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Mirmande PatrimoineS Blogue

Archives Journalières: 03/06/2020

S’adapter ou se transformer : quelle résilience souhaitons-nous ?

03 mercredi Juin 2020

Posted by mirmandepatrimoines in Uncategorized

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The Conversation

 

 

  1. Raphaël Mathevet

    Directeur de recherche au CNRS, Centre d’écologie fonctionnelle et évolutive, Université de Montpellier

  2. Francois Bousquet

    Chercheur, Cirad

  3. Olivier Barreteau

    Chercheur, Inrae

INRAE

Université de Montpellier

 

CC BY ND
Dispositif de stockage d’eau pour l’usage agricole à Tannourine (Liban). Caroline Coulon/Water Alternatives/Flickr, CC BY-NC
 

Depuis plusieurs semaines, le terme de « résilience » revient dans de nombreux discours politiques. Dans un tel contexte, un regard sur les productions scientifiques consacrées à ce sujet peut contribuer au débat sur notre futur développement.

En France, ce concept a été popularisé en psychologie par Boris Cyrulnik, qui l’a défini comme la capacité à « reprendre un nouveau développement après une agonie psychique ». Cette notion est aussi utilisée depuis le début des années 1970 à la suite des travaux de l’écologue C.S. Holling dans l’étude des interactions entre les sociétés et leur environnement.

La théorie de la résilience est fondée sur la complexité du monde, qui nous oblige à vivre des situations d’incertitude. Appliquée à un système socioécologique, elle désigne sa capacité à absorber les perturbations d’origine naturelle (un feu, une sécheresse, une maladie, etc.) ou humaine (une coupe forestière, la création d’un marché, une politique agricole, etc.) et à se réorganiser de façon à maintenir ses fonctions et sa structure.

En d’autres termes, c’est sa capacité à changer tout en gardant son identité.

Selon cette théorie, les moments de crise sont l’occasion d’une réorganisation qui nous permet de choisir de nouvelles trajectoires pour ensuite accompagner le processus de résilience. Ces trajectoires résultent de stratégies qui trancheront entre deux types de changement : l’adaptation et la transformation.

L’adaptation désigne une réaction à un stress ou à une perturbation (on s’adapte à quelque chose), qui ne remet pas en cause l’essentiel des valeurs fondamentales du système, lequel conserve ses grandes caractéristiques. La transformation découle du constat que le fonctionnement du système n’est plus tenable, que ce soit pour des raisons socio-économiques ou écologiques, et qu’il faut en changer.

Dans le contexte de la crise actuelle, doit-on s’adapter aux nouvelles conditions ou penser la transformation ?

Conférence de Crawford Stanley Holling sur la résilience en 2008. (Stockholm Resilience Centre TV).

S’adapter pour résister aux prochaines crises

Les travaux sur la résilience s’attardent sur une analyse systémique pour comprendre la trajectoire et la position du système et étudier les réponses possibles aux perturbations. La résilience s’intéresse aux processus qui rendent le système plus robuste aux multiples perturbations.

De leurs côtés les travaux sur la vulnérabilité portent davantage sur l’analyse des relations entre une perturbation donnée et un objet particulier et essaient d’évaluer la réponse de cet objet, ses fragilités.

La vulnérabilité apparaît souvent comme l’équivalent de la « résilience spécifique » d’un objet (la résilience de certaines parties du système face à un ou plusieurs types de perturbations), en opposition avec « la résilience générale » du système (la résilience de chaque partie ou de l’ensemble d’un système à tout type de choc).

Les grandes crises telles que celle que nous vivons actuellement peuvent être l’occasion pour les États de faire le choix de politiques d’adaptation, afin d’accroître leur résilience. Pointant sur des risques déterminés, il s’agit toujours tacitement de résilience spécifique.


À lire aussi : Penser l’après : La reconstruction plutôt que la reprise


Ces politiques d’adaptation passent par la mise en place ou la révision de protocoles préventifs qui permettront de mieux traverser les prochaines crises qui ne manqueront d’arriver. Il s’agit, par exemple, de mettre en place des réserves financières et de masques, un suivi des maladies émergentes, de réviser des systèmes assurantiels, des protocoles d’urgence ou de renforcer son autonomie alimentaire et sanitaire.

