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Mirmande PatrimoineS Blogue

Archives Journalières: 16/07/2019

De l’Empire d’Angkor à Pol Pot, le riz est indissociable de l’histoire du Cambodge

16 mardi Juil 2019

Posted by mirmandepatrimoines in Uncategorized

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The Conversation

  1. Charles Figuières

    Economiste, Aix-Marseille Université (AMU)

Interviewé

  1. Ben Kiernan

    Historien, Université de Yale, Fellow 2018-2019, IMéRA

 

Partenaires

Aix-Marseille Université

Claire Lapique, journaliste scientifique et Charles Figuières, économiste, (Aix-Marseille Université) ont rencontré l’historien Ben Kiernan (Yale), professeur invité de l’IMéRA et spécialiste du Cambodge lors d’un entretien inédit autour du riz, un élément incontournable du pouvoir.


On a tous en tête ces superpositions de différentes teintes de vert, établies en escalier, peignant le tableau des rizières d’Asie du Sud-Est. La région bénéficie de conditions climatiques qui la dotent d’une richesse incroyable.

En 2021, 128 millions de tonnes de riz devraient être produites sur cette seule partie de la terre. Aliment de base mais aussi pierre angulaire de la civilisation khmère, qui a prospéré à travers l’Empire d’Angkor, du IXe au XIIIe siècle ; le riz a traversé les âges. Sa culture a été modelée au fur et à mesure des périodes, les hommes jonglant entre adaptation et transformation de leur environnement.

L’historien Ben Kiernan a remonté le chemin de ces petits grains de riz pour trouver ce qui, depuis l’ère glaciaire, a contribué à la richesse du Cambodge.

Pourquoi ici, et pas ailleurs, a pu émerger un Empire khmer prospère ? Comment le riz a-t-il été à la fois pierre fondatrice d’Angkor et pierre d’achoppement pour les Khmers rouges qui ont essuyé un revers économique ?

Depuis les premières installations humaines, la riziculture est restée un élément autour duquel ont tourné différentes façons de concevoir l’environnement et l’agriculture.

Riz fraîchement collecté et séché au village de Kampong Ko dans la province de Kampong Thom province, Cambodge. Sylyvann Borei/WorldFish, CC BY-SA

Un passé sanglant

Quarante ans de carrière et dix ouvrages plus tard, le Cambodge n’a toujours pas fini de dévoiler ses secrets à Ben Kiernan. Son chemin croise pour la première fois celui de ce pays lorsqu’il est doctorant en Australie. À cette époque, peu s’apercevaient du caractère génocidaire du régime dictatorial dénommé Kampuchéa Démocratique et dirigé par le tristement célèbre Polpot, qui, de 1975 à 1979, a tué plus de 20 % de la population cambodgienne.

Pour les besoins de son doctorat en histoire, Ben Kiernan apprend la langue et, malgré lui, l’histoire sanglante du Cambodge, en s’installant pendant quatre mois dans un village thaïlandais voisin. Il fait la rencontre de réfugiés cambodgiens qui fuient les violents massacres perpétrés de l’autre côté de la frontière. À partir de ce moment, son destin se noue à celui du Cambodge et ce lien ne se défera pas.

Il aiguise son regard sur le régime khmer rouge et s’applique à dénoncer ce qui, encore aujourd’hui, est soumis à discussion : le génocide cambodgien.

Le génocide cambodgien, par Ben Kiernan.

Ce n’est qu’en 2018 que Khieu Samphân (chef de l’État du Kampuchéa démocratique de 1976 à 1979) et Nuon Chea (numéro deux du comité central du Parti communiste du Kampuchéa démocratique), deux hauts responsables Khmers rouges, ont été condamnés pour des crimes relatifs au génocide cambodgien, par le droit international.

Après avoir passé des années à lutter pour que le génocide soit reconnu par la justice, Ben Kiernan se plonge dans l’histoire longue du Cambodge, afin de faire le lien entre l’Empire d’Angkor et le régime des Khmers rouges en se tournant tout particulièrement sur les différentes perceptions quant à leur environnement.

Le lien entre l’Empire d’Angkor et le régime des Khmers rouges

En reprenant le nom de « Khmer » originel, comme se nommait la civilisation de l’Empire d’Angkor, le régime du Kampuchéa démocratique souhaite réaffirmer l’éclat du passé. Ce dernier est animé par le sentiment nationaliste d’un passé glorieux, entretenu par la politique coloniale française. Celle-ci voue une véritable adoration pour la culture d’Angkor qu’elle exalte et souhaite préserver. Elle renforce les lignes de fracture entre Cambodgiens et Vietnamiens en assignant une position privilégiée aux premiers. Imprégné par ces idées, Pol Pot souhaite récréer le succès de l’Empire d’Angkor.

Les colonies d’Asie’ de Louis Botinelly, gare Saint-Charles à Marseille. J.-A. Mathiou/Wikimedia, CC BY-NC

Dans son périple en France, Pol Pot est probablement passé devant la statue « Colonies d’Asie », en bas des escaliers de la Gare St-Charles à Marseille, pour se rendre à Paris et continuer ses études.

La pierre sculpte le dessein de l’Empire colonial français. On y voit une femme cambodgienne allongée, servie par un garçon vietnamien et une jeune fille laotienne. C’est le symbole de l’affirmation française d’une suprématie des Cambodgiens sur leurs voisins.

Cette idée a infusé dans l’esprit des dirigeants khmers et a alimenté le terreau raciste qui conduisit aux meurtres de masse des minorités cambodgiennes. Pour Ben Kiernan, le génocide s’inspirait tout à la fois d’une idéologie communiste-maoïste mais aussi d’un esprit xénophobe et raciste.

