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Archives Mensuelles: août 2020

Le mensonge politique au cœur de la campagne présidentielle de Donald Trump

31 lundi Août 2020

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The Conversation

 

  1. Anne E. Deysine

    Professeur émérite juriste et américaniste, spécialiste Etats-Unis, questions politiques, sociales et juridiques (Cour suprême), Université Paris Nanterre – Université Paris Lumières

Université Paris Nanterre

 

CC BY ND
Des membres de la Coalition for Humane Immigrant Rights (CHIRLA), le plus grand groupe de défense des droits des immigrés en Californie, brandissent des pancartes portant la mention « Menteur », en anglais et en espagnol, lors du discours du président Trump sur l’état de l’Union, le 5 février 2019, à Los Angeles, en Californie. Mario Tama/Getty Images North America/Getty Images via AFP
 

Le mensonge est aussi ancien que la politique. Jonathan Swift, dans son essai L’Art du mensonge politique, explique que « si un mensonge est cru pendant une heure, il a accompli son office ».

S’il n’a pas inventé le concept de post-vérité qui est souvent associé à son nom, l’actuel président américain aura, tout au long de son mandat, appliqué l’adage swiftien dans des proportions sans précédent.

Les mensonges de Trump

Jamais, probablement, un homme ou une femme politique n’a menti autant que Donald Trump : selon le Washington Post, il en était en août 2020 à 20 000 mensonges répertoriés depuis son élection, un phénomène en accélération constante : de 5 par jour en début de mandat il est passé à 23 par jour depuis 14 mois, un bond constaté après son acquittement par le Sénat lors de la procédure de destitution, avec une pointe à 62 dans la seule journée du 9 juillet, dont la moitié en une seule interview accordée à Sean Hannity, de Fox News. Il affectionne tout particulièrement certaines affirmations, spécialement : « la situation économique est la meilleure de l’Histoire » (une phrase qu’il continue de marteler malgré les conséquences du virus) et « le mur va être construit » (répété 261 fois alors qu’en fait seuls 3 miles sont des nouvelles constructions).

À ce critère quantitatif s’ajoutent plusieurs spécificités : Donald Trump ne s’excuse jamais, même lorsqu’il est pris en flagrant délit de mensonge avéré (ce qui se produit pratiquement chaque jour) et il ne paye aucun prix politique pour ses mensonges. Comme la poêle Tefal, il semble protégé par un revêtement protecteur.

Un autre élément caractéristique est la chambre d’écho qui existe entre, d’une part, le président, la chaîne Fox News et son journaliste vedette Sean Hannity et des conspirationnistes comme Alex Jones ou le mouvement QAnon. Le président – ou l’un de ses partisans – lance une affirmation fausse ou grossièrement exagérée (« Trump est en butte aux attaques constantes d’un État profond », « Obama a fait espionner la campagne Trump en 2016 », « il y a des émeutes terroristes à Seattle »…) ou outrancière (« les deux camps sont également responsables des événements de Charlottesville »,) et celle-ci est reprise en boucle par les membres de cette coalition partisane et sur les réseaux sociaux, tant et si bien qu’elle acquiert un statut de vérité incontestable au sein des groupes favorables à Trump.

Barack Obama avait en son temps fait les frais de ces méthodes : les birthers, avec à leur tête Donald Trump, ont martelé dès 2011 qu’il ne devrait pas être président car il n’était pas né aux États-Unis. Aujourd’hui encore, 40 % des Républicains restent convaincus qu’il est né au Kenya. Et cela, alors qu’il a rendu public et mis en ligne son acte de naissance précisant qu’il est né à Hawaï, qui est jusqu’à nouvel ordre l’un des 50 États américains…

Donald Trump emploie aujourd’hui des méthodes similaires pour s’en prendre à Kamala Harris, née en Californie mais de parents étrangers. Ces accusations infondées, doublées d’attaques que bon nombre d’observateurs jugent racistes et sexistes, vont-elles discréditer la colistière de Joe Biden ?

Le règne des infox et deepfakes

Aujourd’hui ne règne plus simplement le mensonge mais les infox, ou « fake news » (c’est-à-dire des « informations fausses souvent sensationnelles diffusées sous le couvert de reportage »). Toute l’ironie est que Donald Trump et ses soutiens n’hésitent pas à qualifier toute information qui ne leur convient pas de « fake news »… d’où la création de la notion de « faits alternatifs », selon la fameuse formule de sa conseillère Kellyanne Conway.

Il y a aussi les deepfakes, ces vidéos trafiquées généralement dans un but hostile et qui sont difficiles à détecter pour l’utilisateur lambda. L’un des canaux privilégiés de ces mensonges et infox est le fil Twitter de Donald Trump, suivi par près de 80 millions de fidèles qui, à leur tour, répercutent les attaques et « craintes » du président, par exemple sur les risques de fraude inhérents au vote par correspondance, alors que ceux-ci sont en réalité quasi inexistants.

Or une étude menée par le MIT fait apparaître que les fausses nouvelles sont diffusées plus vite, davantage et plus largement que les vraies et qu’elles ont 70 % de chances de plus d’être retweetées. L’étude montre aussi que l’amplification est autant le fait des bots que de la nature humaine et des individus enfermés dans leurs biais cognitifs et les bulles qui renforcent leurs préjugés existants. En d’autres termes, information et pédagogie doivent faire partie des remèdes à mettre en place.

La multiplication des mensonges et infox sur Twitter, Facebook et les autres réseaux sociaux pose deux questions : ceux-ci doivent-ils bannir les mensonges (y compris ceux du président des États-Unis) et certains types de discours comme les appels à la haine raciale, l’antisémitisme, l’homophobie ou le sexisme ? Le contrôle doit-il être volontaire ou imposé par la loi ? Dans le premier cas, ceci impliquerait une acceptation de ce rôle par les réseaux sociaux et la mise en place de cellules de vérification des faits, similaires à celle du Washington Post (Fact checker) qui emploie quatre personnes à plein temps. Bien que Twitter ait exclu certains utilisateurs et fermé leurs comptes, les réseaux sociaux sont réticents à intervenir, toujours prompts à invoquer le Premier amendement. Dans les deux cas, se pose la question de la liberté d’expression garantie par le Premier amendement, question réelle mais instrumentalisée.

Il faut en effet admettre que le débat est dominé par la vision libertarienne et idéalisée du cyberespace présenté comme une civilisation de l’esprit plus humaine et plus juste que le monde construit par les gouvernements. C’est la philosophie véhiculée par John Barlow, créateur de la Fondation de la frontière électronique (EFF) en 1990, qui n’hésite pas à invoquer Jefferson pour affirmer :

« Nous créons un monde dans lequel tout individu peut exprimer ses croyances et ses convictions, si singulières soient-elles, sans craindre d’être réduit au silence ou à la conformité. »

Malgré ces belles paroles, Internet n’est pas ce paradis sur terre, lieu de libre expression et d’égalité ; il a toujours été régi par des interdictions, des règles et des limites. C’est ce que soulignent Danielle Citron (Freedom of speech in the Digital Age, OUP, 2019) et Mary Ann Franks dans The Cult of the Constitution (Stanford University Press, 2019). Certaines règles sont fixées par le gouvernement et d’autres par les acteurs puissants que sont les réseaux sociaux, qui décident de leurs algorithmes et de leurs conditions d’utilisation. Pour les deux auteurs, ceux qui s’opposent aux règles le font en invoquant l’alibi commode du Premier amendement mais, en réalité, ils craignent simplement que les nouvelles règles leur soient moins favorables. Pourtant, les risques liés à une absence de régulation sont sérieux.

Les infox néfastes pour la démocratie.. et la santé

La multiplication des mensonges et des infox rend impossible le libre marché des idées – socle du système pluraliste des États-Unis – et, plus globalement, met en danger la démocratie, l’unité de la société et l’intégrité des élections car ces mensonges portent atteinte à la confiance dans les institutions et exacerbent les divisions sociales. En 2020, ils ont joué un rôle majeur dans la mort de plus de 180 000 individus à qui « on » a expliqué que le virus était un canular, une invention des Démocrates, avant de moquer les consignes de précaution et d’inciter au refus de port du masque. Parce que le modèle économique des réseaux sociaux repose sur la publicité, ceux-ci collectent le maximum d’informations sur chacun d’entre nous afin de déterminer ce qui va nous faire réagir et utilisent les algorithmes permettant d’amplifier les messages les plus outranciers, comme ceux des suprémacistes blancs ou les théories du complot. Et l’amplification fonctionne mieux si la nouvelle est fausse.

Une manifestante porte un masque facial proclamant « Trump ment, des gens meurent » lors d’un cortège funèbre symbolique organisé devant la Maison Blanche le 20 mai 2020 pour dénoncer la gestion de l’épidémie de Covid-19 par le président. Eric Baradat/AFP

Il importe donc de réguler les mensonges sur les réseaux sociaux… mais cela pose question. Sur le plan juridique, le Premier amendement interdit au gouvernement d’entraver ou de limiter la libre expression, mais les entreprises privées pourraient être régulées ou s’autoréguler. Certains ont recruté des « modérateurs » sous-payés et en nombre insuffisant, d’autres mis en place un début de fact checking, trois d’entre eux (FaceBook, Twitter et YouTube) ont banni Alex Jones et plusieurs dizaines de milliers de personnes d’un groupe QAnon mais dans l’ensemble, les actes ont été rares, d’autant qu’il est toujours tentant, répétons-le, de s’abriter derrière le Premier amendement. De quel droit une personne privée pourrait-elle décider de priver de sa libre expression une autre personne privée ou le président des États-Unis ? C’est la porte ouverte à l’arbitraire.

C’est le sens des attaques de Donald Trump après que Twitter a osé vérifier un de ses tweets (mensonger) : il accuse les plates-formes d’être hostiles aux conservateurs et de discriminer. En l’occurrence, on pourrait considérer que c’est l’inverse car malgré les quelques mesures évoquées ci-dessus, elles ont tendance à ne pas censurer les théories du complot, dont le président s’est fait l’un des principaux propagateurs, et qui bénéficient davantage à son camp qu’à ses adversaires…

Des clubs aux équipes : comprendre la grande évolution du foot depuis les années 1980

30 dimanche Août 2020

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The Conversation

 

  1. Christian Bromberger

    Anthropologue, professeur émérite, Aix-Marseille Université (AMU)

Aix-Marseille Université

 

CC BY ND

Qui dit football, dit clubs, joueurs, équipes, financiers et public, acteurs d’un spectacle sportif dont la trame fonctionne avant tout en raison des incertitudes de son histoire, contrairement au film ou à la pièce de théâtre, et qui se construit sous nos yeux. Or ce ressort dramatique s’est progressivement désagrégé dans les championnats professionnels de football de première ligue depuis une trentaine d’années, tout comme les mécanismes d’identification des spectateurs à leur équipe.

Pour rendre compte de cette évolution, il faut d’abord prendre en compte l’évolution du statut des clubs, dont les rouages économiques ont été longuement analysés par l’économiste Wladimir Andreff.