Cet usage de la notion de résilience (spécifique) connaît un certain succès et peut être parfois instrumentalisé pour justifier l’action et la responsabilité individuelle aux dépens de l’action et la responsabilité planifiées, centralisées ou partagées : les citoyens deviendraient alors les entrepreneurs de leur vie et de la capacité de leur système à se relever.

Dans cette perspective, ce sont aux victimes des catastrophes ou aux exploitants des ressources naturelles de se prendre en main et de s’organiser pour supporter les chocs que l’avenir incertain leur réserve.


À lire aussi : Face à l’urgence climatique, méfions-nous de la sur‑responsabilisation des individus


Les solutions proposées apparaissent sans alternative car elles sont raisonnées pour répondre à un enjeu de résilience spécifique. Le choix de l’adaptation ne pose pas la question des valeurs fondamentales et se place donc dans une continuité implicite du système en place.

Sept principes pour une résilience générale

L’autre option consiste à raisonner ainsi : nous savons que de nouvelles crises nous attendent ; cela nous invite à une réflexion plus large sur une résilience générale à engager dès que possible, sur les valeurs fondamentales sous-jacentes à la gestion et l’exploitation de nos environnements.

Les scientifiques qui travaillent sur la résilience des systèmes socioécologiques ont tiré sept principes généraux au cours des cinquante dernières années.

Premièrement, maintenir la diversité de gènes, d’espèces, de paysages, de groupes culturels, de styles de vie, de règles de gouvernance et leur redondance fonctionnelle.

Ensuite, gérer la connectivité au sein et en dehors des systèmes socioécologiques. Une connectivité élevée entre groupes sociaux permet de partager l’information, de développer la confiance nécessaire à l’action collective. Si cette connectivité peut favoriser la diffusion rapide d’une épidémie ou de fake news, elle fait aussi partie de la solution en favorisant l’entraide entre zones distantes ou la recolonisation d’espèces en provenance de zones épargnées par un fléau quelconque.

Il faut par ailleurs gérer les processus lents qui participent à la régulation des écosystèmes ou du climat, qu’ils soient écologiques comme l’érosion de la biodiversité, ou sociaux comme les changements de valeurs et règles sociales pour l’accès et l’usage de l’environnement. Lorsqu’un seuil est passé, par le jeu des rétroactions, le système n’est plus régulé et s’emballe.

Ils invitent en outre à favoriser la pensée de systèmes adaptatifs complexes avec les approches interdisciplinaires et les outils de simulations. La résilience implique également d’encourager les processus d’apprentissage et d’expérimentation, ainsi que d’élargir la participation aux citoyens.

Conversation France

✔@FR_Conversation

#Citoyens des #sciences: chercheurs et public collaborent, par P. Frey-Klett et F. Houllier http://bit.ly/1S5v20P 

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Enfin, elle exige de promouvoir un système de multiples autorités à différents niveaux connectées entre elles. L’un des fondements clés de cette gouvernance polycentrique est de faire correspondre les niveaux de gouvernance (entendue comme l’exercice de la délibération et de la prise de décision parmi les groupes de personnes qui ont l’autorité pour agir) à ceux où se situe le problème.

Le choix de la transformation

Après la résistance à la crise sanitaire, c’est d’une résilience générale dont nous avons besoin. Donc d’une transformation. Celle-ci repose sur l’établissement d’une relation de nos sociétés à la nature qui soit différente, fondée sur le respect des non-humains et des processus écologiques, où les questions économiques n’auront plus le primat sur les questions environnementales.

Penser le monde, c’est penser l’environnement que nous construisons et qui nous englobe. Cela revient à examiner les conséquences qui en découlent : interdépendances, circularités et co-évolutions. L’écologie et la science des systèmes complexes ont permis de mettre en avant nos interactions avec le vivant ; il est temps à présent de repenser l’idée que nous avons de nous-mêmes comme des solidarités humaines et écologiques.

Cette transformation pose encore de nombreuses interrogations et le choix des trajectoires adéquates est complexe, c’est d’ailleurs pour cela qu’une résilience générale ne se décrète pas mais se construit.

