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Archives Mensuelles: mars 2020

Les effets politiques de l’épidémie : l’efficacité contre la démocratie ?

31 mardi Mar 2020

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The Conversation

  1. Luc Rouban

    Directeur de recherche CNRS, Sciences Po – USPC

Université Sorbonne Paris Cité

Sciences Po

 

CC BY ND
Emmanuel Macron en conférence virtuelle avec des représentants du Conseil de l’Europe à Paris le 26 mars pour discuter de la coordination de l’UE dans le contexte de pandémie de Covid-19.
 

L’épidémie de coronavirus va poser des questions politiques de fond sur l’après-crise. Ces questions se posent sur plusieurs plans.

Le premier est celui du jeu politique ordinaire, mais aussi celui de la philosophie politique de la Ve République : va-t-on poursuivre la lecture libérale et pro-européenne de son régime politique ou bien revenir à la centralité de l’État gaullien ?

Le second pousse à s’interroger sur les relations que les Français vont désormais entretenir avec l’autorité et le dilemme qui se pose déjà entre l’efficacité de l’action publique et la vie démocratique.

Rien ne permet de dire que la « normalité » de l’après-crise sera celle de l’avant-crise. L’épidémie change les comportements, les représentations de ce qui est juste et légitime, aiguise les solidarités comme les conflits, fait ressortir de vieux démons et remet en cause le cadre général dans lequel on pensait la politique jusqu’en mars 2020.

La mort ou la résurrection du macronisme ?

On peut, tout d’abord, prendre acte de la mort du macronisme des premiers temps, fait de mondialisation, de néolibéralisme plus ou moins avoué, de tolérance culturelle, de libre-échange économique et de privatisations ou de réduction de l’offre de services publics.

Il semble bien que tout ce qui faisait l’originalité du macronisme tel qu’il avait été décliné pendant la campagne électorale de 2017 ait disparu en quelques minutes face à l’irruption d’une autre réalité ou peut-être, tout simplement, de la réalité du terrain tout court. Le discours tenu par Emmanuel Macron le 16 mars 2020 pour annoncer les mesures de confinement à la population française ont bien tourné le dos, et de manière radicale, au discours social-libéral.

Le président de la République a souligné l’importance des services publics, et notamment des personnels de santé (alors que les services d’urgence en étaient à peu près à leur première année de grève au moins symbolique), le rôle crucial de l’État-providence et a même évoqué l’idée de prendre des mesures de rupture avec le mode de vie que générait la mondialisation.

La perspective d’un néogaullisme social

On peut donc se poser la question de savoir si ce revirement constitue une simple réaction à l’urgence, destiné à disparaître avec le retour à la « normalité », ou l’amorce d’un changement politique de fond qui conduirait du néolibéralisme vers une forme de néogaullisme social, à l’image du « séguinisme » (du nom de l’homme politique Philippe Seguin), fait d’interventions publiques devant traiter la fracture sociale, de renforcement du pouvoir exécutif et d’appel à une forme de nationalisme bien compris pesant sur l’Union européenne.

Le macronisme devient-il de gauche (défense des services publics, solidarité) ou s’inscrit-il dans la redécouverte du pouvoir d’État, des frontières et d’un espace politique national ayant la priorité sur les flux financiers ? Les mauvais esprits pourraient d’ailleurs penser que ce revirement n’est pas totalement exempt d’arrière-pensées électorales, car ces propositions ne sont évidemment pas faites pour ravir le Rassemblement national qui se voit désormais, tout comme le PS ou les Républicains, vampirisé dans son fonds de commerce politique.

Personnel soignant de l’hôpital Émile Muller à Mulhouse, durant une visite du président de la République le 25 mars. Mathieu Cugnot/AFP

L’efficacité ou la démocratie ?

Tous les observateurs ont enregistré le fait que le président a utilisé un vocabulaire guerrier dans la lutte contre l’épidémie, se positionnant en chef suprême de la nation et ravivant la mémoire du long terme des périodes d’union nationale où s’imposaient des figures historiques comme celle de Georges Clémenceau qui a conduit l’effort de guerre en 1914.

C’est donc bien la question de l’autorité qui resurgit alors même que le macronisme, mais aussi, avant lui, le hollandisme et le sarkozysme et, en grande partie, le chiraquisme, avaient déjà mis l’accent sur l’ouverture du pays au profit de l’Union européenne et de l’insertion toujours plus poussée dans la mondialisation financière.

Georges Clemenceau à la tribune de la Chambre des députés le 11 novembre 1918 (L’Illustration). Wikimedia

Si la question de l’autorité se pose en termes de légitimation politique, elle se pose aussi très concrètement dans les rapports sociaux comme dans les représentations que suscite l’épidémie.

Plusieurs observations peuvent être faites : l’inertie d’une culture de consommation et d’hédonisme face aux demandes pressantes de confinement du gouvernement, car « comment abandonner son jogging quotidien ? », ce qui en dit long sur la capacité réelle de faire adopter spontanément, et par la seule pédagogie, des comportements protecteurs de l’environnement ; la défaillance de la « gouvernance », comme mode d’action partenarial plus ou moins privatisé, et le retour en force de l’État, de ses ordonnances et de l’action unilatérale ; la réapparition des frontières nationales et l’affaiblissement de l’Union européenne comme centre de décision.

Le libéralisme autoritaire

Ce retour brutal à des pratiques d’autorité que l’on croyait révolues, tout comme la résurrection de l’État, viennent amplifier des attentes d’efficacité de l’action publique qui étaient déjà bien présentes dans la population française. Alors même que l’on a vécu la crise des « gilets jaunes » et le grand débat national comme des occasions (plutôt ratées) d’étendre et d’approfondir la vie démocratique en France, la vague 11 du Baromètre de la confiance politique du Cevipof

est venue nous dire autre chose en février 2020, juste avant que n’éclate la crise sanitaire.

En effet, 41 % des enquêtés sont d’accord (et 9 % tout à fait d’accord) avec la proposition selon laquelle

« En démocratie, rien n’avance, il vaudrait mieux moins de démocratie, mais plus d’efficacité ».

L’horizon d’une extension des procédures démocratiques se rétrécit et l’efficacité de l’action publique est devenue prioritaire pour une grosse minorité des enquêtés, ce qui semble évoquer des régimes autoritaires du style chinois où le résultat collectif compte plus que les libertés individuelles.

Cependant, l’enquête montre que le choix de l’efficacité aux dépens de la démocratie est surtout le fait de la partie la plus libérale de l’opinion (un libéralisme mesuré sur la base d’un indice composé de plusieurs questions). On voit donc s’opérer un renversement historique puisque la vie politique française a toujours mis en scène des libéraux fustigeant les mesures autoritaires de gouvernements de gauche utilisant la planification ou l’intervention de l’État pour imposer des réformes sociales ou sanitaires et cela au détriment, selon eux, de l’autonomie des acteurs sociaux.

Graphique 1 – Le soutien à l’efficacité contre la démocratie en fonction du libéralisme économique (%). Baromètre de la confiance politique, CEVIPOF, vague 11, 2020, CC BY-NC-ND

La priorité donnée à l’efficacité est aussi liée à l’autoritarisme. On a créé un indice d’autoritarisme qui s’appuie sur les réponses positives à trois questions. Un bon système politique est celui qui :

  • a à sa tête un homme fort qui n’a pas à se préoccuper du parlement ni des élections
  • est celui où ce sont des experts et non un gouvernement qui décident ce qui leur semble le meilleur pour le pays
  • est celui où l’armée dirige le pays.

La première question réunit en moyenne l’assentiment de 33 % des enquêtés, la seconde 52 % et la troisième 15 %. L’indice d’autoritarisme, qui va donc de 0 à 3, constitue une échelle statistique assez solide (alpha de Cronbach de 0,485). On peut ensuite le dichotomiser entre « autoritarisme faible » (niveaux 0 et 1) et « autoritarisme fort » (niveaux 2 et 3). Le croisement entre la demande d’efficacité et l’autoritarisme est particulièrement significatif puisque 46 % de ceux qui défendent la thèse de l’efficacité sont fortement autoritaires contre 15 % seulement de ceux qui la réfutent.

Le retour du clivage gauche-droite

Mais autoritarisme et libéralisme économique ne sont pas antinomiques. En effet, les enquêtés qui sont fortement autoritaires sont très libéraux sur le plan économique à concurrence de 54 % contre 44 % chez ceux qui sont faiblement autoritaires. On voit clairement dans ces résultats que le libéralisme économique peut très bien s’associer au rejet de la démocratie représentative ordinaire au point de préférer des experts ou des dirigeants forts à des assemblées élues.

C’est ainsi que les enquêtés fortement libéraux sur le plan économique sont 41 % à soutenir l’idée d’un homme fort à la tête du pays contre 27 % de ceux qui ne sont pas libéraux. C’est ici que l’on voit jouer à nouveau le clivage gauche-droite.

Le vote de ceux qui défendent l’efficacité aux dépens de la démocratie caractérise surtout un électorat de droite assez composite. Au premier tour de l’élection présidentielle de 2017, ils ont voté à 31 % pour Marine Le Pen, 22 % pour François Fillon, 19 % pour Emmanuel Macron et 14 % pour Jean‑Luc Mélenchon, autant de candidats qui déclinent les diverses versions de l’autoritarisme politique tel qu’il s’énonçait avant la crise.

Graphique 2 – la demande d’autoritarisme politique par classe sociale (%). Baromètre de la confiance politique, CEVIPOF, vague 11, 2020, CC BY-NC-ND

On peut légitimement penser que la lutte contre l’épidémie va renforcer la demande d’efficacité publique. Déjà, des critiques émergent sur la gestion de la crise par le gouvernement.

Dans l’attente de nouvelles recherches, on peut déjà noter que le libéralisme économique s’associe fort bien à la demande d’autorité, ce qui peut ouvrir la voie à une forme ou une autre de « démocratie illibérale », caractérisée par la concentration du pouvoir exécutif, le diktat de la majorité sur les minorités et les comportements « marginaux » ou « à risque », comme le pouvoir des experts scientifiques, ce qui éloignerait le spectre du populisme ordinaire qui s’appuie plutôt sur le bon sens du bistrot (« je suis costaud, pas peur des virus ! »).

L’efficacité du libéralisme n’est plus gagée sur la seule autonomie des acteurs sociaux. Il peut appeler un ordre contraignant et imposé d’en haut, une nouvelle mondialisation bien plus favorable à des autoritarismes nationaux.

