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Archives Journalières: 01/02/2019

Le « grand débat », une occasion de changer de voie

01 vendredi Fév 2019

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The Conversation

  1. Dominique

     Méda

    Directrice de l’IRISSO – UMR CNRS 7170, Université Paris Dauphine – PSL

  2. Eric Heyer

    Directeur à l’OFCE, enseignant à SciencesPo Paris, économiste, Sciences Po – USPC

  3. Pascal Lokiec

    Professeur de droit, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

Université Sorbonne Paris Cité

Sciences Po

Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

Université Paris Dauphine

 

Le président Macron, le 15 janvier 2019, au Grand Bourgtheroulde (Normandie), pour lancer le « grand débat ». Ludovic Marin/AFP

De nombreux commentateurs ont mis en évidence les fortes limites dans lesquelles le président de la République avait encadré le « Grand débat », notamment en écrivant, dans la Lettre aux Français :

« Nous ne reviendrons pas sur les mesures que nous avons prises pour corriger cela afin d’encourager l’investissement et faire que le travail paie davantage. »

Ces limites risquent néanmoins de ne pas être respectées alors que les enquêtes d’opinion mettent en évidence l’impérieuse nécessité de changer de voie, tant celle qui a été suivie depuis plus de trente ans s’apparente à une impasse. C’est finalement l’entier diagnostic porté par plusieurs des candidats – dont Emmanuel Macron – lors de la dernière campagne présidentielle qui se révèle erroné, entraînant dans sa chute l’ensemble des solutions qui avaient été envisagées à sa suite.

Notre modèle social a bon dos !

Que nous a-t-il été répété pendant cette campagne présidentielle, notamment par celui qui est devenu président de la République : que la France serait le seul grand pays à connaître un taux de chômage et une dette publique aussi importants, et que cette situation serait imputable au modèle social français trop coûteux et trop rigide. Que la solution serait donc de s’attaquer au code du travail, de réduire drastiquement une dépense publique que la France serait incapable de maîtriser, ou encore de remettre les chômeurs au travail en augmentant les sanctions.

Certes, la situation de la France est médiocre. Le taux de chômage peine à baisser. Mais l’hexagone n’est pas seul à avoir des taux de chômage élevés, c’est aussi le cas des troisième et quatrième puissances de la zone euro, l’Italie et l’Espagne… Notre modèle social a bon dos ! La principale cause de la situation économique dans laquelle nous nous trouvons est, en réalité, à chercher dans les dysfonctionnements du capitalisme financier qui, en engendrant de fortes inégalités de revenus, ont débouché sur le surendettement des agents privés, favorisé par des innovations financières mal maîtrisées et insuffisamment régulées.

Par ailleurs, nous portons encore les stigmates d’une série de graves erreurs de politique économique commises à la suite de la grande récession de 2008 – politiques d’austérité et de désinflation compétitive –, erreurs qui n’ont fait l’objet d’aucune communication, d’aucun débat, et dont on n’a tiré aucun enseignement.

Trente ans d’erreurs de politique économique

Cette double obsession de l’assainissement budgétaire et de la désinflation compétitive a conduit à faire peser les ajustements sur le social, la rémunération des salariés, les règles encadrant le travail : le modèle social était un bouc-émissaire rêvé.

Cette remise en cause de la protection est théorisée depuis la fin des années 1980 par les institutions internationales, notamment l’OCDE qui attribue le chômage à la réglementation du travail qui entraverait l’allocation naturelle des emplois. Selon cette institution, il faudrait donc supprimer ou alléger considérablement les règles. Rappelons pourtant qu’en France il était facile de se séparer d’un salarié avant même les Ordonnances : on se rapproche des trois millions de ruptures conventionnelles ; un licenciement au bout de quelques mois ne coûte pas cher. La preuve : plus d’un tiers des CDI sont rompus au cours de la première année.

