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Mirmande PatrimoineS Blogue

Archives Journalières: 01/05/2020

Coronavirus : le point hebdomadaire sur la couverture internationale (8)

01 vendredi Mai 2020

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The Conversation

À Jakarta, en Indonésie, les lumières de cet hôtel ont été allumées de façon à ce que sur sa façade se dessine un cœur, symbole de soutien, de gratitude et d’amour pour le personnel médical, en première ligne dans la lutte contre la pandémie de Covid-19. Rifqi Riyanto/INA/AAP

  1. Ahmad Nurhasim

    Editor Sains + Kesehatan, Kepala Divisi Training, The Conversation

  2. Fabrice Rousselot

    Directeur de la rédaction, The Conversation France

  3. Leighton Kille

    Rédacteur en chef, coordination internationale et technique, The Conversation France

  4. Lionel Cavicchioli

    Chef de rubrique Santé, The Conversation France

CC BY ND

Alors que le coronavirus SARS-CoV-2 a infecté plus de 3 millions de personnes infectées dans le monde, la pandémie de Covid-19 nous donne deux précieuses leçons sur le lien entre la recherche en santé et la politique publique.

La première est que nous avons besoin de dirigeants politiques qui soient réceptifs au discours scientifique, et qui accordent du crédit à la science. La seconde est que les politiques gouvernementales doivent inciter le public à prendre part à la lutte contre le Covid-19.

Dans la majorité des pays concernés, rien n’indique que l’épidémie de Covid-19 ait atteint son apogée. Les États-Unis concentrent aujourd’hui un tiers des cas confirmés dans le monde. Bien que la première puissance économique mondiale dispose d’un système de santé moderne et d’un budget important alloué à la recherche scientifique et aux innovations technologiques, le nombre d’infections continue à augmenter dans le pays, tout comme le nombre de décès.

L’issue de la lutte contre le SARS-CoV-2 est en effet déterminée par une variable critique : le type de leadership adopté par les dirigeants politiques. En comparaison, la Nouvelle-Zélande, sous la houlette de sa Première ministre Jacinda Arderns, a pu commencer cette semaine à assouplir son verrouillage.


CC BY

Notre point hebdomadaire d’informations expertes sur le coronavirus. Composé d’associations à but non lucratif, The Conversation est un média qui travaille avec des milliers d’universitaires à travers son réseau mondial. Ensemble, nous publions des analyses basées sur les faits et la recherche académique. Les articles sont gratuits – il n’y a pas de paywall – et peuvent être republiés.


Cette huitième chronique hebdomadaire de notre équipe internationale de rédacteurs en santé met en lumière certains des articles récemment publiés par le réseau mondial de The Conversation.

Protéger les groupes vulnérables

Le coronavirus est transmis via les gouttelettes émises lorsque des personnes infectées toussent ou éternuent. Les individus confinés dans des centres de détention ou vivant avec d’autres personnes dans des maisons exiguës sont particulièrement exposés au risque d’infection, car il est difficile pour eux de maintenir la distanciation physique de un à deux mètres requise pour limiter la contagion.

  • Protéger les réfugiés. 1 400 personnes sont actuellement détenus dans des centres de rétention en Australie. Pour les protéger, Claire Loughnan et ses collègues de l’université de Melbourne explorent un certain nombre de stratégies qui vont de la mise en place d’alternatives à la détention à des mécanismes de distanciation sociale, en passant par le dépistage des détenus et du personnel.
  • Protéger les travailleurs migrants. Au Canada, environ 60 000 travailleurs migrants employés dans le secteur agricole sont logés dans des habitations de taille restreinte abritant de nombreux résidents. Il leur est donc difficile de garder leurs distances, mais sans eux, l’approvisionnement en nourriture du pays cesserait. Pour Tanya Basok et Glynis George, de l’université de Windsor, les modalités d’hébergement de ces travailleurs doivent être repensées.
  • Protéger les personnes âgées. En Afrique du Sud, les personnes âgées jouent un rôle essentiel dans l’économie et dans la vie familiale. Les recherches d’Alexandra Parker et de Julia de Kadt de l’Observatoire de la ville-région de Gauteng montrent que la majorité des personnes âgées de 60 ans sont chefs de famille. Si elles contractent le coronavirus, leurs familles seront donc particulièrement affectées. L’intervention économique et sociale du gouvernement doit de ce fait être rapide et ciblée.

