos fait parti du même groupe.

Instagram, le réseau social en vogue chez les jeunes. Ink Drop/Shutterstock

Les autres concurrences – hors cas particulier de la Chine – de Snapchat pour ses stories, de Twitter pour ses contenus, de YouTube pour ses vidéos, de Pinterest, de Tumblr voire de TikTok pour ses filtres ou encore de LinkedIn pour son social selling (utilisation des réseaux sociaux pour prospecter des clients potentiels) sont en revanche autrement plus redoutables pour le réseau social généraliste qu’est Facebook. En effet, elles l’attaquent sur ses points faibles en soulignant que la stratégie (trop) globale du géant est fragile, illisible et non pérenne !

Les aspects réglementaires et législatifs liés à la protection des individus, de leurs données personnelles et des catégories les plus vulnérables – notamment l’avènement du Règlement général sur la protection des données (RGPD) en Europe depuis mai 2018 – sont également inquiétants pour le réseau californien. En effet, son modèle d’affaire, basé sur la gratuité de l’usage, est encore trop centré sur la captation et la monétisation des données de profils et de navigation de ses utilisateurs. Cette ressource va-t-elle se tarir et/ou a minima se renchérir ? La réponse est oui ! La gratuité affichée sera-t-elle son caillou dans la chaussure  ? La réponse est à nouveau oui !

Plus fondamentalement, les utilisateurs (notamment français) sont de moins en moins convaincus de l’utilité sociale de Facebook. Selon eux, le réseau est utilisé pour maintenir des liens faibles plus que pour cultiver des liens forts. Par ailleurs, il s’adresserait de plus en plus à « des classes moins dotées culturellement et financièrement ». Cette perception dégradée est, à court terme, inquiétante notamment face à la crise à la fois réputationnelle, managériale et économique à laquelle doit faire face le réseau.

Des protections (perçues comme) insuffisantes

Les facteurs internes qui menacent à moyen terme le réseau social concernent notamment des investissements en termes sécuritaires, perçus certes positivement, mais trop timidement pour lutter contre l’importance de la fraude, des attaques, des malveillances, des manipulations de contenus et du piratage. Du moins, cette volte-face sécuritaire est perçue comme encore insuffisante pour protéger efficacement les comptes et les données personnelles des utilisateurs (produits) et de entreprises (clientes) qui restent le cœur du business model de Facebook.

Il s’agit aussi d’innovations perçues comme non pertinentes ou non disruptives face à une concurrence toujours plus agressive et inventive. Dans la plupart des cas, Facebook a perdu son leadership et apparaît comme un suiveur plutôt réactif mais plus vraiment en pointe. C’est le cas avec des fonctionnalités liées à la « guerre des stories » comme le fameux « Facebook live » (pour contrer le pionner Snapchat) ou encore avec le « split testing tool » (pour réaliser des tests comparatifs sur deux échantillons), le bouton « Downvote » (pour signaler les messages offensants), les chatbots, la marketplace (mais sans la fonction paiement), les sensibles comptes de commémoration, le mur news feed et son algorithme, etc.

Quant aux menaces externes qui pèsent sur le groupe à moyen terme, nous pouvons citer d’abord la perte de confiance inquiétante des utilisateurs (notamment les plus modérés) liée au scandale Cambridge Analytica et aux insuffisances de protection. On peut aussi souligner le fait que le droit de la concurrence va se durcir en ce qui concerne notamment la publication de fake news. L’idée ici est d’insister sur un risque de « ringardisation » du réseau, ou du moins de perte de crédibilité, qui lui serait fatal, car cela signifierait la fuite des clients. Autrement dit, des entreprises comme Wish et des milliers d’autres, et surtout de leurs très rentables publicités ciblées !

Le moyen terme semble un horizon plutôt incertain pour le réseau.

Des problématiques environnementales et géopolitiques

Pour ce qui est des facteurs internes à long terme, ce sont à nouveau les difficultés en terme de gouvernance et de vision qui émergent, et notamment l’absence d’une politique de transmission claire et lisible du pouvoir au sein du conseil d’administration. C’est aussi, en cohérence, l’incapacité du groupe à faire émerger des alternatives crédibles à son business model basé sur la data, l’externalisation et la volumétrie. Un modèle qui semble de plus en plus difficilement tenable. C’est également la frilosité affichée de Facebook face au web marchand (toujours sans solution de e-paiement, excepté via Messenger) et face à un crypto-entrepreneuriat (blockchain, bitcoin, ether, ripple, etc.) pourtant prometteur et porteur de projets.

C’est enfin l’absence de communication sur des initiatives écoresponsables liées au green IT et à la soutenabilité énergétique(consommation des datacenters, fonctionnalités sobres, applications moins énergivores, cycle de vie des données, données post mortem, etc.). Par exemple, la décision en 2014 (certes déjà ancienne !) de stocker des photos sur des disques Blu-ray pour économiser la consommation d’électricité des serveurs n’a été que peu valorisée. Malheureusement, ces politiques sobres et frugales, se heurtent frontalement au délire énergivore du tout-vidéo et du streaming !

À long terme, certaines difficultés externes viendront là encore des problématiques énergétiques et éléctriques, si la montée en puissance du débat autour d’un numérique de plus en plus énergivore incite les utilisateurs à renoncer à leurs pratiques. N’oublions pas non plus les difficultés géopolitiques. Ainsi, dans la guerre commerciale qui s’annonce entre les États-Unis et la Chine, le réseau américain – déjà censuré depuis 2009 par Pékin – risque de laisser quelques plumes numériques si ses équivalents chinois décident de s’attaquer au marché mondial. La populaire messagerie chinoise WeChat (Tencent) vient, par exemple, de dépasser le milliard d’utilisateurs au quotidien et son appétit est massif. D’ailleurs, Facebook vient d’ouvrir une filiale dédiée au développement de réseaux informatiques, à Hangzhou, nommée Lianshu Science & Technology afin d’essayer malgré tout de rester présent (comme Google, Uber, Amazon et bien d’autres) au sein de l’empire du Milieu.

Une simple crise d’adolescence ?

Certes, Facebook enregistre toujours des bénéfices nets confortables et séduisants et un chiffre d’affaires malgré tout impressionnant. Certes sa notoriété reste exceptionnelle. Certes sa vitalité et sa résilience sont manifestes. Mais pour combien de temps encore ces atouts éclipseront-ils les menaces décrites ci-dessus ? Tout semble indiquer qu’à l’âge de 15 ans, l’incontournable réseau social traverse aujourd’hui une réelle crise d’adolescence…

Pour en finir avec les pesticides, il faut aussi des agriculteurs dans les champs

18 vendredi Jan 2019

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The Conversation

  1. Cécile Détang-Dessendre

    Directrice de recherche en économie, Inra

  2. Xavier Reboud

    Chercheur en agroécologie, Inra

 

Partenaires

INRA

 

De 1980 à 2014, la part des agriculteurs dans la population active française est passée de 8 % à 2,8 %. Pascal Pavani/AFP
 

Lancé en 2008 à la suite du Grenelle de l’environnement, le plan gouvernemental « Ecophyto » proposait de réduire drastiquement l’usage des produits phytosanitaires dans l’agriculture française. Son objectif initial – réduire de moitié en 10 ans l’utilisation de ces produits –, a été repoussé à 2025 avec la nouvelle mouture du plan (Ecophyto II de 2015). Il est encore très loin d’être atteint.

