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Archives Journalières: 14/06/2020

Liberté et morale en temps de crise : une leçon de Simone de Beauvoir

14 dimanche Juin 2020

Posted by mirmandepatrimoines in Uncategorized

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The Conversation

 

  1. Mélissa Fox-Muraton

    Professeur de Philosophie, Groupe ESC Clermont

Groupe ESC Clermont

 

CC BY ND
Des manifestants contre le racisme, après le meurtre de George Floyd, le 5 juin 2020 à Brooklyn. AFP / Angela Weiss.
 

Les derniers mois ont été marqués par plusieurs phénomènes inédits : un confinement simultané de plus de la moitié de la population mondiale en raison de la pandémie de Covid-19, et une mobilisation mondiale contre toutes les formes de discrimination et de racisme, après le meurtre brutal de George Floyd aux États-Unis. Y aurait-il un lien entre ces événements ? Les privations imposées à nos libertés pendant le confinement ont-elles permis une prise de conscience des inégalités et injustices inhérentes à nos sociétés ? Une nouvelle conscience morale ?

Nous proposons d’examiner cette question à la lumière de la morale existentialiste de Simone de Beauvoir, autrice de (Pour une morale de l’ambiguïté), qui dans l’immédiat après-guerre proposa une éthique mettant en avant l’incertitude et l’ambiguïté de la condition humaine comme fondement d’une nouvelle éthique basée sur la lutte pour la liberté de tous. Son œuvre est une ressource pour puiser « la force de vivre et des raisons d’agir » dans la conscience de notre condition et des liens qui nous relient aux autres.

De la vulnérabilité à l’engagement

Les épidémies, comme les guerres et les situations d’extrême urgence sont des événements qui bouleversent radicalement la vie collective et individuelle, nous mettant face à notre vulnérabilité, notre impuissance et nos inévitables échecs moraux.

En temps de crise, des vies et des libertés sont perdues, nous ne pouvons pas sauver tout le monde, nous ne pouvons pas respecter l’ensemble de nos valeurs. Nous devons renoncer à certaines de nos libertés, voire à certains de nos principes moraux les plus fondamentaux. Nous nous trouvons confrontés à des dilemmes insolubles, et ainsi à une conscience aiguë de l’ambiguïté de notre condition : nous croyions pouvoir décider de notre vie, nous nous rendons subitement compte que des événements externes peuvent anéantir l’ensemble de nos projets.

Il y a de quoi succomber au désespoir. Beauvoir nous rappelle cependant que cette conscience de l’ambiguïté de notre existence, et de sa vulnérabilité, peut et doit être le point de départ pour une nouvelle manière de penser la morale, qui met la valeur de la liberté humaine au centre de nos préoccupations. Lorsque les circonstances extérieures (économiques, sociales ou politiques) pèsent sur nous, il est facile de tomber dans la résignation et de fuir notre responsabilité. Une vie pleinement morale, cependant, doit être une existence authentiquement assumée – ou comme le disait Kierkegaard, une existence dans laquelle nous nous voyons comme concernés par le sort des autres et le monde qui nous entoure. Ou encore comme le dit Beauvoir : « L’homme ne peut trouver que dans l’existence des autres hommes une justification de sa propre existence. »

Or, la période de confinement a certes été l’occasion d’une privation de liberté, mais elle a également été l’opportunité de voir se développer de nouvelles solidarités et des mobilisations exceptionnelles. Celle qui se poursuit aujourd’hui contre le racisme et la discrimination est encore une preuve que nous ne pouvons et ne devons pas nous soucier uniquement de nous-mêmes, et que les vulnérabilités individuelles et les injustices sociales sont le problème de tous.

Penser la liberté pour se soucier d’autrui

Aujourd’hui, nos portes et nos frontières commencent lentement à rouvrir ; plus de la moitié de la population mondiale s’est trouvée ou se trouve encore en confinement, coupée de l’espace public et des autres. Cette situation a révélé de nombreuses inégalités, et en a créé de nouvelles ; pour la première fois depuis sa création, l’indice de développement humain est en baisse, avec 265 millions de personnes qui risquent de faire face à une crise alimentaire majeure, des pertes d’emplois et de revenus, et un recul de l’accès à l’éducation.

Dans certains pays, le confinement aura été un prétexte pour réprimer les oppositions politiques, dans d’autres – comme en Inde – il a provoqué des exodes de masse. Et dans d’autres encore, comme aux États-Unis, il a révélé au grand jour les inégalités sociales en matière de conditions de vie et d’accès aux soins.

