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Archives Journalières: 18/04/2020

Inégalités scolaires : des risques du confinement sur les plus vulnérables

18 samedi Avr 2020

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The Conversation

 

  1. Céline Darnon

    Professeure de psychologie sociale, Université Clermont Auvergne

Université Clermont Auvergne

 

CC BY ND
Dans la situation actuelle de confinement, l’Education nationale a généralisé l’enseignement à distance. Guillaume Souvant / AFP
 

Les salles de classe se sont vidées, mais l’école ne s’arrête pas. C’est le message que le ministère de l’Éducation nationale s’est employé à répéter aussitôt annoncée la fermeture des établissements scolaires le 12 mars, dans le cadre de la lutte contre l’épidémie de Covid-19. Mais la « continuité pédagogique » que les professeurs s’efforcent d’assurer au jour le jour peut-elle vraiment bénéficier à tous de la même manière ?

Plus que jamais, dans un contexte de confinement où le numérique devient le principal canal d’échanges, l’équipement des familles en la matière est décisif. Les apprentissages des plus jeunes reposent davantage sur les parents, leur rôle dans l’accompagnement aux devoirs des adolescents se renforce. Or on sait que les parents n’ont pas la même maîtrise des codes scolaires, ni le même accès aux ressources culturelles « compensatoires ».

Une situation prolongée de confinement pourrait représenter un risque important pour les élèves les plus vulnérables sur le plan socio-économique. Retour sur les travaux de recherche issus de la psychologie, de la sociologie et des sciences de l’éducation qui amènent à s’en inquiéter.

Quelles conséquences le confinement peut-il avoir sur la scolarité ? Podcast « Au téléphone… Avec Céline Darnon ».

Conditions matérielles, codes culturels

Il existe d’ores et déjà un écart dans les performances scolaires des enfants de milieux favorisés et défavorisés. Il y a de nombreuses raisons de prédire que la situation de confinement va rapidement l’accentuer. En premier lieu, il convient bien entendu de souligner que le vécu du confinement dépend des conditions matérielles de vie.


À lire aussi : L’école française, championne des inégalités sociales ?


Dans les milieux défavorisés, les enfants disposent de moins d’espace et sont donc susceptibles d’avoir plus de difficultés à travailler dans le calme. Et, contrairement aux familles disposant d’un jardin ou d’une cour privée, les enfants vivant en appartement n’auront que très peu d’opportunités pour sortir.

C’est un point important car les activités physiques contribuent au développement des fonctions exécutives (ces facultés de perception et de raisonnement qui aident à anticiper des tâches, les planifier, élaborer des stratégies). Et ces fonctions sont très utiles pour le travail scolaire.

Rappelons aussi ces données de l’Insee sur la fracture numérique évoquée plus haut : 71 % des familles les plus modestes sont équipées en ordinateur contre 91 % au sein des 20 % les plus aisés.

Au-delà de ces contraintes matérielles, on sait depuis les travaux de Pierre Bourdieu que les pratiques, le langage, les valeurs qui sont à l’œuvre au sein du système éducatif sont plus en adéquation avec ceux des familles aisées que ceux des familles plus défavorisées. Aussi, même s’ils avaient le même accès matériel aux ressources pédagogiques – ce qu’ils n’ont pas bien sûr – les parents de bas statut socioéconomique auraient plus de probabilités de rencontrer des difficultés pour suivre le travail scolaire de leurs enfants.

Comment l’école reproduit-elle les inégalités ? Interview de Sébastien Goudeau, maître de conférences en psychologie sociale à l’Université Paris Descartes (UGA Editions).

Bien entendu, cela ne signifie pas qu’ils sont moins compétents que les parents de milieux plus favorisés pour accompagner la scolarité de leurs enfants, mais simplement qu’ils sont moins familiers avec l’arbitraire culturel de l’école, ce qui risque de les mettre en difficulté dans l’accompagnement aux devoirs.

En ceci, il faut bien distinguer le souci de bien accompagner la scolarité des élèves, présent chez tous les parents, entre autres, parce que tous ont conscience de l’importance de la scolarité et des diplômes pour l’avenir de leur(s) enfant(s), des conditions d’accompagnement, qui elles, sont très dépendantes du niveau de vie.

