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Archives Mensuelles: novembre 2019

Face aux discriminations, les musulmans et les minorités demandent l’égalité

30 samedi Nov 2019

Posted by mirmandepatrimoines in Uncategorized

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The Conversation

  1. Julien Talpin

    Chargé de recherche en science politique au CNRS, Université de Lille

  2. Anaïk Purenne

    sociologue, chargée de recherche à l’Université de Lyon., ENTPE

  3. Guillaume Roux

    Chercheur, sciences politiques, FNSP, laboratoire PACTE, Université Grenoble Alpes

  4. Hélène Balazard

    Chercheure en science politique à l’Université de Lyon, ENTPE

  5. Marion Carrel

    Maîtresse de conférence en sociologie, Habilitée à diriger des recherches, Université de Lille

  6. Samir Hadj Belgacem

    Maître de Conférence en sociologie à l’Université Jean Monnet de Saint-Étienne, Université Jean Monnet, Saint-Étienne

  7. Sümbül kaya

    Chercheure, Responsable des Études contemporaines IFEA, Institut français d’études anatoliennes

Université Grenoble Alpes

Université de Lille

Université Lille Nord-Europe (ULNE)

CC BY ND
Marche contre l’islamophobie, Paris, Gare du Nord, le 10 novembre 2019. GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP
 

Emmanuel Macron se rendra-t-il à Montfermeil comme le souhaite Ladj Ly, réalisateur primé à Cannes pour Les Misérables ? Ce film lui permettra-t-il – à lui comme à l’ensemble des Français·es – de considérer enfin les discriminations dont sont victimes une part non négligeable de nos concitoyen·ne·s ? Il serait temps.

Le climat de racisme ambiant et la libération de la parole xénophobe a encouragé une série d’humiliations et d’attaques visant directement des personnes de confession musulmane.

Attentat contre une mosquée à Bayonne, humiliation d’une mère portant un foulard et accompagnatrice d’une sortie scolaire à Dijon, propos comparant les femmes voilées à des « sorcières d’Halloween » par un sénateur … La liste est longue.

Ces séquences éprouvantes laissent des traces profondes, sociales, psychologiques, individuelles comme collectives, ainsi que le révèle une enquête que nous conduisons depuis 2015.

À la mosquée de Bayonne, le 1ᵉʳ novembre, après l’attaque. Gaizka Iroz/AFP

Plus de 90 % des enquêtés ont subi ou été témoins de discrimination

Les débats concernant la place des religions dans la société française ne sont pas illégitimes. Ils se mènent cependant le plus souvent sans ceux/celles qui sont le plus directement concerné·es, beaucoup s’autorisant à décider à leur place ce que signifie telle ou telle pratique ou évoquant la menace d’un supposé « agenda caché ». Ici, l’enquête sociologique permet de rappeler certains faits.

La recherche que nous conduisons depuis 2015 dans les quartiers populaires révèle en effet l’ampleur des discriminations et de la stigmatisation dont sont victimes les citoyen·ne·s perçu·es comme descendant·es de l’immigration ou musulman·es.

Nous avons conduit 165 entretiens biographiques dans plusieurs agglomérations de France (Grenoble, Bordeaux, Lyon, Roubaix et en Seine-Saint-Denis Villepinte et Le Blanc-Mesnil). Plus de 90 % des personnes rencontrées déclarent avoir fait au moins une fois directement, ou comme témoin, l’expérience d’une discrimination ou d’un acte stigmatisant.

Les discriminations ont cours depuis des décennies. Ici une jeune femme montre sa carte d’identité, le 12 novembre 2005, lors d’une marche à Toulouse contre les discriminations. Georges Gobet/AFP

Un impact sur l’ensemble de la société

À côté des propos racistes, des insultes et remarques stigmatisantes, la discrimination désigne une différence de traitement en raison de critères illégitimes et illégaux.

Beaucoup se sont vus refuser un emploi ou une progression de carrière, un logement alors que leur dossier correspond aux attentes, n’ont pas pu accéder à certains magasins ou loisirs. On pense par exemple à ces femmes portant un voile empêchées de participer à une brocante. D’autres, ne portant pas forcément de signes religieux mais perçu·es comme noir·es, arabes, musulman·es, roms, jeunes de quartiers, subissent des contrôles d’identités routiniers, humiliants voire violents… Souvent minimisée, il s’agit d’une réalité massive et incontestable, démontrée par de nombreuses études de sciences sociales.

Trois lycéens ont assigné l’État en justice pour contrôle d’identité abusif (Brut, 2017).

Notre enquête, qui donnera lieu à un ouvrage collectif en 2020, renseigne sur l’étendue de la violence sociale subie par ces personnes et son impact sur l’ensemble de notre société.

Démotivation, dépression, suicides

Ces traitements inégalitaires constituent un traumatisme profond pour les individus. Nombre de nos enquêté·es ont comparé ces expériences à « une gifle », « un coup de poignard ». Elles suscitent colère et tristesse. Elles entraînent des interrogations et des doutes, construisent des identités meurtries.

Les expériences stigmatisantes ont également des conséquences pratiques. Démotivation, dépression, suicide : leurs effets sur la santé ont été abondamment documentés dans plusieurs pays, et commencent à l’être en France, comme l’atteste par exemple la surmortalité des descendant·e·s d’immigré·es de deuxième génération.

Impact du contexte social sur la dépression des jeunes issus de minorités (National Institute of Mental Health, 2017).

Quitter la France pour fuir le racisme

Dans ce contexte, un nombre croissant de Français, membres de groupes minorisés, spécialement les musulman·e·s, envisagent de quitter le pays ou l’ont déjà fait pour se prémunir de cette atmosphère étouffante. Nous avons interviewé de nombreux Français·es installé·es au Canada, en Angleterre ou aux États-Unis qui expriment à quel point, même si le racisme y existe aussi, leur vie y est malgré tout plus simple, le quotidien moins oppressant.

C’est le cas par exemple de Mourad, d’origine algérienne, titulaire d’un doctorat en sociologie de l’Université Paris 8, qui gérait une librairie à Colombes. Il a décidé avec sa femme de migrer à Montréal explicitement à cause du racisme en France :

« C’était trop dur, toujours ces regards, je ne voulais pas que mes enfants grandissent là. »

C’est également le cas de Slimane, travailleur social d’origine franco-tunisienne, qui a vécu en Tunisie jusqu’à l’âge de 19 ans et est arrivé en France pour faire des études de sociologie. Après avoir travaillé une dizaine d’années comme animateur dans un centre social à Strasbourg, il fait le choix d’émigrer au Québec, fatigué par le regard suspicieux porté sur les immigrés originaires du Maghreb :

« Je voulais partir, je ne voulais plus rester en France. J’en avais marre de devoir toujours, toujours me justifier. Et puis on parlait souvent du Maghreb, des arabes… J’ai joué le jeu pendant 10 ans en me disant “OK, on va faire de la pédagogie”, mais à un moment donné, voilà, j’en avais marre. »

La France ne les aime pas, donc ils la quittent. Ce phénomène, qui n’est pas qu’anecdotique parmi nos enquêtés, devrait nous interroger : certains de nos compatriotes quittent leur pays pour vivre une vie décente et digne.

En s’attaquant à leur identité, les propos et traitements inégalitaires déstabilisent l’image de soi des individus. Certain·es peuvent dire que ce n’est pas leur problème ou que celui-ci est secondaire au regard d’autres sujets d’actualité. On peut aussi considérer que la souffrance sociale et les manières d’y répondre sont des questionnements d’intérêt collectif, qui concernent et affectent la nation tout entière.

« Vous n’avez qu’à retirer votre voile »

« Si vous voulez accompagner les sorties scolaires, vous n’avez qu’à retirer votre voile. »

On a beaucoup entendu sur les plateaux de télévision comme chez les élu·e·s de tous bords cette injonction à se dévoiler faite aux femmes musulmanes.

Comme si, pour continuer à exister sans discrimination ou stigmatisation il fallait s’effacer, « se faire discret » (comme le proposait un ancien ministre de l’intérieur). En d’autres termes : s’invisibiliser. Il s’agit de faire porter aux individus discriminés eux-mêmes la responsabilité du traitement injuste dont ils et elles font l’objet.

Autre propos fréquemment entendu : « Mais vos mères ne se voilaient pas, elles ! C’était différent dans les années 1980 ». Constat en partie exact, mais qui fait généralement l’économie d’une analyse pourtant établie par de nombreux travaux de sciences sociales. Ce mouvement de retour du religieux touche toutes les confessions, pas seulement l’islam et ce dans le monde entier.

Pourquoi l’offre religieuse trouve-t-elle son public ?

Le développement d’un islam plus rigoriste est le fruit de la mobilisation de certains courants théologiques au Moyen-Orient, qui ont été pour partie importés en France depuis la fin des années 1980.

Mais il convient de se demander pourquoi cette offre religieuse a fonctionné et a conquis une partie de la jeunesse française. On sait ainsi que les jeunes de 18 à 25 ans se déclarant musulmans indiquent une religiosité supérieure de 10 points aux croyants de plus de 35 ans.

On ne peut comprendre la pratique religieuse plus intensive – à ne pas confondre avec la radicalisation – des musulman·e·s depuis plusieurs décennies (port du voile et de la barbe, pratique du ramadan et consommation halal par exemple) indépendamment des expériences de discrimination et de stigmatisation que subissent les minorités issues de l’immigration post-coloniale.

Prières de rue à Clichy, en 2017, en réponse à la fermeture d’un lieu de culte. L’islam pour beaucoup, apparaît comme un refuge et un espace de socialisation. Alain Jocard/AFP

L’islam comme refuge

Le chômage de masse – on sait que le taux de chômage des immigrés et de leurs descendants s’avère au moins cinq points supérieur à la moyenne – est en partie lié aux discriminations à l’embauche ou lors de l’orientation scolaire. Il constitue également un facteur qui pousse à chercher d’autres sphères de socialisation que celles du travail.

Né·es Français·es de parents étrangers, traité comme des « Français·es de seconde zone », pour reprendre une expression fréquemment entendue au cours de nos entretiens, elles et ils cherchent des clefs, des réponses, une forme de réconfort identitaire dans des traditions familiales et culturelles refoulées, parfois imaginées ou réinventées.