Covid-19 : qui sont les plus vulnérables ?

31 mardi Mar 2020

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France

 

The Conversation

  1. Jean-François Toussaint

    Directeur de l’IRMES, Médecin à Hôtel-Dieu, AP-HP, Université de Paris

  2. Guillaume Saulière

    Biostatisticien , Institut national du sport de l’expertise et de la performance (INSEP)

Université de Paris

 

CC BY ND
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Nous comprenons maintenant l’impact de cette pandémie : nous perdrons trop tôt nos parents et grands-parents.

En Chine, en France, en Italie, les sujets âgés sont les plus touchés. Le premier SRAS avait conduit l’OMS à déclarer en 2003 que sa prochaine apparition induirait « une crise de santé publique mondiale ».

Or face à l’un de ses cousins, plus létal et plus vif, nous n’avons pas assez progressé pour en anticiper l’émergence.

Observation de la pandémie

Quel est notre adversaire actuel ? Un nouvel acteur dont il nous manque l’origine (animale ?), les routes (tropisme industriel ou touristique ?) et le potentiel évolutif mais dont la dynamique est encore celle de ses prédécesseurs (SARS-1, MERS…) : après la phase d’attaque sur une population vulnérable, le pic de diffusion (jour du plus grand nombre de contaminations, suivi 5 à 7 jours plus tard du pic de décès) est atteint en 3 à 4 semaines.

La progression ralentit ensuite pour s’interrompre, selon la nature des réponses individuelles et populationnelles et la possibilité de réinfestations (en Corée, en Chine, on ne compte plus de décès hors Hubei mais la surveillance de cette possibilité reste très étroite).

Figure 1. Accélération du nombre de décès quotidiens lors de la première vague épidémique, hiver 2020. Pics successifs en Chine, Corée, Iran puis dans les pays européens.

Ces courbes décrivent l’évolution d’une compétition optimisée (attaque virale contre défenses humaines – immunitaires, individuelles ou sociétales) dans un système passant par plusieurs phases d’adaptation stratégiques réciproques et définissent aussi le cadre des relations proies-prédateurs.

Il s’agit ici d’une agression cliniquement très brutale dont la deuxième phase (installation en quelques heures d’une pneumopathie fulgurante, 5 à 8 jours après les premiers symptômes) pourrait dépasser cette semaine les capacités des services hospitaliers de réanimation. Il faut donc en organiser précisément la gestion des moyens humains (ce que font remarquablement les équipes sur le terrain) et la répartition des moyens matériels (respirateurs, masques et tenues de protection). Dans cette agression, tous les chiffres de mortalité seront revus à la hausse avec l’intégration a posteriori des données des maisons de retraite.

La publication du profil des personnes décédées en Italie nous donne le profil européen de cette pandémie et permet de comprendre son intensité transalpine. L’âge moyen au décès y est de 81 ans. Parmi les patients décédés, 14 % avaient plus de 90 ans, 56 % plus de 80 ans et 86 % plus de 70 ans. Plus des deux tiers souffraient de diabète, de maladies cardio-vasculaires, de cancer ou étaient d’anciens fumeurs.

Dans les pays d’Europe, les indicateurs de vieillissement de la population sont corrélés à l’intensité locale de l’épidémie : le rapport entre le nombre de personnes de plus de 70 ans et celle de moins de 20 ans est en effet très corrélé à la hauteur de la vague.

Figure 2. Ratio entre les plus de 70 ans et les moins de 20 ans. De 0,23 en Iran, Corée et Chine, il passe à 0,85 en Italie & Espagne, ce qui traduit la verticalisation de la pyramide des âges obtenue après une longue période de développement économique.

La France, qui présente un ratio intermédiaire (0,43) pourrait ainsi subir une vague moins destructrice que l’Italie et l’Espagne ; les personnes les plus âgées étant les moins à même de se défendre alors qu’un fort pourcentage d’enfants et de jeunes adultes pourrait être protecteur à l’échelle des populations. Sans doute ont-ils un rôle déterminant dans l’établissement de l’immunité de groupe. Dans les dernières publications chinoises et italiennes, moins de 1 % concerne des personnes en dessous de 30 ans, alors que deux sur trois concernaient des personnes ayant dépassé l’espérance de vie italienne.

Comprendre les causes de la mortalité

L’analyse des premiers décès français montre une distribution similaire avec un taux de mortalité inférieur à 0,2 % pour les sujets de moins de 45 ans sans co-morbidité et un risque majeur au-delà de 80 ans, d’autant qu’un antécédent (maladie cardio-vasculaire ou hématologique, insuffisance rénale…) limite l’aptitude à se défendre.

Figure 3. Répartition de l’âge au décès des patients hospitalisés pour une pathologie liée au Covid-19.

On a beaucoup comparé le virus de la grippe et le SARS-CoV-2. Or, à la mi-mars 2020, la grippe en France se répartissait ainsi pour les cas les plus graves nécessitant des soins lourds : 15 % avaient moins de 15 ans, un tiers plus de 65 ans, un quart ne présentait aucun antécédent. La grippe, qui fut pourtant la moins grave de ces dernières années a proportionnellement plus touché les enfants et les individus non malades que ne le fait le Covid-19. Épargnés par la grippe, les sujets les plus fragiles ne peuvent répondre au casse-tête immunitaire d’un agresseur auquel leurs défenses n’avaient jamais été confrontées.

Cette notion de vulnérabilité nécessite d’être précisée dans le contexte actuel. Nos relations aux paramètres vitaux passent en effet par un optimum, qui définit les plages de surveillance des patients et de leurs traitements (tension artérielle entre 90/60 et 140/90 mmHg ; glycémie à 1 g/l +/- 0,25 ; température entre 33 et 41 °C ; indice de masse corporelle ou IMC entre 18,5 et 25 kg/m2, etc.).

Hors de ces intervalles optimisés, l’organisme réduit ses facultés adaptatives en raison de contraintes métaboliques (hypertension artérielle, diabète, cholestérol élevé) ou physiques (âge élevé, surpoids…). Toutes ces dimensions établissent un optimum commun (cf. Figure 4, adaptée du rapport « Impacts sanitaires de la stratégie d’adaptation au changement climatique » du HCSP) dont toute pathologie ou insuffisance (cardiaque, rénale, respiratoire, neuronale…) nous éloigne.

Figure 4. Toute relation entre capacité adaptative et paramètre vital se centre autour d’une valeur idéale. Leur ensemble établit un optimum commun pour chaque organisme. Dans les limites compatibles avec la vie, les plus fragiles se situent aux extrêmes de ces distributions, c’est-à-dire aux minima de nos capacités. Cette vulnérabilité les expose en priorité aux prédateurs primaires (Virus, Bactéries, Parasites).

Les plus vulnérables se situent aux extrêmes de ces distributions (défaillance cardiaque nécessitant une transplantation, maigreur sévère ou obésité morbide, broncho-pneumopathie chronique, âge très élevé). C’est pourquoi l’on retrouve ces facteurs de risque associés à la mortalité du Covid-19 (les très rares sujets jeunes décédés sans antécédent connu présentaient peut-être un défaut de leur système de défense immunitaire, que le coronavirus utilise comme porte d’entrée et qu’il est le premier – et malheureusement le dernier – à révéler).

Survivre au temps du Corona

Rien ne nous interdit de resituer maintenant cet épisode dans son contexte : nous sommes désormais conscients des effets de très longue portée de nos choix lorsqu’ils exploitent principalement le court terme.

Trois effets se télescopent ici :

  • L’impact économique des épidémies croît de manière exponentielle : celle dite de la vache folle avait emporté 10 milliards de dollars en 1995, H5N1 : 30, SARS-1 : 40 en 2003, H1N1 : 50 en 2009 (pour 150 000 décès). Avec son impact sur l’énergie, l’automobile, la banque, le tourisme ou l’aviation, Covid-19, par la complexité de ces intrications, dépassera les centaines de milliards à l’échelle planétaire. Alors que l’économie est à bout de souffle, on voit pointer la perte fulgurante de nos moyens de lutte pour sauver les patients des générations suivantes et le vide dans lequel certains pays vont plonger. Parmi de nombreux autres, le Liban, qui vient de déclarer faillite, en fera-t-il la douloureuse expérience ? Et dans quel état cette période, économiquement redoutable par ses effets dominos, laissera-t-elle nos sociétés ?
  • Le risque d’une réaction non proportionnée : confrontés à ce nouvel acteur, les patients meurent d’une hyperréaction immunitaire qui flambe leur poumon en quelques jours. À l’échelle des sociétés, le feu est dans la maison et le recul économique lié à cette crise pourrait détruire certaines options indispensables de nos systèmes de santé. Comment réagirons-nous lorsque les grandes crises annoncées par l’OMS surviendront dans les prochaines années ? En tant qu’espèce, sommes-nous à ce point affaiblis pour ne plus avoir d’option que de jeter nos dernières forces dans un combat, qui n’est que la première bataille des guerres à venir ?
  • À l’avenir, il nous faudra aussi considérer les interactions entre risques, telles qu’elles se déclenchent aujourd’hui au cours d’une crise sanitaire, économique, environnementale, énergétique et pétrolière. En effet, l’effondrement des taux atmosphériques de NO2 et de CO2, résultant de l’arrêt de la production industrielle (en Italie, en Europe, en Chine), nous indique l’ampleur de ce qu’il faudrait faire pour respecter nos engagements sur le climat (accord de Paris 2015 à la COP21). Nous y voyons le poids faramineux de notre empreinte et la hauteur de la barre à franchir. Serons-nous spontanément capables de décider une réduction de 92 % de notre production industrielle ? Pouvons-nous réellement « choisir » de le faire ou nos choix sont-ils le plus souvent contraints ? Or c’est aussi de cette qualité d’air dont auront besoin les enfants de Chine et du monde pour éviter maladies coronaires, asthme et cancers prématurés.

Nous avançons, pas à pas, sur une planche au-dessus des flots. Chaque nouvelle perturbation vient rompre notre fragile équilibre alors que nos sociétés absorbent de plus en plus difficilement ces oscillations puissantes.

Nous y lisons la confirmation d’un fait majeur : l’évidence de notre vulnérabilité croissante face à des menaces que nous pensions oubliées. Le XXe siècle nous a trompé quant aux raisons exactes de notre croissance et de notre développement. Le XXIe siècle ne sera pas celui des maladies dégénératives, faites d’insuffisances cardiaques, respiratoires ou neuronales (Alzheimer) aux grands âges… mais, à nouveau, celui de nos prédateurs primaires (virus, parasites, bactéries) dont on ne cesse de mesurer le réarmement et la résistance croissante à toutes nos thérapies.

