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Mirmande PatrimoineS Blogue

Archives Journalières: 01/04/2020

Les leçons des sciences comportementales pour assurer un confinement efficace

01 mercredi Avr 2020

Posted by mirmandepatrimoines in Uncategorized

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The Conversation

L’expertise universitaire, l’exigence journalistique

 

  1. Jérémy Celse

    Enseignant-Chercheur en Economie Comportementale, Burgundy School of Business

Burgundy School of Business

 

CC BY ND
Le choix de rompre ou non le confinement est conditionné par des biais psychologiques identifiables. Fabrice Coffrini / AFP
 

Face à l’aggravation de la situation actuelle, le gouvernement, en la personne du premier ministre Édouard Philippe, a renforcé sa position sur les mesures d’application du confinement. Dans un premier temps, les sanctions encourues en cas de non-respect du confinement imposé ont été alourdies (jusqu’à 1 500 euros pour un cas de récidive ou bien 3 700 euros et six mois de prison pour une série de quatre violations consécutives).

Pour s’assurer que les citoyens respectent le confinement, le gouvernement a fait le choix d’augmenter les sanctions, sans toutefois faire référence aux contrôles. En effet, traditionnellement, pour lutter contre les comportements immoraux (fraude, criminalité, etc.) on a recours à deux stratégies : la détection (identification) de ces comportements immoraux et la sanction encourue en cas d’identification. Cette vision repose sur la conception de Gary Becker, prix « Nobel » d’économie, et de sa théorie du crime rationnel. Crime rationnel, car cette théorie fait l’hypothèse que les individus effectuent un calcul coûts-bénéfices avant d’entreprendre ou non un comportement immoral : si les gains associés à l’acte l’emportent sur les coûts (amende, probabilité d’être identifié) alors l’individu se comportera de manière immorale.

La communication du gouvernement s’est focalisée sur ce deuxième levier. Les études comportementales montrent que pour dissuader un individu d’entreprendre un acte immoral (comme transgresser une mesure gouvernementale), il est plus efficace d’augmenter la probabilité que cet individu (et son acte immoral) soit identifié plutôt que d’accroître les sanctions. Ainsi le gouvernement devrait davantage communiquer sur l’augmentation (continue) des contrôles par les forces de l’ordre plutôt que sur l’augmentation des sanctions.

Christophe Castaner détaille les mesures de confinement contre le coronavirus (LeHuffpost, 16 mars 2020).

Le risque des règles floues

Dans un deuxième temps, le premier ministre s’est attelé à (re)définir les circonstances pouvant conduire à ne pas respecter momentanément le confinement. Il a notamment insisté sur les conditions à respecter en cas de pratique sportive : désormais, le jogging est autorisé dans un rayon de 1 km autour du domicile, seul, au maximum une fois par jour et sous une contrainte temporelle (une heure). Pourquoi une telle précision ?

Oscar Wilde disait que la moralité, tout comme l’art, consistait à tracer une ligne quelque part. Cette ligne dissocierait ce qui est moral (et donc à promouvoir) de ce qui ne l’est pas (à réfréner). Cette ligne est subjective et sujette à de nombreux déplacements notamment par la possibilité que nous avons, nous êtres humains, à justifier nos actions. Les recherches, menées notamment par la spécialiste du comportement Francesca Gino sur les comportements immoraux, ont révélées que l’ambiguïté était un facteur important dans la décision : si les règles sont floues, mal esquissées, cette absence de définition claire se fait toujours au profit de l’immoralité et de la transgression.

On a pu voir ainsi une multitude de messages sur les réseaux sociaux tentant de justifier que telle activité sportive n’était pas contraire au confinement (pratique du vélo, trail, etc.). Le fait de préciser que seule une activité est autorisée dans un cadre précis ne pourra que réduire la propension des gens à transgresser le confinement. En effet, définir une activité sportive au sens large permet de justifier une sortie à vélo de plusieurs heures et de plusieurs kilomètres. Cette même sortie ne peut plus être envisagée avec une définition plus restreinte de la pratique sportive. Plus les règles sont claires et les exceptions moindres, moins les gens peuvent justifier leurs comportements.

