• Actualités régionales
    • Communes limitrophes
    • Régionales
  • Adhésion
  • André Lhote
  • Au-delà du 14 juillet, des interrogations tenaces sur l’usage des armées
  • Auteurs morts en 17, (déjà…)
  • BD « Sciences en bulles » : À la recherche des exoplanètes
  • Bonnes feuilles : Le château d’If, symbole de l’évasion littéraire
  • Comment la lecture enrichit l’éducation des enfants
  • Corruption, contrebande : le drame de Beyrouth et la question de la sécurité dans les zones portuaires
  • Des crises économiques à la crise de sens, le besoin d’une prospérité partagée
  • Evènements
  • Lecture : comment choisir un album qui peut vraiment plaire aux enfants
  • L’économie fantôme de l’opéra
  • L’Europe s’en sortirait-elle mieux sans l’Allemagne ?
  • Maladie de Lyme : attention au sur-diagnostic !
  • Mirmande
    • Pages d’histoire
    • AVAP et PLU
    • Fonds de dotation et patrimoine
  • NutriScore : quand l’étiquetage des aliments devient prescriptif
  • Penser l’après : Le respect, vertu cardinale du monde post-crise ?
  • Podcast : le repos, une invention humaine ?
  • Prévoir les changements climatiques à 10 ans, le nouveau défi des climatologues
  • Qui sommes-nous?
  • Réforme de la taxe d’habitation… et si la compensation financière n’était pas le seul enjeu ?
  • Revues de presse et Chroniques
  • S’INSCRIRE AU BLOGUE
  • Scène de crime : quand les insectes mènent l’enquête
  • The conversation – Changement climatique : entre adaptation et atténuation, il ne faut pas choisir
  • Une traduction citoyenne pour (enfin) lire le dernier rapport du GIEC sur le climat

Mirmande PatrimoineS Blogue

~ La protection des patrimoines de Mirmande.com site

Mirmande PatrimoineS Blogue

Archives Mensuelles: avril 2020

À quelles conditions la France peut-elle se réindustrialiser ?

30 jeudi Avr 2020

Posted by mirmandepatrimoines in Uncategorized

≈ Poster un commentaire

 

The Conversation

  1. Gilles Crague

    Directeur de recherches, École des Ponts ParisTech (ENPC)

  2. Denis Carré

    Chercheur, Université Paris Nanterre – Université Paris Lumières

  3. Nadine Levratto

    Directrice de Recherche au CNRS, Université Paris Nanterre – Université Paris Lumières

 

Université Paris Nanterre

ENPC - École des Ponts ParisTech

 

CC BY ND
Une couturière coud des masques dans une atelier de fabrication de l’entreprise Saint James, dans le nord de la France. Damien Meyer / AFP
 

Les conséquences économiques et sociales de la crise sanitaire invitent à une prise de distance pour en traiter les causes, anticiper les effets à moyen terme et tracer les contours du nouveau modèle économique qui pourrait en découler.

Dès les premiers signes de ralentissement économique en Chine au mois de janvier, les risques que l’interruption des chaînes d’approvisionnement faisaient courir aux entreprises européennes et françaises ont été soulignés, souvent tempérés par le fait que les stocks devaient suffire à passer la crise.

Or pour des raisons de sécurité sanitaire, mais surtout car l’approvisionnement ne permettait plus le fonctionnement des établissements, les usines ont fermé tour à tour.

La période souligne une nouvelle fois la relative fragilité des entreprises et des marchés vis-à-vis d’une rupture dans les grands flux d’échanges internationaux. Et ce en dépit de l’efficacité de plus en plus marquée des fameuses chaînes d’approvisionnement. D’où l’importance de maîtriser la production de biens et de conserver des moyens de production à proximité des marchés, a fortiori lorsqu’il s’agit de biens stratégiques.

Dans ce contexte, deux options de sortie de crise pourront s’esquisser. Maintenir le système existant en optimisant des composantes qui ont montré des signes de faiblesse comme la logistique et les transports, ou engager une transformation industrielle et écologique en dessinant un nouveau système productif.

« Business as usual »

La première possibilité consiste à fonder la reprise sur un rattrapage de la consommation, une sécurisation des flux de transport et des approvisionnements, et une augmentation des modalités de stockage, au moins pour certains biens dont la crise aura révélé le caractère stratégique. Il s’agit là de l’option « business as usual », qui perpétue en l’amendant le modèle d’« avant la crise ». Ce point de vue a été récemment développé par deux experts renommés de l’industrie (sur Telos ou sur The Conversation).

Pourtant, au-delà des fragilités que la crise révèle au grand jour, les problèmes qui lui préexistaient n’ont pas moins disparu. Le problème économique associé au déficit commercial manufacturier est croissant depuis le milieu des années 2000 (59 milliards d’euros en 2019 contre 42,5 en 2007), et constitue un problème géopolitique lorsqu’il touche à des biens stratégiques comme les médicaments.

L’enjeu écologique par ailleurs se reflète dans une empreinte carbone en pleine explosion du fait d’importations en progression. Entre 2000 et 2008, les émissions de CO2 dites importées uniquement liées au commerce international ont augmenté plus vite que la moyenne des émissions mondiales (+4,3 % par an en moyenne)

Réduire la dépendance française et européenne

Une seconde option pour la sortie de crise consiste à faire de la crise sanitaire une fenêtre d’opportunité pour opérer la transition du modèle économique actuel vers une autre organisation politico-économique.

L’objectif serait triple : accroître le dynamisme de l’économie et de l’emploi, s’ajuster au mieux à l’impératif écologique (et notamment à la question climatique) et enfin contribuer à l’indépendance géopolitique de la France et de l’Europe. Une analyse récente des chaînes globales de valeur indique que l’exposition de la France aux produits fabriqués en Chine a été multipliée par cinq entre 2000 et 2014. La refondation des politiques industrielles et la relance de l’industrie forment la clé de voûte de cette transition.

Elle impliquera de prendre en compte le contenu et l’organisation de nombreuses activités productives. Mais la réflexion stratégique manquera une partie des enjeux si la question territoriale en est absente.

Il faudra pour cela tenir compte des spécialisations existantes dans chaque territoire et mettre en valeur leur complémentarité. L’intégration sur un même site de différents segments des processus productifs ainsi que les coopérations entre acteurs économiques (publics et privés) seront également essentielles dans la nouvelle organisation du système industriel national.

Le retour en force du local

Une nouvelle industrialisation de l’économie française passera donc aussi par un processus de re-localisation. Les écosystèmes entrepreneuriaux ne se développent pas hors-sol et ont besoin de ressources matérielles et immatérielles à proximité pour se maintenir et se développer.

La période récente a d’ailleurs vu se développer l’idée selon laquelle l’avenir de l’industrie se trouve dans les milieux urbains, et la notion de « ville productive » est en train de s’implanter dans le monde des économistes et des agences de développement local.

Pourquoi donc vouloir « faire la ville avec l’industrie » après avoir tant espéré de la classe créative et des fonctions tertiaires supérieures comme moteur des métropoles ? Comment justifier ce pari qui paraît osé quelques mois après l’accident de Lubrizol, lequel rappelle que la cohabitation entre lieux de résidence et lieux de production peut s’avérer problématique ?

L’échec d’une « France sans usines »

À cela deux raisons. La première est liée à la faillite d’un modèle et des stratégies de développement économique fondées sur les chaînes globales de valeur, les transports et la logistique qui ont échoué à doper la compétitivité économique, à ralentir le chômage et à améliorer la cohésion des territoires.

Elle est inscrite dans le naufrage qu’a constitué le projet d’une « France sans usines » dénoncé par Jean‑Louis Levet en 1988, couplé à l’idée d’entreprises sans usine prônée par Serge Tchuruk. Facteur aggravant de la diminution en volume et en valeur de la production industrielle ainsi que de l’emploi du secteur manufacturier, cette conception du tissu économique n’a pas résisté à la crise de 2008.

Elle s’est vue progressivement remplacée par un recentrage sur les emplois des fonctions tertiaires supérieures concentrés dans les métropoles dont ils garantissent le succès à travers des gains de productivité, et les usines totalement robotisées de l’industrie 4.0, vision modernisée d’une industrie sans salariés. Remettre l’acte de produire au cœur de l’économie prend tout son sens lorsque le reste a échoué.

Figure 1 : Évolution de la production en volume. Insee, Comptes nationaux, base 2014

La nécessité de rapprocher l’industrie des villes

La deuxième raison est liée au fait que la fabrication et l’industrie ont besoin de la ville. Cette vieille idée a été développée il y a plus d’un siècle par l’économiste Alfred Marshall : l’existence d’économies externes d’agglomération appelle une proximité spatiale entre producteurs et donc, entre les sites de production et les travailleurs, que la densification des réseaux de transport ne suffira pas à assurer.

Quelles que soient les qualifications, les dotations en connaissance et les profils requis, le besoin de main-d’œuvre dans l’industrie manufacturière rend illusoire l’implantation généralisée d’industries sur des territoires isolés.

L’industrie reste majoritairement présente dans les métropoles et villes moyennes qui accueillent 70 % des emplois industriels (40 % pour les seules métropoles). Une partie conséquente des territoires d’industrie appartient à des aires urbaines de grande dimension, nourrissant ainsi « l’étonnante disparité des territoires industriels ».

Par exemple, la filière automobile en Île-de-France représente un emploi automobile français sur cinq faisant de la région le principal territoire automobile français.

Part de l’emploi salarié dans l’industrie (%). Insee, Clap

Ainsi, malgré ce recul de l’industrie dans l’économie et les discours (d’avant-crise), la production, la fabrication et plus globalement le secteur manufacturier continuent de jouer un rôle pivot dans les mécanismes de développement économique et une partie de l’analyse économique qui les fonde.

Des politiques publiques territorialisées

En faisant apparaître au grand jour les difficultés d’approvisionnement de certains produits clefs et la dépendance des producteurs nationaux aux marchés étrangers, la crise du Covid-19 a suscité un engouement aussi rapide que général pour le « made in France ».

Au-delà du caractère irréaliste et peut-être non souhaitable, d’une production 100 % nationale, produire en France et en ville n’ira pas de soi en raison des phénomènes de dépendance au sentier et de l’inertie inscrite dans le régime actuel de production. Atteindre cet objectif à court/moyen terme nécessitera un changement profond de politique industrielle et un remaniement radical des dispositifs d’aides aux entreprises.

Il ne s’agira pas simplement de distribuer davantage d’aides ou de renforcer les dispositifs d’allègement du coût du travail qui à ce jour, n’ont pas suffi à stabiliser le potentiel productif du pays.

Pour avoir des effets durables sur le tissu productif national, l’après-Covid-19 devra être marqué par des politiques publiques territorialisées (Europe, régions, collectivités locales) structurantes, de long terme et articulées autour de projets collectifs pour une plus grande coopération entre acteurs. La transition écologique peut en constituer le socle.

Maintenir la distance : tristesse à venir d’une socialité sans contacts ?

30 jeudi Avr 2020

Posted by mirmandepatrimoines in Uncategorized

≈ Poster un commentaire

 

The Conversation

Fabienne Martin-Juchat

  1. Professeure en sciences de l’Information et de la communication, Université Grenoble Alpes

Université Grenoble Alpes

 

CC BY ND
Quelles seront les conséquences de la crise sur la sociabilité ? TOBIAS SCHWARZ / AFP
 

Avez-vous vous aussi observé les changements qui affectent la socialité ordinaire ? Lors de nos rares sorties, les regards sont fuyants, les visages sont sévères, les saluts rares. Pourquoi un tel comportement ? Le Covid-19 ne se contracte pourtant ni par le regard, ni en disant « bonjour » à un passant. Ce changement qui ne se manifeste pas que dans les quartiers urbains et « sensibles » pourrait sembler anodin. Mais il annonce une évolution peut-être durable. Si Erving Goffman était encore vivant, comment qualifierait-il ce changement ?

Selon cet auteur qui fut à la fois éthologue, anthropologue et sociologue, les règles de politesse ne sont pas à prendre à la légère. D’après Norbert Elias, sans ce travail sur soi, cette autocontrainte, la civilisation occidentale ne serait pas ce qu’elle est : une société où, s’ils sont loin d’être réellement pacifiés, les espaces publics semblent quand même plus apaisés que dans d’autres siècles et sociétés.

Importance des rites de politesse

Le travail de mise en scène de soi dans la vie quotidienne évoqué par Goffman constitue un rituel contraignant. Dans les termes de Georges Simmel – influenceur de Goffman – il permet d’éviter le sentiment d’agression engendré par la simple co-présence corporelle.

« Tout être humain est entouré d’une sphère invisible dont la dimension peut varier selon les différentes directions et les différentes personnes auxquelles on s’adresse ; nul ne peut y pénétrer sans détruire le sentiment que l’individu a de sa valeur personnelle. L’honneur établit un territoire de ce genre autour de l’homme ; avec beaucoup de finesse, le langage désigne l’affront comme le fait de “s’approcher trop près” ; c’est le rayon de cette sphère qui définit en quelque sorte la limite qu’une personne étrangère ne peut transgresser sans porter atteinte à l’honneur. »

Les rites de politesse ont un rôle essentiel : afin de préserver l’interlocuteur, il s’agit d’éviter l’inquiétude d’être agressé, impliquée par la coprésence physique. Il a fallu des siècles d’éducation dans toutes les sociétés pour contenir cette pulsion animale de peur de l’autre qui mène à une réaction primitive : sauver sa peau.

Dans nos sociétés évoluées, même s’il reste toujours un lieu de pouvoir, l’espace urbain n’est pas une arène de fauves. Les passants se contiennent afin de ne pas paraître menaçants. Pourtant les règles de savoir-vivre ne sont jamais définitivement acquises. Ainsi des magazines ou des médias sociaux grand public rappellent régulièrement les bases du savoir-vivre.

Bouleversement des règles sociales

La peur d’être contaminé et la règle « maintenir la distance » agissent sur les fondements non conscients de la socialité. L’association des deux peut faire oublier très vite les règles apprises. La peur du virus qui maintient corporellement à distance et la loi qui justifie ce comportement, vont-elles bouleverser l’ensemble des règles de conduite dans toutes les situations sociales et en particulier professionnelles ? Cela va-t-il faire disparaître les cultures où le contact physique, la proximité corporelle sont des signes d’accueil spontané et de respect de l’autre ? Allons-nous mondialement basculer dans une société de haute technologie sans contact physique dont le berceau est l’Asie ?