Cette fragilité engendre une très grande instabilité sociétale et politique et une remise en cause de plus en plus forte des décisions prises. À Wuhan, Madrid, Mulhouse ou Brescia, se mesure déjà ce que seront, bien après la pandémie, les conséquences de cette tempête.

Confinement : un exercice simple de respiration pour réguler ses émotions

30 lundi Mar 2020

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The Conversation

 

  1. Catherine Pourquier

    Professeur de Conduite du Changement, Burgundy School of Business

Burgundy School of Business

 

CC BY ND
Se concentrer sur ses inspirations et ses expirations pendant trois minutes permet de diminuer le niveau d’anxiété. Stockfour / Shutterstock
 

Des études ont montré que la peur et l’anxiété abaissaient les défenses immunitaires. D’où l’importance, en période de pandémie et de confinement, à ne pas vivre sous l’emprise de la peur et du stress. Pour permettre une meilleure régulation des émotions, la pratique de la pleine conscience (mindfulness) peut constituer un outil de choix.

C’est plus particulièrement le cas de la respiration en pleine conscience, qui permet d’apporter rapidement un calme intérieur et un état d’équilibre interne qui renforcerait ainsi le système immunitaire. Les études sur la mindfulness ont en tous cas montré depuis longtemps que cette pratique de la méditation de pleine conscience avait globalement un effet positif sur la santé.

Conversation France

✔@FR_Conversation

A méditer ….
Dix minutes de méditation par jour améliorent l’efficacité du cerveau http://theconversation.com/dix-minutes-de-meditation-par-jour-ameliorent-lefficacite-du-cerveau-103740?utm_source=twitter&utm_medium=twitterbutton … via @FR_Conversation

Dix minutes de méditation par jour améliorent l’efficacité du cerveau

On prête moult vertus à la méditation de pleine conscience, parfois sans base scientifique. Pour ce qui est d’améliorer la concentration ou la mémoire de travail, la science a parlé : elle valide.

theconversation.com

10

5:22 PM – Sep 24, 2018
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Dans l’esprit de beaucoup de gens, la méditation est une pratique qui suppose de trouver du temps, d’arrêter complètement ses occupations et si possible d’avoir la souplesse d’un yogi.

En réalité, le cœur de la méditation repose sur une pratique consciente de la respiration.

Trois minutes suffisent

Ainsi, pourquoi ne pas instaurer dans son quotidien un petit rituel de pleine conscience, tout simple, en ces temps d’épidémie ? L’exercice peut être le suivant : si possible, plusieurs fois dans la journée, vous pouvez pratiquer une respiration de pleine conscience.

L’objectif est de développer un état de concentration qui permet tout à la fois une détente du corps, une régulation des émotions et des pensées.

Concrètement, il s’agit d’inspirer profondément dans son ventre en visualisant qu’il se gonfle et se dégonfle comme un ballon. Cette attention consciente sur son souffle a des effets très positifs. En effet, des études ont montré qu’une pratique, même brève, de la mindfulness a des effets bénéfiques sur la réduction du stress.

Ainsi, quelques minutes suffisent pour changer la régulation interne du corps. Trois minutes de respiration en pleine conscience pratiquées régulièrement peuvent transformer le quotidien.

L’important est d’arriver à se recentrer et pour cela, surtout si l’on est débutant, il est plus facile de se laisser guider. Vous pouvez ainsi réaliser l’exercice en l’écoutant en audio :

00:00
03:32
CC BY-SA
ÉcouterExercice de respiration pleine conscience.
TéléchargerMP3 / 2 MB

Si pour les personnes habituées à être en mouvement un exercice de respiration statique peut sembler ennuyeux, il est possible de le pratiquer aussi dans le cadre d’une activité. Par exemple, vous pouvez vous entraîner à la respiration consciente, en marchant, en réalisant une activité manuelle.

Retrouver ses capacités de concentration

Aussi, des petits gestes de la vie quotidienne peuvent être une opportunité pour la respiration en pleine conscience. Par exemple, respirer lorsque l’on se lave les mains. Ou bien encore, lorsque l’on travaille sur un ordinateur et que l’on repose ses yeux (idéalement toutes les heures) en regardant au loin au moins une minute pour défocaliser son regard.

Durant quelques secondes, voire quelques minutes pour une activité plus longue, faites en sorte d’être totalement absorbé par votre geste et votre souffle.

La pleine conscience peut aussi s’exercer lorsque l’on travaille devant son ordinateur. Fizkes/Shutterstock

La respiration en pleine conscience permet ainsi de retrouver des capacités de concentration et de réflexion que la réactivité liée à le stress entrave. La réactivité permet la survie, mais elle met en place une stratégie très coûteuse pour l’organisme en énergie pour l’organisme. Et, à terme, elle abaisse les défenses immunitaires.

Au-delà de gestion du stress, la respiration en pleine conscience permet une détente et une concentration plus grande dans toutes les activités. Alors, en cette période de confinement, pourquoi ne pas intégrer cette pratique pour sortir de la réactivité ?

Trouver le calme en soi dans les activités du quotidien, lorsque le télétravail, l’école à la maison et le besoin d’espace vital sont à concilier, n’est plus un luxe, mais devient pour le plus grand nombre une nécessité.

Rester chez soi et rompre avec l’individualisme ambiant

30 lundi Mar 2020

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The Conversation

  1. Caroline Cuny

    Professeure en psychologie, Grenoble École de Management (GEM)

  2. Marianela Fornerino

    Professeure au Département Marketing, Grenoble École de Management (GEM)

  3. Mathieu Pinelli

    PhD en psychologie, Grenoble École de Management (GEM)

Grenoble École de Management (GEM)

 

CC BY ND
Apéros entre voisins et discussions permettent d’échapper au confinement déclaré depuis la mi-mars en France. Martin BUREAU / AFP
 

Le confinement menace les besoins fondamentaux humains que le psychologue Abraham Maslow compte pour sa part au nombre de cinq : physiologiques, de sécurité, d’appartenance sociale, d’estime de soi et d’accomplissement.

Ces besoins seraient organisés sous forme de pyramide avec l’idée que les besoins physiologiques doivent être assouvis en premier lieu, puis viennent ceux associés au sentiment de sécurité, et se terminent par les besoins d’accomplissement.

Dans ce cadre, on peut comprendre les réactions parfois vives des individus cherchant à faire des réserves de nourriture à tout prix, puisque le danger lié à l’épidémie fait peser un risque potentiellement vital sur chacun, sentiment de risque encore augmenté avec le confinement et l’entrave à la liberté de circuler.

Ici, les émotions de peur et les angoisses de mort sont accentuées par la difficulté ressentie à pouvoir librement assouvir ses besoins primaires. Les comportements associés sont donc à comprendre dans le cadre d’une lutte pour la survie, se transformant par exemple en rixes dans les supermarchés. Le confinement pourrait donc entraîner le repli sur soi et l’individualisme, c’est-à-dire la préservation de sa propre survie.

Les interactions sociales, un besoin humain fondamental

Les travaux de John Bowlby et sa théorie de l’attachement nous encouragent à envisager que le sentiment d’être en lien privilégié avec un être est un élément fondateur d’un développement harmonieux.

Ce lien d’attachement originel, avec des figures stables et aimantes, comme nos parents, se retrouverait dans notre besoin d’interaction sociale.

Ici aussi, la situation de confinement actuel menace cette nécessité d’interaction sociale puisque la population est exhortée à une distanciation sociale, ce qui peut expliquer les comportements, qualifiés de dangereux dans le contexte actuel, de regroupement, malgré les interdictions. Dans tous les cas, cela pourrait être une des raisons qui rendent ce confinement source de stress chez certaines personnes.

Comment, alors, en étant isolés, chacun chez soi, pouvons-nous combler ce besoin d’appartenance si vital ? En activant la présence sociale, c’est-à-dire le sentiment d’être en présence d’une personne « réelle ».

L’importance de la présence sociale

La présence sociale comprend deux éléments principaux : l’intimité et l’immédiateté. L’intimité correspond au lien qu’il y a entre deux personnes en interaction alors que l’immédiateté est la distance psychologique entre ces deux personnes.

Dans une interaction, ces deux éléments sont déterminés par plusieurs caractéristiques, comme les expressions du visage, la voix, l’apparence physique ou la gestuelle. Les outils du numérique peuvent remplacer une présence physique car ils donnent la possibilité de fournir certaines de ces caractéristiques. Ils servent de médiateurs entre les individus pour activer la présence sociale, ce qui est très important lors de ces temps de confinement. En jouant sur l’intimité et l’immédiateté, on peut renforcer l’impression d’être réellement en présence d’autres personnes.

Élodie, 30 ans, pense à cette voisine âgée qu’elle a souvent croisée dans l’ascenseur avant le confinement. Celle-ci doit se sentir seule maintenant. Elle décide de passer un petit mot sous sa porte. Elle lui laisse son numéro de téléphone et lui propose de l’aide, sans contact physique, quand elle en aura besoin. La voisine, émue et surprise, lui répond et promet de l’appeler si besoin. Elle dit se sentir moins seule. Ainsi, malgré les murs qui les séparent, elle a ressenti la présence d’Élodie : le petit mot active la présence sociale, la distance psychologique est raccourcie et l’intimité augmentée.

page Facebook de voisins où une personne propose des gants de protection en libre-service dans un immeuble, Paris, 20 mars. C.Chakraverty, Author provided

Quelles sont les réactions collectives spontanées ?

Les villes, grandes et petites, partout dans le monde, vivent des moments forts de partage, avec les habitants sortant les soirs sur les balcons ou se penchant à leurs fenêtres. Ainsi, on a vu des vidéos où des chanteurs et musiciens se font accompagner par les voisins. À Grenoble, Adeline Gueret, chef d’orchestre, mène sa baguette dans son quartier pour « maintenir les liens » grâce à la musique.

Au-delà du partage des moments musicaux, il y a le partage des moments de solidarité, par exemple, celle envers le personnel soignant manifestée aux balcons par des applaudissements.

Les images donnent l’impression d’être au théâtre où les spectateurs se trouvent aux balcons, et on imagine le personnel soignant sur la scène luttant contre le coronavirus : un sentiment puissant de présence sociale. Là aussi, la distance psychologique est raccourcie, l’intimité est intensifiée par les émotions partagées.

