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Archives Mensuelles: décembre 2019

Face aux crises, l’avènement du chercheur-militant

31 mardi Déc 2019

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The Conversation

 

  1. Helen Etchanchu

Montpellier Business School

Union des Grandes Ecoles Indépendantes (UGEI)

Les scientifiques allemands du groupe ‘Scientists for Future’ Volker Quaschning, Eckart von Hirschhausen, Henning Krause, Martin Visbeck, et Gregor Hagedorn, le 15 mars 2019 lors d’une marche pour le climat à Berlin. Robert/wikimedia, CC BY-NC
 

Mobilisation historique de la grève mondiale pour le climat, Fridays for future, Extinction Rebellion, « gilets jaunes », étudiants, mobilisations au Chili contre les inégalités : autant de contextes passionnants pour tous ceux qui étudient les mouvements sociaux, les facteurs permettant une action collective et leur potentiel de changement de la société.

Comme l’a démontré Frederick Buttel, plusieurs sociologues de l’environnement ont suggéré que les mouvements environnementaux et l’activisme pourraient être les piliers les plus fondamentaux de la réforme de l’environnement. Et face à l’urgence climatique, de plus en plus de chercheurs commencent à se mobiliser à leur tour.

Des collectifs militants

L’initiative campus responsables, réponse collective du secteur international de l’enseignement supérieur, porte par exemple en France l’Accord des objectifs de développement durable (ODD) de l’ONU.

Pour faire face à l’urgence climatique, de premiers campus en Europe ont déclaré en 2019 la neutralité carbone. En France, le collectif de chercheurs Labos 1point5 vise à transformer le fonctionnement de la recherche pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris suivant les recommandations du GIEC. Leur texte fondateur également publié dans les pages sciences du journal Le Monde invite ainsi, entre autres, à :

« mesurer le bilan carbone des missions liées aux participations à des conférences ou des réunions de travail, mais aussi les émissions liées au fonctionnement, aux équipements – incluant les calculs numériques – ainsi que les activités d’observation ».

Un mouvement similaire, Scientists for future, a eu un impact important en Allemagne. Ils ont reçu le prix développement durable allemand « Bundespreis Nachhaltigkeit 2019 » pour avoir apporté une légitimité scientifique au mouvement d’élèves Fridays for Future en publiant une lettre ouverte, signée par plus de 26 000 chercheurs, en soutien aux jeunes activistes. Scientists for Future met également en place des outils d’enseignement autour du changement climatique adapté aux élèves et au grand public.

Ils ont ainsi brouillé les frontières entre militantisme universitaire et militantisme éclairé et participent activement à la communication de la science à des audiences non-académiques.

Scientists for Future.

Est-ce souhaitable ?

Pourtant ces mouvements ne vont pas de soi. Traditionnellement, le rôle du scientifique dans la société est celle du penseur détaché fidèle à ce que Max Weber a nommé la neutralité axiologique.

Cette image est plus contestée pour les chercheurs en sciences sociales de part leur participation à la vie en société. Cependant, l’idée de détachement, celle d’un chercheur observateur passif qui se contente de décrire le monde tel qu’il est demeure omniprésente.

Ainsi Weber stipulait que le sociologue ne peut dire que ce qui est, pas ce qui devrait être selon son jugement de valeur (Wertfreiheit). Néanmoins, le chercheur peut émettre des propositions, par exemple comment les acteurs pourraient atteindre des objectifs prédéfinis en lien avec leurs valeurs à partir du moment où il n’impose pas ses valeurs individuelles. Pour Weber le rôle du sociologue est de comprendre et d’expliquer.

Or les ODD de l’ONU, élaborés démocratiquement, œuvrent au bien commun dans le contexte actuel. La science serait donc tout à fait légitime pour émettre des propositions à ce sujet.

Oeuvrer pour le bien commun

Le militantisme académique engage le rôle du scientifique pour faciliter la réalisation de cette vision. En effet, il serait même la responsabilité du chercheur d’œuvrer pour atteindre des objectifs liés au bien commun. Par exemple, selon la féministe Patricia Hill Collins, le militantisme intellectuel demande au chercheur de mettre ses idées au service de la justice sociale et récemment la chercheuse Alessia Contu précise que ceci va au-delà du domaine de la recherche mais demande une application dans tous les domaines du chercheur, incluant l’enseignement, le service professionnel et ses responsabilités administratives.

Ainsi les chercheurs appellent à mettre en cohérence leurs recherches et leurs pratiques, comme le démontrent les nombreuses initiatives de Campus responsables, Labos 1point5 déjà citées, mais aussi OS4future qui vise particulièrement les chercheurs en gestion, et noflyclimatesci ou Flying Less qui interpellent les scientifiques à réduire leurs voyages en avion.

Garantir la crédibilité scientifique

Le plus grand risque du militantisme académique pourrait être la perte de crédibilité scientifique. C’est pourquoi l’activisme intellectuel doit être fondé sur la production de savoir qui suit des méthodes scientifiques rigoureuses. Comme le décrit Louis Pinto dans une synthèse des interventions de Bourdieu :

« Il faut, pour être un vrai savant engagé, légitimement engagé, engager un savoir. Et ce savoir ne s’acquiert que dans le travail savant, soumis aux règles de la “communauté savante”. »

Les scientifiques déjà cités tentent de mieux communiquer leurs savoirs en plus de changer leurs comportements ou habitudes professionnelles. Ainsi leurs militantisme pourrait même accroître leur crédibilité s’ils assurent une cohérence entre leurs recherches et leurs pratiques. Si leur recherche démontre que nous vivons une « urgence climatique », leurs propositions seraient d’autant plus crédible s’ils adaptent leurs propres comportements en fonction.

Ceci dit, la théorie critique de Jürgen Habermas exige qu’un processus politique n’est légitime que s’il est basé sur une délibération démocratique de toutes les parties prenantes.

De même dans la production du savoir, ce n’est qu’en multipliant les perspectives que nous pourrons comprendre la complexité de nos objets d’étude. Ainsi, dans une société à l’ère de la post-vérité, Naomi Oreskes a récemment précisé que ce n’est pas une étude isolée qui reflète le savoir du procès scientifique, mais une multitude de preuves empiriques, collectés par des scientifiques divers et utilisant des méthodes variées qui peut prétendre à un consensus scientifique. En plus du GIEC, le Panel international sur le progrès social, qui a collaboré avec The Conversation, est un bon exemple de ce processus.

Ce collectif transdisciplinaire réunit 250 chercheurs du monde entier en sciences sociaux (économiques, sociologiques, politiques, anthropologues, philosophes, juridiques…) qui ont publié un « Manifeste pour le progrès social » et un rapport scientifique, intitulé « Repenser la société pour le XXIᵉ siècle ».


À lire aussi : Opening up access to research and information isn’t a luxury – it’s a necessity


Une initiative similaire, The LancetCountdown, a récemment publié un rapport sur les effets de santé liés au changement climatique.

Ces types d’initiatives transnationales, interdisciplinaires méritent notre plus grande confiance. Ils émettent des propositions pour améliorer le bien commun en définissant explicitement leur vision du bien commun. Un militantisme académique serait donc légitime s’il est fondé sur ces initiatives scientifiques et s’il vise à améliorer le bien commun (tel que les ODD de l’ONU). Néanmoins, un militantisme qui promeut des intérêts et opinions privées ne relèverait plus d’un procès de connaissance.

Bien sûr, ceci n’empêche pas les chercheurs à militer pour leurs droits en tant que citoyens, mais ils devraient explicitement communiquer sur les moments où ils militent en tant que citoyens et ceux où ils se positionnent en tant que chercheurs.

Internet : les bienfaits de la déconnexion

30 lundi Déc 2019

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The Conversation

  1. Mélusine Martin

    PhD Candidate – Histoire et Dynamique des Espaces Anglophones, HDEA (Paris IV) and Environmental Sociology (James Cook University), Sorbonne Université

Sorbonne Université

CC BY ND
Et si on déconnectait ?
 

Écoutez l’émission de RFI « 7 milliards de voisins » sur la déconnexion diffusée le 19 décembre dernier, en partenariat avec The Conversation France.


Mes yeux s’ouvrent et contemplent les palmiers sur fond bleu qui miroitent sous l’éblouissant soleil australien. C’est une belle journée qui commence tranquillement. Machinalement, je cherche mon smartphone des mains sur la table de nuit pour consulter mes messages en attente. Je ne suis pas encore levée que déjà le monde me demande. Je sens une tension diffuse se propager dans ma poitrine, descendre le long de mes bras, et atteindre le bout de mes doigts qui pianotent sur l’écran digital. En une fraction de seconde, la journée est passée au rythme numérique. J’ai quitté le présent pour un monde virtuel.

C’est un fait, nous passons de plus en plus de temps sur Internet. Parallèlement à cela, un nombre croissant de personnes cherchent à s’en déconnecter. Tout en appréciant les avantages des technologies numériques, elles souhaitent établir des limites afin de ne pas être joignables en permanence. Mais pourquoi vouloir se déconnecter d’Internet ? La communauté scientifique avance trois raisons majeures : passer du temps en ligne diminue notre productivité, cela est addictif, et cela nuit à la santé.

Passer du temps en ligne affecte notre productivité

Je dois écrire un article scientifique suite à une conférence sur le réchauffement climatique. Il est temps que je m’y mette. Je m’installe à mon ordinateur. Document Word créé. Études scientifiques sélectionnées. Pile de livres à ma droite. Tisane d’ortie à ma gauche. J’ai une heure devant moi pour travailler sur cet article.

Le multitasking, vous connaissez ? Dessin de l’auteur

Fatalement, je suis connectée à Internet pour vérifier mes sources et peaufiner mon argumentaire. Fatalement, je reçois un ou cinq e-mails auxquels je ne réponds pas mais qui me déconcentrent. Mon téléphone vibre, mon ordinateur affiche des notifications, ma tablette m’envoie des annonces. Afin de gérer ce pic inattendu de cortisol, je tente de me calmer en regardant des photos sur Instagram, une vidéo sur YouTube et quelques posts sur un blog. Au final, j’ai perdu 20 minutes.

Ce scénario vous paraît familier ? Selon une étude menée par Microsoft, la capacité de concentration de l’homme est passée de 12 à 8 secondes en dix ans. La cause ? L’omniprésence des écrans. Une étude de l’université de Californie à Irvine montre que travailler en étant constamment interrompu augmente le niveau de stress, car on a tendance à travailler plus vite pour rattraper le temps perdu. Aujourd’hui, une personne sur quatre vérifie son smartphone toutes les 30 minutes et 25 % des Millennials le consultent plus de cent fois par jour. Des comportements qui affectent notre productivité et augmentent notre niveau de stress.

Internet est addictif

FOMO (fear of missing out), « digital detox », ou « slow technology » sont des expressions que vous avez déjà peut-être entendues. La société post-industrielle est en train de réagencer ses fondations autour du digital. On l’utilise partout, tout le temps, pour travailler, contacter ses proches, faire les courses, gérer son compte bancaire, préparer les prochaines vacances ou s’occuper des devoirs des enfants.

La cyberaddiction, un mal de plus en plus courant.