En juillet 2018, plusieurs ministères ont réaffirmé son importance, en présentant les grandes lignes d’un renforcement de ce plan d’action. La recherche et le transfert des résultats vers les agriculteurs sont au cœur de ce plan, qui durcit également les dérogations aux interdictions de mise en marché des pesticides – dont le très controversé glyphosate et les néonicotinoïdes.

Un élément n’est cependant jamais évoqué : depuis trois décennies, les exploitations agricoles s’agrandissent et en conséquence cherchent à simplifier les pratiques, ce à quoi les pesticides contribuent. La mise en œuvre de pratiques permettant la réduction de l’usage des pesticides (travail du sol, rotation des cultures, infrastructures écologiques…) est alors rendue difficile : elle nécessite plus de travail et complexifie les pratiques.

Des exploitations agricoles morcelées

De 1980 à 2014, la population active agricole est passée de 8 % à 2,8 % de la population active totale ; le nombre d’exploitations continue, lui, de diminuer à un rythme de 2,5 à 3 % par an pour atteindre, en 2014, 419 000. La part des fermes de plus de 100 hectares est particulièrement marquée parmi les exploitations de grandes cultures – céréales, oléo-protéagineux (plantes dont les graines sont riches en huile et en protéines) et cultures industrielles.

Le morcellement des exploitations reste toutefois important, pour de multiples raisons : entre autres, la gestion des successions, l’urbanisation et la spéculation foncière. Cette fragmentation résiste à une politique foncière qui vise à la limiter par le remembrement, l’aménagement foncier ou encore l’action des SAFER (Sociétés d’aménagement foncier et d’établissement rural) dont le rôle est de réguler le marché des terres agricoles.

Avec moins d’agriculteurs sur le territoire, les champs dont ils ont la charge sont à la fois plus grands et plus loin du siège de l’exploitation.

Pour produire des céréales, l’agriculteur a besoin de terre, mais aussi de capital ; essentiellement sous forme de matériels, de travail et de « consommations intermédiaires » – notamment d’énergie, de fertilisants azotés et de produits phytosanitaires.

Malgré l’agrandissement des exploitations en grandes cultures, le travail familial mobilisé par exploitation n’a quasiment pas augmenté, le salariat permanent s’est maintenu et le travail saisonnier a fortement diminué. Une partie de cette diminution de la main d’œuvre rapportée à l’hectare cultivé est compensée par l’externalisation de certaines opérations et le recours à des entreprises agricoles, notamment pour le travail mécanique.

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Quel avenir pour la robotique agricole ? @Salondelagri @irstea http://bit.ly/2lMkcHJ 

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3:55 PM – Feb 27, 2017
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Productivité en hausse

Parallèlement, la productivité du travail continue d’augmenter : les heures de travail mobilisées pour exploiter un hectare ont diminué de 20 % entre 2000 et 2010. Ces gains de productivité – les rendements ont quadruplé en six décennies – ont été soutenus par l’amélioration des variétés, l’usage de la chimie et la mécanisation des pratiques.

L’utilisation croissante de pesticides depuis les années 1960 est attestée par les volumes globaux vendus. Les quantités épandues ont augmenté jusqu’en 1990 avant de stagner. Depuis le début des plans Ecophyto, les volumes de pesticides utilisés n’ont pas véritablement amorcé de baisse. Une succession de particularités climatiques défavorables, entraînant le développement de maladies, ont même pu conduire à une augmentation récente. Par exemple, les précipitations importantes aux printemps 2015 et 2016, ont entraîné le développement de maladies comme la rouille sur le blé.

Les innovations en machinisme ont aussi soutenu la hausse de la demande et supporté les gains de productivité de la terre et du travail. À titre d’illustration, une moissonneuse batteuse pouvait récolter en une heure environ 7 tonnes en 1954, 70 tonnes en 2006 et plus de 100 tonnes à présent.

Une affaire de distance

De nombreuses pratiques souvent qualifiées de « raisonnées », comme la réalisation régulière d’une analyse de sol pour ajuster son plan de fertilisation, reposent sur l’application de la « bonne mesure, au bon moment et au bon endroit ».

Elles s’appuient donc en premier lieu sur l’observation et le positionnement optimal des interventions. Un agriculteur viendra juger de l’état sec ou détrempé du sol pour décider de venir passer une herse. Il viendra constater l’évolution des colonies de pucerons depuis la semaine précédente pour décider ou non de la pertinence d’intervenir, etc. La distance devient alors un facteur déterminant jouant sur la fréquence d’observation, puis sur les coûts et les formes d’intervention.

Une enquête réalisée par la chambre d’agriculture de Bretagne évalue que le travail d’une parcelle située à 10 km induit des temps de chantier quasiment multipliés par trois et une consommation de fuel multipliée par 3,5 par rapport à une parcelle située à 0,7 km du siège de l’exploitation. Le coût du travail augmente lui aussi avec l’éloignement des parcelles.

Une réponse concrète à la distance consiste dès lors à privilégier des cultures bien maîtrisées et faciles à conduire, disposant d’un arsenal de solutions préventives et curatives, grâce à des traitements efficaces, génériques et flexibles, basés sur les produits phytosanitaires.

Une baisse inquiétante du nombre d’exploitations

À partir des données du recensement agricole de 2010, une étude de 2018 estime que si les tendances se maintiennent, le nombre total d’exploitations en 2025 avoisinera les 342 000, soit une baisse de 150 000 par rapport à 2010.

Les exploitations spécialisées en grandes cultures seraient particulièrement touchées par cette diminution : les effectifs chuteraient de près de 50 %, contre un peu plus de 30 % pour l’ensemble des exploitations. Près de 6 800 communes – soit 20 % – ne comptent plus qu’une à trois exploitations en 2016, soit 25 % de plus qu’en 2002 : autant de territoires susceptibles de voir disparaître la dernière exploitation.

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L’agriculture française à la croisée des chemins http://bit.ly/2HCVH8Q 

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8:54 AM – Feb 23, 2018
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L’agroécologie, une exigence de proximité

Les pratiques agro-écologiques, quant à elles, exigent du travail qualifié ; du pilotage et du suivi au plus proche des cultures ; et enfin de la mécanisation. En d’autres termes, elles mobilisent des facteurs dont les coûts d’utilisation et de mise en œuvre augmentent avec les distances à parcourir entre le siège et les parcelles.

Le modèle de production majoritaire en grandes cultures en France et en Europe se trouve ainsi face à une difficulté majeure, avec un système passablement verrouillé.

