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Archives Journalières: 02/11/2020

Deuxième article du jour ! Trump : quatre ans de chaos

02 lundi Nov 2020

Posted by mirmandepatrimoines in Uncategorized

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Auteur

  1. Marie-Cécile NavesDocteure en science politique, chercheuse associée au CRI Paris, Centre de Recherches Interdisciplinaires (CRI)

CC BY NDNous croyons à la libre circulation de l’information
Donald Trump face à son reflet
Brendan Smialowski/AFP

Les quatre années qui s’achèvent laissent aux observateurs un sentiment de tournis. La (première) présidence Trump est saturée d’excès, de fausses informations, de théories du complot, de violences verbales et symboliques.

Opportunisme, surenchère communicationnelle, culte du moi, hyper-présidence, stratégie de disqualification permanente des adversaires politiques, des partenaires internationaux, des médias et des corps intermédiaires… par-delà les outrances diffusées sur tous les supports médiatiques, le projet de société trumpiste est bien réel. Le projet personnel l’est tout autant.

Et l’ensemble nous en dit beaucoup de la crise démocratique.

La rupture à tout prix

Depuis 2016, on relève, chez Trump, une double obsession vis-à-vis de ses prédécesseurs. La première consiste à vouloir effacer l’héritage politique et l’aura d’Obama, soit en revenant sur ses mesures et lois emblématiques (Affordable Care Act, décrets sur l’environnement et la biodiversité, textes luttant contre les viols sur les campus, accords internationaux sur le climat et sur l’Iran, etc.), soit en prétendant faire aussi bien, voire mieux que lui (obtenir le prix Nobel de la Paix, notamment).https://platform.twitter.com/embed/index.html?creatorScreenName=mc_naves%20&dnt=false&embedId=twitter-widget-0&frame=false&hideCard=false&hideThread=false&id=847863026124500993&lang=en&origin=https%3A%2F%2Ftheconversation.com%2Ftrump-quatre-ans-de-chaos-149106&siteScreenName=FR_Conversation&theme=light&widgetsVersion=ed20a2b%3A1601588405575&width=550px

Question d’ego ? Oui, mais pas seulement. Il s’agit, pour le président actuel, de rappeler à la partie de l’électorat blanc qui flirte avec les passions identitaires qu’il a été élu pour faire oublier le « mauvais moment » Obama et restaurer la grandeur mythifiée d’une Amérique blanche, patriarcale et fermée sur elle-même.

Le but est aussi de se distinguer des anciens présidents républicains, associés à un establishment honni, le « marigot » que Trump avait promis d’« assécher ». L’actuel président souhaite toujours apparaître comme l’outsider, celui qui est « hors système », qui ne dépend de personne car il est unique, seul, radicalement nouveau, tel un homme providentiel capable de sauver l’Amérique. Il affirme ainsi régulièrement être « le président qui en a le plus fait pour les Noirs, excepté, peut-être, Abraham Lincoln ».

De l’« America first » à l’« America alone »

En politique étrangère, la rupture avec les cadres traditionnels de coopération internationale, la stratégie d’intimidation, de menaces et d’intransigeance, et la fascination de Trump pour les dictateurs ont conduit à un isolement relatif des États-Unis sur la scène internationale et à des effets contreproductifs.

Si la politique commerciale agressive à l’égard de la Chine a montré quelque cohérence (reste encore à voir ses résultats en matière de réindustrialisation et de lutte contre le dumping), la confiance réciproque avec les alliés traditionnels de l’Amérique – Europe, Canada – a été sapée et les choix diplomatiques de Washington au Moyen-Orient n’ont pas apaisé le tensions, au contraire (retrait unilatéral des troupes militaires de Syrie, soutien inconditionnel à Nétanyahou, y compris dans le processus de colonisation, désintérêt total pour les Palestiniens).

Donald Trump et Kim Jong‑un le 12 juin 2018 à Singapour. Saul Loeb/AFP

Malgré trois rencontres, dont une en Corée du Nord en juin 2019, une première pour un président américain, Kim Jong‑un n’a nullement mis en place un processus de dénucléarisation mais a, en revanche, grâce à Trump, acquis le statut international qu’il espérait. Enfin, le retrait de l’Unesco, de l’OMS, de l’Accord de Paris et l’accord sur le nucléaire iranien ont considérablement fragilisé un multilatéralisme indispensable pour gérer les grandes crises planétaires, et renforcé le soft power international de Pékin sur l’environnement, l’éducation et la santé.

Promouvoir la marque Trump

Le cœur de l’ambition de Donald Trump est la promotion, à la Maison Blanche, de sa propre marque, construite dès les années 1980 dans les secteurs de l’immobilier puis de la téléréalité et du divertissement. Le récit qui accompagne le branding Trump, c’est celui de l’argent facile, mais aussi et peut-être surtout celui du combat, du « winner », de la « gagne », de la conquête.

Quant à la méthode pour la faire fructifier, elle consiste à compter sur un clan, un cercle restreint de proches qui vouent au président une loyauté sans faille, qui défendent ses intérêts personnels coûte que coûte, en dépit de la loi, des règles et des normes, en échange d’une promesse de protection. Il s’agit d’être « avec » Trump ou « contre » Trump, les compétences passent après.https://platform.twitter.com/embed/index.html?creatorScreenName=mc_naves%20&dnt=false&embedId=twitter-widget-1&frame=false&hideCard=false&hideThread=false&id=1287316855938482176&lang=en&origin=https%3A%2F%2Ftheconversation.com%2Ftrump-quatre-ans-de-chaos-149106&siteScreenName=FR_Conversation&theme=light&widgetsVersion=ed20a2b%3A1601588405575&width=550px

Autant ce principe de népotisme a pu fonctionner dans le monde des affaires des années 1980-1990, gangréné par la mafia et les avocats douteux, autant cela s’avère très difficile à Washington. Nombreux sont ceux qui ont été écartés. Parmi de nombreux exemples, le directeur du FBI, James Comey, a été limogé quelque temps après avoir refusé de prêter allégeance au président et de mettre fin aux investigations sur une éventuelle collusion de son équipe de campagne avec la Russie. En ligne de mire, notamment : une enquête sur Michael Flynn, conseiller à la sécurité nationale de Trump – qui sera finalement lui aussi renvoyé.

