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Archives Journalières: 29/09/2020

Deuxième article du jour : 5G Les enjeux géopolitiques

29 mardi Sep 2020

Posted by mirmandepatrimoines in Uncategorized

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  1. Christine Dugoin-ClémentAnalyste en géopolitique, chercheuse à Paris 1-la Sorbonne ( IAE) et à Saint Cyr Coëtquidan., IAE Paris – Sorbonne Business School

Christine Dugoin-Clément ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.

IAE Paris – Sorbonne Business School
Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

IAE Paris – Sorbonne Business School et Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne fournissent des financements en tant que membres adhérents de The Conversation FR.

CC BY NDNous croyons à la libre circulation de l’information

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Mike Pompeo devant une carte des États-Unis portant le slogan « 5G Clean Path »
Le secrétaire d’État américain Mike Pompeo présente le plan « 5G Clean Path », qui vise à protéger toutes les données transitant sur les réseaux 5G entre les installations diplomatiques américaines et les États-Unis, le 29 avril 2020 à Washington, DC. Andrew Harnik/Pool/AFP

Le débat relatif à la 5G, qui permettrait d’échanger sans temps de latence 14 à 20 fois plus de données que l’actuelle 4G, s’enflamme. Il se cristallise, notamment, autour des problématiques environnementales que soulève cette nouvelle technologie.

Cette question, évidemment essentielle, tend à monopoliser un débat qu’elle prive d’une lecture géopolitique du développement de la 5G. Or cet aspect est également d’une grande importance.

Des tensions économiques à une guerre économique

Si la 5G enflamme le débat français, la discussion dépasse également largement les frontières de l’Hexagone. En effet, l’un des principaux acteurs se trouve être une société chinoise, objet de l’attention toute particulière des États-Unis.

Dans la stratégie de sécurité nationale des États-Unis parue en 2017, la Chine est désignée comme un « concurrent stratégique » au regard de la sécurité, de l’influence et de la puissance américaines. Étaient notamment visées les pratiques commerciales offensives de Pékin, parmi lesquelles l’espionnage industriel.

Dès juin 2018, avec la première augmentation des droits de douane décidée par le président Trump, les deux États s’engagent dans une guerre commerciale intense. L’accroissement des taxes américaines sur 5 700 catégories de produits chinois est immédiatement suivi de menaces de la part de la Chine.https://platform.twitter.com/embed/index.html?dnt=false&embedId=twitter-widget-0&frame=false&hideCard=false&hideThread=false&id=981821633211109376&lang=en&origin=https%3A%2F%2Ftheconversation.com%2Fles-enjeux-geopolitiques-de-la-5g-146494&siteScreenName=FR_Conversation&theme=light&widgetsVersion=219d021%3A1598982042171&width=550px

Si cette guerre commerciale affecte les deux pays, elle affaiblit particulièrement certains secteurs économiques américains. Il s’agit notamment de l’agriculture, majoritairement située dans les zones rurales et les grandes plaines. Or cette zone géographique constitue un important réservoir de votes en faveur de Donald Trump, qui se retrouve ainsi contraint de concilier le maintien de sa ligne « America first » et la sécurité économique de ses partisans.

Dans un esprit de riposte, les Américains signent alors un contrat de vente pour une soixantaine d’avions de chasse avec Taiwan, zone hautement sensible pour la Chine, qui déploie de plus en plus d’avions militaires aux bordures de l’espace aérien de l’île.

Un enjeu de souveraineté : espionnage industriel et vol de propriété intellectuelle

Outre la guerre économique, la relation entre les deux pays s’est particulièrement tendue après l’adoption par la RPC de la loi sur le renseignement en 2017. Ce texte fait « obligation aux citoyens chinois de soutenir le travail de renseignement national ». Même s’il n’autorise pas l’espionnage préventif, le travail de renseignement national devant avoir un caractère défensif, ce texte a fait l’effet d’une bombe car il a été interprété comme destiné à permettre, voire à imposer, l’espionnage par toute structure ou citoyen chinois.