Ce qui était initialement conçu comme un outil est en train de devenir une obsession. Est-ce que vous perdez la notion du temps quand vous surfez le Web ? Vous ne pouvez pas vous empêcher de regarder votre smartphone lorsqu’il vibre ? Vous paniquez si vous oubliez votre téléphone à la maison ? Vous êtes peut-être accro au digital. Des études menée aux États-Unis et en Europe rapportent que 38 % de la population globale souffre de trouble de dépendance à Internet (TDI), également nommé cyberaddiction. L’une des causes avancées pour expliquer cette addiction est une altération physique du cerveau au niveau structurel. En effet, l’usage d’Internet affecte certaines parties du cerveau préfrontal associées au souvenir de détails, à la capacité à planifier et à hiérarchiser les tâches, nous rendant ainsi incapables d’établir des priorités dans notre vie. En conséquence, passer du temps en ligne devient prioritaire, et les tâches de la vie quotidienne passent après.

Internet nuit à la santé

Une des questions que je pose fréquemment aux participants d’une étude réalisée pour ma thèse sur les relations de l’homme à la nature à l’ère digitale est « Comment vous sentez-vous après une heure et plus passées devant un écran ? » J’attends encore de rencontrer la personne qui me répondra qu’elle se sent mieux. Les réponses oscillent généralement entre « fatigué » et « vidé ».

Nous faisons face, au quotidien, à une surcharge d’information.

Des études prouvent qu’il existe une forte corrélation entre dépression et temps connecté. Sur Internet, on cherche à établir une relation à l’autre, une relation au monde. On se connecte aux autres, mais on se connecte mal. Le Dr Hilarie Cash pense que l’élément manquant est la résonance limbique qui ne peut se produire que lorsque deux êtres sont en présence physique l’un de l’autre. La résonance limbique est un échange énergétique qui libère, dans la partie limbique du cerveau, des composants chimiques essentiels au bien-être physique et émotionnel. Selon Cash, plus nous passons de temps en ligne afin de nous connecter aux autres, plus nous déprimons. Peut-être est-il temps de revoir nos priorités et de cesser d’abdiquer notre pouvoir à ce rectangle de polymère qu’est notre smartphone ?

Adoptez la slow technology !

Maintenant, quand je me sens débordée par les sollicitations constantes et imprévisibles de ma connexion wifi, juste avant d’étouffer, je débranche. Le mouvement en faveur de la slow technology répond précisément au besoin d’une approche raisonnée de notre consommation digitale. De plus en plus de professionnels proposent des retraites de digital detox où l’on prend le vert et laisse son portable éteint. Il est possible de mettre en place, dès à présent, quelques trucs et astuces pour rétablir un équilibre dans votre relation au numérique, et aussi retrouver un bien-être physique et mental.

Et si on adoptait la slow technology ? Dessin de l’auteur

Voici quelques solutions slow tech faciles à adopter :

  • Ressortez votre vieux réveil à pile. Arrêtez d’utiliser votre portable comme réveil, et pensez à le laisser hors de votre chambre à coucher.
  • Mettez en place un jeûne digital alterné. Il s’agit de prendre conscience du temps que l’on passe scotché à son écran et de le diminuer. Plus de smartphone ni d’ordinateur après 19h, ou déconnexion complète un jour par semaine (par exemple le dimanche). Par exemple, vous pouvez vérifier vos e-mails le samedi soir avant 19h et plus rien jusqu’au dimanche soir, 19h.
  • Bougez. Le temps passé devant un écran est généralement du temps passé immobile. Faites le choix d’aller à l’encontre de cette tendance statique et offrez à votre corps et votre esprit les bienfaits antidépresseurs de l’activité physique.
  • Passez du temps dans la nature. De nombreuses études montrent que la nature a un effet calmant sur le système nerveux, renforce le système immunitaire, fait baisser la tension artérielle et booste même la capacité visuelle mise à rude épreuve par trop de temps à fixer un écran.
Jardiner, même sur un balcon, permet de se recentrer sur soi-même. Dessin de l’auteur
  • Trouvez du soutien dans cette démarche qui va à contre-courant de la tendance générale de surconsommation et de surconnection. Non, vous n’êtes pas seul. Oui, il existe d’autres manières de vivre. Vous pouvez prendre part à des activités de groupe vous permettant de vous recentrer sur vos sens et votre ressenti. Par exemple, apprendre à jouer d’un instrument de musique, à sculpter le bois, à jardiner – même si vous habitez en ville, etc.

J’ai toujours en bouche le goût d’éternité, l’impression de lenteur, qui teintaient d’un ennui apaisant les jours de ma vie pré-Internet. Je n’oublie pas que l’on peut vivre sans Internet même si le monde nous impose aujourd’hui de vivre avec. Je m’inquiète de voir des enfants de trois ans savoir se servir d’une tablette avant même de savoir écrire ; des enfants qui, parce que l’humanité est muée par des forces qui la dépassent et la modèlent sur la voie du progrès, ne connaîtront pas de vie sans Internet. Parce que l’on ne revient pas arrière. Et vous, qu’en pensez-vous ? Comment gérez-vous votre relation au numérique ? Laissez un commentaire ci-dessous et poursuivons cette conversation.

Nettoyer la nature, est-ce vraiment une bonne idée ?

29 dimanche Déc 2019

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The Conversation

  1. Denis Blot

    Maître de conférences en sociologie, Université de Picardie Jules Verne

  2. Julie Désert

    Doctorante contractuelle en anthropologie, Université de Picardie Jules Verne

 

CC BY ND
Les opérations de nettoyage de déchets font souvent travailler des jeunes, sans les rémunérer, sous couvert d’action morale, et déresponsabilise à l’inverse le monde économique. Flickr, CC BY-NC-ND
 

Dans l’avion le conduisant au sommet spécial des Nations unies sur le climat, le 23 septembre 2019, Emmanuel Macron a déclaré à propos des jeunes manifestant à cette occasion, qu’il préférerait que « tous les vendredis on fasse de grandes opérations de ramassage sur les rivières ou les plages corses ».

Nombreux sont les jeunes, et les autres, qui n’ont pas attendu les recommandations présidentielles pour se retrousser les manches et aller ramasser des déchets sauvages. Mais quelles sont la fonction réelle et la portée de telles opérations de nettoyage ?

Elles ont un triple effet : donner aux participants le sentiment qu’ils font quelque chose de bien ; laisser le monde économique continuer sa marche sans trop se soucier des impacts qu’il a sur l’environnement ; offrir des ressources gratuites de matières à recycler.

Si les nettoyages sont vertueux d’un point de vue moral, ne seraient-ils pas vicieux d’un point de vue environnemental ?

Jamais un vrai travail

Le nombre d’enfants est la première chose qui saute aux yeux quand on s’intéresse aux opérations de nettoyage. Le motif de la sensibilisation à l’environnement est souvent mis en avant pour justifier leur mobilisation, ce qui permet de ne pas voir qu’ils travaillent à ramasser des déchets.

L’immense majorité des personnes qui se mobilisent pour nettoyer les plages, la campagne ou les cours d’eau sont bénévoles, mais des professionnels sont parfois impliqués – généralement des personnes en parcours d’insertion. Et le ramassage des déchets sauvages est davantage rémunéré dans une logique de programmes sociaux que pour le vrai travail réalisé.

Quant aux salariés qui sont amenés à ramasser des déchets sauvages sur les bords de route ou dans des cours d’eau, cette activité ne fait le plus souvent pas partie de leur mission qui consiste à garantir aux usagers la pratique et la sécurité des routes. Ramasser les déchets, c’est la partie ingrate, celle que l’on ne devrait pas faire mais que l’on fait quand même parce que c’est nécessaire. Ce travail, que les sociologues appellent le « sale boulot », est ressenti comme illégitime et dégradant par les professionnels.

Bientôt la fin des plastiques à usage unique dans l’Union européenne (Brut).

Enfants, bénévoles, professionnels dont ce n’est pas le travail, personnes en délicatesse avec l’emploi : il semble que ramasser des déchets sauvages n’est jamais un vrai travail. Le contraste est vraiment fort avec le monde des professionnels du traitement des déchets qui ont un métier bien défini, des formations, des rémunérations, des syndicats et tout ce qui caractérise un secteur économique qui représente 108 000 emplois directs rien que pour les déchets ménagers.

Comme on peut le constater avec le tri – reposant sur la bonne volonté des ménages –, la morale liée aux questions environnementales est une excellente manière de faire travailler les gens gratuitement. Qui devrait supporter le coût des nettoyages, sans même parler de celui de la destruction des milieux, s’il fallait les faire entrer dans les calculs économiques ?

Les motivations morales qui président à ces opérations participent au maintien d’un système où les déchets que l’on retrouve dans l’environnement restent en dehors des calculs de l’économie industrielle qui en est pourtant la source.

Il n’est d’ailleurs pas rare que les associations de nettoyages reçoivent le soutien des industriels. Ils en sont même parfois les initiateurs : l’opération « Nettoyons la nature » qui mobilise des centaines de milliers de bénévoles, dont de très nombreux enfants, est organisée par une chaîne de super-marchés depuis plus de 20 ans.

Vers une nature toujours plus anthropisée ?

Des initiatives de nettoyages de très grande envergure ont vu le jour ces dernières années. On pense ici au World-clean-up day ou à l’Océan clean-up du désormais célèbre Boyan Slat dont les résultats en matière de levée de fonds sont remarquables : en 2018, soit six ans après sa fondation, l’association de Slat dispose d’un budget de plus de 24 millions d’euros et salarie plus de 70 personnes.

En revanche, rien de bien tangible en matière de collecte des plastiques. Et prétendre en nettoyer les océans constitue une imposture puisqu’une bonne part du plastique est devenu trop petit (échelle du micro ou du nano-mètre) pour que l’on puisse espérer le repêcher. Même si elles étaient efficaces sur les macro-déchets, ce qui n’est toujours pas le cas, les opérations de nettoyage n’atteindraient jamais l’objectif d’une « mer propre ».

C’est donc peut-être ailleurs qu’il faut chercher leur raison d’être. Ce genre de projet contribue à nourrir le mythe du jeune héros de l’environnement, dynamique et bon communicant, ayant monté une start-up, mais qui ne fait pas de politique. Pourtant, les nettoyages, loin d’être neutres politiquement, véhiculent des représentations du monde qui auront in fine un impact sur l’environnement.

La principale de ses représentations réside dans l’idée que nous allons pouvoir apporter des solutions techniques aux problèmes environnementaux que nos choix économiques et modes de vie engendrent. Les projets de nettoyage renforcent l’idée que la mainmise sur la nature, bien qu’elle ait parfois des effets pervers, ne doit pas connaître de limites. Et que la solution au problème de l’anthropisation des milieux serait une anthropisation accrue.

Quand la nature « salit » le plastique

Mais la présence de plastique dans les océans ne suscite pas que des réactions scandalisées : elle est aussi devenue l’objet de convoitises.

Ces plastiques constituent un gisement de matière « secondaire » d’autant plus alléchant que ce sont des bénévoles qui s’occupent des collectes. C’est ainsi que de nombreuses associations organisant des nettoyages ont été approchées par les représentants de Terracycle, une filiale de Suez.