Passage au statut lucratif

Jusque dans les années 1980, les clubs étaient gérés par des associations 1901 à but non lucratif. Une série de lois en 1984, 1987, 1999 créant les Sociétés anonymes sportives professionnelles et en 2012 leur donnant les mêmes prérogatives que les Sociétés à responsabilité limitée (SARL), Sociétés anonymes (SA), Sociétés par actions simplifiée (SAS), a entériné le passage du statut associatif au statut de société commerciale, cette dernière formule permettant l’apport de capitaux provenant d’actionnaires, au-delà des limites imposées dans les lois des années 1980.

Contrairement cependant aux actionnaires d’une société commerciale, les investisseurs n’attendent pas des bénéfices financiers, des dividendes mais de la notoriété pour leur personne, pour leur entreprise, voire pour leur État.

Les budgets ont dès lors augmenté de façon considérable. Le total des recettes des clubs de division 1 en France était de 6 millions d’euros en 1970 ; il passe à 202 millions d’euros en 1990, à un milliard d’euros en 2011, à un milliard 750 millions en 2017.

Première photo connue de l’équipe de football du Racing Club de Roubaix en 1895 ou 1896. 75e anniversaire du Racing Club de Roubaix

La télévision, un allié ?

Cet accroissement spectaculaire des budgets procède des investissements par de riches capitalistes mais aussi de l’augmentation considérable des droits télévisés. Longtemps les instances dirigeantes du football ne souhaitaient pas que les matchs soient diffusés.

La création de Canal+ en 1984, la privatisation de TF1 en 1987 ont engendré un climat concurrentiel qui, joint à la popularité croissante du football, ont entraîné un accroissement considérable des droits télévisés.

Ce qui représentait moins d’1 % du budget d’un club en 1980 représente aujourd’hui en moyenne 44 % de ce budget. Or, tous les clubs ne profitent pas égalitairement de cette manne.

Il y a une part fixe distribuée à chaque club, puis un montant plus ou moins important selon le classement du club, son classement pendant les cinq dernières saisons et, enfin, sa notoriété.

Marseille, Lyon, Lille, le Paris Saint-Germain (PSG) encaissent des sommes bien supérieures à Dijon ou à Amiens. On est donc entré dans un cycle de « télé-dépendance » favorisant les plus cotés, les plus nantis.

Les disparités entre les budgets des clubs de Ligue 1 sont énormes : en 2017 le PSG dispose, faut-il le rappeler, d’un budget de 540 millions d’euros, Angers d’un budget de 28 millions, Amiens de 25 millions…

Cet écart d’un à 25 était d’un à 6 ou 7 il y a une trentaine d’années.

Compare-t-on désormais des équipes avec leurs choix tactiques respectifs, avec leurs vedettes de niveau sinon équivalent, du moins comparable, ou compare-t-on des budgets, les clubs les mieux dotés étant certains de l’emporter ?

Arrêt Bosman et mercato

Ce recul de l’aléatoire, de l’incertitude compétitive, qui est le piment du spectacle sportif, a été en outre favorisé par deux innovations, l’arrêt Bosman en 1995 et l’instauration d’un mercato d’hiver en 1997.

L’arrêt Bosman, du nom du joueur Jean‑Marc Bosman, a supprimé, en accord avec la législation européenne, la limitation du nombre de joueurs, par équipe, ressortissant d’autres États membres de la communauté européenne ; cette liberté, associée à la possibilité de faire jouer quatre joueurs extra-communautaires (souvent plus en fait par le biais des doubles nationalités), contribue à creuser l’écart entre clubs plus ou moins bien dotés.

Jean‑Marc Bosman en 1998. Philippe Huguen/AFP

Cette possibilité d’optimisation du recrutement a été accrue avec le recours au mercato d’hiver permettant de rectifier ses erreurs et d’améliorer le rendement de son équipe, cette possibilité n’étant offerte qu’aux clubs en ayant les moyens. Acquérir des vedettes au coût exorbitant est le privilège des clubs les plus riches, les systèmes de régulation étant peu contraignants.

Dès lors la compétition est jouée d’avance et les organismes spécialisés peuvent prévoir, sans grand risque d’erreur le classement du championnat en fin d’année, du moins pour les premières places.

L’incertitude éliminée du terrain

L’incertitude ne demeure que pour les équipes de niveau intermédiaire ou dans les matchs à élimination directe comme dans les Coupes nationales où, contre toute attente et sur une seule confrontation, le « petit » peut dominer le « gros » ou dans les phases finales des grands tournois : Mondial, championnat d’Europe des nations, Ligue des champions…

Dans ce dernier cas, des clubs richement dotés s’affrontent, pour ainsi dire, à armes égales. Mais les Coupes nationales, naguère des épreuves phares, sont boudées par les grands clubs et par les organismes européens, sans doute parce que la place qu’y occupe l’incertitude, l’aléa est trop importante.

C’est d’ailleurs pour cette raison, et pour éviter une élimination rapide, qu’a été introduit le système des poules de qualification dans la Coupe des champions, la future Ligue des champions, en 1991-1992. Sur le plan des inégalités criantes, le pays qui pourrait donner des leçons est paradoxalement les États-Unis avec les règlements que s’est donnés la National Football League. En France et en Europe, si l’aléatoire n’est plus au rendez-vous, la compétition devient terne.

Norbert Elias pouvait, à juste titre, opposer au « Charybde d’un match nul » sans rebondissement le « Scylla d’une victoire précipitée (la confrontation est trop inégale) ».

Cette nouvelle donne économique associée au processus général de globalisation a entraîné une rupture progressive des liens entre le club et la collectivité humaine qu’il est censé représenter, même si demeure une vive fidélité au maillot.

La fin de la « guerre des styles »

Naguère, et encore dans les années 1980, l’identification à un club n’était pas perçue et conçue par les supporters comme le simple signe (arbitraire) d’une commune appartenance mais comme le symbole (motivé) d’un mode spécifique d’existence collective, qu’incarnait le style de jeu de l’équipe, modulation aux tonalités propres d’un langage universel. Le style local que l’on revendiquait ne correspondait pas toujours, loin s’en faut, à la pratique réelle des joueurs mais plutôt à l’image stéréotypée, enracinée dans la durée, qu’une collectivité se donne d’elle-même et qu’elle souhaite donner aux autres. Non pas tant, donc, à la manière dont les hommes jouent (et vivent), mais à la manière dont ils se plaisent à raconter le jeu de leur équipe (et leur existence).

Chaque grande équipe locale imprimait sa marque propre sur le jeu, si bien qu’une confrontation importante se présentait comme « une guerre des styles ».

Ainsi la vaillance laborieuse, jusqu’à l’épuisement, était la dominante stylistique de l’équipe de Saint-Étienne de la grande époque ; de façon significative, dans le palmarès des vedettes établi par les supporters, c’est Oswaldo Piazza qui occupe la première place ; il s’illustrait par sa pugnacité et son courage, remontant le terrain en de longues chevauchées même quand tout espoir de victoire semblait envolé.

Finale de la coupe de France, Lens-St Etienne, 1975.

Le style de la Juventus de Turin, propriété de la Fiat, était symbolisé par les trois S – semplicità, serietà, sobrietà (simplicité, sérieux, sobriété) –, à l’image de la discipline rigoureuse du monde industriel dans l’austère capitale piémontaise.

Juve, storia di un grand amore (histoire d’un grand amour, hymne de la Juventus de Turin).

Le style que l’on prisait à l’Olympique de Marseille (OM) se distingue fortement de ces façons laborieuses. Il est fait de panache, de fantasque, de virtuosité et d’efficacité spectaculaire.

La devise du club est, dès ses origines, en 1899, « Droit au but ». Ce goût pour le panache se combine avec une prédilection pour les joueurs pugnaces, qui exhibent pleinement leurs qualités viriles. Quelque chose du style local a semble-t-il repris corps pendant ces dernières semaines à Marseille où l’on apprécie, au stade comme dans la vie locale, une histoire saccadée, faite de retournements spectaculaires, rien moins qu’un long fleuve tranquille. Mais ce ne sont là que des soubresauts d’un autre temps.

« Droit au but », l’hymne de l’OM.

Pour le jeune supporter découvrir progressivement ces propriétés du style local était une manière d’éducation sentimentale aux valeurs qui façonnent sa ville.

Mais les trente dernières années ont vu disparaître la guerre des styles locaux. Les changements d’entraîneurs, les transferts de joueurs, deux fois par an, à un rythme précipité, en raison de la concurrence entre clubs fortunés, ont mis un terme à cette continuité stylistique. Aujourd’hui, il n’est plus question d’opposition de styles locaux, mais plutôt de confrontation de styles d’entraîneurs.

L’équipe, un miroir de l’identité locale en péril

La composition de l’équipe a longtemps offert une autre métaphore expressive et grossissante de cette identité collective, un reflet idéalisé de la population et de ses conceptions de l’appartenance.

À Glasgow, jusqu’à la fin des années 1980, le critère religieux était déterminant pour le recrutement des joueurs, le Celtic étant un club catholique fondé par un frère mariste, soutenu par les immigrés irlandais et présidé, à ses débuts, par l’archevêque de la ville, et les Rangers, à l’inverse, celui des protestants et unionistes.

En 1989, un coup fatal fut porté à cette bipartition : pour la première fois depuis 80 ans, un joueur catholique, Maurice Johnston, rejoignit les Rangers. Il s’ensuivit une très vive polémique.

En France, l’équipe de Lens, dans le nord industriel, a longtemps été le symbole d’une classe ouvrière comportant de nombreux ouvriers d’origine polonaise. Ce sont ces joueurs, comme l’était un grand nombre des « gueules noires », qui ont assis la réputation du club, un club qui dut, en grande partie, sa résurrection, dans les années 1970 après une sombre période, au renfort de deux talents recrutés en Pologne, Faber et Gregorczyk.

Les joueurs polonais du Racing club de Lens, INA.

À Marseille, les joueurs qui, à travers le temps ont recueilli le plus de faveurs, sont incontestablement les vedettes étrangères : Kohut, Vasconcellos, Ben Barek dans les années 1930-1940, et, plus près de nous, les Suédois Andersson et Magnusson, le Yougoslave Skoblar, les Brésiliens Jaïrzinho et Paulo Cezar, l’Anglais Waddle, l’Italien Ravanelli, l’Ivoirien Drogba, le Sénégalais Niang…

L’Ivoirien Didier Drogba, légende de l’OM de Marseille. Wikimedia, CC BY-SA

Autant de joueurs qui ont fortement marqué la mémoire locale.

On associe volontiers à ces vedettes étrangères, reflet du cosmopolitisme de la cité, des « minots » nés à Marseille ou dans sa proche région, qui ont porté haut les couleurs de leur club et ont notamment assuré sa résurrection de 1981 à 1984, quand celui-ci était au plus bas.

Bref, l’équipe symbolisait, rendait visible et incarnait, jusqu’à un proche passé, à travers son style et sa composition, l’identité réelle et imaginaire de la collectivité qu’elle représentait. De cette époque nous vivons le chant du cygne.

Les joueurs qui, jadis, étaient issus du coin de la rue et accomplissaient une grande partie de leur carrière dans un même club, au prix, il est vrai, de contrats léonins jusqu’en 1969, se sont transformés en météores au gré des sollicitations du marché.

Plus un nom polonais dans l’équipe du RC Lens ; Marseille peut encore se vanter de la présence de deux « minots » dans son équipe première et Francesco Totti né à Rome et qui a passé toute sa longue carrière à l’AS Roma fait partie de ces cas exceptionnels que l’on se plaît à rappeler.