Une note positive dans cette possible évolution : tous les ouvrages qui simplifient la communication corporelle (du type décoder les gestes qui vous trahissent) vont enfin pouvoir être démentis, car non avenus. Plus possible de décoder des gestes hors contexte. Plus rien ne sera signifiant d’emblée. Pour analyser des comportements non verbaux, la prise en compte de chaque situation devenue unique sera essentielle. Pour ne pas sombrer ni dans la tristesse ni dans la paranoïa, il faudra être créatif si l’on tient à exprimer la sympathie, à construire la confiance et la coopération sans contact physique, et tout cela à un mètre de distance ! La communication corporelle va évoluer, les yeux deviendront plus expressifs. Selon Alain Caillé, ce sont de nombreux comportements de civilité qui vont devoir être réinventés, voire notre culture dans son intégralité.

Sans contact physique, pas de sécurité affective

D’autres notes plus inquiétantes peuvent nous rendre nostalgiques, voire profondément tristes. Ce virus annonce-t-il l’avènement d’une culture de la socialité sans corps, à distance, cachée derrière des écrans ? Au prix d’une souffrance silencieuse de la disparition de la tendresse ? Ainsi, L’écologie urbaine occidentale et sa socialité associée n’aurait été qu’un épisode de l’histoire ?

Peut-on être heureux dans une société du tout numérique : ensemble, chacun chez soi ?

Depuis les travaux de John Bowlby, nous savons que le contact physique ritualisé crée une sécurité relationnelle essentielle, un besoin vital quel que soit l’âge. Ce besoin est premier avant même la nécessité de manger ou de boire. Un bébé animal ou humain meurt s’il est privé de contact physique. La sécurité affective procurée par le contact corporel à la figure de l’attachement (paternelle ou maternelle) est à la base du développement des animaux, dont celle de l’être humain, qui n’est qu’un mammifère haptique comme les autres.

Au fil des années, le maintien de la distance face à un étranger constitue pour l’humain un apprentissage. Il est alors important de noter que les pratiques du corps basées sur le contact physique (telles que, après les danses folkloriques, ce que nous appelons aujourd’hui le sport) ont été inventées dans les sociétés modernes afin de contrebalancer la violence faite au corps par le biais des éducations religieuses puritaines.

Depuis plus d’un siècle, les pratiques de soin et de connaissance de l’autre par le contact physique et le toucher se sont développées dans un contexte de sécurité sanitaire et de recul de la religion.

Dans nos sociétés modernes ce nous appelons la socialité ordinaire représente donc une construction où la coprésence corporelle a trouvé une place importante. Dans certaines communautés et sociétés, maintenir un mètre de distance va demander un effort considérable et provoquer une perturbation silencieuse.

Nouvelles règles de proxémie

Les cultures se distinguent par les règles qui régissent les distances entre les individus. E. T. Hall a nommé cette dimension cachée : la proxémique. En fonction des cultures, les règles de distance ne sont pas les mêmes. Les connaître permet de comprendre ce qui se joue dans des interactions. S’imposer comme autocontrainte de maintenir une distance corporelle envers autrui bouleverse cet édifice culturel, cet orchestre invisible. La proximité ne pourra plus être interprétée comme positive ou négative en fonction des contextes. La distance étant imposée, le sentiment de menace de notre liberté par interdiction de nous rapprocher sera exacerbé.

Ce Covid-19 et la biopolitique associée, définie par Michel Foucault comme le pouvoir exercé sur les corps des citoyens, requiert l’effort durable, par la maîtrise de nos mouvements physiques, de contenir ce qui semble souvent un élan spontané d’accueil d’autrui. Accolade, hug, poignée de main, main sur l’épaule, proximité physique dans les situations du quotidien, tout cela est susceptible de se transformer.

Ceci dit, la réassurance que procure le contact physique dans les relations n’est pas superficielle, elle est au cœur même de la relation humaine. Passée la crise, cette fonction dite phatique devra donc se réinventer pour signifier et soutenir l’entraide, la coopération, la confiance, le bien-être, la joie.

Comment l’ordre de l’interaction se reconstruira-t-il dans un contexte de pénurie phatique ? Les cultures qui marquent une distance physique entre les personnes auront sans doute plus de facilité à s’adapter. Et celles où l’être humain accepte que ces comportements non verbaux soient réglés et contrôlés par des autorités auront peut-être moins de difficulté à intégrer les changements.

Au-delà des situations de la vie courante, le plaisir du jeu corporel par le sport, la danse et toutes les autres pratiques d’écologie corporelle propres à nos sociétés est fondamental et on ne saurait s’en passer sans dommage. Si toutes ces activités devaient se trouver suspendues trop longtemps, cela engendrerait une grande souffrance, avec, on peut le craindre, le risque d’augmentation des violences physiques, en particulier conjugales, sous l’effet de la frustration, le sentiment de carence affective et l’impression que l’autre nous rejette.

En résumé, un seul conseil, maintenez la distance tout en préservant votre savoir-vivre et les bonnes manières !


L’autrice tient à remercier vivement Thierry Ménissier pour ses remarques, sa lecture attentive et ses suggestions.

Ce texte est publié simultanément dans la collection « Le virus de la recherche », une initiative de l’éditeur PUG en partenariat avec The Conversation et l’Université Grenoble Alpes.

Au pays de la gastronomie, qui sauvera le secteur de la restauration ?

30 jeudi Avr 2020

Posted by mirmandepatrimoines in Uncategorized

≈ Poster un commentaire

 

The Conversation

  1. Olivier Gergaud

    Professeur d’économie, Kedge Business School

Kedge Business School

CC BY ND
Les ratios d’endettement et de solvabilité des établissements traditionnels ont de quoi inquiéter. Franck Fife / AFP
 

La situation financière du secteur de la restauration traditionnelle est clairement inquiétante. Entre un quart des bars et restaurants, selon les estimations du guide Gault & Millau, et 40 %, d’après l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie, risqueraient de faire faillite des suites de la crise sanitaire du coronavirus. Qu’en est-il lorsque l’on regarde d’un peu plus près les comptes de ces établissements ?

Sur un échantillon de 14 667 établissements de type restauration traditionnelle (soit près de 15 % de l’ensemble de la population étudiée) extrait de la base Diane-Bureau van Dijk, 51 % seraient dans la zone rouge si l’on s’en tient au ratio d’endettement (endettement net/capitaux propres). Ce résultat doit toutefois être relativisé car, comme le confirme Éric Pichet, professeur à Kedge Business School et spécialiste d’analyse financière, ce secteur reste faiblement capitalisé. En effet, ce sont les charges de personnel qui constituent la majeure partie des coûts d’un restaurant.

Si l’on se réfère à un autre ratio populaire, celui de solvabilité (montant des ressources propres/total du bilan) on constate que bien un tiers de restaurants est en situation de grande fragilité financière (ratio en deçà des 20 % recommandés pour une saine gestion de l’établissement). Les craintes des instances professionnelles apparaissent donc tout à fait fondées.

Cette situation n’est pas surprenante quand on sait que le secteur a déjà été durement touché par la crise des « gilets jaunes » et plus récemment par les mouvements sociaux de décembre 2019 liés à la réforme des retraites.

Des aides insuffisantes

L’État, par l’intermédiaire de son ministre de l’Action et des Comptes publics, Gérald Darmanin, a promis une annulation de 750 millions d’euros de charges fiscales le 15 avril dernier. Cette mesure concerne à la fois le secteur de l’hôtellerie, de la restauration, des arts, spectacles et activités récréatives.

Selon nos calculs, ce montant correspondrait au mieux à un mois d’exonération de contributions.

Gérald DARMANIN

✔@GDarmanin

A la demande d’@EmmanuelMacron nous travaillons à l’annulation des charges dans les secteurs les plus en difficulté, comme la restauration et l’hôtellerie.
Dans ces secteurs, nous avons déjà reporté 750 millions d’euros de charges. Nous les annulerons. #Europe1

Embedded video

405

9:21 AM – Apr 15, 2020
Twitter Ads info and privacy
304 people are talking about this

C’est bien insuffisant dans la mesure où nous en sommes déjà à plus d’un mois d’inactivité et que les restaurants ne vont vraisemblablement pas pouvoir rouvrir rapidement après le 11 mai. On parle d’ailleurs de réouvertures avec aménagements, ce qui signifierait moins de couverts dans de nombreux établissements, et donc des pertes significatives de chiffres d’affaires.

N’oublions pas enfin que la clientèle étrangère risque de manquer cruellement aux établissements les plus prestigieux pendant un temps encore incertain. Ajoutons à cela que la rentabilité de certains de ces établissements dépend pour une partie non négligeable des recettes de leur hôtel, aujourd’hui nulles.

Comment aller plus loin ?

Plusieurs acteurs économiques sont aujourd’hui en mesure de compléter l’aide de l’État. D’abord, le secteur des assurances est sollicité pour venir en aide aux entreprises en difficulté, même si ces dernières ne sont pas au plan contractuel couvertes pour ces risques de nature sanitaire. Le secteur n’est pas obligé d’agir mais sa réputation pourrait pâtir d’une fin de non-recevoir.

En effet, les sociétés d’assurance n’ont pour le moment pas à se plaindre de la situation actuelle qui génère un nombre plus faible de sinistres à couvrir. La Mutuelle d’assurance des instituteurs de France (MAIF) a, par exemple, décidé récemment de reverser 100 millions d’euros à ses sociétaires détenteurs d’un contrat auto en leur proposant de simplement percevoir cette somme ou de l’offrir à trois associations qui œuvrent particulièrement pendant la pandémie (Assistance publique – Hôpitaux de Paris, Institut Pasteur, Secours populaire).

La redistribution de ces surplus accumulés par l’ensemble des sociétés d’assurance pourrait donc être redirigée vers des entreprises des secteurs les plus touchés, sous forme, par exemple, de baisses voire d’exonérations de paiement.

Les consommateurs eux aussi se mobilisent pour générer de la trésorerie et tenter de sauver leurs établissements favoris via des sites comme « Sauve ton resto » ou encore « J’aime mon bistrot ». Ces sites permettent de passer des précommandes solidaires dès maintenant auprès de restaurants fermés en vue du déconfinement. Les partenaires fondateurs de « J’aime mon bistrot » participent aussi à l’effort de solidarité en créditant 50 % additionnels sur les 20 000 premières commandes.

Le site web « J’aime mon bistrot » montre la fonctionnalité de précommande solidaire. Site web

L’État pourrait rapidement généraliser ce genre de cagnottes (pas seulement pour ce secteur d’ailleurs) et abonder ainsi en fonction des préférences des consommateurs. Une participation à cet élan populaire de type mécénat apparaît nécessaire dans la mesure où les sommes dépensées aujourd’hui sous forme de commandes anticipées ne le seront vraisemblablement pas plus tard.

Une traduction en anglais de ces sites, accompagnée d’une promotion dédiée permettrait en outre de toucher un public étranger, amoureux de notre gastronomie et prêt, à n’en pas douter, à la soutenir en ces temps difficiles.

Bientôt un fonds d’investissement dédié ?

Le plan de relance annoncé par l’exécutif le 24 avril dernier semble aller dans cette direction. À court terme, le fonds de solidarité créé au début de la crise sera renforcé et son accès élargi à des entreprises de taille plus importante (20 salariés).

Les mesures de chômage partiel seront également prolongées au-delà du 11 mai pour les entreprises qui ne pourront redémarrer à cette date.

Pour compléter le dispositif, un fonds d’investissement (avec l’aide des banques et des sociétés d’assurance) est envisagé. Ses contours, qui porteront notamment sur l’orientation des fonds, devraient être annoncés le 14 mai prochain. Il serait à ce sujet judicieux que le besoin de soutien différencié des artisans du fait maison entre dans l’équation. Leurs problématiques restent en effet bien spécifiques par rapport aux établissements recourant massivement aux produits de l’industrie agroalimentaire !

Les radicalisations au temps du Covid-19

29 mercredi Avr 2020

Posted by mirmandepatrimoines in Uncategorized

≈ Poster un commentaire

 

The Conversation

  1. Elyamine Settoul

    Maitre de conférences en science politique, Equipe Sécurité Défense, CNAM Paris, Conservatoire national des arts et métiers (CNAM)

Conservatoire national des arts et métiers (CNAM)

 

CC BY ND
Pendant une manifestation contre le confinement à Columbus, Ohio, le 18 avril 2020. Megan Jelinger/AFP
 

Si la vague d’actions djihadistes survenues au cours des dernières années et la crise mondiale provoquée par le Covid-19 relèvent de deux types de menaces fondamentalement différentes, l’une sanitaire, l’autre sécuritaire, force est de constater des similarités dans les réactions sociétales et politiques qu’elles ont cristallisées.

Sidération et repli national

L’élément le plus directement perceptible a été l’effet de sidération généré par ces deux phénomènes, qui présentent comme dénominateur commun d’être insaisissables, invisibles et bien évidemment mortifères. L’anxiété engendrée par l’usage d’une médecine de guerre dans des établissements hospitaliers saturés et la mobilisation massive des forces de sécurité à travers l’Opération Résilience rapproche encore un peu plus les deux phénomènes dans l’imaginaire des citoyens. Le parallèle est également conforté par la réaction présidentielle. À l’instar de François Hollande qui avait lancé sa « guerre contre le terrorisme » après la vague d’attentats de 2015, Emmanuel Macron n’a pas hésité à parler de « guerre » contre le coronavirus. Usant du terme à six reprises lors de son allocution du 16 mars, le chef de l’exécutif a, tout comme son prédécesseur, sonné la mobilisation patriotique et enjoint les Français à faire bloc contre l’ennemi.

Comme les violences terroristes, la pandémie que nous traversons n’a pas manqué de réveiller les instincts les plus primaires de l’être humain. Si les actions de l’État islamique avaient contribué à renforcer la stigmatisation des populations de confession musulmane un peu partout sur la planète, le coronavirus a jeté l’opprobre sur des diasporas chinoises présentées comme les propagatrices exclusives de cette calamité. Nombre d’agressions anti-chinoises ont été recensées en différentes zones du monde. Le président Trump n’a pas hésité à qualifier le Covid-19 de virus chinois. Péril islamiste et péril chinois ont d’une certaine manière réactivé les vieilles peurs de l’Orient profondément enfouies dans l’inconscient occidental, phobies réactualisées et popularisées de manière savante à travers la théorie hungtingtonienne du « choc des civilisations » qui faisait des espaces civilisationnels musulmans et chinois la source des futurs conflits internationaux.