Plus dans la sphère personnelle, les « Apéros virtuels » se développent. Entre amis, en famille, on se connecte en ligne et on se rend compte qu’on n’est pas seul. Avec la vidéo, les voix accordées aux images renforcent ce sentiment de présence grâce à la capacité des technologies numériques à générer des expériences réalistes et immersives. Ces apéros peuvent aussi prendre des dimensions plus importantes, en termes de nombre de personnes impliquées, et sans médiateur numérique, quand on trinque aux balcons, « avec » les voisins.

De plus en plus d’habitants applaudissent les soignants à leurs balcons (Le Parisien).

Et du côté des entreprises et des acteurs des services ?

Certaines initiatives professionnelles vont directement dans le sens du renforcement de la présence sociale. Par exemple, Christophe Ruelle, coach sportif, a lancé un club de sport numérique.

Beaucoup de propositions de cours en ligne émergent, mais attention, s’ils ne sont pas en « live », ils peuvent ne pas autant renforcer la présence sociale. Or, s’il n’y a pas ce sentiment de présence sociale, les travaux montrent qu’autrui ne sera pas perçu comme un être social doté de sensibilité mais comme une entité artificielle.

En contexte numérique, ces initiatives de services gratuits « en groupe » sont particulièrement pertinentes afin de renforcer le sentiment de présence sociale. Des études montrent en effet que la présence sociale en ligne favorise l’attraction, la confiance et le plaisir.

Quelles autres idées pourraient être proposées ?

Dans les interactions médiatisées, professionnelles et personnelles, rajouter une photo de profil permet d’augmenter la présence sociale et de moins surcharger les réseaux que l’activation de la vidéo. Cela peut être particulièrement utile pour garder un lien dans le cadre éducatif actuel où les professeurs peuvent avoir la crainte de perdre le contact avec leurs élèves.

Parfois, des personnes sont isolées, vivent seules, sans connexion Internet, comme cela peuvent être le cas de certaines familles ou personnes âgées. Le besoin fondamental d’interaction sociale est pourtant bien là. Comment faire ?

Pourquoi pas, comme Élodie, imaginer des prises de contact entre voisins en faisant passer des messages par la boîte aux lettres ou sous la porte, en respectant les gestes barrières ? Dans ce cas, il est intéressant d’ajouter une photo de soi ou de sa famille, par exemple, pour augmenter la présence sociale, et favoriser l’émergence, chez les personnes isolées, du sentiment d’être en présence d’autrui malgré la solitude.

Un habitant du nord parisien et photographe professionnel propose à ses voisins de les prendre en photos depuis sa fenêtre. Facebook © Vincent Tchydemian, CC BY

Et après ?

Certains préconisent que le coronavirus changera le monde d’une façon permanente.

Et après ? Penser la suite. Author provided
Et après ? Penser la suite. Author provided

La linguiste américaine Deborah Tannen, par exemple, suggère que le paradoxe de la communication en ligne sera renforcé : plus de distance physique, oui, mais aussi une meilleure qualité de la « connexion », c’est-à-dire de la présence sociale (plus d’intimité et moins de distance psychologique).

Cette crise permettra-t-elle ensuite de conserver cette rupture de barrières individualistes ? Garderons-nous la conscience du besoin de présence sociale ? Il faudra penser à ceux qui sont actuellement sur le front à sauver des vies, car ce sont eux qui auront le plus

Crise du coronavirus : le temps de la colère

29 dimanche Mar 2020

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The Conversation

  1. Myriam Benraad

    Chercheuse et professeure associée en science politique et relations internationales, Sciences Po – USPC

Université Sorbonne Paris Cité

Sciences Po

 

CC BY ND
Une femme portant un masque facial et des gants de protection tient une pancarte se plaignant du manque de soutien de l’État aux travailleurs indépendants et contractuels à zéro heure, sur le Royal Mile à Édimbourg en Écosse, le 23 mars 2020. ANDY BUCHANAN / AFP
 

Déclarations de soutien et marques de solidarité à l’échelle planétaire ; bonté, bienveillance et fraternité ; appels à l’entraide entre les nations… La crise du coronavirus aura indéniablement mis en lumière des valeurs et émotions qui semblaient s’être évanouies sous le poids des calculs court-termistes et individualistes de chacun. Depuis un certain temps, la somme de ces égoïsmes interrogeait les fondements de nos sociétés et de nos modes de gouvernance. Néanmoins, par-delà l’urgence sanitaire, les élans collectifs actuels pourraient ne pas résister à ce que cet épisode historique nous révèle de plus sombre dans la durée.

L’irritation diffuse que ressentent les populations, provisoirement reléguée au second plan par d’autres affects tout aussi puissants (peur, tristesse, désespoir…), se verra sans doute ravivée dans un avenir proche lorsqu’il sera question de dresser un premier bilan. De fait, la pandémie qui s’aggrave chaque jour davantage fragilise en profondeur tous les pays concernés par ses répercussions humaines, politiques, sociales et économiques. Sur fond d’incompréhension bien réelle, de doute, d’effroi, et d’une rancœur palpable face à l’imprévoyance et au retard pris par les autorités pour l’affronter, la colère progresse inexorablement.

Brèves de presse@Brevesdepresse

⚡🇲🇫FLASH -« Ça nourrit une colère qui pourrait préparer une terrible sortie de crise ». Le #dépistage des politiques ravive la colère anti-élite. Les ministres testés n’avancent aucune explication. Au sein de leurs cabinets, la crainte prédomine… (Figaro) https://www.lefigaro.fr/politique/coronavirus-le-depistage-des-politiques-ravive-la-colere-anti-elite-20200323 …

Coronavirus: le dépistage des politiques ravive la colère anti-élite

Un hashtag a fait son apparition sur les réseaux sociaux: #IlsSavaient. Le sentiment qui prédomine: celui d’un système de santé à deux vitesses.

lefigaro.fr

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8:53 PM – Mar 23, 2020
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Des sociétés entre peur et indignation

De toute évidence, l’enchaînement rapide des événements a provoqué et continuera d’alimenter des craintes immenses parmi une majorité de peuples pris de court par cette dégradation encore inattendue il y a peu et particulièrement spectaculaire.

La cacophonie des décisions politiques provoque aussi une indignation grandissante. Partout en Europe, l’exaspération croît en réponse à une gestion qualifiée d’erratique, voire d’irresponsable, comme en Grande-Bretagne où Boris Johnson avait tout d’abord réagi par l’indifférence avant de faire marche arrière. Ailleurs dans le monde, les réactions de colère se succèdent, de la Chine où est apparu le virus et où le gouvernement a tardé à prendre la mesure de l’épidémie, à l’Afrique largement impréparée et où les théories du complot sur cette « maladie de Blancs » vont bon train.

Dans le contexte français, si quasiment tous les citoyens approuvent les mesures de confinement décrétées mi-mars par Emmanuel Macron, les incertitudes augmentent à mesure que les jours s’écoulent. Naturelle, cette anxiété est aussi source de grogne dans de nombreux cercles et milieux professionnels. Initialement contenue, l’indignation du corps médical – celle des médecins et des soignants au premier plan, débordés et épuisés, réclamant masques, matériels et lits dans des hôpitaux submergés – s’exprime désormais au grand jour. Le 19 mars, le collectif « C19 » déposait plainte contre l’ancienne ministre de la Santé Agnès Buzyn et le premier ministre Édouard Philippe pour « mensonge d’État ».

Fin 2019, les réformes programmées par le gouvernement avaient causé l’ébullition sociale ainsi qu’une série de mobilisations et de grèves qui se poursuivaient toujours en début d’année. Ces mesures ont été ajournées et des plans d’aide sont mis en branle tous azimuts afin de soutenir entreprises, salariés, précaires, démunis, et de prévenir l’effondrement. Mais la gronde des travailleurs et syndicats n’en est que partiellement et superficiellement apaisée. Elle est en outre latente face à l’arrivée en province de nombreux Parisiens « venus répandre le virus » dans tout le pays en rejoignant maisons de campagne et résidences secondaires pour y passer le confinement.

Vif emportement au sommet des États

Les frontières se sont fermé les unes après les autres, effet immédiat de l’impitoyable propagation du nouveau virus et symptôme d’un repli plus structurel à l’heure du retour en force des nationalismes et du succès des populismes. Parallèlement à la rancœur sourde des peuples face à cette tragédie globale, l’irritation des États au plus haut niveau couve elle aussi. Depuis les couloirs de l’Élysée, l’agacement très personnel du président français face au non-respect des mesures de protection mises en œuvre a pesé dans leur durcissement graduel.

Outre-Atlantique, Donald Trump, dont l’impulsivité est bien connue, est à l’avant-garde d’une flambée de griefs visant la Chine, qu’il accuse d’avoir menti durant de longs mois sur le danger du Covid-19 en dissimulant des données essentielles. À dessein, le dirigeant américain évoque à présent de manière explicite dans chaque allocution publique et chaque tweet un « virus chinois » pour dépeindre l’« ennemi invisible ». Si cette référence a suscité l’ire de Pékin, qui y voit une preuve évidente de racisme et de xénophobie, Trump l’assume pour sa part pleinement.

Donald J. Trump

✔@realDonaldTrump

I always treated the Chinese Virus very seriously, and have done a very good job from the beginning, including my very early decision to close the “borders” from China – against the wishes of almost all. Many lives were saved. The Fake News new narrative is disgraceful & false!

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12:46 PM – Mar 18, 2020
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La « distanciation sociale » imposée aux sociétés trouve par conséquent son équivalent diplomatique au cœur des règlements de comptes entre dirigeants mondiaux et au travers de leurs échanges parfois virulents. Ainsi, via ses ambassades, la Chine diffuse l’idée que le virus a été artificiellement créé par les États-Unis. Quant au ressentiment russe, s’il se veut certes plus froid et mesuré en la matière, il n’est pas absent et Vladimir Poutine sait pertinemment que cette crise pourrait le faire vaciller. L’aigreur s’amplifie encore alors que, dans de nombreux autres pays, ministres et officiels de premier ordre sont eux-mêmes testés positifs, reflétant une prise de conscience tardive.

