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Archives Journalières: 06/10/2020

Donald Trump positif à la Covid-19 : et maintenant ?

06 mardi Oct 2020

Posted by mirmandepatrimoines in Uncategorized

≈ 1 Commentaire

4 octobre 2020, 14:47 CEST

Auteurs

  1. Daniel CooperLecturer at Griffith University, Griffith University
  2. Brendon O’ConnorAssociate Professor in American Politics at the United States Studies Centre, University of Sydney
Griffith University
University of  Sydney

Griffith University et University of Sydney fournissent des financements en tant que membres adhérents de The Conversation AU.

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Donald Trump quitte la Maison Blanche pour rejoindre l’hôpital militaire Walter Reed, après avoir été testé positif à la Covid-19. AAP/AP/Alex Brandon

À un mois de l’élection présidentielle américaine de 2020, les États-Unis sont, selon les chiffres disponibles, le pays du monde qui a payé le plus lourd tribut à la pandémie : près de 209 000 Américains sont morts de la Covid-19 et plus de 7,3 millions ont été testés positifs au virus, dont le président Donald Trump.

L’annonce du test positif de M. Trump a suscité une immense vague de schadenfreude collective, sans doute la plus importante de l’histoire de l’humanité.

Prendre plaisir à ce qu’une autre personne soit malade est généralement le signe que l’on a perdu ses repères moraux. Dans ce cas précis, toutefois, ce manque de sympathie doit beaucoup au comportement passé de Trump. Non content de mettre en œuvre des politiques perçues par la majorité comme cruelles et de multiplier les mensonges sur les sujets les plus variés, le président a également, depuis le début de l’épidémie, cherché à semer la dissension au sein de son propre pays et dans le monde entier sur le danger que représente la Covid-19.

Aux États-Unis, ses adversaires et détracteurs n’ont pas manqué de lui souhaiter publiquement un prompt rétablissement. Mais au niveau international, la situation est plus ambiguë. Trump n’est pas le président de toute la planète, bien sûr, et beaucoup voient en lui une menace pour l’humanité et l’environnement.

Des études récentes réalisées par le Pew Research Center montrent à quel point le président américain est impopulaire dans le monde entier. Et même des observateurs habituellement optimistes ont annoncé qu’une réélection de Trump pourrait signifier ni plus ni moins que la mort de la démocratie aux États-Unis.

Il est permis de considérer que la meilleure issue à la présidence de Trump serait qu’il se remette rapidement et soit nettement battu le 3 novembre.

Mais que se passera-t-il s’il ne se rétablit pas rapidement ? L’incertitude règne sur un certain nombre de fronts.


À lire aussi : Donald Trump has COVID-19. How might this affect his chances of re-election?


Beaucoup dépendra de l’évolution de sa maladie

À 74 ans, et même s’il reçoit bien évidemment les meilleurs soins médicaux, Trump appartient à une catégorie à haut risque. Pour de nombreux malades, les symptômes ressemblent à ceux de la grippe : souvent assez légers au départ, mais susceptibles de dégénérer rapidement, surtout si les personnes ayant contracté la maladie développent des complications respiratoires.

Il existe des rapports contradictoires en provenance de Washington sur l’état physique actuel de Trump, et beaucoup dépendra de ce qui se passera dans les prochains jours.https://platform.twitter.com/embed/index.html?dnt=false&embedId=twitter-widget-0&frame=false&hideCard=false&hideThread=false&id=1312525833505058816&lang=en&origin=https%3A%2F%2Ftheconversation.com%2Fdonald-trump-positif-a-la-covid-19-et-maintenant-147424&siteScreenName=FR_Conversation&theme=light&widgetsVersion=ed20a2b%3A1601588405575&width=550px

Que se passera-t-il donc si le président est frappé d’incapacité dans les semaines à venir, ou même décède de la Covid-19 ?