Le retour du religieux n’est pas propre à la France ni à l’islam. Ici une femme offre des pains au chocolat lors d’une visite organisée d’une mosquée à Roubaix, dans une démarche de dialogue entre cultures et religions. Philippe Huguen/AFP

L’islam peut alors constituer un refuge. Si bien que paradoxalement plus le débat public se durcit, plus « la République se montre ferme » à coup de lois et de dispositifs d’exception, plus ces « Français de seconde zone », en particulier les musulman·e·s, se sentent ciblé·e·s et tendent à se retrancher vers des espaces et des ressources collectives de réassurance.

On ne peut pas à la fois provoquer le repli communautaire et le dénoncer. On n’émancipe pas non plus les gens malgré eux.

Quant à ce reproche de « communautarisme », de nombreuses recherches montrent qu’il est davantage l’apanage des plus aisés, les « ghettos de riches » et autres « clubs » marqués par des formes d’entre-soi communautaire discrètes mais efficaces, que des minorités.

Ces résultats pourtant attestés n’empêchent pas les éditorialistes et nombre de nos représentant·e·s de mobiliser sans relâche ce terme pour (dis)qualifier les mobilisations politiques des minorités, comme lors des récentes manifestations contre l’islamophobie.

Les bonnes conditions, documentaire de Julie Gavras (ARTE).

Une seule revendication : l’égalité

Nous avons rencontré au cours de notre enquête des dizaines de militants et bénévoles actifs au sein des quartiers populaires. Ils et elles ne demandent pas de droits spécifiques. Ils ne sont pas les « chevaux de Troie d’un islam politique » qui ne dit pas son nom, comme l’avance une rhétorique complotiste connaissant un succès grandissant ces derniers temps.

Ces militants ne réclament qu’une chose : l’égalité. Pouvoir bénéficier des mêmes droits et des mêmes opportunités que tous les autres citoyens de notre pays. Mettre en place, enfin, des politiques publiques reconnaissant le caractère systémique des discriminations et prenant à bras le corps ce problème qui mine la cohésion nationale : inspecteurs du travail dédiés, testings généralisés, sanctions réelles contre les entreprises et les institutions discriminantes (y compris les institutions publiques et d’État), attribution anonyme des logements sociaux, réforme des contrôles d’identité par la police, respect égalitaire de la loi de 1905…

Il n’existe pas de solution miracle, mais tant que l’ampleur du problème n’aura pas été reconnue et constituée en priorité nationale, il perdurera. Les femmes qui portent le voile savent parler, il est urgent de les entendre dans leur diversité.

Constituer des groupes en « ennemis de l’intérieur » plutôt qu’en égaux avec qui on peut dialoguer amène inévitablement à une logique antagonique qui creuse encore le fossé démocratique et disloque la République au lieu de la rassembler.

Une cartographie interactive des zones du monde à protéger en priorité

29 vendredi Nov 2019

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The Conversation

  1. Charlotte Weil

    Environmental Data Scientist, Stanford University

 

CC BY ND
NatCap, Author provided
 

La nature soutient l’humanité de mille et une façons, certaines évidentes, affectant notre santé physique et mentale, d’autres plus indirectes et néanmoins cruciales.

Les abeilles et papillons pollinisent nos légumes, comme ces carottes qui nous apportent de la vitamine A. Les sols absorbent une part de la pollution (notamment causée par l’ajout d’engrais), évitant à celle-ci de ruisseler dans nos cours d’eau et de contaminer les sources d’eau potable. Le long du littoral, les mangroves aux racines profondes et les coraux protègent les côtes de l’érosion, des inondations et des tempêtes.

Ces cadeaux de la nature sont ce qu’on appelle, dans notre jargon scientifique, des « services écosystémiques ».

Un risque accru pour 5 milliards d’humains

Alors que les spécialistes documentent de plus en plus précisément « la sixième extinction de masse » en cours (voir les rapports l’IPBES sur l’effondrement de la biodiversité), les politiques se préparent à fixer, en 2020, de nouveaux objectifs et plans de conservation des écosystèmes.

Mais protéger efficacement la nature requiert une compréhension fine des processus – variés et très locaux – grâce auxquels elle profite à l’humanité.

Notre équipe – du Natural Capital Project à l’Université de Stanford – a modélisé quelques-uns de ces processus pour établir une carte interactive du monde ; il s’agit de montrer la capacité – en déclin – de la nature à fournir des pollinisateurs pour nos cultures ou protéger les populations contre les tempêtes côtières et les eaux polluées.

On estime aujourd’hui que cinq milliards de personnes pourraient être exposées à un risque accru de pollution, de tempêtes côtières ou de malnutrition (par manque de pollinisateurs) d’ici 2050. Les impacts varient selon les scénarios adoptés. S’ils sont moindres dans l’éventualité d’un changement climatique modéré, ils sont en revanche toujours inéquitablement répartis. L’Afrique et l’Asie du Sud-Est sont particulièrement impactées, notamment en termes de qualité de l’eau et de déclin des pollinisateurs.

Au niveau mondial, des centaines de millions de personnes vivant sur les littoraux deviendraient ainsi plus vulnérables aux tempêtes côtières.

En France, où l’on utilise beaucoup d’engrais – notamment dans le Nord et l’Ouest (voir la carte de gauche ci-dessous qui montre la quantité d’azote appliquée comme fertilisants) –, les sols en absorbent une majorité (c’est la « contribution de la nature »), mais le reste (voir la carte du milieu) ruisselle et viendra polluer les cours d’eau.

Selon un scénario qui dépeint un futur plutôt durable à l’échelle mondiale (carte de droite), ces polluants risquent d’augmenter à l’horizon 2050 dans la majeure partie du pays – à l’exception du Sud-Ouest.

Les polluants (azote des engrais agricoles, carte de gauche) que le sol n’absorbe pas (carte du milieu) ruissellent jusqu’aux cours d’eau. Cette pollution non absorbée risque d’augmenter d’ici 2050 (carte de droite). Cartes extraites du site viz.naturalcapitalproject.org/ipbes

Que racontent ces cartes ?

Où la nature est-elle la plus cruciale pour l’humanité ? Quelles sont les zones clefs à protéger ? La cartographie de processus naturels locaux réalisée à l’échelle mondiale nous permet de répondre à ces questions.

Pour identifier les zones les plus vulnérables, par exemple, on analyse à la fois les services rendus par les écosystèmes et les besoins des populations locales. Ces données spatiales sont fascinantes, incroyablement riches et complexes, voire presque indigestes.

Quelles sont les zones clefs pour la conservation ? Là où les gens ont le plus besoin de la nature (rose) et où la nature contribue le plus (vert). Cartes extraites du site viz.naturalcapitalproject.org/ipbes

Prenons l’exemple de la pollinisation. Lorsqu’elle est efficace, on obtient un certain niveau de production agricole (appelé le « bénéfice potentiel maximal »). Si elle est insuffisante, la production est moindre. On peut mesurer l’écart lié à cette insuffisance (le « manque à gagner » ou Benefit Gap) ou le ratio entre la production permise par une pollinisation suffisante et celle qui sera obtenue (la « contribution de la nature »).

Les conséquences humaines du manque à gagner lié à la dégradation des services écosystémiques dépendent des besoins des populations locales ; on va alors considérer la contribution de la nature à l’humanité (nature’s contribution to people), si elle se produit là où il y a un besoin (dans ce cas, si les populations locales n’ont pas d’alternatives telles que des cultures qui ne dépendraient pas de la pollinisation).

Dans le cas de la rétention des polluants par le sol, le manque à gagner correspond à la quantité de polluants non-absorbée par le sol, ruisselant jusqu’aux cours d’eau. Dans le cas de la protection littorale, c’est l’augmentation du risque côtier dû à la perte de la protection d’un habitat (mangrove par exemple) qui sera concernée.

Innovation du big data

Ces analyses et cette cartographie ont été rendues possibles grâce à des avancées technologiques récentes, notamment les capacités de traitement de données massives, ou encore la disponibilité d’images satellites de haute résolution.

Nous avons « découpé » la planète en plus d’un milliard de carrés d’environ 300 mètres de coté (soit 9 hectares, soit à peine la taille d’un dixième du plus petit arrondissement parisien). Pour chacun de ces carrés, nous avons analysé les variables conditionnant l’efficacité de trois services écosystémiques (pollinisation des cultures, rétention des polluants par le sol et protection du littoral), et leur évolution pour divers scénarios de changements climatiques et sociétaux.

Quelques milliards de petits carrés que la magie de la data visualisation interactive nous permet d’explorer…

Quantifier les contributions de la nature, pour mieux la protéger

Depuis plus de dix ans, les politiques de gestion territoriale s’appuient sur les outils open-source que nous développons dans le cadre du Natural Capital Project pour mieux comprendre les bénéfices apportés par les biens naturels.

En 2020 seront décidées les grandes lignes des objectifs internationaux de conservation pour les prochaines décennies, notamment lors de la COP26 (à Glasgow, au Royaume-Uni) et de la Convention sur la biodiversité (à Kunming, en Chine). À l’approche de ces sommets, l’IPBES à rappellé l’urgence d’une compréhension fine des contributions de la nature à l’humanité.

Dans un monde confronté aux bouleversements climatiques, au recul du vivant et à la montée des inégalités, les responsables politiques auront besoin de cartes de plus en plus détaillées pour répondre aux défis de la conservation de la nature. Il s’agit dès lors pour nous, scientifiques et experts en données, d’être capables d’intégrer une variété toujours plus grande de services écosystémiques à nos cartes.

Au-delà du fact-checking, cinq pistes pour renforcer l’éducation aux médias

28 jeudi Nov 2019

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The Conversation

  1. Seth Ashley

    Associate Professor of Journalism and Media Studies, Boise State University

Boise State University

CC BY ND
Suis-je le consommateur ou le produit ? Quels sont mes biais personnels ? Les jeunes doivent apprendre à s’interroger ainsi face lorsqu’ils naviguent sur Internet. Shutterstock
 

Quand on parle d’éducation aux médias, on insiste souvent sur la vérification des informations et l’aptitude à détecter des canulars. Or il semble que les établissements scolaires devraient approfondir cette culture médiatique s’ils veulent aider leurs élèves à s’épanouir dans une société démocratique.

Départager faits et fictions est une compétence essentielle à l’engagement citoyen, mais les élèves ne peuvent être de bons « fact-checkers » que s’ils ont une compréhension plus large de la manière dont les informations sont produites et consommées à l’ère numérique. Voici cinq questions qu’il faut leur apprendre à se poser.