Le président russe Vladimir Poutine portant un équipement de protection visite un hôpital où sont traités des patients infectés par le Covid-19, dans le quartier de Kommounarka à Moscou le 24 mars 2020. Alexey Drizhinin/AFP

Le multilatéralisme en ligne de mire

Au-delà des nations et États, cette foudre générale paraît trouver dans le multilatéralisme une cible désignée. L’affaiblissement des institutions nées de la fin de la Seconde Guerre mondiale et des formes de coopération axées autour des principes de démocratie et de paix n’est, de ce point de vue, pas nouvelle. Depuis des années, l’action – ou plutôt l’inaction patente – de ces instances supposées appréhender les grands défis de demain fait l’objet de critiques acerbes. Accusé d’incurie, taxé d’inutilité du fait de son incapacité à répondre aux enjeux présents, le système multilatéral faisait déjà face, avant la pandémie, à des menaces sérieuses.

Pourtant mobilisée, l’Organisation mondiale de la santé est notamment pointée du doigt pour n’avoir su alerter à temps de l’ampleur de la crise. Dès février, le courroux des Chinois avait envahi les réseaux sociaux suite au décès du médecin lanceur d’alerte Li Wenliang, de la province de Wuhan. Comment l’OMS pouvait-elle ignorer la censure par Pékin d’informations vitales relatives à cette épidémie ? Alors que ses représentants soulignaient récemment qu’il était « normal d’éprouver de la confusion ou de la colère » face à cette crise majeure, leur rôle et leur crédibilité se trouvent en réalité foncièrement remis en cause.

Enfin, si l’Union européenne resserre les rangs, beaucoup considèrent qu’elle n’a pas su se montrer à la hauteur du drame en cours, victime de ses propres insuffisances et privée d’une politique sanitaire commune. Symptomatiquement, l’Italie – le pays le plus durement frappé à ce jour sur le vieux continent – s’est détournée de l’aide européenne en sollicitant l’appui matériel de la Chine, de Cuba et même du Vénézuéla en vue de sauver son système de santé au bord de la faillite.

Quelle sera l’issue de cette catastrophe sanitaire ? Une colère partagée et durable, y compris une fois l’urgence immédiate passée ? Le sentiment de désarroi observable aura partout, à n’en point douter, des effets au long cours : défiance accrue envers les autorités en place, soutien bien plus prononcé encore aux mouvements populistes, replis individualistes en tout genre. Tout ne reviendra pas « comme avant ». Mais un tel constat ne signifie pas pour autant que le mécontentement trouvera un quelconque débouché.

Redécouvrir la maison pédagogique de Madame de Genlis

29 dimanche Mar 2020

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The Conversation

L’expertise universitaire, l’exigence journalistique

 

  1. Sandrine Aragon

    Chercheuse en littérature française (Le genre, la lecture, les femmes et la culture), Sorbonne Université

 

Partenaires

Sorbonne Université

 

CC BY ND
Dans sa maison pédagogique, madame de Genlis a réuni filles et garçons. (ici, tableau de William Hogarth, Les Enfants Graham). Wikimédia/National Gallery ( Londres)

« J’étais un garçon faible, paresseux et poltron. Elle fit de moi un homme assez hardi et qui a du cœur »

C’est par ces mots que Louis-Philippe aurait rendu hommage à Madame de Genlis, première femme à accéder au poste de gouverneur de princes, et qui prit en charge son éducation. Si, les aristocrates du XVIIIe siècle confiaient leurs enfants en bas âge à des gouvernantes, celles-ci passaient le relais à des hommes pour l’éducation des garçons une fois venu le temps de l’instruction.

La promotion de Madame de Genlis est inédite, et sa réflexion sur la pédagogie mérite qu’on s’y arrête. Vingt ans après l’Emile de Rousseau, elle propose un véritable traité d’éducation dans son roman par lettres, Adèle et Théodore. En ces temps de confinement où, face à la fermeture des écoles, enseignants et parents sont sommés de réinventer l’accompagnement des élèves, les grands textes sur les apprentissages ne trouvent-ils pas un nouvel écho ? Et n’est-ce pas l’occasion de redécouvrir une figure trop méconnue aujourd’hui ?

Alors que l’essai Femmes et littérature (aux éditions Gallimard, sous la direction de Martine Reid), la replace dans le panthéon des autrices qui comptent, revenons sur la vie et l’œuvre de Madame de Genlis.

Espace éducatif

Portrait de Madame de Genlis par Marie-Victoire Lemoine (1791). Wikimedia

Née dans la noblesse d’épée en 1746, Caroline-Stéphanie-Félicité du Crest épouse à 17 ans le comte de Genlis, dont elle a deux filles. Dame de compagnie de la duchesse de Chartres, elle devient vite la maîtresse du duc de Chartres qui choisit de lui confier l’éducation de ses deux filles, Mme de Blois et Mlle d’Orléans, en 1779, puis, en 1782, de ses fils, dont le duc de Valois, premier prince de sang, héritier de la fortune familiale et des titres, futur roi Louis Philippe. La nomination de ce « gouverneur en jupons » fait scandale dans la haute société.

Pour leur donner une première formation idéale loin du monde « corrupteur », elle se retire avec ses élèves, garçons et filles, dans le pavillon de Bellechasse, que le duc a fait construire sur le terrain du Couvent de Saint Sépulcre, selon les plans qu’elle a préparés. Dans le roman par lettres Adèle et Théodore, elle décrit la maison pédagogique idéale, qu’elle a conçue.

Toute la maison est conçue comme un livre ouvert où les enfants déambulent dans le savoir. Dès le réveil, les décorations historiques des chambres donnent des notions que les enfants gardent en mémoire toute leur vie. Dans le salon, elles offrent des sujets de discussion en famille.

L’histoire antique, l’histoire de France et l’histoire sainte sont présentes dans les tapisseries qui illustrent l’histoire des grands hommes mais aussi des grandes héroïnes, « les dames romaines les plus célèbres du temps des Rois et de la République, Lucrèce, Clélie, Cornélie, Porcie […] et toutes les impératrices jusqu’à Constantin. »

Ces exemples peuvent ainsi se graver dans la mémoire des enfants. Chaque pièce est décorée selon un thème et une époque historique. Dans les escaliers prennent place des cartes de géographie, habilement placées pour faire retenir la position des pays du nord au sud, de haut en bas de la maison comme du globe.

Pour compléter ce dispositif fixe, des paravents, ancêtres de nos posters, constituent des expositions temporaires :

« J’ai encore dans un garde-meuble six grands paravents peints qui donnent une idée de la chronologie des histoires d’Angleterre, d’Espagne, de Portugal, d’Allemagne, de Malte et des Turcs. J’ai d’ailleurs une très grande provision de petits écrans de main, tous géographiques, de cartes anciennes et modernes, et sur le revers desquels j’ai fait écrire en anglais ou en italien une claire et courte description historique des pays représentés sur la carte. »

Madame de Genlis fait appel à des outils pédagogiques nouveaux, comme la lanterne magique, ou de nombreuses maquettes, auxquelles le musée des arts et métiers a consacré en 2002 une exposition.

Le jardin n’est pas laissé au hasard de la nature, tout peut y être utile. « De grands tapis de gazons et de jeunes plantations d’arbres étrangers » fournissent un complément idéal en botanique. Ils sont étiquetés, un jardinier est là pour apprendre aux enfants leur provenance et les soins nécessaires. De petites montagnes dans le parc permettent également de faire de l’exercice physique, mais aussi à travailler la géométrie sur le terrain :

« À la promenade, nos enfants ne s’exercent encore qu’à sauter, à courir, dans un an, nous les accoutumerons, ainsi que Rousseau le conseille, à mesurer des yeux, un espace quelconque, combien telle allée peut avoir d’arbres, combien telle terrasse a de pots de fleurs. »

Instruction commune

Dans cette maison, filles et garçons se promènent ensemble dans le savoir. Mais chacun a aussi des moments privilégiés avec le père ou la mère. Si le père enseigne plus l’art militaire à son fils, la mère accompagne sa fille dans ses lectures.

Madame de Genlis trace un programme de lecture de l’âge de deux ans à 18 ans pour Adèle, où l’on retrouve de grands écrivains comme Fénelon, mais également des autrices trop souvent oubliées aujourd’hui, comme Mme de La Fite et ses dialogues, Mme Riccoboni et ses Lettres péruviennes, le théâtre de Mlle Barbier, et bien sûr les Lettres de Mme de Sévigné.


À lire aussi : Littérature française : pourquoi les autrices sont-elles encore reléguées au second plan ?


Les langues sont l’objet de pratiques régulières. Une préceptrice anglaise Miss Bridget est venue enseigner l’anglais à Adèle et Théodore, dès l’âge de 6 mois, pour les accoutumer aux sonorités. Un professeur de dessin italien joint l’enseignement de l’art du dessin et de la langue, avec de l’esprit et de la gaieté.

Chaque journée est rythmée par un programme rituel : toilette, déjeuner, soins du ménage, prière, puis lecture accompagnée de discussions, avec les enfants. Après le déjeuner en famille et une promenade dans les jardins, on s’amuse à regarder des cartes, des tableaux. Les enfants dessinent, réalisent des portraits. Au cours de petits jeux, la leçon de calcul se fait avec des jetons. Après le dîner, on joue de différents instruments et les enfants vont se coucher à 9h.

Mme de Genlis est l’autrice de contes et de pièces de théâtre pour enfants, donc la mise en scène fait également partie des activités familiales. À chaque séance se rejoignent le jeu et l’enseignement. Les savoirs sont toujours le sujet de discussions avec les parents, qui vérifient qu’ils sont bien compris.

L’expérience au cœur de l’apprentissage

La leçon de harpe donnée par Madame de Genlis à Mademoiselle d’Orléans, Jean Antoine Theodore Giroust. Dallas Museum of Art/Wikimedia, CC BY

Les parents accompagnent les enfants dans leurs découvertes et font en sorte qu’ils apprennent de chaque expérience. Lorsque Théodore est gourmand, après en avoir discuté, on lui confie un nombre bien défini de bonbons qu’il aura à gérer. Pour la première visite dans le monde d’Adèle, on la laisse se parer à outrance, et manger tant de gâteaux qu’elle en est malade, pour après pouvoir lui expliquer combien son attitude a été décevante et qu’elle apprenne de ses erreurs et ne recommence pas.

Les visites, lors de la sortie de la maison, ensuite seront pour voir des amis qui sont autant de modèles : la famille rend visite à des amis qui ont ouvert un hôpital près de Montpellier, en Bretagne, des amis qui vivent près de la nature. Chaque expérience doit marquer profondément le cœur et l’esprit.

La famille organise à l’adolescence un grand voyage, héritier du Grand Tour, en Italie puis en Hollande. Chaque moment dans la voiture ou à l’extérieur offre également le moyen de jeux ludiques et pédagogiques, d’échanges sur les lectures les choses vues entre parents et enfants. Plus tard, ils vont également au théâtre et visiter des entreprises nouvelles, font des recherches dans l’Encyclopédie pour compléter leurs apprentissages.