Le rapport rédigé en 2018 par le Bureau de la politique commerciale et manufacturière de la Maison Blanche, intitulé « Comment l’agression économique de la Chine menace les technologies et propriétés intellectuelles des États-Unis et du monde », montre que ce sujet était déjà éminemment sensible aux yeux des Américains. Le climat se détériore encore suite aux différentes attaques menées par des groupes de hackers, notamment ceux connus sous les appellations APT 1 et APT 10, soupçonnés d’être liés au gouvernement chinois.

Dans ce contexte, on comprend l’inquiétude suscitée par l’accès de Huawei au développement de la 5G. En effet, cette technologie autorisera l’échange massif de données, y compris à caractère sensible, sans que puisse être totalement exclue, nonobstant les dénégations de Huawei, l’installation de systèmes permettant la captation des informations transitant par un réseau 5G maîtrisé par cette société chinoise.https://www.youtube.com/embed/QWVhr2Is2XM?wmode=transparent&start=0

Cette inquiétude ressort très fortement des chefs d’accusation présentés par le Département de la Justice américain dans sa demande d’extradition de Meng Wanzhou, directrice financière de Huawei et fille du fondateur de l’entreprise, à la suite de son interpellation le 1er décembre 2019 au Canada à la demande de ces mêmes autorités américaines. Si l’accusation principale porte sur la violation de l’embargo contre l’Iran qu’aurait commise la firme chinoise, une dizaine de chefs d’accusation concernent exclusivement des faits d’espionnage industriel.

Dans la foulée, Huawei a été inscrite sur la liste noire du département du Commerce, ce qui interdit aux entreprises américaines de travailler avec elle, sauf à obtenir préalablement une licence spécifique.

Les États-Unis enjoignent clairement leurs alliés européens à adopter des mesures similaires. La crise s’accentuant avec la course au développement de la 5G, Donald Trump a signé le 6 août 2020 deux décrets exécutifs interdisant aux Américains de s’engager dans des transactions avec les sociétés mères chinoises des applications mobiles TikTok et WeChat, interdictions devant prendre effet à la mi-septembre.

La préoccupation concernant la possible captation d’informations par la firme chinoise est partagée par l’UE. Le 29 janvier 2019, le vice-président de la Commission européenne en charge du numérique a affirmé que, du fait de l’adoption de la loi chinoise sur le renseignement, il est possible que les composants Huawei comportent des portes dérobées, des programmes malveillants et des micropuces permettant un accès à distance aux dispositifs d’information.

Enjeu européen et affrontements stratégiques de puissance

Outre cette déclaration, l’UE est un théâtre de première importance, tant pour le développement de la 5G chinoise que pour la guerre commerciale sino-américaine. Pour la Chine, gagner le marché européen s’intégrerait dans une stratégie plus large d’affaiblissement de la puissance étasunienne sur le Vieux Continent. Avec la 5G, non seulement la RPC gagnerait un marché représentant une manne financière, mais elle pourrait aussi créer un lien, sinon une dépendance, des États européens l’ayant choisie au détriment du concurrent américain.

Si l’UE a conscience d’être un enjeu, elle ne présente pas un front uni, les pays membres affirmant des postures différentes face à Huawei. Certains, comme le Royaume-Uni, interdisent l’adoption de la technologie chinoise alors que d’autres, comme la France, adoptent une position médiane : ils l’excluent des secteurs sensibles comme ceux liés à la défense nationale, mais proposent des accès somme toute limités.

