• Actualités régionales
    • Communes limitrophes
    • Régionales
  • Adhésion
  • André Lhote
  • Au-delà du 14 juillet, des interrogations tenaces sur l’usage des armées
  • Auteurs morts en 17, (déjà…)
  • BD « Sciences en bulles » : À la recherche des exoplanètes
  • Bonnes feuilles : Le château d’If, symbole de l’évasion littéraire
  • Comment la lecture enrichit l’éducation des enfants
  • Corruption, contrebande : le drame de Beyrouth et la question de la sécurité dans les zones portuaires
  • Des crises économiques à la crise de sens, le besoin d’une prospérité partagée
  • Evènements
  • Lecture : comment choisir un album qui peut vraiment plaire aux enfants
  • L’économie fantôme de l’opéra
  • L’Europe s’en sortirait-elle mieux sans l’Allemagne ?
  • Maladie de Lyme : attention au sur-diagnostic !
  • Mirmande
    • Pages d’histoire
    • AVAP et PLU
    • Fonds de dotation et patrimoine
  • NutriScore : quand l’étiquetage des aliments devient prescriptif
  • Penser l’après : Le respect, vertu cardinale du monde post-crise ?
  • Podcast : le repos, une invention humaine ?
  • Prévoir les changements climatiques à 10 ans, le nouveau défi des climatologues
  • Qui sommes-nous?
  • Réforme de la taxe d’habitation… et si la compensation financière n’était pas le seul enjeu ?
  • Revues de presse et Chroniques
  • S’INSCRIRE AU BLOGUE
  • Scène de crime : quand les insectes mènent l’enquête
  • The conversation – Changement climatique : entre adaptation et atténuation, il ne faut pas choisir
  • Une traduction citoyenne pour (enfin) lire le dernier rapport du GIEC sur le climat

Mirmande PatrimoineS Blogue

~ La protection des patrimoines de Mirmande.com site

Mirmande PatrimoineS Blogue

Archives Journalières: 18/05/2020

« Mrs. America », portrait d’une antiféministe redoutable et controversée

18 lundi Mai 2020

Posted by mirmandepatrimoines in Uncategorized

≈ 1 Commentaire

 

The Conversation

  1. Amélie Ribieras

    Docteure en civilisation américaine et Attachée Temporaire d’Enseignement et de Recherche, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

 

CC BY ND
(De gauche à droite) Coco Francini, Tracey Ullman, Sarah Paulson, Stacey Sher, Cate Blanchett, Dahvi Waller et Anna Boden, les actrices de la nouvelle série “Mrs America”, lors d’une conférence de presse au Winter TCA Tour 2020 au Langham Huntington, le 09 janvier 2020 à Pasadena, Californie. Amy Sussman/Getty Images North America/Getty Images Via AFP
 

Aux États-Unis, l’Equal Rights Amendment ou ERA, est revenu sur le devant de la scène en janvier 2020. Cette proposition d’amendement à la Constitution, destinée à assurer l’égalité entre hommes et femmes et ainsi prohiber toutes formes de discriminations basées sur le sexe, a en effet été ratifiée par deux tiers des États américains (38), après le vote en Virginie du début de l’année. D’abord votée par les deux chambres du Congrès en 1972, grâce à la pression exercée par le mouvement féministe, elle était restée lettre morte depuis 1982, après des années de lobbying acharné par les antiféministes menées par leur figure de proue, Phyllis Schlafly.

La mini-série Mrs. America, réalisée par Dahvi Waller, brosse le portrait de plusieurs femmes américaines qui militèrent dans les années 1970-80, au moment de l’affrontement décisif entre féministes et antiféministes. Phyllis Schlafly – interprétée par l’actrice oscarisée Cate Blanchett – y fait figure d’anti-héroïne puisqu’elle incarne l’opposition à la « deuxième vague » du féminisme des années 1960-70. Comme le laisse entendre le titre de la série, c’est l’identité même de la femme américaine qui semblait être en jeu. Il s’agissait de redéfinir ou de préserver le modèle féminin idéal, c’est-à-dire celui de la femme au foyer. Mais Phyllis Schlafly correspondait-elle réellement à l’archétype féminin qu’elle défendait corps et âme ?

Pourquoi Phyllis Schlafly était-elle contre l’égalité des sexes ?

En 1972, Schlafly publia un texte retentissant dans sa newsletter, The Phyllis Schlafly Report, intitulé « What’s Wrong with Equal Rights for Women ? ». Dans ce manifeste antiféministe, elle fit l’apologie de la famille « traditionnelle » dans laquelle les époux endossaient des rôles genrés distincts ; la femme s’occupait du foyer et des enfants, tandis que l’homme était chargé de subvenir aux besoins de la famille grâce à son travail.