Il reste quelques raisons d’espérer. Certains outils connectés peuvent accompagner la simplification du suivi des parcelles, désormais réalisable en partie à distance.

Les outils d’échanges de parcelles ou de co-farming – gestion commune et échanges de parcelles – fournissent aussi des exemples intéressants.

Priorité, le renouvellement des agriculteurs

Reste que le maintien des agriculteurs sur le territoire constitue une clé importante des systèmes agricoles durables.

Nous défendons ici l’idée que l’aide à l’installation et à la reprise d’exploitations constitue un levier de la Politique agricole commune (PAC) à mobiliser massivement dès à présent. Et pourquoi ne pas envisager un soutien renforcé quand les pratiques en faveur de l’environnement permettent aussi le maintien de l’emploi dans le secteur ?

Le renouvellement générationnel est l’un des neuf objectifs communs du cadre européen de la réforme de la PAC post-2020 proposé par la Commission européenne.

La première carte représente la densité au km² des chefs d’exploitation (CE) à l’échelle de la petite région agricole. La seconde, les communes avec entre zéro et trois chefs d’exploitation sur leur territoire. Author provided

Face au vieillissement, tous les États membres de l’Union seront conduits à soutenir une « stratégie en faveur du renouvellement des générations », couvrant notamment l’accès à la terre, au crédit et à la connaissance, ainsi que des dispositions fiscales sur la transmission du patrimoine. Reste à voir quels seront les choix français pour dépasser les mesures actuelles de la PAC en faveur de l’installation des jeunes agriculteurs.

Faute de voix commune, les pays des BRICS risquent une polarisation

17 jeudi Jan 2019

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The Conversation

  1. Usman W. Chohan

    Economist, UNSW

 

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Chefs d’état réunis en 2014 pour le sommet des BRICS. Une époque plus sereine? Brisbane, Australie. Roberto Stuckert Filho/Wikimedia, CC BY-SA
 

Une série d’événements récents a suscité des inquiétudes quant à la vitalité du plus grand groupe de pays émergents, communément appelé BRICS et regroupant le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du sud.

Il s’agit notamment de l’élection récente de Jair Bolsonaro au Brésil, de l’instabilité des marchés financiers internationaux, de l’incertitude préélectorale en Inde, de la fermeture du gouvernement aux États-Unis et, surtout, de la guerre commerciale sino-américaine.

Les pays membres ont un PIB combiné d’environ 15 000 milliards de dollars. Ils représentent 19,3 % du produit mondial brut ; 42,7 % de la population mondiale ; et ont représenté plus de 50 % de la croissance économique mondiale au cours des 10 dernières années.

Malheureusement, ils semblent de plus en plus divisés sur une série de problèmes géopolitiques et géoéconomiques. Leurs propres intérêts nationaux semblent fondamentalement opposés à ceux des autres membres. En conséquence, les BRICS semblent aujourd’hui manquer d’une « voix commune » au nom des pays du Sud, et donc ils ne peuvent pas articuler les intérêts des pays en voie de développement avec autant de persuasion.

Lignes de division sino-russes

Les pays BRICS se livrent ainsi depuis quelques années à des exercices plutôt unilatéraux ou bilatéraux, loin des objectifs affichés de déterminer une politique commune pour les économies dites « émergentes ».

Cela tient à des considérations politiques propres à chaque pays. Par exemple, la Chine et la Russie ont adopté des positions communes au Conseil de sécurité des Nations unies concernant la Syrie et l’Iran. Ils travaillent également ensemble sur une position commune sur l’Afghanistan en attendant le retrait des États-Unis, ce qui va à l’encontre du désir de Washington de promouvoir une présence indienne à Kaboul, afin de mitiger le risque d’instabilité en Afghanistan lors du retrait américain.

La Chine et la Russie élargissent également leurs relations avec le Pakistan, au chagrin de l’Inde.

Le ministre des Affaires étrangères Wang Yi en réunion avec Vasily Nebenzya, le représentant permanent russe aux Nations unies lors d’une rencontre avec le Conseil de sécurité de l’ONU, Beijing, le 26 novembre 2018. Jason Lee/AFP

En ce qui concerne plus particulièrement les BRICS, la Chine et la Russie n’ont pas soutenu l’élargissement du Conseil de sécurité des Nations unies afin de donner un siège au Brésil, à l’Inde ou à l’Afrique du Sud, même si ces pays militent activement en faveur d’une telle position.

La Chine et la Russie développent également des mécanismes d’échange de devises pour faciliter les échanges bilatéraux plutôt qu’un mécanisme inter-BRIC pour un panier de devises.

En outre, lors de l’élargissement des récents droits de vote à la Banque mondiale et au FMI, les gains en pouvoir de vote de la Chine, du Brésil et de l’Inde ont été défavorables aux autres pays en développement, notamment le Nigéria et l’Afrique du Sud. De plus, les BRICS n’ont pas appuyé l’appel lancé par l’Afrique du Sud pour un troisième siège africain au conseil d’administration du FMI. Cela a fait de l’Afrique la région la plus sous-représentée du conseil d’administration.

Davantage de pays africains

Le President du Zimbabwe Emmerson Mnangagwa se joint à la photo de groupe lors du 10ᵉ sommet des BRICS le 27 juillet à Johannesburg, South Africa. Mike Hutchings/AFP

La Chine et la Russie ont également formé l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS), en partenariat avec six républiques d’Asie centrale. Créé en 2001, il traite des questions d’énergie et de sécurité et constitue un contrepoids à l’influence américaine en Asie centrale. De la même manière, l’Afrique du Sud, la Chine et la Russie préconisent le concept de « BRICS Plus » pour inclure davantage de pays africains dans les BRICS. Cela semble un avantage étant donné l’influence économique et politique de la Chine et la Russie.

L’Afrique du Sud avait lancé le partenariat BRICS Outreach, un canal d’inclusion pour plusieurs pays africains tels que le Sénégal, l’Éthiopie, le Rwanda et l’Angola. L’Afrique du Sud tente donc d’incorporer un plus grand pluralisme au sein des BRICS.

L’Inde semble cependant mal à l’aise avec le concept BRICS Plus, craignant qu’une telle reconfiguration ne soit plus avantageuse pour Beijing que pour eux, au vu de l’influence chinoise en Afrique ?

La route de la soie et la guerre commerciale

Le mégaprojet chinois sur la nouvelle route de la soie (NRS) est peut-être la plus importante force contrariante par rapport aux initiatives conjointes des BRICS. Alors que la Russie appuie ce projet, l’Inde s’y oppose farouchement car le corridor économique sino-pakistanais est un stimulant de 62 milliards de dollars US qui contrecarre le jeu politiqueindien pour isoler le Pakistan.

La Chine en rouge, les membres de l’AIIB (Asian Infrastructure Investment Bank) en orange, les six corridors proposés en noir et en bleu. 2017. Lommes/Wikimedia, CC BY-NC

Pourtant, la Chine préfère que le NRS fasse progresser ses intérêts géopolitiques et géoéconomiques car il peut jouer un rôle de premier plan et exercer davantage de contrôle sur la route de la soie. Dans le partenariat BRICS, la Chine n’est que l’un des cinq égaux ; sur la route de la soie, elle est clairement leader.