Le risque d’un « revers du confinement »

Un effet bien connu des chercheurs en éducation est l’effet « revers de l’été ». En effet, pendant l’année scolaire, les enfants issus de familles avantagées et ceux issus de familles défavorisées sur le plan socio-économique affichent des gains assez similaires.

Pendant les mois d’été en revanche, de grandes disparités apparaissent : les compétences scolaires des enfants de statut socio-économique élevé continuent à progresser alors que la courbe de progrès s’aplatit (voire s’inverse) pour les enfants venant de familles défavorisées. Cet effet est étayé par de nombreuses études. Par exemple, c’est surtout pendant la période d’été que les progrès en lecture d’élèves de CP-CE1 corrèlent avec l’origine sociale des élèves.

De même, une étude longitudinale réalisée sur des cohortes d’élèves suivies de l’école primaire à l’âge de 22 ans a montré que les différences qui apparaissent pendant les mois d’été au cours des années d’école élémentaire expliquent en grande partie les différences de réussite selon le statut socio-économique dans l’enseignement secondaire, ainsi que la probabilité de s’engager dans une filière de l’enseignement supérieur.

Les vacances d’été ne durent que deux mois chaque année et nous venons de voir que les effets qu’elles produisent sur la scolarité des élèves sont larges et durables. Il y a donc de fortes raisons de s’inquiéter de la situation de confinement, surtout si celle-ci doit se prolonger et qu’aucune action n’est mise en place pour en contrer les effets négatifs.

Retenons que tout ce qui n’est pas fait à l’école est inégalement fait dans les familles et est donc susceptible de devenir une compétence « discriminante », c’est-à-dire une compétence qui sera mieux maitrisée par les élèves de milieux aisés que par les élèves de milieux défavorisés.

Interview de Bernard Lahire sur son enquête « Enfances de classe. De l’inégalité parmi les enfants » (France Culture).

Un besoin d’aide urgent

Les premières semaines, il fallait prendre des mesures d’urgence ; mais avec le temps et la prolongation de ces mesures, de nouvelles questions se posent. Dans leur rapport du 23 mars, le conseil scientifique Covid-19 (dont pourtant aucun membre n’est psychologue) commence à alerter sur les « effets psychiques » du confinement lorsque celui-ci s’inscrit dans la durée.

Dans la presse, les parents sont régulièrement encouragés à voir cet épisode positivement. Ce confinement serait en effet l’occasion de se retrouver en famille, de passer du temps ensemble, voire l’occasion pour les parents de se réinvestir dans la scolarité de leurs enfants.

Toutefois, il est important de retenir que la probabilité de voir apparaître de telles issues positives ou à l’inverse, de souffrir de la situation de confinement, est très fortement dépendante du milieu social dans lequel les individus évoluent. Par exemple, nous avons vu qu’avec le confinement et la fermeture des écoles, les inégalités en matière de scolarité vont très rapidement se creuser et que plus le confinement va se prolonger, plus le retard sera difficile à rattraper.

L’accélération de l’augmentation des inégalités sociales est donc l’un des risques majeurs du confinement. Ce point est essentiel puisque les travaux de recherche montrent que le niveau d’inégalités existant au sein d’une société corrèle négativement, entre autres, avec la santé physique et mentale des individus qui la composent ainsi que la qualité des relations qu’ils entretiennent entre eux.

Ajoutons qu’avec cette crise, certaines personnes vont se retrouver au chômage et la précarité risque d’augmenter. Dans ce contexte, il est urgent de concentrer les actions et les moyens sur ceux qui en ont le plus besoin, c’est-à-dire, ceux qui sont les plus vulnérables sur le plan socio-économique.

En première ligne face à l’épidémie : compter pour soigner, compter pour gouverner

18 samedi Avr 2020

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The Conversation

 

  1. Philippe Bizouarn

    Médecin anesthésiste-réanimateur au CHU de Nantes, chercheur associé au laboratoire SPHERE, Université de Paris

Université de Paris

 

CC BY ND
 

Au 16 avril 2020, déjà hier, soit plus de trois mois depuis le début de l’épidémie de Covid-19, 1 410 858 malades, 134 177 morts, 511 019 patients guéris ont été recensés dans le monde. Je suis lié quotidiennement à ces chiffres en tant qu’anesthésiste-réanimateur au centre hospitalier universitaire de Nantes, et je les vois aussi avec le recul d’un chercheur en philosophie.