Cette vision socioéconomique du couple était héritée d’une idéologie en vogue dans les années 1950 qui faisait de la cellule familiale un partenariat émotionnel fonctionnel, une unité économique adaptée à l’ère de la consommation de masse et un idéal patriotique. Les époux n’étaient pas considérés comme égaux mais leurs contributions étaient vues comme complémentaires.

Cependant, largement idéalisée et rarement à la portée d’autres groupes sociaux que les classes moyennes blanches, la famille « nucléaire » fut envisagée par les féministes comme une source d’oppression, notamment après la parution en 1963 de l’ouvrage de Betty Friedan, The Feminine Mystique, qui mit en lumière le désarroi de certaines femmes au foyer aux prises avec les carcans patriarcaux.

Pour les conservatrices, ce modèle familial était menacé par la promesse d’égalité entre hommes et femmes ; l’ERA aurait par exemple selon elles supprimé le soutien économique des maris aux épouses. Sous l’égide de Phyllis Schlafly, elles lancèrent donc une campagne nationale contre l’amendement pour l’égalité des droits qu’elles nommèrent STOP ERA (STOP étant l’acronyme de « Stop Taking Our Privileges »).

La militante Phyllis Schlafly manifestant avec d’autres femmes contre l’ERA devant la Maison-Blanche, Washington, DC, le 4 février 1977. Warren K. Leffler/Public domain, CC BY

Une figure ambivalente

Malgré son combat pour la préservation des « privilèges » de la femme, épouse et mère avant tout, Phyllis Schlafly cultivait elle-même une certaine ambiguïté. Mrs. America met en effet en scène un personnage controversé de l’histoire américaine : une femme à la longue carrière politique et militante, pourtant opposée à l’égalité homme-femme et à l’émancipation de cette dernière en dehors du foyer.

Prenant sans doute des libertés avec la réalité historique, les scénaristes de la série ont souhaité montrer que Phyllis Schlafly était tout aussi victime du sexisme que les autres femmes, et donc que son antiféminisme était incohérent avec sa propre expérience. Dans l’épisode 1, on lui enjoint par exemple d’exhiber son plus beau sourire sur le plateau d’une émission télévisée ou de s’improviser secrétaire de séance lors de sa rencontre avec le sénateur Barry Goldwater. Phyllis Schlafly est ainsi ramenée à sa condition de femme, dans un monde encore dominé par les hommes.

Pour autant, et les féministes ne tardèrent pas à le souligner, il y avait un véritable écart entre son discours, qui faisait de la femme au foyer l’idéal américain, et la pratique. La biographe de Schlafly, Carol Felsenthal, mentionne par exemple Betty Friedan, qui avait accusé Schlafly de trahir son propre sexe.

Le parcours de Phyllis Schlafly révèle en effet un certain paradoxe. Elle était certes une mère et une épouse accomplies, mais aussi une militante très active dans les milieux politiques de droite, et ce depuis les années 1950. La série de Dahvi Waller nous donne ainsi à voir une Schlafly affairée, qui virevolte de la cuisine au salon, formulant des directives et supervisant ses amies militantes (épisode 2). Pendant ce temps, c’est sa belle-sœur Eleanor qui se propose de faire les devoirs avec l’un de ses fils. Plus tard, à 51 ans, son ambition la conduisit également à étudier le droit pour affiner son expertise sur l’ERA (épisode 5). Ces différents aperçus de la vie de Phyllis Schlafly semblent ainsi pointer du doigt son hypocrisie.

Phyllis Schlafly au téléphone dans sa maison d’Alton (Illinois). Phyllis Schlafly Estate, Author provided (No reuse)

Phyllis Schlafly : autopsie de la « femme parfaite »

Phyllis Schlafly dut ainsi soigner son image et elle se construisit un véritable personnage pour protéger sa réputation. Sa crédibilité en tant qu’égérie du mouvement antiféministe était ainsi ancrée dans une figure de femme modèle, suscitant l’admiration du contingent de femmes au foyer qui l’accompagnait.

Agrémentant régulièrement ses publications de photographies privées, participant avec son époux Fred à des interviews et clamant haut et fort qu’elle avait enseigné la lecture à ses six enfants, Phyllis Schlafly utilisa sa propre famille comme vitrine de sa réussite personnelle et de sa conformité. La mise en scène était d’ailleurs visible jusque dans son choix de vêtements : robes, colliers de perles et coiffures sophistiquées, scrupuleusement reproduits à l’écran, devinrent sa signature. Son élégante stature et son apparence impeccable sont d’ailleurs admirablement rendues par une Cate Blanchett qui parvient avec justesse à faire transparaître la rigueur et le charisme de la militante jusque dans ses intonations et les expressions de son visage.