Dans cette logique, le problème ne vient pas des déchets, qui sont au contraire une ressource pour le développement d’une nouvelle économie, mais de la nature qui complique nos plans et vient freiner nos ambitions.

Un intervenant, ayant fondé une petite entreprise de recyclage des plastiques collectés sur les plages, déclarait ainsi aux Rencontres des collecteurs de déchets sauvages à Marseille en juin 2017 :

« Le problème du plastique que l’on ramasse sur les plages, c’est qu’il est sale à cause du sable et des algues. »

Dans l’assistance, les collecteurs de déchets méfiants vis-à-vis des tentatives d’exploiter la dégradation de la nature ont frémi devant cet étrange retournement. Eux qui croyaient que c’était le plastique qui salissait les plages…

La nature peut-elle être « propre » ?

La notion de propreté est-elle réellement adaptée aux milieux naturels ? Dans nos imaginaires, une plage propre est une plage nue où l’on ne trouve que sable, galets ou rochers.

Les opérations de ratissage à l’aide de moyens mécaniques sur les plages touristiques permettent d’avoir chaque jour un espace conforme à ces représentations ; mais elles sont catastrophiques d’un point de vue écologique !

Prenez la laisse de mer, par exemple, ce cordon composé de débris divers que dépose la mer quand elle se retire : ici s’y développent des insectes dont se nourrissent les oiseaux marins et toute une vie invisible. Elle a aussi un rôle essentiel dans la formation du cordon dunaire. La ramasser ou même chercher à en extirper sans précaution les très nombreux débris plastiques qu’elle contient, la détruit ou la chamboule, tuant la vie qui s’y développe. La plage propre dont rêvent les touristes, est une plage morte.

À la découverte de la laisse de mer !

Bien qu’elles s’appuient sur de bons sentiments, les opérations de nettoyages participent à l’anthropisation de la nature. Que resterait-il de la vie des océans s’il fallait que nous les filtrions pour en retirer les particules de plastiques ? Il est évidemment extrêmement inconfortable de se résoudre à laisser du plastique là où nous n’aimerions voir que de la nature. Malheureusement, il faudra sans doute s’y faire et consacrer nos efforts à agir sur les sources de matières indésirables.

Des actes expiatoires ?

Ramasser les déchets sauvages est un acte expiatoire qui répond au malaise moral que nous éprouvons en voyant les images d’une nature étouffant sous les plastiques… sauf si ces collectes permettent de construire des connaissances qui seront utiles pour peser dans des évolutions réglementaires.

L’interdiction des cotons-tiges en plastique et des plastiques à usage unique est ainsi le résultat du lobbying d’associations qui ramassent les déchets sur les plages pour constituer des bases de données – Surfrider Foundation Europe, Mer-Terre, Ansel, Sea-mer, Tara, etc.

Dans ce cas, l’objectif, au-delà de nettoyer la nature, est d’en dénoncer la dégradation en la rendant visible. Les opérations sont des rituels permettant de se « mobiliser pour la planète » et d’agir conformément aux valeurs écologistes qui sont aujourd’hui largement diffusées, sans avoir à trop remettre en cause nos modes de vie, et sans bousculer nos certitudes.

Pendant ce temps, les déchets sauvages sont convoités par l’industrie du recyclage, ils offrent des terrains d’aventure à de jeunes ambitieux, ils mobilisent les scientifiques et les industriels à la recherche de polymères qui seraient moins nocifs pour l’environnement ; bref, ils participent à la marche normale du capitalisme industriel. Les nettoyages accompagnent cette marche sans jamais la faire dévier ni la freiner. Ils ne servent ainsi qu’à la rendre supportable moralement.

Boris Johnson est-il le nouveau Disraeli ?

28 samedi Déc 2019

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The Conversation

  1. Alicia Mornington

    maitre de conférences, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

 

CC BY ND
Boris Johnson lors d’une conférence de presse tenue à Londres le 13 décembre 2019, au lendemain de la victoire des conservateurs aux élections législatives. Ben Stansall/AFP
 

Il voulait être un grand premier ministre, qui marquerait l’histoire du Royaume-Uni, à la manière d’un Churchill ou d’un Disraeli. Aujourd’hui, Boris Johnson rend cette ambition possible en héritant de la plus grande majorité conservatrice depuis les années Tchatcher.

Le triomphe des conservateurs

Non seulement cette élection lui apporte une confortable majorité de 80 sièges à la Chambre des Communes, mais le parti conservateur a également réussi un pari incroyable, celui de décrocher des circonscriptions traditionnellement acquises au parti travailliste. Son fameux « mur rouge », qui s’étendait du pays de Galles aux terres minières du Nord-Est victimes de la rigueur du thatchérisme, a cédé, brisé par une large vague conservatrice qui s’est engouffrée jusqu’aux quelques îlots travaillistes ayant tenu le choc, principalement Londres et les grandes villes.

Sebastian Payne

✔@SebastianEPayne

RIP red wall – @ukonward research on how Labour’s vote has collapsed since 1997

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7:27 PM – Dec 17, 2019
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À la surprise générale, des circonscriptions hautement symboliques sont tombées aux mains des Tories, comme Blyth Valley, qui porte pour la première fois depuis 70 ans un député conservateur à sa tête. Ce déferlement conservateur s’explique en partie par le référendum sur le Brexit. Les circonscriptions ayant voté pour sortir de l’UE ont plébiscité Johnson puisqu’il promettait de « faire le Brexit » (« get Brexit done »), slogan répété à l’envi pendant la campagne. La position confuse du parti travailliste et la personnalité clivante de Jeremy Corbyn ont convaincu ces électeurs des terres travaillistes de changer de camp. À Blyth, ville minière, touchée par le chômage et la pauvreté, 6 électeurs sur 10 avaient voté en faveur d’une sortie de l’UE. Certes, les conservateurs ne l’emportent qu’avec une majorité de 712 voix ; le coup n’en est pas moins historique.

Boris Johnson a déclaré au lendemain de son écrasante victoire devoir « reconnaître l’incroyable réalité (de parler) maintenant en tant que Parti conservateur « one nation », littéralement pour tout le monde, de Woking à Workington, de Kensington à Clwyd South ». Johnson fait ici référence à la doctrine du conservatisme « one nation » popularisée par celui qu’il cite souvent comme son modèle et qui a renversé l’échiquier politique en son temps, Benjamin Disraeli (premier ministre brièvement en 1868, puis à nouveau de 1874 à 1880).

Benjamin Disraeli en 1878. Cornelius Jabez Hughes/Wikimedia

Disraeli et le conservatisme social

C’est à Disraeli qu’on doit cette idée d’un conservatisme qui s’adresserait à toute la nation, une thèse qui bouleverse à l’époque la droite britannique. Celle-ci avait en effet historiquement soutenu la monarchie contre le Parlement. Au XVIIIe siècle, le parti Tory consent à une montée de l’influence du Parlement, mais continue de défendre les intérêts des propriétaires terriens et du clergé. Ce parti est dissous en 1834, tirant les conséquences de son incapacité à s’opposer à la première réforme électorale depuis les Tudor, qui donne le droit de vote aux villes industrielles du Nord. Il est alors remplacé par le parti conservateur, qui accepte l’idée d’une réforme des institutions. L’étiquette « tory » continue néanmoins à être utilisée et devient synonyme de conservateur.

Ce parti aurait rapidement pu sombrer dans les oubliettes de l’histoire sans le génie politique de Disraeli. Premier ministre excentrique, écrivain à ses heures perdues, favori de la reine Victoria, Disraeli est le premier à comprendre que la classe ouvrière pourrait massivement voter à droite, à condition d’un changement radical de cap. Il propose une politique sociale, notamment en matière de santé. Le parti se présente comme défenseur de la nation tout entière et non plus comme celui d’une caste. Il remporte les élections en 1867 et Disraeli devient premier ministre en 1868, et reste dans l’histoire de la Grande-Bretagne comme l’un des plus grands hommes politiques.

Johnson n’a cessé de se référer à Disraeli depuis ses débuts en politique, promettant de renouveler cette promesse d’un conservatisme social. Va-t-il le faire à présent qu’il dispose d’une large majorité ? Son premier discours après l’annonce partielle des résultats peut le laisser penser. En effet, il déclare qu’une fois qu’il aura mené à bien le Brexit, il pourra enfin se concentrer sur le sort du service national de santé (NHS) qui, dit-il, est « la priorité de ce gouvernement conservateur one-nation ». Pour donner des gages à ce positionnement « one nation », il s’est engagé, une semaine après les résultats, à augmenter le budget du NHS de 34 milliards de livres sterling durant son mandat.

Boris Johnson boit dans une tasse sur laquelle est inscrit le slogan « I love NHS » lors d’une visite à l’hôpital général de Watford, le 7 octobre 2019. Peter Summers/AFP

Alors qu’il s’est appuyé pendant toute sa campagne sur l’aile droite du parti conservateur, les europhobes du European Research Group, partisans d’un Brexit sans accord, Johnson pourrait désormais s’affranchir de leur soutien et remplir sa promesse d’un conservatisme social. Le chancelier de l’Échiquier Sajid Javid a d’ailleurs déclaré au lendemain des résultats que la perspective d’un no-deal était maintenant exclue.

Véritable conviction ou simple posture ?

On peut néanmoins douter de la volonté de Johnson d’adopter ce conservatisme « one nation ». En effet, il s’est entouré de conseillers politiques fortement ancrés à droite, comme le sulfureux Dominic Cummings réputé pour ses méthodes musclées, ou Jacob Rees-Mogg, architecte ultra-libéral de la suspension du Parlement de septembre 2019. De plus, les députés conservateurs s’identifiant le plus à l’idéologie « one nation » ont été exclus du parti par Johnson en septembre ou ont démissionné avant la campagne, comme Amber Rudd ou l’ancien chancelier de l’Échiquier Philip Hammond. On pourrait penser dès lors penser que se présenter comme conservateur « one nation » n’est qu’une façade, et que Johnson continuera à appliquer la politique d’austérité entamée par David Cameron dès 2010.

Effigies de Boris Johnson et du leader de la Chambre des Communes Jacob Rees-Mogg promenées à travers Londres lors de la fête de la « Nuit de Guy Fawkes », le 5 octobre 2019. Ben Stansall/AFP

Si l’on en croit l’ancien speaker de la Chambre des communes, John Bercow, qui a déclaré au lendemain des résultats sur Sky News que la seule boussole politique de Johnson était sa propre ambition, alors le premier ministre se montrera surtout pragmatique, quitte à revenir sur ses promesses de campagne. Au fond, comment pourrait-il se montrer plus fidèle à Disraeli, qui avait si bien su d’adapter à l’opinion publique ? Qu’il gouverne au centre ou qu’il continue une politique droitière dictée par les marges de son parti, Johnson marchera donc bel et bien dans les pas de son illustre prédécesseur…

Notre-Dame et Venise : pourquoi un tel écart de générosité ?