Qui a la légitimité pour ce choix ? Comme proposé récemment par Bruno Latour, chacun et collectivement, nous devons faire l’inventaire de ce qu’il convient de conserver ou de modifier.

À quelle échelle territoriale ce choix peut-il se faire ? La mise en œuvre de trajectoires correspondant à un nouveau projet de société nécessite des ressources et génère potentiellement des effets au-delà des personnes impliquées dans le choix de cette trajectoire.

Comment prendre en compte ces interactions ? Il convient de rester critique envers celui qui déclare la crise comme envers celui qui déclare ou façonne la résilience du système. Celle-ci est souhaitable si elle est décidée et mise en place au sein d’un projet collectif sur les relations entre les humains, entre eux et au sujet de la nature.

Penser l’après : Les limites physiques de la planète

03 mercredi Juin 2020

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The Conversation

 

  1. Roland Lehoucq

    Chercheur en astrophysique, Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA)

  2. François Graner

    Directeur de recherche CNRS, Université de Paris

Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA)

Université de Paris

 

CC BY ND
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Reproduisez nos articles gratuitement, sur papier ou en ligne, en utilisant notre licence Creative Commons.

Les chercheuses et les chercheurs qui contribuent chaque jour à alimenter notre média en partageant leurs connaissances et leurs analyses éclairées jouent un rôle de premier plan pendant cette période si particulière. En leur compagnie, commençons à penser la vie post-crise, à nous outiller pour interroger les causes et les effets de la pandémie, et préparons-nous à inventer, ensemble, le monde d’après.


Le confinement mis en place pour lutter contre la pandémie de Covid-19 a radicalement modifié nos vies en stoppant de nombreuses activités. Une des conséquences de cette crise sanitaire est la diminution de nos émissions de CO2 la plus importante depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale : 7 % sur les quatre premiers mois de 2020. Respecter l’objectif de l’Accord de Paris pour limiter le réchauffement à 1,5 °C nécessite une baisse des émissions équivalente à celle imposée par le Covid-19, mais en continu durant les prochaines décennies.

La pandémie a aussi révélé la fragilité de notre société. Quelles seraient les conséquences humaines d’une telle pandémie combinée avec un phénomène naturel extrême – ouragan, incendie géant, canicule – dont la probabilité et l’amplitude augmentent à cause du réchauffement climatique ?

Il est grand temps de prendre des mesures face aux risques futurs – qui se cumuleront – et d’augmenter l’intensité des efforts consentis pour être en état d’y faire face. Deux oublis sont à l’origine de nos imprudences : l’oubli de principes de base de la physique et l’oubli des limites physiques de notre planète.

La physique ne se laisse pas oublier

L’énergie est une notion fondamentale de la physique, qui quantifie la capacité à transformer la matière. Déplacer un objet, le construire ou le détruire, le chauffer, et toute autre transformation, nécessitent de l’énergie, et d’autant plus d’énergie que la transformation est importante.

Depuis sa maîtrise du feu, l’humanité a domestiqué de nombreuses formes d’énergie, classées en deux groupes : énergies de flux et énergies de stock. Voici une analogie. En cas de soif, vous pouvez vous abreuver à une source – il est impossible de choisir son débit, mais elle coule en permanence. Avec une bouteille d’eau, l’eau peut être bue d’un coup ou progressivement, mais la quantité totale consommée est fixée par le stock initial – la taille de la bouteille.

Les énergies de flux sont le vent, le solaire, l’hydraulique au fil de l’eau, les courants marins et la géothermie. Elles ont une puissance limitée et nous devons l’accepter. Impossible de faire souffler le vent plus fort, ou de tirer du Soleil plus de lumière que la Terre n’en reçoit.

Les énergies de stocks sont les énergies fossiles – pétrole, gaz, charbon – et l’énergie nucléaire. Avec celles-ci, la contrainte est la quantité totale qui est disponible moyennant un effort considéré comme acceptable. En pratique, le débit d’énergie (la puissance) résultant de l’exploitation d’une énergie de stock est si grand que le rythme des transformations s’accroît considérablement tant que le stock n’atteint pas une valeur critique. À cause de la difficulté à estimer « ce qu’il reste dans le puits » (l’état du stock), il est fréquent d’être leurré par le mirage d’une source illimitée, alors qu’en réalité un stock utilisé finit par s’épuiser.