Dans un tel contexte, la question de la valeur de la liberté individuelle devient d’autant plus importante. Comment préserver notre liberté, alors même que nous savons devoir faire des sacrifices pour le bien public ? Comment lutter pour la liberté des autres, alors que la nôtre est déjà mise à mal ?

Cependant, c’est précisément dans ces moments d’impuissance, Beauvoir nous le rappelle, que nous prenons conscience du fait que notre liberté ne peut jamais valablement s’accomplir dans l’isolement. Penser notre liberté, c’est aussi reconnaître que nos vies et nos possibilités sont inextricablement liées à celles de tous les autres. Si cette dépendance peut nous effrayer, parce qu’elle est synonyme de fragilité, c’est aussi l’occasion de développer une autre manière de penser la communauté comme une « pluralité des hommes concrets, singuliers » dans leur diversité.

C’est aujourd’hui que nous agissons

« Aujourd’hui […] nous avons bien du mal à vivre, parce que nous sommes trop appliqués à déjouer la mort, » écrivait Simone de Beauvoir en 1947. Cette affirmation vaut tout autant à l’heure actuelle, même si la situation n’a rien de comparable avec l’horreur de la Seconde Guerre mondiale et des camps de la mort.

Aujourd’hui comme alors, cependant, il est nécessaire de mobiliser nos ressources pour sauver des vies et conditions de vie, et de lutter pour la dignité de la vie humaine. Aujourd’hui comme alors, les iniquités de quelques-uns et l’indifférence ou l’inaction de la majorité créent les conditions qui permettent à la haine et la discrimination de proliférer.

Face à cette situation, l’éthique semble mise à mal. Dans un tel contexte, il peut nous sembler que nos choix sont limités ; nous devons faire des sacrifices, accepter des compromis. Nous constatons de plus en plus les inégalités entre les plus favorisés et les plus défavorisés au sein de notre société, entre les privilégiés et les laissés pour compte.

Cette situation nous renvoie à notre impuissance, et la tentation peut être grande de jeter l’éponge et de déclarer forfait. Le message de Beauvoir est cependant tout autre : quel que soit le contexte, aussi impossible, semble-t-il, c’est aujourd’hui que nous vivons et agissons, ce sont nos décisions et nos actions actuelles qui détermineront le monde de demain. Il ne faut pas attendre des jours meilleurs, la paix ou l’accalmie, pour lutter pour le monde que nous voulons voir advenir. Ce sont nos choix et actions à chaque moment qui déterminent le cours de l’histoire.

En insistant sur le fait que notre liberté dépend de celle de tous les autres, elle souligne également que notre tâche doit être de lutter pour réduire les inégalités et mettre fin à des situations qui empêchent les autres de faire des choix libres. L’éthique, selon Beauvoir, ne peut jamais avoir de sens dans un contexte de repli sur soi.

Vulnérabilité et espoir

Mais comment agir et choisir alors que notre champ d’action est si limité ? Ce fut aussi la question pour Beauvoir, en temps de guerre, où même respirer pouvait devenir une forme de collaboration coupable (lorsque ne pas résister contre l’oppression équivaut à perpétuer des systèmes inacceptables). Bien de choses ne dépendent pas de nous, c’est cette conscience profonde qui est au cœur de la morale existentialiste.

Mais ce qui dépend toujours de notre pouvoir, c’est la manière dont nous nous engageons concrètement dans nos rapports aux autres. Comme Beauvoir nous le rappelle, « il est facile de s’endormir au malheur d’autrui et de le compter pour peu », surtout lorsque nos propres vies ou intérêts sont en jeu.

Aujourd’hui, la revendication de liberté résonne dans toutes les bouches, mais encore faut-il bien déterminer pour quelle liberté nous voulons lutter. Certains y font appel pour décrier le port du masque ou manifestent contre les mesures de prophylaxie – illustrant une dangereuse tendance à objectifier la valeur de la vie humaine, et à privilégier des considérations individuelles au bien collectif. Mais en même temps, la très forte mobilisation contre la discrimination, portée largement par des personnes qui n’ont jamais manifesté et ne s’étaient jamais considérées comme concernées jusqu’alors, par « les privilégiés » comme le disent certains (suivant la formule de Beauvoir), montre une autre tendance moderne : celle de la revendication d’une vraie liberté pour tous, celle qui vise à garantir des conditions de vie dignes et équitables.