Coronavirus : contrôle des joggeurs et flâneurs à Lille (France 3 Haut-de-France, 20 mars 2020).

Les sciences comportementales se sont beaucoup penchées sur l’immoralité et le processus de décision associé. Comment, en se fondant sur les résultats de ces études, veiller à ce que le confinement soit respecté et que les citoyens ne sortent de ce confinement que pour les raisons prévues par le gouvernement ?

Confronter l’individu à sa propre image

Imaginons maintenant qu’une personne souhaite effectuer une sortie de son domicile et doive à cette fin effectuer une démarche afin de se voir délivrer une attestation sur l’honneur, obligatoire pour justifier le non-respect ponctuel du confinement. Sa première étape consisterait à se rendre sur le site du gouvernement et de s’identifier pour obtenir cette demande. En effet, de nombreuses études ont suggéré que la perception de l’anonymat était un facteur primordial dans la décision de s’engager dans un comportement immoral (mentir, tricher, etc.). Un système efficace simple reposerait sur trois principes : visibilité, défaut et temporalité.

Lors de la création du compte, le site officiel du gouvernement demande à chaque inscrit de nommer les personnes résidant dans le domicile et de préciser le lien entre chacune des personnes mentionnées. À chaque nouvelle connexion sur le compte, le système informatique demande des informations sur l’état de santé de chaque personne en commençant par les enfants (et éventuellement quelques précisions en cas de symptômes).

Encore un point important, les expériences menées par l’équipe de Dan Ariely, professeur en psychologie et économie comportementale, ont montré que, face à un acte immoral, deux forces s’affrontent : d’un côté la tentation de se comporter de manière immorale afin de gagner quelque chose en retour, et d’un autre la volonté de conserver une bonne image et d’être fier de soi-même.

Our buggy moral code avec Dan Ariely (TED, 2012).

Une intervention efficace dans la réduction des comportements immoraux doit donc veiller à renforcer l’impact négatif qu’est susceptible d’engendrer le comportement immoral sur l’image d’un individu. Et qui souhaite que son/sa conjoint/e et ses enfants aient une mauvaise image de soi ? En demandant aux gens de s’identifier, c’est le principe de visibilité qui est mis en avant dans cette étape. Principe qui peut être couplé (comme dans notre exemple) avec des signaux réputationnels implicites (l’image que l’on veut envoyer à ses enfants).

Ensuite, l’individu devrait actualiser sa situation en précisant s’il reste ou non en confinement, le choix par défaut étant « Je reste en confinement à mon domicile ». L’utilisation du choix par défaut a souvent cours dans les stratégies nudges et des études montrent que ce dernier a également un effet sur la moralité : il est plus difficile de tricher si un choix est donné par défaut. Si la personne souhaite rompre l’isolement de manière temporaire, alors un sous-ensemble de motifs lui est proposé. Les études ont montré que les individus prennent des décisions plus rationnelles quand ils sont amenés à évaluer des options ensemble plutôt que séparément.

Motif de rupture de confinement autorisé par le gouvernement français. Gouvernement/Site

Une fois le motif sélectionné, une checklist serait présentée à l’écran indiquant les étapes requises à la rupture du confinement. Par exemple, si un individu souhaite rompre l’isolement pour faire du sport, une checklist s’afficherait en précisant que le parcours doit se faire dans un rayon inférieur à 1km, d’une durée d’une heure, etc. Des chercheurs ont en effet démontré que l’utilisation de checklists permet de réduire considérablement le taux d’erreurs et améliore la capacité des gens à se projeter sur les conséquences de leurs décisions.

Donner du temps pour décider

Le principe de choix par défaut est mis en avant dans cette étape. À travers un tel site, le gouvernement pourrait également travailler sur la formulation des motifs, fournir des informations en temps réel sur les cas identifiés dans le département de l’individu, la sévérité des autorités à faire respecter le confinement (informer du passage d’une phase de sensibilisation à une phase de sanctions sur une zone en temps réel), le nombre de contrôles dans la région (ou la hausse de ces contrôles) ou sur la tension aux urgences locales et observer rapidement les conséquences de telles informations.

