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Archives Mensuelles: mai 2019

Les salariés français sont moins désengagés qu’on ne le dit

31 vendredi Mai 2019

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The Conversation

  1. Nicolas Arnaud

    Directeur du programme Grande école, Professeur de Management et Stratégie, Audencia

  2. Thibaut Bardon

    Professeur, Audencia

Audencia

 
Selon une étude, près de 9 salariés sur 10 se sentent engagés dans leur travail. Radu Razvan/Shutterstock
 

6 %, c’est la (maigre) proportion des employés français qui se déclarent engagés au travail, selon les résultats de la dernière étude Gallup 2017 sur le travail dans le monde. Plus grave, cet engagement se dégraderait depuis quelques années, puisque ce taux était de 9 % deux ans plus tôt, ce qui freinerait en conséquence la performance des entreprises.

Parce que ces chiffres ne correspondaient pas du tout à ce que nous constations au quotidien sur le terrain lors de nos études qualitatives conduites depuis plus de 10 ans, nous avons voulu les vérifier… quantitativement. Nous avons donc mené deux études quantitatives – administrées par l’institut de sondage BVA – auprès d’un échantillon représentatif de salariés (non-manager, non-cadre) et de dirigeants français.

Les résultats de la première de ces études montrent que, contrairement à ce qui est généralement affirmé, près de 9 salariés sur 10 (87 %) se sentent engagés dans leur travail, dont plus d’un quart (26 %) se disent très engagés. L’étude auprès des dirigeants français ne fait que corroborer ce résultat. En effet, quand on demande aux dirigeants français d’évaluer le niveau d’engagement des employés (les employés incluent ici tous les salariés qui ne sont pas managers) de leur entreprise, ils sont presque 9 sur 10 à juger qu’il est bon, voire très bon (88 % exactement dont 62 % qui estiment que les employés sont engagés et 26 % qui disent qu’ils sont très engagés). Nous sommes donc bien loin de la situation décrite par l’institut Gallup sur le niveau d’engagement des salariés !

Une étude pas totalement désintéressée…

L’enquête Gallup peut être questionnée, pas tant du point de vue de l’analyse statistique mais concernant son hypothèse de départ : en effet, ces enquêtes s’appuient sur l’idée qu’il existe une corrélation positive entre le niveau de satisfaction des salariés quant à leurs conditions de travail, leur niveau d’engagement, et la performance économique des entreprises, bref un model gagnant-gagnant a priori non discutable… que nous allons tout de même essayer de discuter !

Il ne faut pas oublier que certains instituts de sondages vendent également des prestations de conseil… Motortion Films/Shutterstock

Pour établir ces scores d’engagement, Gallup s’est appuyé sur une douzaine de questions portant sur :

  • les besoins de base des salariés pour réaliser leur travail ;
  • le soutien de leur hiérarchie ;
  • la qualité du travail fourni par leurs collègues et s’ils y ont des amis ;
  • la possibilité d’évoluer dans ses fonctions ou son entreprise.

De la réponse à ces questions, Laragh Marchand, partner chez Gallup, affirme avoir « établi un lien clair entre ces critères et le niveau d’engagement, qui se traduit par une productivité individuelle plus ou moins accrue ».

À ce stade, deux critiques peuvent être formulées. D’une part, on peut constater que le score d’engagement est obtenu de façon très indirecte en mesurant la qualité de vie au travail – et non directement en interrogeant les intéressés et leur hiérarchie comme dans les études Audencia/BVA.

D’autre part, si les salariés français se montrent parmi les moins engagés au monde selon l’institut Gallup, plusieurs études rapportent que le travail est une dimension centrale de la vie des Français. Selon une étude Ipsos de 2016, 91 % d’entre eux estiment par exemple que la « valeur travail » évoque quelque chose de positif. Dans le même sens, plusieurs études montrent également que les Français font partie des salariés les plus productifs… au monde ! Que l’on en juge : au Royaume-Uni, le taux d’engagés y est de 11 % soit près du double qu’en France (6 %)… mais les salariés français sont plus productifs que les Britanniques selon la dernière étude de 2017 de l’OCDE : la France est ainsi 12e au monde avec une productivité horaire (PIB par habitant/heures travaillées) de 24,94€/heure travaillée, et le Royaume-Uni 16e avec un taux de 21,91€/heure travaillée.

De plus, affirmer que les employés ne sont actuellement pas engagés au service de l’entreprise tout en proposant des innovations managériales censées permettre de remédier à cette situation peut aussi être interprété comme un procédé marketing puissant. Le jeu rhétorique consiste à faire parler des faits ou des chiffres pour construire une représentation de la réalité qui est censée être objective mais qui sert en fait des intérêts privés. À cet égard, il est bon de rappeler que l’institut Gallup est à la fois un institut de sondages américain etun cabinet vendant des prestations de conseil.

Reposer la question du sens

Ainsi, si les chiffres traduisent une réalité bien différente sur la question de l’engagement des salariés français, cela ne signifie pas pour autant que tout va bien au cœur des entreprises. Mais l’idée qu’un faible niveau d’engagement des salariés est un indicateur suffisant pour justifier de la mise en place de démarches d’empowerment (autonomisation) doit être questionnée. En particulier, on constate que certains salariés – qui peuvent d’ailleurs être très engagés dans leur travail – ne souhaitent tout simplement pas prendre plus de responsabilités dans l’entreprise.

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Conversation France

✔@FR_Conversation

Pourquoi un tel désamour de la fonction managériale ? http://bit.ly/2qenXKx 

13

2:12 AM – Jan 3, 2018
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En effet, l’étude montre que 79 % des salariés français ne souhaitent pas devenir managers alors qu’il se disent très engagés au travail (à 87 %). De fait, prendre plus de responsabilités au travail peut générer du stress, remettre en cause des équilibres vie personnelle/vie professionnelle ou peut tout simplement ne pas apparaître comme intéressant… et n’est donc pas nécessairement un facteur d’engagement pour les salariés !

La question du sens que les individus donnent à leur travail est donc une affaire complexe qui ne peut pas se résumer en un chiffre, comme celui du niveau d’engagement des salariés. Le risque est très clair : mettre en place des nouvelles pratiques de management qui sont en décalage avec la façon dont les individus donnent du sens à leur travail et à leur place au sein de l’entreprise. Pour éviter cela, il est absolument nécessaire de remettre la question du sens au cœur de l’entreprise !

Les « gilets jaunes », une transition populiste de droite

30 jeudi Mai 2019

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The Conversation

  1. Luc Rouban

    Directeur de recherche CNRS, Sciences Po – USPC

Université Sorbonne Paris Cité

Sciences Po

 

A Paris, le 26 janvier 2019. Zakaria Abdelkafi / AFP
 

Il est indéniable que le mouvement des « gilets jaunes » va s’inscrire comme un temps fort de l’histoire politique en France. Il faut donc essayer de comprendre quel est son impact sur le paysage politique et comment il peut éventuellement en redistribuer les équilibres.

Plusieurs enquêtes ont été menées et tant bien que mal pour tenter de saisir la sociologie des « gilets jaunes », mais elles se heurtent toutes à un problème méthodologique central : on ne dispose pas d’une population de référence pour définir des échantillons fiables. Ce qui a d’ailleurs suscité de nombreuses critiques.

Une autre méthode, assise cette fois sur une représentativité nationale, est de prendre en considération non pas les « gilets jaunes » mais les Français·e·s qui les soutiennent. Car le mouvement n’a d’importance que dans son effet sur la recomposition politique en cours puisque tout le monde ne peut manifester, ne serait-ce que pour des raisons pratiques ou professionnelles. On part donc ici d’une autre perspective : celle de comprendre l’effet de halo et de cristallisation politique des « gilets jaunes » sur l’opinion au-delà de la seule composition des groupes de manifestants.

On s’appuie ici sur la vague 10 du Baromètre de la confiance politique du Cevipof qui a été réalisée auprès d’un véritable échantillon représentatif de 2 116 Français·e·s entre le 13 et le 24 décembre 2018.

Un soutien fortement clivé sur le plan social

À la fin de décembre 2018, 59 % des enquêtés disaient soutenir le mouvement (dont 30 % « tout à fait » et 29 % « plutôt »), alors que 32 % ne le soutenaient pas (dont 17 % ne le soutenaient « plutôt pas » et 15 % « pas du tout »), 7 % étaient indifférents et 2 % ne savaient pas.

L’analyse sociologique de ce soutien montre qu’il est très fortement clivé sur le plan social (voir tableau ci-dessous). On peut, en particulier, observer le contraste entre ceux qui le soutiennent « tout à fait » (636 enquêtés) et ceux qui ne le soutiennent « pas du tout » (314 enquêtés). Alors que les premiers appartiennent aux catégories socioprofessionnelles modestes et populaires à hauteur de 49 %, aux catégories moyennes à 43 % et aux catégories supérieures à 8 %, les seconds appartiennent aux catégories populaires à concurrence de 24 %, aux catégories moyennes à 49 % et aux catégories supérieures à 27 %.

Bien qu’il soit toujours difficile de tracer précisément les contours des catégories sociales étant donné le brouillage des frontières entre catégories moyennes et supérieures, il demeure que le mouvement reste surtout soutenu par une alliance de catégories populaires et moyennes contre les classes supérieures – ce qui semble bien réactiver une forme de lutte des classes.

On peut encore illustrer cette opposition en lisant ces données par distribution entre catégories : 40 % des enquêtés appartenant aux catégories populaires soutiennent « tout à fait » le mouvement contre 15 % de ceux qui appartiennent aux catégories supérieures et 10 % des premiers ne le soutiennent « pas du tout » contre 26 % des seconds.

Graphique 1 : Le soutien aux « gilets jaunes » selon la catégorie sociale (%)

Luc Rouban, Baromètre de la confiance politique vague 10, 2019, Cevipof.

Bien qu’il existe évidemment des nuances, puisque le quart des membres des catégories populaires et le tiers de ceux des catégories moyennes ne soutiennent pas le mouvement (c’est le cas de 33 % des employés de commerce qui souffrent des manifestations), ce clivage ressort de nombreux autres indicateurs.

Le premier est celui du niveau de diplôme puisque le soutien global au mouvement est de 71 % chez les enquêtés ayant un niveau BEP-CAP contre 65 % de ceux qui ont le niveau du baccalauréat et 44 % de ceux qui ont au moins une licence.