De la lumière au bout du tunnel ?

Le confinement, la restriction de circulation interrégionale et le télétravail peuvent être à l’origine d’une fatigue et d’un sentiment de solitude aiguë lorsqu’ils s’étendent sur plusieurs semaines. Cependant, dans divers pays certaines de ces restrictions commencent à être levées. Plusieurs de nos auteurs se sont penchés sur les aspects positifs de cette nouvelle situation. Ils analysent notamment comment se mettra en place cette nouvelle phase qui va faire suite aux mesures de confinement.

  • Combattre l’anxiété grâce à l’optimisme. Le professeur de biologie Ian Boyd, de l’université de St Andrews, nous donne cinq raisons d’être optimiste face à la pandémie.
  • Préparer les villes au déconfinement. Roger Patulny et ses collègues de l’université de Wollongong et de l’université de Sydney proposent quatre stratégies pour rétablir la connectivité sociale et le bien-être émotionnel dans les villes après la levée des restrictions.
  • Relancer l’économie en préservant la santé publique. Après avoir expliqué comment fonctionnent les tests de détection, Éric Muraille de l’Université Libre de Bruxelles s’est associé à ses collègues économistes Mathias Dewatripont et Michel Goldman ainsi qu’à Jean‑Philippe Platteau, professeur d’économie à l’université de Namur pour proposer une stratégie de double-tests capable de contenir l’épidémie tour en relançant l’économie.

Inégalités

Le coronavirus s’attaque à toutes les catégories sociales, néanmoins ce sont les plus pauvres qui en souffrent le plus, et de loin.

  • En Indonésie, des tests pour tous. I Nyoman Sutarsa de l’université nationale australienne et Atin Prabandari de l’université Gadjah Mada expliquent pourquoi la discrimination dans l’accès au test Covid-19, qui donne la priorité à la classe moyenne supérieure et aux fonctionnaires en Indonésie, doit cesser.
  • Dans le sud des États-Unis, les ruraux pauvres face au virus. Alors que des plans de relance de l’économie américaine sont mis en œuvre, les habitants des zones rurales prennent les transports pour aller travailler dans les centres urbains comptent parmi les plus exposés à l’infection. Avec le risque qu’ils le transmettent à des populations vulnérables. Selon Anne Cafer et Meagen Rosenthal de l’université du Mississippi les États du sud du pays doivent augmenter rapidement le nombre de tests de dépistage, afin d’éviter que la transmission ne s’accroisse.
  • En France, le nombre de malades varie énormément d’une région à l’autre. Ce qui fait dire à Laurent Cappelletti du Conservatoire national des Arts et Métiers que les comparaisons entre pays ne sont pas suffisamment explicatives. Pour bien comprendre la dynamique de l’épidémie, l’échelon territorial serait plus pertinent, or c’est le grand oublié des analyses.

Le rôle des dirigeants politiques

Dans la plupart des pays de la planète, les présidents, premiers ministres et ministres de la Santé sont en première ligne pour contrôler la propagation de Covid-19.

  • La Nouvelle-Zélande reste vigilante. Après quatre semaines de mesures de confinement comptant parmi les plus strictes au monde, le nombre de personnes qui se rétablissent aujourd’hui du coronavirus en Nouvelle-Zélande est supérieur au nombre de nouvelles infections. Mais la menace n’est pas écartée pour autant, car le pays assouplit sa politique de verrouillage. Arindam Basu de l’université de Canterbury, a déclaré que les entrées en provenance de l’étranger resteraient fermées et que les tests et la recherche des contacts seraient renforcés pour éradiquer le Covid-19.
  • En Équateur. L’Équateur a été plus proactif que le Brésil et le Venezuela dans sa réponse à l’épidémie de coronavirus, écrivent Dennis Altman de l’Université La Trobe et Juan Carlos Valarezo de l’Université catholique pontificale d’Équateur. Mais même si le taux de mortalité commence à ralentir, le spectre des corps non enterrés gisant dans les habitations et dans les couloirs des hôpitaux plane encore sur le pays et sur toute l’Amérique latine.
  • Aux États-Unis, les mots de Donald Trump Jérôme Viala-Gaudefroy, de l’université Paris Nanterre et Dana Lindaman, de l’University of Minnesota Duluth, analysent les expressions employées par Donald Trump pour désigner le coronavirus. Ils montrent que les mots du président américain éclairent ses calculs politiques et l’évolution de son rapport à la Chine au cours de ces dernières semaines.