Enfin, les études menées par Shaul Shalvi et son équipe ont montré que les gens ont tendance à se comporter de manière plus morale s’ils ont du temps pour prendre leurs décisions. En effet, ils ont comparé le comportement moral de deux groupes d’individus, un groupe qui devait prendre des décisions (morales ou non) rapidement et un autre qui disposait de davantage de temps pour prendre ses décisions. Le groupe qui disposait de plus de temps se comportait de manière significativement plus morale que celui qui avait moins de temps.

D’autres études ont confirmé ces résultats et ont montré que les gens qui prenaient des décisions rapides étaient moins moraux que ceux qui devaient projeter leurs décisions. C’est le principe de temporalité. Appliquée au cas de confinement, la demande d’autorisation de rompre ponctuellement l’isolement devrait se faire en avance (un jour ou deux avant) afin que l’individu puisse mieux réaliser l’impact de son comportement et avoir moins recours aux justifications.

Une telle interface permettrait de mieux gérer les épisodes de crise et pourrait utiliser de nombreux outils : transmission d’informations susceptibles de mieux guider nos décisions, recensement de cas et de symptômes pour une meilleure gestion de l’épidémie, une meilleure compréhension du virus et de ses mutations, mieux capter les besoins et inquiétudes des citoyens. Et, pour les chercheurs en sciences comportementales, une meilleure compréhension des comportements en analysant ensuite ces données.

Au temps du coronavirus, l’étonnante mélancolie du vide

01 mercredi Avr 2020

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The Conversation

  1. Cherine Fahd

    Director Photography, School of Design, University of Technology Sydney

  2. Sara Oscar

    Lecturer in Photography, School of Design, University of Technology Sydney

University of Technology Sydney

CC BY ND
Une mouette décolle du pont du Rialto sur le Grand Canal à Venise, le 18 mars 2020, pendant l’immobilisation du pays dans le cadre de la crise du coronavirus. ANDREA PATTARO/AFP
 

Ces dernières semaines, on a vu fleurir dans les médias et sur les réseaux sociaux des photographies documentant les changements de comportements liés à la propagation du Covid-19.

L’achat irrationnel de grandes quantités de pâtes, de riz et, bizarrement, de papier toilette a produit un grand nombre d’images d’étagères vides dans les supermarchés.

Une femme se tient à côté d’une étagère vide dans un supermarché à Paris le 15 mars 2020. Philippe Lopez/AFP

Espaces publics vidés de leurs habitants

Les images d’espaces publics vides – des rues de Ginza aux stades de football, en passant par les canaux de Venise ou les rares voyageurs masqués dans les bus, les trains et les trams – évoquent des films apocalyptiques et donnent une impression de fin du monde.

Une femme, portant un masque pour se protéger, passe devant la place Saint-Pierre vide, avec son chien, le 22 mars 2020 au Vatican. Alberto Pizzoli/AFP

Bien que ces images témoignent d’une situation effrayante, elles nous attirent par leur aspect inédit et étrange. Elles nous incitent à nous arrêter un instant, à regarder plus attentivement et à prendre le temps de comprendre ce que disent ces lieux sans habitants.

Notre attirance pour les images d’un monde dénué de présence humaine révèle peut-être une forme de fascination collective pour la fin du monde, voire pour l’extinction de l’espèce humaine.

Sur cette photo, la place vide devant la cathédrale de Cologne, en Allemagne, le 23 mars 2020. Ina Fassbender/AFP

Le compte Instagram Beautiful Abandoned Place compte 1,2 million d’abonnés. Sur les photos qui y sont publiées, on voir des bâtiments en ruines ou envahis par les mauvaises herbes ; d’anciens sites touristiques aujourd’hui vidés de leurs visiteurs.

Ces images sont qualifiées de « ruin porn », ou « pornographie des ruines » : autrement dit, leur succès témoigne du plaisir voyeuriste que certains retirent à la vue du délabrement des bâtiments, ou de lieux abandonnés.