Le second est le niveau de précarité des enquêtés. Le soutien est notamment le fait de 70 % des chômeurs – qu’ils aient déjà travaillé ou non –, de 71 % des personnes qui risquent fortement – ou dont un des membres de la famille risque fortement – d’être au chômage contre 55 % de ceux qui disent ne rien risquer. En revanche, on n’enregistre pas de différence notable entre les salariés du privé et les salariés du public, qu’ils soient fonctionnaires ou non. Les écarts statistiques interviennent dans le même univers professionnel entre le sommet et la base de la hiérarchie.

L’analyse du soutien aux « gilets jaunes » corrobore, par ailleurs, le fait que ce mouvement est plutôt un mouvement d’actifs. On remarque la faible implication des lycéens et des étudiants – 31 % y sont hostiles, soit la moyenne, mais 13 % y sont indifférents et 5 % ne savent pas. Idem chez les retraités : 40 % y sont hostiles.

Un mouvement anticapitaliste…

Le soutien aux « gilets jaunes » s’inscrit très généralement dans l’opposition à Emmanuel Macron : 7 % de ceux qui le soutiennent globalement font confiance au président de la République contre 51 % de ceux qui lui sont hostiles.

Il demeure qu’il s’appuie surtout sur une forte critique du capitalisme. L’enquête révèle que l’anticapitalisme a gagné l’ensemble des enquêtés. C’est ainsi que 50 % d’entre eux pensent que « le capitalisme devrait être réformé en profondeur » contre 42 % il y a dix ans, lors de la première vague du baromètre. Cependant, cette moyenne oscille entre 70 % de ceux qui soutiennent « tout à fait » le mouvement et 32 % de ceux qui ne le soutiennent « pas du tout ».

De la même façon, 27 % de tous les enquêtés répondent « tout à fait d’accord » à la question suivante : « Pour assurer la justice sociale, il faut prendre aux riches pour donner aux pauvres. » Mais cette moyenne varie entre 51 % de ceux qui soutiennent « tout à fait » le mouvement et 7 % de ceux qui ne le soutiennent « pas du tout ».

… mais pas hostile à l’entreprise

Cet anticapitalisme s’appuie cependant davantage sur une critique des structures sociales de pouvoir, qu’il soit politique ou économique, que sur une dénonciation de l’entreprise en tant que telle. C’est ainsi que 34 % de tous les enquêtés pensent que « l’économie actuelle profite aux patrons aux dépens de ceux qui travaillent », moyenne passant là encore de 62 % chez ceux qui soutiennent « tout à fait » le mouvement à 10 % chez ceux qui ne le soutiennent « pas du tout ».

En revanche, la proposition selon laquelle « pour faire face aux difficultés économiques, il faudrait que l’État fasse confiance aux entreprises et leur donne plus de liberté » attire des réponses positives chez 52 % des enquêtés en moyenne. Cette moyenne oscille cette fois beaucoup moins puisqu’elle passe de 40 % chez ceux qui soutiennent « tout à fait » le mouvement à 64 % chez ceux qui ne le soutiennent « pas du tout ».

Graphique 2 – La confiance dans les entreprises selon le soutien aux « gilets jaunes » (%)

Luc Rouban, Baromètre de la confiance politique vague 10, 2019, Cevipof.

Ce résultat vient conforter l’observation souvent faite que les « gilets jaunes » dénoncent bien plus le capitalisme en général que les entreprises en particulier. Le graphique 2 montre que la demande de progrès social en faveur des salariés sépare très sensiblement ceux qui soutiennent fortement les « gilets jaunes » à ceux qui leur sont clairement hostiles. En revanche, le niveau de confiance dans les grandes entreprises ou les syndicats varie déjà beaucoup moins et presque plus dès qu’il s’agit des PME.

Populisme « faible » et populisme « fort »

Cela amène à considérer qu’il ne faut donc pas assimiler anticapitalisme et populisme, ce qui conduit à unifier (c’est parfois le cas de LREM ou de la droite) ou à faire disparaître (c’est parfois le cas de la gauche) le second qui ne ferait que porter une critique générale des élites et de la hiérarchie sociale. On peut ainsi créer un indice de populisme s’appuyant sur quatre propositions assez fortement corrélées entre elles :

  • Les hommes politiques sont plutôt corrompus ;
  • En cas de désaccord avec les citoyens, le gouvernement devrait changer ses projets politiques en fonction de ce que la plupart des gens pensent ;
  • Un bon système politique est celui où ce sont les citoyens et non les responsables politiques qui décident ce qui leur semble le meilleur pour le pays ;
  • Les citoyens devraient pouvoir imposer un référendum sur une question à partir d’une pétition ayant rassemblé un nombre requis de signatures.

Ces quatre items constituent une échelle statistique (alpha de Cronbach = 0,664, sig. 0,000) que l’on a dichotomisée entre « populisme faible » et « populisme fort ».

Au total, 62 % des enquêtés se situent du côté du populisme fort, cette proportion passant de 92 % chez ceux qui soutiennent « tout à fait » les « gilets jaunes » à 17 % chez ceux qui ne les soutiennent « pas du tout ». Mais il n’existe pas de symétrie statistique avec les réponses portant sur l’entreprise. C’est ainsi que 47 % des enquêtés fortement populistes répondent qu’il faut faire confiance aux entreprises contre 52 % de ceux qui ne sont que faiblement populistes. De même, alors que la moitié des enquêtés pensent qu’il faut réformer le capitalisme en profondeur, cette proportion ne monte qu’à 61 % chez les enquêtés fortement populistes contre 32 % des enquêtés faiblement populistes.

Dans les rues de Toulouse, le 26 janvier 2019. Pascal Pavani/AFP

Et c’est bien entendu ici que le bât politique blesse, car le soutien aux « gilets jaunes » et son anticapitalisme ne signifient nullement une appétence pour la gauche radicale. Bien au contraire.

Le Rassemblement national comme centre de gravité ?

Un simple tri croisé entre le soutien aux « gilets jaunes » et le choix politique fait lors du premier tour de l’élection présidentielle de 2017 montre que la France insoumise (LFI) et le Rassemblement national (RN) en attirent l’essentiel. La proportion de ceux qui soutiennent « tout à fait » les « gilets jaunes » est de 47 % dans l’électorat de Jean‑Luc Mélenchon et de 57 % dans celui de Marine Le Pen, bien avant l’électorat de Benoît Hamon où cette proportion n’est plus que de 34 %, de Nicolas Dupont-Aignan (31 %), de François Fillon (15 %) et d’Emmanuel Macron (9 %).

Cette première lecture électorale, qui conduit à penser que l’on est donc dans le « ni gauche ni droite », doit cependant être très vite corrigée par la lecture des autres variables. On voit ainsi que 44 % de ceux qui soutiennent « tout à fait » le mouvement font confiance à Marine Le Pen (dont 21 % disent qu’ils n’avaient pas confiance en elle mais qu’elle a gagné leur confiance) contre 27 % à Jean‑Luc Mélenchon.

De la même façon, certaines variables sont décisives pour l’interprétation de ce soutien. Il en va ainsi du niveau de libéralisme culturel que l’on a mesuré à partir d’un indice construit sur la base de trois questions :

  • Faut-il rétablir la peine de mort ?
  • Y-a-t-il trop d’immigrés en France ?
  • Doit-on abolir la loi autorisant le mariage homosexuel ?

L’indice va donc de 0 à 3 et a été ensuite dichotomisé en deux groupes selon le niveau global de tolérance sociétale. On voit alors que ceux qui soutiennent fortement le mouvement appartiennent à 65 % au groupe à tolérance faible alors que cette proportion tombe à 36 % chez ceux qui ne le soutiennent pas du tout.

Cette orientation axiologique se révèle de manière assez crue dans les réponses aux questions portant sur l’immigration. Par exemple, 38 % des soutiens déterminés au mouvement sont d’accord (tout à fait ou plutôt) avec la proposition selon laquelle l’immigration est une source d’enrichissement culturel, alors que cette proportion grimpe à 62 % parmi ceux qui s’opposent fortement au mouvement. De même, 71 % des soutiens les plus déterminés au mouvement pensent que l’islam est une menace pour la République contre 53 % de ceux qui lui sont clairement hostiles. On pourrait multiplier les exemples. Il ressort de l’analyse que le soutien aux « gilets jaunes » s’inscrit bien plus dans l’univers politique du RN que de LFI.

Vers un scénario à l’italienne ?

Cela ne veut évidemment pas dire que les électeurs de LFI ou du RN sont interchangeables. Le populisme de droite se distingue toujours du populisme de gauche sur le terrain des valeurs culturelles et notamment du rapport à la science, toujours plus critiquée par le premier que par le second. Cela veut surtout dire que le soutien fort aux « gilets jaunes » attire des électeurs abstentionnistes ou qui ont voté blanc ou nul en 2017 et qui compte pour 15 % de tous ceux qui affirment soutenir fortement le mouvement.

Le mouvement des « gilets jaunes » a donc réactivé la vie démocratique, tout en récupérant une partie des électeurs qui se tenaient à distance de la vie politique. Mais le centre de gravité des valeurs situe sinon le mouvement lui-même, du moins son soutien le plus déterminé, et qui constituera sans doute l’électorat d’Ingrid Levavasseur aux élections européennes, du côté du populisme de droite.

Luigi Di Maio (5 étoiles) et Matteo Salvini (La Ligue), le 1ᵉʳ juin 2018, à Rome lors de la prestation de serment du gouvernement. Alberto Pizzoli/AFP

C’est ici que l’on peut apercevoir le cheminement de ce qui risque d’arriver en sortie de crise. Une forme de rassemblement à l’italienne qui commence par le Mouvement 5 étoiles et qui se termine par la suprématie de la Ligue. On peut alors émettre l’hypothèse selon laquelle le mouvement des « gilets jaunes » devient, dans ce cadre, le « passeur » du populisme RN en le désenclavant de la situation de blocage sur laquelle le macronisme a pu élaborer sa stratégie électorale.

Il reste à savoir si le RN ne sera pas lui-même dépassé par une nouvelle formation politique.

La mode grande taille, stigmatisée et… stigmatisante

29 mercredi Mai 2019

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The Conversation

  1. Delphine Dion

    Professeure de marketing, ESSEC

  2. Béatrice Tachet

    Doctorante, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

ESSEC

 

Il devient plus difficile de trouver sa taille au-delà du 42. PercivalJunichiroMannino / Shutterstock
 

De nombreuses femmes rondes souhaitent acheter des marques de mode mais peu de marques de mode commercialisent des grandes tailles. Les marques les plus reconnues ne s’adressent qu’aux consommatrices minces. Par exemple, alors que 60 % des femmes en France s’habille en taille 42 et plus selon une étude de l’Institut français du textile-habillement, la plus grande taille disponible chez de nombreuses marques de mode est souvent le 40 ou le 42.