27 vendredi Déc 2019

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The Conversation

  1. Arthur Gautier

    Professeur, Directeur exécutif de la Chaire Philanthropie, ESSEC

  2. Eléonore Delanoë

    Chargée de recherche, ESSEC

ESSEC

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CC BY ND
L’eau est montée jusqu’à 1,87 mètre dans la ville italienne, le 12 novembre dernier. Ihor Serdyukov / Shutterstock

L’année 2019 a été marquée par les catastrophes qui ont frappé deux fleurons du patrimoine européen, à sept mois d’intervalle : l’incendie de la cathédrale Notre-Dame de Paris du 15 avril et les inondations de Venise à partir du 12 novembre. Attirant respectivement 13 et 35 millions de touristes par an, Notre-Dame et Venise sont des symboles mondialement connus qui ont fasciné durant des siècles artistes, croyants et simples visiteurs.

Relayées en boucle dans les médias, bien plus que d’autres catastrophes du même ordre, les images de leur destruction ont marqué les esprits et suscité d’innombrables réactions politiques et sociales. Un appel à la générosité publique a été lancé dans les deux cas afin de collecter des dons pour financer la réparation des dégâts. Mais les résultats de ces collectes ont été extrêmement contrastés… Pour en comprendre les raisons, nous avons mené l’enquête en interviewant notamment nos collègues italiens experts de la philanthropie.

Deux drames, deux mesures

Alors que les flammes de l’incendie sont à peine maîtrisées et que la toiture, la charpente et la flèche sont dévastées, un incroyable élan de générosité débute en faveur de Notre-Dame. La Fondation du patrimoine lance en premier une campagne de collecte, suivie par trois autres opérateurs (Fondation de France, Fondation Notre-Dame, Centre des monuments nationaux), tous approuvés par l’État.

Le président de la République Emmanuel Macron intervient le soir même à la télévision pour annoncer en direct une grande souscription nationale pour rebâtir Notre-Dame. Dès le mardi, les compteurs s’affolent : 400 millions d’euros promis par les familles Arnault, Pinault et Bettencourt, 100 millions d’euros pour Total, idem pour L’Oréal, de nombreuses PME, des États et collectivités locales… sans oublier d’innombrables particuliers de France et du monde entier qui donnent 30 millions d’euros en quelques heures, surtout par Internet et sur mobile. Mercredi, on estimait déjà à près d’un milliard d’euros de promesses de don, du jamais pour le patrimoine !

Conversation France

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Pourquoi le luxe vole au secours de Notre-Dame http://bit.ly/2PjFaLh 

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11:16 AM – Apr 18, 2019
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Les inondations de Venise de novembre 2019 ont provoqué des réactions bien différentes. Mardi 12 novembre, une marée haute historique envahit la ville de 1,87m d’eau, suivie de répliques dans les jours qui suivent : 80 % des habitations sont inondées et des quartiers entiers sont submergés. Jeudi, le gouvernement italien décrète l’état d’urgence et débloque un fonds d’urgence de 20 millions d’euros.

Vendredi, le maire de la ville, Luigi Brugnaro, lance une collecte auprès du public pour préserver la ville, « fierté de l’Italie et héritage universel », en ouvrant notamment un compte bancaire sur lequel quiconque peut effectuer un virement. D’autres initiatives sont mises en place : les ambassades italiennes annoncent une collecte auprès des donateurs étrangers, La Scala de Milan se mobilise pour La Fenice, plusieurs comités pour la sauvegarde de Venise lancent leur propre collecte…

Les eaux ont notamment ravagé le mythique Gritti Palace, un hôtel de luxe au bord du Grand Canal, la principale artère maritime qui traverse Venise. Marco Bertorello/AFP

Or, si les dégâts sont estimés à plus d’un milliard d’euros, les fonds collectés sont loin d’être à la hauteur. À peine quelques millions collectés, même s’il est difficile de connaître les chiffres précis. Comment l’expliquer ? Pourquoi une mobilisation sans précédent Notre-Dame alors qu’on laisse couler Venise ?

Notre-Dame, catastrophe imprévisible

Les deux événements ont en commun de concerner des « stars » du patrimoine dont le rayonnement est mondial et qui se trouvent en situation d’urgence. Dans les deux cas, la catastrophe n’est ni humanitaire, ni sociale. Des voix discordantes ont d’ailleurs ironisé sur la moindre empathie des donateurs sur les questions sociales ou le manque d’attention pour les nombreux autres monuments de notre patrimoine qui s’effondrent en silence.

Pour Notre-Dame comme pour Venise, ce sont avant tout les symboles d’une identité collective qui sont en jeu. Le danger qui les guette peut affecter profondément ceux qui y reconnaissent une part d’eux-mêmes.

Comme le confie Angelo Miglietta, professeur de management de la culture à IULM à Milan à propos des inondations de Venise :

« Cela donnait une impression de déclin : j’ai perçu le risque de perdre notre héritage culturel. »

Les deux catastrophes sont pourtant très différentes. Notre-Dame est un monument singulier dont les dégâts ont été exposés aux yeux de tous et clairement recensés. Les images du feu ravageant la toiture et la chute de la flèche ont frappé par leur puissance dramatique.

Dans Venise, les dommages affectent la ville entière ; ils touchent certes des monuments emblématiques, mais aussi des lieux du quotidien : commerces, habitations, voirie… Surtout, la catastrophe de Notre-Dame a pris de court le monde entier alors que celle de la cité des Doges était annoncée. En effet, si l’Église catholique et les experts du patrimoine alertent régulièrement sur le mauvais état des églises en France, un incendie d’une telle ampleur était imprévisible.

Les dégâts de « l’acqua alta » de novembre dernier ont impacté directement les habitants et les commerçants de la ville, contrairement à l’incendie de Notre-Dame. Ihor Serdyukov/Shutterstock

Sur le moment, les hypothèses fusent : attentat terroriste, erreur humaine, défaillance électrique ? À l’inverse, les inondations de Venise sont loin d’être un problème nouveau.

Du fait de sa situation géographique particulière, la ville est sujette aux épisodes d’« acqua alta » (hautes eaux), des marées exceptionnellement fortes, amplifiées par le changement climatique. Les phénomènes naturels dévastateurs ne sont pas rares en Italie et entraînent régulièrement la déclaration d’un état d’urgence.

Selon Sara Berloto, chercheuse en philanthropie à l’université Bocconi de Milan :

« Les inondations à Venise ont été vécues comme une catastrophe naturelle, les Italiens y sont habitués. Pour Notre-Dame, non, il s’agissait d’un drame d’origine humaine. »

De son côté, Omar Bortolazzi, qui a vécu les deux événements depuis Dubaï, où il est professeur en relations internationales, ajoute :

« Pour moi, le drame de Venise a été moins traumatisant que celui de Notre-Dame. L’incendie était un événement sans précédent. Pour Venise, les inondations donnaient une impression de déjà-vu, moins saisissante. On avait l’impression d’un événement naturel qui aurait pu être mieux géré, et au moins en partie évité. »

Des circonstances qui se prêtent moins facilement aux élans de générosité…

Des outils de collecte incomparables

Les maigres résultats en matière de dons collectés pour Venise ont une autre explication : les erreurs de stratégie et d’opérationnalisation de la collecte. Les autorités italiennes ont tardé à réagir, alors que le président Macron annonçait une souscription nationale au moment même de l’incendie.

Pour Antoine Martel, directeur de l’éditeur de logiciel iRaiser qui a équipé trois des quatre grands organismes ayant collecté pour Notre-Dame, la réactivité est capitale :

« 68 % des dons individuels ont été collectés dans les 48 heures suivant l’incendie. Une urgence chasse l’autre. Si vous loupez la fenêtre médiatique, c’est terminé ! »

Autre point important : les moyens de paiement proposés. Pour Notre-Dame, des formulaires de dons en ligne sécurisés étaient en place dès le lendemain matin, permettant aux particuliers de donner immédiatement et facilement sur leur ordinateur ou leur smartphone via Visa, PayPal, Apple Pay, etc.

Pour Venise, les donateurs sont invités à effectuer manuellement un virement vers un compte bancaire créé pour l’occasion par la mairie. Une solution qui manque cruellement de souplesse, de transparence, de sécurité, sans parler des frais de virement depuis l’étranger. Un système de don par SMS a aussi été instauré par la ville, mais il ne permet d’envoyer que deux euros par message…

AgCult@AgCultNews

Venezia, Franceschini: inviate SMS al 45500 per aiutare la città @dariofrance @_MiBACT @comunevenezia https://agcult.it/a/12384/2019-11-15/venezia-franceschini-inviate-sms-al-45500-per-aiutare-la-citta …

Venezia, Franceschini: inviate SMS al 45500 per aiutare la città

“Ho parlato con il capo della Protezione Civile Angelo Borrelli, è già stato attivato il numero 45500 per effettuare donazioni via SMS per il recupero del patrimonio culturale di Venezia. Tutto il…

agcult.it

5:01 PM – Nov 15, 2019
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Enfin, le caractère éparpillé des initiatives a porté préjudice à la cité flottante. « Il y a eu un manque total de coordination et de gouvernance sur le sujet », analyse Angelo Miglietta. Les grands donateurs et les entreprises sont pourtant d’autant plus enclins à engager des sommes importantes qu’ils ont des interlocuteurs bien identifiés porteurs d’un message clair.

Pour Notre-Dame de Paris, parmi les quatre organismes privés différents qui ont réagi, tous sont des acteurs reconnus dont les comptes sont publics et vérifiés, qui ont été promus dans leur rôle par le gouvernement dès le lendemain de la catastrophe.

La coordination entre les différents acteurs est l’une des raisons qui explique l’importante levée de fonds après l’incendie de Notre-Dame. Loic Salan/Shutterstock

Outre ces différences de stratégies, un dernier élément explique l’écart considérable des montants collectés : le portage politique de la catastrophe et les responsabilités de l’État et des collectivités locales. Devant le site encore fumant, quand Emmanuel Macron prend l’engagement devant les Français de rebâtir Notre-Dame, il s’exprime en présence de Michel Aupetit, l’archevêque de Paris, d’Anne Hidalgo, maire de la ville, et de Franck Riester, ministre de la Culture.

Tensions politiques

Si le gouvernement a été devancé par des acteurs privés dans le lancement de la collecte, il a vite repris la main en coordonnant la souscription nationale puis en supervisant le projet de reconstruction de la cathédrale, confié à un établissement public ad hoc créé le 29 juillet. Malgré quelques remous en coulisse, la réponse apparaît à la hauteur des circonstances.

En Italie, la catastrophe survient dans un contexte politique difficile où le gouvernement italien sort d’une crise politique majeure. Les tensions entre le gouvernement central et la Vénétie, dont les tendances indépendantistes sont bien ancrées, n’ont pas facilité un portage politique unifié et coordonné.

Enfin, la gestion calamiteuse du projet Mose, qui devait protéger Venise des marées hautes par un système de digues et qui a déjà englouti près de 6 milliards d’euros, a pris énormément de retard à cause de malversations financières impliquant notamment l’ancien maire de Venise.