En France, depuis le début du « comptage » des patients, 106 206 cas sévères ont été recensés, 10 643 patients sont décédés à l’hôpital, 6524 résidents sont décédés dans les Ehpad ; tandis que 2191 nouveaux patients sont entrés à l’hôpital le 15 avril. Une grande disparité est observée selon les régions.

À côté de ces chiffres bruts, égrenés chaque jour dans les médias, des cartes sont présentées, donnant à voir l’évolution de l’épidémie dans le monde et dans chaque pays, permettant de mieux « comprendre la situation, et prévoir – ou plutôt espérer – les décisions annoncées le lendemain et les jours suivants ». À ces chiffres et courbes objectivant la catastrophe planétaire, s’ajoutent les pénuries non dénombrées de moyens en médicaments, en matériel de réanimation, en masques, aggravant la sensation de noyade des structures hospitalières face au chaos dont l’issue n’est pas connue.

Observer et compter

Diderot, dans son article de l’Encyclopédie, « Arithmétique politique », qu’il définit comme « celle dont les opérations ont pour but des recherches utiles à l’art de gouverner les peuples », cite John Graunt, qui, dans ses observations sur les « listes mortuaires » londoniennes (Bills of Mortality), compte « qu’il y a en Angleterre et dans la principauté de Galles 4 600 000 âmes […] ; que de 100 enfants qui naissent, il n’y en a que 64 qui atteignent l’âge de 6 ans ; que dans 100, il n’en reste que 40 en vie au bout de 16 ans ; que dans 100, il n’y en a que 25 qui passent l’âge de 26 ans ; que 16 qui vivent 36 ans accomplis, et 10 seulement dans 100 vivent jusqu’à la fin de leur 46e année […] ».

Ainsi, depuis le XVIIe siècle au moins, l’épidémiologie a su observer, compter, chiffrer, les morts, les malades, les bien portants, les riches et pauvres. C’est grâce à ces observations minutieuses que John Snow, au cours de l’épidémie de choléra survenue à Londres en 1854, a pu découvrir l’origine de la transmission de la maladie par l’eau contaminée, au coin de Cambridge Street et de Broad Street, notre marché de Wuhan actuel.


À lire aussi : Comment la France compte-t-elle ses morts ?


Compter les cas, pour en faire une statistique définitive, et tirer les conclusions adéquates pour lutter contre la maladie en menant une politique de santé publique adaptée aux circonstances. C’est ce que notre isolement nous rappelle, alors que nous pensions que les épidémies étaient une affaire des temps passés.

Affolement des nombres

À l’ère du Covid-19, les nombres s’affolent, perdent leur caractère définitif, traversent les frontières, s’intègrent dans le flux de nos sociétés liquides, en accélération continuelle, technologiques et numériques, data expansives, algorithmiques et virtuelles. Le virus est là, invisible mais rendu visible par nos chiffres et nos courbes, virus naturel s’insinuant dans nos vies, corporelles autant que cérébrales – nous ne pensons qu’à lui, inquiétant notre tranquillité de geeks soumis au flux d’Internet.

Nous sommes devenus masse mouvante, de contaminés, de morts, d’hospitalisés, de guéris, par chance. Nous ne sommes plus multitude, qu’Antonio Negri définit comme « ensemble non dénombrable de singularités », « potentialité orientée vers la plénitude de la vie », à la fois « sujet et produit de la pratique collective », « processus se déployant entre globalité et singularités ». Mais, ici, l’ensemble des malades, des décédés, des guéris forme une masse sans chef, dans le secret des alcôves hospitalières et des Ehpad. Les soignants, combattants sans armes, rassemblent leurs forces pour sauver, pour empêcher que la masse des patients qu’ils prennent en charge ne grossisse sans cesse les rangs des disparus anonymes, rassemblés dans des lieux sans prière et sans adieu possible.