Qu’arrive-t-il aux médias traditionnels ?

Fort heureusement, les « fake news » ne représentent qu’une petite partie des informations que consultent la plupart d’entre nous.

Mais l’information en tant que telle (où des journalistes sont payés pour produire des reportages originaux sur les populations qui les entourent) disparaît, le déclin des revenus se combinant avec une réorganisation des entreprises de presse. Beaucoup de gens n’ont pas conscience de cette évolution. Des centaines de villes et régions ont perdu tous leurs médias locaux, et les journaux, imprimés ou numériques, font face à des licenciements et à des réductions d’effectifs.

Quel avenir pour les hebdomadaires régionaux ? (France 3).

La plupart des gens disent qu’ils s’informent à travers les réseaux sociaux même s’ils ne leur font pas vraiment confiance, et des sites comme Facebook et Google absorbent la majorité des revenus publicitaires sans produire le moindre contenu original.

Il est important d’éviter les fake news, mais il est plus important encore de rechercher les bonnes informations, de les lire et de les diffuser.

Cela signifie qu’il faut se passer de l’intermédiaire des réseaux sociaux et s’en tenir aux marques de presse établies qui font leurs propres reportages, peuvent répondre de leurs erreurs et réduisent le plus possible les conflits d’intérêts.

Comment l’information est-elle produite ?

Même à son meilleur niveau, l’information est une représentation de la réalité, et non la réalité en tant que telle. Les producteurs d’information qui s’efforcent désespérément de rendre compte des différents points de vue sur un sujet peuvent alors créer des équivalences trompeuses, comme c’est arrivé dans le débat sur le réchauffement climatique où seule l’une des parties s’appuie sur des preuves concrètes. L’obsession d’un équilibre de l’information sous-entendrait qu’il y a dans chaque histoire des positions antagonistes, qu’on peut mettre sur un pied d’égalité.

Les informations sont présentées de telle sorte qu’elles influencent la manière dont nous percevons les choses. Quand il s’agit d’élections, par exemple, la couverture du sujet fait en général la part belle à la compétition entre les candidats, presque sur le mode sportif. On se concentre beaucoup en effet sur les sondages et les scandales. L’attention portée aux politiques publiques réelles est souvent insuffisante. Les cadres du récit journalistique peuvent aussi fausser les représentations des minorités, ce qui peut créer et perpétuer des stéréotypes dommageables.

Quand on veut porter un regard critique sur l’information, on peut facilement se laisser guider par le désir d’éliminer les préjugés politiques. Mais pour acquérir un vrai recul médiatique, on devrait prendre plus en compte ces habitudes de production qui influencent le contenu même des informations diffusées.

Suis-je dans une « bulle de filtres » ?

Il est tentant de considérer les géants des médias numériques comme des services d’information neutres, donnant la priorité aux nouvelles les plus importantes. Mais c’est très loin de la réalité. Véritables codes secrets informatiques chargés de prédire ce qui va vous intéresser, les algorithmes sont automatiquement intégrés aux fils d’information, aux résultats de recherche, aux recommandations d’articles et aux sujets en vogue qu’on vous présente.

Les algorithmes basés sur la popularité peuvent amplifier des entreprises de désinformation de toutes sortes et une rhétorique extrémiste qui ne font qu’induire en erreur, semer la confusion, la colère et la division.

Les algorithmes reflètent aussi nos propres biais et peuvent renforcer nos préjugés – même ceux qui sont sans fondement – en nous présentant des discours plus radicaux que les nôtres. Les craintes au sujet des « bulles de filtres » créées par les algorithmes ont peut-être été exagérées, mais il est nécessaire de continuer à se méfier des biais de confirmation, où nous favorisons les informations qui correspondent à nos croyances.

Le web et la bulle de filtres (Reportage sur Arte Journal).

Suis-je le consommateur ou le produit ?

Dans l’économie numérique actuelle, la compétition pour attirer votre attention, la retenir et la convertir en argent se joue entre des entreprises valant plusieurs milliards de dollars, comme Facebook et Google. Vendre très cher de l’espace à des annonceurs est un modèle d’affaires centenaire, mais Internet donne un aspect pittoresque à la publicité de l’ère pré-numérique.

La traînée de données que vous laissez derrière vous en ligne et hors ligne vous rend aujourd’hui très précieux. Certains spécialistes du marketing numérique prétendent disposer de près de 5 000 données sur l’Américain moyen, comme nous l’a appris le scandale de Cambridge Analytica.

« Le business des données : combien vous coûterait Facebook sans publicité ? » (Les Echos).

On dit souvent que les données sont devenues une denrée bien plus précieuse que le pétrole et qu’elles sont utilisées pour manipuler nos comportements par le biais d’annonces commerciales ou de messages politiques.

Voilà qui est très loin des idéaux démocratiques des débuts d’Internet et une bonne culture des circuits de l’information implique de connaître ces coûts cachés, si l’on veut mûrir ses décisions et choisir à quoi nous accordons notre attention.

Comment contribuer à une société mieux informée ?

Comme me le demandent mes étudiants, pourquoi est-il si ardu d’obtenir des informations fiables ? C’est quelque chose qu’on a du mal à se représenter. Tels des poissons dans l’eau, nous sommes plongés dans un univers d’information, ce qui complique la simple réflexion à des alternatives. Mais avec un peu d’« imagination sociologique », nous pouvons faire un pas de côté et nous demander ce que nous voulons pour nous-mêmes et notre société. A quoi ressemblerait un environnement idéal à l’information ?

En considérant l’information comme un bien public, à l’instar de l’air ou de l’eau, on peut facilement voir en quoi nous pourrions tous bénéficier d’un écosystème d’information qui serait protégé, au moins en partie, des pressions commerciales toxiques. Investir dans des médias indépendants, publics et non partisans, ou à but non lucratif, concourt à une citoyenneté plus engagée. Beaucoup de gouvernements ont aussi accru leur surveillance des réseaux sociaux pour cibler la désinformation et protéger la vie privée.

L’éducation aux médias n’est pas la panacée mais, par quelques questions simples, nous pouvons déjà nous assurer que chaque citoyen dispose du bagage nécessaire pour naviguer dans le paysage médiatique et remplir ses missions de citoyen.

Les armes numériques de la nouvelle vague féministe

27 mercredi Nov 2019

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The Conversation

  1. Divina Frau-Meigs

    Professeur des sciences de l’information et de la communication, Université Sorbonne Nouvelle, Paris 3 – USPC

Université Sorbonne Paris Cité

Université Sorbonne Nouvelle, Paris 3

 

CC BY ND
Le mouvement MeToo et le hashtag associé, symboles de l’ère de la militance féministe « online ». Wolfmann via Wikimedia Commons, CC BY-SA

Cet article est publié dans le cadre de la Fête de la Science 2018 dont The Conversation France est partenaire.

Retrouvez tous les débats et les événements de votre région sur le site Fetedelascience.fr


Avec #MeToo, les femmes sont véritablement entrées dans la 4e vague du féminisme, l’ère du féminisme connecté. Et comme beaucoup de mouvements sociaux associés au numérique, elle est disruptive et globale : le hashtag lui permet de surfer sur Internet, le « Me » renvoie à l’activité de l’égoportrait collectif, au-delà du selfie narcissique, et le « Too » à l’influence réciproque sur les réseaux. Sa maturité actuelle est liée à la maturité des médias sociaux nés en 2005 qui viennent appuyer cette cybermilitance.

Cette 4e vague a été critiquée comme étant trop dépendante d’Internet, mais chaque vague antérieure a été accompagnée par un nouveau média, qui a élargi le cadre des publics subalternes concernés. L’« alliance » toute relative, voire la co-dépendance, entre le mouvement féministe et les médias renaît régulièrement aux États-Unis, qui sont un laboratoire d’innovation médiatique et techno-discursive depuis le XIXe siècle, quand le féminisme se fait collectif, après les écrits féconds de quelques pionnières. Avec Internet et les réseaux sociaux, il se fait connecté et rencontre de plus en plus les autres féminismes de par le monde.

Vagues féministes et médias

La métaphore de « la vague » émerge en 1920 selon Elizabeth Sarah dans son ouvrage Reassessments of “First Wave” Feminism avant de se propager en Europe et dans le reste du monde dans les années 1970. Pour critiquable qu’elle soit, elle n’en visualise pas moins la déferlante régulière de lames de fond qui marque les étapes de libération de la femme tout autant que les difficultés du féminisme à s’installer durablement dans la société. Elle évoque aussi de longues périodes de reflux qui, avec les médias audiovisuels et numériques, sont de plus en plus courtes.

Ainsi, chaque vague s’appuie sur la maturité d’un nouveau média et aboutit à une avancée dans la sphère publique ou politique, qui fait émerger de nouveaux types de femmes :

Les suffragettes à New York, en mai 1912. Wikimedia

La première vague, de 1848 (Elisabeth Cady Stanton et la « Déclaration de Sentiments » à Seneca Falls) à 1920 (XIXe amendement de la constitution américaine, « Le droit de vote des citoyens des États-Unis ne sera pas refusé ou limité par les États-Unis ou par un État quelconque en raison du sexe »), revendique le droit de vote et l’égalité juridique.

Elizabeth Cady Stanton, féministe radicale de la 1ʳᵉ vague, en 1880. Wikipedia

Elle glisse sur les rouleaux de la presse indépendante progressiste et du développement des magazines pour femmes, tout en jouant de la pénétration des écrans de cinéma dans l’espace public. Elle reste majoritairement essentialiste, avec une vision féminine de la femme. Elle donne naissance au type de la « flapper », la garçonne émancipée.

La danseuse Violet Romer en robe de flapper, entre 1910 et 1915.

La deuxième vague, de 1968 (Martha Weinman Lear, « The Second Feminist Wave » dans NY Times Magazine) à 1972 (passage du Title IX du Civil Rights Act de 1964), demande le droit des femmes à disposer de leurs droits sociaux et de leur corps. Elle déferle avec l’appui de la télévision pénétrant dans tous les foyers, avec le déploiement des soap operas de l’après-midi. Elle est majoritairement différentialiste, avec une quête de l’autonomie et de l’égalité dans le système. Elle donne naissance au type de la « working woman », la femme active à la carrière professionnelle.