Tant que ne seront disponibles ni traitement médicamenteux ni vaccins, le contrôle du Covid-19 dépendra de la capacité des dirigeants politiques à élaborer des politiques fondées sur des preuves scientifiques, à inspirer la confiance à leurs concitoyens et à promouvoir les comportements appropriés pour combattre le virus.

Face à la pandémie, à quoi sert le numérique 

01 vendredi Mai 2020

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The Conversation

  1. Stéphane Grumbach

    Senior research scientist at INRIA, Sciences Po – USPC

Université Sorbonne Paris Cité

Sciences Po

 

CC BY ND
 

Un débat suivi d’un vote est organisé à l’Assemblée nationale sur le déconfinement progressif et l’épineuse question du traçage numérique. L’occasion de s’interroger sur l’intérêt du numérique, peut-il être mis au service d’une cause aussi importante que de protéger les personnes les plus vulnérables d’une épidémie virulente, et d’assurer la résilience d’une société confinée pour s’en protéger ?

Car, précisément les technologies numériques peuvent radicalement changer la donne. Elles permettent d’une part de révéler le réel et d’autre part d’interagir avec lui en continu et avec discernement. En cas de crise sanitaire, l’information obtenue des personnes, comme leur état de santé, leurs besoins particuliers ou leurs interactions sociales, permet avec l’aide de modèles mathématiques d’extraire des connaissances. Ces derniers peuvent au niveau global guider l’action publique, et au niveau particulier orienter le comportement de chacun et apporter une aide appropriée à chacun, dans le double objectif de protéger au mieux les individus et de servir l’intérêt collectif.

Pour autant l’idée même de développer les outils numériques qui permettent cette résilience suscite les pires craintes pour les libertés publiques, voire pour la vie privée. Les associations de défense des libertés comme la Quadrature du Net en France appellent à la vigilance. En Europe, c’est également le cas des institutions politiques comme le parlement européen et certains gouvernements. Le ministre de l’intérieur, Christophe Castaner, déclarait le 26 mars que la détection des interactions sociales « n’est pas dans la culture française ». Les atermoiements des autorités publiques révèlent l’extrême embarras de la société devant ce qui apparaît comme une curieuse et sombre alternative, choisir entre le risque politique, la protection de la santé et le maintien des fonctions vitales de la société.

Le protocole ROBERT : une solution française

Il convient dans l’urgence de mettre en œuvre des solutions qui n’engageraient pas nos sociétés dans des choix regrettables. De nombreuses alternatives sont à l’étude, dont celle portée par INRIA (Institut national de recherche en sciences et technologies du numérique), à la demande du gouvernement français, et qui vient d’être rendue publique avec le protocole ROBERT (robust and privacy-preserving proximity tracing). Ce protocole permet aux utilisateurs de savoir qu’ils ont pu être à proximité d’une personne infectée, sans qu’aucune information personnelle ne soit transmise ni à une autorité de santé ni aux autres utilisateurs. Elle repose sur la technologie Bluetooth, plus précise même si imparfaite (elle n’a pas été conçue pour le traçage), que les autres techniques de positionnement. Le principe est très simple. Les smartphones échangent des crypto-identifiants éphémères avec les smartphones qui se sont trouvés à proximité. Quand une personne est positive, elle fait remonter sur un serveur central, cette liste de crypto-identifiants. Ils sont alors considérés comme à risque. Chacun peut alors vérifier régulièrement sur le serveur si son identifiant figure dans cette liste, et en tirer les conséquences.

Cette proposition de protocole suppose un accès à la technologie Bluetooth qui n’est pas permis par les systèmes d’exploitation des smartphones, en particulier iOS, précisément pour des raisons de protection de données personnelles. La France est donc contrainte de demander à Apple de modifier son système d’exploitation pour satisfaire la demande nationale, ce qu’Apple a tout intérêt à refuser, conduisant inéluctablement à un échec diplomatique pour la France.