Photo prise par l’auteur dans son quartier, vidé par le confinement. Philippe Bizouarn, Author provided

À lire aussi : Protéger la santé mentale des soignants pour endiguer la pandémie


Face à cette masse grandissante, telle l’eau d’un fleuve en furie, les isolés invisibles tentent de se rassembler dans les groupes WhatsApp, devant leurs écrans où apparaissent sans cesse les nombres infinis des patients hospitalisés, isolés car contaminants, éloignés de leurs proches, sans visites possibles. Masse encore, surveillée, contrôlée, empêchée de se rassembler en une multitude de corps singularisés et coopérants. Le gouvernement veille, et gouverne à partir de ce réel dénombré, aidé par les scientifiques qui savent le poids d’une masse contaminée. Masse des données, médiatisées.

Gouverner et rendre des comptes

Il est exigé des pouvoirs publics une grande transparence dans la manière de rendre compte des effets de cette épidémie sur nos vies, corporelles autant que sociales. Il s’agit dès lors, pour nos femmes et hommes politiques, de donner à voir, chaque jour, l’ampleur des dégâts, au jour le jour. Il s’agit pour le censeur (celui qui recense) de construire un réel dénombré, et pour les responsables politiques, de gouverner. Non plus, dès lors, selon l’expression de Thomas Berns, de « gouverner le réel », mais de « gouverner à partir du réel », c’est-à-dire, ici, à partir des comptages des patients contaminés, pour agir.

Photo prise par l’auteur dans son quartier, vidé par le confinement. Philippe Bizouarn, Author provided

Or, comme nous l’avons vu, ce réel est changeant et ne tient aucunement compte de la réalité de l’épidémie puisque seuls les patients malades sont pris en compte : les cas asymptomatiques, non testés, les personnes sans accès aux soins ou y renonçant, les minorités invisibles, et bien d’autres, ne sont pas « comptées », comme ne sont pas pris en compte les patients porteurs de maladies chroniques, non infectées par le Covid-19, qui ne peuvent être soignées, risquant dès lors de décompenser leur maladie.

En se contentant de « dévoiler, de montrer, tout au plus de décrire techniquement la réalité, nos réalités les plus spécifiques », comme l’exprime Thomas Berns, le gouvernement construit ses décisions sans projet, outre celui d’un contrôle de l’épidémie se doublant d’un contrôle social : surveiller l’évolution de l’épidémie en surveillant nos comportements (s’isoler, ne plus courir, se déplacer pour subsister seulement). En suivant Thomas Berns encore : « gouverner sans gouverner ». Réagir plutôt qu’agir, car l’épidémie nous apprend qu’elle est difficilement prévisible.

Le « déconfinement » attendu nécessitera encore de compter les personnes ayant été infectées, afin de s’assurer que l’épidémie ne nous menacera plus. Viendra alors le temps de rendre des comptes, aux soignants, aux patients et à leurs proches, aux citoyens qui, à nouveau, pourront se rassembler en une multitude agissante.

Trois arguments qui laissent penser qu’il n’y aura pas d’inflation après la crise

18 samedi Avr 2020

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The Conversation

  1. Gilles Dufrénot

    Economiste, Chercheur associé au CEPII et Professeur à Aix-Marseille Université, Aix-Marseille Université (AMU)

Aix-Marseille Université

 

CC BY ND
Les agents économiques sont plongés dans un contexte d’incertitude qui limite la consommation et l’investissement. Daniel Roland / AFP
 

Alors que l’économie mondiale connaît un coup d’arrêt en raison de la pandémie de Covid-19 se pose la question d’un retour possible de l’inflation en sortie de crise, à l’horizon 2021-2022. Une hypothèse commune à ces réflexions est celle d’un scénario de « sortie en V » correspondant à un rebond fort des économies, un phénomène de récupération rapide des pertes subies durant la crise qui serait reflété par une hausse de la demande.

Pourtant, d’autres arguments, notamment liés à l’incertitude à laquelle font face les agents économiques, viennent contredire fortement ce scénario.