Différents types d’énergie, différentes contraintes. Angelatriks/Shutterstock

Les matériaux extraits de la croûte terrestre utiles à nos sociétés, comme les métaux, forment aussi un stock. Or des métaux importants sont dispersés dans la roche avec des teneurs parfois aussi faibles que quelques grammes par tonne. Concentrer la matière est une étape clé qui utilise d’énormes quantités d’énergie, souvent à haute puissance. 90 milliards de tonnes de matériaux sont extraits chaque année et l’état des stocks devient critique. De plus, cette matière concentrée artificiellement n’est pas toujours bien recyclée : sur une soixantaine de métaux 34 ont un taux de recyclage inférieur à 1 %, dont beaucoup sont demandés par les nouvelles technologies.

Les trois limites de la planète : matière, énergie, environnement

Matière, énergie et environnement forment un triptyque interconnecté et indissociable. Par exemple, transformer la matière grâce à l’énergie modifie l’environnement : directement par l’extraction et la production, indirectement par les déchets qui en résultent inéluctablement. Agir sur une seule des crises qui touchent ce triptyque aboutit souvent à aggraver les deux autres.

Il est désormais acquis que le déclin rapide de la biodiversité et le changement climatique menacent l’habitabilité de notre planète et la survie à long terme de l’espèce humaine, requérant des actions urgentes. L’empreinte de l’humanité sur la biosphère prend de multiples formes et a considérablement augmenté depuis qu’aux énergies de flux utilisées traditionnellement se sont ajoutées les énergies de stock.

Nous entrons dans une période où nous disposerons sans doute de moins en moins d’énergie à cause de la raréfaction des stocks d’énergies fossiles. Surtout, il est indispensable que nous en réduisions sensiblement notre consommation pour limiter le réchauffement climatique qui posera certainement des problèmes avant l’épuisement des stocks. Développer le nucléaire pour compenser cette réduction n’est pas la solution idéale, en particulier à cause des déchets.

Disposer de moins d’énergie, volontairement ou non, c’est effectuer des déplacements moins nombreux et moins rapides, produire moins d’objets manufacturés, réduire l’usage du numérique, altérer les services publics, bref avoir moins de capacités à affronter les catastrophes naturelles ou les effets de la société de consommation. Si l’on pense à la pandémie actuelle, cela veut dire moins de masques, et plus de difficulté à les laver.

On pourrait certes espérer que la solution passe par l’amélioration de l’efficacité de nos machines, les perfectionnant pour qu’elles rendent le même service en consommant moins d’énergie et de matière. Mais tant qu’on reste attaché aux énergies fossiles et aux hautes puissances, l’effet rebond menace : un gain d’efficacité visant à réduire la consommation d’une machine en énergie ou en matière est souvent annulé par une augmentation de son usage et donc de sa consommation globale.

Certains rêvent d’aller chercher des régions habitables ou des minerais hors de notre planète. Une telle tentative détournerait à son profit des ressources d’énergie et de matière considérables, sans avoir démontré au préalable qu’elle rapporterait effectivement plus d’énergie qu’elle n’en consomme. On peut aussi craindre une exportation des problèmes environnementaux.

De quels leviers disposons-nous ?

Pour l’instant, notre société ne lance des projets et ne prend des décisions que sous l’angle du profit monétaire. Pourquoi ne pas faire preuve désormais de prévoyance, en calculant les coûts d’abord selon le triptyque matière-énergie-environnement et de ses limites ?

Quels leviers pour faire avec moins ? Duvanova/Shutterstock

Concernant la matière : le cycle entier de la production – extraction, fabrication, distribution, usage, fin de vie, retour à la fabrication ou à l’usage – doit être pensé pour diminuer la dégradation spontanée. En l’occurrence une triple dégradation : l’énergie se transforme en des formes de moins en moins utilisables, et se dilue in fine en chaleur ; les matières se mélangent et se diluent ; l’environnement est de moins en moins adapté à la vie. Le recyclage, tel qu’il est pratiqué, est limité et n’est pas la solution. La robustesse, la modularité et la facilité de réparation permettraient de passer de l’obsolescence à la durabilité, et de l’irresponsabilité à la responsabilité vis-à-vis des objets que nous utilisons.