La stratégie militante des antiféministes

Chères à Schlafly, les questions de représentation concernaient aussi le format de la mobilisation des conservatrices, qui tentaient d’offrir un contrepoids au militantisme parfois radical des féministes. Les actions militantes des femmes conservatrices consistaient par exemple à approcher les législateurs au sujet de l’ERA au moyen de pains et confitures faits maison (épisode 2).

Ce militantisme féminin et discret, qui mettait en avant les qualités nourricières de la femme – prétendument naturelles – participait ainsi à rassurer les hommes politiques. En soulignant leur respect des rôles genrés traditionnels, les femmes conservatrices accentuaient aussi leurs différences avec les féministes.

La série montre ainsi que la société américaine d’alors estimait encore que certains comportements n’étaient pas convenables pour une femme : exprimer publiquement sa colère, comme Betty Friedan dans l’épisode 4 lorsqu’elle affronte Schlafly dans un débat, ou encore refuser d’endosser le rôle traditionnel d’épouse, comme Gloria Steinem dans l’épisode 2.

Conquérir une partie du pouvoir politique sans remettre en cause le système s’avéra une stratégie gagnante pour les antiféministes, qui parvinrent à se faire entendre. En maintenant la pression sur les hommes politiques les plus conservateurs dans les États, elles firent échouer l’amendement en 1982, lorsque la date limite de ratification fut atteinte.

Controverses sur la série

Pour autant, le portrait de Phyllis Schlafly et de son mouvement dans la série déplaît fortement aux partisans d’Eagle Forum, l’organisation qu’elle fonda en 1975 et qui est aujourd’hui scindée en deux. En effet, la volonté du cercle proche de Schlafly de protéger son image s’inscrit dans un contexte bien spécifique de querelle fratricide, de concurrence pour son héritage et de mise en mémoire.

Anne, la plus jeune des filles de Phyllis Schlafly, déplore par exemple que sa mère soit dépeinte comme un « monstre ». Il est vrai que Phyllis Schlafly apparaît comme ambitieuse et calculatrice, et, Anne l’admet volontiers, sa mère était une « femme forte et dominatrice ». Cependant, la série ne lui rendrait pas justice car elle était très appréciée des bénévoles qui l’entouraient.

À cet égard, il semblerait que Schlafly ait privilégié un type de leadership autoritaire et vertical dans son organisation. Tel un chef d’orchestre, elle supervisait l’élaboration d’un discours uniforme, coordonnait la formation politique de ses fidèles et s’était imposée comme leader incontesté du mouvement antiféministe, ainsi qu’en témoigne par ailleurs sa rencontre avec une autre militante conservatrice, Lottie Beth Hobbs, dans l’épisode 6 (voir notre thèse soutenue à la Sorbonne Nouvelle le 29 novembre 2019, dirigée par Hélène Le Dantec-Lowry et intitulée « Le discours socioculturel et les pratiques militantes des conservatrices aux États-Unis. Le cas de Phyllis Schlafly et Eagle Forum »).

Effigie conservatrice jusqu’en 2016

Phyllis Schlafly. Phyllis Schlafly Estate, Author provided (No reuse)

En septembre 2016, celle que ses pairs surnommaient la « mère du conservatisme » s’éteignit à l’âge de 92 ans. Conservatrice opiniâtre et véritable guide du mouvement antiféministe, Phyllis Schlafly mit un point final à cinquante ans de militantisme au profit de la droite américaine, une carrière politique qui culmina d’ailleurs avec un soutien au candidat Donald Trump.

Son parcours personnel, exposé dans la série Mrs. America, témoigne de l’ampleur des changements socioculturels à l’œuvre dans la société américaine dans la seconde moitié du XXe siècle, et de ceux, moins connus, qui affectèrent les femmes conservatrices.