Émigrée pendant la Révolution, Madame de Genlis a reçu une pension de Napoléon Bonaparte, en échange d’une correspondance, puis le titre d’inspectrice des écoles publiques. Dès 1801, elle esquisse un projet d’écoles rurales pour les filles. Lorsqu’elle meurt à 84 ans en 1831, son élève le duc d’Orléans devenu roi sous le titre de Louis Philippe lui décerne des obsèques solennelles. Elle est l’auteur de plus de 130 œuvres.

Les banques centrales prennent le risque d’une « zombification » de l’économie

28 samedi Mar 2020

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The Conversation

 

  1. Gabriel A. Giménez Roche

    Enseignant-chercheur en économie, Neoma Business School

Neoma Business School

 

CC BY ND
Face à la récession qui s’annonce, la BCE présidée par Christine Lagarde (photo), comme la Fed, comptent augmenter le volume des rachats de dettes publiques et privées. John Thys / AFP
 

Une récession économique consécutive à la crise sanitaire de Covid-19 est devenue une évidence. L’arrêt de l’activité économique a d’abord entraîné une perturbation des chaînes d’approvisionnement dans le monde, car les entreprises chinoises n’ont pas pu répondre aux commandes de produits transformés et finis pour leurs clients dans d’autres pays. Cela impliquait un premier coup porté à la circulation des flux de trésorerie des entreprises, qui subit désormais un coup dur de l’arrêt de l’activité en Occident.

L’arrêt de cette génération de flux de trésorerie représentera un coup dur pour les bilans de nombreuses entreprises dans probablement tous les secteurs de l’économie mondiale, et pas seulement quelques-uns comme en 2008. Nous pouvons ainsi estimer que le choc à venir pourrait être au moins aussi important que les creux de 2,5 % et 4,5 % du PIB qui ont affecté respectivement les États-Unis et la zone euro.

Croissance du PIB réel aux États-Unis et en zone euro. OCDE

La durée et l’intensité de la récession dépendront, d’une part, de la durée des mesures de quarantaine et, d’autre part, de la réaction des gouvernements et des banques centrales. Plus la crise sanitaire est longue, parallèlement aux mesures de quarantaine, plus l’économie accumulera des défaillances. Par conséquent, une réponse adéquate des autorités est cruciale pour une reprise économique rapide.

Ciblage aveugle

Aux États-Unis, la Réserve fédérale a annoncé le 3 mars une injection de plus de 1 500 milliards de dollars et une baisse des taux vers le plancher zéro. La Banque centrale européenne a suivi avec une première annonce d’une injection de 150 milliards d’euros qui s’est transformée, le 19 mars, en un plan d’urgence de 750 milliards d’euros.

Ces plans doivent permettre d’augmenter les rachats par les banques centrales de dette publique et privée. Elles mobilisent ainsi l’arme de l’assouplissement quantitatif (quantitative easing, ou « QE ») déjà employée en 2015 pour soutenir l’économie de la zone euro et réactivée fin 2019.

Une particularité de l’assouplissement quantitatif n’est pas son ampleur, mais son aspect qualitatif. Les plans de rachat de dette prévoient généralement des contreparties traditionnellement éligibles (banques commerciales) utilisant des garanties traditionnellement éligibles (bons du Trésor et parfois obligations). Ce qui rend l’assouplissement quantitatif si peu conventionnel, c’est qu’il traite massivement des contreparties non traditionnelles (institutions financières non-dépositaires) utilisant des garanties non traditionnelles (effets de commerce, obligations de sociétés et produits dérivés).

En 2008, l’accent avait été mis sur les titres adossés à des actifs (asset-backed securities), les titres de créance garantis (collateralized credit obligations), les swaps sur défaillance de crédit (credit default swaps) et, éventuellement, sur les obligations d’État (et, dans certains cas, les entreprises) d’où l’inversion de la courbe des taux. La plupart sinon la totalité de ces actifs financiers ont été émis par des institutions financières.

Cette fois, l’accent pourrait être mis sur les titres émis par des sociétés non financières. Cependant, il ne faut pas penser que cela représenterait une réduction du passif des bilans des entreprises. Bien que cela puisse être le cas pour un certain nombre de sociétés, les institutions financières détenant des actifs d’entreprise seront les plus bénéficiées.

Évolution de la base monétaire de la Réserve fédérale américaine.. Banque de la Réserve fédérale de Saint Louis

Évolution de la base monétaire dans la zone euro (en millions d’euros). Banque centrale européenne, Statistical Data Warehouse

De plus, si la nouvelle vague d’assouplissement quantitatif ressemble à la précédente, les banques centrales conserveront ces actifs dans leurs bilans jusqu’à leur échéance. En d’autres termes, les entreprises devront toujours honorer leurs obligations, lesquelles ont tout simplement changé de mains. Bien sûr, étant donné l’état de récession de l’économie, les entreprises seraient toujours confrontées à des problèmes.

Un frein aux réformes structurelles

Par conséquent, pour éviter une faillite massive des entreprises, les banques centrales inciteraient probablement les banques commerciales à reconduire la dette de ces entreprises. Il en résulterait une « zombification » de l’économie, où les sociétés surendettées de nombreux pays, incapables de lancer de nouveaux projets d’investissement, seraient financées, tandis que les nouvelles entreprises innovantes seraient sous-financées.

La zombification de l’économie semble déjà en cours, car de nombreux gouvernements ont annoncé de généreuses subventions pour les PME et les micro-entreprises en difficulté.

Ratio dette privée/PIB (tous les instruments de dette confondus). FMI Global Debt Database

Des réformes structurelles seraient difficiles à entreprendre dans de telles circonstances. Premièrement, les gouvernements se trouveraient probablement en surendettement, car nombre d’entre eux ont déjà augmenté leur endettement en 2008 pour sauver l’économie.

L’ampleur de l’effort de sauvetage serait cette fois-ci plus important. Si le secteur des entreprises est zombifié, les consolidations budgétaires (coupes dans les dépenses et/ou baisses d’impôts) pourraient creuser encore davantage le secteur. Cela rendrait les réformes administratives improbables. D’autres réformes structurelles comme celles du marché du travail et les réformes normatives auraient des répercussions positives atténuées dans une économie zombie. Les entreprises ne se développeraient pas comme dans un scénario plus sain et ne créeraient donc pas autant d’emplois non plus.

En outre, un fort surendettement public couplé à un secteur privé zombie mettrait également un frein à toute tentative de réajustement des taux d’intérêt à la hausse, car une telle tentative augmenterait de manière prohibitive les coûts du service de la dette pour les gouvernements et les entreprises.

Enfin, l’un des objectifs d’une solution d’assouplissement quantitatif est de maintenir la valeur des actifs. En effet, tant que la valeur des actifs reste élevée, il est plus facile de reporter une reconsolidation d’investissement ou un éventuel défaut.

De plus, si les gouvernements adoptent des réformes pour faciliter la création d’entreprises, comme c’est plus ou moins le cas aujourd’hui, alors on peut s’attendre à ce que les marchés financiers canalisent une partie de la répercussion de l’assouplissement quantitatif. En d’autres termes, les prix des actifs se rétabliront et augmenteront à nouveau, accentuant encore les inégalités de richesse.

Covid-19 ou la pandémie d’une biodiversité maltraitée

28 samedi Mar 2020

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The Conversation

  1. Philippe Grandcolas

    Directeur de recherche CNRS, systématicien, ISYEB – Institut de Systématique, Evolution, Biodiversité (CNRS, SU, EPHE, UA), Muséum national d’histoire naturelle (MNHN)

  2. Jean-Lou Justine

    Professeur, UMR ISYEB (Institut de Systématique, Évolution, Biodiversité), Muséum national d’histoire naturelle (MNHN)

Muséum National d’Histoire Naturelle

 

CC BY ND
Le pangolin, l’un des animaux les plus braconnés au monde aurait servi d’espèce intermédiaire dans la transmission du Covid-19 à l’homme. Wahyudi/AFP
 

Le monde est frappé de manière globale par l’épidémie du Covid-19. Elle touche chacun d’entre nous, nous craignons pour notre santé, celle de nos proches ou des personnes fragiles. Pour nous tous, le Covid-19 a pris infiniment plus d’importance en quelques semaines que les crises du climat ou de la biodiversité. Celles-là même qui monopolisaient récemment l’attention mondiale avec des évènements catastrophiques comme les incendies forestiers en Australie, par exemple.

Ces crises environnementales – qui nous réservent de graves problèmes à court et moyen terme – semblent pourtant infiniment moins graves au temps présent que cette épidémie menaçant de pouvoir nous toucher immédiatement dans notre corps.

Il faut cependant souligner que le Covid-19, tout comme d’autres épidémies majeures (sida, Ebola, SRAS, etc.), n’est pas sans rapport avec la crise de la biodiversité et du climat que nous connaissons.

Que nous disent ces pandémies de l’état de la biodiversité ?

La Terre au Carré 🌏²@LaTacfi

« Nous prenons des mesures face à la crise sanitaire parce que nous savons qu’elles seront temporaires, qu’elles dureront 3 semaines. Alors que le changement climatique est une transformation irréversible. »

François @Gemenne @sciencespo #LaTac

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3:27 PM – Mar 13, 2020
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Nouveaux agents pathogènes

Nous détruisons les milieux naturels à un rythme accéléré : 100 millions d’hectares de forêt tropicale coupés entre 1980 et 2000 ; plus de 85 % des zones humides supprimées depuis le début de l’époque industrielle.

Ce faisant, nous mettons en contact des populations humaines, souvent en état de santé précaire, avec de nouveaux agents pathogènes. Les réservoirs de ces pathogènes sont des animaux sauvages habituellement cantonnés aux milieux dans lesquels l’espèce humaine est quasiment absente ou en petites populations isolées. Du fait de la destruction des forêts, les villageois installés en lisière de déboisement chassent et envoient de la viande contaminée vers des grandes villes.

C’est ainsi qu’Ebola, par exemple, a trouvé son chemin vers les grands centres humains. Ce que l’on appelle la viande de brousse est même exporté vers d’autres pays pour satisfaire la demande d’expatriés et étend ainsi le risque sanitaire très loin des zones d’endémie.