Constatant que les énergies de stocks ne sont pas durables, il serait judicieux de se tourner vers la seule source qui l’est : le Soleil, qui devrait encore briller pendant 5 milliards d’années. Le flux solaire reçu par la Terre est directement ou indirectement à l’origine de nos énergies solaires, hydroélectrique, éolienne et alimentaire. Il a une puissance considérable 174 000 térawatts, à peu près dix mille fois supérieure à la consommation de l’humanité entière. En effet, à titre de comparaison, notons que les ressources fossiles que nous avons brûlées en à peine deux siècles proviennent de l’accumulation de l’énergie solaire captée par la photosynthèse durant cent mille fois plus longtemps.

La puissance reçue du Soleil est distribuée sur toute la surface de la planète. La capter entièrement et la concentrer pour alimenter la société de consommation, par exemple sous forme de panneaux photovoltaïques ou de biocarburants, se heurte à des obstacles en pratique, tant en termes d’utilisation de matière première que d’utilisation des sols et d’environnement.

Il serait donc judicieux de se restreindre à utiliser des technologies de basse puissance. C’est-à-dire limitées par ce qui arrive sur une surface donnée locale au cours de l’année : le flux solaire, le vent, la pluie et les fleuves, la géothermie, le bois et la végétation qui poussent. Du fait qu’on intègre ces limites, il ne peut y avoir d’effet rebond.

De telles technologies seraient-elles réalisables en pratique ? L’exemple de la vie depuis plusieurs milliards d’années montre qu’il est non seulement faisable, mais aussi durable, de n’utiliser que le flux d’énergie venant du Soleil, et surtout la matière disponible inlassablement recyclée à partir de sources diluées.

Qu’est-ce à dire ? Il y a des éléments dont nos cellules ne peuvent se passer, mais qu’elles emploient en toute petite quantité, le fer par exemple. Qu’ils proviennent de l’eau de mer ou d’une roche, ils y étaient très dilués. Jamais, dans toute la chaîne écologique, il n’y a l’équivalent d’un haut-fourneau qui les utilise sous forme pure avec un coût énergétique élevé. Ils restent plus ou moins dilués dans les cellules, à l’état de trace, et passant ainsi d’un organisme à l’autre. La biochimie fine des cellules limite la dégradation de l’énergie et la déperdition de matière.

Cependant, les leviers d’actions sont loin de se limiter à des choix technologiques. La foi inconsidérée en la science ou la technique a montré ses limites. Est-il raisonnable d’espérer que la technologie, à elle seule, résoudra les problèmes qu’elle pose ? Qui oserait encore proclamer aujourd’hui que « nous sommes parvenus à dominer la famine, les épidémies et la guerre » ? Un premier levier d’action consisterait à forger les outils mentaux qui nous permettront de réagir à une situation encore jamais vue.

De la pandémie, nous pouvons tirer une leçon d’anticipation, sans confondre urgence et précipitation. La prudence, vertu recommandable, consiste à imaginer les conséquences de nos actes, et aussi à admettre que certaines nous échappent. La pandémie rappelle crûment qu’il y a deux durées distinctes : celle de la prise de décision – brève – et celle au bout de laquelle les conséquences des décisions deviennent perceptibles – potentiellement longue. Les physiciens savent bien qu’une telle situation est difficilement pilotable et potentiellement instable.

La pandémie a aussi changé notre perception de la mobilité incessante, réputée indispensable auparavant et désormais source de diffusion du danger. Le confinement nous a donné un exemple collectif d’autolimitation, d’une ampleur inédite dans l’histoire récente de l’humanité. La sobriété, vertu tout aussi recommandable que la prudence, dépend de nos capacités à nous limiter nous-mêmes.

À l’échelle de l’individu, viser plus de sobriété nécessite de rétablir le lien entre nos actions et la perception de leurs conséquences. Par exemple, dans les pays industrialisés, nous consommons l’eau du robinet sans prêter aucune attention à la somme colossale d’efforts individuels, collectifs, industriels, technologiques et scientifiques que requiert son arrivée apparemment miraculeuse. Expliquer, enseigner, persuader peut amener à changer nos comportements. Ici aussi, le confinement a contribué au changement d’attitude.