Plus inquiétant, ces réflexes grégaires ont trouvé à se manifester dans les relations inter-étatiques, révélant un peu plus l’ampleur de la crise du multilatéralisme qui secoue les nations occidentales. Confrontés à une pénurie généralisée de matériel médical, certains pays n’ont pas hésité à se « confisquer » les précieux équipements. Les autorités tchèques auraient ainsi intercepté près de 680 000 masques envoyés par la Croix-Rouge chinoise aux professionnels italiens tandis que la France a, suite à un décret, réquisitionné des cargaisons de masques à destination de ses voisins italiens et espagnols. Les Français ont également vu leur échapper une commande de matériel médical achetée par des Américains sur le tarmac d’un aéroport chinois. Nul doute que cette philosophie du « chacun pour soi et le Covid-19 pour tous » laissera des marques dans une Europe aux principes de solidarité déjà bien moribonds.

Conspirationnisme et engagement radical

Sur ce terreau de la peur prospèrent les théories conspirationnistes et les rumeurs les plus improbables. De même que l’État islamique avait été assimilé à un artefact occidental (CIA, Mossad…), certaines théories circulant sur les réseaux sociaux ont interprété l’émergence du Covid-19 comme l’émanation d’un projet de guerre biologique ou bactériologique entre Américains et Chinois pour la future domination de l’économie mondiale. 23 % des « gilets jaunes » pensaient que l’attentat perpétré sur le marché de Noël de Strasbourg le 11 décembre 2018 était une manipulation gouvernementale destinée à affaiblir leur mouvement social tandis que trois Américains sur dix considèrent que le coronavirus a été fabriqué par des scientifiques chinois afin d’affaisser leur système économique.

Notons toutefois que les registres argumentatifs du complotisme diffèrent selon les territoires idéologiques. Les mouvances d’ultra-droite voient dans cette crise sanitaire une conspiration fomentée par les élites du « nouvel ordre mondial », le Zionist Occupation Governement (gouvernement d’occupation sioniste) ou les conséquences indirectes d’une immigration chinoise trop massive.

L’Express

✔@LEXPRESS

Les suprémacistes blancs américains veulent utiliser le Covid-19 comme une arme biologique https://www.lexpress.fr/actualite/monde/amerique-nord/les-supremacistes-blancs-americains-veulent-utiliser-le-covid-19-comme-une-arme-biologique_2121693.html?utm_term=Autofeed&utm_medium=Social&utm_source=Twitter&Echobox=1584963276#xtor=CS3-5083 …

Les suprémacistes blancs américains veulent utiliser le Covid-19 comme une arme biologique

Selon une note interne du Département américain de la sécurité intérieure révélée par Yahoo News, la propagation du virus est une « obligation » pour eux.

lexpress.fr

9

7:27 PM – Mar 23, 2020
Twitter Ads info and privacy
See L’Express’s other Tweets

Aux États-Unis, certains groupuscules suprématistes ont diffusé des messages de haine dans plusieurs quartiers chinois et appelé à se servir du Covid-19 comme d’une arme biologique contre leurs ennemis (minorités ethniques, FBI). Le même procédé a été relayé outre-Manche où le British National Socialist Movement a conseillé à ses militants infectés par le Covid-19 d’aller visiter les synagogues et les mosquées de leur lieu de résidence.

Comme le démontrent de nombreuses études, les moments de crise ont des impacts cognitifs sur les populations. Ces dernières tendent à devenir plus perméables aux idées populistes et nationalistes. Les mouvements proches de ces idéologies souhaitent donc capitaliser au maximum sur cette période d’incertitude afin d’attirer et éventuellement recruter de nouveaux membres.

À l’opposé du spectre, les groupes d’ultra-gauche ne sont pas moins dynamiques. Le 1er avril 2020, cinq véhicules des services pénitentiaires d’Amiens ont été incendiés et un départ de feu d’un bâtiment a été constaté. Les activistes ont laissé un slogan anarchiste sur un mur. Au Havre, ville du premier ministre Édouard Philippe, un acte de sabotage a endommagé pas moins de 1,5 kilomètre de fibre optique. En Allemagne, l’institut Heinrich Hertz de Berlin a été incendié par un groupe d’ultra gauche nommé Vulkan Gruppe. L’institut

aurait été visé en raison de son projet de création d’une application destinée à tracer les porteurs du Covid-19. Plusieurs pays étrangers (Royaume-Uni, Irlande, Pays-Bas..) recensent le sabotage de dizaines d’antennes 5G faussement accusés de favoriser la propagation du virus.

Si les activistes d’ultra-droite ciblent principalement des symboles de la technocratie et les minorités ethniques, les nébuleuses d’ultra-gauche se mobilisent plus spécifiquement contre ce qu’elles considèrent comme une montée en puissance d’un État « Big Brother » désireux d’imposer de nouvelles contraintes néo-libérales ou de déployer des dispositifs liberticides afin de mieux contrôler la population.

Le Monde

✔@lemondefr

Sous le feu du Covid-19, la soif d’en découdre de l’ultra-gauche : des violences attribuées à cette mouvance, parfois en cheville avec des « gilets jaunes » radicalisés, sont recensées sur le territoire. https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/04/18/sous-le-feu-du-covid-19-la-soif-d-en-decoudre-de-l-ultra-gauche_6037035_3224.html?utm_medium=Social&utm_source=Twitter#Echobox=1587217509 …

Les services de renseignement s’inquiètent d’un regain d’activisme de l’ultra-gauche

Des violences attribuées à cette mouvance, parfois en cheville avec des « gilets jaunes » radicalisés, sont recensées sur le territoire.

lemonde.fr

308

10:18 AM – Apr 19, 2020
Twitter Ads info and privacy
473 people are talking about this

Au-delà des orientations idéologiques, les effets sociétaux du Covid-19 semblent générer un terreau favorable pour des passages à l’action violente. Il n’est pas inutile de rappeler ici que les paradigmes théoriques les plus cités sur les processus de radicalisation postulent que le point de départ se situe toujours dans un événement déstabilisant ou inattendu (accident, décès, crises diverses…). Ce moment de crise va générer une ouverture cognitive chez l’individu qui va alors développer une plus grande réceptivité à de nouvelles idées et visions du monde afin de tenter de trouver des réponses à ses questionnements.

Les réponses radicales ou « clés en main » apparaissent alors comme des options particulièrement attractives dans le sens où elles fournissent aux individus un cadre analytique souvent simplifié de la réalité. L’identification d’une cible rendue responsable de tous les malaises de la société (Juifs, musulmans, Chinois, élites capitalistes, forces de l’ordre…) fournit un espace de sens et un réconfort psychologique à l’individu. L’effervescence sociale suscitée par la pandémie est donc susceptible d’être capitalisée par certains groupuscules afin de polariser les sociétés. Polarisation qui peut orienter les sociétés vers une réflexion plus profonde sur les futurs défis civilisationnels qui nous attendent ou alimenter des instincts de repli identitaire ou de satisfaction de pulsions de violence..

Quelles leçons philosophiques tirer de la crise sanitaire ?

29 mercredi Avr 2020

Posted by mirmandepatrimoines in Uncategorized

≈ Poster un commentaire

 

The Conversation

  1. Xavier Pavie

    Philosophe, Professeur à l’ESSEC, Directeur académique programme Grande Ecole à Singapour et Directeur du centre iMagination, ESSEC

ESSEC

 

CC BY ND
Lundi de Pâques à La Baule pendant le confinement. Sébastien Salom-Gomis / AFP
 

Quand le monde fait face à une réalité qui le dépasse, quand la vie des êtres humains est en jeu, les questions d’ordre philosophique refont surface. C’est « l’étonnement qui poussa comme aujourd’hui, les premiers penseurs aux spéculations philosophiques », disait Aristote.

La période de peur, de panique et d’angoisse que nous traversons oblige à remettre la pensée au centre de notre quotidien. Et le questionnement qui en résulte est l’essence de la philosophie qui, depuis au moins 2500 ans, interroge le monde.

Nous sommes confrontés à l’expérience inédite de devoir bouleverser totalement, pour un temps indéterminé, des pratiques journalières jusque-là guidées par la perspective du productivisme et de l’efficacité. Du jour au lendemain, nous sommes contraints de réinventer un quotidien où il n’y a plus de moyen de produire, de participer au processus actif de la société.

Règles de vie

En confinement, nous pourrions relire des penseurs comme Thoreau, parti au XIXe siècle s’isoler dans les bois, sans aucun lien avec le monde des « actifs » ; ou encore Pétrarque qui rejoint au XIVe siècle l’ermitage du Vaucluse et décrit dans La vie solitaire, son expérience de s’isoler du monde pour méditer, philosopher, écrire de la poésie. Pétrarque oppose ainsi à la société productiviste une vie solaire et contemplative.

La différence avec la situation présente est que notre confinement, nous ne l’avons pas choisi, et que donc cela nous effraie. Cette crainte résonne d’autant plus fortement qu’elle pose des questions existentielles. Nous entendons en effet que certaines choses sont dites essentielles et d’autres non essentielles.


À lire aussi : Au temps du coronavirus, l’étonnante mélancolie du vide


Une majorité d’individus s’entendent dire que ce qui nourrit leur quotidien, ce pourquoi ils se lèvent le matin, l’endroit qu’ils fréquentent une grande partie de leur vie n’est finalement pas essentiel. Ce qui devient important est de se demander si l’on va avoir suffisamment à manger et demeurer en bonne santé.

Se rendre compte de la futilité de notre existence n’est pas sans amertume et c’est pourquoi nous avons pu observer des résistants aux premières heures du confinement, résistance qui a fait place à la panique, au chacun pour soi : stocker des aliments, des produits ménagers, partir se réfugier loin des villes…

Il est vrai que l’autonomie de nos comportements, dans le sens de la responsabilité envers les autres n’est pas facile à trouver parce qu’encore une fois, ce n’est pas dans nos habitudes. Dans notre vie quotidienne, nous suivons les réflexes d’un comportement acquis. Il faut donc changer les règles de notre vie de tous les jours, restaurer un rythme de vie. Il faut accepter qu’en confinement, notre vie ne peut être aussi plaisante qu’en temps ordinaire, qu’on ne peut pas faire ce que l’on veut mais ce que l’on peut.

Métro La Chapelle à Paris, 27 mars 2020. Joël Saget/AFP

Il y a une forme d’obligation à vivre en autonomie. Pour Kant, l’autonomie signifie définir seul ses propres règles de vie et de morale. Cela réclame de mettre à distance ses passions, ses peurs, ses sentiments, faire un calcul rationnel des intérêts collectifs en se disciplinant. Un travail sur soi qui est inédit et plutôt angoissant, puisque l’individu et ses intérêts priment souvent sur le reste.

Penser collectif, agir individuellement

Il est à noter que cette situation s’établit à la fois sur le plan individuel et collectif et l’on note en quoi il y a un fort partage social des émotions dans les communautés. Les réseaux sociaux deviennent ainsi le déversoir de nos peurs tout autant que de nos amusements. Dans la panique ambiante on partage et on rediffuse sans cesse, un flux d’informations continu, qui nous écrase et nous empêche de penser, de prendre du recul. Il n’y a plus de distance entre ce qui est en train de se passer et le moi en tant qu’individu.

Pour les philosophes il ne s’agit pas de paniquer, il s’agit de comprendre et réussir à se comporter en tant qu’individu dans la société. Et dans le cas actuel, il y a ce paradoxe entre le repli sur soi et la solidarité. D’un point de vue quotidien et conceptuel c’est très intéressant.


À lire aussi : Philosophie : le confinement selon Leibniz


On nous dit d’être solidaires mais cela ne fonctionne que si nous avons des comportements individuels, par exemple se laver les mains, se protéger, être confiné. Nous devons faire bloc ensemble comme le répètent les gouvernants, mais cela ne peut passer que par des comportements individuels. La philosophie de Kant peut encore une fois nous donner des pistes sur ce travail paradoxal, que cette crise nous force à effectuer sur nous-mêmes : nous devons nous isoler, nous replier sur nous-mêmes pour, justement, protéger l’autre.

Angoisse, isolement, ennui : en Chine, les effets secondaires du coronavirus (France 24).

En quelques jours, nous apprenons que chacun de nous est peut-être une bombe à retardement, puisque nous pouvons être porteurs de la maladie et la transmettre. Il y a un aspect sacrificiel, un don inconditionnel et gratuit de soi, au fait de rester à la maison sans aucun contact, sinon virtuel, avec autrui.


À lire aussi : Pourquoi a-t-on peur face à l’épidémie ?


Un « comment vivre » antique

Le but de la philosophie dans l’antiquité est de répondre au comment vivre. Nous sommes torturés par des passions telles que la quête du pouvoir, la recherche de l’argent, la peur, l’angoisse, la vieillesse, la maladie, la trahison, la mort. Comment vivre malgré tout cela ?

Trois écoles philosophiques y répondent : les stoïciens, les épicuriens et les cyniques. Ces écoles développent des « exercices spirituels » pour combattre ces maux, une pratique destinée à transformer, en soi-même ou chez les autres, la manière de vivre, de voir les choses.

Si les stoïciens sont les plus pertinents pour la crise actuelle, c’est parce qu’ils ont développé une philosophie de l’acceptation. La plus grande phrase d’Épictète : « il y a des choses qui dépendent de nous et il y a des choses qui n’en dépendent pas » est très éclairante. Ce qui ne dépend pas de moi est le contexte, ce virus devenu pandémique. Ce qui dépend de moi est la distanciation sociale, les règles d’hygiène, le respect de soi (prendre soin de soi) si l’on veut prendre soin des autres.

Les stoïciens ont quatre vertus cardinales que l’on peut mettre en perspective avec le contexte.

  • La première est la sagesse, c’est savoir accueillir ce qui se passe avec calme et sérénité. Ne pas chercher un coupable et ne pas céder à la panique.
  • La deuxième dimension est la justice, c’est savoir interagir avec les autres, éduquer, montrer l’exemple, respecter les consignes.
  • Le troisième axe est la modération. Il s’agit de ne pas céder à la panique de l’achat, contrôler ses impulsions, modérer ses plaisirs, ne pas chercher à partir, à acheter ce qui n’est pas nécessaire.
  • La quatrième dimension est le courage de prendre des décisions qui ne sont pas plaisantes, décider ce qui est bon pour le bien commun.

Travail sur soi

Nous n’avons pas vraiment appris des dernières épidémies (SARS, H1N1…) ni même adapté nos modes de vie en termes d’hygiène, équipement en masques, etc. Cette fois-ci peut être aurons-nous la destruction en vue de la création d’un monde plus responsable et solidaire.