Les femmes rondes se sentent souvent marginalisées et exclues par le marché dominant de la mode, à savoir le marché composé des grandes marques de mode reconnues et réputées. Ces consommatrices sont contraintes de se tourner vers un marché adjacent, la mode grande taille, sur lequel elles trouvent uniquement des marques spécialisées dans les grandes tailles, ou bien le marché de la mode discount proposée en hypermarchés ou dans des enseignes de vêtements premier prix.

Pourquoi le marché de la mode grande taille est-il marginalisé et déconsidéré par les acteurs de la mode comme par les consommateurs ?

Pour répondre à ces questions, nous avons interrogé de nombreux managers, vendeurs, experts et consommateurs. Cette recherche permet de comprendre le manque de visibilité physique et symbolique de la mode grande taille. Elle montre que la catégorisation des marchés n’est pas seulement une question de représentations, de discours ou d’interactions sociales, mais qu’elle implique aussi des dispositifs matériels. Derrière l’invisibilité physique (ne pas être vu, être caché…) se cache l’invisibilité sociale (ne pas exister socialement). D’où le sentiment de stigmatisation et d’exclusion des femmes rondes.

Matérialité et dynamique de marché

Nous montrons ainsi le rôle des dispositifs matériels dans les dynamiques de marché. Paradoxalement, la matérialité n’est pas simplement un dispositif utilisé pour rendre visible une catégorie de marché. Elle peut également être utilisée pour rendre une catégorie de marché invisible. La matérialité est à la fois un dispositif de visibilité et d’invisibilité.

La matérialité comme dispositif de visibilité

En étudiant les pratiques de catégorisation du marché de la mode, nous avons approfondi la compréhension du rôle des prototypes de marché de la mode.

À travers leurs actions sur le marché, les acteurs du marché (producteurs, journalistes, influenceurs, consommateurs, etc.) font référence à un nombre limité de codes visuels catégoriels ayant des caractéristiques claires et partagées. Avec le temps, ces codes visuels s’institutionnalisent et deviennent des prototypes de la catégorie de marché. Ils permettent de représenter la catégorie de marché et les profils des consommateurs. Dans la mode, on trouve par exemple le prototype de la top model ou de la Parisienne. Même s’ils sont très éloignés des réalités du marché, ils représentent un idéal type clair et désirable dans lesquelles les consommatrices se projettent.

La figure de la Parisienne représente toujours l’incarnation d’un idéal type pour les marques et les consommatrices. RossHelen/Shutterstock

A contrario, les acteurs de la mode grande taille peinent à identifier un prototype de catégorie pouvant les représenter. Si le marché de la mode grande taille commence à se structurer aux États-Unis sous l’influence de personnalités et d’influenceuses engagées, la catégorie de marché en France a du mal à gagner en visibilité, faute de mannequins mais aussi d’influenceurs qui les incarnent. Il n’y a ainsi pas d’idéal type suffisamment clair et identifié pour incarner l’image de la consommatrice de mode grande taille. Sans prototype clair et partagé par les acteurs du marché, la catégorie de marché a du mal à se définir et à exister. Le marché de la mode grande taille est une catégorie floue, sans prototype qui permette clairement de l’identifier et de la représenter.

Au-delà de leur fonction de représentation, les prototypes jouent également un rôle dans la catégorisation de marché par le biais des mécanismes d’incarnation. Les salariés incarnent les prototypes du marché, c’est-à-dire qu’ils formatent leur apparence de telle sorte à être alignés avec les prototypes du marché. Cette incarnation permet de matérialiser la catégorie de marché et les profils de consommateurs sur ce marché. Ce phénomène est d’autant plus fort sur le point de vente où les vendeurs matérialisent une représentation des prototypes de marché auprès des consommateurs.

Quelques icônes américaines de la mode grande taille : Precious Lee, Marquita Pring, Tara Lynn, Saffi Karina. Lev Radin/Shutterstock

L’incarnation joue également un rôle en interne, au niveau de la définition de l’offre car elle impacte le processus de création et de fabrication. Ainsi une catégorie de marché existe à travers les corps des salariés des entreprises du marché. Le corps devient un dispositif matériel qui formate les représentations du marché des clients et l’offre de produits.

La matérialité comme dispositif d’invisibilité

L’offre permet de visualiser la catégorie de marché. Toutefois, l’offre est intégrée dans un dispositif matériel qui permet d’accentuer ou d’atténuer la visibilité des catégories de marché selon les cibles de consommateurs recherchés. Par exemple, lorsque les marques de mode se lancent dans les grandes tailles, elles laissent souvent les plus grandes tailles en réserve ou installent les corners « grande taille » dans des endroits moins accessibles et moins visibles (à l’étage, en sous-sol du magasin…). Ainsi, même si les entreprises sortent des frontières de la catégorie de marché, cette extension reste relativement invisible. Les essais d’intégrer des tailles supplémentaires se soldent par des échecs commerciaux et les entreprises reviennent à leur spectre de tailles classiques. Ce phénomène empêche la légitimation et l’extension de la catégorie de marché et renforce la frontière entre le marché principal et le marché adjacent.

Il est également intéressant de noter que les producteurs manipulent l’offre pour faire évoluer les frontières de marché de façon invisible. Elles ont, par exemple, souligné la façon dont les producteurs jouent avec le spectre de tailles, le taillant et l’étiquetage pour manipuler les frontières de marché de façon invisible. En jouant sur la coupe des vêtements et l’étiquetage des produits, les producteurs incluent des consommatrices à la périphérie de la catégorie, tout en donnant aux consommatrices l’impression d’être alignées avec les prototypes institutionnels du marché. La matérialité ne permet donc pas simplement de rendre visible une catégorie. Elle permet également de jouer avec les frontières de marché pour les étendre de façon invisible.

Les plus grandes tailles sont généralement reléguées dans un coin moins accessible des magasins. T.Den_Team/Shutterstock

Ainsi, paradoxalement la matérialité est utilisée pour rendre une pratique invisible. Ces pratiques permettent de manager discrètement des zones interstitielles à la frontière de la catégorie pour éviter un phénomène d’hybridation trop visible qui diluerait son identité.

De l’invisibilité physique à l’invisibilité sociale

Une catégorie de marché n’est pas seulement une question de représentations symboliques mais elle est aussi façonnée par une multitude de dispositifs matériels. Les dynamiques de marché reposent sur une lutte autour de la question de la visibilité où les acteurs des marchés adjacents cherchent à gagner en visibilité et les acteurs du marché principal à rendre les marchés adjacents invisibles. La gestion de la visibilité passe par le déploiement de dispositifs matériels qui permettent de rendre visibles ou invisibles les prototypes et les frontières des catégories de marché. À travers la gestion de la visibilité et de l’invisibilité, la matérialité joue ainsi un rôle majeur dans les processus de catégorisation et de légitimation des marchés.

La catégorie de marché grande taille a du mal à être visible sur le plan symbolique comme sur le plan physique. Le marché manque de prototype qui puisse clairement le représenter. L’offre grande taille est cachée ou présentée dans des espaces de second choix peu mis en valeur. Cette pratique est vécue négativement par les femmes qui se sentent dévalorisées et déconsidérées. Derrière l’invisibilité physique (ne pas être vu, être caché…) se cache l’invisibilité sociale (ne pas exister socialement). Être invisible, c’est aussi ne pas être reconnu en tant qu’individu et/ou en tant que groupe social. D’où le sentiment d’exclusion et de stigmatisation ressenti par les femmes rondes dans les magasins de mode.

Kierkegaard : un penseur pour le XXIᵉ siècle ?

29 mercredi Mai 2019

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The Conversation

  1. Mélissa Fox-Muraton

    Professeur de Philosophie, Groupe ESC Clermont

Groupe ESC Clermont

 

Statue de Søren Kierkegaard dans les jardins de la bibliothèque royale, Copenhague. Arne List / Wikimedia, CC BY-SA
 

Dérives du capitalisme, disparition de la biodiversité ou montée de populismes, dans un monde à réinventer, comment la pensée existentielle de Kierkegaard pourrait-elle nous aider à faire face aux défis du XXIe siècle ?

Kierkegaard et le paradoxe de la modernité

Søren Kierkegaard (1813-1855) était, à bien des égards, un penseur très éloigné des défis moraux contemporains. Alors que son père avait quitté le milieu paysan pour faire fortune dans le commerce des textiles à l’âge d’or du Danemark, Kierkegaard s’est détourné de ce bon exemple pour étudier la théologie et la philosophie, et a dilapidé la fortune dont il avait hérité, consacrant sa vie et ses ressources, selon ses propres mots « à la rédaction d’ouvrages superflus » aux titres énigmatiques comme Ou bien… ou bien et La maladie à la mort.

Il n’avait qu’une idée très vague de la vie de ses concitoyens pauvres, et encore moins de ce que pourrait être la misère des individus résidant dans des endroits ravagés par des désastres naturels ou des conflits armés. Il n’aurait jamais pu envisager les enjeux moraux impliqués par le réchauffement climatique, la migration et l’accueil des réfugiés, ou la modification génétique du vivant. Il était certes l’une des premières grandes critiques de la presse avec son Compte rendu littéraire, mais il était loin d’imaginer les développements techniques du XXIe siècle, avec les réseaux sociaux, les algorithmes et la collecte de données personnelles. Aussi est-ce légitime de se demander si Kierkegaard a encore quelque chose à nous enseigner.

Portrait de Soren Kierkegaard. Royal Library, Denmark/Wikimedia, CC BY

Il est vrai que la philosophie peut souvent sembler très éloignée de notre vie quotidienne. Dans un monde où, de plus en plus, la course à la performance entraîne l’épuisement professionnel (d’après une enquête de 2018, 56 % des salariés en France seraient en situation de fragilité, et où les nouvelles technologies de l’information et de la communication exigent de nous une disponibilité et une connectivité permanente, nous avons peu de temps pour philosopher. Pourtant, c’est précisément dans ce contexte que la philosophie de Kierkegaard peut nous apporter un nouveau regard sur nous-mêmes, et le sens de notre existence et de nos engagements.

On pourrait croire que la nôtre est une société où tout le monde s’occupe de savoir qui l’on est et quel sens l’on donne à ses actions. Nous vivons à l’ère des « selfies », d’Instagram et de Facebook, qui nous permettent de vivre dans un effort permanent de représentation et de réinvention. On pourrait également croire que la communication entre les individus a été largement facilitée par le développement des nouvelles technologies. Et pourtant, on constate qu’il y a bien un paradoxe majeur : alors que nos possibilités d’expression et de représentation n’ont jamais été aussi étendues, de plus en plus de voix s’élèvent pour décrier la perte de sens de notre monde moderne, et le sentiment d’une perte d’identité et de reconnaissance.