À lire aussi : Comment les changements environnementaux font émerger de nouvelles maladies


Nous chassons sans vergogne des espèces exotiques et sauvages pour des raisons sottement récréatives : attrait du rare, repas exotiques, pharmocopées naïves, etc. Le commerce des animaux rares alimente les marchés et là encore permet la contamination des grands centres urbains. L’épidémie du SRAS (syndrome respiratoire aiguë sévère) était advenue du fait ce type de circonstances, par la proximité entre chauve-souris, carnivores et consommateurs humains crédules.

En 2007, la conclusion d’un article scientifique majeur sur cette épidémie du SRAS dénonçait :

« La présence d’un réservoir important de virus de type SARS-CoV dans les chauves-souris Rhinolophidae combiné avec l’élevage pour la consommation de mammifères exotiques dans le sud de la Chine est une bombe à retardement. »

Cette bombe à retardement semble avoir explosé en novembre 2019 avec le Covid-19…

Le danger des zoonoses

La consommation et l’import-export d’animaux exotiques ont deux conséquences majeures.

Ils augmentent d’une part le risque d’épidémie en nous mettant en contact avec des agents infectieux rares. Mais souvent ces agents infectieux sont spécialisés sur une espèce et ne peuvent pénétrer notre corps, vaincre notre système immunitaire, voire même pénétrer et utiliser nos cellules, comme dans le cas des virus. Les trafics mettant en présence divers animaux permettent aux agents infectieux portés de recombiner et d’être ainsi capable de franchir la barrière entre espèces, comme cela a été le cas pour le SRAS et comme cela semble être peut être le cas pour le Covid-19.

Au-delà de la crise actuelle du Covid-19, ce risque n’est pas marginal : Il faut rappeler que plus des deux tiers des maladies émergentes sont des zoonoses, c’est-à-dire des maladies dont le réservoir de l’agent infectieux est un animal ; parmi ces zoonoses, la majorité provient d’animaux sauvages.


À lire aussi : Les chauves-souris, source inépuisable de virus dangereux pour les humains ?


Capturer et vendre ces animaux exotiques exerce d’autre part une pression énorme sur les populations sauvages. C’est le cas du [pangolin], récemment mis en lumière par le Covid-19. Ces mammifères (huit espèces en Afrique et en Asie) sont braconnés pour leur viande et leurs écailles malgré leur statut protégé : plus de 20 tonnes sont saisies chaque année par les douanes, amenant à une estimation d’environ 200 000 individus tués chaque année pour ce trafic.

Nous nous mettons ainsi doublement en danger : « création » de maladies émergentes et destruction d’une biodiversité fragile qui assume des rôles dans les équilibres naturels dont nous bénéficions.

Les circonstances de l’émergence de ces nouvelles maladies peuvent être encore plus complexes. C’est ainsi que les virus du Zika ou de la dengue sont transmis par des moustiques exotiques transportés par les humains par le biais du commerce international dans le monde entier.

Le commerce de pneus usagés dans lesquels de l’eau s’accumule et permet aux larves aquatiques des moustiques de se développer et d’être transportées est notamment incriminé. Dans ce cas, la maladie ne se répand pas par un premier contact direct entre espèce humaine et animaux réservoirs suivi par une transmission intra-humaine, mais il est transmis à l’espèce humaine par des moustiques vecteurs, ces derniers se déplaçant efficacement avec notre aide.

Jamais le moustique-tigre ou d’autres moustiques exotiques n’auraient quitté l’Asie sans notre aide !

« Un monde, une santé »

Cette initiative mondiale – « One Health » en anglais – préconise de gérer la question de la santé humaine en lien avec l’environnement et la biodiversité. Elle identifie trois objectifs principaux : lutter contre les zoonoses (maladies transmissibles des animaux aux humains et inversement) ; assurer la sécurité sanitaire des aliments ; lutter contre la résistance aux antibiotiques.

Le concept « Une santé » – lier la santé humaine avec la santé animale et la santé de l’environnement. Fourni par les auteurs

Cette initiative nous rappelle avec vigueur que nous ne pouvons pas vivre dans un cocon artificiel, où nous ne serions jamais en contact avec la biodiversité, qu’elle soit sauvage, élevée ou cultivée. Deux des trois cibles de l’initiative « Un monde, une santé » – sécurité alimentaire et zoonoses – sont directement impliqués dans l’actuelle crise du Covid-19. Nous ne devrions pas créer des circuits alimentaires farfelus, qu’il s’agisse d’importer des espèces exotiques dans des conditions sanitaires incontrôlées ou de nourrir les animaux d’élevage avec des produits inappropriés, comme l’a montré la maladie de la vache folle avec la consommation de farines animales.

Prévenir les pandémies

Une fois de plus, quand il s’agit de biodiversité, les causes des crises sont connues et les remèdes aussi : quand allons-nous enfin appliquer les remèdes ?

La solution serait d’arrêter la destruction de l’environnement dans les pays du Sud – la déforestation, le transport d’animaux exotiques, le commerce mondial de n’importe quelle denrée ou espèce vivante – pour gagner quelques pour cent de rentabilité par rapport à des productions locales ou des circuits courts… On commence à entendre ici et là que « le monde ne sera pas le même après le Covid-19 ». Alors, intégrons à ce « monde de l’après » un plus grand respect de la biodiversité dans nos nouvelles règles de société… pour notre plus grand bénéfice immédiat !

Le monde que nous laisserons à nos enfants et petits-enfants sera affecté par de nouvelles pandémies, c’est malheureusement déjà sûr… La question reste à savoir de combien de pandémies il sera question. Cela dépendra de nos efforts pour préserver la biodiversité et les équilibres naturels, partout sur la planète. Espérons qu’au-delà des drames humains actuels, le Covid-19 ait au moins l’effet positif de provoquer cette prise de conscience.

Effondrement des marchés financiers : le coronavirus n’explique pas tout

27 vendredi Mar 2020

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The Conversation

Effondrement des marchés financiers : le coronavirus n’explique pas tout

  1. Valérie Mignon

    Conseiller scientifique au CEPII, chercheure à EconomiX-CNRS, professeure en économie, Université Paris Nanterre – Université Paris Lumières

Université Paris Nanterre

 

CC BY ND
La crise sanitaire intervient après une année 2019 exceptionnelle en termes de performances boursières. Johannes Eisele / AFP
 

Le lundi 9 mars 2020, après l’échec du sommet exceptionnel de l’OPEP+ visant à enrayer l’effondrement des prix du pétrole, toutes les places financières dévissent, affichant des records à la baisse. Paris enregistre alors sa plus forte chute depuis 2008 perdant 8,4 %, Francfort accuse une diminution de 7,9 % – du jamais vu depuis le 11 septembre 2001 – et Milan dégringole de 11,2 % en une journée.

Depuis, les indices boursiers ne cessent de cumuler les « plus bas ». Une telle chute des cours était-elle prévisible ? Comment l’expliquer ? Deux facteurs sont à l’œuvre, l’un prévisible, l’autre non.

Un retour attendu aux fondamentaux

La correction à la baisse des marchés financiers était à attendre, indépendamment de la crise sanitaire actuelle. Certes, son ampleur ne l’était pas, mais la chute ne constitue pas, en soi, une surprise. Il en est de même pour l’effondrement du prix du pétrole, considéré comme un baromètre de l’économie.

Pour comprendre la situation actuelle, revenons brièvement sur le contexte qui est, à la sortie de 2019, proche d’une certaine euphorie ou bulle financière. L’année 2019 a en effet été marquée par des performances exceptionnelles sur les marchés : +32 % pour le Nasdaq, +29 % pour le S&P500, +26 % pour le CAC 40.

Cette dynamique à l’œuvre en 2019 reflétait-elle la situation économique ? En d’autres termes, de telles performances étaient-elles « normales » eu égard à la conjoncture économique ?

Évolution des principaux indices boursiers depuis mai 2019. Zone bourse

Ces questions se posent avec d’autant plus d’acuité que le contexte qui prévalait l’an dernier était bien incertain : ralentissement économique latent, érosion de la croissance des pays émergents, mouvement des « gilets jaunes » en France, interrogations sur le devenir de l’Union européenne suite au Brexit, craintes liées à la soutenabilité de la zone euro, tensions commerciales entre la Chine et les États-Unis, début de nouvelles tensions géopolitiques entre les États-Unis et l’Iran… ; autant de facteurs qui contribuent à nourrir l’incertitude au niveau économique.

Le caractère accommodant des politiques monétaires menées par les banques centrales renforce ce constat, au sens où de telles politiques sont généralement plutôt observées en période de récession économique.

Fabien Tripier@FabienTripier

L’Europe au stade 1 de la crise économique https://theconversation.com/leurope-au-stade-1-de-la-crise-economique-133930?utm_source=twitter&utm_medium=bylinetwitterbutton … via @FR_Conversation @UnivParisSaclay @CEPII_Paris

L’Europe au stade 1 de la crise économique

Les institutions européennes auront notamment un rôle crucial à jouer pour éviter que les turbulences économiques n’évoluent en crise financière.

theconversation.com

20

4:43 PM – Mar 19, 2020
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Au total, 2019 apparaît comme une année où les cours boursiers étaient déconnectés des fondamentaux économiques. En d’autres termes, les marchés financiers et l’économie réelle n’étaient pas en phase et si une situation doit être considérée comme « anormale », c’est bien celle-ci.

Ce bref retour sur 2019 permet de saisir et comprendre les mouvements que l’on observe actuellement sur les places financières internationales. Aujourd’hui, on assiste en effet à une correction, c’est-à-dire à un retour aux fondamentaux économiques.

Indépendamment de l’incertitude liée à la crise sanitaire en elle-même, l’incertitude économique est toujours très importante. Pour ne citer que quelques exemples, malgré une légère accalmie, le conflit commercial sino-américain reste d’actualité, de même que les tensions géopolitiques au niveau mondial – en particulier, autour du pétrole. De façon similaire, les interrogations liées aux conséquences du Brexit subsistent, la crise migratoire ne cesse d’être d’actualité, etc.

Cette incertitude économique, majeure, se manifeste et s’illustre par une très forte volatilité sur les marchés financiers qui font le « yoyo » et reviennent ainsi vers les fondamentaux économiques.

À cet égard, il ne faut pas oublier que le cours d’une action que l’on observe sur les marchés financiers est censé refléter la valeur fondamentale, c’est-à-dire « réelle », définie comme la somme actualisée des anticipations de dividendes versés par les entreprises. La santé des entreprises étant mise à mal, les anticipations sont en berne, et la correction à la baisse des marchés n’est en conséquence pas surprenante.