La troisième vague, de 1991 (Rebecca Walker dans Ms magazine, « I Am the Third Wave » en faveur d’Anita Hill) à 2005 (Condoleezza Rice, première Secrétaire d’État afro-américaine), exprime le droit au désir féminin et à la diversité. Elle se diffuse sur le câble et le satellite qui atteignent des zones reculées et pénètrent à l’étranger, avec la vogue des séries en tous genres. Elle est majoritairement intersectionnaliste, avec une conscience que l’oppression féminine ne tient pas qu’au sexe mais aussi à la race, la classe, l’âge, etc.. Elle donne naissance au type de la « power girl », la jeune fille au pouvoir d’agir.

Rebecca Walker. David Fenton/Wikipédia, CC BY

La quatrième vague, en cours, a connu des ratés depuis son annonce par Pythia Peay en 2005 dans le magazine alternatif Utne Reader. Elle se confirme entre 2012 et 2018 avec #MeToo (créé en 2017 par Alyssa Milano, basé sur un slogan de Tarana Burke en 2007) et le mouvement Time’s Up, annoncé en janvier 2018 dans le New York Times – où s’exprime la solidarité entre les femmes défavorisées de la Alianza Nacional de Campesinas et les stars de Hollywood, à propos de l’affaire Weinstein. Elle réclame la parité au quotidien, pour en finir avec le sexisme et les injustices de genre, à un niveau transnational. Elle surfe sur la vague des médias sociaux transfrontières, aux hashtags et posts créatifs. Elle vise l’inclusivité et refuse la dimension binaire des sexes et genres comme la 3e vague mais ré-invente les revendications sociales et politiques de la 2e. Elle donne naissance au type de « la femme rebelle », hybride entre la meneuse et la lanceuse d’alerte.

Une manifestation #MeToo non loin du Trump International Hotel le 9 décembre 2017 à New York. STEPHANIE KEITH/AFP

L’utilisation des médias sociaux : contrer les stratégies paternalistes

Le féminisme s’est donc toujours appuyé sur les médias et leurs représentations, pour en critiquer les stéréotypes et faire avancer de nouvelles images de la femme émancipée. Avec chaque média, de nouveaux publics et groupes de femmes subalternes sont atteints, des femmes blanches de l’élite (1re vague) aux femmes des classes moyennes et des minorités (2e vague) aux femmes et hommes LGBTQ (3e vague) pour finir par l’espèce de synthèse actuelle touchant toutes les classes et minorités, mondialisées.

Les médias sociaux apportent une contribution supplémentaire à la démocratisation des revendications féministes. La multivalence de cette 4e vague est réelle, d’autant qu’elle s’est forgée avec d’autres crises du millénaire, celle des subprimes en 2008 suivie de mouvements tels que Occupy en 2011. Elle est consciente des soubresauts de classe et de race et se préoccupe du désengagement de l’état.

Ainsi avec Time’s Up (« C’est fini ») s’exprime la volonté de s’en prendre à des problèmes systémiques et structurels de l’inégalité des sexes, par la création d’un fonds de solidarité pour aider aux poursuites judiciaires en matière de harcèlement au travail.

Les activistes de la 4e vague prennent le contrepied systématique des stratégies patriarcales pour éviter de payer les conséquences de leurs actes : minimisations, pressions, petits arrangements, isolement, voire ostracisme… À celles-ci, les médias sociaux parent en favorisant l’influence au quotidien, la confession,la provocation et l’égoportrait en lien direct avec les grandes stratégies de la militance en ligne (force des liens faibles, scandalisation, effets structurants des réseaux, re-territorialisation d’initiatives en ligne)

L’influence au quotidien : donner de la force aux liens faibles

L’une des stratégies de l’influence est celle de l’invasion de la sphère publique, en passant d’une pratique amateure à une pratique militante distribuée et collective. La construction de l’influence se fait par la détection de communautés « subalternes » où les femmes élaborent des contre-discours de dénonciation. Elle joue de la réciprocité des liens faibles, en faisant appel à des influenceurs et influenceuses capables d’en mobiliser d’autres, tout en protégeant les personnes un peu trop fortes de leur propre statut et en contrant les « petits arrangements » entre hommes au pouvoir qui pourraient affecter les femmes plus fragiles. Ainsi les stars de Hollywood, en position de visibilité, parlent en cascade, ce qui permet à d’autres victimes de s’exprimer dans la foulée et de donner de la force au réseau d’idées tout en envoyant un message fort au patriarcat, ce qui rend la récupération plus difficile et l’étouffement des affaires impossible.

Alyssa Milano

✔@Alyssa_Milano

If you’ve been sexually harassed or assaulted write ‘me too’ as a reply to this tweet.

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9:21 PM – Oct 15, 2017
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L’outil de la confession : scandaliser l’opinion publique

Le partage en ligne de l’expérience du harcèlement permet d’engager un travail commun de mise en scandale. Il passe par la confession personnelle et individuelle, sans anonymat. Son aspect cumulatif vise les représentations collectives. L’exposition de l’intimité, déjà très présente en ligne, trouve ici une mise à l’échelle qui confère une dimension planétaire au phénomène du harcèlement. La mutation de la présentation de soi en ligne affecte l’émergence du comportement social de la 4e vague, proche du zéro tolérance (#BalanceTonPorc). Elle permet le passage d’une conscience individuelle à une conscience collective, propice à la recherche de solutions politiques inédites. Ainsi les dénonciations du harcèlement quotidien dans les transports sur le site de Laura Bates créé en avril 2012, Everyday Sexism Project ont permis la formation de 2 000 policiers à Londres.

La provocation : jouer des effets structurants des réseaux

La provocation et la riposte, caractéristiques des stratégies des femmes rebelles de la 4e vague, passe par les applications des médias sociaux qui permettent la réciprocité, d’où la force du hashtag. En n’attendant pas la permission, les rebelles ne laissent pas le temps à l’establishment patriarcal de s’organiser, y compris en minimisant le problème et en instrumentalisant des femmes contre des femmes (comme dans le cas du #Deneuve). C’est une force de persuasion agile, ludique et difficile à contrer de par sa viralité sur les réseaux, et sa capacité relationnelle et cumulative, qui rajoute au capital réputationnel de la cause.

L’égoportrait : re-territorialiser les initiatives en-ligne

Ce féminisme de la 4e vague revient, paradoxalement, vers une forme de norme parce qu’il fait usage de la cohésion un peu forcée due à l’appartenance usuelle et quotidienne à des médias sociaux, associée à l’influence et la réputation. L’exploration mutuelle à travers des textes et des images en ligne, avec incitation au partage, ouvre des espaces de conversation qui créent de la proximité mentale et le sens d’une cause commune.

Les expériences sont partagées à travers les continents et l’intersectionnalité ; elles sont reconnues pour leurs similarités, ce qui crée de l’estime de soi. Celle-ci est essentielle pour de nombreuses femmes afin de ne pas céder à l’intimidation, à l’isolement ou à l’ostracisme au sein même de leur communauté territoriale.

Toutefois l’estime de soi, pour se transformer en confiance en soi, en savoir devenir et en pouvoir d’agir, a besoin d’être régulièrement alimentée car elle ne s’acquiert pas du jour au lendemain après des années de harcèlement ou de maltraitance.

La réciprocité orchestrée par les réseaux peut alors être positive car elle crée des collaborations réelles, qui permettent aux femmes isolées et en mal d’estime personnelle de sortir dans la rue, de faire des marches, comme les « marches de salopes » (SlutWalks) organisées à Toronto en 2011 pour protester contre le « slut-shaming », l’intimidation des femmes en les jugeant sur leur sexualité, avec des mises en danger réelles.

Le féminisme connecté utilise donc avec maîtrise la panoplie de la militance en ligne, avec sa plasticité, sa portabilité, sa connectivité. En renforçant les médias sociaux comme arsenal à part entière de l’engagement social des femmes, il peut devenir un catalyseur de changement social, et signifier le point de non-retour (« C’est fini ») d’une forme de domination masculine pré-numérique considérée comme toxique.

Douleurs chroniques, un mal aussi silencieux que ravageur en entreprise

26 mardi Nov 2019

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The Conversation

  1. Guillaume Soenen

    Professeur de management, Titulaire de la Chaire Apicil Santé et Performance au Travail, EM Lyon

EM Lyon

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CC BY ND
Une étude de la Chaire Apicil Santé et performance au travail à l’EM Lyon business school souligne le lien entre douleurs chroniques et engagement dans le travail. Nopphon_1987 / Shutterstock
 

Douleurs de dos, de poignet, sciatique, cervicalgie, syndrome des jambes sans repos, douleurs neuropathiques… Un Français sur trois souffre de douleurs chroniques. Selon les études scientifiques, de 15 à 20 % de la population française adulte souffrirait de douleurs chroniques d’intensité modérée à sévère. Lorsqu’elles s’installent durablement, les douleurs chroniques entraînent des incapacités, des handicaps, des invalidités et des altérations majeurs de la qualité de vie. Les études de référence datant de 2004, nous avons décidé, dans le cadre de la Chaire Apicil à EM Lyon Business School de nous pencher sur cette problématique.

La douleur est « une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable, liée à une lésion tissulaire existante ou potentielle, ou décrite en termes évoquant une telle lésion ». Elle devient « chronique » dès lors qu’elle perdure au-delà de la durée habituelle liée au problème de santé sous-jacent. Sont ainsi qualifiées de chroniques les douleurs permanentes ou récurrentes de plus de 3 mois.

En France, 31,7 % de la population est atteinte de telles douleurs. La prévalence est plus élevée chez les femmes (35 %), varie selon le statut professionnel (20,4 % chez les managers, 29.5 % chez les ouvriers), et s’accroît avec l’âge (jusqu’à 52 % chez les plus de 75 ans). L’intensité moyenne de la douleur est de 4,5 points sur une échelle de 10 points. La prévalence des douleurs chroniques d’intensité supérieure ou égale à 4/10 est de 20 %. Pour 6 % des personnes âgées de 25-64 ans, et 15 % des 65-84 ans, les limitations d’activités professionnelles ou domestiques du fait de la douleur sont importantes.

Sentiment d’injustice

Parmi les 2 154 répondants issus de 22 entreprises de tailles et de secteurs différents de l’étude « Santé au travail et performance collective » (STPC) menée dans le cadre de la Chaire Apicil Santé et performance au travail, 29 % déclarent être atteints de douleurs chroniques, un chiffre proche du niveau relevé au plan national. Ceux qui en souffrent sont moins engagés dans leur travail et ont un moindre capital santé. Ils souffrent aussi d’un sentiment d’injustice plus fort.