Tout d’abord, si le président en exercice meurt, il existe une longue file de succession, qui commence par le vice-président, en l’occurrence Mike Pence. Ce ne serait pas sans précédent : huit présidents américains sont décédés dans l’exercice de leur fonction. Le premier d’entre eux, William Harrison, est mort d’une pneumonie après seulement un peu plus d’un mois de mandat, en 1841.

Après le vice-président, la loi prévoit un ordre de succession clair, composé de nombreux responsables, au premier rang desquels la personnalité qui préside la Chambre des Représentants – aujourd’hui la démocrate californienne Nancy Pelosi, dont les relations avec Trump sont glaciales.

Les choses sont rendues encore plus compliquées par le fait que de plus en plus de personnes appartenant au cercle rapproché de Trump sont testées positives chaque jour.

Même si Trump ne meurt pas, que se passera-t-il s’il est atteint d’une longue maladie ? Que se passera-t-il si Pence, qui a été testé négatif, contracte également le virus dans les prochains jours ? Et si ni l’un ni l’autre n’est en état de se présenter à l’élection qui se profile à l’horizon dans moins d’un mois, comment le processus se déroulera-t-il ?

Si Donald Trump devient incapable de gouverner, le vice-président Mike Pence prendra la relève. AAP/AP/Dennis Van Tine/STAR MAX/IPx

Si Trump et Pence se retrouvaient tous deux incapables de faire campagne parce qu’ils ont contracté le virus, ce serait vraiment sans précédent. Les Américains ont connu des élections controversées par le passé : il est arrivé qu’aucun des candidats ne reçoive le nombre requis de votes du collège électoral, ce qui a abouti à la désignation du président par un vote de la Chambre des représentants ; il est arrivé, aussi, que le vainqueur du vote populaire ne remporte pas la présidence.

Ce qui est sûr, c’est que si Trump et Pence étaient tous deux dans l’incapacité de concourir, le Comité national républicain aurait des choix difficiles à faire, et il devrait les faire rapidement.

L’élection aura probablement lieu le 3 novembre

À ce stade, un report de l’élection est extrêmement improbable. Cela nécessiterait l’autorisation du Congrès, sachant que le 20e amendement de la Constitution exige qu’un président commence son nouveau mandat le 20 janvier. Cette disposition avantage Biden : les démocrates de la Chambre, où ils sont majoritaires, n’accepteraient pas de changer la date du scrutin.

Cependant, même si Trump ne développe qu’une version légère de la maladie, cet épisode aura eu un impact majeur sur la campagne. Les informations sur l’état de santé du président, on l’a dit, sont contradictoires. Certains rapports suggèrent qu’il va mieux et qu’il est de bonne humeur ; d’autres suggèrent qu’il a déjà reçu une supplémentation en oxygène.

Il est peu probable que les débats présidentiels se poursuivent, et Trump ne reprendra pas sa campagne de sitôt. À court terme, sa présence dans la campagne sera virtuelle. Si un républicain doit passer du temps dans des États clés, ce sera Pence.

Si Trump se rétablit, il cherchera à profiter de cette séquence pour projeter une image de force, celle d’un président « guerrier » qui a combattu et vaincu la Covid-19. La création et l’entretien d’une image de force et de virilité a toujours été au cœur de la présidence de Trump, un homme qui n’aime pas les images de faiblesse.

Dans un article controversé, le journaliste Geoffrey Goldberg affirme que Trump ne comprend pas la notion d’héroïsme et conclut que le président, bien qu’« il adore organiser des défilés militaires », n’aime pas que des vétérans blessés soient visibles lors de ces défilés.

Mal à l’aise face aux mutilés, se moquant sans cesse de ceux qu’il considère faibles et inférieurs, le président, s’il se rétablit, pourrait réapparaître à la fin du cycle électoral avec une nouvelle assurance, se vantant de ses exploits personnels face à ce qu’il appelle la « peste chinoise ». Sa base se délecterait de telles images.

Quid de Joe Biden ?

Il n’en reste pas moins que cette situation est de nature à avantager le candidat démocrate.