Que penser de la résurgence de l’épidémie de Covid-19 en Europe ? Trois experts répondent

29 samedi Août 2020

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The Conversation

 

  1. Dominique Costagliola

    Épidémiologiste et biostatisticienne, directrice adjointe de l’Institut Pierre Louis d’Épidémiologie et de Santé Publique (Sorbonne Université/Inserm), directrice de recherches, Inserm

  2. Ignacio López-Goñi

    Catedrático de Microbiología, Universidad de Navarra

  3. Jasmina Panovska-Griffiths

    Senior Research Fellow and Lecturer in Mathematical Modelling, UCL

Déclaration d’intérêts

Dominique Costagliola est membre de l’association AIDES en tant que personnalité qualifiée et membre du Conseil d’Administraiton de AIDES. Au cours des 3 dernières années, le laboratoire ou travaille Dominique. Costagliola a reçu des contrats de recherche sur le VIH de Janssen (2017-2018, 2019-2020) et MSD France (2015-2017), et Dominique Costagliola a reçu des honoraires pour des présentations sur l’infection à VIH de Janssen France (2018), MSD France 2017) et Gilead France (2018, 2020) et des honoraires de Merck Switzerland (2017) pour un consultance portant sur le risque de LEMP chez les personnes atteintes de sclérose en plaques et recevant des traitements.

Ignacio López-Goñi et Jasmina Panovska-Griffiths ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.

Partenaires

University College London

Inserm

Universidad de Navarra

 

CC BY ND
 

Le coronavirus SARS-CoV-2 fait un retour en force en Europe. Depuis que les gouvernements ont levé les mesures de confinement, au début de l’été, le nombre de cas positifs à la Covid-19 n’a cessé d’augmenter dans les pays qui avaient réussi à reprendre le contrôle de l’épidémie. C’est notamment le cas en Espagne, en France, en Italie et en Allemagne.

Ces derniers jours, la France a enregistré son nombre de nouveaux cas quotidiens le plus élevé depuis le pic du printemps, tandis que l’Espagne est confrontée à la plus importante résurgence d’infections de tout le continent.

Au Royaume-Uni, alors que les écoles sont en passe de rouvrir dans les quatre nations qui constituent le pays, certaines régions ont été partiellement reconfinées pour endiguer la propagation du virus. Le gouvernement affirme cependant qu’en dehors de ces « points chauds », les niveaux de contamination restent stables.


Cet article appartient à la série « Conversation Insights »
L’équipe Insights produit des articles long format basés sur des travaux de recherche interdisciplinaires. Ses journalistes travaillent avec des universitaires venus de différents horizons, engagés dans des projets visant à relever les défis sociétaux et scientifiques.


La plupart des épidémiologistes sont réticents à employer le terme de « seconde vague » pour qualifier cette augmentation des cas, considérant qu’il est trop tôt pour savoir précisément ce qui est en train de se passer. Il semblerait qu’au moins une partie de ces nouvelles infections soient asymptomatiques et concentrées au sein des couches les plus jeunes de la population.

Dans quelle mesure les citoyens européens doivent-ils s’inquiéter de cette résurgence ? The Conversation a demandé à trois experts espagnol, français et britannique ce que signifient ces chiffres, et quelle devrait être la réponse des autorités.


France

Dominique Costagliola, épidémiologiste et biostatisticienne, Inserm

En France, depuis le début de la pandémie de Covid-19, 253,587 cas positifs ont été confirmés, causant la mort de 30 544 personnes. Certaines hypothèses, en cours de vérification, postulent que le virus aurait été présent dans l’Hexagone depuis octobre ou novembre dernier, circulant à « bas bruit », c’est-à-dire sans transmission massive. Quoi qu’il en soit, c’est à partir de fin février que la situation est devenue épidémique, conduisant le gouvernement à décréter un confinement généralisé le 17 mars dernier. Le nombre de patients admis en réanimation a continué à augmenter après cette date, jusqu’au 1er avril (771 ce jour-là) pour décroître rapidement et arriver à 82 entrées le 11 mai, jour du déconfinement. Cette mesure radicale a permis de briser les chaînes de transmission, limitant la circulation du virus et « réinitialisant » en quelque sorte l’épidémie.

La différence avec la situation dans les pays qui n’ont pas pris ces mesures alors que l’épidémie devenait hors de contrôle, comme les États-Unis par exemple, est très nette. Les nombreux gouvernements qui ont nié la réalité et n’ont pas fait ce qu’il fallait pour briser les chaînes de transmission du virus l’ont laissé circuler de façon quasi permanente, ce qui a dégradé la situation. Cela illustre a posteriori le fait que, arrivé à un certain point, lorsqu’on perd le contrôle de l’épidémie, la seule solution pour stopper l’emballement est le confinement. Il est possible de s’en passer uniquement si l’on est capable de surveiller attentivement la circulation du virus, en mettant en place des tests massifs et rapides très tôt, en retraçant et isolant les personnes malades et leurs contacts contaminés, et en respectant scrupuleusement les mesures barrières : distanciation physique, lavage régulier des mains, port du masque…

Avec l’été, les cas positifs ont à nouveau augmenté : depuis la mi-juillet, nous observons une augmentation des cas positifs confirmés quotidiennement (5 429 nouveaux cas ont été détectés entre le 25 et le 26 août). Comparer ces chiffres avec les chiffres du mois de mars n’a pas grand sens, car la situation est aujourd’hui très différente en matière de tests. À l’époque, seuls les malades avec des symptômes sévères étaient dépistés, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui. Au printemps, le nombre de cas réels était donc bien supérieur à ceux qui avaient été enregistrés. D’autant plus que des travaux récents ont montré qu’en mai, seul un cas symptomatique sur 10 était détecté, en raison d’un système de dépistage trop limité et trop peu rapide. La situation s’est améliorée aujourd’hui, mais il est difficile de savoir de combien on sous-estime encore l’épidémie. Une chose est sûre, désormais le nombre de cas augmente plus que le nombre de tests.

Les gestes barrières doivent être observés scrupuleusement si l’on veut maintenir l’épidémie sous contrôle.

Le port du masque et le respect des gestes barrières semblent donc être notre meilleure manière d’éviter une reprise épidémique. En France, depuis le 20 juillet 2020, toute personne âgée de 11 ans et plus doit porter un masque grand public dans les lieux publics clos, y compris dans les écoles. Le problème essentiel est que cette obligation concerne principalement des lieux accueillant du public. Or le port du masque devrait être obligatoire dans tous les lieux clos, quels qu’ils soient, du moment qu’on ne peut pas les aérer. Les mesures doivent être adaptées à la situation : si l’on est dans un bureau individuel, le masque n’est pas forcément nécessaire lorsqu’on l’occupe. En revanche, si on partage son bureau ou que l’on est dans un open space, le masque doit être porté en permanence. Il faut aussi tenir compte du fait que le virus se propage également par aérosol, en plus des grosses gouttelettes. Les mesures différeront donc selon que les locaux sont climatisés ou non, s’ils le sont par recirculation d’air ou par prise d’air extérieure, etc.

En outre, le port du masque peut être imposé dans les lieux publics ouverts tels que les rues, les parcs… À l’extérieur le risque est probablement moindre (à condition de ne pas participer à des rassemblements, évidemment), mais ce genre de mesure peut cependant contribuer à limiter la propagation du virus, notamment en minimisant les manipulations des masques (le mettre pour entrer dans un commerce, puis l’enlever, puis le remettre…), qui sont aussi source de contaminations potentielles. En revanche, les approches adoptées sont trop complexes (masque obligatoire dans certaines rues et pas dans d’autres par exemple).

Une chose est certaine : l’immunité collective qui permettrait de ralentir la circulation du virus sera très difficile à atteindre. Dans une population où le virus circule de façon homogène, il faut que 60 à 70 % des gens soient infectés et développent des anticorps neutralisants pour qu’une telle immunité se mette en place. Certes, si la circulation est moins homogène, comme dans le cas du coronavirus SARS-CoV-2, qui semble circuler à bas bruit jusqu’à ce que survienne un événement de super-propagation (grand rassemblement par exemple), ce taux peut être plus bas. Toutefois, même dans les pays les plus durement touchés, comme l’Italie et l’Espagne, nous sommes encore loin d’observer des taux d’infections suffisants. Dans les régions les plus contaminées, au mieux 10 % de la population a été en contact avec le virus. Ailleurs le taux ne dépasse parfois pas 3 %.


À lire aussi : Covid-19 : « Ce qui va se passer à l’automne dépendra grandement de ce que l’on fait aujourd’hui »


L’autre problème est qu’il est dangereux de laisser circuler le virus dans certains groupes (comme les jeunes par exemple) en espérant ainsi atteindre plus rapidement une immunité collective. En effet, les populations ne sont pas étanches : si l’épidémie se répand dans un groupe, les autres seront progressivement touchés qu’on le veuille ou non. C’est ce qu’on observe : en France, si les taux d’incidence ont augmenté chez les jeunes suite au relâchement des comportements durant la période estivale, cette augmentation est aussi constatée dans les autres tranches d’âge.

C’est juste une question de temps, on le voit bien avec ce qui s’est passé aux États-Unis, en Floride. Pendant 2 à 3 semaines les cas diagnostiqués ont augmenté, mais étant donné qu’ils concernaient des jeunes, les hospitalisations et entrées en réanimation ne se sont pas accrues initialement. Ces deux indicateurs n’ont commencé à bouger que 3 à 6 semaines plus tard. Si on attend d’en arriver là pour agir, il est trop tard. On risque de perdre le contrôle de l’épidémie.

Et il ne faut pas oublier que si les populations dites « à faible risque » sont moins fréquemment victimes de formes sévères, une fraction d’entre elles en développera quand même, ou sera atteinte de formes longues, qui commencent à être décrites par les cliniciens.

En attendant un véritable traitement ou un vaccin, l’unique moyen d’éviter un emballement de l’épidémie est donc de parvenir à maintenir la circulation du virus à un niveau acceptable, sous contrôle, grâce à un dépistage massif et rapide, au suivi des contacts, ainsi qu’au respect des gestes barrières. Un équilibre qui n’est pas facile à maintenir, mais qui constitue notre seule option pour les mois à venir.


Espagne

Ignacio López-Goñi, professeur de microbiologie, Université de Navarre

Durant les heures les plus sombres de la pandémie de Covid-19 – entre la fin du mois de mars et le début du mois d’avril, on dénombrait plus de 900 décès par jour en Espagne.

Les mesures drastiques de confinement ont permis de ramener le nombre de cas confirmés par PCR à un plancher de quelques centaines de nouvelles infections quotidiennes à la mi-juin. Cependant, ces dernières semaines, les autorités espagnoles ont annoncé que le nombre de cas quotidiens augmentait à nouveau de façon significative.

L’évaluation de la situation est complexe, notamment en raison de la difficulté à assurer un suivi précis des données. Pour commencer, il n’existe pas, entre les divers pays touchés par la pandémie, de consensus sur la définition précise de ce que l’on considère comme un cas de Covid-19. Qui plus est, on constate en Espagne d’incompréhensibles divergences entre les données des différentes communautés autonomes espagnoles et celles du ministère fédéral. Il s’avère donc très difficile de se procurer des données actualisées concernant les nombres de cas et de décès à l’hôpital. Or, ce sont les chiffres les plus utiles pour interpréter la situation.