Même si le risque d’espionnage par la Chine est bien perçu par les États européens, certains d’entre eux ont peu apprécié les pressions américaines tendant à influencer leurs choix. En ce sens, proposer une voie médiane pourrait être un moyen d’affirmer une position géopolitique indépendante face aux États-Unis tout en essayant de négocier une politique de réciprocité, comme l’a récemment souligné le ministre français des Affaires étrangères : l’objectif serait de « rééquilibrer par le haut nos relations en matière de commerce et d’investissement en parlant d’une seule voix au niveau européen » afin d’obtenir de la Chine une ouverture réciproque de son marché.

En outre, l’UE dispose de deux entreprises à même de proposer leurs services en matière de 5G, Nokia et Ericsson, alors que les États-Unis en sont totalement démunis. Si ces deux entreprises accusent un certain retard relatif quant au déploiement de la 5G, elles restent néanmoins compétitives, notamment Nokia qui est en mesure de proposer la même complétude de services que Huawei et d’assurer la totalité de la chaîne, de l’accès, aux câbles sous-marins en passant par le transport et la transmission optique.https://platform.twitter.com/embed/index.html?dnt=false&embedId=twitter-widget-1&frame=false&hideCard=false&hideThread=false&id=1286685319547551745&lang=en&origin=https%3A%2F%2Ftheconversation.com%2Fles-enjeux-geopolitiques-de-la-5g-146494&siteScreenName=FR_Conversation&theme=light&widgetsVersion=219d021%3A1598982042171&width=550px

Au-delà même de l’enjeu que représente le continent européen, se joue là une autre question majeure : le signal envoyé au reste de la communauté internationale. En effet, si la Chine envoie déjà un premier signal fort avec son équipementier en capacité de déployer de la 5G, gagner le marché européen, alors que les États-Unis cherchent à l’en empêcher, porterait un coup au prestige de la bannière étoilée et renforcerait une politique globale ayant déjà permis à Huawei de déployer la 5G dans d’autres pays comme l’Afrique du Sud, la Turquie ou l’Indonésie.

Un pari sur l’avenir technologique : la maîtrise du monde de demain

Les États-Unis, nous l’avons dit, ne disposent pas d’entreprises capables de déployer la 5G. Or il s’agit là d’un enjeu structurant pour l’économie et l’industrie. Si la 5G permet à l’internaute de surfer bien plus vite et sans latence, elle permettra aussi de développer la télémédecine, les smart cities, l’Internet des Objets (IoT), de changer des modes de production ou de rationaliser les flux ferroviaires, maritimes et aériens. En termes de défense, elle deviendra également une pierre angulaire de nombreux changements tactiques et stratégiques.

Ainsi, de même que le passage à la fibre a pu changer les pratiques et représenter un avantage pour certaines entreprises, la 5G sera probablement une révolution technologique. Ne pas s’y associer pourrait engendrer une prise de retard potentiellement difficile à combler pour certaines entreprises. Or, à ce jour outre la Chine, seules deux sociétés, la finlandaise Nokia et la suédoise Ericsson, sont en mesure d’entrer dans la course. Ces deux États n’étant pas membres de l’OTAN, ils bénéficieront probablement d’une image positive de neutralité aux yeux des États extérieurs à l’UE et à l’Alliance atlantique.

Des ingénieurs d’Ericsson travaillent sur un banc d’essai radio 5G lors d’une démonstration au SingTel à Singapour le 2 août 2016. SingTel et Ericsson, le fabricant suédois d’équipements de réseau sans fil, ont fait équipe pour exploiter le potentiel de la technologie 5G en Asie du Sud-Est. Roslan Rahman/AFP

Néanmoins, ces deux sociétés, bien que concurrentielles en termes de technologie, de brevets déposés ou de contributions au standard 3GPP, ne bénéficient pas de l’appui d’un État puissant pour soutenir leurs efforts de déploiement, tant financièrement que diplomatiquement. À la différence de Huawei en Chine, elles n’ont pas davantage la possibilité de déployer leurs technologies sur un vaste territoire. Les États-Unis ne sont pas en capacité d’entrer en compétition avec Huawei, quand bien même ils se lanceraient dès aujourd’hui dans le développement de ces technologies. Dès lors, ils pourraient parfaitement être tentés de procéder à la captation a minima d’une de ces deux entreprises, soit sous une forme collaborative, en proposant l’appui de leur puissance économique, financière et géographique, soit dans une approche plus offensive, spoliant ainsi l’Europe de ses champions dans une course qui semble déjà dessiner le monde de demain.