D’où provient ce paradoxe ? Kierkegaard déjà, voici près de deux siècles, disait que le problème est qu’on « se laisse escroquer son moi par “les autres” ». L’œuvre de Kierkegaard vise à nous réveiller de la torpeur dans laquelle nous nous trouvons parfois, plongés dans nos engagements quotidiens, dans les rôles que nous jouons au sein de la société, voire aujourd’hui dans les cercles de nos connaissances virtuelles. Mais si ces engagements peuvent nous permettre de nous identifier, Kierkegaard nous dit que bien trop souvent, ils nous aliènent de nous-mêmes.

Réapprendre à se voir pour exister avec plus de compétence

La société occidentale est souvent critiquée pour son individualisme. Dans ce contexte, l’appel de Kierkegaard (qui reprend celui de Socrates) peut paraître démodé : Kierkegaard nous dit qu’il faut (ré)apprendre à se connaître et à se regarder soi-même. Dans un monde où la représentation de soi est omniprésente, Kierkegaard nous demande de réfléchir sérieusement sur le regard que nous portons sur nous-mêmes. Acceptons-nous de nous voir tels que nous sommes vraiment, et non pas selon les filtres que nous renvoient nos représentations extérieures ? Cela implique aussi de se poser des questions difficiles sur l’adéquation entre nos convictions, nos paroles et nos actions.

Si le monde moderne lamente l’absence de sens et d’authenticité dans nos manières d’être et dans nos engagements, Kierkegaard nous invite à l’introspection comme premier pas vers un nouvel engagement éthique dans le monde. Il voulait aider ses lecteurs à « exister avec plus de compétence ». Or, si nous accordons beaucoup de prix à des compétences techniques, pratiques ou professionnelles, ce que nous oublions souvent, c’est qu’« exister est un art ».

Dans nos vies professionnelles surtout, alors que nous sommes continuellement sollicités pour développer nos compétences techniques, pour acquérir de nouveaux savoirs, pour créer de la valeur, rares sont les moments où nous pouvons prendre le recul nécessaire pour réfléchir sérieusement à nous-mêmes et à ce qu’exister avec compétence veut dire. Kierkegaard disait déjà, au début du XIXe siècle, que « le malheur de notre temps est qu’il a appris trop de choses et a oublié ce qu’exister veut dire et ce que signifie l’intériorité ». Aujourd’hui, nous avons conscience du besoin de nous reconnecter avec nous-mêmes. La croissance du marché du bien-être atteste d’un besoin grandissant de retrouver cette signification perdue : d’après le Global Wellness Institute, en 2017 le bien-être représentait un marché global de 4 200 milliards de dollars. Mais ce phénomène traduit également la marchandisation du bonheur.

Se voir comme concerné

Comment la pensée kierkegaardienne peut-elle nous aider à affronter les enjeux moraux de nos sociétés contemporaines ? Si l’on doit tout d’abord réapprendre à se voir, c’est pour ensuite apprendre à se voir comme concerné par le monde qui nous entoure. Or, si les gens débattent souvent passionnément sur des sujets comme le changement climatique ou la décroissance, s’ils proclament leur indignation lorsqu’on parle de guerres ou de famine, ces sujets restent bien souvent de simples abstractions intellectuelles. C’est l’appropriation subjective qui nous fait défaut pour agir et modifier nos comportements. Il est bien trop facile de rationaliser les problèmes, de dire que nous-mêmes, nous ne pouvons rien faire pour les résoudre, et de dissocier nos actes de nos paroles et de nos convictions.

Changer de perspective, se voir comme concerné, pourrait-il réellement avoir une incidence sur le monde ? Une récente publication de Markus Moos a suggéré que la pensée existentialiste pourrait être une approche fructueuse pour faire face au changement climatique.


À lire aussi : Existentialism: A guiding philosophy for tackling climate change in cities?


S’il ne cite pas Kierkegaard, une approche kierkegaardienne pourrait nous aider à répondre à la question : comment inciter les gens à faire des choix éco-responsables ? Ne serait-ce pas en responsabilisant les individus, plutôt qu’en imposant des règles ou normes ? Certes, cela ne pourra se faire sans le développement des infrastructures nécessaires, et donc une volonté politique plus large. Mais une telle volonté commence par l’engagement de chacun qui accepte de faire face à lui-même et à se voir comme concerné par le monde qui l’entoure.

Si l’éthique existentielle nous impose un (parfois très inconfortable) examen de nous-mêmes et l’énorme responsabilité de se voir comme individuellement concerné, c’est parce qu’elle s’appuie sur notre liberté. Il dépend de nous de créer le monde social, moral et économique dans lequel nous vivons, et dans lequel nous vivrons demain. Nous ne pourrons certainement pas résoudre tous les problèmes du monde en un tour de main, mais il ne dépend que de nous de choisir de nous engager. C’est ainsi, nous dit Kierkegaard, que nous pourrons apprendre « à user du monde sans en abuser. »

Ces frictions culturelles qui mènent à l’échec des fusions-acquisitions internationales

28 mardi Mai 2019

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The Conversation

  1. Muriel Durand

    responsable du département Organisations, Stratégie et Management, South Champagne Business School / Y SCHOOLS – UGEI

Groupe ESC Troyes

Union des Grandes Ecoles Indépendantes (UGEI)

 

Au niveau mondial, les opérations connaissent un taux d’échec situé entre 50% et 60%. Ekaphon maneechot / Shutterstock

Les phénomènes de mondialisation et de fortes consolidations dans les affaires internationales suscitent un intérêt certain pour les fusions-acquisitions hors frontières. Le nombre de ces opérations ne cesse de croître au niveau mondial, pour un total de près de 4 000 milliards de dollars de transactions signés en 2018 dans le monde, atteignant ainsi les pics d’avant la crise de 2007, même si le nombre de transactions a ralenti début 2019.

Exemples emblématiques de ce mouvement : le français Essilor, N.1 mondial de l’optique ophtalmologique, rachète l’italien Luxottica, premier fabricant mondial de montures de lunettes, en 2017 ; la même année, le géant de l’agro-alimentaire Danone en fait de même avec le spécialiste du lait bio et végétal WhiteWave ; en 2018, Safran acquiert Zodiac dans l’aérospatial, tout comme ChemChina le suisse Syngenta dans le secteur de la chimie agricole.

Un paradoxe !

Néanmoins, ces alliances constituent un paradoxe intéressant. La stratégie des fusions-acquisitions reste très répandue dans le développement des organisations alors même que son risque d’échec est extrêmement élevé, entre 50 % et 60 % selon les sources. Ce taux augmente encore lorsqu’il s’agit de fusions internationales, notamment pour des raisons d’incompatibilité culturelle.

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Conversation France

✔@FR_Conversation

Fusions-Acquisitions : le retour ? http://bit.ly/2oYYpes 

1

10:44 PM – May 1, 2017
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Les auteurs qui se sont intéressés aux fusions-acquisitions dans une perspective socioculturelle mettent l’accent sur l’importance d’un management approprié de l’étape post merger, c’est-à-dire au moment du processus d’intégration. Les fusions affectent les personnes prises dans ces bouleversements. L’aspect humain est au cœur de cette intégration post merger, et peut être la clé de la réussite.

L’objectif de cet article est alors de présenter un regard neuf sur l’étape d’intégration dans une perspective socioculturelle, à partir d’une étude réalisée sur les frictions perçues par les managers, en première ligne lorsqu’ils ont à interagir avec de nouveaux interlocuteurs après la fusion. La perspective de la friction culturelle offre un cadre de recherche sur les contacts entre les individus dans les processus de fusions-acquisitions internationales. Pourtant, de par sa complexité empirique, ce type de désaccords liés à la culture des individus en situation d’interaction n’avait toujours pas été étudié.

C’est pourquoi nous nous sommes penchés sur les incidents critiques, à savoir les évènements que les managers ont eux-mêmes perçus comme conflictuels lors de situations de travail, pour comprendre la nature des frictions qui pouvaient apparaître dans la phase post merger.

« Merci de m’avoir donné la face »

Il en ressort que ces incidents renvoient la plupart du temps au fait de « sauver la face » lors des situations évoquées comme conflictuelles, en particulier en Asie. La « face » est en effet un phénomène présent dans les sociétés hautement conscientes des contextes sociaux. Dans ce sens, ce concept est directement lié au collectivisme comme dimension culturelle fondamentale. Il renvoie au sens de la dignité, du respect, de la réputation et de l’honneur. Il s’agit d’une façon de maintenir l’harmonie au sein du groupe. Faire « perdre la face » à quelqu’un, même par accident, est en conséquence une infraction rarement pardonnée.

On peut essayer de restaurer la face via l’utilisation d’une communication subtile et indirecte, un cadeau ou un compliment. Les personnes sensibles au concept de face n’ont pas pour habitude de parler ouvertement et explicitement des problèmes de façon à ne pas perdre la face, et ne challengent pas leur supérieur devant les autres membres de l’équipe ou du groupe. En chinois, gei mianzi (donner la face), jiu mianzi (perdre la face) ou encore xiexie gei mianzi trouve son équivalent dans le « merci d’être venu » pour remercier quelqu’un lors d’une invitation à dîner par exemple. Littéralement cela se traduirait par « merci de m’avoir donné la face ». On comprend alors l’impact social de ce concept inscrit dans la langue elle-même. Il décrit la relation propre avec un environnement social, essentiel à la personne (ou à la famille de cette personne) comme partie intégrante du « soi » montré aux autres.

Les incompréhensions culturelles seraient à l’origine de la sortie de route de l’alliance Siemens – BenQ… Eric Gevaert/Shutterstock

Cette dimension a toute son importance en management interculturel. Dans une étude de cas sur l’échec de l’alliance entre Siemens et BenQ dans les années 2000, le rôle de la face comme un facteur culturel subtil est justement décrit. Les auteurs montrent comment les directeurs du spécialiste taïwanais des produits électroniques avaient rejeté la démission de leur président pour lui éviter – ainsi qu’à l’entreprise entière – de perdre la face ; et comment ces responsables ont utilisé un intermédiaire pour réduire la perte de la face devant les parties prenantes.