La mise en service des digues du projet Mose a été retardée de 5 ans. Vicenzo Pinto/AFP

Il devait entrer en service en 2016 mais ne sera opérationnel qu’en 2021. On comprend ainsi que « l’acqua alta » de novembre 2019 ait été accueillie avec un « cynisme désabusé » par la population, selon l’expression d’Omar Bortolazzi. Les acteurs publics italiens manquent de légitimité pour encourager particuliers et entreprises à se mobiliser : « Le ressentiment a pris le pas sur l’envie de donner », appuie Omar Bortolazzi.

Derrière ces écarts de générosité, les drames de Notre-Dame et de Venise se rejoignent en effet dans un dernier point commun : les critiques qui se sont mêlées aux démonstrations de tristesse. Alors qu’en France, celles-ci ont ciblé avant tout les grands philanthropes, en Italie, elles se sont focalisées sur la gestion des pouvoirs publics, signe que ces deux monuments, en matérialisant l’identité collective des deux pays, en ont aussi cristallisé les tensions.

Pour rester en forme, quel sport pratiquer et à quel âge ?

26 jeudi Déc 2019

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The Conversation

  1. Julie Broderick

    Assistant Professor, Physiotherapy, Trinity College Dublin

Trinity College Dublin

CC BY ND
Le tai chi est un sport à envisager à mesure que l’on avance en âge. zhu difeng/Shutterstock
 

L’activité physique a d’importants effets sur la santé : elle peut protéger d’un large éventail d’affections, parmi lesquelles les maladies du cœur, le diabète de type 2 et certains cancers. Mais on ne pratique pas les mêmes sports à 20 ans et à 60, pas plus qu’on ne s’entraîne avec la même intensité.

Pour vous assurer de faire le bon type d’activité en fonction de votre âge, suivez le guide…

Enfance et adolescence

Durant l’enfance, l’activité physique aide à contrôler son poids, à bâtir des os sains, à augmenter sa confiance en soi et à améliorer la qualité et la durée du sommeil. Pour toutes ces raisons, il est recommandé aux enfants de pratiquer une activité physique pendant une heure par jour au minimum.

À titre d’exemple :

  • Il est bon d’encourager les enfants à s’essayer à des sports qui leur permettent de développer leurs capacités, tels que les sports de balle ou la natation ;
  • De nombreuses d’activités non programmées, telles que celles pratiquées sur les terrains de jeux, conviennent également.

Au cours de l’adolescence, l’habitude de faire de l’exercice a tendance à diminuer graduellement, en particulier chez les filles. Or pratiquer une activité physique permet de préserver une bonne image de son propre corps, ce qui aide à mieux gérer le stress et l’anxiété. Il ne faut donc pas hésiter à :

  • Encourager les adolescents à continuer à pratiquer au moins un sport d’équipe ;
  • Expliquer aux ados qui n’aiment pas ce genre de sports que nager ou pratiquer l’athlétisme est aussi un bon moyen de se maintenir en forme.

À lire aussi : Nos os sont plus fragiles que ceux de nos ancêtres chasseurs-cueilleurs, voici comment y remédier


Pendant la vingtaine

C’est aux alentours de 25 ans que notre forme physique est la meilleure, ce qui se traduit par des temps de réaction minimaux et une VO2 max (celle-ci représente le volume maximal d’oxygène consommé par les muscles lors d’un effort physique) à son plus haut niveau. Après cet âge, notre VO2 max décroît (un recul qui peut atteindre jusqu’à 1 % par an) et notre temps de réaction ralentit un peu plus chaque année.

La bonne nouvelle est qu’une activité physique régulière peut freiner ce déclin. En outre, développer sa masse musculaire et sa densité osseuse au cours de la vingtaine aide à les conserver plus tard. Pour cela :

  • Variez vos entraînements, et prenez-y du plaisir. Essayez par exemple le rugby, l’aviron ou les entraînements de type « boot camp » (inspirés par les entraînements militaires) ;
  • Si vous faites régulièrement de l’exercice, prenez conseil auprès d’un préparateur professionnel afin de définir une périodicité. Cela implique de diviser votre entraînement en cycles progressifs destinés à en approfondir différentes facettes (intensité, volume ou type d’activité physique, etc.) afin d’optimiser votre performance. Si vous devez participer à une épreuve sportive planifiée, telle qu’un triathlon, cette approche peut vous permettre d’atteindre un pic de performances avant le jour J.

Durant la trentaine

Généralement au cours de cette période, la carrière et la vie de famille s’intensifient. Afin de ralentir le déclin physique, il est important de conserver une bonne condition cardio-vasculaire et une force physique suffisante .

Si votre emploi est sédentaire, assurez-vous que votre poste de travail vous permet de vous tenir dans une posture correcte. Interrompez les longues périodes en position assise en vous forçant à pratiquer une activité durant la journée. Il peut s’agir simplement de mettre votre imprimante dans la pièce voisine pour vous forcer à vous lever, ou de monter les escaliers pour aller utiliser les toilettes situées à un autre étage plutôt qu’au vôtre, voire de juste vous lever pour passer vos coups de téléphone. L’idéal est de bouger toutes les 30 minutes, si possible.

  • Faites de l’exercice intelligemment. Testez les entraînements par intervalles à haute intensité (HIIT – High-Intensity Interval Training). Il s’agit d’entrecouper des activités de haute intensité comme le vélo ou le sprint, pouvant amener votre rythme cardiaque jusqu’à 80 % de ses capacités, par des exercices de faible intensité. Ce type d’entraînement est intéressant lorsque l’on dispose de peu de temps, car il peut se pratiquer en 20 minutes ;
  • Pour les femmes, en particulier celles qui ont eu des enfants, les exercices visant à renforcer les muscles du plancher pelvien, parfois appelés exercices de Kegel, sont à pratiquer quotidiennement, pour aider à prévenir l’incontinence urinaire ;
  • Diversifier vos programmes d’exercices permet de les rendre plus intéressants. Essayez par exemple le boot camp, le yoga ou le vélo d’intérieur (tel que le spin class).
Le boot camp est un moyen de diversifier votre exercice. wavebreakmedia/Shutterstock

La quarantaine arrive, et avec elle l’embonpoint

À partir de la quarantaine, la plupart des gens commencent à prendre du poids. Les exercices de résistance sont alors le meilleur moyen de brûler des calories de façon optimisée, pour limiter l’accumulation de graisses et inverser la perte de masse musculaire qui débute à partir de cette période et peut atteindre 3 à 8 % par décennie. Dix semaines de ce type d’entraînement peuvent augmenter la masse musculaire et le taux métabolique au repos (respectivement jusqu’à 1,4kg et 7 %), et diminuer la proportion du poids dû aux graisses (de 1,8kg). Pour parvenir à ces résultats, vous pouvez :

Pour brûler des calories, soulevez des kettlebells. Goolia Photography/Shutterstock
  • Pratiquer le renforcement musculaire avec des « kettlebells », ou commencer un programme de musculation en salle de sport ;
  • Commencer à courir, si vous ne courez pas déjà, et si tel est le cas, commencer un programme d’exercice plus intensif. La course vous apportera un meilleur retour sur investissement que la marche ;
  • Le pilates peut aussi être utile pour renforcer les muscles du tronc, et ainsi prévenir le mal de dos, qui commence souvent au cours de cette décennie de vie.

À lire aussi : Commencer le running sans se blesser, mode d’emploi


Durant la cinquantaine

À partir de la cinquantaine, des douleurs peuvent apparaître et des maladies chroniques, comme le diabète de type 2 et les maladies cardio-vasculaires, se manifester. Chez les femmes, à mesure que les œstrogènes diminuent après la ménopause, le risque de maladies cardiaques augmente. À cet âge, vous pouvez :

  • Faire de la musculation deux fois par semaine, pour maintenir votre masse musculaire ;
  • Pratiquer des exercices qui amènent à porter son propre poids, tels que la marche (marchez suffisamment vite pour faire augmenter votre rythme respiratoire et transpirer) ;
  • Essayer de nouvelles activités. Le tai-chi peut par exemple s’avérer excellent pour l’équilibre et la relaxation.

Durant la soixantaine

En général, les maladies chroniques s’accumulent à mesure que l’on vieillit, et l’âge est un des principaux risques de survenue de cancers. Le maintien d’un niveau élevé d’activité physique peut aider à prévenir certains d’entre eux, comme le cancer du sein post-ménopausique, le cancer du côlon ou le cancer de l’utérus. L’exercice réduit en outre le risque de développer certaines maladies chroniques comme les maladies cardiaques et le diabète de type 2.

L’activité physique tend à diminuer avec l’âge, alors restez actifs et tâchez d’aller contre cette inclination :

  • Mettez-vous aux danses de salon, ou à d’autres sortes de danse : la danse est une façon amusante (et sociale) de faire de l’exercice.
  • Pratiquez des exercices visant à développer la force et la souplesse deux fois par semaine. L’aquagym peut s’avérer un bon moyen d’acquérir de la force, grâce à la résistance de l’eau.
  • N’abandonnez pas les exercices à visées cardio-vasculaires, notamment la marche rapide.
Les danses de salon sont amusantes et permettent de garder une activité sociale. Monkey Business Images/Shutterstock

70 ans et après

Passé 70 ans, faire de l’exercice permet de prévenir la fragilité qui accompagne la vieillesse ainsi que les risques de chutes. C’est également important pour les capacités cognitives.


À lire aussi : Pour lutter contre les maladies cardio-vasculaires, le sport fonctionne à tout âge


Si vous passez par une période de maladie, tâchez malgré tout de ne pas devenir sédentaire, dans la mesure du possible. Votre force et votre forme physique pourraient en effet décliner rapidement si vous vous retrouviez forcé de garder le lit ou deveniez complètement inactif. Retrouver ensuite son niveau de forme antérieur peut s’avérer compliqué…

  • Marchez, discutez. Plutôt que de recevoir passivement les visites des membres de votre famille ou de vos amis, proposez-leur de sortir vous promener ensemble. Ainsi vous préserverez votre motivation, et renforcerez votre santé plus efficacement qu’en pratiquant des exercices solitaires.
  • Incorporez à votre entraînement des exercices visant à préserver votre force, votre équilibre et vos capacités cardio-vasculaires. Prenez cependant conseil auprès d’un masseur-kinésithérapeute ou d’autres professionnels, en particulier si vous souffrez de maladies chroniques.

Au final, s’il ne fallait retenir qu’un seul message, ce serait celui-ci : ne vous arrêtez jamais de bouger. Une activité physique soutenue est essentielle pour rester en bonne santé.

La crèche de Noël, une question de laïcité ?

25 mercredi Déc 2019

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The Conversation

  1. Anne Fornerod

    Chargée de recherche CNRS, Université de Strasbourg

Université de Strasbourg

 

CC BY ND
Crèche de Noël dans le village de Luceram, sud-ouest de la France, 8 décembre 2017. Yann Coatsaliou/AFP

Peut-on aborder de la même façon le port du burkini sur une plage et une statue du pape Jean‑Paul II sur une place publique ? Le voile porté par des mères d’élèves souhaitant accompagner les sorties scolaires et une crèche de Noël ?

Ces dernières décennies et encore ces dernières semaines, la laïcité a rassemblé sous son égide tout un ensemble de débats, sur des sujets variés, mais pour lesquels le lien au fait religieux est clairement établi.