Comment faire de votre jardin un havre de biodiversité

18 lundi Mai 2020

Posted by mirmandepatrimoines in Uncategorized

≈ Poster un commentaire

 

The Conversation

  1. Benoît Fontaine

    Ingénieur en biologie de la conservation, Muséum national d’histoire naturelle (MNHN)

  2. Nicolas Deguines

    Chercheur postdoctoral en écologie et biologie de la conservation, Muséum national d’histoire naturelle (MNHN)

 

Muséum National d’Histoire Naturelle

CC BY ND
 

Pour celles et ceux qui ont la chance de posséder un coin de verdure, la période de confinement a offert l’occasion de jardiner, s’adonner à l’exercice physique ou simplement – aujourd’hui plus que jamais – de contempler. Contempler la végétation généreuse en ce printemps avancé, son cortège de pollinisateurs virevoltant autour des premières fleurs ; contempler les oiseaux chanteurs donnant fièrement de la voix.

Pourtant, tous les jardins ne connaissent pas la même vitalité. Ils sont d’abord le reflet des paysages alentour : un jardin bordé de monoculture hypertraitée abritera une biodiversité certainement plus pauvre, malgré l’effet refuge dont pourront bénéficier quelques espèces. Mais le degré d’attractivité tient beaucoup à nos comportements. Ce sont nos pratiques qui garantissent la bonne santé du jardin et des écosystèmes qu’il renferme.

Nos jardins, refuge pour le vivant en ville

Parmi tous les préjudices que nous infligeons au vivant, la disparition des habitats est sûrement le plus préoccupante. Tous les 10 ans, l’étalement urbain engloutit une surface équivalente à celle d’un département. Les conséquences de l’artificialisation des sols se manifestent de plusieurs façons : appauvrissement de la diversité des espèces et homogénéisation – les plus adaptables prospérant au détriment des plus exigeantes en matière d’alimentation et/ou d’habitat.

Face à ces pressions croissantes, de nombreuses espèces trouvent refuge dans les lieux les moins bétonnés : friches urbaines, cimetières, jardins publics mais également les jardins privés. Si l’on prend un peu de hauteur, nos arrière-cours, aussi restreintes soient-elles, constituent une immense mosaïque à l’échelle du pays. Les 17 millions de Français propriétaires de jardins gèrent en réalité, collectivement, plus d’un million d’hectares. Soit une surface 4 fois plus étendue que celle des Réserves naturelles de France.

Balcon fleuri. Beavela/Flickr, CC BY-NC-SA
Au cimetière du Père-Lachaise (Paris). Steven Soper/Flickr, CC BY-NC-SA

Mais c’est au cœur des agglomérations que nos jardins sont les plus utiles. Éparpillés au milieu des zones bétonnées, ils représentent tout de même la moitié des espaces verts urbains en Île-de-France, 36 % à Paris et entre 24 et 47 % dans des grandes villes britanniques.

Ces oasis de verdure sont capables d’offrir le gîte et le couvert à de multiples espèces : des plantes dont se nourrissent les insectes, des fleurs qui attirent des pollinisateurs, des coins tranquilles pour les oiseaux, les lézards et les petits mammifères. Mieux : de proche en proche, les jardins forment des corridors écologiques le long desquels ces organismes circulent. Selon une récente étude, un jardin est d’autant plus riche en d’insectes pollinisateurs qu’il est entouré d’autres jardins dans un périmètre de 50 à 100 mètres.

Moins de pesticides, plus de plantes nectarifères

Encore faut-il que lesdits jardins soient accueillants. Avec la volonté des urbains de se reconnecter à la nature et l’éveil des consciences environnementales, les jardiniers renouent petit à petit avec des pratiques douces et adaptées. Les critères écologiques rattrapent désormais les critères esthétiques, souligne ainsi une récente enquête.

Quarante années d’utilisation zélée de produits phytosanitaires sont passées par là (les jardins des particuliers représentent 9 % de la consommation française). Notre vieille tradition hexagonale consistant à tailler tout ce qui dépasse, également. Qu’est-ce que le jardin « à la française » incarné par les magnifiques œuvres symétriques d’André Le Nôtre, sinon du contrôle, du travail, et finalement peu de biodiversité ?

Plans des jardins du domaine de Chantilly imaginés par André Le Nôtre au XVIIᵉ siècle. Wikimedia

Cette dernière, pour s’épanouir, réclame au contraire un minimum de gestion et un maximum de laisser-faire : plantes sauvages, bois mort, sol nu, friche… Une mosaïque d’habitats pour une multitude d’espèces. En ce sens, le traditionnel jardin anglais, reposant lui sur l’irrégularité et la diversité de la nature, se montre bien plus accueillant.

Grâce aux suivis de biodiversité effectués tous les ans par des dizaines de milliers d’observateurs participant au programme de science participative Vigie-Nature, nous pouvons désormais quantifier ces relations et identifier les pratiques favorables, ou non, à la biodiversité. Nous avons ainsi montré que les compteurs de papillons recensent en moyenne deux fois plus d’espèces lorsqu’ils n’utilisent pas de pesticides et davantage d’individus.