La friction perçue résultant de la face est un aspect particulièrement sensible lorsque les cultures des acteurs impliquent des différences en terme de pratiques et de valeurs. La maîtrise de ce concept permettrait d’éviter des pertes financières considérables dans l’échec des fusions-acquissions internationales, et la sensibilisation à ces piliers culturels constitue donc un outil managérial incontournable.

La marche sur Milan

27 lundi Mai 2019

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The Conversation

  1. Bruno Cousin

    Professeur assistant de sociologie, Centre d’études européennes et de politique comparée, Sciences Po – USPC

  2. Tommaso Vitale

    Sociologue, Centre d’études européennes et de politique comparée, directeur scientifique master « Governing the Large Metropolis », Sciences Po – USPC

Université Sorbonne Paris Cité

Sciences Po

 

Milan, la Place du Dôme, coeur pulsant de la ville alexandr hovhannisyan / unsplash, CC BY-SA

Pourquoi Matteo Salvini a-t-il choisi Milan pour y organiser samedi 18 mai sa grande kermesse « souverainiste » ? La question est loin d’être anodine.

L’initiative du leader de la Ligue et ministre de l’Intérieur italien était impressionnante : un vaste rassemblement auquel étaient présents les représentants de douze partis d’extrême-droite de l’UE (malgré l’absence remarquée du Fidesz hongrois), juste une semaine avant les élections européennes. Paradoxalement, les partis nationalistes ont montré qu’ils peuvent être davantage coordonnés et transnationaux que les partis affiliés au PSE ou aux Verts, lesquels n’ont pas véritablement réussi à apparaître comme une force politique unifiée à l’échelle européenne.

Bien sûr, on pourrait répondre qu’il est toujours plus facile de rassembler des mécontents sur la seule base de leurs penchants racistes et autoritaristes, que de fédérer autour d’un projet commun de construction européenne, mais c’est ici sur un autre paradoxe apparent que nous souhaiterions attirer l’attention…

Milan, capitale économique du pays, métropole au cœur de la mondialisation et de plus en plus multiculturelle, symbole des secteurs les plus dynamiques et florissants de la Péninsule, n’est-elle pas depuis 2011 une « ville de gauche » ? Pourquoi alors la choisir pour ce grand raout nationaliste ? Imagine-t-on un grand meeting de suprématistes blancs américains à New York ou San Francisco ?

Milan, capitale économique de l’Italie et ville en transformation. Roy / Pexels, CC BY

Et, s’il s’agissait d’investir symboliquement un nouveau territoire, pourquoi pas Turin, qui vote cette semaine pour les élections régionales du Piémont, dernière région du Nord que la Ligue ambitionne de conquérir ? Ou une grande ville du Sud paupérisé, où elle cherche activement depuis quelques années à élargir sa base électorale ? Pourquoi Milan ?

Le laboratoire des populismes

Milan n’est pas seulement la ville natale de Salvini. Aux yeux de l’extrême-droite, ou plus précisément des extrêmes-droites italiennes, elle représente symboliquement bien plus que ça. C’est d’abord il y a cent ans le berceau du fascisme italien, où Mussolini a rompu avec le socialisme en proposant une voie interclassiste pour « protéger » les classes populaires. C’est aussi la ville de Silvio Berlusconi : celle où ce dernier, ayant perdu ses soutiens politiques antérieurs du fait de l’effondrement du Parti socialiste italien, se lance en 1993 dans la création de Forza Italia, qui sera à l’avant-garde du développement des populismes européens du dernier quart de siècle.

Enfin, Milan est également une ville emblématique pour la Ligue. C’est là que, toujours en 1993, elle a accédé pour la première fois seule au pouvoir dans une grande ville, grâce à l’élection à la mairie de Marco Formentini, ancien élu du PSI : une victoire municipale qui a lancé la transformation de ce qui était alors encore un mouvement régionaliste avec des velléités sécessionnistes en un parti de pouvoir. D’autant que, cette même année, un certain Matteo Salvini, militant de 20 ans passé par les centres sociaux autogérés de la gauche milanaise, devient conseiller municipal pour la Ligue comme chef du courant des « Communistes de Padanie ».


À lire aussi : En Italie, Matteo Salvini pour la première fois sur la défensive


Mais les droites, qui ont gouverné Milan durant la période 1993-2011, l’ont ensuite vu leur échapper. Il y a huit ans, Berlusconi, embourbé dans les scandales politico-sexuels et incapable de redonner une crédibilité au gouvernement national, précipite la junte municipale milanaise dans sa chute : ni son parti, ni la Ligue qui était alors son principal allié, ne parviennent à mobiliser leur électorat. Alors que la gauche et le centre-gauche réussissent au contraire à faire le plein des voix de leurs électeurs en les ralliant à une figure historique et fédératrice de la bourgeoisie milanaise progressiste : l’avocat, militant des libertés civiles, et ancien député de Rifondazione comunista, Giuliano Pisapia.

Giuseppe Sala, maire de Milan, avec Anne Hidalgo, maire de Paris, au sommet C40 au Mexique – le 30 novembre 2016. Hector Guerrero / AFP

Le scénario se répétera par ailleurs en 2016, lorsque Beppa Sala, ancien Commissaire général de l’Exposition universelle de 2015 auréolé d’une réputation de manager efficace, profitera à nouveau d’une crise nationale de Forza Italia et de la démobilisation de son électorat pour devenir Maire de Milan à la tête d’une nouvelle coalition de centre-gauche.

Les ressorts de la prospérité

Il faut dire, que, au niveau local, la gauche municipale a bénéficié au cours des dernières années d’évolutions généralement considérées comme des réussites économiques, sociales et urbaines remarquables. Fortement touchée entre 2009 et 2013 par les conséquences de la Grande Récession – durant laquelle le PIB italien a décru et le taux national de chômage a été multiplié par deux – et par la diminution des transferts et investissements publics qui s’ensuivit, Milan a décidé d’y faire face grâce à une stratégie constante de micro-avancées et de concertation continue avec les principales forces sociales (employeurs, syndicats, associations).

Pour innover et redistribuer les ressources produites dans la ville, la municipalité s’est d’abord concentrée sur le soutien à l’emploi, ainsi que sur la création d’entreprises susceptibles de recruter des travailleurs qualifiés, puis sur le redéveloppement des quartiers populaires, afin notamment d’y favoriser la multiplication des commerces, de nouvelles activités manufacturières et artisanales, et du « soft industrial design ».

Pendant l’Expo 2015 à Milan, entre mai et octobre, ACTLD a développé la scénographie lumineuse d’une installation emblématique : « L’Arbre de vie » / « Albero della Vita ».

La gauche milanaise a aussi encouragé les liens entre entreprises, laboratoires de recherche appliquée et universités. Elle a enfin promu la croissance et l’amélioration du parc d’hébergement hôtelier et para-hôtelier, et s’est efforcée, non sans succès, de mieux intégrer la ville dans les itinéraires touristiques et les flux commerciaux, notamment en investissant dans un système d’infrastructures événementielles permettant d’accueillir de nombreux salons, foires et autres expositions annuelles de réputation internationale, et ce faisant de contribuer à la réputation de Milan dans les domaines de la mode, du design, de l’artisanat, de la gastronomie, etc.

Inégalités et mobilisations

Ces progrès ont néanmoins eu lieu, pour l’essentiel, à l’intérieur des frontières municipales de la commune de Milan, qui compte aujourd’hui environ 1,4 million d’habitants.

Une politique métropolitaine de collaboration avec les communes voisines a parfois été nécessaire, mais celles-ci n’ont tiré que des bénéfices limités des évolutions des dernières années. Or, la métropole de Milan (au sens de l’OCDE) est habitée par plus de 5 millions de personnes, et c’est ainsi dans ses zones péricentrales et périurbaines que la Ligue s’attache à dénoncer une commune centrale cosmopolite qui produirait avant tout des inégalités et des injustices sociales et territoriales.

Milan est alors dénoncée pour son statut de « ville refuge » par excellence de l’Italie : une ville ouverte à l’accueil et au soutien des migrants étrangers, du fait d’un réseau de militants de gauche très fortement mobilisés en faveur des droits des immigrés.

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Stefania Placenti@StefaPlacenti

We are what we welcome! #Sanbabila #Milano #EuropaSenzaMuri

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6:01 PM – Aug 28, 2018
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C’est donc à cette dimension de l’identité milanaise que la droite nationaliste veut s’attaquer, et en la stigmatisant qu’elle envisage de reprendre la ville lors des prochaines élections en remobilisant son électorat. Elle rappelle ainsi régulièrement que Milan est la ville d’Italie avec le taux de délinquance globale (ensemble des crimes et délits) par habitant le plus élevé du pays, et celle où la demande de répression est la plus forte.

La capitale lombarde est ainsi présentée comme un havre de prospérité et de sécurité pour les élites, et un environnement hostile pour tous les autres, qu’il s’agit donc de reconquérir pour le « rendre au peuple ».

Dans son discours du 18 mai, qui vouait aux gémonies les « Merkel, Macron, Soros et Juncker » et prenait le contre-pied de la morale de l’accueil prônée par le Pape, Matteo Salvini a aussi fait vibrer la corde populiste en invitant à reprendre la ville aux « milieux d’affaires pour redonner des voix et du pouvoir aux travailleurs » et à y « réduire le poids des banquiers pour que comptent davantage les épargnants ». C’est évidemment assez comique considérant que la Ligue a longtemps gouverné la ville au sein de coalitions guidées par les maires berlusconiens Gabriele Albertini (issu du syndicalisme patronal) et Letizia Moratti (épouse de l’un des plus grands pétroliers italiens). Mais, sans surprise, Salvini n’est pas à une contradiction près.

2 mars 2019 : la manifestation milanaise organisée par la mairie et le monde associatif, contre le racisme et les politiques du gouvernement. Stefano Pasta

Et il entend bien appuyer sa stratégie de mobilisation des électeurs lombards sur la division sociale de l’espace métropolitain milanais, au sein duquel le vote pour la Ligue est déjà très fort.

Le centre-ville encerclé par la droite

Une analyse comparative détaillée et inédite des évolutions de la ségrégation socioprofessionnelle, des choix électoraux, et des corrélations qui les lient, dans les grandes métropoles italiennes est actuellement menée par Tommaso Vitale, Bruno Cousin, Matteo Del Fabbro, Niccolò Morelli, Matteo Piolatto et Jonathan Pratschke.