Plus précisément, la visibilité des croyances et pratiques religieuses dans l’espace public semble cristalliser les discussions. En réalité, il convient d’opérer une double distinction : le lieu et les signes.

De quels lieux parle-t-on ?

La première distinction, générale et fondamentale, consiste à s’intéresser au lieu concerné, dont dépend le champ d’application du principe de laïcité qui, conformément à l’article 1ᵉʳ de la Constitution, détermine la réglementation du fait religieux par les autorités publiques.

En effet, dans un lieu d’activité de service public, la laïcité entraîne une obligation de neutralité pour les agents publics et les usagers disposent d’une liberté de religion dont l’exercice doit être compatible avec le bon fonctionnement du service.

Autrement dit, à la différence, par exemple, du personnel d’un établissement public de santé, les personnes hospitalisées peuvent en principe adopter une tenue ou un régime alimentaire en accord avec leurs convictions religieuses.

Rappelons cependant que les élèves de l’enseignement public, plus contraints, sont dans une situation d’exception depuis la loi du 15 mars 2004 encadrant, en application du principe de laïcité, le port de signes ou de tenues manifestant une appartenance religieuse dans les écoles, collèges et lycées publics.

En dehors des services publics, la manifestation des croyances relève de la liberté de religion, individuelle ou collective, sans autre limite que le respect de l’ordre public. La loi du 11 octobre 2010 interdisant la dissimulation du visage dans l’espace public s’applique au voile intégral, mais ne le vise pas en tant que tel ni les tenues vestimentaires religieuses de manière générale.

Concilier liberté et ordre public

C’est ce qu’avait rappelé le Conseil d’État dans « l’affaire » du burkini durant l’été 2016, sur les plages de la commune de Villeneuve-Loubet. Les juges du Palais-Royal ont rappelé la règle cardinale selon laquelle le maire d’une commune est chargé de la police municipale qui « a pour objet d’assurer le bon ordre, la sûreté, la sécurité et la salubrité publiques » (article 2212-1 du code général des collectivités territoriales) et qu’il « doit concilier l’accomplissement de sa mission avec le respect des libertés garanties par les lois. ».

En l’occurrence, le maire de Villeneuve-Loubet pouvait réglementer l’accès à la plage en fonction « des circonstances de temps et de lieu, et compte tenu des exigences qu’impliquent le bon accès au rivage, la sécurité de la baignade ainsi que l’hygiène et la décence sur la plage », mais il ne pouvait se fonder sur d’autres considérations, tel le principe de laïcité.

Un militant LGBT proteste devant l’ambassade de France en Grèce défendant le droit de porter ce que l’on souhaite à la plage, durant l’affaire dite du « burkini » au mois d’août 2016. Louisa Gouliamaki/AFP

Quels signes religieux ?

Une seconde distinction porte sur les signes religieux visibles dans l’espace public et conduit à envisager d’un côté les tenues vestimentaires, expression par les individus de leurs croyances, comme il vient d’être dit, et, de l’autre, les signes religieux visés par la loi du 9 décembre 1905 :

« il est interdit, à l’avenir, d’élever ou d’apposer aucun signe ou emblème religieux sur les monuments publics ou en quelque emplacement public que ce soit, à l’exception des édifices servant au culte, des terrains de sépulture dans les cimetières, des monuments funéraires, ainsi que des musées ou expositions. » (art. 28).

Arrêté interdisant le port de la soutane sur le territoire de la commune du Kremlin-Bicêtre, daté du 10 septembre 1900, signé par le maire Eugène Thomas. Hervé1729

Ces dispositions visent, pour reprendre les propos du rapporteur de la loi de Séparation Aristide Briand, des « emblèmes, des signes extérieurs ayant un caractère spécial, c’est-à-dire destinés à symboliser, à mettre en valeur une religion. » (Chambre des députés, Séance du 27 juin 1905).

En 1905, les débats parlementaires ont abordé la question des tenues vestimentaires, limitée, question d’époque, au « costume ecclésiastique ».

Aristide Briand expliquait l’absence, au final, de disposition qui lui soit consacrée par le fait que :

« la soutane devient, dès le lendemain de la séparation, un vêtement comme un autre, accessible à tous les citoyens, prêtres ou non. C’est la seule solution qui nous ait paru conforme au principe même de la séparation ».

C’est d’ailleurs dans une veine libérale comparable qu’est adopté l’article 28, car il n’est alors :

« nullement question d’empêcher un particulier, si c’est son goût, de faire décorer sa maison de la manière qui lui plaira, même si cette maison a façade sur une place ou une rue » (ni d’ailleurs d’interdire) « tous les emblèmes religieux offerts à la vue du public. » (Séance du 27 juin 1905).

L’obligation pèse sur les seules autorités publiques d’observer une attitude de neutralité confessionnelle dans les espaces et bâtiments publics dont elles sont propriétaires ou ont la gestion.

Alors les crèches, signes religieux ?

Régulièrement appliquées depuis 1905, ces dispositions ont plus récemment fait l’objet d’une attention dépassant le cercle académique, en ce qu’elles étaient susceptibles de s’appliquer aux crèches de Noël installées dans des lieux et bâtiments publics.

Le Conseil d’État s’est prononcé le 9 novembre 2016 dans deux affaires sur la possibilité de qualifier les crèches de Noël de « signe ou emblème religieux » et les conséquences d’une telle qualification.

La première avait été installée dans l’enceinte de l’hôtel de ville de Melun et la seconde dans les locaux de l’hôtel de département de la Vendée.

Jusqu’à présent, le juge administratif avait généralement eu à traiter de signes ou emblèmes dont la signification religieuse ne pose pas de réelle difficulté, comme la croix ornant une statue du pape Jean‑Paul II sur une place publique de Ploërmel, ou encore une statue de la Vierge installée dans un parc public en Haute-Savoie.

Des ouvriers d’origine russe travaillent à l’installation d’une statue géante du pape Jean‑Paul II, le 28 novembre 2006 à Ploërmel (Morbihan). La statue a fait polémique et a été finalement déplacée. David Ademas/AFP

Une pluralité de significations

Avec les crèches de Noël, la difficulté vient, comme l’a jugé le Conseil d’État, de ce qu’il s’agit d’une « représentation susceptible de revêtir une pluralité de significations ».

En effet, poursuit-il, si elles ont indéniablement « un caractère religieux », elles font aussi « partie des décorations et illustrations qui accompagnent traditionnellement, sans signification religieuse particulière, les fêtes de fin d’année. »

Que devient alors le principe de neutralité religieuse des personnes publiques, qui découle de la laïcité ?

Le Conseil d’État distingue alors entre les bâtiments publics, où une personne publique ne peut disposer une crèche de Noël « en l’absence de circonstances particulières permettant de lui reconnaître un caractère culturel, artistique ou festif », et les emplacements publics, où l’installation d’une crèche de Noël est possible « dès lors qu’elle ne constitue pas un acte de prosélytisme ou de revendication d’une opinion religieuse ».

La crèche de Noël dans l’hôtel de département de la Vendée a finalement survécu au processus judiciaire, la cour administrative d’appel de Nantes ayant conclu l’année suivante qu’elle était installée depuis plus de vingt ans, à des dates « exemptes de toute tradition ou référence religieuse, et que son installation est dépourvue de tout formalisme susceptible de manifester un quelconque prosélytisme religieux ».

C’est ainsi que, de manière générale, le juge administratif, grand interprète d’une loi de séparation aujourd’hui bien éloignée de son contexte d’adoption, a trouvé un équilibre entre l’obligation de neutralité des personnes publiques et l’évolution de la perception des traditions héritées du catholicisme, appartenant davantage au registre culturel.

Débat : Le plaisir de lire, au programme du bac de français ?

24 mardi Déc 2019

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Débat : Le plaisir de lire, au programme du bac de français ?

  1. Claude Poissenot

    Enseignant-chercheur à l’IUT Nancy-Charlemagne et au Centre de REcherches sur les Médiations (CREM), Université de Lorraine

 

Partenaires

Université de Lorraine

 

CC BY ND
Poésie, théâtre, roman et littérature d’idées sont les grandes catégories autour desquelles s’organisent les programmes de français au lycée. Shutterstock
 

Du choix d’ouvrages aux formats originaux en passant par le partage d’histoires ou d’ateliers ludiques autour de l’écrit, parents et éducateurs rivalisent d’énergie pour aider les jeunes générations à tisser de solides liens avec les livres. Promouvoir la lecture comme plaisir, tel est le leitmotiv qui anime bibliothèques, salons du livre et campagnes du ministère de la Culture.

Comment l’école soutient-elle ce rapport au livre ? Comme nous l’avons rappelé dans un précédent article, plusieurs usages et définitions de la lecture s’y côtoient : la lecture en tant que compétence, dont les bases sont posées lors des premières années de maternelle et primaire, la lecture comme outil de connaissances, et donc moyen d’accéder à d’autres disciplines, ou encore la lecture patrimoniale, courroie de transmission d’un bagage culturel.


À lire aussi : Quelles définitions pour la lecture à l’école ?


De ce dernier point de vue, le lycée constitue une étape clé, et la réforme du bac qui se met en place change la donne. Alors que les nouveaux programmes de lettres ont soulevé de multiples réactions dans le corps enseignant quant à leur lourdeur, penchons-nous sur la vision de la lecture qu’ils portent.

« Connaissances linguistiques »

La moitié du Bulletin officiel consacrée à la présentation du programme de français de seconde générale et technologique est consacrée à « l’étude de la langue au lycée ». Cette attention au « travail sur la langue » est donc fortement affirmée alors que les horaires dédiés à la discipline n’ont pas augmenté.

Les enseignants qui sont entrés dans le métier par goût pour la littérature doivent désormais améliorer la compréhension et l’expression écrite et orale des élèves ainsi que leur transmettre des « connaissances linguistiques ». Il s’agit de prolonger l’esprit du socle commun de culture et de connaissances du collège de façon à ce que, y compris les élèves qui ne suivront pas une voie « littéraire », s’expriment du mieux possible.

Que vont penser les élèves de cet accent mis sur la langue ? Ils ont quitté le collège et s’y trouvent maintenus en quelque sorte, alors qu’ils entrent dans un âge de questionnement personnel. Et ces programmes ne sont pas seulement théoriques. La présentation de l’épreuve de français place en premier « la maîtrise de la langue et de l’expression » pour l’écrit et rappelle que, pour l’oral, les enseignants doivent « apprécier la qualité de l’expression orale du candidat ».

Un corpus structuré verticalement

Les programmes de français du lycée n’oublient toutefois pas la « culture littéraire » et il s’agit de fournir des « connaissances solides » qui recouvrent notamment l’analyse et l’histoire littéraire. Dans cet objectif, ils ont été conçus en partant d’une vision de la production littéraire étalée du Moyen-âge au XXIe siècle.

Quatre « objets d’étude » ont été retenus et placés au même rang : la poésie, le théâtre, la « littérature d’idées et la presse » ainsi que « le roman et le récit ». Entre la seconde et la première, les élèves doivent balayer ces vastes domaines.