Le résultat de ces erreurs de politique économique et des mauvaises décisions prises tout au long de ces trente dernières années, c’est un emploi précarisé pour de plus en plus de personnes (plus de 15 % des emplois sont précaires), une insécurité de l’emploi, un travail qui devient pour certains intenable, insoutenable. Pendant ce temps, l’investissement – dans les êtres humains et dans les infrastructures – a été oublié : l’investissement public est passé de 4,2 % à 3,5 % du PIB ces 10 dernières années. La fracture sociale et territoriale s’est aggravée.

Investir dans la qualité

La France n’est pas seule dans ce cas. L’ensemble des pays européens est entraîné dans une dérive inquiétante. Désormais, même les institutions internationales s’alarment. En juin 2016, une note du département de la recherche du FMI, intitulée « le néo-libéralisme est-il surfait ? », examinait les résultats de deux politiques – la libéralisation des capitaux et les politiques d’austérité – et montrait qu’elles n’avaient pas entraîné d’augmentation de la croissance mais des inégalités.

C’est avec ce capitalisme non régulé mais aussi avec ce néo-libéralisme que Foucault a si bien décrit dans Naissance de la biopolitique, que nous devons rompre, tout comme avec le fétichisme de la croissance qui nous a fait oublier les anciennes et légitimes critiques du PIB.

Le maire de Bourgtheroulde, Vincent Martin, le 15 janvier 2019. Ludovic Marin/AFP

Cette autre voie qu’il est urgent d’ouvrir exige d’investir dans la qualité de l’emploi, de l’éducation et de la formation de nos citoyens, du logement, des produits, de notre cohésion sociale et de la reconversion écologique de nos économies. L’effort budgétaire que nous devrions consacrer à ces deux défis majeurs pour l’avenir de notre société que constituent la transition énergétique et le système éducatif est au moins de 20 milliards d’euros (1 point de PIB) en moyenne annuelle au cours de la prochaine décennie – soit plus de deux fois le montant du Plan d’investissement prévu, mais repoussé, par l’actuel gouvernement.

Outre leurs effets bénéfiques sur la soutenabilité de notre modèle de développement, dus aux effets positifs de la transition énergétique et à l’accroissement du potentiel d’innovation lié à l’augmentation des compétences et à l’autonomie des citoyens, ces investissements permettraient une relance de l’activité permettant une baisse significative du chômage entraînée par de fortes créations d’emplois.

Sortir les investissements d’avenir du calcul du solde public

Pour pouvoir financer cette nouvelle voie, il nous faut retrouver des marges de manœuvre financières. Cela passe par une autre interprétation des règles européennes que celle actuellement en vigueur. La limite de 3 % pour le déficit public n’a aucun sens en période de récession économique et est largement remise en cause. Celle de 60 % sur la dette publique ne s’appuie sur aucune base économique.

Il nous faut instaurer des règles qui visent aussi au plein emploi et au soutien de l’activité, des règles contra-cycliques permettant le soutien de l’activité en période de ralentissement. La solution consiste à mettre en place « une règle d’or des finances publiques » autorisant un déficit public de fonctionnement – uniquement dans une situation conjoncturelle dégradée –, qui devra être résorbé au cours du cycle. Mais il faut sortir de l’indicateur de solde public de nombreuses dépenses d’investissement. Ce serait le cas de toutes celles qui préparent l’avenir, comme la transition écologique, ou qui sont la condition de notre performance économique et sociale.

Enfin, la nécessité d’une redistribution forte des richesses est un autre constat partagé : elle permettrait de lutter contre la surabondance d’épargne qui bloque le développement de l’activité économique, entraînant les économies développées dans une phase de « stagnation séculaire » annoncée. Lutter contre les inégalités et la pauvreté est devenu – en plus d’un indispensable composant d’une politique de justice sociale – une condition nécessaire au développement économique. Il nous semble notamment important de sanctuariser les aides sociales dont l’efficacité pourrait être accrue par un meilleur ciblage sur les ménages les plus modestes et par une réduction de l’inacceptable taux de non-recours en les rendant obligatoires et en les individualisant.