Et les premiers résultats montrent clairement que, à Milan, l’éloignement du centre historique et la composition sociale de la majorité des espaces de banlieue se conjuguent désormais pour ceindre et assiéger le centre-ville d’une large ceinture métropolitaine de droite. Depuis les zones les plus périphériques de la commune centrale jusqu’aux confins de la métropole, c’est la Ligue qui domine (secondée par le Mouvement 5 Étoiles), et plus on s’éloigne plus c’est le cas. La Ligue a encerclé Milan, l’a enserrée géographiquement et politiquement au point de rendre le gouvernement de la Ville métropolitaine – nouvelle entité administrative créée en 2014 en remplacement de la Province et regroupant 133 communes et plus de 3 millions d’habitants – extrêmement difficile.

Salvini avec les leaders des partis européens d’extrême-droite le 18 mai 2019 à Milan. Miguel Medina / AFP

Ainsi, pendant que Steve Bannon réaménage la Chartreuse de Trisulti (Latium) pour y établir son grand centre de formation européen, Salvini cherche à reprendre « sa » ville à la gauche, en y déclinant les oppositions chères aux national-populistes entre « vrai » peuple et élites « décadentes », nationalisme et cosmopolitisme, Italiens et étrangers, vies à protéger des ravages du néolibéralisme et vies sans importance qui se terminent au fond de la Méditerranée.

Il souhaite en effet voir la ville redevenir un laboratoire de la droite et du populisme, et une vitrine pour la Ligue, qui ne contrôle pour l’instant aucune des cinq plus grandes municipalités du pays (tandis que son allié, le Mouvement 5 Étoiles, détient les mairies de Rome et Turin). Mais, surtout, ce serait une manière de pouvoir revendiquer la reprise de contrôle par la Ligue de la ville symbole de l’inscription de l’Italie dans la mondialisation contemporaine. Comme les élections municipales auront lieu en 2021, il fait peu de doutes que l’on verra souvent Salvini à Milan au cours des deux prochaines années.

Faire du journalisme à l’ère des fake news : leçons du Brésil

27 lundi Mai 2019

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The Conversation

  1. Marcos Barros

    Associate professor, Grenoble École de Management (GEM)

Grenoble École de Management (GEM)

Un partisan du candidat présidentiel brésilien de droite Jair Bolsonaro crie aux journalistes réunis devant la Conférence nationale des évêques du Brésil à Brasilia, où le candidat présidentiel du Parti du travail (PT), Fernando Haddad, tient une rencontre avec des dirigeants catholiques, le 11 octobre 2018. Evaristo SA/AF

Peut-on encore faire correctement son métier de journaliste dans des états influencés par une idéologie populiste ?

L’attaque d’un cameraman de la BBC par un partisan de Donald Trump à El Paso (Texas) en février 2019, l’attaque de journalistes à Rome par des militants d’extrême droite en janvier, l’impossibilité pour les journalistes de couvrir les événements au Cachemire, permettent d’en douter.

Dans le rapport RSF Index 2018, l’ONG Reporters sans frontières soulignait à quel point les médias étaient confrontés à une « rhétorique anti-média » constante émanant des hommes politiques et répandue dans le monde entier. Avec de telles attaques, les stratèges politiques d’extrême droite tels que Steve Bannon cherchent à discréditer les médias légitimes et à mettre en avant les médias sociaux – là où les « informations » peuvent plus facilement échapper à un contrôle éditorial et à la responsabilisation – pour devenir la principale source d’informations pour le public.

Les médias traditionnels ne sont bien sûr pas irréprochables – les cas de reportages biaisés ou d’informations non vérifiées sont légion, en particulier avec la concentration croissante des médias ainsi que des relations politiques et commerciales douteuses dans des pays tels que le Brésil, la France, l’Australie, entre autres.

Néanmoins, les tendances montrent que les principales victimes de la violence à l’encontre des médias sont les journalistes qui couvrent les faits politiques racistes ou xénophobes. Certains hommes politiques les ciblent systématiquement en tant que porteurs de « fake news ». Le Brésil a maintenant emboîté le pas de cette pratique avec ses propres dirigeants populistes.


À lire aussi : How Jair Bolsonaro used ‘fake news’ to win power


Dans ce contexte, comment les journalistes et les professionnels des médias peuvent-ils renouer avec la confiance et leur image d’objectivité ? Dans une étude récente, nous avons examiné un groupe de journalistes brésiliens qui s’efforçaient d’échapper aux restrictions imposées par les médias traditionnels et de créer une nouvelle identité pour les journalistes. Ils sont devenus des blogueurs dans une ère pré-Bolsonaro et leur expérience unique peut être instructive pour les autres.

Les blogueurs brésiliens s’insurgent

Selon de nombreux posts de journalistes brésiliens, leur accession à l’indépendance a commencé par la couverture biaisée et parfois ouvertement fausse de la candidate à l’élection présidentielle Dilma Rousseff, ancienne secrétaire d’État de Lula. Un exemple célèbre est le cas d’un prétendu casier judiciaire : au cours de la campagne, Folha de São Paulo, l’un des plus grands journaux nationaux du Brésil, a publié les registres de Dilma datant de la période du régime militaire brésilien. En fin de compte, il a été découvert que la « preuve » était un faux provenant d’un spam.

Fin 2006, alors que Dilma Rousseff venait de remporter les élections contre José Serra, le candidat de droite favori des médias, les journalistes ont décidé d’accroître leur présence en ligne pour promouvoir une perspective différente du journalisme.

Ce mouvement a été principalement initié par quatre journalistes qui ont abandonné ou ont été exclus des médias traditionnels après les élections de 2006 : Luis Nassif, Luiz Carlos Azenha, Rodrigo Vianna et Paulo Henrique Amorim. Leurs blogs s’appelaient respectivement « Luis Nassif Online », « Viomundo », « Escrevinhador » et « Conversa Afiada ».

Ils défendaient des valeurs différentes de celles prétendument défendues par les principaux organes de presse, souvent liés aux politiciens de droite et soutenus par une publicité payée par le gouvernement. Les blogs étaient des propriétés privées et dépendaient de dons et de bannières publicitaires, qui ont finalement été abandonnées par certains blogs pour laisser entendre qu’ils étaient indépendants des intérêts économiques.

Escrevinhador.

La découverte de relations malsaines

Les journalistes indépendants ont adopté une tradition de journalisme critique, révélant des relations de pouvoir dans le journalisme où ceux qui détiennent les médias nationaux. Selon le rapport de Reporters sans frontières, les médias au Brésil sont possédés par « une dizaine de grandes entreprises » appartenant à quelques familles. Ils distribuent les informations dans tous les points de vente d’un pays de plus de 200 millions d’habitants, ainsi que des médias internationaux.

Les blogueurs ont également réinventé les pratiques des journalistes et tiré parti du libre accès et des outils participatifs des médias sociaux. Par exemple, beaucoup de ces blogueurs ont commencé à afficher ouvertement le processus de fabrication de l’information. Ils déconstruisaient la manière dont les médias traditionnels cachaient les manipulations et les biais sous l’apparence d’un journalisme soi-disant « objectif et neutre ».

Le blog Viomundo. Viomundo

Les blogueurs progressistes ont également invité les utilisateurs à suivre les étapes au fil des enquêtes et à assister à la création de rapports journalistiques. Le blog piloté par le journaliste Luis Nassif affichait un pavé graphique dédié intitulé « en observation » pour des histoires qui méritaient l’attention du public mais ne disposaient pas encore de preuves suffisantes pour garantir leur véracité. Les journalistes ont également invité les lecteurs à publier des vidéos et des images susceptibles de prouver ou d’infirmer leurs propos. Un cas concernait un candidat de droite qui affirmait avoir été frappé et blessé par un « objet contondant ». Des vidéos ont prouvé que l’objet était en fait une petite boule de papier.

L’incitation aux commentaires

Une autre pratique des blogs consistait à inciter les lecteurs à s’engager dans le processus de production d’informations en republiant leurs commentaires en renforçant ou en critiquant un article d’actualité original. Il s’agissait d’une pratique répandue, certains utilisateurs affirmant que leurs commentaires critiques étaient bloqués et d’autres suggérant la présence de trolls rémunérés.

Ces trolls étaient constamment dénoncés et confrontés par les utilisateurs eux-mêmes. Tous les blogs de journalistes ont consacré une rubrique dédiée aux utilisateurs, comme « Outras palavras » (En d’autres termes) et « Você escreve » (Vous écrivez).

Avec ces pratiques, les blogueurs progressistes ont essayé de créer une nouvelle façon de faire de l’information. Alors que le discours sur les « fake news » n’était pas aussi présent qu’aujourd’hui, leurs efforts suggèrent que certaines réponses existent déjà. Certains ont été reproduits par certains journalistes travaillant aujourd’hui pendant que d’autres évoluent encore sous le radar.

Ces journalistes continuent toujours leur travail de pionnier. Azenha et Amorimentretiennent leurs blogs, tandis que Vianna est hébergée par un magazine alternatif et que Nassif a créé sa propre agence de presse. Néanmoins, ils ont tous été davantage marginalisés par la surveillance accrue et le harcèlement des militants de droite et de leurs trolls, et par la dépendance croissante à l’égard du soutien financier de leur public.

Une réponse à l’attaque mondiale contre la légitimité des journalistes pourrait donc consister à ouvrir le processus d’information pour aider les publics actuels à comprendre, contribuer et reconnaître à nouveau l’importance et la force du vrai journalisme.

Face à l’urgence climatique, méfions-nousde la sur‑responsabilisation des individus

26 dimanche Mai 2019

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The Conversation

  1. Sophie Dubuisson-Quellier

    Directrice de recherche CNRS, Sciences Po – USPC

  2. Solange Martin

    Sociologue, service « Économie et prospective », Ademe (Agence de l’environnement et de la maitrise de l’énergie)

Université Sorbonne Paris Cité

ADEME

Sciences Po

 

licence Creative Commons.

La théorie des nudge suggère que l’on peut influencer les choix des individus par des incitations non financières et non contraignantes. Sourav Raina

Cet article est publié dans le cadre du Forum international de la météo et du climat, qui se tiendra à Paris du 25 au 28 mai 2019 et dont The Conversation est partenaire. Retrouvez toutes les infos pratiques pour prendre part à ce rendez-vous sur le site du Forum : forumeteoclimat.com.


Dans le contexte de la lutte contre le dérèglement climatique, les interventions publiques ciblent aujourd’hui les individus. Il s’agit d’encourager certaines pratiques – prendre les transports en commun, manger des fruits de saison – et d’en décourager d’autres – laisser ses appareils en veille ou renouveler trop fréquemment ses vêtements.