Dès les premiers temps du confinement, il y a eu des réflexes de solidarité spontanés, des personnes font les courses pour leurs voisins âgés, affaiblis ou en situation de précarité. Que restera-t-il de tout cela à la sortie du confinement ? Tirerons-nous les leçons de ce mode de vie un peu forcé mais qui nous pousse à nous responsabiliser vis-à-vis des autres ?


À lire aussi : Ce que les manifestations publiques révèlent de notre rapport au monde en confinement


Indéniablement, ce que nous devons retenir au-delà de la crise est le travail sur soi. Il s’agit d’un autre apprentissage qui nous vient de Pascal qui disait que « le malheur des hommes est de ne pas savoir rester ou demeurer seul en repos dans sa chambre ». Pourquoi ? Parce qu’on a envie d’être en voyage, en déplacement professionnel, de fréquenter des amis, de se réunir pour dîner, de partir en vacances à droite à gauche.

Tout cela n’est-il pas finalement que superficialité ? N’est-il pas l’occasion d’apprendre à travailler sur soi et être capable de vivre en compagnie de soi-même ? N’est-ce pas l’occasion de réinstaurer un espace de pensées individuel et collectif qui semble nous manquer depuis quelques semaines ?


Cet article a été écrit avec Karl Brozek, professeur de philosophie à Nantes.

Penser l’après : Le confinement, un rite de passage ?

29 mercredi Avr 2020

Posted by mirmandepatrimoines in Uncategorized

≈ Poster un commentaire

 

The Conversation

  1. Vanessa Oltra

    Maître de conférences en économie, créatrice du festival FACTS, Université de Bordeaux

  2. Gregory Michel

    Professeur de Psychologie Clinique et de Psychopathologie, Institut des Sciences Criminelles et de la Justice, Université de Bordeaux, Université de Bordeaux

Région Nouvelle-Aquitaine

Université de Bordeaux

 

CC BY ND
Joseph Mallord William Turner, Landscape with a River and a Bay in the Background Wikipédia
 

Les chercheuses et les chercheurs qui contribuent chaque jour à alimenter notre média en partageant leurs connaissances et leurs analyses éclairées jouent un rôle de premier plan pendant cette période si particulière. En leur compagnie, commençons à penser la vie post-crise, à nous outiller pour interroger les causes et les effets de la pandémie, et préparons-nous à inventer, ensemble, le monde d’après.


Nous sommes plus de trois milliards de personnes à être confinées en ce moment, soit la moitié de la population mondiale. Face au caractère inédit de la situation, il est tentant de croire qu’un changement fort adviendra « après » la crise. Mais sortirons-nous vraiment transformés par cette épreuve ? À quoi ressemblera « l’après » ?

Si l’incertitude règne en ce temps de confinement mondial, elle semble en effet coexister avec la croyance, partagée par un grand nombre, que le monde ne sera plus le même après cette catastrophe sanitaire. Une croyance qui semble davantage reposer sur un vœu pieux, celui que nous ne puissions pas revenir à l’état antérieur, à ce qui constituait notre normalité, une normalité qui portait déjà en elle les germes de la catastrophe (mondialisation effrénée non réglementée, désengagement de l’État, baisse des dépenses publiques de santé…). Cette croyance renvoie également à une forme de bon sens : si c’est de cette « normalité » que la catastrophe a émergé, il n’est pas concevable d’y revenir.

Mais qu’en est-il vraiment de notre capacité à changer durablement, individuellement et collectivement, nos comportements et nos modes de vie ? Sommes-nous dépendants des lois de l’homéostasie – phénomène selon lequel la pression interne du biologique ou externe du système nous contraint à la stabilité, à l’équilibre, le plus souvent au travers d’un retour à un état antérieur ? La pandémie qui sévit pourrait-elle, au contraire, marquer une bifurcation radicale de notre système et conduire à un changement de paradigme ? Pouvons-nous identifier in vivo ce qui pourrait constituer les conditions favorables à une bifurcation effective, pour reprendre la terminologie de la théorie des catastrophes du mathématicien René Thom, de notre système et de notre trajectoire de développement ? Un tel changement peut-il s’opérer dans un contexte d’incertitude radicale, sans connaissance de la destination, ni feuille de route ? Telles sont les questions auxquelles nous tentons d’apporter un éclairage dans cet article en mobilisant le concept anthropologique de liminarité (ou liminalité).

Edgar Morin@edgarmorinparis

Ce monde n’est pas fini, il va gigoter encore; apres le confinement un boom économique provisoire le rassurera
Seule un nouveau mouvement citoyen animé par une pensée forte et une conscience lucide pourra ouvrir le chemin d’un monde nouveau.

7,884

1:40 PM – Mar 26, 2020
Twitter Ads info and privacy
3,553 people are talking about this

« Je ne peins pas l’être, je peins le passage » : les trois étapes des rites de passage

Pour faire face à la catastrophe, l’humanité est invitée à « rester à la maison », à pratiquer la distanciation sociale et à se confiner. Cet état de confinement général nous place dans une situation singulière dans laquelle nous sommes amenés à stopper nos déplacements, nos interactions sociales et nos routines quotidiennes, sans pour autant cesser de travailler et de nous mobiliser. Ce confinement, présenté comme un acte civique, nous place dans un état intermédiaire entre la pause et l’agitation, un entre-deux inconfortable dans lequel nos repères sont balayés à l’intérieur même de notre « chez-soi ». Cet entre-deux, cet état de marge n’est pas sans rappeler les états liminaires identifiés en anthropologie comme l’étape essentielle et fondatrice des rites de passage.

Coucher de soleil écarlate, Turner. Wikipedia

Dans ses travaux pionniers sur les rites de passage, l’anthropologue français Arnold Van Gennep identifie trois phases : la phase de séparation durant laquelle l’individu est disjoint de son environnement et de son flot d’activités quotidiennes ; la phase de liminarité (du latin limen qui signifie le seuil), aussi appelée période de marge, qui est la phase de transition durant laquelle l’individu se trouve entre deux états ou statuts ; et la phase d’incorporation qui marque la réintégration de l’individu dans son environnement avec un statut, une identité et un état modifiés.

Les trois étapes des rites de passage selon Van Gennep.

C’est dans la phase de liminarité que se mettent en place les processus de déstructuration, de remise en question des normes, des repères, des valeurs et de l’identité (sociale, familiale, professionnelle…), mais aussi et surtout d’ouverture et de transformation de l’individu, ou d’un groupe d’individus, pour les conduire à un état modifié plus mature. Dans les années 60, l’anthropologue britannique Victor Turner reprend les travaux d’Arnold Van Gennep et approfondit le concept de liminarité en étudiant comment l’expérience, au sens phénoménologique du terme, et la personnalité des individus peuvent être modifiées par la liminarité et par l’intégration de cette expérience. Turner (1982) suggère que la phase de liminarité peut être vue comme une sorte de « limbe social » qui combine des attributs de l’état initial et final (c.-à-d., avant et après le rite), et qui est essentielle pour développer une compréhension plus nuancée des deux états. Il les qualifie d’espaces d’expérimentation et de jeu (« daring microspaces ») dans lesquels les individus peuvent recombiner leurs savoirs et leurs pratiques, renégocier leurs identités, réinterroger leurs valeurs et leurs croyances.

C’est parce que cette phase crée les conditions d’un changement profond et durable que le concept de liminarité est également repris, depuis une dizaine d’années, dans plusieurs disciplines. Dans le domaine du management et des organisations, il est utilisé pour étudier les modes de changement et les processus d’adaptation des organisations et/ou des individus au sein des organisations. En psychologie, la liminarité est appliquée dans le champ de l’adolescence, plus précisément aux processus de la séparation (c.-à-d., séparation du monde de l’enfance, phase d’immaturité) et de l’individuation (c.-à-d., intégration au monde de l’adulte, phase de maturité), ainsi que dans le champ de la formation de l’identité. Auprès de personnes ayant vécu un traumatisme, la phase liminaire peut également être travaillée comme une phase de transition nécessaire à la reconstruction psychique de soi ainsi qu’à la réinsertion sociale.

Un espace possible de liminarité et de réflexivité

Aussi, en quoi ce concept de liminarité peut-il nous éclairer sur ce que nous sommes en train de vivre et les potentialités d’un changement durable de nos modes de vie et de développement ? Cette situation de confinement mondial présente-t-elle des caractéristiques de liminarité ? Le cas échéant, cette expérience collective de liminarité pourrait-elle nous faire « grandir » et sortir de nos comportements à risques (économiques, écologiques, sanitaires…) d’une humanité « adolescente » en quête de sens et d’identité ? Pourrions-nous faire de ce que nous vivons un rite de passage plutôt qu’une tragédie du déclin ?

Difficile de répondre à ces questions, alors même que nous sommes au cœur de la crise et que nous ne disposons pas du recul suffisant. Pour autant, il nous semble nécessaire de ne pas attendre « l’après » pour le penser et tenter d’identifier dans ce que nous vivons, à la fois les leviers de changement et de créativité, ainsi que les forces d’inertie qui pourraient nous conduire à ne pas apprendre de notre expérience collective. C’est sur ces points que le concept de liminarité peut être éclairant.

La distanciation sociale et le confinement nous placent, vus sous l’angle des rites de passage, dans un état qui présente des caractéristiques de liminarité : séparation de notre communauté sociale, état transitoire de pertes de repères et d’anxiété, espace entre-deux qui conjugue des éléments inédits et familiers (c.-à-d., séparation de l’environnement habituel de travail/poursuite de l’activité professionnelle dans l’espace familier du « chez-soi »), remise en question de nos représentations, normes sociales et valeurs (recentrage sur les valeurs essentielles, notamment familiales).

Tout comme dans les rites de passage, la liminarité créé ici des conditions d’interruption de nos routines et pratiques quotidiennes, d’exploration et d’expérimentation hors cadres professionnel et social usuels (ex : télétravail, réunions par visioconférence, moments de convivialité à distance…), nous invitant à adopter de nouvelles règles et normes (ne plus s’embrasser ou se serrer la main, se parler en gardant une distance de sécurité, utiliser un masque de protection qui dissimule notre visage…), à réinterroger nos représentations, notre rapport au temps et notre identité. Cette dimension d’être « hors » est fondamentale à la liminarité et nous renvoie à la problématique même de l’existence, dont l’étymologie latine existere ou exsistere signifie « sortir de, s’élever de ».

C’est pourquoi Turner étend l’utilisation du concept aux situations qui constituent ce qu’il appelle le « drame social dans lequel le cours ordinaire de la vie est suspendu ». Le drame social, tel que celui que nous vivons aujourd’hui, met en évidence la dimension de destruction créatrice de la liminarité. Un état qui incite à la réflexion et à la réflexivité, à une quête de sens dont attestent les nombreux témoignages sur les réseaux sociaux et la multiplication des journaux de confinement.

Identifier les conditions d’un changement durable et incorporé

Si l’analogie avec la liminarité est parlante sur certains points, elle demeure néanmoins incomplète et problématique sur trois points essentiels.

En premier lieu, contrairement aux rites dans lesquels séparation et liminarité ont vocation à effacer les inégalités pour ramener l’individu à sa condition humaine et communautaire, notre expérience du confinement exacerbe les inégalités sociales. Si l’épidémie semble toucher tout le monde, indépendamment des classes sociales (avec toutefois une mortalité bien plus forte pour les plus fragiles et les plus démunis), tous les individus ne bénéficient pas des mêmes conditions de confinement et des mêmes dispositions et dispositifs pour développer des stratégies d’évitement des risques et en minorer les conséquences. Cette épidémie nous renvoie bien à notre destin commun d’espèce humaine en danger, mais elle met aussi en lumières de façon criante, et souvent insupportable, les inégalités sociales, au risque de nous diviser, de nous désunir et d’entraver ainsi le processus de changement collectif.

Tout l’enjeu est alors de définir des « communs », en termes de valeurs, d’identités et de principes éthiques et moraux pour faire primer l’esprit collectif, réduire les inégalités sociales et restaurer notre sentiment d’appartenance à une communauté humaine. Un esprit de communauté d’autant plus difficile à développer que nous sommes appelés à nous éloigner les uns des autres, et à voir l’autre comme une source potentielle de danger pour notre santé.

En second lieu, si la question du sens et de l’identité est fondamentale dans la liminarité des rites de passage, elle se pose aujourd’hui dans des conditions très spécifiques. En effet, le caractère inédit de la situation ainsi que l’ampleur et la gravité de la crise nous invitent à une réflexion et une remise en question profonde de nos modes de vie et de nos valeurs, mais sans que le sens ne nous soit donné ou incarné par l’institution ou l’autorité qui nous a placés en état de marge. En d’autres termes, ni le sens ni la destination (ou l’état final après ledit changement) ne sont donnés, ni même déterminés par le politique, ce qui constitue une différence fondamentale par rapport aux rites de passage institués.

Si le confinement est présenté comme l’unique moyen de lutter contre la pandémie, son sens ne s’arrête évidemment pas là… C’est avant tout un moyen de pallier les inefficiences de notre système de santé et de notre modèle économique (des dizaines de milliers de lits d’hôpitaux supprimés ces vingt dernières années, insuffisance des stocks de masques et de respirateurs, manque d’anticipation et de préparation à la gestion d’une pandémie, etc.). Si l’Homo œconomicus, figure emblématique de la théorie économique rationaliste, semble fortement contraint par ce confinement, force est de constater que c’est surtout de sa santé économique future que l’on s’inquiète, en se demandant quand et comment il pourra se remettre au travail « as usual », afin d’éviter l’effondrement de nos économies. Or ce sont bien le sens, les valeurs morales et l’identité de cet Homo œconomicus qui doivent être remis en cause pour construire un nouvel ordre économique et social qui place la santé de tous au cœur de ses priorités. Une économie au service de la santé de tous, et non une santé au service de l’économie, qui soit aussi une économie du temps long et de la prudence (la prudence étant définie par le père de l’économie politique Adam Smith comme l’une des vertus morales essentielles à l’humanité).

Un moment-clé

La question du cadre et des fonctions symboliques, essentielle dans les phases de liminarité des rites de passage, demeure également très floue. Existe-t-il véritablement un cadre pour cette expérience de confinement au-delà des interdictions, des autorisations et des sanctions imposées par les États ? Quelles sont les valeurs transmises ? Par qui et comment sont-elles incarnées et supervisées ? Autant de points déterminants des processus de changement et de transformation à l’œuvre dans la phase liminaire qui restent ici en suspens.