Une chose est sûre : il est impossible de comparer la situation du mois d’avril avec celle d’aujourd’hui. En effet, à l’époque, l’Espagne effectuait peu de tests PCR, et ceux-ci n’avaient pour but que de confirmer le diagnostic des cas symptomatiques, hospitalisés et graves. Pour cette raison, à cette époque nous n’avons été en mesure de détecter que la partie émergée de l’iceberg. Aujourd’hui, cependant, les protocoles de détection ont été resserrés et les contacts de chaque nouveau cas positif sont soumis à des tests, que des symptômes apparaissent chez eux ou non. Ces milliers de tests PCR nous permettent désormais de détecter la partie immergée de l’iceberg.

Pour l’instant, il semblerait qu’il n’y ait pas encore de raison de s’alarmer : le nombre de foyers isolés issus de contaminations par des malades asymptomatiques ne flambe pas. On pouvait s’y attendre, puisque le confinement, qui a duré trois mois, a limité le contact de la majeure partie de la population espagnole avec le virus. Seul un petit pourcentage de personnes y a été exposé. Cependant, bien que la situation ne soit pas dramatique, de nouveaux foyers sont détectés chaque semaine. Cette tendance est donc malgré tout très inquiétante.

Un point rassurant est que pour l’instant, le virus semble relativement stable. Il n’accumule pas de mutations affectant sa virulence. C’est une bonne chose, car on sait que dans certaines pandémies de grippe, des modifications génétiques du virus ont été associées à des secondes vagues plus meurtrières.

Ce qui est inquiétant, en revanche, c’est que nous sommes confrontés à un nouveau virus contre lequel, en principe, la population n’est pas immunisée, ce qui pourrait favoriser la survenue d’une nouvelle vague. Nous ne pouvons pas exclure que certains des foyers détectés aujourd’hui finissent par échapper à tout contrôle et par devenir des sources de problèmes plus importants. C’est pourquoi il est essentiel de renforcer les contrôles.

A couple wearing face masks kiss in Barcelona.
Alors que le confinement y a été l’un des plus stricts d’Europe, l’Espagne connaît la plus forte résurgence de coronavirus de tout le continent. Enric Fontcuberta/EPA

Au niveau individuel, il s’agit de prévenir à tout prix la contagion grâce au port du masque, à la distanciation sociale et à une bonne hygiène, tout en évitant au maximum les espaces clos surpeuplés, où se côtoient de nombreuses personnes sur de longues périodes.

Quant aux autorités sanitaires, elles n’ont d’autre choix que de reprendre l’initiative. Le virus se moque que nous appelions sa propagation une épidémie, une flambée ou une deuxième vague. Il ne reconnaît pas nos frontières, qu’elles soient intérieures ou extérieures. Il nous faut donc de la coordination, du suivi, des quarantaines, et renforcer notre système de santé. Surtout, nous devons à tout prix éviter que le virus ne sature à nouveau nos hôpitaux.

Indépendamment de la survenue ou non d’une deuxième vague, le seul fait que le SARS-CoV-2 vienne s’ajouter à la liste des virus et des bactéries responsables d’infections respiratoires hivernales constitue déjà un très grave problème. Étant donné qu’aucun vaccin ne sera disponible cet hiver, nous devons nous préparer au pire.


Royaume-Uni

Jasmina Panovska-Griffiths, chercheuse and enseignante en modélisation mathématique, UCL

Au Royaume-Uni, 327 798 personnes ont été testées positives pour le coronavirus SARS-CoV-2, lequel avait entraîné 41 449 décès au 26 août. C’est l’Angleterre qui a connu la plus longue période de surmortalité durant la pandémie. La maladie, qui avait déjà frappé l’Europe continentale avant d’arriver en Grande-Bretagne, a affecté très durement le Royaume-Uni. Le pays ne connaît toutefois pas une réaugmentation des cas aussi importante que celle observée actuellement en France et en Espagne.

Après avoir atteint un pic en avril, les nombres de nouveaux cas, d’hospitalisations et de décès ont commencé à diminuer grâce au confinement et à la limitation des contacts physiques. Le nombre de reproduction du virus, le fameux « R » qui indique le nombre de personnes qu’un individu porteur de la maladie va infecter à son tour, a pu passer sous la barre fatidique de 1, le seuil permettant de garder l’épidémie sous contrôle. En conséquence, les mesures de confinement ont été progressivement levées, permettant à partir du mois de juin à la société de recommencer à fonctionner en partie comme avant. Les chiffres des nouveaux cas quotidiens confirmés ont toutefois recommencé à augmenter en juillet. En raison des variations régionales et locales, les estimations actuelles indiquent qu’il n’est pas certain que le nombre de reproduction du virus soit encore inférieur à 1 au niveau national.

En Angleterre, un assouplissement supplémentaire des mesures de confinement avait été initialement prévu après le premier allègement en juin, mais compte tenu des augmentations des nombres de cas quotidiens et de foyers localisés, il avait finalement été reporté au 31 juillet. À la place, le gouvernement a augmenté le nombre de lieux publics concernés par le port du masque obligatoire.

La hausse du nombre de cas confirmés peut être interprétée de trois manières différentes. Il est possible qu’elle corresponde à une seconde vague de l’épidémie de Covid-19. Cette augmentation pourrait aussi traduire une propagation de la maladie par « grappes », sous forme de foyers localisés. Enfin, cet accroissement pourrait être le reflet de l’assouplissement des restrictions liées au confinement, qui avaient permis de briser ce que l’OMS avait qualifié de grande vague de COVID-19 : il s’agirait en quelque sorte de vaguelettes résiduelles, qui continueront à osciller au fil du temps.

Il est encore trop tôt pour pouvoir déterminer à quel scénario le Royaume-Uni est confronté.

Si une deuxième vague survenait, nous devrions observer une forte augmentation des indicateurs de l’épidémie, tels que le nombre de nouvelles infections, d’hospitalisations ou de décès associés au coronavirus. Il convient de garder à l’esprit les quatre dernières pandémies ) – la grippe espagnole de 1918, la grippe asiatique de 1957-8, la grippe de Hong Kong de 1967-8 et la grippe porcine de 2009 – se sont effectivement caractérisées par de tels événements. Le risque est donc bien réel.

People dine at a restaurant in central London.
Le Royaume-Uni fait-il face à une simple résurgence ou à une seconde vague ? La réponse n’est pas encore très claire. Will Oliver/EPA

Actuellement, même si le nombre de nouveaux cas a récemment augmenté au Royaume-Uni, cette hausse ne s’est pas traduite par un accroissement du nombre de décès et d’hospitalisations. Cela peut s’expliquer par le fait que cette croissance s’observe en partie chez les jeunes. La situation est donc différente du début de l’épidémie, car la Covid-19 frappait alors surtout les personnes âgées, qui sont plus exposées au risque de développer une forme sévère de la maladie nécessitant une hospitalisation et qui en décèdent davantage. Le Royaume-Uni a également augmenté sa capacité de dépistage par rapport au début de l’épidémie, ce qui se traduit par une croissance du nombre de cas confirmés.

Les réponses à ces questions sont d’autant plus urgentes à trouver que des écoles ont déjà rouvert en Écosse, et que d’autres rouvriront en Angleterre, au Pays de Galles et en Irlande du Nord le 1er septembre. C’est le premier véritable pas vers une remise en marche plus large de la société, qui permettra aux parents de retourner au travail et de renouer avec une plus grande mixité au sein de la communauté.

Mes récents travaux de modélisation suggèrent que nous pouvons éviter une deuxième vague associée à la réouverture des écoles, parallèlement à cette « réouverture » de la société, à condition de dépister suffisamment de personnes symptomatiques et de retracer leurs contacts efficacement, pour les tester et les isoler si besoin. Cette stratégie de dépistage, traçage et isolement pourrait également fonctionner si en septembre nous devions faire face à des épidémies locales de moindre ampleur plutôt qu’à une deuxième vague.

Quelle que soit la proportion dans laquelle augmenteront les cas de Covid-19, le fait de pouvoir tester un maximum de personnes dès l’apparition des symptômes, de retracer efficacement leurs contacts et d’isoler ceux qui ont été diagnostiqués positifs ou qui présentent des symptômes s’avérera impératif si nous voulons être capable de maintenir l’épidémie sous contrôle au Royaume-Uni, en attendant la mise au point d’un vaccin efficace.

Enseigner avec un visage masqué : un défi ?

29 samedi Août 2020

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The Conversation

  1. Laura Abou Haidar

    Maître de conférences HDR, Université Grenoble Alpes (UGA)

Université Grenoble Alpes

 

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La perception visuelle des informations qui se dessinent sur le visage des interlocuteurs, ainsi que leur traitement, sont des processus déterminants pour la compréhension et la mémorisation des phrases. Shutterstock
 

La crise sanitaire inédite à laquelle nous sommes confrontés aura un impact singulier sur la classe, avec l’introduction généralisée des masques. Leur port sera « systématique » en cette rentrée 2020. Masquer le visage des enseignants et de leurs élèves risque de constituer un facteur d’instabilité majeure dans la relation didactique. Il est nécessaire d’en prendre conscience pour anticiper les difficultés auxquelles tous seront confrontés lors de la réouverture des établissements.


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En effet, la perception visuelle des informations qui se dessinent sur la face de celui ou de celle qui énonce la parole et de celui ou celle qui la reçoit, ainsi que leur traitement, sont des processus déterminants pour la compréhension et la mémorisation des phrases échangées et du cours en général. Ces étapes influencent l’ensemble des paramètres de la relation d’enseignement.

Entre émotions et prosodie

Le visage transmet des informations de plusieurs natures. Celles-ci sont d’abord de nature émotionnelle. Un échange indispensable pour que s’établisse une relation d’empathie entre enseignants et enseignés. C’est la lecture de ces émotions qui permet d’instaurer des conditions de sécurité affective favorables à l’apprentissage.

S’y ajoutent des éléments de nature kinésique, que l’on accompagne une interrogation d’un mouvement de tête ou que l’on souligne par une mimique un accord, une liaison qui apporte un complément d’information

Par ailleurs, des éléments d’ordre articulatoire de nature plus strictement linguistique – le resserrement des lèvres, leur arrondissement, l’écartement des maxillaires – sont des informations complémentaires utiles pour la compréhension langagière. Ce sont en général des éléments plus pertinents en situation d’apprentissage d’une langue étrangère, mais tout aussi utiles pour la perception de tous types de messages. Il n’y a qu’à observer les regards des personnes assistant à une conférence, scrutant attentivement le visage du conférencier, pour s’en convaincre.


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Enfin, c’est pas le visage que passent des informations de nature prosodique ou « musicale » d’ordre macrokinésique, très étroitement liés à la gestuelle globale du corps, et à la micro-kinésie vocale.

Masquer le visage aura pour conséquence de dépouiller le message d’éléments d’information qui sont tous, dans leur imbrication les uns avec les autres, indispensables pour une perception globale du message, des conditions de son énonciation aux émotions qui s’y rattachent. C’est donc un défi majeur auquel enseignants et enseignés seront confrontés.

Engagement corporel

C’est en masquant la face que certains prendront conscience à quel point l’oral est conditionné par un engagement corporel global, dans lequel le visage joue un rôle central. Que reste-t-il aux enseignants obligés de porter un masque ? Les gestes, la voix, le regard.