Il est nécessaire pour préparer l’avenir de s’interroger sur les termes de ce débat. Pourquoi nos sociétés font-elles face à cet étrange et sordide dilemme ? Quelles leçons peut-on en tirer ? Et, finalement, comment peut-on construire l’avenir pour pouvoir satisfaire l’ensemble de ces objectifs sans devoir les opposer ?

La présente situation est fondamentalement paradoxale. L’exigence éthique que les communautés scientifiques et politiques appellent de leurs vœux pour une application numérique vitale contraste avec le contexte global dont le moins qu’on puisse dire c’est qu’il est peu satisfaisant non seulement pour la protection des données personnelles, mais plus généralement pour la gouvernance du numérique. Les controverses, pour ne pas dire les scandales, se sont succédé ces dernières années sans que le régulateur, malgré des efforts croissants, soit en capacité de répondre. C’est que le numérique introduit une révolution radicale dans l’art de gouverner. Il autorise une interaction continue avec la population, qui permet de faire émerger un service public au plus près des besoins, comme l’Estonie en fait la démonstration, mais également une surveillance illimitée.

La crise déclenchée par la pandémie va contribuer inexorablement à une avancée d’un contrôle numérique toujours plus invasif. Elle va aussi conduire à un nouvel équilibre entre les plates-formes numériques internationales, les gouvernements, les administrations de la santé ou les assurances. C’est un sujet important car il va bien au-delà d’une application temporaire de gestion de crise sanitaire. La gouvernance de la santé est un domaine qui passera progressivement dans la sphère numérique avec des potentialités immenses tant pour la santé publique et le bien commun que pour l’émergence de nouveaux acteurs dominants. Chaque pays devra procéder à des arbitrages en fonction de ses capacités et de ses valeurs.

Que se passe-t-il ailleurs dans le monde ?

On ne peut que constater la diversité des approches au niveau mondial. Il serait simpliste de se contenter de distinguer les pays démocratiques respectueux de la vie privée et les pays autoritaires prompts à la surveillance. Le paysage est bien plus subtil et contrasté. Des différences régionales apparaissent qui doivent probablement plus à la volonté politique qu’à une prétendue différence culturelle. Les pays d’Asie orientale sont ceux qui à ce stade ont raisonnablement maîtrisé la pandémie et recouru à des techniques numériques pour mettre en œuvre un confinement sélectif. On ne peut s’en étonner. Ces pays ont assez généralement élaboré des politiques publiques ambitieuses du numérique, qui ont permis le développement de grandes plates-formes nationales, et la mise en œuvre de services qui associent administrations publiques et plates-formes dans l’intérêt national, la santé ou l’adaptation au changement climatique. Le programme de « social scoring » chinois, comme celui de Société 50 japonais, intègrent des contraintes environnementales pour orienter de manière incitative ou coercitive le comportement des personnes et le fonctionnement de la société,

Les États-Unis ont une politique ambitieuse de développement de plates-formes globales qui permet la maîtrise de leur territoire national et une présence internationale incomparable. Mais au-delà de certains services au premier rang desquels la sécurité nationale, il y a peu de coopérations entre l’État et les plates-formes pour le développement de services essentiels. Souvent d’ailleurs les plates-formes prennent des initiatives indépendantes comme c’est le cas de Apple et Google qui développent une infrastructure interopérable sur iOS et Android pour permettre un traçage basé sur Bluetooth, incompatible avec le protocole ROBERT. Mais l’administration de la santé est moins uniforme que dans de nombreux pays.

Pour l’Europe la situation est différente, les politiques de santé, conduites au niveau national, reposent sur une tradition très ambitieuse, même si leur évolution récente suscite la critique, mais à l’inverse, l’incapacité persistante à développer des plates-formes numériques contraint les Européens à une dépendance à peu près totale des acteurs américains. Il est donc compliqué pour nos nations de mettre en œuvre autre chose qu’une solution à court terme, jetable après la crise. Or ce qu’il conviendrait de construire dès aujourd’hui, c’est une politique de résilience pour les années à venir, qui sache tirer les leçons des crises. Cela nécessitera la mise en œuvre d’une vraie politique numérique, ambitieuse, souveraine, au service de la population et de l’intérêt de la collectivité.