Joseph Mallord William Turner, Norham Castle, Sunrise, c. 1845. Tate

La mise en scène médiatique et politique qui repose sur les ressorts tragiques du catastrophisme et la rhétorique guerrière, sont-ils les plus adaptés pour nous conduire vers un changement collectif et des comportements plus responsables ? Certainement pas. Lors de son allocution du 13 avril, le Président Emmanuel Macron a changé de ton, en tentant d’esquisser un cadre et d’incarner un changement de cap, en se référant notamment à « l’utilité commune » et à un « monde d’après bâti sur les principes de justice sociale et de solidarité ». Mais ce cadre doit s’incarner concrètement dès à présent, dans cette phase liminaire, se traduire par des actes et des décisions collectives, pour restaurer la confiance de tous dans l’avenir, dans le progrès et dans nos institutions, une confiance indispensable pour construire ensemble et s’engager dans ce monde d’après. À cet égard, l’intérêt collectif et le bien commun devraient, par exemple, s’appliquer dès à présent dans la recherche scientifique et médicale sur le Covid-19, en donnant lieu à une mutualisation mondiale des connaissances et une coopération internationale sans précédent, en rupture totale avec l’habituelle course aux brevets.

En conclusion, le concept anthropologique de liminarité apparaît comme une heuristique pertinente et un concept fécond pour appréhender la crise que nous traversons, en termes de transition et de changement. Cette approche par la liminarité est également proposée par l’anthropologue danois Bjørn Thomassen qui, dans son livre Liminality and the Modern (2014), l’applique à la société entière pour étudier les périodes de transitions et de changements historiques suite à des révolutions, des guerres, des catastrophes naturelles ou encore économiques et politiques. Thomassen identifie trois niveaux de l’expérience liminaire : le niveau de l’individu, de la communauté et de la société ; qu’il met en lien avec trois types de durée, à savoir moment, période, époque.

Sur le plan sociétal, Thomassen montre que la liminarité permet d’appréhender les transitions, au niveau macro et micro, en mettant l’humain au centre de la transformation. La liminarité se présente alors comme un moment clé où il nous faut démasquer le poids de l’idéologie et reconstruire notre éthique et les fondements moraux de notre société.

Quelle guidance ?

Toutefois, cette phase de liminarité est aussi à appréhender avec la plus grande prudence, en particulier la question de sa sortie. Les rites de passage ont toujours un « maître de cérémonie » qui assure une certaine guidance et les individus connaissent leur « destination », en lien avec leur processus de développement et de maturité. Comme le souligne Thomassen, l’incertitude et le chaos des phases liminaires sont autant source d’espoirs que de dangers, permettant éventuellement à certains « illégitimes » de s’autoproclamer maîtres de cérémonie.

Cette crise nous révèle que seuls les États peuvent gérer une crise d’une telle ampleur et garantir l’intérêt public, et qu’une nouvelle forme de solidarité et de coopération internationale est nécessaire pour affronter et prévenir ces risques et ces crises mondiales. Une solidarité internationale qui peine à se mettre en place et dont les rares instances, en particulier l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’Organisation des Nations Unies (ONU), ne parviennent à s’imposer dans la gestion de crise. L’OMS, créée suite à la pandémie de grippe espagnole, semble au contraire menacée par la récente annonce de Donald Trump de suspendre la contribution américaine. L’ONU, quant a elle, met en garde contre de nombreux dangers liés à la pandémie, notamment le risque d’une régression des droits humains (certains États pourraient profiter de la pandémie du Covid-19 pour réduire les droits de l’homme)

Au final, la question de la sortie de la liminarité et, pour reprendre la terminologie des rites de passage, de la réintégration dans un nouvel état plus mature du monde, ne se résume pas au seul déconfinement, à la découverte d’un vaccin, ni même à la fin de cette pandémie du Covid-19. L’enjeu du passage est de nous laisser transformer, individuellement et collectivement, par la liminarité, d’en tirer tous les enseignements pour nous redéfinir et mettre en œuvre un nouvel ordre, un autre modèle économique et social, capable d’anticiper et de gérer les risques économiques, sociaux, sanitaires et écologiques générés par le monde d’avant. Et si nous ne savons pas quand et comment aura lieu « l’après », il est certain qu’il se préfigure dans le présent.

« Je ne peins pas l’être. Je peins le passage : non un passage d’âge en autre, ou, comme dit le peuple, de sept ans en sept ans, mais de jour en jour, de minute en minute. Il faut accommoder mon histoire à l’heure. Je pourrai tantôt changer, non de fortune seulement, mais aussi d’intention : c’est un contrôle de divers et muables accidents, et d’imaginations irrésolues, et quand il y échoit, contraires : soit que je sois autre moi-même, soit que je saisisse les sujets par autres circonstances, et considérations. » (Montaigne, Essais III, II, « Du repentir »)

Penser l’après : La reconstruction plutôt que la reprise

28 mardi Avr 2020

Posted by mirmandepatrimoines in Uncategorized

≈ Poster un commentaire

 

The Conversation

  1. Patrick Criqui

    Directeur de recherche émérite au CNRS, Université Grenoble Alpes

  2. Sébastien Treyer

    Directeur général, Iddri, Sciences Po – USPC

Université Grenoble Alpes

Université Sorbonne Paris Cité

Sciences Po

 

CC BY ND
Jamesbin/Shutterstock
 

Les chercheuses et les chercheurs qui contribuent chaque jour à alimenter notre média en partageant leurs connaissances et leurs analyses éclairées jouent un rôle de premier plan pendant cette période si particulière. En leur compagnie, commençons à penser la vie post-crise, à nous outiller pour interroger les causes et les effets de la pandémie, et préparons-nous à inventer, ensemble, le monde d’après.


Le « cygne noir » désigne un événement très peu probable, non anticipé et aux conséquences incalculables. La crise du Covid-19 ne répond pas strictement à cette définition puisque le risque d’une pandémie avait été maintes fois signalé dans différents rapports de l’OMS ou du PNUE, et aussi dans la littérature d’anticipation.

Mais il est certain que ses effets sont aujourd’hui incalculables : l’enchaînement des conséquences économiques et sociales de la crise et la détresse sanitaire et humaine qui en découleront restent malheureusement encore à découvrir. Il aurait fallu s’y préparer, mais aujourd’hui les politiques, les experts les plus chevronnés, les citoyens, tous doivent affronter une situation d’incertitude radicale sur les développements futurs de cette crise.

Comment se préparer à l’après et avec quelles armes, alors même que, dans l’ébranlement du monde, il faut gérer l’urgence ?

Gardons-nous d’une instrumentalisation des événements en cours dans la poursuite d’autres fins et, évidemment, chacun voit dans la crise une confirmation de son appréhension du monde. Mais il est clair que l’ampleur du choc exogène sera telle qu’un effort de reconstruction s’impose. Autant le mettre à profit pour engager des transformations durables dans la dynamique de la société mondiale.

C’était l’optique du New Deal de Roosevelt au début du XXe siècle, qui cherchait à piloter ensemble trois horizons d’action : l’intervention d’urgence, la relance, et un profond changement dans le projet de société (relief, recovery, reform). C’était aussi la perspective des accords de Bretton Woods qui ont permis de refonder le système économique et financier mondial, dans la reconstruction de l’après-Seconde Guerre mondiale.

Les jours d’après, il faut en discuter maintenant.

Les bouleversements que nos sociétés auront subis avec l’actuelle crise sanitaire pourraient très bien conduire, comme le souligne l’économiste turc Dani Rodrik, à approfondir les tropismes nationaux comme les tendances délétères du monde d’avant – inégalités, dégradations environnementales, captures du pouvoir…

Mais elles pourraient aussi constituer une rupture féconde à condition, comme le souligne Joseph Stiglitz, que la gravité des périls permette de dépasser les égoïsmes nationaux de court terme. En tous cas, à moins de souhaiter un simple retour au statu quo, la réflexion collective doit être menée dès maintenant.

Jamesbin/Shutterstock

Apprendre des crises passées ?

Dans ce contexte si particulier, le retour sur les crises du passé est nécessaire, même si aucune ne donne toutes les clés pour penser l’après. La crise actuelle est radicalement nouvelle.

La relance suite aux crises financières, comme celles de 1929 ou plus près de nous de 2008, donne le cadre de référence dans lequel est le plus souvent envisagé la sortie de crise, à travers une reprise de la consommation et de l’investissement. Mais la relance keynésienne n’est pas toujours la solution, comme l’avaient déjà montré les réponses aux chocs pétroliers des années 1970, qui avaient aggravé des déséquilibres économiques structurels et conduit à la révolution monétariste de Margaret Thatcher et Ronald Reagan.

Un simple effort de relance ne serait pas approprié à la nature et à l’ampleur des problèmes que nous traversons actuellement. Pedro Sanchez, le chef du gouvernement espagnol, parle bien de « reconstruction ». Ce qui nous renvoie plutôt au processus de rétablissement après la Seconde Guerre mondiale, avec des enjeux à trois niveaux : l’analyse économique pour reconstruire des systèmes mis à terre tant du côté de l’offre que de la demande ; l’exercice de la solidarité, au sein des sociétés nationales et à l’international ; enfin, la nécessaire refondation d’un projet politique autour de la coopération, comme ce fut le cas pour l’Europe de l’après-guerre.

C’est donc à la fois en s’appuyant sur les enseignements des crises passées, mais aussi en définissant des cadres conceptuels et des solutions nouvelles, qu’il faut prendre dès maintenant le temps de reconsidérer trois grandes questions : la coopération dans un monde aujourd’hui à la fois globalisé et fracturé ; le rôle de l’analyse économique dans la réflexion sur le processus de reconstruction des économies ; la nécessaire transformation des modèles de consommation et des modèles productifs associés… Vaste programme !

Entre globalisation et repli sur soi… œuvrer pour le retour de la coopération internationale

Le bilan des trente dernières années de globalisation accélérée reste encore à faire. Les impacts positifs de ce mouvement, qui a bouleversé l’économie mondiale ne peuvent être ignorés : depuis 1990 le nombre de personnes vivant sous le seuil de la grande pauvreté (avec moins de 1,9 dollar par jour) est passé de 1,9 milliard à 700 millions, alors que le taux de pauvreté passait de 35 % à moins de 10 % aujourd’hui. Résultats très significatifs, même si la baisse de la pauvreté s’est jusqu’à présent concentrée en Chine et en Asie du Sud-Est.

Mais, depuis plusieurs années déjà, les coûts de cette globalisation étaient manifestes : déstabilisation des économies les plus développées, chômage et fragilisation de régions entières, extension des chaînes logistiques et intensification des transports… La crise du Covid-19 renforce évidemment les risques, et donc les coûts associés, puisque l’un des principaux facteurs de diffusion concerne l’hypermobilité des personnes sur la planète.

La question est donc posée, avec d’autant plus d’acuité aujourd’hui, de savoir s’il faut revenir en arrière : la démondialisation est-elle possible, est-elle souhaitable ?

Possible, elle l’est sans doute et les débuts de la guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis, lancée par Donald Trump au nom de la défense de la production américaine, en témoignent. Souhaitable, c’est une autre histoire. Une démondialisation par le repli sur soi et la fermeture des frontières commerciales aurait des conséquences dramatiques en matière de désorganisation des économies et d’appauvrissement des populations, en particulier dans le contexte d’une économie mondiale déjà déstabilisée.

Jamesbin/Shutterstock

La recherche de résilience va-t-elle réellement modifier la structure productive matérielle de cette mondialisation (chaînes d’approvisionnement, logistique, stocks de sécurité…) ? Il est trop tôt pour prévoir ce que feront dans ce domaine les grands acteurs économiques et les gouvernements.

La démondialisation pourrait en outre déboucher sur un affaiblissement des dispositifs multilatéraux en faveur de l’environnement, comme l’illustrent les reports ou les annulations de nombreuses réunions clés, alors même que 2020 devait être une année majeure tant pour le climat, la biodiversité et l’océan que pour l’Agenda 2030 du développement durable. Il est impératif que des contacts efficaces, même entre un nombre limité de pays, soient maintenus afin de préserver les chances d’accords internationaux ambitieux sur la biodiversité. C’est nécessaire aussi pour que de grands blocs économiques comme l’Inde, la Chine et l’Europe décident conjointement d’annoncer des engagements renforcés en matière de climat.

La pandémie nous montre qu’à côté des biens communs, il y a aussi des maux communs. L’interdépendance est inévitable et les solutions du repli sur soi sont portées par des intérêts à court terme, égoïstes et mal compris. Les besoins de résilience et de protection passent en fait par davantage de coopération. C’est bien le cas à l’échelle européenne, fondamentale pour renforcer la protection des populations, la sécurité d’approvisionnement, la souveraineté économique. C’est une question d’intérêt bien compris.

Et cela pose de nombreuses questions sur les mandats et les moyens d’action donnés à la Commission européenne pour sa politique intérieure, mais aussi extérieure. Les réflexions sur le « Green deal » européen, parallèles à celles sur les « Nouvelles infrastructures » en Chine, devraient conduire à des échanges d’expérience et des coopérations. Elles pourraient ainsi prendre le pas sur les marchandages commerciaux et la concurrence industrielle aveugle. C’est dans ces échanges, difficiles, mais concrets et porteurs d’avantages réciproques, que peuvent se construire d’autres scénarios de mondialisation.

Car en Europe comme à l’échelle mondiale, la crise révèle les dangers d’un monde politiquement fragmenté où dominerait l’impuissance à agir de concert. Peut-on encore s’attendre à ce que des coopérations qui paraissaient déjà improbables en régime de croisière deviennent politiquement possibles à la faveur de la crise systémique en cours ?

Il faut en tous cas tout faire pour renforcer la prise de conscience des interdépendances et des gains apportés par la coopération. C’est la seule option pour transformer les périls majeurs d’aujourd’hui en opportunités pour le futur.

Jamesbin/Shutterstock

L’économie peut-elle aider à penser la reconstruction plutôt que la reprise ?

Dans cette prise de conscience, l’expertise scientifique a un rôle majeur à jouer. La confiance dans les scientifiques existe dans les sondages d’opinion, malgré la circulation accélérée d’informations non référencées ou manipulées sur les réseaux sociaux. La crise actuelle devrait conduire à renforcer cette confiance et ainsi le rôle joué par les scientifiques.