Les enseignants devront amplifier les mouvements du corps envers les élèves, tout en respectant le mètre fatidique de la distanciation sanitaire ! Ils vont devoir jouer, mimer, encore plus qu’avant, le contenu de leur cours, véhiculer tout ce qui peut l’être à travers les mouvements du corps, porter littéralement le message avec les gestes et les attitudes, puisque les mimiques seront occultées.

Les gestes qui accompagnent la voix seront plus décisifs qu’auparavant pour transmettre un message. Shutterstock

Il sera alors essentiel de renforcer la connexion par le regard avec chacun de ses élèves, ainsi qu’avec l’ensemble de la classe. Il faut prendre conscience des stratégies de balayage visuel de l’ensemble groupe, sans oublier de fixer chacun des enseignés, de manière à le rattacher aussi bien au groupe qu’à ce qui est énoncé.

Reste l’utilisation de la voix, de la manière la plus appropriée possible. Puisque le masque déforme ou filtre, nous conseillons aux enseignants de veiller à bien articuler, sans oublier que certains élèves, plus visuels que d’autres, seront fortement perturbés par le fait de ne pas pouvoir se raccrocher aux expressions du visage de l’enseignant.

Il s’agit de moduler la mélodie, les intonations, exagérer dans certains cas, de manière à ce que le message demeure vivant, et soit même encore plus vivant que d’ordinaire, du fait de cette situation inédite. Veiller cependant à maîtriser ses cordes vocales, à ne pas les agresser en parlant encore plus fort que la normale : les visages masqués peuvent amener à vouloir compenser avec une intensité vocale trop importante qui peut occasionner des dégâts.

L’harmonisation des mouvements du corps avec le regard ainsi que les variations d’intonation et de rythme, et l’accentuation de leur cohésion avec le contenu du message, sont autant de facteurs indispensables pour appréhender cette nouvelle contrainte, dans des sociétés dans lesquelles le visage se présente traditionnellement sans aucun obstacle physique au regard.

Inventer une nouvelle manière de communiquer en classe, mais aussi d’enseigner et d’apprendre, avec des visages masqués, cela constitue un vrai défi pour tous !

Comment gérer la rentrée scolaire avec des adolescents ?

28 vendredi Août 2020

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The Conversation

  1. Christine Cannard

    Docteur en Psychologie du développement, de l’enfant et de l’adolescent, chercheuse au Laboratoire de psychologie et neurocognition, INSERM, Université Grenoble Alpes (UGA)

Université Grenoble Alpes

 

CC BY ND
Face aux incertitudes et aux consignes sanitaires, la rentrée qui s’annonce ne ressemblera à aucune autre. (Ici, réouverture d’un collège après le confinement). Jeff Pachoud/AFP
 

Plus de 5,6 millions d’élèves du secondaire doivent revenir en cours, en collège et au lycée, début septembre, suivant le protocole sanitaire assoupli rendu public le 7 juillet dernier par le gouvernement. Interviewé sur France 2 ce jeudi 20 août, le ministre de l’Éducation nationale a confirmé que la rentrée scolaire aurait lieu le 1er septembre.

Or, en France, plusieurs articles de presse ont témoigné des réactions des adolescents face au confinement imposé par le gouvernement, souvent entre ennui, frustration et déprime.

Au Québec, une étude a montré également deux niveaux de vécu de cette situation. Certains adolescents témoignaient d’une forte dépression ou anxiété et d’autres se disaient soulagés, heureux d’échapper à la pression scolaire et de profiter de retrouver un peu de temps pour eux ou leur famille.

Les limites du virtuel

Alors même que de nombreuses études soulignent que l’usage intensif des écrans est délétère pour la santé des adolescents, il n’a jamais été aussi nécessaire de les utiliser. En effet, le numérique a permis de satisfaire à la fois les besoins d’apprentissage à distance et d’affiliation, en préservant virtuellement les relations sociales tout en nous protégeant précisément des « contacts humains ». En ce sens, « distanciation physique » ne veut pas dire « distanciation sociale ».


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Cependant, à un âge où les relations et activités extrafamiliales sont privilégiées, sortir, bouger, retrouver la liberté d’agir, retrouver « les potes », devenait une nécessité à la hauteur de la frustration de chacun. L’adolescent a besoin de sensations fortes, de sortir de la routine, de se faire plaisir avant tout.

L’entrée dans la puberté est un moment fort en bouleversement biopsychosocial, mais aussi en maturation cérébrale, marquée par la précocité du système limbique (siège des émotions) par rapport au cortex préfrontal (siège des fonctions cognitives de haut niveau).

Ce décalage maturationnel met les adolescents sous l’influence excessive des émotions. Par conséquent, le virtuel n’a pas toujours suffi. La puberté et les pulsions libidinales poussent les jeunes les uns vers les autres, et les adolescents, dans leur quête identitaire, ont besoin des pairs pour se construire et se confronter au monde.

Une reprise de l’école anxiogène

Dans ce contexte, la reprise de l’école peut permettre aux adolescents de mieux vivre la crise sanitaire. Cependant, elle peut aussi réactiver des inquiétudes ou en faire apparaître de nouvelles, d’autant plus que la période estivale a entraîné un certain lâcher-prise dans la population, malgré l’obligation de la poursuite des gestes barrières.

Il existe bien sûr la peur de la contamination mais aussi le risque d’échec scolaire après une si longue rupture dans l’apprentissage. Rappelons que le confinement et l’école à distance ont révélé de puissantes inégalités socio-économiques.

Au Québec, l’isolement volontaire raconté par les ados.

Ajoutons à cela l’anxiété et le stress post-Covid (dus par exemple à la perte d’un proche, un divorce, la perte d’un travail, la fragilité financière de la famille), la peur de se retrouver dans la vraie vie en appliquant (ou pas) la distanciation physique, la peur d’une rupture avec son ou sa petite amie, mais aussi ne l’oublions pas, la peur d’une situation de harcèlement ou d’exclusion sociale qui risque de reprendre.

La confrontation anxiogène aux personnes qui n’auront pas intériorisé les recommandations gouvernementales et ne trouveront aucun sens aux gestes barrières peut également empêcher le jeune et le personnel éducatif de reprendre sereinement le chemin de l’école. Comme me le disent des jeunes de mon entourage :

« ça ne va pas être facile ni pour les prof ni pour les élèves. Je ne préfère pas trop y penser, c’est tellement compliqué que l’on pourrait passer des heures à réfléchir à ce qui pourrait arriver alors qu’au fond personne ne le sait réellement. On en parle beaucoup entre amis car on a tous le même stress et on se comprend » (M., entre en seconde).

« Les élèves vont peut être faire de leur mieux, mais je pense que ça va être vraiment difficile qu’il y ait zéro contact, surtout quand c’est leurs amis, ça va être un vrai bazar » (A., entre en terminale).

Ce que peuvent faire les adultes

Dans un premier temps, face à la diversité de ce que tout un chacun a entendu, vu, lu, il est impératif de libérer la parole, en groupe classe, ou en entretiens individuels pour les plus fragiles, l’important est que chacun puisse dire ce qu’il sait de l’épidémie, ce qu’il a ressenti pendant le confinement et le déconfinement (éventuellement ses peurs, cauchemars et anxiétés, afin de diminuer la charge émotionnelle), et ce qu’il en pense aujourd’hui.

Partager son vécu avec autrui, sans jugement, permet de voir que les autres ont d’autres opinions sur la question, ont réagi différemment, n’ont pas peur ou au contraire sont encore très anxieux.

Cela peut permettre de mieux comprendre ce qui se passe, de développer l’empathie et l’esprit critique, notamment sur tout ce qui est véhiculé par les médias, les familles ou les amis (les infox, les chiffres, les résultats scientifiques, etc.).

S’il est difficile pour un adulte de rassurer lorsqu’il se trouve lui-même face à l’inconnu, on peut tout de même montrer qu’on entend la détresse. Reconnaître c’est déjà désamorcer la tension.

On peut aussi leur demander ce qu’ils attendent des adultes dans l’établissement face aux gestes barrières (et aux éventuelles sanctions associées) et aux conditions de reprise de l’apprentissage car eux aussi s’interrogent sur tout ça. L’adolescent a besoin de cadre structurant pour se sentir protégé, a besoin de se sentir en sécurité d’agir et de penser face à une situation qui peut lui paraître dangereuse ou menaçante. Cela renvoie au concept d’attachement si important tout au long de la vie mais revu à la hauteur du bouleversement pubertaire.

« Entre amis, on sera toujours là les uns pour les autres si jamais quelqu’un n’a pas compris, et souvent nos amis nous aident à nous motiver » (M., entre en seconde).

« ça va nous faire bizarre de travailler dans ces conditions mais on n’a pas le choix, quand j’en parle avec mes potes, on se dit juste que ce sera étrange au début et qu’on finira par s’habituer. C’est pour notre sécurité donc c’est important de respecter les mesures mises en place » (R., entre en première).

Expliquer pour mieux accompagner

Dans un deuxième temps, il faut expliquer. L’adulte doit apporter une explication sur les différentes informations véhiculées avec les derniers chiffres officiels à l’appui.

Il doit également apporter une explication rassurante sur les comportements humains qui sont « normaux » dans une situation de crise : révolte, peine, indifférence, déni, panique, résignation, irrationalité… Pour cela, on prend appui sur les processus qui provoquent ou maintiennent ces états, tels que les ruminations mentales, l’intolérance à l’incertitude, le faible sentiment d’efficacité personnelle face à la situation ou encore la dissonance cognitive due aux attitudes contradictoires.

« on nous interdit de sortir de chez nous mais on nous demande d’aller voter »,

« on nous interdit le lycée mais on peut se retrouver dans les parcs et les bars ».

L’adaptation de la quantité d’informations et la forme sous laquelle elles sont présentées doivent s’adapter aux capacités de compréhension, de concentration et d’attention des élèves.

Parallèlement, les cours doivent reprendre sans stigmatisation ni reproches à ceux qui ont décroché pendant le confinement. À l’enseignant de réexpliquer les prérequis nécessaires à la leçon du jour et de prendre le temps, au lieu de penser qu’il faut aller plus vite pour rattraper le temps perdu.

La préoccupation de l’adolescent : « qu’est-ce que j’y gagne ? »

Toutes les injonctions autour de l’application des gestes barrières cherchent à imposer un comportement et font pression sur l’individu.

Ce qui va être pénible c’est d’être contraint car j’aime mieux faire ce qui me fait plaisir. J’ai du mal avec ce qui est obligatoire, mais bon on n’aura pas le choix, je me demande comment ça va se passer » (E., entre en terminale).

En phase avec la théorie de l’autodétermination, qui montre comment tout comportement s’explique par les raisons qui les motivent, nous devons faire en sorte que les motifs extrinsèques (autrement dit non choisis par l’individu) puissent être intériorisés (appropriés) par les élèves.

Si on les laisse énumérer le type de comportements qui les arrangerait, et qu’on leur donne la capacité de discuter la pertinence de leurs choix comportementaux en lien avec les conséquences que ceux-ci peuvent avoir (pour eux et pour autrui), on peut amener les élèves à satisfaire les trois besoins psychologiques de base qui renvoient à nos sentiments d’autonomie, de lien social et de compétence/reconnaissance.