94 % des personnes atteintes de douleurs chroniques déclarent que leur travail en est perturbé. Dima Sidelnikov/Shutterstock

En fait, sur un ensemble de dimensions déterminantes de la santé et de la performance au travail, ces personnes présentent une situation nettement dégradée. Les douleurs chroniques devraient donc figurer en bonne place dans les préoccupations des DRH et plus largement pour les directions des entreprises, car les implications en termes de Responsabilité sociétale des entreprises (RSE) sont importantes.

L’évaluation subjective de la douleur est généralement réalisée via la question suivante : « Sur une échelle de 1 à 10, où 1 signifie “pas de douleur” et 10 représente “la douleur la plus horrible que vous pouvez imaginer”, à combien évaluez-vous votre douleur » ? Dans l’étude STPC, la douleur moyenne est de 4,7 et la médiane est à 5. Ces douleurs sont souvent intermittentes (65 %), et plus rarement permanentes (35 %). Elles sont présentes à la fois le jour et la nuit dans une majorité de cas (56 %), parfois seulement le jour (42 %) et rarement seulement la nuit (2 %). 94 % des personnes atteintes déclarent que leur travail en est perturbé ; pour 30 % d’entre eux, cette perturbation est qualifiée d’importante.

Auteur.

Les salariés souffrant de douleurs chroniques ont un capital santé moindre. Ceci est vrai pour la santé physique, pour le bien-être subjectif et dans une mesure moindre pour la santé mentale. Les impacts sur la performance sont aussi nombreux et significatifs.

Ces salariés ont moins d’énergie et leur engagement dans le travail en souffre. Ils ont aussi moins d’énergie pour soutenir les changements organisationnels et maintenir des comportements de coopération réguliers. De plus, ils se sentent traités de façon moins équitable par leur entreprise et ont généralement une perception plus négative de leur management. Ils déclarent aussi être plus exposés aux risques physiques ainsi qu’aux risques émotionnels.

Ne pas stigmatiser, soutenir

Il est difficile de séparer ce qui relève de différences objectives de traitement ou d’exposition dans l’entreprise, de ce qui peut être imputé à l’impact des douleurs chroniques sur les ressources d’adaptation de l’individu, le stress, et les distorsions de perception ainsi engendrées. On note que le stress ressenti au travail est plus important chez les salariés souffrant de douleurs chroniques. Peut-être encore plus troublant, ces salariés rapportent percevoir beaucoup plus de violences au travail.

À cela s’ajoute un soutien social moins important, des tensions vie professionnelle – vie personnelle plus intense et une solitude accrue… Ces éléments complètent le tableau de salariés plus vulnérables et plus à risques.

Auteur.

En termes de personnalité et d’états mentaux, ces personnes ont moins confiance en elles et ont une vision plus négative du stress. Les seules dimensions pour lesquelles nous n’avons pas trouvé d’écart significatif sont le niveau d’activité physique, la qualité de l’alimentation ou encore la tendance à la surconnexion.

Fizkes/Shutterstock. Ces douleurs entraînent, entre autres, une perception plus négative du management

On note aussi qu’ils ont tendance à avoir une hygiène de vie de meilleure qualité, avec une consommation d’alcool et de tabac moindre. Enfin, et c’est peut-être un autre effet lié à une survigilance, ils déclarent être mieux informés des règles de sécurité au travail.

Les résultats de l’étude STPC sont préliminaires et nécessitent d’être confirmés. Toutefois, les effets relevés sont nets et nombreux. Les douleurs chroniques sont une préoccupation majeure pour la santé et la performance au travail. Tandis qu’un Français sur trois souffre de douleur chronique, seuls 400 000 d’entre eux sont suivis dans des consultations spécialisées, notamment dans les structures spécialisées douleur chronique (SDC). Les entreprises doivent donc se sensibiliser massivement au sujet, et l’offre de prise en charge multidisciplinaire doit être étendue.

À ce rythme, le plan rénovation énergétique de la France n’atteindra pas ses objectifs

25 lundi Nov 2019

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France
The Conversation

  1. Carine Sebi

    Assistant professor and Coordinator of the « Energy for Society » Chair, Grenoble École de Management (GEM)

Grenoble École de Management (GEM)

 

CC BY ND

Le bâtiment représente 39,5 % de la consommation finale d’énergie et 27 % des émissions de CO2. Il est donc la cible idéale des politiques publiques énergétique et climatique. La France s’est fixé de réduire de 28 % la consommation d’énergie finale dans ce secteur en 2030, et prévoit la décarbonation quasi-complète du bâtiment d’ici 2050 – c’est-à-dire le niveau basse consommation dit « BBC ». Les statistiques officielles les plus récentes indiquaient que 0,3 % des logements en France étaient BBC en 2012. L’enjeu est donc de taille !

En 2018, le gouvernement s’est fixé plusieurs objectifs en la matière dans le cadre du Plan rénovation énérgétique des bâtiments. D’une part, la rénovation thermique de 500 000 logements par an (sans spécifier la durée), dont la moitié sont occupés par des ménages aux revenus modestes. Sur ces 500 000, l’État prévoit d’avoir rénové d’ici à 2025 (objectif révisé depuis à 2028) les 7 à 8 millions de passoires thermiques (étiquettes F et G du Diagnostic de performance énergétique – DPE) habitées par des foyers propriétaires à faible revenu.

Ce plan annonce parallèlement que 100 000 logements sociaux devront être rénovés chaque année, permettant d’atteindre 250 000 logements occupés par des personnes aux revenus modestes. Pour les 250 000 logements restants, la rénovation devra être réalisée par les propriétaires qui auront accès à des aides financières dédiées, comme pas exemple les certificats d’économie d’énergie.

Dans les faits, ces objectifs apparaissent insuffisants au regard de la législation européenne, trop imprécis, et leur application s’avère difficilement contrôlable.

L’objectif gouvernemental de rénovation thermique de 500 000 logements par an. Ministères de la Transition écologique et solidaire et de la Cohésion des territoires, CC BY-NC-ND

Un objectif flou et insuffisant

En juin 2018, la refonte de la Directive européenne sur la performance énergétique des bâtiments (EPBD), stipulait qu’un taux moyen annuel de rénovation de 3 % serait nécessaire au niveau de l’Union européenne pour concrétiser de façon rentable les ambitions de l’Union en matière d’efficacité énergétique. Pour cela, les États membres étaient tenus d’« établir des lignes directrices claires et définir des actions mesurables et ciblées ».

En France, la loi transposant la directive européenne a donc fixé le nombre de logements rénovés par an à 500 000. Ce qui correspond à un taux moyen annuel de rénovation de 1,7 %, bien en deçà des 3 % préconisés par la directive et nécessaires pour atteindre l’objectif gouvernemental d’un parc décarboné à 2050. Tout comme la directive européenne, la loi ne précise par ailleurs à aucun moment les gains minimaux de performance énergétique à atteindre.

Le parc immobilier français compte en outre 7 millions de logements « passoires énergétiques » : si le gouvernement entend les éradiquer d’ici à 2028 comme indiqué dans le Plan Rénovation, il faudrait accélérer la cadence et les rénover lourdement en priorité à un rythme annuel d’1 million de logements.

En raison de l’absence d’une définition officielle de la rénovation énergétique en France ou au niveau de l’Union européenne, il devient difficile de recenser correctement l’activité de la rénovation énergétique. Les bases de données existantes utilisent différents niveaux d’analyse et visent des cibles différentes – certaines bases se concentrent uniquement sur le parc de logements sociaux, d’autres le parc privé – comme le montre le tableau ci-dessous.

Bases de données et rapports d’activités sur la rénovation énergétique en France. Carine Sebi, analyse faite en octobre 2019, Author provided

Une mise en œuvre déjà retardée

Malgré des objectifs largement insuffisants, on constate que la mise en œuvre du plan gouvernemental a déjà pris bien du retard. S’il est impossible de dresser un bilan précis, une estimation grossière révèle que le compte des 500 000 rénovations énergétiques annuelles n’y est pas : en 2018, on recense 110 000 rénovations dans le logement social, 62 000 dans les logements privés précaires et 130 000 pour le parc privé restant, soit un total approximatif de 300 000 rénovations annuelles concernant la période 2016-2018.

Même en considérant des estimations plus généreuses – évoquant plutôt 300 000 rénovations dans le parc privé et 100 000 dans le parc social – la France ne pourra pas à ce rythme atteindre l’objectif annoncé d’un parc de bâtiment neutre en carbone d’ici à 2050.

Ce retard s’explique d’une part par un coût fixe élevé des rénovations thermiques : il s’élève à environ 25 900 euros par logement privé pour une rénovation thermique qui permettrait de gagner deux classes (passer d’une performance énergétique D ou C à B par exemple). D’autre part, la variation du prix de l’énergie associée rend le retour sur investissement très lointain, et peu incitatif pour les ménages – malgré les aides proposées. Sans parler du déficit d’information constaté chez les ménages sur les aides disponibles et sur les mesures de rénovation les plus efficaces.

La nécessité du suivi

Pour l’avenir, les toutes dernières orientations politiques du gouvernement indiquent une priorité marquée pour les ménages modestes avec le retrait du crédit d’impôts (CITE) – qui jusque-là offrait à tous les propriétaires bénéficiaires jusqu’à 30 % de réduction d’impôts sans condition de revenu du ménage (plafonné à 16 000 euros selon la composition du ménage) – et la mise en place de « Ma prime rénov » » qui propose une aide forfaitaire dont le montant dépend du type de rénovation.

Elle s’oriente davantage vers les ménages modestes en ciblant les travaux de rénovation les plus efficaces. L’avantage de cette mesure est qu’elle met l’accent sur les ménages en situation de précarité énergétique qui le plus souvent logent dans cesdites passoires thermiques. Son risque est de décourager la rénovation dans les ménages les plus aisés, qui portent aujourd’hui à eux seuls 50 % de l’activité du secteur.

Faute de données fiables et d’objectifs bien définis en France, suivre les avancées en matière de rénovation énergétique dans le pays est difficile. Or sans évaluation, il sera compliqué de satisfaire les efforts engagés. Des lacunes dont le gouvernement prend toutefois conscience, puisqu’il a lancé en septembre un observatoire national de la rénovation énergétique, dont les premières données seront rendues disponible entre 2020 et 2021.