Cette attirance résulte d’un paradoxe : on regarde une scène qui devrait causer une forme de malaise (ou l’envie de s’en éloigner), et pourtant, ce n’est pas le cas. Le spectateur regarde une représentation de la scène, sans la vivre lui-même, depuis une position confortable et distancée.

Un panneau à l’entrée d’un marché désert de Greenwich, dans le sud-est de Londres, le 24 mars 2020. Ben Stansall/AFP

Mais il existe une autre façon de définir le « ruin porn », une définition morale : c’est un plaisir qui résulte de la contemplation de l’échec ; c’est le cas, par exemple, avec les ruines architecturales. Étrangers à la scène que nous observons, nous esthétisons une image du déclin tout en nous dédouanant des causes qui ont pu y mener.

Les images qui peuplent nos flux d’informations en ce moment – malgré la terrible réalité dont elles témoignent – nous offrent un spectacle visuel auquel il est difficile de résister. Nous ne pouvons qu’apprécier la composition formelle de ces images, leur esthétique qui correspond à des canons photographiques bien connus.

Photo prise par drone le 24 mars 2020 : le centre-ville de Rennes presque vide. Damien Meyer/AFP

L’absence de sujets sur les photos nous donne la possibilité de voir au loin avec une perspective sans fin. Nous avons alors l’impression d’être seuls dans le paysage, tels d’héroïques aventuriers.

Pourquoi notre absence est-elle si fascinante à regarder ?

Au début de l’ère de la photographie, tout ce qui bougeait était invisible, alors que les bâtiments (ou les cadavres) faisaient de parfaits sujets immobiles. Prenez par exemple la photographie du Boulevard du Temple de Daguerre en 1839, à Paris, une rue très animée de la ville.

Le Boulevard du Temple, par Louis daguerre, en 1839.

Sur cette photo, la rue semble vide – à l’exception de deux personnages qui sont restés immobiles suffisamment longtemps pour être capturés sur l’image, au vu du temps d’exposition nécessaire avec l’appareil utilisé.

Au fond, les photographies nous ont toujours offert cette autre vision du monde… un monde sans nous.

Les habitants se déplacent sur une route déserte lors d’une fermeture imposée par le gouvernement à titre préventif contre le coronavirus Covid-19, à Karachi le 24 mars 2020. Rizwan Tabassum/AFP

La photographe d’art contemporain Candida Höfer a bâti toute sa carrière en photographiant des espaces vides dans des lieux gigantesques : bibliothèques publiques, musées, théâtres et cathédrales. Quant aux photographies de rues vides de Thomas Struth, elles font passer les villes allemandes pour des villes fantômes.

Ces artistes font preuve d’une fascination de longue date pour la photographie d’architecture dépourvue de sujets humains.

Une photo montre un pont de Westminster tranquille avec le London Eye en arrière-plan dans le centre de Londres le matin du 24 mars 2020. Justin Tallis/AFP

Cette fascination est peut-être due à ce que l’historien de l’architecture Anthony Vidler a décrit comme [« l’architecture étrange »] ou « architecture dérangeante ». Les espaces abandonnés et désertés, dit-il, transforment des espaces familiers en espaces inconnus.

Ces photographies d’espaces publics vides captent une rupture avec notre quotidien et nous permettent de visualiser l’étrangeté d’une réalité alternative.

Pour Vidler, cette réalité est

« sinistre, dérangeante, suspecte, étrange ; il faudrait parler de « crainte » plutôt que de terreur, tirant sa force de son inexplicabilité même, d’un malaise caché, plutôt que d’une source de peur clairement définie – un sentiment inconfortable de hantise plutôt qu’une apparition. »

Cette photo prise le 23 mars 2020 à Rome, montre une vue du monument du Colisée le long d’une Via dei Fori Imperiali déserte pendant le confinement du pays. Filippo Monteforte/AFP

Alors que nous restons à l’abri, en quarantaine, le monde extérieur apparaît dans l’imaginaire collectif comme étrangement désaffecté par les êtres humains. Ce que nous pensions connaître des espaces publics évoque à présent la sensation d’être seul dans une maison hantée.