Cette tendance se traduit par l’engouement pour les nudges depuis une dizaine d’années. Théorisée par deux chercheurs, Richard Thaler et Cass Sustein, dans un ouvrage best-seller paru en 2008, cette approche consiste à concevoir des petites incitations non financières, non contraignantes et peu coûteuses à mettre en place pour les pouvoirs publics ou les acteurs privés afin d’orienter les individus vers les « bons choix » pour la société.

Par exemple, activer par défaut l’impression en recto-verso sur un ordinateur, ou afficher dans les hôtels de petits messages incitant à garder les serviettes de toilettes un peu plus longtemps.

Mais cette approche comportementaliste des politiques publiques de la transition écologique montre ses limites et ses dérives.

Une approche qui date des années 2000

L’insistance sur le rôle central des comportements, même en matière d’énergie, est relativement récente. Les campagnes de communication des années 1970 sur la « chasse au gaspi » et la température idéale de 19 degrés restaient secondaires par rapport au cœur des politiques publiques, qui portaient en matière d’énergie sur l’efficacité énergétique, c’est-à-dire sur l’amont : la technique et les infrastructures.

Un renversement important s’opère à partir de 2006, avec une directive européenne qui constate les limites de l’efficacité énergétique au regard des objectifs de réduction des consommations. S’esquisse alors un changement de modèle qui dessine la place du social dans la transition énergétique : ce que la technologie ne peut pas faire, il appartient aux individus de le réaliser.

Mais ceux-ci en ont-ils réellement les moyens ? L’action individuelle est-elle de même portée que la modification des infrastructures, des marchés, des normes ou des techniques ? Quel rôle, mais aussi quelles responsabilités, accorde-t-on alors aux individus ?

L’insuffisance des incitations individuelles

La limite de ces stratégies est de saisir la vie des individus comme une succession de décisions qu’il s’agit d’orienter, voire d’optimiser. En changeant les décisions individuelles, on pourrait résoudre les enjeux de société, et notamment ceux du changement climatique.

Une telle hypothèse considère les comportements comme autodéterminés. Au moment où l’individu prend sa décision, pour partir au travail, acheter à manger, ou prendre un ascenseur, on redéfinit donc son « architecture de choix », pour que certains soient plus désirables que d’autres. On peut jouer sur le côté pratique ou ludique (des poubelles transformées en panier de basket), sur la mise en visibilité (des fruits de saison en tête de gondole), ou sur l’imitation (faire connaître les performances en matière d’économie d’énergie des voisins).

De telles incitations peuvent obtenir quelques effets. Mais ces interventions en bout de chaîne ont peu de chance d’être pérennes, tant les modes de vie des individus sont structurés par des mécanismes complexes.

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Des modes de vie collectifs

Les déterminants des actions humaines sont multidimensionnels. Si une partie relève bien d’une forme de libre arbitre conscient, la majorité de nos actes sont routiniers, fortement normés, dépendants d’un environnement matériel plus ou moins proche.

En d’autres termes, les individus peuvent être orientés par de petits dispositifs situés pour choisir l’escalier plutôt que l’ascenseur, mais leur vie se présente rarement comme des séries d’options entre lesquelles choisir. La mobilité quotidienne est largement façonnée et contrainte par les réseaux et les infrastructures, les organisations familiales, l’aménagement du territoire, les décisions d’implantation des employeurs.

L’alimentation est le produit de trajectoires sociales, mais aussi des infrastructures marchandes et des rythmes familiaux. Les pratiques vestimentaires sont quant à elles hautement associées à des aspirations de distinction, largement adossées à des appartenances sociales. Quant aux voyages en avion, ils sont liés aux modes d’organisation des entreprises et des activités économiques dans les déplacements professionnels, ou encore à des enjeux de distinction associés aux vacances.

Le libre arbitre se dilue en réalité dans un collectif large qui conditionne nos modes de vie. Comment une telle approche pourrait alors modifier durablement les comportements sans agir sur ce qui les influence profondément et collectivement ?

Les nudges, une stratégie risquée

Plus problématique encore, cette approche présente deux grands risques. Si certaines interventions ont à cœur de présenter les enjeux collectifs auxquels elles se rattachent, d’autres, et notamment celles qui privilégient l’intervention douce et discrète des nudges, tendent à les masquer. Il s’agit d’orienter l’individu sans qu’il s’en aperçoive vers des décisions bénéfiques pour le bien commun, en vertu d’un « paternalisme libertarien ».

Au-delà des problèmes éthiques d’une intervention à l’insu des personnes ciblées, le risque est qu’elles ignorent les raisons fondamentales pour lesquelles elles doivent agir : une méconnaissance qui peut faire obstacle au changement des individus et au débat démocratique sur les options possibles.

L’autre danger concerne la sur-responsabilisation des individus qu’induisent ces interventions en les désignant premiers responsables des désordres à résoudre. L’épisode des gilets jaunes a révélé une profonde hostilité envers une mesure environnementale – l’augmentation de la taxe carbone – parce qu’elle faisait peser de manière massive les efforts à fournir sur une catégorie de population déjà contrainte financièrement.

À la question « si des changements importants s’avèrent nécessaires dans nos modes de vie, à quelles conditions les accepteriez-vous ? » les Français, dans leur ensemble répondent très largement l’équité. Une équité à la fois entre les individus, mais aussi entre citoyens, entreprises et administrations. Une intervention sur les seuls individus prend le risque de produire une forte opposition sociale et limiter considérablement la capacité collective à prendre en charge ces questions.

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Conversation France

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Les Français de plus en plus préoccupés par la qualité de l’air http://bit.ly/2OBA9NW 

13

8:24 AM – Mar 29, 2019
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Actionner plusieurs leviers

Toute la difficulté pour faire évoluer les pratiques sociales réside bien dans cette obligation de penser ensemble l’individuel et le collectif, le social et le matériel.

Les échelles d’actions sont forcément multiples : l’individu, les groupes de « pairs » (famille, amis, collègues, voisinage…), les groupes sociaux (catégories sociales, classes d’âges, communautés numériques, habitants d’un même territoire…), les normes, les infrastructures techniques et commerciales.

On conviendra aisément que pour inciter les individus à se déplacer davantage en vélo, il faut travailler à la fois sur les pistes cyclables, les équipements, la sécurité routière, la réparation, ou encore la valorisation de ce mode de déplacement (vertus pour la santé, pour l’environnement, apprentissage de la route pour les enfants, etc.).

La palette des outils de politique publique ne se résume pas à l’incitation comportementale. À l’ensemble des outils d’information et de communication s’ajoutent les outils économiques (taxes et subvention), les outils d’aménagement, d’infrastructure, les dispositifs techniques et les technologies, la réglementation, qu’elle porte sur l’usage des biens et services ou sur leur production, et les normes sociales.

Aujourd’hui, c’est bien l’inversion des normes sociales qui remet en cause le recours au transport aérien en Suède : en dévalorisant cette forme de mobilité, des associations parviennent à faire changer les comportements. La solution réside dans l’articulation cohérente de ces différents outils qu’il s’agit d’appliquer aussi aux acteurs qui ont une influence sur la marge de manœuvre des individus.

Maintenir une cohésion sociale

La transition nécessite par conséquent un important travail social et politique, qui prenne en compte la dimension collective des comportements et des modes de vie.

Les gilets jaunes ont démontré en quoi la question environnementale fait déjà les frais des tensions économiques et sociales actuelles. Dans un contexte de défiance envers les institutions et le monde politique, dans une Europe où l’extrême droite se développe sur le terreau du sentiment d’injustice et de la peur du déclassement, la transition ne saurait se penser indépendamment des régimes politiques et des climats sociaux dans lesquels elle peut se déployer.

C’est bien dans la cohésion sociale et dans un mode de gouvernement qui ne se limite pas aux conduites individuelles que se trouvent les clés politiques de la transition écologique.

Parce que les sociétés n’échapperont pas à cette transition en raison de l’épuisement des ressources, il leur appartient de réfléchir aux enjeux démocratiques et politiques qu’elle implique.

Les trous noirs expliqués à vos enfants

25 samedi Mai 2019

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The Conversation

  1. Yaël Nazé

    Astronome à l’Institut d’astrophysique et de géophysique, Université de Liège

Université de Liège

AUF (Agence Universitaire de la Francophonie)

Pour définir un trou noir, il faut d’abord parler d’évasion. Lance une balle en l’air : elle retombe. Lance-la plus fort : elle montera plus haut, mais va retomber quand même.

Si elle est lancée avec une vitesse de 40 000 km/h (presque 1 000 fois plus vite que la vitesse d’une voiture qui roule en ville !), elle ne retombera cependant pas : c’est ce que l’on appelle la vitesse de libération : ce qu’il faut pour se libérer de la force de gravité de la Terre.

Cette vitesse dépend de la masse et de la taille de l’objet considéré : plus l’objet est massif, plus la vitesse sera élevée. S’il faut 40 000 km/h pour quitter la Terre, il ne faut que8 600 km/h pour quitter la Lune (beaucoup moins lourde que la Terre) et plus de 2 millions de km/h pour quitter le Soleil.

Les trous noirs expliqués par un enfant (La Main baladeuse).

Si on a beaucoup de masse concentrée dans un rayon très petit, alors la vitesse de libération peut dépasser la vitesse de la lumière – or nos théories nous disent que rien ne peut aller plus vite que la lumière. On a alors un trou noir : un trou parce que si on tombe vers un tel objet, il n’y a plus moyen de s’en échapper ; noir parce qu’aucune lumière ne peut venir de l’objet ni même s’en échapper !

Où trouver un trou noir ?

Ça dépend de quoi on parle ! En effet, il existe plusieurs types de trous noirs. D’abord, les trous noirs stellaires : ils proviennent de la mort d’une étoile massive (plusieurs dizaines de fois plus lourdes que notre soleil) – c’est son cœur qui s’est effondré. On trouve ces objets disséminés dans les galaxies (grand groupe d’étoiles).

Ensuite, au cœur des galaxies, on a des trous noirs supermassifs, avec des masses de quelques millions à quelques milliards de fois la masse du Soleil. Leur formation est encore fort débattue : combinaison de petits trous noirs au fil du temps ou formation directe rapide ? On ne sait pas…

Enfin, entre ces deux extrêmes, il pourrait exister des trous noirs de masse intermédiaires, mais leur existence même est encore débattue aujourd’hui.

Ça existe vraiment ?

Oui, on pense vraiment avoir détecté des trous noirs.