Le grand débat est indispensable. Il doit nous permettre de montrer comment la grande bifurcation et le changement de cap sont possibles.


Eric Heyer, Pascal Lokiec, Dominique Méda viennent de publier « Une autre voie est possible » (Flammarion).

Comment le Brexit va-t-il affecter les universités britanniques ?

01 vendredi Fév 2019

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The Conversation

  1. Santiago Iñiguez de Onzoño

    Presidente IE University, IE University

IE University

La grande salle de l’église du Christ, Université d’Oxford, Angleterre. C’est le centre de la vie universitaire où la communauté académique se réunit pour dîner chaque jour. eXpose/Shutterstock

Pendant la campagne qui a précédé le référendum du Brexit, la plupart des parties impliquées dans l’enseignement supérieur, dont 103 présidents d’université, 56 % des étudiants universitaires et même Jo Johnson, ancien secrétaire d’État britannique à l’éducation – et frère de Boris Johnson, critique conservateur de la première ministre May –, ont exprimé leur souhait de rester dans l’Union européenne (UE).

Deux ans plus tard, la plupart des universitaires maintiennent leur position pro-UE et espèrent que, quoi qu’il arrive, le Royaume-Uni ne coupera pas les ponts avec le continent. Naturellement, l’incertitude et les probables conséquences négatives, notamment s’il n’y a pas d’accord, porteront préjudice aux universités britanniques. Il ne faut toutefois pas raisonner en termes de jeu à somme nulle, car les dommages causés aux universités britanniques ne bénéficieraient pas nécessairement à d’autres universités du continent, comme certains le pensent à tort.

On peut s’attendre, en premier lieu, à ce que le nombre d’étudiants de l’UE payant leur scolarité au Royaume-Uni diminue significativement, même en tenant compte de la dépréciation de la livre sterling, ce qui se traduirait par une baisse des droits d’inscription, ainsi que des dépenses en matière de logement et d’alimentation.

Aujourd’hui, les universités britanniques comptent plus de 450 000 étudiants étrangers, ce qui représente des recettes pour le PIB britannique de l’ordre de 14 000 millions de livres et un impact de plus de 20 000 emplois. La principale raison de cette chute est l’inquiétude que suscite, chez les étudiants de l’UE, l’obligation d’obtenir des visas de travail au terme de leurs études au Royaume-Uni, une obligation qui n’existe pas à l’heure actuelle.

Éventuelles fusions

L’impact sur les universités britanniques les plus prestigieuses sera probablement minime. Toutefois, les universités les moins réputées devront faire face à des difficultés et envisageront la possibilité de fusionner avec d’autres institutions éducatives ou de créer des alliances ou des consortiums pour gagner des économies d’échelle, augmenter leur attractivité et améliorer leur position internationale. Les universités privées, bien qu’elles soient minoritaires au Royaume-Uni, dépendent essentiellement des étudiants étrangers et seront donc les plus touchées.

Dans le même temps, les programmes d’échange entre universités de l’UE et du Royaume-Uni, ainsi que les doubles licences et les diplômes communs, ne s’en trouveront pas affectés, indépendamment de l’accord du Brexit adopté, puisqu’il s’agit d’accords privés.

Pour ce qui est de l’attrait exercé sur le corps enseignant, on assistera également à une baisse significative du nombre de demandes de professionnels de l’UE à des postes d’enseignement et de recherche dans des universités du Royaume-Uni en raison de l’incertitude concernant l’obligation de visas de travail.

D’autres acteurs craignent le climat xénophobe délétère alimenté par les « Brexiteers ». Cependant, ce recul sera compensé par une hausse des demandes provenant de pays non membres de l’UE.

Des moments difficiles pour les fonds destinés à la recherche

Les fonds destinés à la recherche seront également touchés. À long terme, les universitaires du Royaume-Uni devront se retirer des projets de coopération en matière de recherche entre universités européennes, qui sont inscrits au budget de l’UE.