Si la guerre, la maladie et la mort nous rappellent que nous sommes bien peu de choses dans ce vaste monde, que nos existences sont vulnérables et nos choix limités, Beauvoir nous invite à comprendre que cette reconnaissance même est la source d’une nouvelle prise de conscience de la valeur de notre existence et de celle des autres. Tirant les leçons des horreurs de la guerre, Beauvoir nous lance un message d’espoir pour notre époque :

« [C’]est parce qu’il y a un vrai danger, de vrais échecs, une vraie damnation terrestre, que les mots de victoire, de sagesse ou de joie ont un sens. Rien n’est décidé d’avance et c’est parce que l’homme a quelque chose à perdre et qu’il peut perdre qu’il peut aussi gagner. »

Aujourd’hui, nous avons tous hâte de sortir de la crise, de retrouver notre « liberté » et la « vie normale ». N’oublions cependant pas dans cette précipitation les leçons de Simone de Beauvoir et celles de nos expériences collectives des derniers mois : notre liberté ne peut jamais être garantie que si nous travaillons également pour la liberté de tous, et ce travail passe par les choix et les actions concrètes de chacun.

La crise sanitaire va-t-elle générer une nouvelle crise bancaire ?

14 dimanche Juin 2020

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The Conversation

  1. Jézabel Couppey-Soubeyran

    Conseillère éditoriale au CEPII, maître de conférences en économie, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

  2. Erica Perego

    Économiste, CEPII

  3. Fabien Tripier

    Professeur à l’Université Paris-Saclay, Université d’Evry, Conseiller scientifique au CEPII, CEPII

CEPII

Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

 

CC BY ND
Les banques ne s’étaient pas préparées à un choc comparable à celui du Covid-19 qui pourrait mener à une crise d’insolvabilité en cas de défaut significatif des emprunteurs, comme en 2008 avec Lehman Brothers. Tania Kitura / Shutterstock
 

Les banques européennes sont plus solides aujourd’hui qu’elles ne l’étaient à la veille de la crise financière de 2007-2008, grâce aux réformes mises en place depuis. Mais le seront-elles suffisamment face à cette crise sanitaire inédite qui conduit les autorités à assouplir temporairement la réglementation pour soutenir l’économie réelle, faisant ainsi peser un risque sur les banques ?

En effet, leur résilience dépend avant tout de leur capacité à absorber des pertes et donc du niveau de leurs fonds propres. En cas de non-remboursement significatif des emprunts, les dispositifs actuels se révèleraient très probablement insuffisants, menant probablement à une crise bancaire.

C’est ce qu’expliquent dans cette interview de Jézabel Couppey-Soubeyran (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et CEPII), Erica Perego (CEPII) et Fabien Tripier (Université Paris-Saclay Evry et CEPII) sur la base de leur récent Policy brief en libre accès et dont toutes les données utilisées pour réaliser les graphiques et tableaux sont rendues disponibles.


The Conversation France : les banques sont-elles aujourd’hui en mesure d’absorber le choc que représente la crise sanitaire du Covid-19 ?

Sur l’échelle des désastres, la crise sanitaire est plus grave encore qu’une crise financière systémique par la façon dont elle frappe simultanément l’ensemble des activités économiques au niveau mondial. Mais les banques et leurs autorités de supervision restent aujourd’hui plutôt optimistes. Elles ne prennent pas encore toute la mesure des répercussions économiques et financières du choc sanitaire.

Pourtant, les anticipations relatives au Covid-19 suggèrent déjà une forte augmentation des défauts des emprunteurs ce qui pourrait avoir des répercussions rapidement négatives au bilan des banques.

Selon le Comité européen du risque systémique (CERS), le risque de faillite des banques a fortement augmenté depuis le début de la crise du Covid-19. La probabilité qu’au moins deux grandes banques européennes fassent défaut a dépassé la barre des 5 % au cours du mois de mars 2020.

Probabilité de défaut simultané d’au moins deux grandes banques. Comité européen du risque systémique (CERS)

Si nous sommes encore loin des niveaux record, supérieurs à 15 %, observés lors de la crise des dettes souveraines, la rapidité avec laquelle cet indicateur progresse et les perspectives économiques sombres pour l’année à venir suggèrent un risque substantiel de contagion de la crise actuelle au secteur bancaire.