Contrer les États-Unis

En même temps, deux pays BRICS, la Chine et la Russie, jouent un jeu d’acrobatie économique et politique avec les États-Unis.

Or ces derniers se retirent actuellement des accords de gouvernance multilatéraux qu’ils ont créés. Par exemple, ils se sont retirés de la conférence des Nations unies sur les migrations et du Conseil des droits de l’homme des Nations unies. Et Washington paralyse effectivement l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en refusant d’accepter la nomination de nouveaux juges à l’organe d’appel de l’OMC.

Rencontre entre Trump et Poutine au G20, 2017. Kremlin/Service de presse

Les États-Unis sont sur le chemin de la guerre commerciale avec la Chine, ce qui fomente les divisions entre les pays du groupe BRICS, alors que la Russie se tourne vers la Chine, tandis que l’Inde et le Brésil se rapprochent des États-Unis.

En raison de la guerre commerciale, les pays du groupe BRICS sont maintenant davantage contraints de prendre parti, soit pour les États-Unis soit pour la Chine, avec une marge de manœuvre réduite. Selon la Banque mondiale, une modération dans le commerce mondial ralentira le taux de croissance du PIB mondiale, de 4,5 % en 2018, à 4,7 % en 2019 et 2020.

Une voix commune pour les Suds ?

Il existe un présupposé sur la domination de l’Occident (G7) dans la gouvernance économique mondiale qui était valable à la création du groupe BRICS (2002), mais qui ne l’est plus.

Brexit, Trump, le populisme, le ralentissement de l’économie mondiale depuis la crise de 2008, et la montée en puissance de la Ligue en Italie sont autant de phénomènes qui montrent que la domination de l’Occident sur l’économie mondiale s’est estompée. Alors, quelle est la nécessité de présenter une résistance aux puissances dominantes si elles ne le sont plus ?

En parallèle, la moitié de la croissance actuelle du PIB mondial est génerée par les BRICS. Si ces derniers développaient de meilleurs mécanismes de coordination économique, ils seraient ainsi capables de maintenir un rythme de croissance élevé. Le cas échéant, la polarisation actuelle des BRICS risquerait de ralentir considérablement la croissance économique mondiale, avec des répercussions pour les écononomies émergentes hors BRICS, étant donné leur intégration dans l’économie mondiale.

Conversation avec Pascale Colisson : et si tout n’était pas de la faute des écoles de journalisme ?

16 mercredi Jan 2019

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The Conversation

  1. Arnaud Mercier

    Professeur en Information-Communication à l’Institut Français de presse (Université Paris 2 Panthéon-Assas), Auteurs fondateurs The Conversation France

Interviewé

  1. Pascale Colisson

    responsable des Master 1 à l’Institut pratique du Journalisme (IPJ), Université Paris Dauphine – PSL

 

Place de la République à Paris, le 15 décembre 2018. Sameer Al-Doumy / AFP
 

Déconnexion d’une élite médiatique avec les catégories populaires, manque de diversité dans les médias, pensée unique au service des puissants… L’actualité des « gilets jaunes » a remis en exergue ces reproches adressés régulièrement aux journalistes. Souvent pointées du doigt par l’opinion et les médias eux-mêmes : les écoles de journalisme, accusées de formatage. Pour vérifier, nous avons interrogé Pascale Colisson, responsable des Master 1 à l’Institut pratique du Journalisme (IPJ) de Paris-Dauphine, en charge de la mission Égalité des chances.


Le mouvement des « gilets jaunes » a montré un grand niveau de défiance, voire de violence vis-à-vis des journalistes considérés comme tous identiques. Quels sont donc les principaux reproches qui leur sont adressés ?

« Vendus à Macron », « journalistes collabos »… les professionnels des médias présents sur le terrain pour couvrir le mouvement des « gilets jaunes » ont souvent été pris à partie, considérés comme une élite déconnectée du terrain et asservie au politique. Des journalistes hors-sol, formatés, quasi-clones, qui s’expriment tous de la même façon, pour parler de la même chose, mettant en avant les actes de violence mais ne sachant pas rendre compte de la réalité du quotidien de ceux que l’on appelle « les invisibles ».

L’une des raisons souvent évoquées repose sur leur soi-disant profil social identique. Ils viendraient tous du même milieu, seraient pour la plupart parisiens et toucheraient des salaires indécents. Et face à ces accusations, écoles de journalisme et médias se renvoient la patate chaude de la responsabilité.

Quelle serait alors la part de responsabilité des écoles dans cette endogamie sociale ?

Le processus de sélection des 14 écoles dites reconnues – à la fois par l’enseignement supérieur et par les organisations professionnelles – est souvent pointé du doigt. Il s’agit, la plupart du temps, d’un recrutement à un niveau licence pour la grande majorité d’entre elles, excepté les deux IUT de Lannion et de Cannes. Il conduirait à une reproduction des élites, à peu de diversité sociale et ethnoculturelle, à une surreprésentation des étudiants venant de sciences politiques avec des épreuves calquées sur mesure.

La critique n’est pas nouvelle. En 2003, François Ruffin, aujourd’hui député de la France insoumise, publiait une sévère critique de la formation qu’il avait suivie dans une des plus prestigieuses écoles de journalisme. En novembre 2016, dans l’émission _Du grain à moudre- sur France Culture, (consacrée à la déconnexion des médias), Julia Cagé, maître de conférences en économie à Sciences Po Paris, s’exprimait ainsi :

« Les écoles de journalisme ne sont pas exemptes de responsabilité. […]. Il y a des gens qui se ressemblent énormément par leur parcours […]. Si maintenant, vous étudiez les CV des journalistes, ils viennent tous d’un certain nombre d’écoles. […] on sait très bien comment se fait le recrutement au niveau de ces écoles […]. Le travail est à faire en amont pour recruter des profils plus divers, sociaux et économiques plus variés. »

Interviewée en juillet 2017, à l’occasion des « Rendez-Vous de Juillet » à Autun pour son intervention à la conférence sur « La fabrique de l’info », Florence Aubenas, grand reporter au Monde, affirme dans Infos-Dijon :

« En faisant une école de journalisme, vous arrivez avec deux-trois codes, vous parlez le même langage. Les journaux prennent surtout des diplômés d’école de journalisme. Le mauvais côté, c’est qu’il y a un risque de formatage, de tics. »

Pourtant les journalistes ne sont pas tous issus d’une école…

Absolument. D’après les chiffres de la Commission de la carte d’identité des journalistes professionnels, sur 1 673 premières demandes de cartes de presse faites en 2017, 303 émanaient de diplômés d’école de journalisme, soit 18 % des demandeurs. Les chiffres des années précédentes oscillent entre 14 et 18 %.