Dans l’implantation de la 5G, le rôle de l’opinion publique n’est pas négligeable. Or celle-ci redoute d’être victime de l’espionnage chinois et a une image globalement négative de la RPC du fait des agissements récents de Pékin à Hongkong, vis-à-vis de Taiwan ou encore envers la communauté ouïgoure.

Cette défiance, qui a contribué à rendre moins attractive la technologie de Huawei auprès des populations, a encore été renforcée par la communication particulièrement agressive des ambassadeurs de Chine, ces « loups guerriers » dont le comportement a été jugé insultant, caricatural et indigne du niveau diplomatique. À titre d’exemple, on peut évoquer un texte émanant de l’ambassade de Chine en avril 2020 qui a provoqué la convocation de l’ambassadeur au ministère français des Affaires étrangères.

On l’aura compris, la 5G voit s’affronter des acteurs pour des enjeux de pouvoirs où les rivalités et les manœuvres utilisées nécessitent, pour être décryptées, de recourir à une lecture mêlant géographie, histoire, économie, sociologie, et sciences politiques – en somme, une réelle analyse géopolitique.

Plan de reboisement en France : 200 millions… et des blocages

29 mardi Sep 2020

Posted by mirmandepatrimoines in Uncategorized

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22 septembre 2020, 22:44 CEST

Auteur

  1. Catherine ColletChercheuse en sylviculture, Inrae
INRAE

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CC BY NDNous croyons à la libre circulation de l’information
Près de Seignosse, dans les Landes. David/Flickr, CC BY-NC-ND

Dans le cadre du cinquième anniversaire de The Conversation France, nous vous proposons une plongée dans les forêts françaises à l’heure des dérèglements climatiques… En attendant d’évoquer plus largement la vie des arbres lors de notre rencontre du 19 novembre prochain à Metz.


C’est l’un des plus importants postes de dépenses prévues dans le volet « environnement » du plan de relance présenté le 3 septembre 2020 par le gouvernement : le reboisement.

Pour atteindre l’objectif annoncé de planter 45 000 hectares de forêts, une enveloppe de près de 200 millions d’euros doit être débloquée pour aider au renouvellement par plantation des peuplements ayant dépéri ces dernières années sous l’effet des sécheresses, des canicules ou des pathogènes.

Ce plan de reboisement ambitieux apparaît aujourd’hui d’autant plus essentiel que les forêts jouent un rôle décisif dans la lutte contre le changement climatique. Selon le ministère de la Transition écologique, la filière forêt-bois permet en effet de compenser 20 % des émissions françaises de CO2.

Le reboisement contribue à la pérennité des espaces forestiers : il permet d’assurer le maintien de l’ensemble des services – économiques, culturels, environnementaux – rendus par la forêt ; on pourra ici citer le soutien aux filières économiques locales, l’amélioration de la qualité de l’eau, le maintien des habitats naturels et de la biodiversité ou le support d’activités récréatives.

La plantation est un outil de choix pour l’adaptation des forêts au changement climatique car elle permet, dans les espaces où cela semble nécessaire, la substitution des essences existantes par d’autres, plus adaptées au climat futur attendu, ou par des essences résistantes aux ravageurs biotiques (chalarose du frêne, processionnaire du chêne, scolyte de l’épicéa par exemple).

La plantation permet notamment de reconstituer les forêts dans les situations (aléas climatiques, ravageurs) où le peuplement n’est plus en mesure de produire les graines nécessaires à la régénération naturelle.