Si Biden, qui a 77 ans, reste en bonne santé, il dispose d’une certaine latitude pour décider où et comment il fera campagne. Bien sûr, il continuera d’adresser ses vœux de prompt rétablissement au président et à la première dame ; mais comme il n’a cessé, depuis des mois, de dénoncer l’échec de Trump dans la lutte contre la pandémie, la maladie sera sans aucun doute le thème dominant de cette élection, ce qui est parfaitement normal.

La maladie de M. Trump devrait profiter au démocrate Joe Biden pendant la campagne électorale. AAP/AP/Andrew Harnik

Étant donné que plus de 200 000 Américains sont morts – et que la plupart d’entre eux, contrairement au président, n’ont jamais eu de médecin personnel, n’ont pas été envoyés d’urgence à l’hôpital Walter Reed et n’ont pas reçu de médicaments tels que le remdesivir antiviral pour raccourcir leur séjour à l’hôpital –, Biden semble voué à consolider son avance.


À lire aussi : Coalition regains Newspoll lead; time running out for Trump


Si les deux débats restants n’ont pas lieu, Biden évitera de répondre à la question délicate sur ce qu’il fera si les républicains insistent pour organiser au plus vite un vote visant à faire nommer à la Cour suprême la candidate de Trump, Amy Coney Barrett.

Les républicains, menés par Mitch McConnell, chef de la majorité au Sénat, feront tout leur possible pour que ce vote puisse avoir lieu, afin de consolider la majorité conservatrice à la Cour suprême. Cependant, trois sénateurs républicains ayant récemment contracté le virus, un vote avant la présidentielle n’est pas garanti. Encore une fois, plus l’incertitude dure et plus le nombre de sénateurs infectés est élevé, plus Biden aura de chances d’obtenir que ce vote crucial n’ait pas lieu avant le 3 novembre.


À lire aussi : La Cour suprême, enjeu majeur de la présidentielle américaine


Mais comme Trump l’a récemment dit au journaliste Bob Woodward dans Rage, le livre controversé dans lequel le président a admis savoir à quel point ce virus était sérieux alors même qu’il avait publiquement minimisé la menace pour le peuple américain, « quand vous dirigez un pays, il y a tout le temps des surprises. Il y a de la dynamite derrière chaque porte. »

On peut en dire autant de l’élection présidentielle de 2020.

Sous la carapace idéologique, comment comprendre les terroristes solitaires

06 mardi Oct 2020

Posted by mirmandepatrimoines in Uncategorized

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9 décembre 2019, 20:43 CET •Mis à jour le 26 septembre 2020, 13:14 CEST

Auteur

  1. Patricia CottiMaître de conférences – HDR en psychologie et psychopathologie clinique, Université de Strasbourg

Partenaires

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Les forces de sécurité se déploient à Paris après l’attaque à l’arme blanche près des anciens locaux de Charlie Hebdo. Alain Jocard/AFP

Les « terroristes acteurs solitaires » (lone actor terrorists) sont devenus le cauchemar des services de renseignements. L’attaque à l’arme blanche vendredi 25 septembre près des anciens locaux de Charlie Hebdo mettrait en évidence un acte isolé, certes motivé politiquement d’après ce qu’aurait déclaré le principal suspect arrêté par les services de police.

Les attaques précédentes, en début d’année, à Metz et à Villejuif (Val de Marne) sur des passants par des individus souffrant de troubles psychiatriques mais aussi radicalisés font écho à celle de Londres ou celle de Halle en Allemagne pour s’en tenir à deux exemples de l’année 2019.

Elles rappellent aussi les attentats commis à El Paso ou Christchurch.

Nos travaux sur le terrorisme nous ont amenés à reconsidérer la question du « loup solitaire » auquel nous préférons le terme « terroriste acteur solitaire » (TAS). C’est à travers le profil psychologique de ces individus que nous avons cherché à comprendre leur passage à l’acte. Car sous leur carapace idéologique, très logiquement exprimée, qui peut aveugler les interlocuteurs (experts, enquêteurs ou chercheurs), les acteurs solitaires ont des troubles psychiques importants, apparus plus ou moins tôt et parfois mal diagnostiqués.