Même si l’entrée dans la profession « sur le tas » tend à s’atténuer, les médias ont néanmoins la possibilité de choisir leurs filières de recrutement. S’ils privilégient les écoles de journalisme, c’est pour leur capacité à donner aux étudiants des apprentissages professionnels polyvalents.

Place de la Bourse, à Paris, le 5 janvier 2019. Olivier Morin/AFP

Comme le montrent les travaux de Samuel Bouron, Denis Ruellan et Yvan Chupin, les cursus des écoles ont évolué, notamment en matière d’équilibre entre les apports académiques et les pratiques professionnelles, la pression des entreprises de médias pour développer des compétences immédiatement opérationnelles se faisant plus forte au fur et à mesure des tensions sur le marché de l’emploi.

Et dans les écoles, les profils sont-ils si uniformes que cela ? Les inégalités sociales sont-elles réelles ?

Quand on pointe le manque de diversité, il faut s’entendre sur la signification du terme diversité ? La diversité sociale ? Ethnoculturelle ? Politique ? Régionale ? Celle des formations initiales ?

La dernière enquête sur le profil social des étudiants, intitulée « Les portes fermées du journalisme » et menée par les sociologues Géraud Lafarge et Dominique Marchetti sur les étudiants présents en 2004-2005 dans les formations en journalisme reconnues par la profession, montre que 52 % des répondants ont un père cadre ou issu d’une profession intellectuelle supérieur. La part des étudiants en journalisme issus des classes sociales modestes est faible : 10,4 % de père ouvrier, et 5,8 % de père employé. Les boursiers ne représentent que 16 % de cette population.

Plusieurs remarques concernant cette enquête qui n’a pas été réactualisée depuis. Tout d’abord, les écoles de journalisme représentent le stade ultime du parcours scolaire avant l’intégration professionnelle et s’inscrivent au bout d’une longue chaîne d’inégalités successives. De nombreux rapports, études, travaux de recherches confirment ce phénomène dû en partie à la massification de la scolarisation et au système de reproduction des élites.

Dans un rapport paru en septembre 2016, fruit du travail de 22 chercheurs, le Cnesco (Conseil national d’évaluation du système scolaire), présidé par Nathalie Mons, dresse un réquisitoire sévère sur la fabrique des inégalités :

« Les élèves de milieux défavorisés n’ont pas accès aux mêmes méthodes pédagogiques que ceux de milieux favorisés. »

En 2012, la Cour des comptes révélait que l’État dépensait 47 % de plus pour former un élève parisien qu’un élève des banlieues. Le constat de la reproduction sociale des inégalités n’est pas un fait nouveau. Elle a été très largement étudiée au prisme d’une approche sociale (Pierre Bourdieu et Jean‑Claude Passeron, Marie Duru-Bellat ou Agnès van Zanten, pour ne citer qu’eux), ou sous l’angle de l’autocensure qui touche les jeunes de milieu populaire et/ou de territoires relevant de la politique de la ville, sous la plume de Pierre Merle.

Les écoles de journalisme, au bout de la chaîne des études, héritent en quelque sorte de cette situation.

Elles héritent d’inégalités préalables, soit. Mais ne devraient-elles pas davantage réfléchir aux moyens de garantir plus de diversité dans leurs choix de recrutement ?

Absolument. Et les écoles de journalisme ne sont d’ailleurs pas restées passives face à ces situations. L’ouverture de la filière par apprentissage via une voie parallèle en 2004 à l’IPJ (aujourd’hui IPJ Paris-Dauphine) a contribué à mettre la réflexion sur la table et à faire bouger les lignes.

Certaines écoles – ou anciens d’écoles – ont par ailleurs mis en place des initiatives de compensation en amont du concours. Il s’agit surtout de préparations aux concours réservées aux candidats boursiers, sélectionnés sur dossier et/ou par entretien et dispensées bénévolement par des journalistes professionnels. Citons ainsi « La Chance », ex–« La Chance aux Concours », initialement créée par des anciens du CFJ. Autre exemple : celui de l’ESJ Lille qui a développé un partenariat avec le Bondy Blog.

Éric Drouet, l’une des figures du mouvement des « gilets jaunes », le 3 janvier 2019, à Paris. Bertrand Guay/AFP

Conscientes du caractère discriminant que peuvent revêtir les épreuves des concours, certaines écoles modifient la nature de leur recrutement ou celle de leurs épreuves, afin qu’elles correspondent aux compétences attendues des futurs journalistes et qu’elles soient accessibles au plus grand nombre de formations ou de parcours initiaux. À l’heure où l’exigence de culture économique est de plus en plus forte, où le datajournalisme se développe, se nouent des partenariats ou se créent des passerelles avec des établissements, comme Paris-Dauphine ou Chimie ParisTech.

La réflexion des écoles se porte sur les questions des diversités au sens large, malgré la pression de certains médias, comme le notent Aude Soubiron, Yvan Chupin et Cyprien Tasset, auteurs d’une enquête menée en 2012 pour la Conférence nationale des métiers du journalisme (CNMJ) et intitulée « La diversité dans les écoles de journalisme : dispositifs, pratiques et résultats en termes d’insertion professionnelle ». Ils montrent que, face aux incitations fortes des entreprises de médias à sélectionner par le biais des contrats d’apprentissage ou de professionnalisation une diversité qui se voit, c’est-à-dire ethnoculturelle, les dirigeants des écoles prônent une approche sociale de la diversité.

Une pression qui émane plus spécifiquement des médias audiovisuels, sommés par le CSA (Conseil supérieur de l’audiovisuel) de s’ouvrir plus aux profils divers. Il n’existe, en effet, pas d’instance équivalente à celle du CSA pour les médias écrits et numériques.

La situation a-t-elle évolué dans les écoles depuis l’enquête « Les portes fermées du journalisme » en 2005 ? Vous, par exemple à l’IPJ, vous avez obtenu un label « diversité » par l’Afnor…

En ce qui concerne l’origine sociale des étudiants, sans aucun doute les choses évoluent. Les taux de boursiers peuvent désormais s’élever jusqu’à 40 % des étudiants dans certains établissements. Pour le reproche de « parisianisme », les écoles de Paris accueillent majoritairement des étudiants venant des régions, dont certains d’outre-mer.

La CEJ (Conférence des écoles de journalisme), qui rassemble les 14 écoles reconnues, vient en ce début d’année de lancer une mission, afin de porter les questions d’égalité et de diversité au sein de tous ses établissements. J’ai été chargée, ainsi que Sandy Montañola, responsable du DUT journalisme à l’IUT de Lannion et chercheuse au laboratoire Arènes de l’Université de Rennes 1, de conduire cette mission qui vise à mettre en place au sein de chaque école des actions très concrètes : réflexion sur le recrutement des étudiants ; information et accompagnement face aux risques de discrimination, tant au sein des établissements que dans les médias ; traitement de l’information ; sensibilisation en amont dans les collèges et les lycées pour des publics qui, souvent par autocensure, ne se projettent pas dans le journalisme… Dans l’optique de mener à bien cette mission, chaque école a d’ores et déjà nommé un référent ou une référente pour conduire ces actions en interne.