Un phénomène de rebond favorable à l’inflation

Pour rappel, l’inflation est matérialisée par la perte du pouvoir d’achat de la monnaie qui se traduit par une augmentation générale et durable des prix.

Le retour de l’inflation pourrait, en théorie, avoir des causes structurelles. La crise pourrait entraîner une atténuation importante des forces ayant conduit les économies au cours des trente dernières années dans une trappe à faible inflation.

Tout d’abord, l’augmentation future du taux d’utilisation des capacités de production pourrait accroître le pouvoir de négociation des salariés et stopper la modération et l’inertie salariale observées au niveau mondial.

Ensuite, la recomposition et la relocalisation des chaînes de valeur, déjà amorcées avant la crise, pourraient conduire à une hausse des coûts de production, et donc des prix. En outre, il n’est pas exclu que des pays soient tentés par l’arme des dévaluations compétitives afin d’accélérer la reprise.


À lire aussi : Après le choc : relocalisations dans l’industrie, délocalisations dans les services


Cette politique économique consiste pour un pays à modifier la parité de la monnaie nationale en en diminuant la valeur. Le pays espère ainsi accroître le volume de ses exportations et diminuer celui de ses importations, ce qui permet de relâcher la contrainte extérieure et de mener une politique économique plus expansionniste.

Enfin, l’hypothèse d’une remontée du prix de certaines matières premières ayant touché le point bas de leur cycle au moment de la crise n’est pas impossible. Ainsi, la chute des productions agricoles consécutive à la dégradation de la conjoncture internationale pourrait nourrir, en sortie de crise, une remontée des prix du soja, du riz, du maïs, du sucre, du blé, du ciment, du pétrole, dans un scénario de « reprise en V ».

En mars, aux États-Unis, le prix de l’essence a fortement diminué pour atteindre son niveau le plus bas depuis un an. Mario Tama/AFP

Cependant, il est probable que le régime actuel d’inflation faible se poursuive. Plusieurs arguments conduisent à nuancer la vraisemblance de réapparition de l’inflation à brève échéance dans les années qui suivront la fin de la crise.

Un contexte de grande incertitude économique

En premier lieu, il convient de rappeler que le niveau d’inflation dépendra des pertes de croissance potentielle occasionnées par l’arrêt plus ou moins prolongé des appareils productifs, notamment des pertes irréversibles de capital et de productivité liées aux faillites d’entreprises.

Deuxièmement, l’effet de la crise sur la demande dépend de la perception qu’ont les agents économiques (ménages, entreprises) de son degré de gravité et de ses conséquences. Or, les données d’une enquête menés par quatre chercheurs auprès des ménages américains montrent que la crise du Covid-19 génère un haut degré d’incertitude sur l’avenir et des anticipations d’effondrement de l’activité économique.

Surcharge de la Tarrytown National Bank and Trust Co, New York, sur un billet d’inflation allemand de 1922. Wikimedia, CC BY

Le mécanisme à l’œuvre est le suivant : les ménages continueront à avoir une forte aversion pour le risque, et donc privilégieront un comportement d’épargne de précaution après la crise, s’ils ne croient pas que les mesures économiques prises pendant la crise – malgré leur caractère très expansionniste – seront suffisantes pour inverser, dans le futur, la tendance fortement baissière du produit intérieur brut observée durant la crise.

Le troisième argument est celui de l’apparition probable d’un phénomène de désendettement massif à la fin de la crise sanitaire, à l’instar de ce qui s’est produit lors de la crise financière de 2008-2009. En effet, les millions d’entreprises et de ménages dont l’activité aura été fortement réduite et qui auront accumulé des arriérés de dettes et de charges (c’est le cas notamment des entreprises qui étaient déjà massivement endettées avant la crise du Covid-19) ne pourront recourir à l’endettement.

Ce type de comportement risque alors d’entraîner un effondrement de l’investissement privé. Dans un tel contexte, il est difficile d’envisager le retour d’une inflation par la demande.

Enfin, jusqu’à présent, en dépit des réductions massives des capacités de production, les taux d’inflation sous-jacents n’ont pas significativement varié. On pourrait arguer que des délais sont nécessaires, le temps que le niveau des stocks ait suffisamment diminué.