Le plaisir peut naître si les élèves décident de penser avec les catégories du programme. Certains y parviendront sans doute mais beaucoup regarderont ce « plaisir » leur échapper ne parvenant pas à s’inscrire à titre personnel dans un univers construit pour eux et non par eux.

Il suffit de se tourner vers la dernière enquête du CNL sur les jeunes et la lecture. En 2018, les adolescents entre 15 et 19 ans citent d’abord les romans (67 %) puis les mangas (38 %) et les BD (36 %) comme genres de livres lus dans l’année. Le théâtre, la poésie, la « littérature d’idées » sont absentes de l’univers de leurs pratiques. Et parmi les romans, ils citent presque autant la science-fiction (31 %) et le fantastique (30 %) que les « grands classiques » (34 %).

Sans partir nécessairement des pratiques des élèves, il serait concevable de choisir des thèmes (l’amour, l’altérité, le fantastique, etc.) à partir desquels se tisseraient des liens entre la « culture littéraire » et leur propre univers du livre.

« Oui, les jeunes lisent », par Vincent Monadé, président du Centre national du livre (CNL).

Un élève idéal

Ce choix vertical repose sur une conception de l’élève comme réceptacle de programmes dont ils sont les destinataires. Et, en l’espèce, son portrait idéal revient à dessiner celui des concepteurs des programmes à la fois cultivés et forts d’une grande qualité d’expression.

Les instructions témoignent de cet écart non seulement par le type de livre à lire mais aussi à travers le nombre de livres à lire. En seconde, les élèves doivent lire 4 livres (un par « objet d’étude ») et 3 œuvres en « lecture cursive » et huit en première (4+4).

D’après l’enquête du CNL de 2018, les collégiens et lycéens déclarent lire 5,3 livres par an dans le cadre de leurs études (contre 8,9 pour leur loisir). On peut donc dès à présent prédire que nombre d’élèves ne liront pas deux à trois des livres au programme.

Plutôt que de prendre acte du rapport des jeunes à la lecture scolaire, les textes officiels maintiennent l’illusion d’une forte intensité de cette pratique, ce qui permet de concevoir des programmes « ambitieux ».

Changement de cap ?

Depuis les années 1970 et l’émergence du problème social de l’illettrisme, l’institution scolaire envisage la lecture comme une pratique qu’il s’agit de susciter. Se développe l’idée que la prescription de lectures peut avoir un avoir un effet repoussoir sur l’ensemble de la pratique.

Max Butlen a montré comment cette vision soutenue par les bibliothèques s’est imposée dans le cadre scolaire. Et encore dans les programmes du collège de 2008, figurait cette demande : « le professeur cherche à susciter le goût et le plaisir de lire ».

Les textes officiels des programmes du collège de 2015 voient déjà la disparition de cette demande. Le plaisir ne trouve plus sa place que dans l’éducation physique et sportive, les arts plastiques ou l’éducation musicale. Il subsiste toutefois l’idée que les élèves doivent prendre « goût à la lecture » pour acquérir une « culture littéraire ». Dans les derniers programmes de lycée, le plaisir de lire a cédé la place au « plaisir de la littérature ».


À lire aussi : Débat : Trop peu de place pour la littérature de jeunesse au collège ?


Autrement dit, le plaisir de la lecture se retrouve réduit à celui du corpus prescrit. Et il n’est pas certain que les enseignants puissent leur insuffler ce plaisir tant ils sont eux-mêmes soumis. Ils n’ont pas le choix des œuvres et doivent piocher parmi une liste de trois titres imposés pour chacun des objets d’étude et renouvelés (par moitié tous les ans) du patrimoine scolaire. Difficile de s’investir personnellement dans des textes qui changent si souvent. Le rythme de renouvellement des œuvres au programme fait actuellement l’objet de discussions.

Ainsi, le nouveau programme du bac de français marque une distance avec le discours dominant du « plaisir de lire » et les élèves vont devoir apprendre à composer avec cet état des lieux, et à conjuguer les classiques des programmes avec les BD, mangas, et écrans de leurs loisirs.

Y a-t-il une crise de l’immigration ?

23 lundi Déc 2019

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The Conversation

  1. Yannick Prost

    enseignant en relations internationales (Sciences Po) – responsable de l’unité d’enseignement « aire juridique et administrative' » (Master Lisi, UFR EILA, Université Paris VII Denis DIderot), Sciences Po – USPC

Université Sorbonne Paris Cité

Sciences Po

 

CC BY ND
Un jeune homme détenu au Centre de Retention Administrative de Vincennes, près de Paris, le 18 septembre 2019. STEPHANE DE SAKUTIN / AFP

L’accent mis par le président Macron depuis la rentrée 2019 sur le thème de l’immigration a souvent été décrit comme une opération politique : selon cette analyse, l’exécutif tente de mobiliser l’électorat conservateur, mais aussi le motiver les classes populaires à retrouver le chemin des urnes.

La lecture des sondages confirmerait cette analyse : la fermeté sur l’immigration paierait sur le plan électoral.

Pourtant, l’aile gauche de sa majorité s’émeut et s’interroge : quelle urgence, au terme d’un empilement législatif qui a marqué ces vingt dernières années, à vouloir renforcer l’arsenal juridique ?

Peut-on évoquer une « crise de l’immigration » en France qui justifierait de ternir l’épure « progressiste » portée par le président tant sur le plan intérieur que dans l’arène européenne ?

Un flux modeste, mais de réelles difficultés à accueillir

La réponse est a priori non, si l’on s’en tient à la lecture des dizaines de rapports publics récents. Les flux migratoires demeurent modestes, comparés à d’autres pays développés.

On compte ainsi 255 000 premiers titres de séjour en 2018, en progression de 3,3 % par rapport à 2017, chiffre lui-même en progression de 5,8 % par rapport en 2016. La dynamique est portée par l’augmentation du nombre d’étudiants étrangers (ce que tout pays développé recherche) et par une immigration professionnelle d’un niveau encore modeste.

Elle est surtout stimulée par l’augmentation du nombre de bénéficiaires de l’asile, elle-même portée par un accroissement indéniable du nombre de demandeurs d’asile. Avec 122 000 demandeurs en 2018 (et sans doute 140 000 en 2019, une hausse de 22 % par rapport à 2017, on reste sur des chiffres certes très supérieurs aux années 1990, mais tout à fait raisonnables eu égard à la taille de la population française.

Le nombre demandeurs d’asile est en baisse ailleurs

Il faut toutefois noter que le nombre de demandeurs d’asile augmente en France alors qu’il diminue dans la plupart des pays européens : une telle anomalie découle des « mouvements secondaires » liés au dysfonctionnement du régime de Dublin, qui voient des demandeurs devant théoriquement être pris en charge par le pays de première entrée quitter ce dernier pour s’installer dans le pays de leur choix.

Ainsi de nombreux Afghans déboutés de leur demande en Allemagne – où la gestion politique de l’asile s’affirme avec moins d’états d’âme et se traduit par un taux de protection pour les Afghans anormalement bas – viennent tenter leur chance en France

Cette croissance est également en partie portée par une forte augmentation de demandeurs en provenance de Géorgie et d’Albanie, dont les ressortissants sont dispensés de demande de visa de court séjour et qui relèvent d’un pays dit « sûr », c’est-à-dire que les conditions politiques laissent supposer qu’aucune persécution n’est conduite par les autorités du pays.

Or, le traitement accéléré, les volumes de demandeurs qui demeurent limités et l’action diplomatique entreprise par Paris pour une meilleure coopération afin de contrôler les départs irréguliers rendent désormais secondaire cette question.

Les efforts considérables développés par l’OFPRA ont permis de réduire le délai de traitement des demandes d’asile, mais les contraintes imposées aux effectifs des préfectures (qui enregistrent la demande en amont) tendent à atténuer ce résultat.

Déployer de vrais moyens

Il est vrai que l’accueil des migrants nécessite de déployer des moyens sur les zones géographiques qui, en France, attirent le plus les migrants pour différentes raisons : liens diasporiques, marché du travail, disponibilité d’un parc de logements très sociaux, centres d’accueil…

Les grandes agglomérations concentrent l’essentiel des flux, alors que le marché de l’habitat est déjà tendu. En résulte le développement spectaculaire de campements sauvages qui donnent régulièrement lieu à des évacuations massives et surtout attisent les tensions entre les populations, les communes et l’État.

Les édiles appellent ce dernier à ses responsabilités, c’est-à-dire à proposer un nombre de places suffisantes de places en hébergement tant de demandeurs d’asile que d’urgence (qui relève des compétences étatiques).

L’État a fourni un effort réel pour augmenter la capacité d’accueil, mais toujours avec retard et en sous-budgétisant le programme concerné – le plafond budgétaire devrait être dépassé de 200 millions en 2019.

Les demandeurs d’asile non pris en compte dans le dispositif d’accueil dédié se retournent alors vers le dispositif de droit commun soit l’hébergement d’urgence, pour personnes en situation de très grande fragilité. Or le manque de solutions de sortie vers un hébergement plus pérenne pour les réfugiés contribue à engorger le dispositif d’accueil… Et le manque de logements sociaux est souvent imputable aux maires peu enclins à accroître le nombre de familles défavorisées sur son territoire.

Une perception faussée

La France accueille donc des volumes de migrants relativement modestes mais sans financer suffisamment les services dédiés d’où la perception d’un afflux incontrôlé. Or, il n’est pas certain que les flux actuels vers l’Europe demeurent à ce faible niveau (141 000 par la Méditerranée, en 2018, comparé à 1 411 000 en 2015).

Une série d’accords de coopération, dont le plus fameux reste celui conclu avec la Turquie en 2016, prévoient que les pays partenaires du sud de la Méditerranée retiennent les candidats à la traversée vers l’Europe. Or, les crises humanitaires qui menacent d’éclater dans plusieurs zones périphériques à l’Europe (Sahel, Sud Soudan, Kurdistan, Afghanistan…) et la pression de la Turquie sur l’Union européenne pourraient contribuer à ce que de nombreuses populations quittent les territoires actuellement sous contrôle relatif pour rejoindre le vieux continent.

Les moyens de l’UE dédiés au contrôle commun aux frontières extérieures de l’Espace Schengen ont été nettement renforcés, mais il n’existe toujours pas d’accord pour réformer le régime de Dublin et répartir une partie des demandeurs d’asile en cas d’un brusque afflux des migrants similaire à 2015.

Une réforme de la politique migratoire européenne, au profit d’une gestion plus apaisée en France, serait bienvenue. Pour qu’elle soit efficace, encore faudrait-il d’abord la mettre en œuvre dans des conditions où les flux demeurent gérables.

Bonnes feuilles : Économies arabes, les indices d’un nouveau mode de développement

22 dimanche Déc 2019

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The Conversation

  1. Alexandre Kateb

    Maître de conférence en économie, Sciences Po – USPC

Université Sorbonne Paris Cité

Sciences Po

 

CC BY ND

Dans le livre « Les économies arabes en mouvement », publié mi-novembre aux Éditions De Boeck Supérieur, Alexandre Kateb, économiste et consultant international, évoque les limites du développement des économies arabes ainsi que les mutations en cours visant à les dépasser dans les différents pays du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord. Nous publions ici des extraits sur ces signaux positifs dans la finance, la gestion des communs, le développement durable, l’innovation ou encore dans les politiques publiques de redistribution qui appellent à changer de regard sur cette zone de près de 400 millions d’habitants, dont 60 % ont moins de 25 ans.