Mais elle met aussi au premier plan l’une des dimensions de l’activité scientifique, celle des controverses qui lui sont consubstantielles. Le public découvre que dans le domaine de l’épidémiologie, comme en économie : « Les experts sont formels, mais très souvent ils ne sont pas d’accord ». Cette difficulté doit être affrontée par les politiques et gérée de manière à construire néanmoins des consensus collectifs.

En ce qui concerne l’économie, les contributions utiles à la définition des politiques publiques devront tout d’abord s’appuyer sur le réexamen d’un certain nombre de questions fondamentales. Retenons-en trois à ce stade : la question de la sécurité, celle de la dette, enfin celle de l’équilibre dynamique entre l’offre et la demande.

Premièrement : la sécurité – qui doit combiner robustesse et résilience des systèmes sociotechniques et des écosystèmes – a un coût. Ceci fut largement oublié dans les grandes réformes de libéralisation à partir des années 1980 dans les pays anglo-saxons, plus tardivement en France. Ainsi dans de nombreux domaines, dont la santé, la montée des contraintes économiques et financières a conduit à faire la chasse aux capacités de réserve ou aux stocks jugés inutiles. On constate aujourd’hui les risques portés par ces stratégies de gestion.

De même, dans l’énoncé des politiques énergétiques européennes l’objectif était d’assurer un approvisionnement à la fois sûr, compétitif et soutenable. Sans qu’il y ait alors conscience de la contradiction potentielle entre un bas prix de l’énergie et la sécurité d’approvisionnement. Contradiction que l’on retrouve d’ailleurs entre un prix bas de l’énergie pour la compétitivité et le nécessaire renchérissement de ce prix pour que les industriels et les consommateurs réduisent leurs consommations d’énergie et leurs émissions.

L’organisation des systèmes productifs, des stratégies économiques des grands groupes multinationaux aux modes de gestion des services publics, doit aujourd’hui être repensée dans un régime d’instabilité chronique. En matière de changement climatique, il s’agit de faire face aux risques en se préparant à des tendances de fond en partie inéluctables, quel que soit l’effort d’atténuation (montée du niveau des mers, augmentation de la fréquence et de la magnitude des événements extrêmes). On ne peut alors qu’essayer de penser des systèmes adaptatifs ou de résilience transformative. Mais pour que ces concepts se traduisent dans la réalité, il faudra accepter d’abandonner le principe du fonctionnement au moindre coût de court terme.

Deuxièmement : la dette. Elle n’est pas un problème… tant que le débiteur trouve des prêteurs, donc apparaît solvable à long terme, donc maîtrise l’équilibre entre ses ressources récurrentes et ses obligations de remboursement. C’est ce que rappelle Jean Tirole lorsqu’il indique qu’il n’y a pas de chiffre magique pour le maximum d’endettement et que tout dépend des multiples facteurs qui déterminent la pérennité financière de chaque État. Or il est certain aujourd’hui que les dettes publiques vont bondir dans les prochains mois et que de fait chaque État devra donner des gages de sa solvabilité à long terme.

Là encore, au-delà des différentes solutions techniques envisageables, la solidarité internationale, et singulièrement la solidarité européenne, seront un élément-clé de la capacité de chaque État à gérer une dette augmentée de vingt, trente pour cent ou plus. Certains y voient même une expérience cruciale pour la survie de l’Europe.

Troisièmement : la nécessaire gestion des équilibres offre-demande de produits et services dans l’économie. La théorie de l’équilibre général est construite sur des hypothèses de comportement des agents pris isolément. C’est une démarche dite micro-économique. Elle a des mérites importants pour décrire et expliquer les mécanismes économiques en conditions d’évolution régulière. Mais hors de l’équilibre, et nous sommes déjà et serons hors équilibre dans la crise du Covid-19, la question se pose de la nécessaire mise en convergence de la demande et de l’offre totale dans l’économie. Et on assiste logiquement au grand retour de Keynes, théoricien des déséquilibres, invoqué par l’économiste française Esther Duflo. Reste à savoir s’il s’agira du Keynes de la relance de la demande après la crise de 1929 ou du Keynes du financement par l’impôt de l’effort de guerre en 1940.

Cette question de l’ajustement dynamique de l’offre et de la demande se posera de manière encore plus aiguë dans la reconstruction des systèmes énergétiques. On sait que pour sauver le climat, il faudra décarboner et donc désinvestir du secteur des énergies fossiles pour investir massivement dans les autres énergies. Mais à quel rythme et qu’adviendra-t-il alors sur les marchés de ces énergies fossiles ? Sera-t-il possible d’assurer un timing ordonné entre la réduction de la demande et celle des capacités de production ?

Dans ce domaine, tout déséquilibre se solde par de nouveaux chocs, à la baisse ou à la hausse des prix. Sans mentionner la situation dramatique de ceux des pays exportateurs qui ne disposent pas de réserves financières suffisantes. Là encore, une bonne analyse économique et une coordination internationale efficace seront nécessaires.

Jamesbin/Shutterstock

Concilier sobriété et maintien d’un niveau suffisant d’emplois décents

Si l’économie doit assurer l’ajustement de l’offre et de la demande globale et sectorielle, elle devra aussi s’attaquer au défi d’assurer de manière durable le nombre nécessaire d’emplois décents, en quantité et en qualité. Et cela dans un monde qui sera traversé par de véritables lames de fond.

La pandémie actuelle a remis en pleine lumière l’importance des emplois du soin et des services à la personne, ainsi que ceux des commerces essentiels et de la logistique. Nul doute qu’il faudra reconsidérer leur statut dans la société. Mais dans le même temps, comme le souligne l’économiste Daniel Cohen, les technologies numériques vont continuer à bouleverser les autres secteurs avec notamment plus de télétravail, mais aussi moins d’emplois de services à tâches répétitives. La transition énergétique sera également pourvoyeuse d’emplois, mais dans des secteurs comme la rénovation thermique des bâtiments, aujourd’hui encore mal structurés.

Et la demande peut profondément changer, en volume et en structure. Le déploiement de nouveaux modèles d’alimentation ou de mobilité peut s’accélérer. La massification du télétravail va-t-elle réduire significativement les déplacements de commuters ? Le tourisme de masse, conduisant au « surtourisme », va-t-il disparaitre ou se transformer ? L’alimentation, qui laisse aujourd’hui trop de place à la viande va-t-elle évoluer plus rapidement vers des régimes plus équilibrés ? Va-t-on assister à une réorganisation durable des chaînes d’approvisionnement pour des sources plus locales et plus diversifiées, avec acceptation de prix plus élevés reflétant la qualité environnementale et sociale des produits ?

L’expérience actuellement vécue d’une forme de rationnement n’a que peu de chances de conduire à une rupture brutale vers plus de sobriété, alors que cette dernière semble pourtant indispensable d’un point de vue écologique. Le risque est qu’à la sortie de la crise, la consommation reparte comme avant, non seulement en raison d’un effet report, mais aussi et surtout parce que le premier moteur économique de nos sociétés est celui de la consommation. Dans une société durable, il faudra consommer moins, mais investir plus pour des produits et une énergie de meilleure qualité, ce qui permettra de sauvegarder l’emploi.

Après le choc de la crise, reconstruire une société plus durable ne pourra se faire qu’en imaginant des transitions progressives, certes les plus rapides possible, mais sans croire que le jour d’après sera tout de suite différent du monde d’avant : cela demandera un énorme effort collectif, rendu possible par l’inévitable réflexion sur le lien social et la coopération que la crise impose aux citoyens comme aux États.

Diversifier et régionaliser pour mieux régner : le futur de la mondialisation post-coronavirus

28 mardi Avr 2020

Posted by mirmandepatrimoines in Uncategorized

≈ Poster un commentaire

 

The Conversation

  1. Vincent Vicard

    Economiste, CEPII

  2. Guillaume Gaulier

    Chercheur associé, CEPII

CEPII

 

CC BY ND
Le coronavirus a mis en lumière les risques de dépendance en matière d’approvisionnement. Unsplash
 

La crise du Covid-19 a mis en lumière certaines fragilités liées à l’organisation des chaînes de valeur mondiales. En provoquant tout d’abord des ruptures d’approvisionnement en provenance de Chine, puis des pénuries de matériel médical et de protection pour lesquels la France et l’Europe dépendent des importations, elle vient questionner le processus de mondialisation à l’œuvre depuis plusieurs décennies.

Pour autant, faut-il s’attendre à un tournant majeur ?

Diversifier les sources d’approvisionnement

Du point de vue des entreprises multinationales organisant les chaînes de valeur mondiales, la crise a révélé les risques liés à une trop grande dépendance envers un lieu de production unique pour certains intrants très spécialisés, dont il est difficile de se procurer un substitut à court terme.

Ces risques de rupture d’approvisionnement sont considérés au niveau stratégique par les grandes entreprises, et constituent un des paramètres dictant l’organisation des chaînes logistiques.

L’existence de tels risques n’est pas nouvelle. À titre d’illustration, l’entreprise Peugeot a été obligée de mettre à l’arrêt plusieurs chaînes de production en septembre 2011 à la suite de la rupture d’approvisionnement de vis par son principal fournisseur.

La même année, l’interruption temporaire de la production du fournisseur d’une pièce montée sur les débitmètres intégrés dans les moteurs diesel, à la suite du tremblement de terre de Tohoku le 11 mars 2011 au Japon, a entraîné une réduction forcée de la production sur certains de ses sites d’assemblage en France, en Espagne et en Slovaquie.

Cette rigidité des chaînes de valeur mondiales, illustrée particulièrement dans le cadre du tsunami au Japon, souligne l’exposition des entreprises à des perturbations chez leurs fournisseurs stratégiques, quelle que soit leur localisation dans le monde.

Les entreprises optimisent leurs chaînes d’approvisionnement de façon à réduire leurs stocks et leurs coûts d’approvisionnement en fonction du risque perçu sur leurs fournisseurs et de leur importance dans le processus de production. La crise du Covid-19 pourrait ainsi amener certaines multinationales à revoir leur évaluation des risques de rupture d’approvisionnement, en portant une attention accrue à la concentration géographique de la production de certains composants.

Des employés de l’hôpital Wilhelmina à Assen aux Pays-Bas fabriquent des masques pour palier la pénurie, le 20 mars 2020. Vincent Jannink/AFP

Une telle réévaluation aboutirait à une diversification des pays d’approvisionnement, de la même manière que les grands groupes peuvent maintenir plusieurs fournisseurs pour renforcer la résilience de leur chaîne logistique. Mais diversification ne signifie pas nécessairement relocalisation sur le territoire national ou régionalisation des chaînes de production.

Rappelons d’ailleurs qu’en dépit de leur nom, les chaînes de valeur mondiales sont déjà largement régionales. Les importations françaises de biens intermédiaires proviennent ainsi à 66 % de l’Union européenne contre 9,3 % des États-Unis et 5,1 % de Chine (moyenne sur la période 2015-2017 à partir des données BACI).

La production à flux tendu en cause

Pour certains secteurs, la question de l’existence de sites de production alternatifs à la Chine, dont la taille de marché et la disponibilité de fournisseurs dans certains secteurs sont sans équivalents aujourd’hui, se pose cependant. L’exemple du conflit commercial sino-américain montre qu’une relocalisation de certaines activités n’est pas aisée, même si l’accumulation des risques (sanitaires, géopolitiques) pourrait faire basculer les stratégies de localisation.

Conversation France

✔@FR_Conversation

Matériel médical : les effets secondaires de la guerre commerciale sino-américaine https://bit.ly/2VbWtBb 

View image on Twitter

3

12:55 AM – Apr 8, 2020
Twitter Ads info and privacy
See Conversation France’s other Tweets

Étant donné le caractère global de la crise actuelle, on peut d’ailleurs se demander quelle stratégie de diversification aurait été pertinente à partir du moment où toutes les grandes zones économiques sont touchées par des mesures de confinement et des arrêts de production. La désynchronisation des chocs, entre l’Asie, d’une part, et l’Europe et les États-Unis d’autre part, pourrait par ailleurs permettre aux pays en confinement de bénéficier de l’offre étrangère, notamment de masques et de matériel médical chinois ou coréens aujourd’hui.

En période normale, l’ouverture commerciale permet de réduire la volatilité du revenu national en diversifiant l’exposition aux chocs domestiques notamment. Ainsi, c’est peut-être davantage l’organisation en flux tendu de la production qui pourrait être remise en cause par la crise actuelle que l’existence des chaînes de production mondiales.

La méthode de production à flux tendu est largement issue du toyotisme, système qui vise à minimiser les stocks et les en-cours de fabrication. Photo prise dans une usine Toyota à Onnaing en France. Pascal Rossignol/AFP

Le déploiement des chaînes mondiales de production et leur organisation en flux tendu répondent à une logique de réduction des coûts pour les entreprises. Toute décision de relocalisation visant à assurer la résilience des chaînes d’approvisionnement entraînerait une augmentation du coût de production.

Ainsi, sans mesures fortes de politique économique, les facteurs ayant conduit au développement des chaînes de valeur mondiales devraient ainsi largement maintenir la dépendance des économies aux approvisionnements étrangers. À ce titre, le constat, préexistant à la crise, d’une forte compétitivité des multinationales françaises au niveau mondial, mais de leur désaffection pour le sol national lorsqu’il s’agit d’activités de production, ne devrait pas changer du fait de la crise.

Privilégier davantage le territoire européen ?

Du point de vue des États, les pénuries de matériel médical, de protection et de médicaments, associées aux restrictions aux exportations mises en place par certains pays, ont illustré les risques liés à une dépendance aux importations pour la disponibilité de certains produits critiques en période de crise sanitaire.

Sans préjuger de tournants politiques plus fondamentaux, ces évènements devraient déjà conduire à réévaluer la criticité de certains produits et à organiser la sécurisation de leur approvisionnement (à l’image de secteurs comme la défense et la sécurité, certaines matières premières critiques ou l’alimentation), soit en influençant la localisation de leur production, soit en garantissant leur disponibilité par la constitution de stocks stratégiques.