Confinement des personnes âgées : attention au syndrome de glissement

01 vendredi Mai 2020

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The Conversation

  1. Véronique Lefebvre des Noettes

    Psychiatre du sujet âgé, chercheur associé au Laboratoire interdisciplinaire d’étude du politique Hannah Arendt, Université Paris-Est Créteil Val de Marne (UPEC)

Université Paris-Est Créteil Val de Marne

 

CC BY ND
Chimiothérapie. National Cancer Institute – Unsplash, CC BY-SA
 

Agée de 95 ans, Odette avait déjà lutté plus de 10 jours contre le Covid-19. Elle avait vaillamment surmonté le confinement dans sa chambre, la toux épuisante, la fièvre qui monte et descend en un V caractéristique. Les soignants étaient confiants, rassurant même la famille par téléphone sur son état somatique. L’espoir renaissait. Mais brutalement, alors que son corps ne présentait plus de signes inquiétants, tout se précipita. On allait la perdre… Et ce qui la mettait en danger, c’était le chagrin de ne plus voir les siens.

Odette fermait les yeux, la bouche, tous les contacts et ouvertures possibles vis-à-vis des soins prodigués avec patience et d’infinies précautions compte tenu du danger potentiel de contamination par les soignants masqués, « charlottés », gantés, en blouse et surblouse. Rien n’y faisait. Elle se laissait mourir. De façon active, en arrachant la perfusion posée pour son hydratation. De façon passive, en refusant toutes les tentatives prises pour la nourrir comme un bébé – espérant que le réflexe de succion perdure, nous lui donnions des petites potions enrichies à boire, à téter. Le chagrin l’emportait. Elle se laissait glisser vers la mort.

Un état de grande déstabilisation somatique et psychique

Ce syndrome de glissement ne nous est pas inconnu : il a été décrit en 1956 par Jean Carrié, dans sa thèse de médecine. Partant de ses observations dans un hospice pour personnes âgées, ce gériatre remarque que certains processus de fin de vie s’apparentent à un « glissement », une sorte de « processus d’involution et de sénescence porté à son état le plus complet ». D’autres médecins ont ensuite précisé le propos. À l’instar d’Yves Delomier, qui lors du 4e congrès international francophone de gérontologie, en 1990, en donne une définition plus restrictive.

Selon ce gériatre, un tel syndrome spécifique de personnes âgées, fragiles et polypathologiques, marque un état de grande déstabilisation somatique et psychique d’évolution gravissime. Il y voit une décompensation aiguë (infectieuse, traumatique, vasculaire, chirurgicale, choc physique, etc.) qui fait suite à un facteur déclenchant physique ou psychique – ici le Covid-19, maladie fragilisante en elle-même et ayant qui plus est imposé des mesures de confinement pouvant être vécu de la part des personnes âgées comme un abandon familial.

Touchant de 1 à 4 % des personnes âgées hospitalisées, ce syndrome peut conduire à la mort en quelques jours à un mois, à travers des troubles biologiques et neuropsychiques sévères, si un traitement n’est pas mis en route suffisamment tôt : suivant les études, le décès survient dans 80 à 90 % des cas. S’il est mal défini dans la classification internationale des maladies, plusieurs signes physiques et psychiques doivent l’évoquer. À savoir, l’anorexie et l’absence de soif (adipsie), la dénutrition et la déshydratation, des troubles sphinctériens (atonie intestinale et vésicale), mais aussi un repli sur soi, le mutisme, le fait de vouloir rester au lit, le refus de s’alimenter et d’être soigné. Mais que sait-on précisément des origines de ce syndrome ?