Pourtant, on lit et on entend toujours les mêmes préjugés sur les écoles de journalisme, en particulier dans les médias. Peut-être parce que ceux qui en sont issus ont gardé le souvenir de leur passage parfois ancien, dans ces formations. Il est sans doute temps, comme pour tout sujet sur lequel un journaliste s’exprime, d’aller chercher l’information et de la vérifier.

Autour du livre, de nouvelles pratiques alimentent l’intelligence collective

15 mardi Jan 2019

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The Conversation

  1. Dominique Boullier

    Professeur des universités en sociologie, Sciences Po – USPC

  2. Mariannig Le Béchec

    Maître de Conférences en Sciences de l’Information et de la Communication , IAE de Poitiers

  3. Maxime Crépel

    Sociologue, ingénieur de recherche au médialab de Sciences Po, Sciences Po – USPC

Université Sorbonne Paris Cité

Sciences Po

 

Les mille et une vies du livre papier. Pixabay

Les livres qui s’entassent dans votre bibliothèque sont-ils encore vivants ? Pourquoi les garder s’ils ne le sont plus ? Pourquoi l’attachement au livre imprimé ne se dément-il pas à l’heure du livre numérique ?

Nous avons observé pendant plusieurs années tous les échanges auxquels les livres donnaient lieu, en ligne et hors ligne et la vitalité de ces livres imprimés (technique vieille de plus de 500 ans !) à travers 150 entretiens de lecteurs, libraires, éditeurs, blogueurs, bibliothécaires, 25 observations participantes, 750 réponses à un questionnaire en ligne et 5 000 sites francophones cartographiés – nous a impressionnés. Oui, votre livre continue de vivre tout en restant dans votre bibliothèque car vous en parlez, vous vous en souvenez, vous y faites référence. Mieux même, vous l’avez prêté à une amie pour qu’elle le lise, vous êtes allés voir ceux qui en parlaient avant de l’acheter ou après l’avoir lu, les critiques professionnels, certes, mais aussi les blogueurs. La conversation continue quand bien même le livre ne circule plus.

Les livres papier circulent mieux que leurs versions numériques

Mais ce qui nous a d’abord frappé, c’est la circulation très active des livres imprimés (et par contraste la faible circulation des livres numériques). Le livre une fois vendu en librairie ou sur une plate-forme en ligne, possède plusieurs vies. Il peut être prêté en effet, offert en cadeau, mais aussi revendu d’occasion, en ligne ou dans les magasins spécialisés. Et il peut faire plusieurs fois la boucle et être revendu encore ; autant de moments de circulation rarement pris en compte dans le bilan général de l’édition.

L’application Bookcrossing permet de suivre les livres que l’on « lâche », que l’on « libère » au hasard dans les lieux publics pour que des inconnus se les approprient et, on l’espère, pour qu’ils entrent en contact ou gardent la trace du livre. Ailleurs, le livre sera laissé dans ces « boîtes à lire » qui ont proliféré, en accès libre, un peu partout en France. Certains sites sont devenus experts dans cette vente d’occasion comme Recyclivre, qui s’appuie sur Amazon pour gagner en visibilité.

Enfin, les vide-greniers, les brocantes, les marchés au livre permettent de redonner une vie à une quantité impressionnante de ces livres que l’on croyait oubliés parce qu’ils avaient été lus une fois. Le livre dans sa matérialité, jusque dans son âge apparent, procure un plaisir sensoriel inégalé, soulève avec lui des souvenirs intimes, des époques révolues, un idéal du beau travail avec ses reliures ou une nostalgie des collections populaires enfantines par exemple.

Toute une profession s’est constituée avant le web mais encore plus depuis son apparition, qui fait commerce de ces secondes vies du livre, de ce recyclage, qui permet aux idées de ne pas mourir. Certains sont devenus des « ebayistes » experts uniquement grâce au stock de livres qu’ils vendent sur la plate-forme. Parfois même, ces vies du livre se prolongent pour de la revente de solidarité, comme le fait Oxfam notamment. À un certain moment cependant, ce n’est plus que le papier qui fait la valeur du livre, lorsqu’il est broyé et recyclé.

On aurait pu penser que face à ce poids, à ce volume, à cet espace occupé par le livre imprimé, le livre numérique aurait tout balayé sur son passage, comme on l’a vu pour la musique en ligne qui a quasiment tué le CD ou aux films à la demande qui ont réduit le marché des DVD. Et pourtant, non, ce n’est pas ce qui s’est passé : aux États-Unis comme en France, le marché des livres en ligne ne dépasse jamais les 20 % du chiffre d’affaires des ventes des livres imprimés. Et cela sans compter le chiffre d’affaires de ces circulations secondaires que nous venons d’évoquer. Le livre numérique, lui, ne circule guère une fois acheté, pour des raisons de contrôle sur les fichiers par des DRM, d’incompatibilité de formats dépendants des supports de lecture (Kindle et autres).

Les plaisirs du livre papier

Nos entretiens racontent aussi ces plaisirs de faire des cadeaux, de prêter, d’échanger le support physique du livre imprimé avec sa couverture, sa taille et son odeur même, alors que si un ami plein de bonnes intentions propose de vous passer des fichiers de livres numériques, il le fera éventuellement grâce à une clé USB comportant… mille fichiers qu’il aura téléchargés ! Mais cela ne sera jamais considéré comme un cadeau mais bien comme un simple transfert de fichiers, semblable à ceux que l’on fait plusieurs fois par jour dans le cadre du travail. Ce sera l’occasion pour les défenseurs des ayants droit de rappeler alors que « la gratuité, c’est le vol » : en l’occurrence le don de fichiers deviendrait donc lui aussi un vol.

Tensions très éloignées de l’esprit amical que l’on retrouve dans les cadeaux de livres imprimés entre blogueurs (bookswapping), sous condition de personnalisation : un petit mot, un objet complémentaire associé au livre (des gâteaux par exemple !) et la surprise de recevoir un geste d’attention totalement imprévu qui va devenir prétexte à des échanges plus personnels.

Un réseau dense et vivant qui s’appuie sur le web

Mais ce qui circule encore mieux autour du livre, ce sont des conversations, des avis, des critiques, des recommandations. Certaines conversations sont très organisées à travers des cercles de lecture ou dans le réseau de la bibliothèque Orange par exemple. Des listes de lecture sont proposées, des avis sont demandés et échangés, des réunions de rencontres avec les auteurs sont organisées. Tout ce réseau mobilise les ressources numériques mais existait bien avant lui et reste très vivant.

Sur Instagram, le livre papier suscite de nombreuses conversations.