Les projets en cours soutenus par le programme Horizon 2020 ne seront pas touchés non plus et se poursuivront jusqu’à leur terme.

De même, compte tenu de la qualité de la recherche menée dans les universités britanniques, il est fort probable que leurs homologues de l’UE continuent à travailler en partenariat avec elles dans le cadre d’initiatives communes. Mais l’une des principales conséquences pourrait être que les universités britanniques perdent la direction de ces projets.

Il faut également s’attendre à des restrictions budgétaires et à un report des projets d’investissement dans les universités du Royaume-Uni. Le ralentissement pronostiqué de l’économie britannique après l’éventuel Brexit entraînera probablement une diminution des dépenses consacrées à l’éducation de la part du gouvernement. Cela pourrait amener certaines universités du pays à augmenter leurs droits d’inscription. Néanmoins, la plupart des présidents d’université ont fait part de leur volonté d’appliquer le même montant d’inscription pour tous les étudiants, qu’ils viennent du Royaume-Uni ou de l’UE.

Stabilité à long terme

Mais, même en prenant en compte les conséquences négatives – déjà évoquées – au cours des prochaines années, je crois que la situation se stabilisera à long terme.

Il existe deux raisons principales à cela :

  • En premier lieu, le pragmatisme prévaudra. À l’heure actuelle, tout le monde a des doutes sur la solution qu’adoptera le Parlement britannique et sur son acceptation par l’UE et ses États membres. Nonobstant, mon intuition est que le dénouement le plus probable sera le maintien du statu quo en matière d’éducation et de recherche, deux domaines beaucoup moins polémiques que le commerce et l’immigration.
  • En second lieu, l’enseignement supérieur est désormais un secteur global. Ce processus de mondialisation est irréversible, compte tenu de l’intégration internationale de pratiques éducatives, l’impact de la technologie et le libre flux d’échange de personnes et d’idées. Les universités britanniques jouent un rôle fondamental dans ce cadre d’éducation globale, un cadre où la langue commune est, cela va de soi, l’anglais.

Indépendamment du modèle institutionnel et réglementaire adopté, les relations actuelles entre universités se maintiendront. De plus, dans la plupart des cas, ces relations reposent sur des accords bilatéraux ou multilatéraux entre différentes universités et n’exigent aucun cadre réglementaire ou reconnaissance gouvernementale.

Il est souhaitable que les initiatives de dirigeants d’organisations éducatives continuent à jeter des ponts au-delà des frontières et à créer de nouveaux programmes internationaux de collaboration basés sur la reconnaissance mutuelle, sans avoir recours au soutien du Royaume-Uni ou des autorités de l’UE.

J’espère que les universités britanniques et de l’UE contribueront à remédier aux divisions que le Brexit a générées, tout comme elles continueront à développer et à promouvoir la diversité, la tolérance et le sentiment de citoyenneté mondiale, des valeurs sur lesquelles repose l’origine des universités elles-mêmes. Nombreux sont ceux qui espèrent encore que le Brexit ne devienne pas une réalité.

Conversation avec Ariell Reshef : la politique des gouverneurs de banque centrale est-elle liée à leur parcours personnel ?

01 vendredi Fév 2019

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The Conversation

  1. Ariell Reshef

    Économiste, Directeur de recherche CNRS, Conseiller scientifique au CEPII, Membre associé, Paris School of Economics – École d’économie de Paris

 

Avant de prendre la tête de la BCE, Mario Draghi était vice-président de la branche européenne de la banque d’affaires Goldman Sachs.Aradaphotography / Shutterstock

Ariell Reshef, directeur de recherche au CNRS, Paris 1 Panthéon-Sorbonne, membre associé à l’École d’économie de Paris et conseiller scientifique au CEPII(Centre d’études prospectives et d’informations internationales) a, dans une étude récente avec sa collègue Prachi Mishra du FMI, croisé les informations sur la carrière des banquiers centraux avec des indicateurs de dérégulation financière, d’orientation politique et des indicateurs économiques standards. Voici ce qu’il en ressort.