La rénovation thermique réduit-elle vraiment votre facture d’énergie ?

24 dimanche Nov 2019

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The Conversation

  1. Matthieu Glachant

    Professeur d’économie, Mines ParisTech

 

CC BY ND
Selon une étude des auteurs, 1 000 euros de travaux en rénovation énergétique entraînent une diminution de 8,3€ par an de la facture énergétique. Shutterstock

La rénovation énergétique est l’un des piliers de l’action publique en faveur de la transition énergétique. Dernière illustration en date, le plan gouvernemental de rénovation énergétique des bâtiments, qui prévoit la rénovation de 500 000 logements par an pendant cinq ans. Ou le discours de politique générale de juin 2019 du premier ministre qui annonçait une réforme des aides à la rénovation. Cette priorité se manifeste par une multiplication d’instruments : éco-prêt à taux zéro, crédit d’impôt pour la transition énergétique, certificats d’économies d’énergie, diagnostic de performance énergétique, et les acronymes correspondants : éco-PTZ, CITE, CEE, DPE… Mais la rénovation énergétique des logements réduit-elle vraiment la consommation d’énergie comme elle le prétend ?

Un investissement moyen rentabilisé en… 120 ans

Nous venons de publier une étude économétrique reposant sur l’observation des travaux réellement effectués par des ménages et leurs factures énergétiques avant et après travaux. Les données proviennent de l’enquête Maîtrise de l’Énergie réalisée par TNS-SOFRES pour l’Ademe. De 2000 à 2013, l’institut de sondage interrogeait chaque année un panel représentatif de 7 à 9 000 ménages sur leur dépense énergétique et sur leurs éventuels investissements dans la rénovation. Chaque ménage était sondé plusieurs années consécutives, permettant ainsi d’observer l’évolution de leurs factures après rénovation. L’enquête fut malheureusement stoppée et les enquêtes plus récentes ne fournissent plus les mêmes éléments.

Le modèle économétrique, que nous ne décrirons pas ici, consiste pour l’essentiel à comparer la variation de la consommation d’énergie d’un ménage réalisant des travaux avec celle des ménages n’effectuant pas de travaux ou des travaux d’un montant différent. Pour identifier un effet « toutes choses égales par ailleurs », nous effectuons cette comparaison pour une même année et entre des ménages vivant dans la même région (et donc soumis aux mêmes conditions météorologiques, macroéconomiques et réglementaires), ayant un revenu similaire et une taille de foyer identique, contrôlant ainsi l’effet de facteurs susceptibles d’affecter la consommation énergétique.

Conversation France

✔@FR_Conversation

Efficacité énergétique : est-il vraiment possible de faire mieux avec moins ? http://bit.ly/2WAumLg 

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2

12:32 AM – Apr 3, 2019
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Notre estimation aboutit au résultat suivant : 1 000 euros de travaux ne diminuerait en moyenne la facture énergétique que de 8,4 € par an. Pour un investissement moyen de l’enquête, cela correspond à une diminution de 2,7 % de la facture. La rénovation énergétique est alors loin d’être rentable si l’on s’en tient aux seules économies d’énergie puisque le temps de retour correspondant, c’est-à-dire le nombre d’années nécessaires pour récupérer le coût de l’investissement initial, est de 120 ans.

Ce résultat apparaît en décalage avec le consensus actuel des experts. Notre estimation est par exemple beaucoup plus faible que celles incluses dans les fiches des opérations standardisées utilisées pour calculer les économies d’énergie générant les Certificats d’Économie d’Énergie (CEE).

À titre d’illustration, la fiche CEE décrivant la pose d’une fenêtre ou d’une porte-fenêtre avec vitrage isolant – une opération notoirement moins efficace que d’autres – prédit un impact deux fois plus élevé que notre estimation de l’impact de l’investissement moyen.

Une question de confort plus que d’économies

Notre travail est une analyse a posteriori sur des données décrivant des comportements réels. Au contraire, le consensus d’experts a été construit en France à partir de modèles de simulation fondés sur des hypothèses de comportements. De ce point de vue, notre approche est plus proche d’une étude américaine réalisée en 2018 qui identifie elle aussi des impacts très faibles – des économies d’énergie environ 2,5 fois inférieures à celles prédites par le modèle utilisé par les autorités publiques américaines pour piloter de nombreux programmes de soutien à la rénovation énergétique.

Comment alors expliquer la modestie de ces impacts ? Une première explication tient au fait que la première motivation exprimée par les ménages réalisant des travaux de rénovation énergétique n’est pas l’économie d’énergie, mais le confort. Or améliorer son confort équivaut en pratique à augmenter la température intérieure du logement. Après rénovation, rien ne dit que cette augmentation ne vienne annuler l’impact énergétique des travaux. Plus de confort, moins de déperdition d’énergie mais au total plus de consommation d’énergie. C’est « l’effet rebond ».

Par ailleurs, la qualité n’est pas toujours au rendez-vous dans un marché de la rénovation où prévaut une asymétrie d’information entre des ménages peu au fait des subtilités techniques de l’opération, et des professionnels qui savent que la qualité de leur prestation ne sera observée par les clients qu’une fois les travaux terminés et la facture réglée.

Cibler les fournisseurs et non les consommateurs

Ce résultat conduit évidemment à s’interroger sur la pertinence des subventions à l’efficacité énergétique dans le secteur résidentiel si elles sont uniquement motivées par la réduction de la consommation d’énergie. En tout état de cause, la rénovation énergétique ne constitue pas un gisement d’opérations peu coûteuses de réduction de la consommation d’énergie, et par conséquent des émissions de gaz à effet de serre.

L’estimation d’un temps de retour de 120 ans concerne un investissement moyen. Or il est notoire que l’impact énergétique varie beaucoup en fonction du type de travaux réalisés. Notre étude invite donc à cibler le soutien public sur les travaux les plus efficaces (en particulier, l’isolation des combles, des murs, des planchers).

Enfin et surtout, ce résultat invite à déplacer la focale de l’action publique des consommateurs d’énergie vers les fournisseurs de solutions de rénovation énergétique avec un double objectif : réduire les prix et améliorer la qualité de la rénovation. D’autant que la multiplication des aides allouées à leurs clients n’a pu que dégrader leur performance sur ces deux dimensions. Des dispositifs comme l’opération en cours « isolation des combles à 1 euro » rendent ainsi presque accessoires le prix et la qualité des travaux réalisés.

Témoignage d’une agricultrice bio.

23 samedi Nov 2019

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Le démantèlement d’un éolienne de 2 MW, sans compter le béton en armé
indestructible, est à la charge du propriétaire du terrain, commune ou particulier

J’ai 35 ans, je suis agricultrice bio en Auvergne. Il y a deux ans, j’ai été contactée par une entreprise privée qui avait pour projet d’installer un parc d’éoliennes dans ma commune.
Je les ai reçus avec joie ! J’avais hâte de participer à un projet
écologiste et d’apporter mon grain de sel à la fin du nucléaire.

– Première surprise : je m’attendais à rencontrer un représentant de l’État,
ou de la préfecture pour ce genre de projet (l’énergie est, il me semble, le bien de tous et nous sommes tous concernés).
En fait, il n’en était rien : c’était bien une entreprise privée financée par des fonds de pensions étrangers qui était chargée du projet.
Un peu bizarre, mais, après m’être renseignée, je me suis aperçue que tous les projets étaient tenus par des sociétés privées qui prospectent un peu partout en France pour chercher des terrains où placer des éoliennes.
Je pensais donc que cette société voulait m’acheter un bout de terrain, un peu comme un promoteur immobilier « du vert ».

– Deuxième surprise : la société envisageait effectivement
d’implanter une éolienne chez moi, mais elle ne voulait « surtout pas » me déposséder de mes terres. Elle voulait seulement louer le terrain.
Et cela, pour une somme absolument mirobolante : 30.000 euros par an pour deux éoliennes implantées.
Mes revenus actuels sont de 1.500 euros par mois, pensez-donc, 30.000 euros net par an et pendant 20 ans.
Pendant 20 ans… 30.000 qui tombent tous les ans et je participe à l’écologie nationale. Un rêve.

La société a insisté pour que je signe « rapidement », car d’autres agriculteurs pouvaient être aussi intéressés. A 30.000 euros par an, je n’en doutais pas une seconde.
Mais… je suis auvergnate, et par nature, méfiante, « ils veulent
payer 75 fois le prix de la terre sans la posséder ? Ici ?
Là où nos terres ne valent pas grand-chose ? Il y a un loup quelque part ».
Alors j’ai cherché le loup. Et je l’ai trouvé en demandant un
nouveau rendez-vous avec la société.
Je leur ai demandé un contrat du bail. Et j’ai lu toutes les petites lignes.
Et voici la question que je leur ai posée : au bout de 20 ans, que se passe-t-il ?

Une réponse très floue : …. on ne sera plus là, car on revend
nos implantations à des entreprises étrangères (chinoises notamment).
Mais comme la loi nous demande de prévoir le démantèlement de l’éolienne,
nous vous provisionnons 50.000 euros pour vos deux éoliennes.
Parce, bien entendu, au bout de 20 ans, une éolienne, elle est en
fin de course, foutue et il est stipulé de la démonter.
Ah bon, alors j’ai fait venir plusieurs entreprises spécialisées
dans le démantèlement des éoliennes .
Résultat : devis pour une éolienne (hauteur 80 mètres), le coût
minimum est de 450.000 euros par éolienne.
A charge du propriétaire du terrain.
Et s’il ne peut pas payer ? Comme il s’agit d’une éolienne industrielle,
l’État se retourne contre le propriétaire, puis contre la commune.
Je fais un rapide calcul : le projet d’ensemble de ma commune de
200 habitants comprend 7 éoliennes.

Soit 450 000 x 7 = 3.150.000 de dette pour la commune.
C’est la faillite pour tous.