Par ailleurs, en réalisant un calcul simple, on constate qu’il suffirait que 21 % des prêts ne soient pas remboursés pour épuiser totalement les fonds propres des banques (capital et réserve) qui s’élèvent à 2 500 milliards aujourd’hui dans la zone euro.

Tout cela sans même évoquer les chutes de prix sur les marchés de titres qui dégradent mécaniquement les bilans bancaires en raison des normes comptables qui font enregistrer à leur valeur de marché les titres ayant vocation à être échangés (portefeuille de transaction).

Il n’est donc pas impensable que les fonds propres d’un certain nombre de banques européennes soient épuisés par les conséquences de la crise sanitaire et qu’il faille gérer une crise d’insolvabilité.

TCF : À la suite à la crise financière de 2007-2008, la réglementation du système bancaire a été réformée. Celui-ci est-il actuellement moins exposé aux risques de faillite ?

Le cadre réglementaire actuel des banques européennes est celui hérité des réformes conduites après la crise financière de 2007-2008. L’ensemble de ces réformes, conduites dans un contexte de « Grande récession », ont incontestablement rendu les banques européennes plus solides.

Une amélioration des ratios de fonds propres des banques de la zone euro. Banque centrale européenne

Suivant les recommandations des accords de Bâle 3 signés en 2010 et finalisés en 2017, les exigences de fonds propres ont été renforcées, des exigences de liquidité introduites et un nouveau ratio de fonds propres plus simple a été ajouté.

Par ailleurs, de nouveaux instruments visant à prévenir le risque systémique ont été créés à l’instar du « coussin contracyclique » qui consiste à ajuster l’exigence de fonds propres au cycle financier, donc aux crises comme celle que nous vivons actuellement.

Les réformes ont également porté sur l’organisation des dispositifs de supervision. Pour les pays de la zone euro, les dispositifs nationaux sont venus se fondre au sein de l’Union bancaire. Plus exactement, la Banque centrale européenne (BCE) est devenue le superviseur des banques dites « d’importance », tandis que les banques de moindre importance sont restées sous la surveillance des superviseurs nationaux.

La crise sanitaire va constituer une véritable épreuve du feu pour les réformes et donnera l’occasion de vérifier si elles ont permis ou non d’élever suffisamment la résilience des banques européennes.

TCF : Le système bancaire européen est régulièrement soumis à des tests visant à évaluer sa résistance (« stress tests »). Un éventuel choc tel que le Covid-19, qui n’est pas un choc financier, est-il pris en compte dans ces tests ?

Le cadre prudentiel décrit précédemment visait, au mieux, à ce que les banques puissent résister à une réédition de la crise financière de 2008. Cette capacité est périodiquement évaluée dans le cadre des travaux de « stress tests » menés conjointement par l’Autorité bancaire européenne (ABE) et la banque centrale européenne (BCE) en coopération avec le Comité européen du risque systémique (CERS), qui participent à l’évaluation et la prévention du risque systémique dans le système financier de l’Union européenne.

L’intention du superviseur européen, dans son scénario de croissance stressée, n’était aucunement de se préparer à une catastrophe économique comparable à celle de la Grande Dépression des années 1930 caractérisée par des taux de croissance négatifs à deux chiffres et une perte de plus de la moitié de la valeur des actions.

Les hypothèses de stress test de l’ABE comparées aux évolutions observées pendant les crises passées et celle du Covid-19. ABE, Jordà-Schularick-Taylor Macrohistory Database, Datastream et Fred Data

En effet, le pire des scénarios que l’ABE avait retenus en matière de croissance économique pour l’année 2020 est bien loin du choc que constitue la crise sanitaire, qui pour le moment se situe entre la Grande Dépression et la Grande Récession de 2008. Donc, très concrètement, cela signifie que le cadre de résilience des banques européennes n’a pas été conçu pour résister à un choc pareil.

TCF : Pourriez-vous détailler le phénomène qui mènerait aujourd’hui à une déstabilisation du système et donc potentiellement à une crise bancaire ?

Une crise bancaire survient lorsque la faillite menace plusieurs banques en même temps, à la suite de problèmes d’insolvabilité (pertes à l’actif) ou d’illiquidité (incapacité à se procurer de quoi faire face aux sorties nettes de trésorerie), qui se propagent et s’amplifient via des phénomènes de ventes d’actifs précipitées et de retraits en masse effectués par les clients ou les créanciers des banques.