Autonomie, compétence, affiliation

Si je me comporte tel qu’on attend que je me comporte mais que ce soit devenu mon choix car cela a pris du sens à mes yeux, cela satisfait mon sentiment d’autonomie, et cela renforce mon sentiment de compétence car c’est associé à un effort de ma part, encouragé et reconnu par l’équipe éducative.

Je suis quelqu’un de bien (effet positif sur la façon dont les autres me perçoivent, satisfaction du besoin de reconnaissance) et je me comporte comme tous les autres de mon groupe scolaire (sentiment d’appartenance).

De plus, de tels échanges permettent à l’élève de penser à ses attitudes et comportements sociaux et d’en prendre conscience au lieu d’agir de façon automatique, inconsciemment, comme ce peut être le cas dans leur groupe social d’appartenance (familial ou amical).

Sans compter que les fermetures des écoles ont montré l’importance du présentiel, autrement dit, comme me le soulignait N, conseillère principale d’éducation lors d’un entretien :

« le lien affectif créé avec certains adultes de l’établissement et pour de meilleures conditions d’apprentissage ».

Dans ce contexte de rentrée scolaire inédit, le défi sera de faire valoir l’implication personnelle dans la gestion de la crise sanitaire, de passer de l’individuel au collectif, tout en rassurant chaque individu, de l’élève à l’enseignant.

Mickey au manoir de Frankenstein, ou du danger des jeux vidéo

27 jeudi Août 2020

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  1. Christian Chelebourg

    Professeur de Littérature française et Littérature de jeunesse, Université de Lorraine

Université de Lorraine

 

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Les jeux vidéo, ça rend dingo ? Capture d’écran YouTube
 

Les jeux vidéo, ça rend marteau ! Tel est le point de départ de « Runaway Brain » – littéralement le cerveau fugueur – un court-métrage animé de Chris Bailey, sorti le 11 août 1995, traduit en français sous le titre « Mickey perd la tête », et adapté en BD dix mois plus tard par le scénariste Jean‑Luc Cochet et le dessinateur Ulrich Schröder pour Le Journal de Mickey.

Si Mickey perd la tête, ce n’est toutefois pas parce qu’il joue sur sa console – pas directement, en tout cas. Son combat acharné contre la sorcière de Snow White lui a seulement fait oublier l’anniversaire de sa rencontre avec Minnie ; ou plutôt, dans la VO, de leur premier baiser. S’il perd la tête, c’est parce qu’il répond imprudemment à une petite annonce dans l’espoir de gagner 999,99 de dollars et de se racheter en offrant à Minnie un séjour à Hawaï. Pourtant, il aurait dû y regarder à deux fois. Cette annonce, en effet, s’avère pleine de pièges.

Lobotomisé par Disney ?

Il aurait suffi de la lire à l’envers pour y découvrir le chiffre de la Bête : 666. Elle a quelque chose de diabolique. L’adresse tout d’abord : 1313 Lobotomy Lane. Elle ressemble comme deux gouttes d’eau à celle du premier parc d’attractions de la firme, Disneyland : 1313 South Harbor Boulevard, Anaheim, Californie.

Le parc Disneyland en 1963. Wikipedia

Joli pied de nez aux pourfendeurs de la Company, qui l’accusent de lobotomiser ses clients. On a de l’humour et le sens de l’autodérision, chez Disney. Prends garde, Mickey, ton cerveau est menacé ! Le nom ensuite : Frankenollie. On croit entendre celui d’un des plus célèbres duos des studios, Frank et Ollie. Le grand public les a croisés dans The Incredibles.

Frank Thomas et Ollie Johnston, deux des célèbres « Nine Old Men », les compagnons de route de Walt Disney, deux des principaux maîtres d’œuvre de cette féerie disneyenne qui déplaît tant aux esprits chafouins. C’est à une merveilleuse diablerie, à une fantaisie facétieuse et drolatique que Mickey s’expose en répondant à cette annonce. Il tombe dans le piège d’un double sens.

De Frankenollie à Frankenstein

Car Frankenollie bien sûr, tout le monde l’aura reconnu, c’est aussi Frankenstein. En guise de job facile, ne requérant pas une once d’intelligence – « a mindless day’s work », promettait l’annonce –, il se précipite en parfait écervelé, en victime irréfléchie – autant d’autres traductions de mindless – entre les pattes d’un savant fou. En guise d’une journée d’insouciance à la Frank et Ollie, il se retrouve cobaye du plus notoire des apprentis sorciers de la littérature.

Paru anonymement en 1818, le roman de Mary Shelley s’est rapidement imposé comme un des chefs-d’œuvre de la veine gothique qu’il renouvelle, cependant, en substituant aux châteaux hantés les glaces du pôle, et aux fantômes réels ou factices, un monstre de chair et d’os. Dans l’imaginaire collectif, la créature a supplanté son créateur sous les traits de Boris Karloff qui l’interprétait en 1931 devant la caméra de James Whale.

Deux ans plus tard, elle apparaissait dans « Mickey’s Gala Premier » aux côtés de Dracula et de Mr Hyde. Toute l’horreur du roman de Mary Shelley, son horreur pour ainsi dire métaphysique, tient à l’idée de donner vie à un méticuleux assemblage de cadavres recueillis au cimetière. Elle est éludée chez Disney, où Mickey est recruté pour permettre l’échange de son cerveau avec celui de la créature déjà achevée et bien vivante.

Petites horreurs disneyennes

Les amateurs auront reconnu une opération proche de celle qu’il cauchemardait, en 1933, dans « The Mad Doctor », un court-métrage à l’esthétique expressionniste, caractéristique de l’humour macabre de Walt Disney.

Chris Bailey se situe dans une continuité. Il renoue avec une tradition un peu oubliée, comme en atteste par ailleurs son choix de redonner à Mickey la vieille culotte rouge qu’il n’avait plus portée depuis belle lurette. Pour ainsi dire retombé en enfance, revenu au temps de Snow White et d’avant, à l’âge d’or des « Nine Old Men » dont il se délectait sur sa console, il est condamné à renouer avec une inspiration que les studios ont longtemps délaissée.

Un avatar diabolique

En guise d’expérience scientifique, c’est à un rite mystique que Mickey est ici soumis, celui de l’avatar, popularisé par Théophile Gautier dans un roman éponyme, paru en feuilleton dans Le Moniteur Universel en 1856. Avatar est un classique de la littérature fantastique, sous-titré en anglais « The Double Transformation ». Grâce à un médecin initié à l’occultisme indien, un jeune aristocrate parisien éperdu d’amour pour une comtesse slave y échange son âme avec l’époux de cette dernière, dans l’espoir de profiter de ses faveurs. Mais la belle ne s’y laisse pas prendre.

Chris Bailey démarque ce schéma en donnant à Mickey le corps d’un gigantesque Peg-Leg Pete (Pat Hibulaire en VF), tandis que celui-ci, changé en souris, déchaîne sa libido sur Minnie. Il la poursuivait régulièrement de ses ardeurs dans les productions des années 1930. Le triangle amoureux est ici exacerbé, puisqu’en dissociant les âmes des corps, l’avatar ne se contente pas de séparer les amoureux, il les empêche de se reconnaître. Le scénario est diabolique au sens étymologique du terme, celui du grec diabolos qui signifie désunir.

Exorciser le jeu vidéo

On comprend que le tableau de Mickey à la porte du Dr Frankenollie ressemble tant à l’affiche de The Exorcist, le chef-d’œuvre horrifique de William Friedkin. En lui offrant l’expérience concrète de l’avatar, qu’il pratiquait de façon virtuelle dans la peau de Dopey sur sa console, le Dr Frankenollie ouvre dans la vie de Mickey une parenthèse qui le rappelle en fait à la réalité. Il lui permet de conjurer le démon vidéoludique qui le séparait de Minnie, et de la retrouver. Il le réconcilie avec lui-même et avec son cœur.

Le personnage de Peg-Leg Pete, ici dénommé Julius comme le chat des « Alice Comedies » à qui le premier Pete, Bootleg Pete, servait d’antagoniste, est là pour semer un trouble, une confusion salutaires.

De « Frankengoof » à Kingdom Hearts

Il est inspiré du monstre de « Frankengoof », un épisode de la série Goof Troop diffusé le 19 novembre 1992. Doux et serviable, celui-ci finissait par remplacer auprès de sa famille le vrai Pete toujours acariâtre, qui avait eu l’imprudence de prendre son déguisement. Le monstre de Frankenstein, revisité par Disney, est un double révélateur de la monstruosité de nos comportements ordinaires.

L’addiction aux jeux en fait partie. Sans doute est-ce pourquoi Julius apparaît en boss ultime aux joueurs de Kingdom Hearts 3D : Dream Drop Distance qui s’attardent, la partie terminée, près de la fontaine de Traverse Town. Sa menace est comme un rappel à l’ordre, une invitation à quitter le monde virtuel avec le sentiment du devoir accompli, sous peine d’engager le combat de trop. Il est temps d’éteindre la console. Reconnaissons néanmoins que, pour le gamer averti, la tentation d’un dernier combat est grande…

Podcast : Le temps dans tous ses états, l’intégrale

26 mercredi Août 2020

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The Conversation

Benoît Tonson

  1. Chef de rubrique Science, The Conversation France

  2. Elsa Couderc

    Cheffe de rubrique Science

 

CC BY ND

CC BY

L’année 2020 a vu notre planète s’arrêter, notre présent, bouleversé. Et si c’était le moment de réfléchir à nos futurs ?

Le podcast « le temps dans tous ses états » a été pensé pour réfléchir à la notion de temps grâce aux scientifiques du CEA, entre philosophie, biologie, physique et même science-fiction.

Nous vous proposons de (ré)écouter les six épisodes de cette série.

Promenons-nous dans le temps, entre philosophie et physique

Des limites floues entre passé, présent et futur., CC BY-SA. David Werbrouck/Unsplash, CC BY

Dans ce premier épisode, nous recevons Étienne Klein pour tenter de définir notre sujet de discussion : le temps. Expérience complexe appelant la philosophie et la physique. Nous parlons également de l’avenir. Beaucoup y ont réfléchi pendant la crise du Covid-19 avec ce fameux « monde d’après ». Un avenir que notre invité disait laissé en jachère intellectuelle ou abandonné aux collapsologues. L’avenir serait-il en train de faire son retour dans le présent ? D’ailleurs, est-il déjà là, quelque part ?

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Voyagez dans le temps à vos risques et périls – de la science à la science-fiction

Voyager dans le temps est proche de l’impossible et aurait de lourdes conséquences. Enzo B/Unsplash, CC BY, CC BY

Pour ce second épisode, nous dialoguons avec Roland Lehoucq pour savoir ce que la physique nous dit des voyages dans le temps. Serait-il possible d’aller dans le futur pour savoir s’il a changé, et à quelles conditions ? Pourra-t-on jamais envoyer des informations dans le passé ? Nous parlons aussi des lourdes conséquences des voyages dans le temps imaginaires que nous content les œuvres de science-fiction et de leurs rôles dans l’invention de futurs possibles.