  • Dans des systèmes cannibales : il faut imaginer une étoile normale accompagnée d’un trou noir – ce dernier aspire une partie de la matière de son compagnon. Dans ce genre de système, on peut détecter depuis la Terre la danse de l’étoile autour de son compagnon, et vu les propriétés qu’on trouve, ce ne peut être qu’un trou noir. D’autre part, la matière, en tombant vers le trou noir, se met à briller très fort. A cause de l’intense gravité du trou noir : en étudiant la déformation, on peut dire s’il s’agit d’un trou noir et même à quelle vitesse il tourne !
  • Au cœur de la Voie lactée (notre galaxie) : on a suivi une petite étoile, appelée S2, qui tourne autour du centre de notre Galaxie. C’est intéressant parce que connaître une orbite permet de connaître la masse de l’objet central – masse du Soleil en observant les planètes, masse du centre (qu’on ne voit pas) pour S2. On arrive à 4 millions de fois la masse du Soleil concentré dans une toute petite zone – il n’y a qu’un trou noir pour répondre à de telles propriétés.
  • Un peu partout dans l’univers : Si des couples d’étoiles existent, des couples de cadavres d’étoiles existent aussi – donc des couples de trous noirs stellaires. Mais ils ne peuvent se tourner éternellement autour. Ils déforment tant l’espace-temps (la trame de l’univers) autour d’eux, qu’ils se rapprochent petit à petit. Finalement, ils fusionnent et émettent alors un signal particulier, une bouffée d’ondes gravitationnelles qui se propagent dans l’univers et que l’on peut capter sur Terre.
  • Au cœur de la galaxie que l’on appelle M87 : en combinant la lumière enregistrée par plusieurs télescopes disséminés sur la surface de la Terre, on a pu construire un instrument très précis et prendre la première photo d’un trou noir. C’est celle-ci :
Image du trou noir supermassif de la galaxie M87. collaboration EHT, CC BY

Celui-ci est un très gros trou noir – 6,5 milliards de fois la masse du Soleil – et il est en train de manger son environnement. Comme pour les petits trous noirs, cette matière qui tombe vers le trou noir brille : c’est l’anneau que l’on voit sur la photo. Au centre, par contre, c’est noir : c’est là que se trouve le trou noir !


Diane Rottner, CC BY-NC-ND

Climat : comment la question des modes de vie est devenue centrale

24 vendredi Mai 2019

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The Conversation

  1. Lola Vallejo

    Directrice du programme climat à l’IDDRI, Sciences Po – USPC

  2. Mathieu Saujot

    Docteur en économie de l’environnement, Sciences Po – USPC

Université Sorbonne Paris Cité

Sciences Po

 

Dans un magasin de vente en vrac. Shutterstock
 

Cet article est publié dans le cadre du Forum international de la météo et du climat, qui se tiendra à Paris du 25 au 28 mai 2019 et dont The Conversation est partenaire. Retrouvez toutes les infos pratiques pour prendre part à ce rendez-vous sur le site du Forum : forumeteoclimat.com.


En 2018, le GIEC a rappelé et précisé l’objectif d’atteindre la neutralité carbone pour la seconde moitié du XXIe siècle. Inscrit dans l’Accord de Paris sur le climat de 2015, cet objectif doit permettre de limiter le réchauffement à +1,5 °C en moyenne au niveau mondial.

Cette « neutralité » implique un équilibre entre le CO2 émis et le CO2 absorbé. Pour un monde neutre en CO2 en 2050, il faudra aussi une forte réduction d’autres gaz à effet de serre – méthane et protoxyde d’azote par exemple, principalement liés à l’élevage ou aux engrais.

Des pays cherchent déjà à traduire cet objectif et à s’engager sur la voie de la neutralité ; ainsi des 19 membres de la coalition « Neutralité carbone », parmi lesquels la France, le Royaume-Uni et la Nouvelle-Zélande ont déjà entamé des démarches législatives.

C’est qu’au-delà des projections biophysiques globales du GIEC – déterminant ce que la planète peut et pourra absorber avec ses forêts et ses océans notamment –, les réductions d’émissions doivent être impulsées au niveau national.

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La problématique émergente des modes de vie

Pour identifier les implications de l’objectif de l’Accord de Paris, les gouvernements sont donc encouragés à préparer d’ici fin 2020 des stratégies de développement socio-économiques de long terme (horizon 2050). Si un pays s’engage à atteindre la neutralité, tracer une trajectoire à partir d’aujourd’hui vers cet objectif fait apparaître des implications majeures en matière d’émissions possibles pour différents secteurs (production d’énergie, transport, bâtiment, agriculture, industrie), et donc pour leurs activités et technologies futures.

Étant donné la durée de vie de nos décisions d’infrastructure ou d’utilisation des sols, on se rend vite compte que ce « long terme » se prépare en fait dès maintenant.

Jusqu’à récemment, les scénarios de décarbonation, comme ceux que produit régulièrement le GIEC, reposaient principalement sur un recours à des leviers technologiques et des outils économiques. Mais l’ambition de neutralité carbone et le retard pris en matière d’action climatique depuis des années conduisent scientifiques et décideurs à envisager des leviers supplémentaires.

Le changement des comportements et des modes de vie est ainsi devenu un nouveau champ de solutions pour faire face aux changements climatiques. On parle ici principalement de changer les modes de vie des pays développés – qui impactent aujourd’hui de manière disproportionnée les limites environnementales de la planète – mais aussi d’intégrer l’émergence d’une classe moyenne mondiale, dont les futures pratiques de consommation auront un impact majeur.


À lire aussi : Énergie, climat : nos techniques ne sont pas des solutions miracles


Ça commence dans l’assiette

De quels comportements et modes de vie parle-t-on ? On peut commencer par se pencher sur le contenu de nos assiettes.

Un nombre croissant d’études ont souligné ces derniers mois la nécessité de faire évoluer les régimes alimentaires vers un modèle soutenable pour la planète – et tout particulièrement le « régime occidental » – à travers la réduction de la consommation de viande, par exemple, souvent produite sur un mode intensif ou industriel.

Nourrir et élever les troupeaux mobilise en effet les trois quarts de l’usage agricole des sols au niveau mondial et génère 14,5 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre ; cela est notamment imputable à la digestion des ruminants ou à la déforestation et aux engrais utilisés pour produire du soja ou des céréales visant à nourrir le cheptel (volailles ou porcs principalement).

Ces recommandations sont évidemment à nuancer selon les pays : un Européen consomme aujourd’hui en moyenne 2,5 fois moins de bœuf qu’un Américain… mais 5 fois plus qu’un Indien, dont le régime est essentiellement végétarien.

Limiter la part de viande et de produits laitiers, et donc diminuer la pression sur les forêts, permettra d’éviter un autre écueil. Car atteindre la neutralité carbone au niveau mondial ne pourra pas reposer uniquement sur des leviers comportementaux ou technologiques pour réduire les émissions ; il faudra non seulement préserver les capacités existantes de stockage de carbone, comme les forêts ou l’océan, mais même les accroître.

Outre les puits de carbone naturels, de nombreux scénarios à 2050 ont également recours à des technologies de capture et stockage du carbone. Le GIEC a toutefois pointé les incertitudes technologiques et les risques écologiques et sociaux d’une utilisation massive de ces technologies.

On le voit, la question de la stratégie à adopter, notamment entre changements comportementaux ou technologies de stockage, est éminemment politique : quels changements nous paraissent souhaitables, lesquels nous paraissent trop risqués ou incertains ?

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Quoi qu’en disent les sceptiques, manger moins de viande est une priorité climatique http://bit.ly/2OBDivD 

17

8:52 AM – Nov 9, 2018
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Conso et mobilité

Au-delà de l’agriculture et du régime alimentaire, la même modération doit s’envisager pour la consommation de biens matériels et de services. Prenons l’exemple britannique : malgré une réduction significative des émissions domestiques, l’empreinte climat du pays n’a fait que de maigres progrès car les émissions totales de gaz à effet de serre liées à la consommation des Britanniques n’ont baissé que de 3 % en 20 ans (de 1997 à 2016).

Il est également nécessaire de revoir nos pratiques de mobilité, que ce soit l’usage de la voiture individuelle au quotidien ou l’usage de l’avion, plus occasionnel mais particulièrement difficile à décarboner à long terme.

Les débats sur ces changements sont fortement reliés à nos normes culturelles et sociales, et donnent déjà lieu à des initiatives citoyennes. On peut citer par exemple le « flygskam » suédois qui consiste à rendre négatif socialement l’usage de l’avion, ou les propositions concrètes d’une ONG pour rationner l’usage de l’avion.

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Impact du transport aérien sur le climat : pourquoi il faut refaire les calculs http://bit.ly/2Yfuela 

18

11:53 PM – May 8, 2019
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Changements individuels, changement de société

Fort heureusement, certains changements de mode de vie répondent à d’autres préoccupations actuelles des citoyens et nous observons déjà certaines dynamiques dans la société.

Que le moteur du changement soit un bénéfice attendu pour son bien-être physique ou une préoccupation plus lointaine pour l’avenir collectif, il est certain qu’un régime alimentaire meilleur pour la planète – pour le climat mais aussi pour la biodiversité – est également souvent meilleur pour la santé car nous mangeons aujourd’hui trop carné, trop gras, trop sucré.

Avec des motivations souvent complexes, nous observons, en France par exemple, une tendance à la baisse de la consommation de viande de l’ordre de 20 % – consommation passée de 58 à 46 grammes par jour en 10 ans, entre 2007 et 2016.

Utiliser des mobilités douces actives, comme la marche ou le vélo, a également un effet bénéfique sur sa propre santé mais aussi sur celle des autres en réduisant la pollution locale. Privilégier les circuits courts ou la réparation au renouvellement des biens matériels peut favoriser l’emploi et la cohésion locale.

Ces changements souvent vus comme « individuels » dessinent en fait une perspective plus large de changement de la société.

Toutes les disciplines convoquées

Beaucoup de questions restent à instruire pour mieux comprendre ces changements possibles de mode de vie : comment les chercheurs pourront-ils se saisir, pour leurs projections d’avenir, de ces modifications des comportements ? Comment montrer aux citoyens le lien entre les gestes individuels et les transformations plus profondes de la société face au problème mondial du climat ? Quel rôle les pouvoirs publics jouent-ils pour susciter et accompagner ces changements nécessaires ? Offriront-ils des alternatives accessibles, par exemple pour l’alimentation ou la mobilité ? Comment les entreprises et les médias façonnent-ils nos modes de vie, actuels et futurs ?

Il semble aujourd’hui évident que toutes ces questions trouveront leurs réponses au carrefour de nombreuses disciplines, que ce soit les sciences de l’environnement, l’ingénierie, la sociologie ou encore la psychologie.

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