Autonomes mais pas déconnectés

L’expression « loup solitaire » remonte à une stratégie d’abord prônée par des suprémacistes blancs américains Alex Curtis et Tom Metzger et fut ensuite largement encouragée par des groupes terroristes comme Al Qaïda et Daech.

Couverture du magazine Inspire (Al-Qaeda) qui publiait en 2011 un article « fais une bombe dans la cuisine de ta mère » qui inspira les frères Tsarnaev, auteurs de l’attentat de Boston en 2013. auteurs

Si la notion est devenue un véritable « buzz politico-médiatique » depuis l’attentat commis par Mohammed Merah en 2012, elle a été cependant assez mal interprétée ou comprise en France. Comme le soulignait récemment le chercheur Nicolas Lebourg, ces individus ne sont pas complètement détachés de tout contact avec une organisation terroriste ou un environnement radical.

Ainsi, pour éviter toute mystification et rester au plus près de la réalité d’un mode d’action, on préfère aujourd’hui le terme plus sobre de « terroristes acteurs solitaires » (TAS).

Or, ces individus ont fait l’objet d’évaluations intéressantes. Notamment 20 et 60 % d’entre eux auraient des troubles psychiques connus, voire souffriraient de troubles psychiatriques avant leur passage à l’acte.

Cependant le fonctionnement et l’implication de ces troubles dans l’acte terroriste sont rarement analysés dans le détail, notamment en France.

Un nexus de psychopathologie et d’idéologie

Nos propres études de cas de terroristes acteurs solitaires nous ont mené à reconstituer très précisément la manière dont un fonctionnement pathologique préexistant, ou qui se fait jour, va trouver dans l’idéologie extrémiste, islamiste ou non, des représentations qui vont alimenter son mécanisme.

Selon nos recherches, il se forme chez l’individu terroriste en devenir ce que certains d’entre nous nomment un « nexus de psychopathologie et d’idéologie ».

Cet agencement semble principalement composé de trois pôles psychiques : persécution, dépression, mégalomanie. Chacun est plus ou moins développé selon les individus. Le chemin de radicalisation qui mène à l’acte terroriste solitaire privilégie le développement de ces trois pôles qui en viennent à prendre le dessus sur le reste de la personnalité, quelle qu’elle soit, au fur et à mesure que croît l’engagement.

Un sentiment victimaire

Le premier pôle psychique, un sentiment victimaire ou de persécution, émerge à la suite d’une frustration et engendre un intense ressenti d’injustice ou d’humiliation.

En France, il y a un an, un homme de 29 ans, Cherif Chekatt attaquait des passants à Strasbourg en plein marché de Noël au cri de « Allah Akbar ». Cet attentat au couteau et à l’arme à feu aura fait cinq morts et onze blessés. Cherif Chekatt se montrait intolérant à la frustration, avec des tendances à la violence depuis longtemps. Loin de pouvoir reconnaître le bien-fondé des condamnations à son égard, il avait développé une véritable haine du système et notamment des policiers.

Rappelons que Cherif Chekatt avait été diagnostiqué psychotique à l’âge de 9 ans, selon des informations de Muriel Domenach, ancienne directrice du CIPDR.

Il était passé sans succès par différentes structures d’aide sociales et d’aide à l’enfance. Multirécidiviste, il avait été condamné 27 fois pour vol et violences sur personnes en France en Suisse et en Allemagne.


À lire aussi : Mutilations, barbarie, torture : peut-on comprendre ces passages à l’acte ?


La projection vers l’idéologie radicale

Le sentiment victimaire ou de persécution peut se généraliser (par projection) en une véritable idéologie politique ou religieuse radicale.