Le secteur financier a joué un rôle déterminant dans les récentes crises américaine (2008) et européenne (2010). Un relâchement des normes et une surveillance trop indulgente – en d’autres termes la dérégulation financière – ont accentué la gravité de ces crises, quand elles ne les ont pas purement et simplement provoquées. Le secteur financier n’a-t-il pas finalement influencé le processus de sa propre dérégulation ? Et si tel est le cas, de quelle manière ?

Cette influence a pu s’exercer par le biais de responsables politiques de premier plan, dont le penchant pour la dérégulation était en phase avec celui du secteur financier, a fortiori lorsque ces mêmes responsables avaient fait carrière dans la finance. Dans ce contexte, on pense inévitablement aux gouverneurs des banques centrales (présidents-directeurs généraux ou présidents de conseil d’administration). Les débats qui ont suivi la nomination de François Villeroy de Galhau – ancien directeur général délégué de BNP Paribas – à la présidence de la Banque de France en 2015, et celle de Mario Draghi – ancien vice-président de la branche européenne de la banque d’affaires Goldman Sachs – à la tête de la Banque centrale européenne en 2011 témoignent des préoccupations que suscitent ces nominations. Dans ces cas précis comme dans d’autres, les conflits d’intérêts ont été au cœur des discussions.

Ces préoccupations sont-elles justifiées ? Les gouverneurs ayant un passé dans le secteur financier ont-ils effectivement tendance à favoriser le secteur financier ou détriment de la défense de l’intérêt général ? Leurs précédentes expériences ont-elles une importance ?

C’est ce que nous avons cherché à tester empiriquement. Nous avons rassemblé avec Prachi Mishra, économiste au FMI, un nouvel ensemble de données comprenant des informations détaillées sur le parcours professionnel des gouverneurs de banque centrale dans le monde entier, sur la période 1970-2011. Les données portent sur l’expérience professionnelle – période, employeur, pays – avant et après la prise de fonction. Elles renseignent également sur le niveau d’études, sur la spécialisation, sur l’institution ayant délivré les diplômes (laquelle donne de fait une indication sur le pays dans lequel s’est déroulé le cursus). Les périodes correspondant aux différents postes occupés permettent de connaître l’intervalle de temps entre une démission dans le secteur de la finance ou autre et la nomination au poste de gouverneur de banque centrale. Ces données ont ensuite été fusionnées avec des indicateurs de dérégulation financière, des indicateurs d’orientation politique ainsi qu’avec d’autres indicateurs économiques standards.

Quels résultats ressortent de ces croisements de données ?

Un premier résultat intéressant concerne l’augmentation de la proportion de gouverneurs en exercice ayant une expérience dans la finance (en majorité dans le secteur bancaire, et de manière moins marquée dans le domaine des valeurs mobilières et des assurances), qui est passée de 10 % en 1980 à 30 % en 2010. Près de 40 % passent de la finance au poste de gouverneur en moins d’un an. Il ressort également de cette analyse que le pourcentage de gouverneurs de banque centrale ayant un diplôme dans les métiers de la finance et de la banque a quadruplé entre 1970 et 2010, passant de 2 à 8 %.

Peut-on lier la montée en puissance de ces profils financiers et la dérégulation financière ?

Oui, et c’est un résultat important de notre étude : l’augmentation de la part de gouverneurs de banque centrale ayant une expérience dans la finance coïncide bien avec la dérégulation financière, comme le montre le graphique ci-dessous. Cette tendance se vérifie surtout dans les pays à revenu élevé ou intermédiaire, un peu moins dans les pays à faible revenu. Cette corrélation peut malgré tout s’avérer fausse et la tendance peut tout simplement s’expliquer par le fait que le secteur financier est devenu un employeur important dans de nombreux pays (notamment dans les pays à revenu élevé et intermédiaire) et constitue un vivier important de candidats pour le poste de gouverneur de banque centrale. Pour éclaircir ce point, nous procédons à une analyse économétrique qui prend en compte les caractéristiques du pays et les tendances temporelles.