Cependant, l’essor des blogs au début des années 2000 a amplifié cet exercice critique ordinaire pour lui donner une visibilité, voire une réputation pour certains blogueurs. Certes, les critiques institutionnels et médiatiques continuent de jouer leur rôle d’orientation de la masse des lecteurs et sont des prescripteurs importants choyés par les éditeurs. Mais des sites comme Babelio notamment, regroupent une expertise qu’on pourrait dire ordinaire, partagée, distribuée parmi un grand nombre de blogueurs parfois très spécialisés. Le site existe depuis 2007 et affiche 690 000 lecteurs membres.

La prolifération des contenus et des publications génère de la désorientation et le rôle de ces blogueurs passionnés, et parfois très pointus sur des littératures très spécialisées, devient important car ce sont des influenceurs « naturels » pourrait-on dire, car proches du public. Cependant, certains éditeurs ont bien compris l’intérêt d’une forme d’association avec ces blogueurs, notamment pour des littératures spécialisées comme les mangas, la BD, le polar ou la littérature jeunesse. Parfois un blogueur, YouTubeur et écrivant du web est édité, comme Nine Gorman.

Certaines librairies contribuent d’ailleurs directement à la coordination de tous ces passionnés, elles « produisent » leur public, ou tout au moins le soutiennent autant en ligne que dans leurs magasins pour des rencontres face à face. La conversation possède un pouvoir fédérateur pour les passionnés qui sont les meilleurs diffuseurs dans un large milieu.

Des plates-formes encouragent les lecteurs à prolonger leur univers, sous forme de fanfictions, qui sont publiées en ligne par l’auteur lui-même ou ses lecteurs. Le lien avec les auteurs se noue en effet de plus en plus directement, comme cela se passe aussi dans la musique. Sur certaines plates-formes comme Wattpad, les textes mis à disposition sont directement associés à une activité de commentaires collectifs.

Mais surtout, l’activité de conversation autour de la lecture se transforme souvent en écriture. Elle peut être publiée sur un blog et s’apparenter au travail de l’auteur mais à l’autre extrémité, elle peut être très modeste comme les annotations que l’on laisse sur son propre livre. Ces annotations, plus fréquentes sur des livres de non-fiction, peuvent cependant se retrouver échangées, si l’on prête ou revend son livre, mais aussi stockées et partagées avec des systèmes en ligne comme Hypothes.is, qui permet d’annoter tout article trouvé sur le web et de stocker ces remarques, indépendamment du format de présentation de l’article, sur le service en ligne qui le met à disposition des lecteurs organisés en groupes par exemple.

Le livre imprimé est de fait devenu numérique à travers l’usage des réseaux numériques qui facilitent sa circulation en tant qu’objet ou sous forme de conversations autour du livre. L’attention collective ainsi amplifiée constitue une œuvre collective permanente, bien loin de la publication frénétique des posts sur les réseaux sociaux. Car les lecteurs acceptent de vivre dans un temps plus long qu’ils ne confondent pas avec la haute fréquence des échanges sur les réseaux sociaux. La combinaison des deux rythmes peut cependant encourager la lecture à travers des alertes sur les publications sur les réseaux sociaux suivie d’une lecture plus longue.

Les réseaux qui se sont formés autour du livre constituent ainsi une ressource majeure d’attraction de l’attention, qui ne remplace pas encore les effets de la « saison des prix » pour orienter la lecture de masse mais qui mériterait que l’on s’y intéresse de plus près, notamment de la part des éditeurs qui disposent là de communautés très actives.

Il serait alors possible de penser le livre numérique comme pris dans cet écosystème relationnel, au lieu de le traiter seulement comme un clone (on parle alors de livre homothétique, reproduisant dans le fichier exactement le format et les propriétés du livre imprimé). Imaginons des livres multimédias mais surtout connectés et en prise constante avec la conversation qui tourne autour du livre : ce serait un autre produit, une valeur ajoutée qui pourrait justifier le prix que l’on demande actuellement pour de simples fichiers. Ce serait alors un « livre-accès » qui favoriserait d’emblée le « livre-échange » et qui aurait une chance d’attirer à lui de nouveaux publics et surtout d’amplifier toute cette créativité collective déjà présente autour des livres imprimés.

Dépendance à la voiture en zone rurale, quelles solutions ?

14 lundi Jan 2019

Posted by mirmandepatrimoines in Uncategorized

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The Conversation

Dépendance à la voiture en zone rurale, quelles solutions ?

8 janvier 2019, 20:12 CET

Auteur

  1. Aurélien Bigo 
    Aurélien Bigo est un·e ami·e de The Conversation

    Doctorant sur la transition énergétique dans les transports, École Polytechnique

 

Partenaires

École Polytechnique

 

En 2015, 35,7 % des ménages français possédaient deux voitures ou plus. Damien Meyer/AFP

À la fin de l’année 1973, une crise pétrolière, suivie d’un deuxième choc pétrolier en 1979, sonne la fin des Trente glorieuses. Trente ans plus tard, la hausse du prix du pétrole joue à nouveau un rôle dans le déclenchement de la crise économique de 2008, parfois interprétée comme le 3ᵉ choc pétrolier.

Si ces crises ont entraîné quelques ajustements de court terme, il semble que nous ayons la mémoire courte. Chaque fois que le prix du baril baisse, nous nous imaginons entrer dans une nouvelle ère d’abondance pétrolière : les ventes de voitures – toujours plus lourdes et plus puissantes – repartent à la hausse, les kilomètres parcourus augmentent, et les politiques d’aménagement accompagnent et renforcent cette dépendance à l’automobile… jusqu’à la prochaine crise.

À force d’attendre, les problèmes de long terme deviennent urgents, et les enjeux environnementaux se transforment en crises économiques et sociales, comme l’illustre le mouvement des « gilets jaunes ».

Quelles pistes imaginer pour une mobilité moins chère et plus sobre en carbone dans des zones rurales où l’offre de transports en commun fait souvent défaut ?

Les zones peu denses exposées

L’Agence internationale de l’énergie a alerté en 2018 dans son rapport annuel : compte tenu de l’écart entre la croissance de la demande en pétrole (jusqu’à 102 millions de barils par jour) et la décroissance de la production (86 millions de barils par jour) prévue d’ici 2025, il faudrait tabler sur une croissance des pétroles de schistes américains d’environ 16 millions de barils par jour.

Dans les prévisions américaines les plus optimistes, ces pétroles pourraient croître au mieux d’environ 5 ou 6 millions de barils par jour d’ici 2025. Ce qui augure un marché du pétrole perturbé dans les années à venir.

Les habitants des zones peu denses, fortement dépendants à la voiture, sont ainsi particulièrement vulnérables aux variations du cours du pétrole. Pour déjouer cette situation, construite depuis des décennies, un coup de baguette magique ne suffira pas.

Il est toutefois possible d’en sortir, à condition de profiter de l’occasion offerte par la crise des « gilets jaunes » pour débattre et mettre l’ambition et les moyens à la hauteur des enjeux sociaux, économiques et environnementaux associés.

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Conversation France

✔@FR_Conversation

Fiscalité verte et acceptabilité sociale : pourquoi ça coince http://bit.ly/2BU9APk 

2

8:39 AM – Dec 6, 2018
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Covoiturage quotidien, le nouveau transport en commun ?