La filière forêt-bois en France

Voici quelques repères importants concernant l’activité forestière française.

En 2019, la production annuelle de bois dans les forêts du territoire s’élevait à plus de 85 millions de m3. La récolte atteint, elle, près de 39 millions m3 (avec plus de 19 m3 en bois d’œuvre, 10,5 m3 en bois d’industrie et plus de 8 m3 en bois énergie pour la production de chaleur/chauffage).

Dans la métropole française, la forêt est à 70 % privée ; 20 % appartiennent aux collectivités (principalement des communes), les 10 % restants correspondant aux forêts domaniales (propriété privée de l’État).

Plus de 30 % du territoire de la métropole est couvert par la forêt, ce qui représentait, en 2019, près de 17 millions d’hectares (dont 62 % de peuplements feuillus, 19 % de résineux, 19 % de mélange et autres). Enfin, le secteur forêt-bois représente 425 000 emplois environ.

Un secteur peu rentable et fragmenté

Lorsqu’ils décident de reboiser, les propriétaires de parcelles forestières vont privilégier certains des objectifs évoqués plus haut, en fonction de l’importance qu’ils accordent aux différents services rendus par la forêt.

Des acteurs publics et privés, notamment les investisseurs dits « institutionnels » – banques, assurances ou fonds d’investissement – auront davantage tendance à adopter une démarche de valorisation économique des habitats naturels, affichant alors un objectif de rentabilité grâce à la vente de bois ou, plus rarement, une perspective de plus-value foncière à la revente.

À l’inverse, de nombreux propriétaires, privés et publics, s’inscrivent dans une perspective patrimoniale et sont disposés à investir dans des reboisements, même si leur projet ne sera jamais rentable sur un plan financier, dès lors qu’il permet d’assurer la transmission d’une « belle forêt » aux générations futures.

L’équilibre entre les différents objectifs assignés à la future plantation varie bien sûr considérablement selon le contexte local et l’importance des enjeux environnementaux et sociaux perçus par le propriétaire.

Soulignons toutefois que certains acteurs publics, à l’image de l’Office national des forêts, peuvent grâce à un système de péréquation nationale, envisager l’équilibre financier du système forestier à grande échelle : les forêts productives compensent les forêts où ce sont les enjeux environnementaux et sociaux qui priment.

Des freins multiples au reboisement

Les coûts financiers constituent à l’heure actuelle un premier frein au reboisement. Les investisseurs doivent s’engager pour longtemps (le chêne met par exemple 100 à 150 ans à devenir mûr pour la production forestière) et les rendements, déjà moins intéressants que bon nombre de placements, tendent à diminuer en raison de la composante risque qui devient beaucoup plus forte.

Avec la fréquence des aléas climatiques et biotiques (tempêtes, sécheresse, insectes, etc.), l’ère de la forêt synonyme d’assurance à long terme, avec un cours du bois relativement stable, semble aujourd’hui révolue.

Sur le plan économique, le secteur est également fragilisé par sa grande fragmentation. Il se compose d’entreprises de toutes tailles, de coopératives, de petits propriétaires fonciers, d’acteurs institutionnels… À l’échelle de la France, on n’est ainsi pas en mesure de connaître précisément la surface des forêts plantées chaque année !

Cette faible intégration de la filière, si elle reste toutefois très variable selon les régions, devient un obstacle lorsqu’il s’agit de faire face à des situations critiques.

Ainsi, lors de la crise des scolytes, ce parasite qui ravage les forêts plantées d’épicéas dans l’Est de la France depuis 2018, cette fragmentation a compliqué la définition d’un message et d’une stratégie communs ; seul le rapprochement des acteurs régionaux de l’aval et de l’amont de la filière a finalement permis une réponse collective.