Délimiter l’éventail de produits critiques nécessaires au bon fonctionnement de l’État et à la vie de la Nation en période de crise est en soi une question qui va bien au-delà de ce billet et plus généralement de l’analyse économique. Deux dimensions en lien avec la mondialisation méritent cependant d’être soulignées :

  • Celle du périmètre de la production des produits critiques : les médicaments, par exemple, étant produits à partir de principes actifs, eux-mêmes produits à partir de matières premières naturelles ou de produits chimiques, quels pans de la chaîne de valeur doivent être considérés comme critiques et relocalisés ? Ces décisions nécessitent d’analyser l’importance de chaque intrant dans le processus de production, les possibilités de substitution par d’autres produits et les risques de rupture de leur approvisionnement, liés notamment à la concentration de la production.
  • Celle du lieu de production ensuite : faut-il se limiter au territoire national ou considérer un espace plus vaste comme l’Union européenne ? Renforcer la résilience des sources d’approvisionnement de certains produits passe par une analyse des risques (sanitaires, environnementaux, géopolitiques) attachés à différentes sources d’approvisionnement. Différents pays présentent divers niveaux de risques : de ce point de vue, l’Union européenne est fondamentalement un espace de coopération au sein duquel le risque de rupture d’approvisionnement en période de crise est réduit.
Les drapeaux français et européens volent au-dessus de l’entrée de l’hôpital Henri Mondor à Créteil le 30 mars dernier. Bertrand Guay/AFP

Sur les questions connexes de conflictualité, l’intégration européenne a en effet permis, au-delà des gains commerciaux liés au marché unique, de réduire les risques de conflits armés en renforçant l’interdépendance commerciale entre pays membres et par la création d’institutions supranationales facilitant la résolution des conflits.

L’échelle européenne est par ailleurs celle à laquelle s’organise déjà une large part des chaînes de valeur dans lesquelles les entreprises françaises sont intégrées. Les réflexions sur les risques liés à la spécialisation des économies ne peuvent négliger les coûts de relocalisation des activités (pour les entreprises et les consommateurs) et les gains de niveau de vie de l’ouverture commerciale.

Ainsi, l’échelon européen apparaît comme le cadre pertinent de potentiels arbitrages entre souveraineté et coûts des politiques de sécurisation d’approvisionnement (par la relocalisation de certains pans de production ou la constitution de stocks). Pour ces secteurs jugés stratégiques en réaction à la crise sanitaire, dont le périmètre dépendra des évolutions politiques dans l’après-crise, on pourrait donc assister à des relocalisations d’activités de production sur le territoire national combinées à une régionalisation des chaînes de valeur au niveau européen.

Interroger l’organisation des multinationales

Plus qu’une remise en cause directe de la division internationale du travail, la crise vient d’abord rappeler la nécessaire complémentarité entre la mondialisation et rôle de l’État, à même de lutter contre les risques systémiques.

Ce sont donc les aspects des chaînes de valeur mondiales qui réduisent la capacité des États à se financer, en facilitant tant l’évitement fiscal des multinationales que la concurrence fiscale entre États, qu’il convient d’interroger. La complexification des chaînes de détention des multinationales sans lien avec leur activité réelle, au travers de structures dans les paradis fiscaux notamment européens, reste problématique : elle permet aux entreprises de réduire leur imposition au niveau mondial et en France particulièrement.

La crise du Covid-19, l’aube d’une nouvelle ère pour les territoires ?

27 lundi Avr 2020

Posted by mirmandepatrimoines in Uncategorized

≈ Poster un commentaire

 

The Conversation

 

  1. Anne Albert-Cromarias

    Enseignant-chercheur HDR, management stratégique, Groupe ESC Clermont

  2. Alexandre Asselineau

    Directeur de la Recherche BSB, enseignant-chercheur en Stratégie et Management stratégique, Burgundy School of Business

Groupe ESC Clermont

Burgundy School of Business

 

CC BY ND
Mi-mars, près de 17% des Parisiens auraient fui la capitale. Gajus / Shutterstock
 

Dans un récent article, du temps de l’avant-confinement, nous évoquions les difficultés croissantes vécues par les habitants des grandes métropoles, leur envie de ruralité… Mais surtout, nous évoquions les nombreux atouts liés à l’installation d’activités économiques « là où les autres ne sont pas », rappelant ainsi qu’il s’agit d’un principe fondamental, mais trop souvent oublié, de la réflexion stratégique …

Mi-mars, un mois plus tard donc, nous avons assisté à un véritable exode des habitants des grandes métropoles face à la menace du Covid-19. Notamment (mais pas seulement), 17% des Parisiens auraient ainsi fui la capitale, anticipant (plus ou moins) l’enfer présumé du confinement à venir dans la promiscuité et les difficultés d’une grande ville.

Les conséquences supposées (puis avérées) du confinement sur la vie quotidienne ont incité ces urbains à préférer des coins du territoire plus tranquilles, où l’on bénéficie d’air pur et de logements plus vastes, parfois de jardins ou de la nature environnante, où associer l’indispensable « distanciation sociale » et l’approvisionnement en denrées de première nécessité est plus aisé.

L’annonce du confinement a engendré de nombreux départs de Paris (ici, le 17 mars à la gare de Lyon). Christophe Archambault / AFP

L’assaut des résidences secondaires s’est avéré réel, posant par ailleurs de vraies questions sur le plan sanitaire à l’origine d’un accueil parfois plus que réservé des autochtones …

Cet exode met surtout en exergue, en lien avec notre propos, les atouts avérés, mais si peu encouragés, des territoires ruraux sur la grande ville.

Le télétravail comme révélateur

Cette longue période de confinement impose à nombre d’entre nous de lâcher prise sur le quotidien ou, à tout le moins, de le réinventer. Chacun voit ses habitudes chamboulées et l’organisation du travail est, pour presque tous, inédite.

Près de 9 millions de travailleurs français seraient aujourd’hui au chômage partiel, et environ 45% de la population active ne travaillerait plus, si l’on rajoute les salariés en arrêt maladie (notamment pour garde d’enfants).

Pour ceux qui peuvent poursuivre leur activité, le télétravail prend un essor totalement inenvisageable il y a seulement encore quelques semaines. Il restait en effet relativement anecdotique dans des entreprises encore frileuses à l’idée de devoir lâcher la pointeuse, et pas nécessairement revendiqué non plus par des salariés attachés au lien social procuré par la présence sur le lieu de travail. Aujourd’hui, 5,1 millions de personnes seraient concernées en France.

Cela ouvre des perspectives nouvelles dans une économie de la connaissance, fortement tertiaire et digitalisée. Certes, tout n’est pas rose, loin de là, et les difficultés à télétravailler sont nombreuses, surtout lorsque l’on a de jeunes enfants ou que l’on ne dispose ni d’un matériel adapté ni d’un wifi adéquat.

La Montagne

✔@lamontagne_fr

Deux profs de classe prépa, trois enfants, un ordinateur pour cinq et une connexion #Internet aléatoire à Busséol #PuydeDôme #ruralite #confinement
▶️ https://www.lamontagne.fr/clermont-ferrand-63000/actualites/deux-profs-de-classe-prepa-trois-enfants-un-ordinateur-pour-cinq-et-une-connexion-internet-aleatoire-a-busseol-puy-de-dome_13770142/ …

View image on Twitter

3

12:22 PM – Mar 26, 2020
Twitter Ads info and privacy
See La Montagne’s other Tweets

Cependant, les entreprises s’aperçoivent que les collaborateurs, même à distance et malgré les difficultés et le stress du confinement qu’il ne faut en aucun cas négliger, peuvent aussi rester engagés et performants. Quant aux managers, dans le même temps, ils découvrent une nouvelle facette à leur activité, nécessitant de privilégier la confiance, l’autonomie et la priorisation plus précise des missions, dans leurs objectifs et leurs contenus. Autant d’éléments positifs que les experts du management appellent de leurs voeux depuis longtemps.

D’ailleurs, au-delà de la situation sanitaire actuelle, espérons-le exceptionnelle, un télétravail choisi, partiel, et bien organisé, peut présenter de nombreux avantages. À l’heure où l’urgence des enjeux climatiques et environnementaux devient criante, il peut générer des externalités positives : baisse significative des temps et des coûts de transports, des embouteillages et de la pollution induite, réduction du stress, optimisation du temps de travail et de l’utilisation des locaux de l’entreprise, etc. Et, avec le travail à domicile rendu possible, on peut choisir d’habiter un peu plus loin de la grande ville …

Réhabiliter les territoires ruraux

D’une façon générale, en cette période de crise sanitaire sans précédent, plus d’échappatoire. L’heure est à la remise en cause des fonctionnements obsolètes ou inefficaces qu’on ne questionne jamais tant les habitudes sont ancrées, par routine, par manque de temps, par mimétisme et parce que, au fond, c’est confortable.

On est loin, désormais, d’un raisonnement selon lequel « hors métropole, point de salut ». La crise du Covid-19 l’a non seulement annoncé, mais aussi prouvé. Nos modes de vie modernes, privilégiant un entassement des populations sur des surfaces toujours plus petites, sont peut-être même, pour partie, l’une des raisons de la pandémie actuelle. Mais plus sûrement, et de longue date, d’une large panoplie de problèmes sociaux.

Cette crise pourrait donc constituer le point de départ d’une politique d’aménagement du territoire et de développement des campagnes radicalement nouvelle et différente. Outre un travail accru de décentralisation, deux conditions préalables nous semblent néanmoins indispensables.

D’une part, et l’essor sans précédent du télétravail l’a bien montré, il s’agirait d’accélérer le déploiement du haut débit dans les territoires ruraux, pour mettre fin aux inégalités territoriales dans ce domaine aussi.

France 3 Bourgogne

✔@F3Bourgogne

Coronavirus Covid-19 : le télétravail, pas facile (mais pas impossible) sans haut débit internet dans le Morvan https://france3-regions.francetvinfo.fr/bourgogne-franche-comte/coronavirus-covid-19-teletravail-pas-facile-pas-impossible-haut-debit-internet-morvan-1805918.html …

Coronavirus Covid-19 : le télétravail, pas facile (mais pas impossible) sans haut débit internet…

Pour les territoires ruraux mal couverts en connexions internet et téléphonique, le télétravail peut vite être synonyme de parcours du combattant. Dans le Morvan, les habitants confinés essayent de…

france3-regions.francetvinfo.fr

3

6:28 PM – Mar 25, 2020
Twitter Ads info and privacy
See France 3 Bourgogne’s other Tweets

D’autre part, le crise pourrait inciter à organiser le désenclavement des territoires. Les infrastructures de transport « propres » en sont un élément clé, et doivent être réinvesties. Le train constitue probablement l’option la plus rationnelle, parce que moins coûteuse et surtout moins polluante, d’autant plus si le train à hydrogène se développe enfin.

À condition, là aussi, de réduire drastiquement les inégalités territoriales qui restent très fortes, comme en atteste par exemple la carte isochrone de la SNCF mesurant les temps de trajet des principales villes françaises au départ de Paris.

EISENMAN Laurent@EISENMANLaurent

#sncf redessine la #carte des #territoires #aménagement #isochrone #mobilité #developpement #economique #train #TGV #temps #innovation

View image on Twitter

5

8:31 PM – Jul 4, 2017
Twitter Ads info and privacy
See EISENMAN Laurent’s other Tweets

La crise sanitaire majeure que nous traversons est – aussi – le signe qu’il nous faut nous transformer. Et cette transformation, qui sera institutionnelle, économique, sociale, environnementale, ne peut passer que par une mutation radicale de notre rapport aux métropoles et aux territoires.

L’utilisation des données des téléphones mobiles dans la lutte contre l’épidémie

27 lundi Avr 2020

Posted by mirmandepatrimoines in Uncategorized

≈ Poster un commentaire

 

The Conversation

  1. Marcel Moritz

    Maître de conférences HDR et avocat. Directeur du Master droit du numérique. Directeur du DU informatique et libertés, Faculté des sciences juridiques, Politiques et Sociales (FSJPS), Université de Lille

  2. Audrey Dequesnes

    Doctorante en Droit, Université de Lille

Université de Lille

Université Lille Nord-Europe (ULNE)

 

CC BY ND
Rue Mouffetard, Paris, le 19 avril 2020. François Guillot/AFP
 

Le 24 mars dernier a été mis en place le Comité d’Analyse Recherche et Expertise (CARE), dont la mission est d’éclairer les pouvoirs publics sur les suites à donner aux propositions innovantes, notamment quant à l’opportunité de la mise en place d’une stratégie numérique d’identification des personnes ayant été au contact de personnes infectées. Alors que le gouvernement français a annoncé, le 8 avril, la mise en chantier de l’application « StopCovid », les enjeux juridiques soulevés par une telle technologie sont nombreux.

Les stratégies déployées dans le monde

C’est en Asie, berceau de l’épidémie, que se trouvent les pays les plus en avance sur ces questions. Certains États avaient été touchés par le SARS-CoV-1 en 2003 puis le MERS-CoV dix ans plus tard. En Corée du Sud, ces épisodes ont marqué la population ; depuis, la loi a autorisé la collecte des données de géolocalisation des téléphones mobiles et des cartes bancaires, ainsi que l’utilisation de la reconnaissance faciale afin de tracer les déplacements des personnes infectées. Leurs données sont mises à la disposition des citoyens grâce à une application qui les identifie d’un point de couleur différente en fonction du temps écoulé depuis leur dépistage positif. Ne pas se soumettre à ce suivi pour une personne positive est passible de deux ans d’emprisonnement, et briser le confinement est puni d’une amende de 2 300 €. Taïwan a adopté une stratégie de suivi similaire, en suivant les déplacements des personnes revenant d’une zone contaminée et en leur imposant un confinement strict et surveillé.

Des messages d’alerte s’affichent sur ce smartphone pour alerter son propriétaire sur les lieux où des patients atteints de Covid-19 se sont rendus, à Séoul, le 10 mars 2020. Jung Yeon-Je/AFP

En Chine, à Wuhan, sortir de chez soi est conditionné par l’installation d’une application qui récupère, en plus de la géolocalisation, l’adresse postale, les numéros de téléphone et de pièce d’identité de l’utilisateur. L’application génère un QR code dont la couleur varie en fonction de l’état de santé présumé de l’utilisateur, de ses déplacements et des personnes qu’il a croisées. Cette couleur conditionne l’accès aux transports et aux commerces, et peut amener à un isolement dans une structure désignée.

En Russie, le traçage par les opérateurs téléphoniques des personnes revenant de l’étranger a été organisé, afin de vérifier qu’elles respectent leur confinement.

Israël confie cette partie de la lutte contre l’épidémie aux responsables de la sécurité intérieure, afin d’utiliser les moyens de lutte anti-terroriste déjà en place pour suivre les déplacements des porteurs du virus, et identifier les personnes avec qui elles ont été en contact. Les données de circulation de malades sont publiques, et il est possible pour chacun de croiser ses propres déplacements avec celles-ci.