Sur des images où d’habitude nous voyons des centaines de personnes, nous ne voyons plus que quelques figures solitaires qui nous sont présentées par un seul observateur : l’appareil photo.

Un homme fait une pause dans un centre de transport Oculus presque vidé le 20 mars 2020 à New York. SPENCER PLATT/GETTY Images North America/AFP

Les représentations de la vie urbaine vidée de ses habitants produit toute une palette de réponses émotionnelles : éloignement, aliénation sociale, mélancolie.

Le peintre italien Giorgio de Chirico l’a bien saisi dans son tableau de 1913, Mélancolie d’un beau jour, où un personnage inquiétant se tient seul dans une rue vide de la ville, accompagné seulement de son ombre, avec une statue romaine au loin.

Réalisée il y a plus d’un siècle, la peinture de Chirico trouve une résonance surprenante avec les photographies que nous voyons aujourd’hui dans les médias. Si elle offre un exemple historique de la fascination surréaliste pour les rêves, elle préfigure également notre réalité contemporaine.

Mélancolie d’un beau jour (1913). Giorgio de Chirico

Les images captées par les photographes d’actualités montrent notre peur de la pandémie et, fondamentalement, notre peur de l’autre.

Les photographies montrent à quelle vitesse nous pouvons nous éloigner de notre vie quotidienne, comment notre environnement peut soudainement se transformer en quelque chose de fragile.

Les étagères vides, les restaurants vides, les avions cloués au sol, les aéroports vides, la Mecque dépeuplée de ses fidèles, Trafalgar Square sans touristes : autant de signes du ralentissement de l’activité, de disparition des signes du progrès technique.

Un homme et un garçon portant des masques de protection marchent sur une route en direction du site des Jeux olympiques de Pékin 2008, le 24 mars 2020. Nicolas Asfouri/AFP

Si la photographie est si efficace pour capturer cela, c’est qu’il s’agit d’un œil mécanique sans médiation qui se confronte à notre œil trop humain. Car l’appareil photo peut être là où nous ne pouvons pas être.

Cette vision de l’œil mécanique est accentuée sur les photographies qui nous livrent une vision clairement non humaine d’espaces immenses et vides.

Les images prises par drones offrent une perspective aérienne à laquelle l’œil humain n’a pas facilement accès. Dans le contexte de cette crise sanitaire mondiale, il ne fait aucun doute que nous sommes – étrangement – les témoins de notre propre effacement.

Nous sommes habitués à voir des images de crise sous forme d’incendies, d’inondations, de bombes, de guerres. Les photographies liées au Covid-19 sont celles du vide et du ralentissement.

Il s’agit d’un autre type de crise, qui cause incertitude et ralentissement de nos marchés financiers et provoque la nécessité de mettre en place des plans de relance gouvernementaux.

Une photo montre la place vide de la Pyramide du Louvre à Paris, le 17 mars 2020. Lionel Bonaventure/AFP

Comme l’a souligné l’historien de la culture Frederic Jameson :

« Il est plus facile d’imaginer la fin du monde que d’imaginer la fin du capitalisme. »

C’est peut-être précisément ce que nous montrent ces photographies : comment le paradigme pandémique de la « distanciation sociale », qui nous isole physiquement les uns des autres, perturbe et stoppe nos modes de vie.

La pause ou la fin de nos rassemblements en public, dans les aéroports et les hôtels, sur les sites touristiques et aux matchs sportifs, dans les centres commerciaux, les musées et les bars, signale une rupture dans le flux de la vie quotidienne.

Le Walt Disney Concert Hall est fermé peu après le lever du soleil, et le trafic est moins important que la normale, le 20 mars 2020 à Los Angeles, en Californie. MARIO TAMA/GETTY images Amérique Du Nord/AFP

Les photographies d’espaces publics vides font tomber une illusion : celle que nous faisons partie intégrante de l’existence. Même sans photographe, la technologie optique peut s’attarder sur des scènes d’un monde sans présence et les capturer.

Et qui peut dire si le photographe est humain ou pas ? Il peut s’agir d’un satellite programmé à l’avance pour photographier nos bâtiments même si nous n’y sommes pas…

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