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Erratum, avec nos excuses : à partir de 2 :49, vous devriez entendre : « Elle peut trouver par exemple que son voyage va durer dans son temps propre, mesuré par son chronomètre, une année, et puis Bob va mesurer par exemple 10 années. Avec pour conséquence que si Alice est partie plus âgée que Bob par exemple, elle avait deux ans de plus que Bob par exemple, quand elle revient elle est plus jeune, elle a vieilli d’un an, alors que Bob a vieilli de 10 ans, donc elle se retrouve plus jeune : elle se trouve dans le futur de Bob. »

Mesurer notre perception du temps en confinement

Les aiguilles ont-elles bougé à la même vitesse pendant le confinement ? Brooke Campbell/Unsplash, CC BY

Dans ce troisième épisode, nous interrogeons Virginie van Wassenhove pour comprendre comment mesurer notre perception du temps totalement subjective, de façon objective.

Elle nous explique comment elle a réussi à mettre en place une recherche pluridisciplinaire, mondiale, en plein confinement pour étudier comment les citoyens du monde ont vécu ces confinements dans des contextes très différents.

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La course contre la montre d’un généticien face au Covid-19

Dans un laboratoire de génétique. luchschenF/Shutterstock, CC BY

Au moment de la crise sanitaire aiguë, l’attention médiatique s’est légitimement portée sur le travail des soignants, mais un autre corps de métiers a été, et continue à être de première importance : les scientifiques.

Grâce au témoignage de Jean‑François Deleuze, vous pourrez apprendre comment le temps de la recherche a été totalement bousculé. C’était d’abord un flux impressionnant de publications à intégrer quotidiennement, puis une réflexion intense, mais rapide pour monter de nouveaux projets, et en apprendre plus sur la génétique du virus et celle des patients. Avec comme question centrale : y avait-il des déterminants génétiques expliquant la susceptibilité à tomber malade et à déclencher, ou non, une forme sévère.

Entre urgence et science, une collision de temporalités

Vue d’artiste d’une expérience d’ATLAS, au CERN. CERN, CC BY

Dans ce cinquième épisode, Nathalie Besson nous explique ce qu’est la démarche scientifique, pourquoi elle prend du temps, et pourquoi les statistiques sont indispensables. Elle nous parle de la collision entre l’urgence de la crise et de la nécessaire lenteur de la science. Un décalage de temporalités qu’elle illustre avec des exemples d’astronomie et de physique des particules, puisqu’elle navigue au quotidien entre l’infiniment petit des collisions de particules élémentaires et les dizaines d’années qu’il faut pour construire les grands instruments scientifiques comme le LHC.

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Projets scientifiques « commando » en temps d’épidémie

La crise a changé, pour certains, la manière de faire de la recherche. Unsplash, CC BY

Chercheur un jour, chercheur toujours : Stéphane Sarrade dirige aujourd’hui les programmes énergie du CEA, mais garde un pied dans la communauté des « fluides supercritiques ». La crise du Covid-19 est pour lui l’occasion de renouer avec le quotidien de la recherche. Dans ce sixième épisode, Stéphane Sarrade nous expose l’objectif du projet « commando » qu’il a monté avec des experts d’autres disciplines : développer de nouveaux outils pour les biologistes, leur permettant de désactiver le SARS-CoV-2 en laboratoire, afin de mieux comprendre ses mécanismes.

Alexeï Navalny critique le Kremlin depuis longtemps. S’il a été empoisonné, pourquoi maintenant ?

25 mardi Août 2020

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The Conversation

 

Alexeï Navalny critique le Kremlin depuis longtemps. S’il a été empoisonné, pourquoi maintenant ?

  1. William Partlett

    Associate Professor, University of Melbourne

University of Melbourne

 

CC BY ND
Alexeï Navalny
Le 26 décembre 2019, Alexeï Navalny se tient à quelques pas de deux agents de police lors d’une perquisition menée dans les bureaux de son Fonds anti-corruption (FBK), à Moscou. Dimitar Dilkoff/AFP
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Alexeï Navalny, chef de file de l’opposition en Russie, est actuellement entre la vie et la mort après avoir été apparemment empoisonné en Sibérie. À la demande de sa famille, il a été transféré samedi matin en Allemagne à bord d’un avion médicalisé à l’issue d’un bras de fer de plus de 24 heures avec les autorités russes, qui ne voulaient pas autoriser son transfert, affirmant qu’il était intransportable (une affirmation contestée par l’entourage de l’opposant, qui a affirmé que les réticences des officiels russes étaient dues à la volonté de dissimuler le fait que Navalny avait été empoisonné).

À Tomsk, des sympathisants lui auraient demandé, la veille du jour où il est tombé malade, pourquoi il n’était pas encore mort.

Il a répondu que sa mort ne servirait pas les intérêts de Poutine car elle ferait de lui un martyr.

Qui est Alexeï Navalny ?

L’opposant, qui a fait l’objet de nombreuses attaques au fil des ans, est le principal leader de l’opposition russe. Âgé d’à peine 44 ans, cet avocat moscovite s’est fait connaître avec ses posts de blog dénonçant la corruption.

Il est ensuite passé à la vitesse supérieure, transformant son activisme sur les réseaux sociaux en organisation financée de façon participative, le Fonds de lutte contre la corruption, qui publie fréquemment des vidéos sur YouTube et des rapports bien ficelés sur la corruption de haut niveau qui entache le gouvernement russe.

En 2017, « Vous n’avez pas le droit de l’appeler Dimon », l’une des enquêtes les plus retentissantes du Fonds de lutte contre la corruption, met en évidence la fortune colossale de Dmitri Medvedev (ancien président et premier ministre russe). Les sous-titres français sont disponibles dans les paramètres de la vidéo.

Ouvertement opposé à Vladimir Poutine, c’est lui qui, en une formule qui a depuis fait flores, a qualifié le parti au pouvoir, Russie Unie, de « parti des voleurs et des escrocs ». Il s’est également porté candidat à la mairie de Moscou en 2013 (récoltant officiellement 27 % des suffrages, un score qu’il a jugé largement inférieur à son résultat réel, exigeant sans succès un recomptage des voix) et a tenté de défier Poutine à l’élection présidentielle de 2018, mais il a été déclaré inéligible en raison d’une condamnation pour corruption dont le caractère politique laisse peu de doutes.

Pour faire vivre son mouvement, il a créé un vaste réseau de bureaux dans toute la Russie et dirige actuellement le parti politique Russie du futur, qui n’est toujours pas enregistré.

L’homme ne fait pas l’unanimité. Certaines de ses prises de position sont critiquées par des membres de l’opposition moscovite, notoirement divisée, et notamment son soutien à l’annexion de la Crimée ainsi que ses liens avec les nationalistes.

Mais il ne fait aucun doute que ses opinions et son militantisme lui ont valu l’attention des autorités. Il a été emprisonné à plusieurs reprises sur la base d’accusations d’ordre administratif et son frère a été incarcéré durant trois ans. Il a également été perquisitionné à de nombreuses reprises et a reçu de la teinture verte au visage, ce qui a endommagé sa vue.

Ces derniers mois ont été marqués par une nette intensification de la pression mise par les autorités. En juillet, Navalny a été obligé d’annoncer la fermeture de sa fondation en raison des lourdes amendes qui lui avaient été infligées.

Ce militantisme n’empêche toutefois pas Navalny d’employer sur les réseaux sociaux un ton étonnamment léger et d’afficher une vie normale, comme en témoignent ses photos prises en famille ou le montrant en train de faire son jogging dans un parc de Moscou.

Il est incontestable qu’il est l’un des hérauts d’une nouvelle génération de Russes ne craignant pas de critiquer le régime et qui, après un siècle de bouleversements cauchemardesques, aspirent à vivre dans un « pays normal ».

Cette normalité ne sera atteinte que si la Russie renonce à sa posture rétrograde et post-impériale héritée de la Guerre froide, et devient un pays tourné vers l’avenir, désireux de se doter d’écoles, d’infrastructures et de systèmes de santé dignes de ce nom.


À lire aussi : Russie : les faux semblants du scrutin constitutionnel


Poutine fait face à de nombreux défis

L’empoisonnement présumé de Navalny survient à un moment critique pour Poutine et le Kremlin. Depuis l’élection de 2018, la popularité du président, en net déclin, a atteint en mai dernier le niveau historiquement bas de 59 %, selon un institut de sondage indépendant.

La pandémie de coronavirus a accéléré cette chute, le virus ayant mis en lumière l’état déplorable des services de santé dans tout le pays. On a vu récemment une illustration de cette « lassitude envers Poutine » dans l’Extrême-Orient russe, où la décision du Kremlin de mettre le gouverneur en prison a déclenché des manifestations monstres le mois dernier.

Ces dernières semaines, des milliers de personnes ont manifesté contre Poutine à Khabarovsk, dans l’Extrême-Orient russe. Igor Volkov/AP

Le Kremlin a réagi à cette popularité en berne en lançant une vaste réforme constitutionnelle bien orchestrée destinée à renouveler le soutien de la population à Poutine et à son régime.

Dans le même temps, la répression contre l’opposition s’est durcie. On a notamment assisté à une purge des principaux professeurs de droit constitutionnel de l’une des universités les plus prestigieuses de Moscou.

En outre, un mouvement de protestation généralisé s’est répandu dans la Biélorussie voisine – l’un des alliés indéfectibles de la Russie – à la suite de soupçons d’élections truquées. Plus de 200 000 personnes ont manifesté la semaine dernière pour exiger la démission du président Alexandre Loukachenko.

En plus d’avoir galvanisé un grand nombre de jeunes Russes, qui demandent les mêmes changements dans leur pays, ce mouvement contestataire a probablement semé la panique au Kremlin, où les manifestations massives sont perçues comme une menace existentielle pour le contrôle qu’exercent les dirigeants sur le système politique.

Loukachenko en a appelé à Poutine pour qu’il intervienne en Biélorussie et l’aide à se maintenir au pouvoir. Mikhail Klimentyev

Qui a pu empoisonner Navalny ?

Difficile, dans ce contexte, de savoir qui est responsable de l’empoisonnement présumé de Navalny.

S’il s’agit bien d’un empoisonnement, il s’inscrit indubitablement dans la série des « maladies » douteuses qui affectent les individus perçus comme une menace par l’État russe.

Parmi les exemples les plus connus, citons l’utilisation probable de l’agent neurotoxique Novitchok par les services de sécurité russes pour empoisonner Sergueï Skripal et sa fille Ioulia à Salisbury, au Royaume-Uni, en 2018.

Une femme tient une pancarte proclamant « Navalny a été empoisonné » lors d’une manifestation à Saint-Pétersbourg le 20 août 2020. Anatoly Maltsev/EPA

D’autres cas d’empoisonnement potentiels sont moins connus. Toujours en 2018, l’un des principaux membres du groupe contestataire Pussy Riot, Piotr Verzilov, semble également avoir été empoisonné.

Et si le fait de transformer Navalny en martyr ne semble pas arranger le Kremlin en ce moment, il est possible que l’attaque soit le fait d’éléments incontrôlés au sein de la sécurité de l’État, menacés par les révélations anticorruption de Navalny. Comme l’a dit un commentateur britannique :

« Qu’est-ce qui est le plus effrayant, un État qui tue ou un État incapable de maîtriser ses tueurs ? »

S’il s’avère qu’il s’agit d’un empoisonnement, il est peu probable que nous sachions un jour avec certitude qui l’a ordonné. Mais le message adressé à ceux qui critiquent le régime actuel est effrayant. Et il rappelle, de façon lugubre, à la prochaine génération russe qu’elle ne vit pas (encore) dans un « pays normal ».