L’élaboration de la stratégie de reboisement des forêts endommagées par les scolytes nécessitera elle aussi la construction d’une vision partagée par les différents acteurs. A contrario, les acteurs sont moins dispersés en Nouvelle-Aquitaine, pour des raisons historiques liées à l’installation de la forêt landaise aux XIXe et XXe siècles, facilitant ainsi l’émergence de stratégies collectives.https://www.youtube.com/embed/clPYA6GAw3A?wmode=transparent&start=0La crise des scolytes en région Grand Est. (ONF/Youtube, 2019).

Des taux d’échec inquiétants

Cette fragmentation conduit aussi à limiter la capacité d’innovation de la filière et notamment la capacité à faire évoluer les pratiques sylvicoles et à améliorer leurs performances techniques. En effet, les échecs de plantation, parfois fréquents pour les essences les plus sensibles, constituent un autre frein au reboisement.

L’état sanitaire des forêts françaises demeure aujourd’hui préoccupant. En raison des printemps et des étés de plus en plus secs, les années 2015, 2018 et 2019 ont enregistré les taux d’échecs des plantations record : 30 à 40 % selon l’enquête annuelle du département « Santé des forêts » du ministère de l’Agriculture. Et 2020 s’annonce encore comme une mauvaise année.

Ces échecs sont aggravés par différents facteurs « biotiques » : les cerfs, chevreuils et sangliers qui broutent ou déterrent les jeunes plants ; les insectes herbivores (hannetons, hylobe) qui les consomment, au niveau des feuilles comme au niveau des racines ; ou encore la végétation spontanée (fougère, ronce) qui apparaît dans les jeunes plantations et entre en compétition avec les plants pour l’eau ou les nutriments du sol.

Les plants, fragiles en sortant de la pépinière, doivent être protégés contre tous ces aléas pendant la période d’installation de la plantation, de quelques mois à quelques années. Depuis une bonne décennie, ces échecs récurrents deviennent inquiétants pour certaines essences, comme le chêne ou le sapin de Douglas. En revanche, d’autres essences, comme le pin maritime, première essence de reboisement en France, sont plus robustes et rencontrent davantage de succès.

Par ailleurs, le reboisement affecte l’environnement et peut, tout particulièrement, modifier de façon transitoire la végétation et la faune, et perturber le sol. Il importe de limiter ces impacts, notamment dans les milieux les plus sensibles.

Nos recherches visent justement à améliorer les techniques pour limiter les échecs. Nous produisons à cette fin des fiches techniques et des tutoriels vidéo à destination des professionnels.

Le reboisement, aussi un enjeu de société

Le reboisement se heurte enfin à des limites d’ordre sociologique et rencontre, parfois, des oppositions vives. Celles-ci sont alimentées en premier lieu par des questionnements sur l’impact environnemental du reboisement ; elles peuvent mener au rejet de certaines pratiques considérées comme trop radicales et trop perturbantes pour l’environnement. Ainsi, la coupe rase, le choix de certaines essences, la mécanisation, l’engrillagement, sont fréquemment montrés du doigt et constituent autant de sujets de conflits potentiels entre les acteurs concernés.

Le décalage entre les points de vue des acteurs résulte à la fois d’une méconnaissance par la société des enjeux liés à la plantation, et d’une prise en compte insuffisante par les praticiens des attentes sociales.

Face à ce problème, nous essayons d’effectuer un travail pédagogique auprès des différents acteurs – grand public, professionnels, propriétaires forestiers – que nous touchons grâce à des structures spécialisées (parcs naturels), les interprofessions ou les organismes de conseil et de gestion forestière.

Nous avons élaboré une stratégie globale incluant la formation et les campagnes de sensibilisation des praticiens forestiers, des actions de communication éducative ciblant le grand public, et des journées d’échanges entre les acteurs. Avec l’objectif de les faire réfléchir collectivement au fonctionnement dynamique et complexe d’une forêt et aux leviers d’action possibles pour assurer, ensemble, un renouvellement forestier réussi.

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