Un projet agricole ambitieux

Les dirigeants khmers ont aussi contraint leur population au travail forcé dans l’optique de modifier l’environnement. L’ampleur de ce projet agricole a été impulsée pour reproduire l’idée que se faisaient les Khmers rouges du prestige d’Angkor. Pour comprendre le régime, Ben Kiernan revient à la période de l’âge de glace :

« J’ai souhaité remettre ces événements dans un contexte historique plus large. Et pas seulement à travers une histoire à long-terme mais aussi en questionnant les bases économiques du projet des Khmers rouges. »

Qu’est-ce qui a fait d’Angkor un empire aussi florissant ? Sa grandeur est toujours perceptible à travers les temples qui s’élèvent dans la nature, comme imperturbables aux mouvements du temps.

Pourtant, l’historien s’interroge : « L’empire d’Angkor a été un véritable succès alors que le sol n’était pas si fertile ».

Qu’est-ce qui a fait d’Angkor un empire aussi florissant ? Helt/Wikimedia, CC BY-ND

Ben Kiernan s’ancre donc dans le temps long pour comprendre comment l’agriculture a pu arriver dans cette région du monde et être à la base d’une civilisation si prospère. Il remonte jusqu’aux premiers signes d’activité humaine, environ 10 000 ans av. J.-C.

Trois outils pour remonter dans le temps

Mais comment remonter aussi loin dans le temps ? L’historien se base sur trois outils pour construire sa machine à voyager dans le temps. Tout d’abord les sources archéologiques reposent sur les squelettes ou les preuves d’habitations et vies humaines retrouvées dans le sol.

Les archives naturelles ensuite sont décelables grâces aux carottes de sédiments prises du fond des lacs. Elles révèlent les cendres provenant des feux ou encore le pollen présent dans l’atmosphère pour chaque période. Il est possible de remonter à plus de 8 000 années av. J.-C.

Cette technique permet d’identifier la mise en place d’une agriculture sur « brûlis » (terres cultivées après défrichage par le feu) puisque des feux ont été lancés tous les trois ans environ.

Les composantes mêmes des cendres peuvent être étudiées afin de confirmer cette hypothèse. Pendant l’ère des chasseurs-cueilleurs, le feu se propageait dans la forêt afin de faciliter la chasse et atteignait toutes les espèces sans distinction. Au contraire, les cendres qui ont identifié l’agriculture sur brûlis sont issues d’espèces spécifiques de pollen liés aux champs ciblés. Les scientifiques ont identifié ce qui fut les premiers villages d’agriculteurs grâce à la découverte de plus de 50 installations circulaires, où la terre a été modelée pour former des murs.

Un avantage comparatif incroyable

Angkor a bénéficié d’avantages indéniables. Plus encore que ces voisins, le Cambodge connaît des conditions climatiques et géographiques propices à l’agriculture.

La mousson, de mai à septembre en fait un terrain favorable à l’irrigation. Le pays est traversé par le fleuve Mékong et, en son centre, le lac Tonle Sap enfle et désenfle en fonction des périodes de pluie. Cette étendue d’eau est connue pour être, avec la mer du Nord, la plus grande réserve de poissons.

Le pays étant plat, l’eau qui inonde les sols peut se répandre facilement sur l’ensemble du territoire. Surtout, un système naturel empêche l’eau de retourner directement à la mer. La connexion du lac Tonle Sap et du fleuve Mékong conduit au flux et reflux de l’eau accumulée, ce qui permet au pays d’être encore abreuvé même après la mousson.

Pêcheurs sur le lac Tonle Sap, 2015. Dmitry A. Mottl/Wikimedia, CC BY-SA

Cet avantage, les Khmers de l’Empire d’Angkor ont su le mettre à profit. Ils ont par ailleurs appris à stocker l’eau dans d’immenses bassins pour éviter les inondations et la réutiliser en périodes de sécheresse. La culture du riz et ses hauts rendements ont été la base de cette prospérité, témoignant de centaines d’années d’adaptation aux aléas climatiques.

Transformer la nature ou faire corps avec ?

En matière d’environnement, la vision des Khmers rouges se distingue de celles de leurs ancêtres. Cela explique en partie l’échec économique auquel Pol Pot fit face. Pour lui, le système d’irrigation était à la base de la grandeur de l’Empire. En reprenant l’analyse diffusée par les Français, les Khmers rouges pensaient que les canaux construits à cette époque permettaient une irrigation permanente du riz. Avec l’idée de copier le modèle d’Angkor, ils ont irrigué les champs trois fois par an.

Mais en réalité, l’Empire laissait faire la nature en s’y adaptant. Le peuple s’accommodait des saisons arides lorsque les rivières ou étangs s’assèchent lentement en plantant le riz dans la terre humide, offrant ainsi de forts rendements. Les canaux n’étaient pas construits pour irriguer les champs d’eau mais servaient au transport des pierres pour la construction de temples !

Croyant copier le modèle d’Angkor, le régime khmer rouge a dénigré les savoirs et techniques ancestraux des petits fermiers agricoles cambodgiens. En pourchassant un objectif de production intensive et moderne, le résultat s’est révélé être un véritable fiasco.

La nature, elle, est restée imperturbable aux humeurs de ces habitants, offrant les mêmes conditions climatiques, en dépit des perturbations humaines. De ce passé cambodgien, entaché par les traumatismes, s’élèvent toujours des temples, qui, pour majestueux qu’ils soient, ne peuvent rivaliser avec la grandeur d’une nature immuable.

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