Enfin, au sein de l’Union européenne, en Pologne, les personnes revenant de l’étranger ont dû installer une application qui les géolocalise et peut leur demander un selfie, à envoyer sous 20 minutes, pour confirmer qu’elles respectent les consignes. En cas de retard, ou de refus de cette solution numérique, c’est la police qui vient effectuer les contrôles. L’Italie, quant à elle, envisage de s’inspirer de la Corée du Sud pour retracer les déplacements de diagnostiqués positifs.

Next INpact.com

✔@nextinpact

☕️ En Pologne, une application, des selfies et de la géolocalisation pour surveiller les mises en quarantaine https://www.nextinpact.com/brief/en-pologne–une-application–des-selfies-et-de-la-geoloc-pour-surveiller-les-mises-en-quarantaine-11742.htm?utm_source=dlvr.it&utm_medium=twitter&utm_campaign=lebrief …

View image on Twitter
2:22 PM – Mar 23, 2020
Twitter Ads info and privacy
See Next INpact.com’s other Tweets

Ces exemples sont tous teintés d’un certain autoritarisme et d’atteintes à la vie privée. Un contre-exemple est cependant à relever : celui de Singapour, où les autorités ont opté pour un logiciel open source, utilisé sur la base du volontariat, dont il est souligné qu’il traiterait un minimum de données personnelles et anonymiserait les identifiants des utilisateurs. Basé sur le Bluetooth, il permet de constituer une liste de personnes qui se sont trouvées à proximité de la première. Si cette personne est diagnostiquée positive au virus, la liste sera contactée par les autorités afin que les personnes s’isolent et se fassent dépister. Ce même type d’application fait actuellement l’objet de recherches à l’Université d’Oxford et par le « Pan-European Privacy-Preserving Proximity Tracing », une organisation à but non lucratif formée de 130 membres européens (universités, instituts de recherche et entreprises) collaborant pour proposer et améliorer des solutions qui utilisent la détection de proximité sans renoncer à la vie privée.

Quelles stratégies numériques en France ?

Les opérateurs téléphoniques sont les premiers à avoir été sollicités : ils ont accès, grâce à nos téléphones mobiles, à nos données de géolocalisation. Indépendamment d’un service de détection de la position activé sur un smartphone, le simple fait de solliciter le réseau téléphonique via une antenne relais permet de donner la position approximative du téléphone. Plusieurs utilisations des données ainsi récupérées sont envisageables : mesurer le respect des mesures de confinement, repérer les rassemblements non autorisés d’un nombre de personnes, ou suivre les mouvements de la population.

Les données des opérateurs de téléphonie sont dites « anonymisées » et « agrégées » : le résultat obtenu n’est donc pas une localisation ou des déplacements individuels, mais des statistiques sur l’ensemble de la population. Il faut toutefois rester prudent en la matière face au terme d’« anonymisation ». Concernant la géolocalisation, il a ainsi été démontré que les parcours individuels étaient ré-identifiables en connaissant seulement quatre points de géolocalisation approximative horodatés d’une personne.

Le second type d’utilisation des données est plus individualisé : sans aller jusqu’à montrer les personnes potentiellement contagieuses sur une carte, des applications mobiles proposent aux utilisateurs de collecter leurs positions et de les informer si l’une des personnes qu’elles ont croisées dans les 14 jours précédents a déclaré être atteinte du Covid-19. Le but recherché est que les personnes qui se savent potentiellement porteuses renforcent les mesures de précaution qu’elles emploient, et d’établir une carte de la dissémination. Du point de vue de la protection individuelle, l’efficacité de ce type de traçage GPS n’est pas prouvée.

La géolocalisation a ses limites : comment savoir si deux personnes qui se suivent sont à l’intérieur du même bus ou dans les habitacles séparés de deux voitures ? Les endroits où les personnes sont le plus à risque d’avoir des contacts proches et de toucher les mêmes objets, par exemple les supermarchés ou les transports en commun, sont aussi ceux où la géolocalisation ne permet pas d’être précis. La seconde fonction de ces applications, à savoir cartographier la propagation du virus a posteriori en suivant les personnes en contact qui s’avèrent positives à leur tour, semble plus réaliste.

Une femme portant une combinaison de protection et un masque facial utilise son téléphone pour scanner un code sanitaire avant d’entrer dans un complexe résidentiel à Wuhan, Chine, le 11 avril 2020. Hector Retamal/AFP

Le hub IA France imagine une solution à code couleur, qui n’est pas sans rappeler celle de la Chine : le téléphone de l’utilisateur lui attribue un code couleur différent en fonction des endroits dans lesquels il s’est rendu, et qui peuvent représenter des zones à risque. Une « zone à risque » serait, pour cette application, caractérisée par une prédiction basée sur les médicaments vendus dans les pharmacies de la zone, tels que les antipyrhétiques et les antitussifs, qui correspondent au traitement des symptômes du Covid-19.

S’ajoutent à ces stratégies la possible exploitation des données des GAFAM – Google a par exemple diffusé des données en ce sens – ou de la technologie Bluetooth sur le modèle singapourien, qui est au cœur du projet français.

Quel cadre juridique pour la mise en œuvre de ces technologies ?

Les technologies citées sont encadrées de différentes façons en France, au moyen de la directive 2002/58/CE « e-Privacy », du RGPD, et de la loi informatique et libertés.

Le traitement de données personnelles – dont la géolocalisation – par des applications mobiles est réglementé par le RGPD. Dans le cas présent, les données pourraient être recueillies avec le consentement de l’utilisateur, mais le motif de la nécessité du traitement à « l’exécution d’une mission d’intérêt public ou relevant de l’exercice de l’autorité publique dont est investi le responsable du traitement » (article 6-1 e) pourrait être invoqué dans le cas où une telle mission serait déléguée par les pouvoirs publics à un organisme, public ou privé. Les données de santé, de la même façon, ne peuvent être traitées que si la personne a exprimé son consentement explicite, ou si le traitement est « nécessaire pour des motifs d’intérêt public important », « aux fins de diagnostics médicaux, de la prise en charge sanitaire ou sociale, ou de la gestion des systèmes et des services de soins de santé », ou « pour des motifs d’intérêt public dans le domaine de la santé publique » (article 9-2 g, h et i).

Le traçage de la localisation des utilisateurs du réseau mobile grâce aux antennes relais est, lui, l’objet de la transposition de la directive ePrivacy dans le droit français. Ainsi, l’article L. 34-1 du Code des postes et des communications électroniques précise que « les opérateurs de communications électroniques […] effacent ou rendent anonyme toute donnée relative au trafic » et que « les données permettant de localiser l’équipement terminal de l’utilisateur ne peuvent ni être utilisées pendant la communication à des fins autres que son acheminement, ni être conservées et traitées après l’achèvement de la communication que moyennant le consentement de l’abonné, dûment informé des catégories de données en cause, de la durée du traitement, de ses fins, et du fait que ces données seront ou non transmises à des fournisseurs de services tiers ». Une donnée issue de ce type de localisation qui ne soit pas personnelle, donc anonyme, correspondrait par exemple à un comptage du nombre d’utilisateurs sollicitant le réseau à un endroit donné.

Dans le partenariat en cours entre Orange et l’Inserm, qui a pour but de mettre en relation les mouvements des personnes et des modèles épidémiologiques, les déplacements des téléphones mobiles sont analysés et regroupés par tranches d’âge des utilisateurs, appuyant le fait qu’il s’agit ici d’un suivi de terminaux identifiés et non d’un simple comptage des connexions aux antennes relais. Par conséquent, l’analyse statistique qui en est faite concerne des données personnelles, qui sont traitées sans le consentement des abonnés au service.

Le Comité européen de la protection des données (CEPD) estime dans son avis du 19 mars que les données de localisation des téléphones mobiles peuvent permettre de « générer des rapports sur la concentration d’appareils mobiles à un certain endroit (“cartographie”) » et enjoint les autorités publiques à n’utiliser que des données anonymes. Le CEPD poursuit cependant en soulignant que ces obligations peuvent être contournées pour des motifs de sécurité nationale ou de sécurité publique, sous réserve que les mesures prises soient proportionnées.

Les États européens disposent donc dans le cadre du RGPD, de la Directive ePrivacy ou de leur droit national des moyens de mettre en place des technologies de suivi de la population présentant différents niveaux de respect de la vie privée.

Conversation France

✔@FR_Conversation

Backtracking : comment concilier surveillance du Covid-19 et respect des libertés ? https://bit.ly/2WLnoGx 

View image on Twitter

1

7:38 AM – Mar 27, 2020
Twitter Ads info and privacy
See Conversation France’s other Tweets

C’est dans ce contexte que la CNIL a rappelé dès le 6 mars 2020 qu’en dehors de toute prise en charge médicale, la collecte de données de santé est limitée à des cas précis. Auditionnée le 8 avril devant la commission des lois, la présidente de la CNIL a donné sa position : elle demande de privilégier le traitement de données anonymisées et non de données individuelles, lorsque cela permet de satisfaire l’objectif, et précise qu’un suivi individuel devrait être basé sur une démarche volontaire.

« Si la France souhaitait prévoir des modalités de suivi non anonymes plus poussées, le cas échéant sans le consentement préalable de l’ensemble des personnes concernées, une intervention législative s’imposerait. Il faudrait alors s’assurer que ces mesures législatives dérogatoires soient dûment justifiées et proportionnées (par exemple en termes de durée et de portée) ».

Passer par la loi pour autoriser un nouveau dispositif de traçage assure certains garde-fous : un amendement au projet de loi instituant l’état d’urgence autorisant pour une durée de six mois « toute mesure visant à permettre la collecte et le traitement de données de santé et de localisation » a ainsi déjà été rejeté. Il est cependant légitime de rester attentifs aux nouvelles atteintes aux libertés décidées durant l’état d’urgence. Nous avons déjà vu en France se pérenniser des systèmes qui avaient été mis en place lorsque le pays était en état de choc. Ainsi le plan Vigipirate s’est fondu dans le quotidien depuis plus de vingt ans, et certaines dispositions de l’état d’urgence de 1955, remis en application après les attaques terroristes de 2015, sont à présent inscrites dans le droit commun.

On comprend dès lors pourquoi le recours possible à un système d’application basé sur la technologie Bluetooth est présenté à l’heure actuelle comme fondé sur le volontariat (juridiquement le consentement des personnes concernées) et non comme une obligation, condition sine qua non à une liberté de circulation retrouvée, par exemple.

Les technologies de traçage, réponse efficace à la pandémie ?

La question de la possibilité d’utiliser un système de suivi ne doit en outre pas occulter celle de son utilité. Or, pour le moment, évaluer l’efficacité des différentes mesures semble illusoire.

Les modèles épidémiologiques prennent en compte les déplacements des populations pour mieux comprendre la diffusion des maladies infectieuses, avec pour but de permettre l’anticipation des foyers de contamination. Contacter les personnes ayant été en contact avec une personne atteinte du virus grâce à leur téléphone mobile semble être une piste sérieuse pour ralentir la propagation de l’épidémie et la plus respectueuse de la vie privée en comparaison à la géolocalisation, mais, d’une part, elle repose sur des hypothèses d’acceptation issues de sondages ne donnant pas l’intégralité des possibles conditions de déploiement en vie réelle et, d’autre part, elle exclut les personnes les plus vulnérables, la population utilisant le moins de smartphones étant les personnes âgées.

L’efficacité de ces dispositifs dépend du nombre de participants et donc de l’adhésion de la population, or les critères d’acceptabilité sont nombreux : le type de données collectées, le statut de celui qui les collecte et qui a développé l’outil, la durée de conservation des données, les organismes qui vont y avoir accès, l’implication des pouvoirs publics dans la promotion de l’outil, la transparence sur l’hébergement des données et sur le code, par exemple grâce à un outil open source, les garanties de sécurité dont le stockage local, la simplicité d’utilisation, le caractère inclusif (en considérant notamment les personnes âgées), l’analyse en continu ou rétrospective uniquement pour les cas confirmés, le fait que les entrées dans l’application dépendent d’un professionnel de santé ou de l’utilisateur lui-même, la réutilisation des données ou leur suppression (si elles sont réutilisées, à quelles fins et par qui).

French Tech Grande Provence@FrenchTechGP

Traçage numérique du Covid-19, l’outil qui fait polémique https://www.usinenouvelle.com/editorial/tracage-numerique-du-covid-19-l-outil-qui-fait-polemique.N953131 … via @usinenouvelle

Traçage numérique du Covid-19, l’outil qui fait polémique – Technos et Innovations

Le recours aux technologies numériques dans la lutte contre la pandémie de Covid-19 s’est imposé à travers le monde. Y compris en France. Alors… – Technos et Innovations

usinenouvelle.com

9:48 AM – Apr 17, 2020
Twitter Ads info and privacy
See French Tech Grande Provence’s other Tweets

Le succès relatif des solutions numériques en Asie dans la maîtrise de l’épidémie ne doit pas faire oublier que d’autres facteurs ont pu influencer le cours de l’épidémie. Le déploiement du dépistage systématique à grande échelle en dehors des hôpitaux, le fait de protéger les soignants, le port du masque par la très grande majorité de la population, ou le fait qu’un pays comme la Corée du Sud dispose de 12,3 lits d’hôpital pour 1 000 habitants, contre 6 en France, ont sans doute joué un rôle déterminant dans la gestion de la crise. De plus, l’émergence de nouveaux clusters et le diagnostic de 20 % de cas dont on ne connaît pas l’origine rappelle que l’efficacité des dispositifs de traçage n’est pas totalement prouvée.

En tout état de cause, quelle que soit leur efficacité réelle, de telles applications exercent un fort attrait sur le public. Dans ce contexte, et compte tenu de la nature sensible des données potentiellement collectées, mieux vaut peut-être une initiative publique juridiquement maîtrisée que des initiatives privées parfois hasardeuses.

← Articles Précédents
avril 2020
L M M J V S D
 12345
6789101112
13141516171819
20212223242526
27282930  
« Mar   Mai »

Stats du Site

  • 96 192 hits

Liens

  • Associations-patrimoines
  • La Fédération d'environnement Durable
  • Moelle Osseuse
  • Visite de Mirmande
avril 2020
L M M J V S D
 12345
6789101112
13141516171819
20212223242526
27282930  
« Mar   Mai »

Commentaires récents

Le Soudanite dans Nutrition : pour bien vieillir…
Le Soudanite dans Nutrition : pour bien vieillir…
L’Écologie aux porte… dans L’Écologie aux portes du pouvo…
jac-zap dans Comment les allocations chômag…
L’Union politique eu… dans L’Union politique européenne v…

Propulsé par WordPress.com.

Annuler