L’explication ? Les papillons, comme de nombreux insectes volants, sont très vulnérables aux produits phytosanitaires : directement – par la toxicité des produits – et indirectement, dans le cas des herbicides qui privent à la fois les insectes et leurs larves de garde-manger et de refuge.

Parmi les actions positives : l’implantation de végétaux riches en nectar – ronces, trèfles, arbres à papillons, centaurées, lavande, thym, romarin, etc.

D’après nos relevés participatifs, plus ces plantes nectarifères sont présentes dans leurs jardins, plus les observateurs mentionnent de papillons. Or le fait de diminuer les pesticides et d’augmenter la diversité des plantes du jardin profite, par effet de cascade, à tout l’écosystème. Les services écosystémiques comme la pollinisation s’en trouvent renforcés. Ainsi, par extrapolation, si les 17 millions de jardins actionnaient ne serait-ce que ces deux leviers fondamentaux, les bénéfices seraient théoriquement considérables.

L’« opération papillons » du programme de science participative Vigie-Nature. (Vigie Nature, 2018).

Les changements par les interactions avec la nature

Mais comment induire un glissement vers des pratiques vertueuses à grande échelle ? Pour faire de nos jardins de véritables havres de biodiversité, une petite révolution culturelle doit s’amorcer.

Selon de nombreux travaux en psychologie environnementale, la simple fourniture d’informations ne suffit pas à provoquer des changements de comportement. Les « expériences de nature », autrement dit l’immersion dans un écosystème, l’observation attentive, les interrogations afférentes, soient un préalable nécessaire au passage à l’action.


À lire aussi : Face à la crise écologique, remettons des « expériences de nature » dans notre quotidien


Un phénomène que nous venons tout juste d’observer chez les participants de l’Opération papillons. Après 8 ans de comptages, les jardins ont été fortement enrichis en plantes nectarifères. Sur la même période, les observateurs ont aussi réduit drastiquement leur utilisation de pesticides.

Comment interpréter cette évolution ? Les participants ont probablement établi des liens entre l’arrêt des produits chimiques, l’augmentation de certains végétaux et in fine celle des papillons. De profondes expériences de nature – ici, des interactions fortes et répétées avec les papillons – sont parvenues au fil du temps à influencer les comportements.

À la suite du Grenelle de l’environnement, le plan Ecophyto 2008 s’était donné comme objectif de réduire de 50 % l’usage des pesticides au niveau national, dans un délai de dix ans. Si les effets de ce plan sont très décevants dans le monde agricole (l’usage de produits phytosanitaires a augmenté de 12 % entre 2009 et 2016), la vente de ces produits est désormais interdite aux particuliers.

Mais il reste beaucoup à faire, individuellement. Ces petites actions bénéfiques localement sont complémentaires des politiques environnementales. La protection de la nature s’opère aussi bien dans les réserves naturelles que devant chez soi. À grande échelle, les jardins peuvent freiner l’érosion de la biodiversité en restaurant les connexions dans les écosystèmes urbains.

Le confinement aura constitué un bon moment pour rendre nos jardins plus accueillants à la biodiversité. Cela vaut aussi pour les jardinières de balcons, où laisser pousser des plantes spontanées sera à la fois moins coûteux et favorable aux insectes. Vivons des expériences de nature en comptant les papillons, les bourdons, les oiseaux grâce aux sciences participatives. Ou simplement en observant, en contemplant ce qui nous entoure, en jardinant. Invitons la biodiversité à s’installer chez nous !


Hugo Struna – journaliste et rédacteur du blog de Vigie Nature, un programme de sciences participatives porté par le Muséum national d’histoire naturelle – est co-auteur de cet article.

mai 2020
L M M J V S D
 123
45678910
11121314151617
18192021222324
25262728293031
« Avr   Juin »

Stats du Site

  • 96 213 hits

Liens

  • Associations-patrimoines
  • La Fédération d'environnement Durable
  • Moelle Osseuse
  • Visite de Mirmande
mai 2020
L M M J V S D
 123
45678910
11121314151617
18192021222324
25262728293031
« Avr   Juin »

Commentaires récents

Le Soudanite dans Nutrition : pour bien vieillir…
Le Soudanite dans Nutrition : pour bien vieillir…
L’Écologie aux porte… dans L’Écologie aux portes du pouvo…
jac-zap dans Comment les allocations chômag…
L’Union politique eu… dans L’Union politique européenne v…

Propulsé par WordPress.com.

Annuler