Il serait donc possible que, d’ici quelques mois, si la crise dure, les économies connaissent des épisodes de déflation (baisse des prix), lesquels seraient mécaniquement corrigés en sortie de crise par une remontée forte des prix.

Cependant, une étude de la Banque centrale européenne publiée en 2016 à partir de données collectées auprès du Centre de recherche sur les désastres épidémiologiques de l’Université catholique de Louvain montre que la plupart des grandes catastrophes ayant entraîné des pertes substantielles de PIB (tremblements de terre, ouragans, inondations, sécheresse, feux, infestations par des insectes, etc.) ont eu, historiquement, un impact limité sur le taux d’inflation des pays industrialisés.

Quelle stratégie pour les banques centrales ?

Il reste cependant un argument à examiner : peut-il y avoir un retour de l’inflation d’origine monétaire ? Le soutien financier apporté par les banques centrales aux entreprises et aux États sème-t-il les germes d’une inflation qui fera son retour une fois la crise passée ?

La Banque centrale européenne, présidée par Christine Lagarde, a débloqué le 18 mars dernier une enveloppe de 750 milliards d’euros destinée à des rachats de dettes publiques et privées. Daniel Roland/AFP

Les mesures d’atténuation de la propagation du virus ont entraîné une rupture dans l’accès à la liquidité de nombreux agents économiques qui ont perdu leur activité ou leur emploi.

La mission première d’une banque centrale est de garantir l’accès à la monnaie. En effet, dans l’histoire des sociétés, le droit d’accès à la liquidité permet la reconnaissance sociale de chacun.

Le rôle d’assureur des États en cette période de crise permet, pour le moment, aux populations touchées par la crise de se passer de ce droit. Mais, en sortie de crise, on pourrait imaginer qu’un mécanisme de monnaie hélicoptère (c’est-à-dire une distribution de monnaie directement créée par la banque centrale, sans aucune contrepartie) prennent le relais.

Conversation France

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L’hélicoptère monétaire, le dernier recours des politiques économiques ? https://bit.ly/2yc9nHM 

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6:46 AM – Mar 27, 2020
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Une alternative réside dans la capacité, déjà prouvée, des banquiers centraux à financer les dépenses de crise des États – qui jouent actuellement le rôle d’assureurs de revenus. L’impact sur l’inflation en sortie de crise dépendra de plusieurs paramètres et notamment du rôle joué par les banques centrales :

  • Soit les banques centrales jouent le rôle d’assureurs en dernier ressort. Dans ce cas, les titres publics qu’elles auront achetés sur les marchés, et certaines dettes d’entreprises, pourraient être convertis en rentes perpétuelles à faible rendement.
  • Soit les banquiers centraux jouent le rôle de prêteurs en dernier ressort. Les dettes rachetées seraient alors comptabilisées comme de la dette amortissable, impliquant donc le remboursement du capital et des intérêts par les États.

Dans le premier cas, on éviterait aux économies de revivre les effets pervers d’une demande faible maintenant l’inflation à des niveaux bas à cause des comportements de désendettement au moment même où la production devrait être soutenue par un minimum de demande. Un exemple typique est celui du gouvernement japonais dont l’essentiel de la dette sur le marché est racheté depuis plusieurs années par la Banque centrale du Japon, celle-ci étant conservée pour l’éternité dans son bilan sans que cette stratégie n’ait conduit à une réapparition de l’inflation.

Dans le second cas, les États se retrouveraient avec une dette colossale à rembourser, gonflée par les dépenses de crise. Cette dérive de l’endettement serait considérée comme une tendance alarmante qui pourrait nous conduire à répéter nos erreurs passées : retour à des politiques budgétaires restrictives, hausses d’impôts susceptibles de conduire à des comportements d’épargne, etc.

Le premier scénario serait avantageux pour tout le monde : reprise de la demande, retour d’une inflation modérée et baisse de la valeur réelle des dettes.

Le second conduirait à un contrecoup à la crise actuelle, où les économies s’enfonceraient un peu plus dans un régime de stagnation séculaire, c’est-à-dire une période prolongée de faible ou de non-croissance économique, avec inflation faible.

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