Qu’est-ce qui peut alors expliquer les soulèvements de 2011 ? Dans un rapport au titre évocateur, « Les éruptions de la colère populaire », publié en 2018, des experts de la Banque mondiale sont revenus sur ces événements. Ils décrivent ce qu’ils appellent le « syndrome du développement malheureux » et le « puzzle de l’inégalité arabe ».

Selon les auteurs de ce rapport, plus que la pauvreté monétaire ou des inégalités quantifiables, ce sont des facteurs qualitatifs, tels que la faible qualité des services publics et la perception d’un niveau élevé de corruption, conjugués à un sentiment de dégradation du bien-être, qui expliquent l’explosion de la colère populaire. Les sondages d’opinion réalisés avant et après les soulèvements de 2011 accréditent cette thèse. Ils montrent que les revendications en matière d’emploi, de justice sociale et de qualité des services publics prévalent largement sur les revendications de nature politique.

« Libéralisations en trompe-l’œil »

Selon certains analystes, les réformes menées dans les pays arabes ont été des « libéralisations en trompe-l’œil ». Ces réformes imposées « d’en haut » (top down) n’auraient pas débouché sur une démocratisation des opportunités économiques, contrairement à ce qui s’est passé en Pologne, en Hongrie, en Chine ou au Vietnam […].

Dans les pays arabes, les réformes ont souvent abouti à la conversion de monopoles publics en oligopoles privés, par le jeu des licences d’exploitation et des privatisations. Les bénéficiaires de ces réformes étaient des opérateurs aguerris, blanchis sous le harnais de l’économie administrée, qui ont su en exploiter les moindres failles […].

Dans les monarchies du Golfe, la libéralisation économique a bénéficié aux grandes familles marchandes insérées dans des réseaux de patronage et d’allégeance aux dynasties régnantes. En Arabie saoudite, les vieilles familles marchandes de Djeddah (Binzagr, Hafiz, Jamjoom, Sharbatly, etc.) et les familles issues de la province centrale du Najd, berceau des Al Saoud, ont profité de leurs liens privilégiés avec la famille royale pour accroître significativement leur fortune.

L’entrée de l’immeuble « Bin Laden » à Dubaï. Wikimedia, CC BY-SA

C’est aussi le cas de la famille ben Laden, plus connue pour la trajectoire déviante de l’un de ses membres, Oussama ben Laden, que pour le succès impressionnant du patriarche, Mohammed ben Awad ben Laden. […] Ses héritiers ont continué à développer le Saudi Binladin Group (SBG) pour en faire l’un des groupes privés les plus imposants du Moyen-Orient. En Égypte, sa filiale locale serait même le premier employeur privé du pays.

Une inclusion financière en hausse

La mise à niveau des systèmes bancaires et financiers joue (aujourd’hui) un rôle essentiel dans la modernisation des économies de la région MENA (Middle East and North Africa). Dans l’ensemble, les banques de la région sont bien capitalisées et disposent de liquidités suffisantes. Si l’on excepte l’Algérie, la Libye et la Syrie, où les banques publiques détiennent plus de 80 % des actifs bancaires, dans les autres pays arabes, ce sont les banques à capitaux privés qui dominent le secteur.

Le taux de bancarisation dans le monde arabe est passé de 22 % en 2011 à 37 % en 2017, selon les estimations de la Banque mondiale. Cette moyenne recouvre des écarts importants entre pays. Quatre adultes sur cinq possèdent un compte en banque dans les pays du Golfe, contre un adulte sur deux en Jordanie et au Liban. En Afrique du Nord, le taux de bancarisation varie entre 30 % en Égypte et 70 % en Libye. Enfin, certains pays arabes restent à la traîne en matière de bancarisation : Irak, Syrie, Yémen, Soudan. Toutefois, si l’on intègre les institutions de microfinance, l’inclusion financière ressort à la hausse, y compris dans ces pays.

Gouvernances décentralisées

Si […] le contrôle de l’État sur les ressources naturelles a fait naître des systèmes politiques centralisés et autoritaires, (des) expériences coopératives pourraient a contrario faire émerger des systèmes de gouvernance plus décentralisés et plus démocratiques. La notion d’empowerment (autonomisation et responsabilisation) des communautés locales est en effet au cœur des institutions inclusives, favorables au développement, par opposition aux institutions extractives, comme le montrent Daron Acemoglu et James Robinson.

Il ne s’agit pas d’une utopie. Des pratiques de gestion coopérative de l’eau existent depuis des siècles, voire des millénaires, dans la région MENA. Ces pratiques locales ne demandent qu’à être encouragées et améliorées, au besoin, grâce aux technologies et aux méthodes modernes. Elles peuvent ensuite être diffusées à grande échelle. Le village Zaouite Sidi-Ahmed en fournit un exemple.

Dans ce village de moins de 200 habitants, situé à 22 kilomètres de la ville de Ouarzazate au Maroc, la population a créé une association autour d’un projet d’adduction d’eau potable. Elle s’est ensuite mobilisée pour réaliser un verger d’amandiers et d’oliviers, alimenté en eau grâce à un système de pompage photovoltaïque et à des techniques d’irrigation en goutte-à-goutte.

Les subventions à l’énergie réformées

Le caractère énergivore de certains pays arabes s’explique surtout par la présence de subventions massives à l’énergie. Avec 5 % de la population mondiale, les pays arabes sont à l’origine d’un tiers des subventions mondiales sur les produits énergétiques (combustibles et électricité). Qu’elles soient explicites – c’est-à-dire directement inscrites dans les budgets nationaux – ou implicites, sous la forme d’un manque à gagner fiscal, ces subventions n’incitent guère les ménages et les entreprises à rationaliser leur consommation d’énergie.

En raison de la domination des énergies fossiles dans le mix énergétique, ces subventions constituent de plus une véritable « taxe carbone négative ». En 2014, elles absorbaient 8 % à 10 % du PIB de la région MENA, soit autant que les dépenses d’éducation et de santé réunies ! […]

Au Maroc, les subventions sur ces produits avaient fini par dépasser le budget de l’investissement public. Il devenait urgent de les réduire. C’est le gouvernement « islamo-conservateur » de Abdelilah Benkirane, dont le parti est sorti vainqueur aux élections législatives de 2011, qui s’en est chargé. Les prix de l’essence et du diesel ont été complètement libéralisés en décembre 2015. Afin de déminer le terrain, le gouvernement a octroyé des compensations financières aux ménages les plus modestes et aux professionnels du transport. La réforme a bénéficié de l’effet d’aubaine associé à la chute du prix du pétrole, mais il fallait une certaine dose de courage politique pour la mener à son terme. […]

Au Maroc, le gouvernement s’est attaqué aux subventions à l’énergie en 2015. The-Walker/Shutterstock

La réforme des subventions à l’énergie n’est que l’un des volets de la transition énergétique et environnementale. Les politiques d’efficacité énergétique en constituent un autre volet. Dans ce domaine, la Tunisie pourrait servir d’exemple aux autres pays arabes. Entre 2005 et 2010, des contrats-programmes conclus entre l’État et les entreprises ont permis d’économiser 2,4 millions de tonnes d’équivalent pétrole (MTEP) et de réduire l’intensité énergétique du PIB. Le déficit énergétique s’est toutefois creusé depuis lors, passant de 0,6 MTEP en 2010 à 4,2 MTEP en 2016.

Le pays importe déjà 40 % de l’énergie qu’il consomme, et sa dépendance énergétique pourrait s’accroître dans les années à venir. Pour sortir de cet « état d’urgence énergétique », la Tunisie a décidé de réduire de 30 % sa consommation d’énergie à l’horizon 2030. En 2018, le gouvernement s’est engagé à installer des panneaux photovoltaïques sur les toits des bâtiments et des mosquées, à consigner 400 000 vieux réfrigérateurs et à remplacer 4 millions d’ampoules incandescentes par des ampoules à LED.

Des clusters encouragent l’innovation

Le parlement tunisien a voté en avril 2018 un Start-up Act qui simplifie les procédures administratives pour les entreprises innovantes. En Égypte, des « start-up boot camps » ont été montés sur le modèle américain. Des initiatives associant des États et des acteurs privés ont également vu le jour, à l’instar du concours de start-up organisé par l’association Injaz Al-Arab ou de l’accélérateur Flat6Lab lancé au Caire en 2011, qui a été répliqué à Tunis, Bahreïn, Beyrouth, Djeddah et Abou Dhabi.

« Accelerating Entrepreneurship in MENA » (Flat6Labs, 2018).

La création de clusters technologiques qui regroupent au même endroit des entreprises, des universités et des prestataires de services (conseils en propriété intellectuelle, financiers, auditeurs et comptables) peut également encourager la production et la diffusion de l’innovation. Il n’existe pas encore dans le monde arabe d’équivalent de la Silicon Valley américaine ou du Cyberabad indien. Certaines initiatives méritent toutefois d’être signalées. Nous avons évoqué le rôle du DIFC dans l’essaimage des fintechs, ces start-up de la finance. Depuis sa création en 2001, le Technopark de Casablanca a quant à lui accompagné des centaines de start-up marocaines. Cette expérience a été répliquée dans d’autres villes du Maroc.

L’Europe, un partenaire introuvable ?

Le monde arabe n’est pas perçu comme une entité géoéconomique à part entière par l’Union européenne, qui lui préfère le concept d’espace euro-méditerranéen. Les sommets UE-Ligue arabe ont jusqu’à présent été réduits à une dimension purement protocolaire. Le sommet qui s’est tenu à Charm- el-Cheikh en janvier 2019, le premier à rassembler les chefs d’État des deux ensembles régionaux, n’a pas dérogé à cette règle. Comment expliquer cela ?

La raison la plus évidente est le rôle marginal joué par des institutions telles que la Ligue arabe. Pour paraphraser Henry Kissinger : « Le monde arabe, quel numéro de téléphone ? » Mais cela reflète aussi une insuffisante capacité d’anticipation stratégique de la part de Bruxelles. Cette myopie s’est d’ailleurs aggravée au cours des dix dernières années. La politique européenne de voisinage englobe aussi bien les pays des rives sud et est de la Méditerranée que l’Ukraine, la Biélorussie et les républiques postsoviétiques du Caucase. Mais elle n’intègre pas les pays du Conseil de Coopération du Golfe (CCG), avec lesquels l’UE tente de négocier sans succès un accord de libre-échange depuis trente ans.

Cette approche contraste avec celle de la Chine, qui organise régulièrement des forums économiques sino-arabes et qui a même affecté un ambassadeur au développement de ces relations. Si elle ne réajuste pas sa focale, l’Union européenne pourrait se voir écartée, à terme, d’un marché de plus de 400 millions de consommateurs, qui en comptera 700 millions à l’horizon 2050.

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