Si Cherif Chekatt semblait pratiquant au point d’avoir un cal sur le front, son entourage se questionnait sur le fondement de sa foi. Cherif fustigeait ceux qui ne lui semblaient pas assez croyants. Des proches le décrivaient comme « trop rigide » et « violent » dans ses idées religieuses.

Chez Chekatt, le recours à une foi extrémiste lui désignant des ennemis diaboliques et lui demandant leur mort a alimenté son fonctionnement pathologique préexistant, sans qu’il ait nul besoin de se sentir responsable de sa dérive. Quelque chose s’énonce alors comme :

« Ce n’est pas moi qui suis responsable de mon échec, c’est le système, les hypocrites qui font tout pour que je ne m’en sorte pas, qui m’ont rendu faible, pauvre, etc. »

Les théories complotistes se développent souvent lors de cette phase. Elles sont particulièrement vives chez certains terroristes d’extrême droite comme chez les islamistes. A l’issue de cette phase, le ressentiment personnel provoqué par un ou des événements de vie (échec, prison, violences familiales) s’est transformé en indignation morale.

La personne n’envisage plus sa situation individuelle comme le produit d’une histoire singulière mais tous ses affects et sa rage sont désormais tournés vers une lutte politique et une histoire dont il se sent victime. Dès lors, l’emploi de la violence se trouve légitimé. Au chauffeur de taxi qu’il a pris en otage Chekatt a dit :

« Tu sais ce que j’ai fait ? J’ai tué des gens ! […] Pour nos frères morts en Syrie » (France Info)

La conviction d’un destin extraordinaire

Bien souvent, une certaine dépressivité, le poids de traumatismes infantiles, sont directement responsables de la vision apocalyptique du monde de ces terroristes acteurs solitaires.

Les idéologies extrémistes savent très bien vendre des idées et visions de fin du monde en lien avec cette dépressivité : « destruction de l’homme blanc », catastrophe planétaire et imminence du jugement dernier. Cherif Chekatt a vécu dans un environnement familial violent. Comme chez les Merah, remettre en question la dynamique familiale est trop déstabilisant ou douloureux, la haine est ainsi reportée vers l’extérieur.

La dépressivité et le désinvestissement du monde qui l’entoure peut très bien voisiner avec l’idée d’un au-delà radieux, qu’il s’agisse de rejoindre le paradis des martyrs ou de se projeter dans une utopie politique de l’après-révolution.

Ainsi le terroriste acteur solitaire en gestation qui a survécu à des angoisses intenses se reconstruit autour de l’idée d’un royaume imaginaire à venir.

Le sentiment de grandeur, ou une véritable mégalomanie, constituent le troisième pôle psychique du fonctionnement du terroriste acteur solitaire. Avoir sa place près de Dieu ou, pour d’autres, être reconnu comme un précurseur de la révolution conservatrice, nourrit l’utopie et le projet du terroriste. Quelquefois le terroriste est emporté dans une véritable mythomanie.

Anders Behring Breivik quitte la cour dans un van de police à Oslo, le 25 juillet 2011 après un attentat ayant fait 77 victimes. Mégalomane il avait rédigé un manifeste de 1 500 pages. AFP Photo Jon-Are Berg-Jacobsen

Anders Breivik (Oslo, 2011) se disait « chevalier Templier » adoubé par un mystérieux ordre pour être le commandeur de Norvège mais aucun ordre ou cellule d’aucune sorte ne furent jamais trouvés. Il s’est aussi photographié avec les médailles qu’il pensait mériter et que, selon lui, l’Histoire allait fatalement lui attribuer. C’est encore cette mégalomanie qui apparaît dans le nom de djihadiste que c’était choisi Tamerlan Tsarnaev, « le Glorifié – Épée de Dieu » (Muaz-Seyfullah).

Ces re-nominations et ces titres affirment souvent l’élection du terroriste. Ils disent son espoir renouvelé dans un regard élogieux. Un père imaginaire qui vient distinguer le terroriste pour la haine et la terreur qu’il dispense.