Les programmes de refinancement de long terme des banques annoncés par la BCE les 12 mars et 30 avril 2020 devraient a priori limiter le risque d’illiquidité des banques de la zone euro.

Il est, en revanche, plus difficile de statuer sur le risque d’insolvabilité des banques, car celui-ci dépendra, à la fois, du niveau des pertes enregistrées par les banques à leur actif, et de leur capacité à les absorber, donc du niveau de leurs fonds propres.

Risque d’illiquidité et d’insolvabilité au bilan des banques. auteurs

Les autorités monétaires, budgétaires et prudentielles, en cherchant à limiter les conséquences récessives de la crise sanitaire, entendent plutôt, pour le moment, limiter les pertes et apporter des sources de financement additionnelles au moyen de garanties et de lignes de crédits.

Les banques sont encouragées à soutenir l’économie par du crédit, des facilités de trésorerie, etc., et des canaux additionnels viennent compléter leur soutien à l’économie réelle au moyen de prêts garantis par les États ou de facilités de trésorerie supplémentaires via des reports de charges sociales ou d’échéances fiscales.

Pour faciliter leur soutien à l’économie, la BCE a décidé dès le 12 mars d’autoriser les banques à utiliser pleinement leurs coussins de fonds propres et de liquidité.

TCF : La crise a aussi conduit les autorités européennes (mais aussi américaines) à assouplir la réglementation. Est-ce risqué, même si ces mesures ne sont que temporaires ?

Bien sûr, les financements supplémentaires apportés pourraient aussi déboucher sur des pertes, mais il est plutôt attendu de ce soutien à l’économie qu’il limite les défauts sur les créances passées en évitant les faillites en chaîne.

La décision de l’ABE d’utiliser, le temps de la crise sanitaire, la flexibilité prévue dans le dispositif de supervision, ainsi que la salve d’assouplissements adoptée par la Commission européenne le 28 avril 2020 vont dans le même sens. Il s’agit de faciliter au mieux la capacité de réponse des banques aux besoins de trésorerie de leurs clients.

On comprend bien, d’un côté, l’intérêt d’assouplir les contraintes prudentielles pour permettre aux banques de déployer au mieux leur capacité de réponse.

Mais, d’un autre côté, ces assouplissements vont effectivement se traduire par un dégonflement des coussins de fonds propres, ce qui in fine réduira la capacité des banques à absorber les pertes. Si les pertes s’accumulent dans l’économie et sur les marchés financiers, l’érosion des fonds propres des banques fera augmenter leur risque d’insolvabilité.

TCF : Qu’adviendra-t-il si ce risque d’insolvabilité se réalise ?

Si les coussins de fonds propres se révélaient insuffisants et que des banques se retrouvaient en situation d’insolvabilité, il faudrait alors enclencher le mécanisme de résolution (MRU).

Au cas où le Mécanisme de résolution ne suffirait pas, le Mécanisme européen de stabilité (MES) pourrait contribuer au sauvetage des banques via des recapitalisations directes et indirectes.

Mais l’instrument de recapitalisation du MES se limite aujourd’hui à 60 milliards d’euros. Des experts proposent de l’étendre à 200 milliards d’euros, ce qui correspondrait à environ 10 % du niveau actuel de fonds propres des banques et à environ 50 % de la capitalisation boursière actuelle des banques de la zone euro.

Une telle mobilisation pose cependant la question des contreparties qui seraient exigées des banques. Pour le moment, la BCE et l’ABE ont seulement respectivement « enjoint » et « exhorté » les banques à suspendre la distribution de dividendes à leurs actionnaires, de façon à ce que la mise en réserve des bénéfices correspondants vienne augmenter les fonds propres plutôt que la rémunération des actionnaires.

Enfin, si la combinaison du MRU et du MES se révélait insuffisante, alors le cercle vicieux entre risque bancaire et risque souverain, que l’Union bancaire entendait casser, pourrait réapparaître étant donné que la charge retomberait sur chaque État.

Quoi qu’il en soit, une nouvelle crise bancaire conduirait certainement à un réexamen des régulations actuelles. Celle de 2008 avait débouché sur des réformes, qui devaient permettre de prévenir une crise financière systémique ou, à défaut, d’en atténuer les conséquences.

Si la crise actuelle venait à se prolonger au-delà de 2020, il est fort probable que certaines grandes banques européennes seraient à leur tour frappées par la crise et que le cadre actuel de résolution bancaire révélerait alors son insuffisance et la nécessité d’une nouvelle réforme.

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