Plusieurs hypothèses psychopathologiques

Si l’on ne dispose pas encore de véritable étiologie, différentes hypothèses psychopathologiques ont été avancées, qui mettent en avant la dépression avec une dimension suicidaire, une conduite régressive, un état post-traumatique ou un état de désorganisation psychosomatique. Certaines font de la dépression l’un des facteurs déclenchants, quand d’autres évoquent un état « confusodépressif » ou « asthénodépressif », ou encore une forme de dépression sévère, dépression différente dans ses manifestations de ce qu’elle est chez les personnes plus jeunes, la tristesse y étant rarement exprimée tandis que sont bien présentes l’irritabilité et l’opposition, avec refus de s’alimenter. C’est notamment ce que tend à prouver une enquête portée à la connaissance du public en 2012 et menée dans une maison de retraite de la région de Rabat.

Soixante hommes et femmes âgés en moyenne de 73 ans ont répondu à un questionnaire visant à établir la sévérité de la dépression associée à leur syndrome de glissement. Tous étaient délaissées par leurs proches et bon nombre avaient des antécédents médicaux ou chirurgicaux susceptibles d’avoir déclenché un syndrome de glissement : 57 % avaient souffert de pneumopathies, 43,5 % de cardiopathies, 15 % un antécédent d’AVC (accident vasculaire cérébral) et 78,33 % des endocrinopathies, en particulier du diabète. Ils ont répondu à un questionnaire connu sous le nom de geriatric depression scale (GDS) – en français échelle de dépression gériatrique (EDG) – et composé de 30 items permettant d’établir un score donnant la gravité de la dépression. Or quels résultats ont obtenu les chercheurs ? Pour 61,66 % des patients, la dépression était légère à modérée (score de 15 à 22), mais elle était sévère chez un tiers d’entre eux.

Pour ces auteurs, si le syndrome de glissement est parfois considéré comme une forme de dépression, « il ne s’agit pas d’une véritable pathogénie, mais d’une polypathologie infra-clinique ». En clair, ils soulignent la présence d’une insuffisance rénale (liée à la déshydratation et à l’anorexie), d’un débordement des systèmes de défense par la maladie initiale, de déficits hormonaux exacerbés, ou encore de carences restant à un stade infra-clinique jusqu’à la décompensation entraînée par la maladie aiguë. Et ils considèrent que « ce syndrome, dont le pronostic est réservé, revêt la forme d’un suicide, et nécessite une prise en charge multidisciplinaire. »

Ne pas se contenter d’antidépresseurs

En pratique, il est en effet fréquent que l’on se contente de diagnostiquer un épisode dépressif majeur, voire une dépression sévère à tonalité mélancolique, et que des antidépresseurs soient prescrits en intraveineux. Mais comme le notent ces chercheurs, quelle que soit la molécule prescrite, dans 30 % des cas les patients ne répondent pas au traitement par antidépresseurs. Et plusieurs auteurs ont par ailleurs rapproché le syndrome de glissement de certaines dépressions du bébé, ou encore du concept anglo-saxon de failure to thrive, issu de la pédiatrie et correspondant à « un échec, une défaillance à croître, à prospérer, à bien se porter. »

Séparé de sa mère et manquant d’affection, le tout jeune enfant peut en effet sombrer dans état dépressif décrit en 1945 par le psychanalyste René Spitz et qualifié d’hospitalisme. Or de quoi s’agit-il ? De bébés qui, privés de lien affectif, se mettent à pleurer, à rester en retrait et détachés, avant de maigrir, d’être sujets aux infections, puis de voir s’altérer leur développement psychique et moteur : après cinq mois de carence effective, le développement s’arrête et les troubles peuvent conduire au décès.

Les analogies sont nombreuses. Chez le bébé victime d’hospitalisme comme chez la personne âgée souffrant du syndrome de glissement, les manifestations cliniques sont à la fois comportementales et somatiques, et les symptômes marqués par la passivité et le retrait, rendant les soins difficiles. Qui plus est, dans les deux cas, on note au départ l’alternance entre des phases d’apathie et d’agitation, et la succession de phases de détresse, puis de désespoir et enfin de détachement.

À l’évidence, les antidépresseurs ne sont donc en aucun cas suffisants. Il faut bien davantage pour retrouver le chemin de la vie. La prise en charge se doit en effet d’être médicale, infirmière, diététique, physiothérapique et psychique. Avec aussi et surtout, des mots doux, des caresses, des paroles tendres et affectueuses, et tout simplement les visites des personnes aimées… ce qui est malheureusement difficile à mettre en musique, en temps de Covid-19.

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