Ensuite je me suis demandé pourquoi cette société voulait implanter des
éoliennes dans un endroit où il y a si peu de vent.
Réponses : en effet, il n’y a pas assez de vent, mais nous allons
construire des éoliennes beaucoup plus hautes … 80 mètres de haut.
Fort bien. Pour des éoliennes qui ne tourneront que 25 % du temps,
c’est pas très rentable…
Mais, comment se fait-il que des fonds de pension s’intéressent tant à
l’éolien en France ?
Tout simple ! En France, une loi exige que l’énergie verte des
éoliennes soit achetée en priorité deux fois le prix des autres énergies
(l’hydraulique, qui est pourtant totalement vert, n’a pas ce privilège !).
Donc, c’est intéressant pour les investisseurs étrangers, sans doute en
pleine complicité avec notre gouvernement..
Car, qui paye cette différence ? … C’EST NOUS !
Regardez bien votre facture EDF, il y a une petite ligne qui indique que
nous « participons au développement de l’énergie verte ».
En fait, nous finançons des actionnaires étrangers.
Ah oui ! Je ne vous ai pas tout dit ! Cette énergie est
essentiellement destinée à être exportée . Donc pas du tout destinée à faire
fermer les centrales nucléaires.
Ça, les actionnaires s’en fichent totalement. Moi pas.
Le développement de l’éolien en France va coûter 75 milliards d’Euros
financés par nous-même pour détruire nos paysages, notre tourisme, la valeur
de nos biens immobiliers et nos parcelles cultivables.
Avec cet argent, l’état pourrait redistribuer à chaque français
une part pour isoler dignement son logement. Nous pourrions ainsi fermer 18
réacteurs nucléaires. Mais ça, ça ne rapporterait rien aux actionnaires.

Sous couvert de « vert », on nous prend pour des cons …

Devenir maire avant 40 ans : mission impossible ?

22 vendredi Nov 2019

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The Conversation

  1. Isabelle Lacroix

    Sociologue, Chercheuse associée INJEP; Laboratoire Printemps-Université Versailles-Saint-Quentin/Paris-Saclay, Université de Versailles Saint-Quentin en Yvelines – Université Paris-Saclay

  2. Laurent Lardeux

    Chargé d’études et de recherche, sociologue, Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire

Université Paris-Saclay

Université de Versailles Saint-Quentin en Yvelines

 

CC BY ND
Assises des maires Bretons à Saint-Brieuc, le 3 avril 2019. Représentatifs de l’échelle française, peu ont moins de 40 ans. Damien MEYER / POOL / AF
 

Plusieurs enquêtes ont souligné ces dernières années le vieillissement accru des élus municipaux, plus particulièrement au niveau de l’exécutif avec une part de maires de moins de 40 ans passant de 12,16 % en 1983 à seulement 3,80 % en 2014.

Comment expliquer ce chiffre relativement bas ?

À un âge de la vie marqué par un ensemble de franchissements statutaires (au niveau familial avec la mise en couple, l’arrivée d’un enfant ; au niveau professionnel avec une entrée encore récente dans la vie active et un mandat qui vient parfois interrompre totalement ou partiellement une carrière professionnelle), les jeunes femmes et hommes se trouvent plus fortement pénalisés que des retraités ou des actifs en fin de carrière.

Les conditions d’accès se trouvent également plus drastiques. Les jeunes prétendant à un mandat municipal rencontrent plus fréquemment que les autres catégories d’âge un déficit de notoriété locale ou d’expérience municipale souvent nécessaire pour être élu.

Ils doivent donc combler ce déficit par des capitaux politiques, scolaires, professionnels plus conséquents qui accroissent les inégalités d’accès au mandat.

Il en résulte une logique de sur-sélection : par rapport aux autres élus d’âge plus avancé, il est demandé aux jeunes candidats de fournir davantage de preuves sur leur niveau de compétence par un diplôme ou une profession directement en adéquation avec l’administration territoriale.

Les jeunes élus apparaissent de ce fait comme un miroir grossissant des logiques de sélection à l’œuvre dans l’accès à un mandat municipal.

Accentuation des inégalités entre jeunes maires

Une fois élu municipal, l’enquête fait également ressortir une accentuation des inégalités dans l’exercice des fonctions entre des jeunes maires « hypersocialisés politiquement » d’un côté où l’élection n’est qu’une étape dans un projet de carrière politique plus large, et des « néophytes » de l’autre qui découvrent au moment de leur élection les rouages de la politique municipale tout en étant fortement contraint par leur agenda professionnel.

Notre recherche, conduite par l’Institut National de la jeunesse et de l’éducation populaire (INJEP) avec le laboratoire Printemps de l’Université de Versailles-Saint-Quentin, s’appuie sur une enquête par questionnaire à laquelle ont répondu de façon complète 4 784 jeunes élus municipaux. Ses derniers sont maires, adjoints au maire, conseillers municipaux de France métropolitaine et de territoires ultra-marins et âgés de 18 à 35 ans en 2014. Nous avons également mené des entretiens auprès de 36 jeunes maires (29 hommes et 7 femmes) sélectionnés selon des critères de territoire, de taille de la commune, de caractéristiques économiques et sociales et d’orientation politique.

Des jeunes élus municipaux « sur-dotés »

La grande majorité des jeunes maires de notre enquête ayant eu précédemment à leur mandat une expérience de conseiller municipal (65 %), il importe au préalable de mieux connaître les principes de sélection pour ce premier échelon de la représentation démocratique.

Notre étude présente une population de jeunes élus municipaux nettement plus avantagée d’un point de vue professionnel que les élus plus âgés. À titre d’exemple, 26 % des jeunes élus de cette enquête appartiennent à la catégorie des cadres supérieurs contre seulement 16 % pour l’ensemble des élus municipaux toutes classes d’âge confondues. Il ressort également de notre enquête que les jeunes élus ne sont en revanche que 3 % d’ouvriers.

Le constat est similaire s’agissant du parcours scolaire, avec des jeunes élus nettement plus diplômés que l’ensemble des jeunes Français.

Niveau de diplôme des jeunes élus municipaux. Enquête INJEP/Printemps sur les jeunes élus municipaux (2019) et Insee, Enquête emploi, traitements MENESR-DEPP (champ : jeunes sortis de formation initiale en 2010, 2011 et 2012. INJEP 2019, Author provided

À ces paramètres professionnels et scolaires s’ajoutent également la dimension associative avec des jeunes élus nettement plus engagés avant leur élection que les jeunes Français du même âge : 74 % étaient membres d’une association avant leur élection contre 37 % pour l’ensemble des Français de 18-35 ans. En amont de leur élection, ces jeunes élus sont surreprésentés dans les associations sportives et culturelles, mais également dans les syndicats et partis politiques. Les jeunes élus sont davantage impliqués dans des formes d’engagement politique conventionnelles.

Enfance et adolescence : moments clefs du politique

D’importantes variations sont également observables au niveau de la socialisation politique des jeunes élus (discussions politiques avec les parents, les amis, l’appartenance à un mouvement de jeunesse, un syndicat lycéen, la participation des parents à un conseil municipal)

L’enquête statistique réalisée auprès des jeunes élus municipaux par l’analyse de correspondances multiples a permis de réaliser une classification en trois **catégories.

Nous avons ainsi distingué les « hypersocialisés politiques » caractérisés par une forte imprégnation durant leur enfance et adolescence à un environnement politique ou militant (14 % de notre échantillon).

Ils sont suivis ensuite par les « néophytes », marqués par l’absence de toute socialisation politique (20 % de notre échantillon).

Enfin les « socialisés politiques » correspondant à une situation intermédiaire où la politisation intervient de manière plus indirecte (66 % de notre échantillon), par exemple un jeune élu qui n’a pas grandi dans un environnement familial politisé, mais qui s’est investi par la suite dans des mouvements de jeunesse.

Cette socialisation politique différenciée pendant l’enfance varie fortement du point de vue du sexe. Les « hypersocialisés politiques » sont davantage constitués d’hommes (61 %) que de femmes (39 %). Ces différences très marquées sont à rapprocher des travaux d’Anne Muxel qui soulignent le fait que la famille est le lieu de socialisation politique primaire différenciée pour les garçons et les filles avec « la prégnance d’un modèle masculin d’interprétation de l’intérêt comme de l’engagement politique ».

D’importants clivages dans l’accès au mandat de maire

La socialisation politique et les formes qu’elle prend se traduisent ensuite par d’importants clivages notamment en termes d’accès à l’exécutif.

Ainsi les hypersocialisés politiques pendant l’enfance et l’adolescence accèdent plus fréquemment aux fonctions de maire ou de maire-adjoint que les néophytes. Cette socialisation politique précoce aux côtés de responsables politiques leur permet en effet bien souvent de constituer un capital militant et de consolider un réseau politique local qui faciliteront ensuite leur entrée sur la scène municipale.

Par ailleurs, plus la taille de la municipalité est importante, plus les jeunes hypersocialisés politiquement sont surreprésentés au détriment des autres. On retrouve aussi ces inégalités en termes de formation : pour ceux qui ont bénéficié d’une socialisation politique précoce et d’un réseau politique plus important, le type de formation choisi est majoritairement en adéquation avec le mandat de maire : IEP de province, Sciences Po Paris, droit, communication politique, expertise en action publique territoriale.

Une entrée en fonction déstabilisante pour les nouveaux venus

Pour les candidats à la mairie ayant bénéficié d’un parcours scolaire et un début de trajectoire professionnelle autour du politique (chef du cabinet du maire, assistant d’un député, etc.) ou qui ont déjà été conseillers municipaux et/ou adjoints au maire, l’entrée en mandat s’en trouve facilitée.

Pour ceux qui n’avaient pas de socialisation antérieure à un mandat municipal, leur prise de fonction peut être assez brutale, nécessitant une acquisition des compétences et des connaissances des dossiers sur un temps extrêmement court.

Ainsi, cette jeune maire d’une commune de la région Normandie nous faisait part de ses premiers ressentis :

« J’ai l’impression d’être passée sous un tsunami. Il y a eu la constitution des groupes de travail, et je me souviens que cela était très compliqué, car la première chose que nous avons eu à faire était de voter le budget. Donc, quand il faut tout découvrir et quand vous sortez de nulle part, cela pose une vraie question en termes de renouvellement politique. »

Pour ces maires plus éloignés de la dimension militante, managériale ou technique du mandat municipal, la formation par le biais d’associations de maires ou d’autres réseaux s’avère nécessaire.

Or, ils ont paradoxalement moins recours aux formations que les élus hypersocialisés, accroissant là encore les écarts entre ces deux profils. Ils travaillent souvent dans le secteur privé, et ne peuvent arrêter leur carrière professionnelle en raison de la faiblesse des indemnités de maire.