Des processus similaires chez les jeunes signalés pour radicalisation

Il est intéressant de voir que des processus semblables interviennent, mais de manière moins marquée, chez des jeunes signalés pour radicalisation.

Un sentiment victimaire conduit à l’idée d’une lutte pour sortir l’Oumma de l’humiliation (islamistes) ou pour sauver le peuple blanc (néo-nazis). Une frustration ou un épisode dépressif les a fait désespérer totalement du monde qui les entourent, mais ils ont trouvé leur voie après une sorte de révélation religieuse ou politique qui vient donner un sens à leur vie.

En particulier chez les jeunes radicalisés comme chez les terroristes acteurs solitaires on note des conflits liés aux identifications sexuelles. Ils vont recouvrir ces conflits en s’inscrivant dans des idéologies masculinistes, qui marquent la différence entre les rôles des femmes et des hommes et surtout rejettent et méprisent l’homosexualité. Là encore les radicalisés et les terroristes se réclamant de l’extrême droite comme de l’islamisme violent fonctionnent de manière assez semblable.

Bien souvent ces processus sont l’émanation de différents traumatismes (violences et abus) ou carences (affectives et éducatives) qui resurgissent à l’adolescence.

L’idéologie extrémiste sert alors de carapace et de contention, qui permet une identité sociale contestataire. À partir de là, le jeune peut envisager un départ vers une zone de combat ou une action violence. Un type de parcours que connaissent bien les acteurs de terrain dans leur suivi de jeunes radicalisés et de leur famille.


À lire aussi : L’administration face au terrorisme : jeunes en danger ou jeunes dangereux ?


Examiner les écrits et les histoires de vie

Alors que l’action terroriste est très difficile à anticiper et à prévenir, l’étude des antécédents psychiques des terroristes acteurs solitaires peut en revanche contribuer à comprendre les motivations profondes de leur passage à l’acte et notablement aider à réfléchir à leur prévention.

Nombre d’entre eux laissent derrière eux des éléments biographiques ou des récits personnels qui permettent d’analyser leurs motifs intimes, notamment lorsqu’ils ont eu affaire aux services judiciaires, d’aide sociale ou psychologiques. Breivik a laissé 1 500 pages de manifeste. D’autres prennent pour cible un élément faisant écho à une humiliation passée. Tamerlan Tsarnaev (Boston 2013) a ainsi autant choisi de poser des bombes au marathon de Boston pour se venger de n’avoir pu participer à un championnat de boxe que pour suivre les recommandations d’Al Qaïda.

Les études de cas montrent ainsi un parcours qui n’est souvent ni glorieux ni élogieux, mettant en évidence l’origine de la violence dans les interactions précoces avec le milieu familial et les problèmes psychiques.

C’est d’ailleurs pour cette raison que plusieurs de ces terroristes préfèrent que ne soit pas révélés leur histoire notamment psychologiques car cela risque d’écorner leur image de combattant politique. La psychanalyse, en questionnant les motivations profondes, les complexes sous-jacents, dégonfle souvent la baudruche idéologique dont s’est entouré le terroriste.

Mais en France, contrairement au monde anglo-saxon, l’absence de minutes des procès, d’accès aux expertises psychiatriques et l’étanchéité entre les différents services (psychiatriques, carcéraux ou de protection de l’enfance), continuent à rendre l’analyse du fonctionnement psychologique de ces terroristes très difficiles.

Si les études actuelles n’inclinent pas vers une généralisation du lien entre maladie mentale, au sens strict du terme, et radicalisation violente, les modes de fonctionnements pathologiques que l’on retrouve dans l’étude des terroristes acteurs solitaires ne sont ni banals, ni ordinaires. Appelés « folie » par l’homme du commun, ces fonctionnements psychiques défient le lien social et les interdits fondamentaux sur lesquels il se fonde. Leur étude nous paraît dès lors indispensable.

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