Premier constat : là où les transports en commun sont pertinents, ils doivent être développés en priorité, que ce soit pour les « petites » lignes ferroviaires ou les lignes d’autocars. Mais souvent, la densité des flux s’avère trop faible en zones rurales pour développer une telle offre. Le covoiturage apparaît dès lors particulièrement adapté.

Si BlaBlaCar a réussi à démocratiser le covoiturage sur la longue distance, son impact sur les émissions de gaz à effet de serre est faible : le service détourne les usagers du train et crée de nouveaux déplacements routiers plus émetteurs. L’enjeu est désormais de développer la pratique sur de courtes distances ou pour les trajets entre le domicile et le travail, où le covoiturage pourrait être une solution pertinente pour les zones peu denses où se trouve le vrai potentiel de réduction d’émissions.

Une ribambelle de plates-formes ont investi le secteur, comme iDvroom, Karos, Klaxit ou BlaBlaLines ; de même, Ecov propose du covoiturage spontané pour les territoires ruraux et périurbains : des panneaux lumineux connectés signalent sur le bord de la route la destination des passagers ; Ecosyst’m propose un covoiturage citoyen et solidaire en lien avec une monnaie locale en Corrèze ; la coopérative Mobicoop met en lien des covoitureurs sans prendre de commission.

Les collectivités locales ont un rôle à jouer pour accompagner ces plates-formes et développer la pratique, en plus de la mise en œuvre systématique du forfait mobilité durable auprès des salariés – censé les encourager à utiliser le vélo ou le covoiturage en les indemnisant pour les frais engagés.

Si l’on roule seul, rouler léger

Second constat, si le covoiturage n’est pas toujours adapté, une attention particulière doit être portée au véhicule. Quel intérêt en effet de rouler seul dans un véhicule cinq places pesant plus d’une tonne, pouvant atteindre 186 km/h et coûtant plus de 25 000 euros à l’achat en moyenne ?

Sans être parfaite, la Renault Twizy constitue un bon exemple de voiture sobre, qui plus est électrique. À 11 500 euros, elle coûte deux fois moins cher que la voiture neuve moyenne, et quasiment trois fois moins que la Renault Zoé, qui représente 55 % des ventes de voitures électriques en France. En raison du faible poids du véhicule et de sa batterie, son impact environnemental est également bien plus faible. Pourtant, les aides à l’achat encouragent surtout les véhicules les plus lourds, des voitures électriques comme la Twizy ou les vélos à assistance électrique (VAE) étant bien moins subventionnés en montant et en proportion.

Reste à définir à quels usages dédier ces véhicules. En France, 35,7 % des ménages possédaient deux voitures ou plus en 2015. L’une d’entre elles pourrait ne compter que deux places et la plus grosse servir pour les vacances ou les trajets familiaux.

De même, les ménages d’une seule personne – dont 66 % ont une voiture –, n’ont a priori pas besoin d’un véhicule de cinq places. En remplaçant une voiture, des ménages multi-motorisés et les voitures des ménages seuls par des véhicules légers, 17 millions de voitures pourraient être remplacées. Cela représente la moitié du parc automobile français.

Figure de comparaison des véhicules en fonction de leurs caractéristiques. Aurélien Bigo

Le vélo, pas seulement en ville

Outre la voiture, certains modes de transport alternatifs qui se développent en ville méritent aussi l’attention des zones rurales. C’est le cas du vélo : son déploiement à grande échelle n’en est encore qu’à ses débuts, notamment à la campagne où sa pratique reculait encore il y a quelques années.

Le vélo a pourtant un véritable potentiel dans les zones peu denses. Fin 2017, le Shift Project publiait un rapport pour évaluer le potentiel de différentes solutions pour décarboner les zones de moyenne densité, parmi lesquelles se trouvait le « système vélo » : ses principales caractéristiques s’appliquent également aux zones rurales.

Il s’agit de combiner le développement d’infrastructures sécurisantes, de services vélo et de véhicules efficaces, en profitant de la diversification de l’offre au cours des dernières années : vélos classiques, mais aussi vélos à assistance électrique, certains étant débridés à 45 km/h, ou vélos-cargos (pour le transport de charges). Il s’est vendu 255 000 exemplaires de VAE en 2017 – soit 10 fois plus que de voitures électriques.

Ces modèles permettent d’étendre la zone de pertinence du vélo à des trajets de 10-15 km (soit 30-45 minutes en VAE), tout en facilitant la pratique pour d’anciens automobilistes. Avec la forte ambition prévue sur le système vélo modélisé, il est ainsi apparu comme la solution au plus fort potentiel devant le covoiturage, avec une réduction des émissions de CO2 de 15 % en 10 ans.

Matthieu Auzanneau@OIL_MEN

Le gouvernement dévoile son nouveau « plan vélo » https://www.lesechos.fr/industrie-services/tourisme-transport/0302254818653-le-gouvernement-devoile-son-nouveau-plan-velo-2205152.php … 350 millions sur 7 ans pour les pistes cyclables. Manifestement trop peu ! cf. https://theshiftproject.org/article/publication-du-rapport-decarboner-la-mobilite-dans-les-zones-de-moyenne-densite-cest-possible/ …

12

9:34 AM – Sep 14, 2018
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Décarboner la Mobilité dans les Zones de Moyenne Densité, c’est possible ! – The Shift Project

NOTE METHODOLOGIQUE : détail de la méthodologie et des calculs de l’étude COMMUNIQUÉ DE PRESSE 14 septembre 2017 Il est possible d’éviter jusqu’à 70 % des émissions de CO2 dues à la mobilité locale…

theshiftproject.org

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Encourager une démotorisation partielle

Le coût des carburants ne représente « que » 30 % des coûts de la voiture. De vrais gains sur les dépenses de transport ne seront donc possibles que si les solutions mises en place permettent de posséder une voiture en moins : les dépenses de possession (achat, entretien, assurance…) représentent 65 % des dépenses liées à la voiture, et en moyenne 3 150 euros par an et par ménage.

Une politique favorisant la résilience des territoires devrait donc encourager une démotorisation partielle, en privilégiant : un aménagement du territoire et des choix de localisation qui réduisent les distances ; le vélo, le covoiturage, les véhicules légers et électriques pour les trajets quotidiens ; le train et les transports en commun routiers, au moins pour les plus longs trajets ; l’autopartage en complément pour les trajets plus exceptionnels.

La transition écologique ne sera largement partagée que si elle se montre solidaire et démocratique, avec des décisions et des moyens plus locaux. La loi d’orientation des mobilités (LOM) en préparation vise justement à confier davantage de responsabilités aux régions et aux intercommunalités sur ces sujets. Les moyens financiers devront cependant suivre pour accompagner les ménages qui en ont le plus besoin, et mettre en œuvre ces solutions vers une mobilité bas-carbone. La taxe carbone en deviendra peut-être plus acceptable.

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