Le clivage se poursuit à d’autres échelles

Le clivage entre les maires sur-dotés en capitaux politiques antérieurement au mandat et intégrés politiquement dans le monde associatif ou dans les partis et ceux sous-dotés politiquement se rejouent également à d’autres niveaux que le mandat municipal, comme le conseil communautaire ou départemental.

Ces nouveaux territoires d’exercice du politique renforcent la division du travail politique local. Les moins dotés politiquement des jeunes maires sont exclus de la gouvernance des établissements publics de coopération intercommunale (EPCI) et investissent peu les mandats des conseils départementaux en raison notamment du poids des partis pour y accéder, ces derniers étant le plus souvent non-encartés et n’ont pas le temps disponible pour y prétendre.

La gestion d’une collectivité favorise le profil de jeunes qui ont cumulé le plus de capitaux politiques depuis leur plus jeune âge. Ces inégalités d’accès aux mandats politiques sont légitimées par le fonctionnement même des instances municipales et intercommunales où la technicité des dossiers s’est fortement accrue et tend à privilégier les plus ajustés à la fonction, questionnant ainsi la difficulté de renouvellement politique.

Ces polarisations invitent à une réflexion sur l’importance de la formation et de la reconnaissance du statut de l’élu pour réduire les écarts structurels entre professionnels de la politique et nouveaux entrants.

Musées et monuments superstars : gérer l’affluence grâce au numérique

21 jeudi Nov 2019

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The Conversation

 

  1. Oihab Allal-Chérif 
    Oihab Allal-Chérif est un·e adhérent·e de The Conversation

    Full Professor, Information Systems, Purchasing and Supply Chain Management, Neoma Business School

Neoma Business School

 

CC BY ND
Le robot d’accueil Pepper utilisé au Smithsonian Institute à Washington, DC.
 

Cet article est publié dans le cadre de la Fête de la science (du 5 au 13 octobre 2019 en métropole et du 9 au 17 novembre en outre-mer et à l’international) dont The Conversation France est partenaire. Cette nouvelle édition aura pour thème : « À demain, raconter la science, imaginer l’avenir ». Retrouvez tous les débats et les événements de votre région sur le site Fetedelascience.fr.


En 2019, plusieurs musées, monuments et expositions ont connu une attractivité exceptionnelle, bien au-delà des prévisions les plus optimistes. Certains ont eu des difficultés à faire face à cette affluence importante dépassant leur capacité d’accueil. L’exposition Toutânkhamon à La Villette a battu le record de France avec 1,3 million de billets vendus et affichait complet bien avant sa fin même après avoir été prolongée. Cet été, pour des raisons de sécurité et de confort, le Louvre a refusé l’accès à des personnes qui avaient parfois voyagé des milliers de kilomètres pour pouvoir le visiter. Des files d’attente de plusieurs heures en pleine canicule se sont formées devant le Château de Versailles qui avait déjà dépassé les 8 millions d’entrées en 2018.

L’expo sur les trésors de Toutânkhamon devient la plus visitée de l’histoire en France.

Attendre des heures devant un musée ou un monument est une perte de temps pour les publics qui subissent passivement ce qu’ils perçoivent comme anormal et désagréable. Par ailleurs, les autres sites touristiques et les commerces n’accueilleront pas ces visiteurs dont le temps est limité. Il existe des méthodes classiques de gestion de l’affluence comme l’intégration du site dans un complexe multi-activités, des plages d’ouverture étendues avec des nocturnes, et la mise en place d’attractions en préparation ou en complément de la visite. Cependant, de nouvelles approches utilisent des dispositifs numériques pour virtualiser ou animer les files d’attente afin que les visiteurs gagnent du temps et qu’ils soient accueillis dans de meilleures conditions.

Une gestion du succès difficile

Au Louvre, plus grand et plus populaire musée du monde avec 10,2 millions de visiteurs en 2018, le déplacement de la Joconde en raison de travaux de rénovation a engendré des files d’attente importantes et une très forte insatisfaction. En effet, 80 % des visiteurs souhaitent voir Mona Lisa, soit en moyenne 30000 par jour. Une mauvaise gestion des flux a conduit à la saturation rapide de certains espaces et à la nécessité de refuser les visiteurs sans réservations. Ceux qui ont la chance de pouvoir entrer après avoir attendu plus de 2 heures ne peuvent passer que quelques secondes devant la Joconde.

En conséquence, le Louvre a décidé d’avancer la mise en place de la réservation obligatoire pour tous à l’occasion de l’exposition « Léonard de Vinci » du 24 octobre 2019 au 24 février 2020, au grand dam des amateurs d’arts qui ne pourront plus improviser une visite sur un coup de tête, même s’ils ont un accès libre ou gratuit. Pourtant, la majeure partie du musée est loin d’être saturée. Le Centre Pompidou adopte la même politique : l’exposition « Bacon en toutes lettres » du 11 septembre 2019 au 20 janvier 2020, est la première qui n’est accessible que sur réservation en ligne obligatoire.

Le musée du Louvre est surchargé.

En dehors de Paris, d’autres musées et monuments commencent à avoir des difficultés à gérer l’affluence. Première destination touristique française en dehors de la capitale, le Mont-Saint-Michel est complètement saturé avec une qualité d’accueil des visiteurs qui s’est dégradées depuis plusieurs années. A Bordeaux, les établissements culturels ont enregistré une hausse de fréquentation de plus de 30 % depuis janvier 2019. A Toulouse, l’exposition « Picasso et l’exil » est un succès record pour le musée des Abattoirs. Réduire les files d’attente et répartir les flux est donc un enjeu essentiel pour les organisations culturelles.

Des applications pour suivre l’affluence et virtualiser l’attente

L’application Affluences, Grand Prix de l’Innovation Digitale 2018 dans la catégorie « Ville Connectée », permet de suivre en temps réel le taux d’occupation des musées partenaires et le temps d’attente pour y accéder. Elle permet également de connaître les horaires d’ouverture, la localisation et l’itinéraire, ainsi que d’acheter des billets et de contacter le musée. Partenaire du Comité Régional du Tourisme Paris Île-de-France, la start-up française collecte des données dans des centaines de musées en France, Belgique, Suisse, Allemagne et Espagne.

N’attendez plus pour visiter votre musée préféré.

L’application JeFile est proposée en neuf langues par une start-up française qui collabore avec le Centre des Monuments Nationaux afin de virtualiser les files d’attente pour plus de confort et de sécurité. Le principe est de pouvoir réserver un créneau de visite et de faire d’autres activités en attendant l’horaire choisi. Au lieu de rester à patienter debout dehors, sous la pluie ou en plein soleil, les touristes peuvent visiter un lieu voisin, faire du shopping, se promener dans un parc, ou aller boire un verre. Depuis l’été 2017, JeFile a virtualisé à 100 % la file d’attente de deux heures pour accéder aux tours de Notre-Dame de Paris. Avant que l’incendie n’en rende la visite impossible, les 1 500 visiteurs quotidiens étaient donc libres de faire d’autres activités et les flux étaient mieux répartis.

JeFile virtualise la file d’attente pour la visite des tours de Notre Dame de Paris.

Des dispositifs pour intégrer l’attente dans la visite

Afin d’animer les files d’attente, des dispositifs numériques disposés dans les zones d’accueil occupent les visiteurs qui patientent. Des tables tactiles interactives permettent de consulter des informations concernant le lieu et les œuvres, de les localiser et de préparer son parcours. Des visiocasques proposent des vidéos immersives. Grâce à la combinaison de systèmes de réalité augmentée et de réalité virtuelle, les musées peuvent organiser des expositions numériques et proposer aux visiteurs d’interagir avec des modélisations 3D et animées des œuvres. Des dispositifs de réalité mixte avec immersion tactile amènent une dimension à la fois pédagogique et ludique comme au Mont-Saint-Michel.

À quoi ressemble le Mont-Saint-Michel à travers HoloLens.

Le Smithsonian est le premier musée du monde à expérimenter le robot d’accueil interactif Pepper, commercialisé par la société japonaise Softbank Robotics qui en a offert 25 à l’institution. Pepper est non seulement un guide artificiel qui peut présenter les différents espaces du musée et répondre à des questions, mais aussi une attraction qui peut danser, jouer, faire des blagues et poser pour des photos. Le robot peut transformer un temps d’attente ennuyeux en divertissement, constitue une activité à part entière du musée et attire les visiteurs dans des espaces moins connus. De tels robots sont particulièrement attractifs pour les enfants auxquels ils proposent des jeux éducatifs.

Le nouveau guide du Smithsonian Institute est un robot.

L’intelligence artificielle pour répartir les flux dans le temps et l’espace

Certaines technologies intelligentes utilisées dans d’autres secteurs pourraient être transposées dans les musées. Avec le big data, il est possible de connaître l’affluence en fonction des dates et des horaires, les types de visiteurs selon les jours et les périodes, ou la durée de visite moyenne par rapport différents paramètres comme la météo. Les prix des billets peuvent être ajustés, comme ceux des billets d’avion ou des chambres d’hôtels. Le Louvre, qui vient d’augmenter ses tarifs de 2 euros, pourrait par exemple proposer des billets moins chers certains jours ou à certains horaires où l’affluence est moins importante pour mieux répartir les flux.

La National Gallery utilise le big data pour analyser et comprendre ses visiteurs.

Des applications de visites guidées intelligentes s’appuient sur un processus de gestion des flux visiteurs (Visitor Flow Management Process, VFMP) pour les orienter vers les zones où ils sont le moins nombreux. Il s’agira alors de combiner les données sur l’affluence en temps réel pour chaque espace avec les souhaits et les goûts des visiteurs pour suggérer le parcours personnalisé idéal. Le système pourra ainsi réguler les flux dans les espaces incontournables où chacun veut faire son selfie et faire découvrir des œuvres moins connues en fonction des préférences et des contraintes exprimées.

Un système d’orientation adaptatif fondé sur l’Internet des objets pourrait suivre chaque visiteur, analyser son comportement et mesurer l’attractivité des différents espaces. Grâce à la reconnaissance faciale et à la mesure du score émotionnel de chaque œuvre, les musées peuvent non seulement mieux contrôler le parcours des visiteurs, mais surtout stimuler son engagement et améliorer sa satisfaction. Au-delà du simple parcours, le système d’information pourra alors proposer une véritable scénarisation de visite sur mesure en fonction des goûts et des profils de chaque visiteur. Le scénario pourra être soit pédagogique de type parcours éducatif, soit ludique de type serious game, soit un défi de type escape game.

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