Dans les musées, des mouvements sociaux invisibles

24 lundi Août 2020

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The Conversation

 

Dans les musées, des mouvements sociaux invisibles

 

  1. Odile Join-Lambert

    Professeure de sociologie et d’histoire, Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines (UVSQ) – Université Paris-Saclay

Université Paris-Saclay

Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines

 

CC BY ND
Un membre du personnel du Louvre traverse le hall, sous la pyramide. Thomas Coex/AFP
 

Après trois mois de fermeture liée à la pandémie de Covid-19, visiteurs et touristes reprennent progressivement les chemins des musées rouverts de façon partielle depuis le 2 juin. Dans le secteur, les déficits causés par la pandémie, parfois considérables, risquent de les affecter durablement. Privés de trois mois de recettes de billetterie et amputés de leurs autres ressources (revenus des concessions, privatisation d’espaces, itinérances d’expositions, édition…) tous les musées constatent une sévère dégradation de leurs résultats financiers.

Si quelques musées et monuments n’ont pas ouvert leurs portes le jour des grèves nationales de janvier 2020 contre la réforme des retraites, comme le musée d’Orsay ou le musée Picasso, d’autres musées sont restés ouverts mais pas à plein régime – seules certaines salles étant fermées. Les raisons de la faible participation des travailleurs de la Culture à la grève contre la réforme des retraites, en dehors de cas emblématiques comme l’Opéra de Paris ou la Comédie-Française, tiennent certes à leur attachement à la continuité du service public artistique.

Elles tiennent aussi, en grande partie, à l’invisibilité de leur mouvement social et au faible nombre de personnels concernés, comparativement au secteur de l’Éducation nationale par exemple. La grève d’un autre service de la Culture que le secteur muséal, comme celui de la musique et la danse, permet d’ailleurs une visibilité bien plus grande et offre un écho accru aux mobilisations, comme en témoigne la grève de janvier 2020 à l’Opéra de Paris.

Cette invisibilité trouve toutefois son origine dans l’évolution du travail des personnels de ce secteur pendant les « Trente Glorieuses ».

Une politique de « démocratisation culturelle »

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, des publics de plus en plus nombreux se mettent à visiter les musées des pays d’Europe. Pour faire face à cette extension des publics, en France et en Grande-Bretagne notamment, deux hommes donnent une impulsion décisive au développement des musées, avec la même volonté politique de répondre aux besoins de nouveaux publics par une action de l’État : l’économiste hétérodoxe et haut fonctionnaire John Maynard Keynes dès 1946 et l’écrivain et homme politique gaulliste André Malraux à partir de 1958.

Reconstitution de la salle dédiée aux peintures espagnoles et italiennes, dans le Palais des Beaux-Arts de Lille, deux ans après la Grande Guerre. Au centre, Émile Théodore (conservateur de 1912 à 1937). Palais des Beaux-Arts de Lille/Wikipedia, CC BY

Cette politique de « démocratisation culturelle » va-t-elle se traduire par une redéfinition des missions, du nombre des emplois ou de l’organisation du travail ? Qui se chargera en effet de l’accueil de nouveaux publics ? Les gardiens, qui ont la charge de les surveiller, les accueillir et les guider, vont-ils continuer à s’occuper de flux de publics « tout venant » et non éduqués ? Les conservateurs, qui ont le monopole de la réflexion sur le service public muséal, vont-il s’attacher uniquement aux publics instruits et éclairés, sans se préoccuper de diffusion ? La question fait débat chez les acteurs muséaux français et britanniques entre 1946 et 1981.

Travailler auprès des publics

Le souci du public devient alors le résultat de rapports de classes. Il existe en effet peu de choses en commun entre, d’une part, les conservateurs et leurs associations qui structurent la profession dans les deux pays et ont le monopole de la réflexion sur les publics et, d’autre part, les gardiens de musée et leurs syndicats, pour lesquels les réorganisations qu’implique la hausse quantitative des publics ne sont pas discutées.

Le secrétariat aux Beaux-Arts, qui ne devient ministère de la Culture qu’à partir de 1959, demande dès les années 1950 aux gardiens de musées français de rendre un service public gratuit et sans pourboire, évalué avec un critère de bon accueil et renseignement des publics. Les revendications du personnel de gardiennage et de surveillance pour revaloriser leur travail auprès des publics remontent au début du XXe siècle, et concernent dans les années 1950 l’obtention d’une formation aux publics et aux œuvres. Ces derniers n’obtiennent toutefois un recrutement par concours qu’en 1971, une perspective de carrière de la catégorie C à B et une formation qu’à partir de 1979.

Au sein des conservateurs du Louvre, le souci du public constitue un discours sur lequel les conservateurs d’État s’opposent aux conservateurs territoriaux pour défendre la position de la haute culture contre l’animation et la diffusion.

L’introduction du public au musée contribue de fait à modifier les pratiques de travail au musée mais sans reconfigurer les emplois. Et pour cause : l’explication des œuvres au public et la pédagogie sont déléguées à des bénévoles, toutes des femmes à cette période. L’accompagnement des publics est dûment inscrit dans le budget de la direction des musées de France sous la forme d’intitulés divers, tels que « bénévole à temps partiel », « bénévole à temps plein » voire même paradoxalement de « bénévole rémunéré ». L’existence de ces bénévoles prenant en charge le public et la pédagogie des œuvres explique en grande partie qu’on ne transforme pas les emplois titulaires au contact avec les visiteurs.

Ce que les publics font au service public

Le rapport aux publics n’est pas pensé de la même manière en France et en Grande-Bretagne, d’où l’intérêt de comparer les deux pays. Alors que les Britanniques sont centrés sur l’éducation du public, les Français sont plus tournés vers la technique, l’excellence scientifique et l’explication des collections à un public éclairé et éduqué. Alors que la gratuité des musées est la règle en Grande-Bretagne jusqu’aux années 1970, la France considère le public des musées comme solvable, le premier dispositif de gratuité ne datant que de 1983. La France multiplie les études sur les publics des musées, alors qu’en Grande-Bretagne aucune étude similaire ne voit le jour.

En outre, la notion de service public n’est pas inscrite dans le droit britannique. Après la Seconde Guerre mondiale, la théorie administrative reconnaît toutefois l’existence de cette notion dans certaines circonstances pour l’équilibre entre la demande du public et la nature du service fourni. Au contraire, en France, c’est l’État et les hauts fonctionnaires qui ont défini, depuis le début du XXe siècle, les grands principes du service public.

Le service est fourni par des agents aux statuts de nature juridique distincte, fonctionnaires en France, contractuels en Grande-Bretagne. Le statut général des fonctionnaires français est fondé sur un classement des postes, associant les postes de travail à un niveau de diplôme, d’emploi et de concours, alors que la logique contractuelle britannique classe des individus, la tâche et la spécialisation définissant le statut d’emploi.

Le rapport des personnels du Louvre et du British Museum au service public est pourtant plus proche qu’il n’y parait. Le souci des publics des musées n’est pas réservé aux personnels du Louvre : on trouve bien au British Museum une éthique du service public en pratique. Les procès-verbaux des organes de discussion entre l’administration et les syndicats, les conseils Whitney, en témoignent abondamment. Ainsi, le service public inscrit dans le droit français n’a pas donné lieu à un service au public gratuit au Louvre, alors que le British Museum l’a mis en place sous forme de négociation sans l’énoncer dans le droit.

Le principe d’égalité devant le service public qui structurait en profondeur les pratiques et représentations du travail dans ce secteur a évidemment connu à partir des années 1980 des changements importants, même s’il est toujours présent. Les publics, par définition non captifs, sont devenus des « consommateurs » dont les musées cherchent à attirer les audiences. L’orientation commerciale, l’informatisation des collections, la sous-traitance de certaines activités de gardiennage modifient profondément la donne. D’autant que dans les deux pays, les instances élues – commissions administratives paritaires et conseils Whitley – ont perdu le rôle politique qu’elles jouaient à la Libération.

C’est bien pendant les « Trente Glorieuses » que l’État manque l’occasion de réorganiser le travail au plus près du public dans musées. Il a légué aux groupes professionnels et à la logique économique développée à partir de 1981 le soin d’y réorganiser le travail sans son intervention. Les années 1946-1981 constituent ainsi une période importante pour mieux comprendre leurs représentations actuelles de la continuité du service public culturel autant que l’invisibilité du mouvement social des travailleurs des musées, en France comme en Grande-Bretagne.

Images de science : Les méga-feux australiens

23 dimanche Août 2020

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The Conversation

 

  1. Cathy Clerbaux

    Directrice de recherche au CNRS, laboratoire LATMOS, Institut Pierre Simon Laplace (IPSL), Sorbonne Université

Sorbonne Université

 

CC BY ND
Photo satellite MODIS, enregistrée le 02 janvier 2020, avec en surimpression (en jaune) les points chauds qui correspondent à des feux actifs identifiés avec la mission VIIRS. On distingue aussi entre Melbourne et Sydney un important panache de fumée qui s’éloigne vers l’est porté par les vents. NASA-VIIRS , CC BY-SA
 

Le début d’année 2020 a été marqué par des incendies terribles en Australie. Nous avons pu suivre ces événements grâce aux satellites qui permettent actuellement de cartographier chaque endroit du globe en continu. Après des mois de temps particulièrement chaud et sec, des centaines d’incendies ont carbonisé une surface dépassant les 18,8 millions d’hectares, soit environ six fois la superficie de la Belgique !

Des milliers de maisons ont été détruites, et des dégâts incommensurables ont été causés à la faune.

Les feux émettent également une quantité massive de gaz et de particules dans l’atmosphère. La végétation qui brûle forme un cocktail de gaz toxiques dont la composition varie en fonction du type de combustible (forêt, savane, toundra, ou broussailles).

Ces fumées se déplacent ensuite au gré des vents, plus ou moins loin selon leur persistance dans l’atmosphère et leur altitude d’injection. Les panaches de fumée sont principalement composés de particules (suies), de monoxyde de carbone (CO), de dioxyde de carbone (CO2), deux gaz directement liés à la combustion. Vu de l’espace, le « spectacle » début janvier 2020 était impressionnant : en deux semaines les fumées portées par les vents ont fait le tour de la Terre et sont revenues près de leur point de départ, dans la région de Sydney. D’après des estimations réalisées mi-janvier, 400 millions de tonnes de dioxyde de carbone auraient été rejetées dans l’atmosphère par les feux australiens, soit plus du double des émissions annuelles de l’Australie !

Visualiser vous-mêmes les cartes de feux en Australie ou ailleurs

Rendez-vous sur le site NASA FIRMS, sélectionnez « Fire map », et vous pourrez vous déplacer et zoomer sur la carte du globe à votre guise. En passant au mode « advanced » pour pourrez aussi choisir des dates dans le passé. L’instrument MODIS, qui vole sur les satellites Aqua et Terra permet d’obtenir les photos de fond de carte (comme d’ailleurs pour les cartes google Earth) avec une résolution inférieure au kilomètre. Les points jaunes proviennent de la mission VIIRS, qui vole sur un autre satellite américain, SUOMI-NPP, et représentent les feux actifs. Maintenant vous savez comment obtenir vous-même cette image !

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