À l’échelle collective, il existe des tentatives de répartir les contraintes concernant la pollution, comme le budget carbone. La subvention ou la taxe, le quota ou le rationnement, la norme ou la loi, bref tous les mécanismes collectifs de limitation peuvent être des leviers d’action s’ils sont justifiés et compris. L’enjeu, dans toute sa complexité, est bien sûr que ces contraintes soient équitables pour être acceptées : là encore, la pandémie a été un révélateur.

Leçons collectives à tirer

Les termes de « croissance verte » ou de « développement durable » sont des oxymores : sans croissance de la consommation d’énergie pas de croissance du flux formel d’échanges monétaires, aussi appelé PIB. Parce qu’il semble impossible, ou extrêmement difficile, de consommer moins d’énergie tout en maintenant la croissance économique telle qu’elle est définie actuellement, il est irresponsable de miser sur la perpétuation de cette dernière.

La décroissance n’est pas l’opposé de la croissance économique : elle se place sur un plan plus large, positif, aussi qualitatif que quantitatif. Considérant que la société de consommation apporte plus de nuisances que de bienfaits, elle invite à repenser l’économie, la culture et la politique afin de limiter tant la consommation d’énergie que l’empreinte écologique tout en réduisant les inégalités. Ce n’est donc pas une simple diminution quantitative : c’est un changement de structure. Si la société de consommation était comparée à une voiture, la croissance économique et énergétique serait son carburant. Passer à la décroissance ne consisterait pas à priver la voiture de carburant, mais plutôt à la remplacer par un vélo.

La pandémie a montré que nous pouvons nous autolimiter, individuellement et collectivement, en nous réorganisant. Evgeniy Zebolov/Shutterstock

Longtemps confinée aux cercles militants, la notion de décroissance est depuis un an reprise par les milieux académiques puis économiques. Elle suscite des remises en cause inattendues, d’un startupper comme de l’éditorialiste des Échos. La réflexion gagne une frange de jeunes ingénieurs. Quand un sondage indique que 54 % des Français préfèrent la décroissance à une croissance « verte », le journal La Décroissance titre ironiquement : « On a gagné ? ! ».

La pandémie fait basculer le statut du débat croissance/décroissance, devenu un sujet scientifique. Il peut désormais être abordé dans les médias grand public. Des scientifiques s’engagent – au nom des limites physiques de la planète – et œuvrent pour réorienter les politiques publiques de façon à s’affranchir du pari incertain et périlleux de la croissance.

À quoi sommes-nous prêts pour survivre ?

La pandémie frappe de manière très inégalitaire, et une crise économique frappe beaucoup plus violemment à mesure que l’on est moins riche. De la même façon, la crise écologique et énergétique qui s’annonce risque de frapper plus fortement les pays et les personnes les plus pauvres. Pour nous autolimiter dans un cadre de collaboration plutôt qu’en compétition, une réforme profonde de notre système politico-économique est nécessaire.

L’un des rares chefs d’État ayant commencé à implémenter une politique écologique a été assassiné après quelques années. On peut imaginer qu’un changement profond vers une écologie politique assumée aurait à surmonter de fortes résistances. Pourtant, la pandémie met aussi en lumière que, même dans des sociétés basées sur la concurrence, les solidarités prennent parfois le dessus.

Elle apporte aussi la preuve que les États peuvent prendre, au nom de la survie, la décision d’arrêter la machine économique et industrielle. Bien sûr, la brutalité de cet arrêt a eu des conséquences très graves : en premier lieu, la faim, de l’Inde à la Colombie en passant par les États-Unis où l’on peut voir des Mercedes dans une queue pour recevoir de l’aide alimentaire gratuite. Dans le futur, mieux vaudrait étaler ces changements dans le temps, les anticiper et les piloter, plutôt que les subir.

Face à cette pandémie qui ne contient qu’un seul risque, certes très grave, une large frange de l’humanité a donné un coup de frein d’une ampleur encore jamais vue. Face à la crise globale énergétique, matérielle et environnementale, face aux risques bien plus nombreux, tout aussi certains, et au moins aussi mortels, mais à une échéance plus étalée, consentirons-nous les efforts indispensables ?

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