Un facteur imprévu : le coronavirus

C’est dans ce contexte économique déjà bien fragile qu’est venue se greffer la pandémie. La propagation du coronavirus ne cesse de freiner l’activité économique à l’échelle internationale. La Chine a été la première à voir son économie tourner au ralenti, avec des répercussions majeures sur l’ensemble de l’activité économique au niveau mondial.

Les Echos

✔@LesEchos

En Chine, le coronavirus plus brutal que la crise financière de 2008 https://trib.al/hdKOOWa 

En Chine, le coronavirus plus brutal que la crise financière de 2008

En Chine, le coronavirus plus brutal que la crise financière de 2008

La deuxième puissance économique mondiale a vu son activité s’effondrer en février dans des proportions inédites, même pendant la crise financière de 2008, selon plusieurs indicateurs PMI. Le secteur…

lesechos.fr

1

7:06 AM – Mar 2, 2020
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De multiples entreprises dans le monde sont dépendantes de la Chine, leur activité est directement impactée et les perspectives économiques mondiales ont alors été revues très fortement à la baisse. L’Italie s’est ensuite vue confinée, puis, petit à petit, l’ensemble des pays du globe. Les répercussions économiques sont et seront très lourdes et le spectre d’une récession mondiale est désormais, à l’évidence, une réalité.

La chute des cours boursiers et l’extrême volatilité que l’on observe aujourd’hui sur les marchés reflètent cette situation économique très incertaine. L’incertitude économique est très fortement amplifiée par la crise sanitaire en elle-même et les multiples inquiétudes, légitimes, qu’elle suscite. Elle est aussi renforcée par la dégringolade des cours du pétrole ; cette dernière ayant fait prendre conscience aux marchés de la gravité de la situation économique qui s’annonçait.

Si le coronavirus a certes d’abord impacté la sphère réelle, avec le ralentissement de l’activité économique mondiale, et a ensuite affecté les marchés financiers, il n’en reste pas moins que la crise financière était latente. La pandémie a accéléré son déclenchement.

Par ailleurs, un effet boomerang est à attendre, avec le risque d’entrer dans un « cercle vicieux ». Le très fort ralentissement économique auquel nous assistons pousse en effet nombre d’investisseurs à vendre leurs actions. En procédant de la sorte, ceux-ci alimentent et renforcent la baisse sur les marchés, créant à nouveau des répercussions sur l’économie réelle en affaiblissant encore plus les entreprises. Ces phénomènes, bien connus en finance, renvoient à ce que les économistes qualifient de prophéties autoréalisatrices.

La récession économique est inévitable et la question de la sévérité de la crise financière est évidemment liée au risque de défaut sur la dette des entreprises. La crise majeure sera encore plus désastreuse si les banques suspendent leurs crédits aux entreprises et si elles interrompent les prêts interbancaires.

Avec le coronavirus, une dépression économique inéluctable ? (ARTE, 9 mars 2020).

Les faillites, et en conséquence les pertes d’emplois massives associées, seront alors inéluctables avec un enchaînement des défauts à même de produire un risque systémique. S’il est évidemment bien trop tôt pour savoir quelles seront la durée et l’ampleur de la récession attendue, tous les moyens doivent être mis en œuvre pour relancer la croissance et l’investissement des entreprises, tant de la part des autorités monétaires qu’au niveau des mesures gouvernementales.

Confinement : quand la vie de famille s’impose à l’entreprise

27 vendredi Mar 2020

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The Conversation

  1. Dima Younes

    Professeure associée de théorie des organisations, EM Lyon

  2. Ludivine Perray

    Professeure associée en finance et comptabilité, EM Lyon

EM Lyon

 

CC BY ND
Concilier télétravail, vie de famille et suivi scolaire, un “nouveau sport”, témoignent les internautes en confinement. Shutterstock
 

En temps d’épidémie, télétravail et garde d’enfants : les réactions des internautes résumées par TV5 Monde.

Omniprésence numérique

Au cours des dernières années, les études qui soulignent l’invasion de la vie personnelle par les activités professionnelles se sont multipliées. Dans une étude qui porte sur l’autonomie individuelle à l’ère du smartphone, des collègues états-uniens montrent comment les individus qui acceptent de répondre à leurs mails en dehors des heures de travail produisent des attentes de réponse à tout moment, qui intensifient leur travail. Ils se retrouvent alors dans l’incapacité de reprendre le contrôle de leur vie personnelle.


À lire aussi : Le droit à la déconnexion : vers une remise en question de la norme du « salarié idéal » ?


Les nouvelles technologies ont aussi bouleversé le travail dans la mesure où elles ont permis le prolongement des heures ouvrables comme dans les supermarchés équipés de caisses automatiques, ou ont offert la possibilité de travailler à n’importe quel moment sur des plates-formes proposant des microtâches qu’il est possible de faire en attendant le bus, ou sur n’importe quel autre temps mort – comme le soutiennent les promoteurs de ces modèles.


À lire aussi : La « gig economy » : vers une économie à la tâche mondialisée ?


A contrario, les lieux de travail ne se sont pas rendus plus flexibles ni plus perméables à la vie de famille. S’occuper de ses problèmes familiaux comme on peut s’occuper des problèmes professionnels chez soi – c’est-à-dire, de manière transparente – n’est certainement pas légitime sur le lieu du travail. On dit rarement à ses collègues de nous laisser un instant pour régler des soucis familiaux.

La famille et, en particulier, les enfants doivent rester invisibles à l’employeur. Ce dernier peut même développer des solutions comme les conciergeries ou les crèches d’entreprise pour que, justement, ces éléments ne viennent pas perturber le bon fonctionnement des affaires.

Lorsque les salariés ne parviennent pas à rendre leur vie personnelle invisible, ils subissent des sanctions. Les inégalités de salaire entre homme et femme en sont le symptôme le plus visible – ne serait-ce que parce que la femme procrée et non l’homme.

La crèche d’entreprise : solution au bien-être au travail ? (France 3, 2018).

Frontière de la vie privée

Cette volonté de rendre sa famille invisible à son employeur est accentuée avec l’autonomie professionnelle : plus nous avons de l’autonomie, plus nous chercherons à rassurer notre employeur sur notre dévouement et nos disponibilités pour nos tâches professionnelles, et plus nous chercherons à rendre notre famille invisible.

La faible participation des cadres à des évènements organisationnels comme « le sapin de Noël » témoigne de cette volonté de cacher sa vie familiale – et donc, son indisponibilité pour le travail – à son employeur. Certes, on entend certains (plus rarement certaines) évoquer la sortie de l’école de temps en temps, mais ces discussions restent rares. Elles visent d’ailleurs plutôt à se rendre sympathique et à donner une image plus humaine lorsque la performance professionnelle n’est pas remise en cause.

Tant que la technologie permettait de répondre à des mails sans que notre entourage professionnel ne s’incruste chez nous, rendre la famille invisible était encore possible. Maintenant, lorsque la visioconférence s’invite chez nous, cela devient impossible, encore moins nos curieux enfants qui défilent devant notre caméra lors de nos réunions virtuelles.


À lire aussi : Parents télétravailleurs : comment concilier l’inconciliable ?


Pour montrer leur dévotion à leur travail, certains choisiraient alors de faire croire qu’ils veulent s’en « débarrasser ». D’où les mises à distance qui abondent sur les réseaux sociaux depuis une semaine.

Reconnaissance personnelle

Le deuxième grand mécanisme à l’œuvre est celui de la gratification. Dans une étude sociologique qui vise à comprendre pourquoi les parents disent que leurs enfants sont leur priorité alors qu’ils travaillent des heures supplémentaires sans même qu’on ne le leur demande, Arlie Hochschild souligne l’intérêt de s’arrêter sur le concept de « reward », qui renvoie à une forme de récompense en français.

Elle montre que les salariés américains ne font pas toujours des heures de travail supplémentaires à la demande de l’employeur, ni par besoin financier, mais parce qu’ils en retirent plus de reconnaissance. Pour illustrer ce propos, elle rapporte la parole d’un père de famille qui souligne l’impossibilité du dialogue avec son adolescent alors qu’il a des rapports fluides avec ses collègues.

L’autrice montre que ces personnes se persuadent progressivement de leur indisponibilité, et commencent à imaginer ce qu’elles auraient fait si elles avaient plus de temps, à se créer des personnalités imaginaires. Le confinement nous enlève cette échappatoire qu’est le travail.

La reconnaissance, moteur de l’investissement au travail (Interview de Bob Davids, documentaire « Le bonheur au travail », Arte).

Cercle vicieux

S’il existe des personnes qui peuvent encore décider de leurs heures de travail, il reste que, dans le système capitaliste actuel où tout le monde est en compétition avec tout le monde, ceux qui restent longtemps pour fuir leurs problèmes familiaux obligent les autres à suivre…

Concernant les tentatives de réconciliation de la vie de famille et de la vie professionnelle, le terme d’épuisement revient souvent. Le défi n’est que plus grand si nous devons, en plus de notre travail, nous occuper de vos enfants, faire la classe à la maison, cuisiner pour tous les repas, faire le ménage plus fréquemment puisque tout le monde est là, et gérer le bien-être et les émotions de toute la famille.

De manière générale, l’épuisement provoque une surconsommation qui vise à la recherche d’un soi que nous n’arrivons pas à construire dans le temps qui nous est imparti. C’est la raison pour laquelle nous prenons des abonnements dans des clubs de sport alors que nous n’arrivons même plus à trouver l’énergie pour y aller, nous achetons des livres que nous savons ne pas avoir le temps de lire, nous couvrons nos enfants de jouets en espérant les mettre à distance, etc.


À lire aussi : Les abonnés absents des salles de sport


En perte de notre soi au milieu de ce chaos, nous faudra-t-il consommer pour nous « retrouver », et donc travailler plus dans l’espoir de gagner plus pour pouvoir maintenir ce cercle vicieux infernal ?

Cette trêve du temps capitalistique nous permettra-t-elle de sortir de ces cercles vicieux ? Pour l’instant, nous continuons à agir comme si de rien n’était. Mais combien de temps résistera-t-on ? La précarisation n’arrangera probablement pas les choses. Le marché du travail deviendra plus compétitif.

L’avenir nous dira si les malheurs provoqués par la crise sanitaire accentueront ce cercle vicieux, ou si la trêve nous permettra de ralentir la cadence et de trouver d’autres modes de vie, d’autres façons d’être et d’exister, et de retrouver l’équilibre entre la famille et le travail.

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