Note : l’ordonnée de gauche représente la part de gouverneurs de banque centrale ayant une expérience dans la finance (ligne bleue continue). L’ordonnée de droite représente l’indice moyen de dérégulation financière (ligne rouge pointillée).Mishra et Reshef (2018).

Quelles sont plus spécifiquement les caractéristiques des gouverneurs de banque centrale qui sont associées à une dérégulation rapide ?

Même lorsqu’on tient compte de l’orientation politique des gouvernements et de nombreux autres facteurs, on constate que l’expérience dans le secteur financier privé est associée à une plus grande dérégulation financière. Son impact peut être très fort : un gouverneur de banque centrale ayant une expérience dans la finance accroît le taux annuel de dérégulation financière de plus de 55 % par rapport au taux moyen. La durée moyenne du mandat des gouverneurs de banque centrale dans l’échantillon étudié s’élève à 5-6 ans, ce qui signifie qu’un gouverneur issu du secteur financier peut en moyenne accélérer la dérégulation trois fois plus rapidement durant son mandat, à la différence d’un gouverneur qui n’a pas d’expérience dans la finance (5,5∗0,55=3).

Qu’en est-il des gouverneurs ayant des expériences passées au sein d’organisations internationales ?

Elles ont également leur importance. Les mêmes régressions démontrent par exemple qu’une expérience au sein du Fonds monétaire international (FMI) est associée à la dérégulation financière de la même manière qu’une expérience dans la finance sur la période considérée (1973-2005). En revanche, l’expérience d’un gouverneur au sein de la Banque des règlements internationaux (BRI) a un impact dans la direction opposée sur la dérégulation. Ces résultats sont logiques, étant donné l’inclinaison que le FMI a longtemps eue pour ce qu’on appelle le « consensus de Washington », et le rôle de « banque centrale des banques centrales » accordé à la BRI, historiquement plus préoccupée par la stabilité financière. De manière générale, les résultats concernant les organisations internationales semblent conforter les résultats concernant l’expérience dans la finance : les expériences passées ont une importance et coïncident avec la perception des préférences vis-à-vis de la dérégulation.

Les gouverneurs de banques centrales passés par le FMI sont davantage associés à des politiques de dérégulation financière. Bumble Dee/Shutterstock

On peut donc en conclure que le passé professionnel est un bon prédicteur des décisions politiques…

Oui, et cela a d’importantes répercussions. Si l’objectif d’un gouvernement est de favoriser la dérégulation, il devra choisir un gouverneur ayant une expérience dans la finance ; ce choix peut même l’aider à atteindre son objectif. Mais aussi parce que dans le cas où le choix du gouverneur est fait sans tenir compte de son expérience passée, il peut en résulter une dérégulation financière non souhaitée. Dans le même ordre d’idée, Romer et Romer (2004) démontrent qu’aux États-Unis la croyance des gouverneurs de la Réserve fédérale américaine quant à l’existence d’un compromis possible entre inflation et chômage prend racine dans leur parcours personnel, et qu’elle a eu des conséquences sur leurs décisions de politique monétaire.

Globalement, nos résultats ainsi que ceux de Romer et Romer soulignent l’importance de tenir compte du parcours et de l’expérience passée d’un gouverneur de banque centrale avant de procéder à sa nomination, dans le cas qui nous intéresse en se focalisant alors non pas sur l’inflation mais sur la régulation financière. À la lumière des récentes crises économiques qui ont sévi en Europe et aux États-Unis et de l’importance accordée à la régulation financière (Igan, Mishra et Tressel, 2012 ; Philippon et Reshef, 2012 ; et Boustanifar, Grant et Reshef, 2018), ce virage semble être justifié.

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