La volonté de servir un pouvoir personnel en dépit des lois et de la Constitution a conduit Trump à subir une procédure d’impeachment, après qu’il eut, dans le cadre de la campagne pour sa réélection, demandé au président de l’Ukraine d’enquêter sur les activités dans ce pays du fils de Joe Biden, Hunter. Le Sénat, à majorité républicaine, a acquitté le président mais cette procédure restera comme une tache indélébile sur son (premier) mandat.

On retrouve ici le fantasme de l’homme seul contre tous, toujours capable de se sortir des situations les plus difficiles, par sa combativité, sa force, voire son « génie » (il se qualifie parfois lui-même sur Twitter de « very stable genious »). S’il échoue dans ses politiques, il accuse la partialité des juges, la frilosité des parlementaires démocrates et républicains, ou encore l’idéologie des défenseurs du « politiquement correct ».

Comme le notait le New York Times en septembre 2019 : « Tout ce que fait Trump doit être replacé dans le contexte suivant : “Est-ce que cela contribue au récit ?” » Que ce soit en mots – à propos de l’accord avec les talibans, « It may or may not happen », des négociations avec le dictateur nord-coréen, « We will see what we will see » ou de l’attaque contre al-Baghdadi, « Something very big has just happened ! » – ou en images – mini-vidéos de l’érection d’une barrière (ce n’est pas le mur tant promis) le long de la frontière mexicaine sur son compte Twitter –, Trump choisit de créer son propre feuilleton politique, sur le modèle d’une série télévisée, pour en maîtriser la progression, le tempo, le rythme, tout en jouant sur les émotions par la mise en place d’une dramaturgie, d’un faux suspense. Il peut aussi, ce faisant, faire diversion sur les sujets qui le dérangent et continuer, ainsi, d’imposer l’agenda médiatique.

Le recours aux « fake news » et autres « alternative facts » permet par ailleurs à Trump de justifier une interprétation très personnelle, subjective, souvent fausse de la réalité. Il a presque fait de la désinformation une nouvelle norme, tant ses émules sont nombreux, de Bolsonaro à l’extrême droite européenne en passant par les complotistes nationalistes et masculinistes du projet QAnon qui répandent, depuis plusieurs mois, des rumeurs criminelles sur les démocrates.

Et puis vint la Covid-19…

La gestion de la pandémie par Trump a été jugée, jusqu’au scrutin du 3 novembre, comme désastreuse par une majorité d’Américains, y compris, donc, chez les républicains. Sa base galvanisée, hostile au port du masque, considère que les médias et politiciens de gauche ont surestimé la gravité de la pandémie et qu’il n’est pas question que l’État fédéral, au prétexte de protéger la population, lui impose des mesures restreignant sa liberté.https://platform.twitter.com/embed/index.html?creatorScreenName=mc_naves%20&dnt=false&embedId=twitter-widget-2&frame=false&hideCard=false&hideThread=false&id=1263732295845900295&lang=en&origin=https%3A%2F%2Ftheconversation.com%2Ftrump-quatre-ans-de-chaos-149106&siteScreenName=FR_Conversation&theme=light&widgetsVersion=ed20a2b%3A1601588405575&width=550px

Jusqu’au bout, Trump aura minimisé l’ampleur et le sérieux de la Covid-19 et dénigré, comme pour les politiques environnementales, la parole scientifique : l’absence de politiques nationales de confinement et le maintien des coupes dans Medicaid sont deux des effets d’une politique et d’une rhétorique étrangères aux enjeux de care et de solidarité, qui auraient contrarié le récit de la force et de la virilité.

Un pays profondément divisé

Le trumpisme, qui par ailleurs laissera des traces, un héritage, est à prendre au sérieux. Sur le plan intérieur, les attaques contre les droits des femmes et des LGBTI sont une constante. La limitation de l’accès à l’avortement et à la contraception, qui est un phénomène antérieur à Trump, s’est renforcée ces dernières années dans plusieurs États fédérés et se fait plus directe envers les termes mêmes de l’arrêt de la Cour suprême Roe v. Wade de 1973. En outre, Trump, qui a coupé les fonds fédéraux du Planned Parenthood, le planning familial, et élargi les exemptions accordées aux entreprises dans la prise en charge, par l’Obamacare, des coûts de santé gynécologique de leurs employées, a été, en 2020, le premier président américain à se rendre à la marche annuelle des militants anti-avortement qui a lieu chaque mois de janvier à Washington. La nomination précipitée d’Amy Coney Barrett à la Cour suprême en octobre, par une procédure accélérée rompant avec les codes éthiques habituels, en est le point culminant.https://www.youtube.com/embed/4s0nHeOfE5w?wmode=transparent&start=0

Trump attise les divisions de la société américaine, creuse les clivages sociaux, économiques, genrés et raciaux, et tient les démocrates, les manifestants anti-racistes, les défenseurs du climat ou encore les féministes pour responsables de cette situation (« They want to destroy our country » est un de ses slogans). Il en fait les ennemis de l’Amérique. La crispation identitaire est bel et bien du côté des nationaux-populistes comme Trump qui imaginent leur nation assiégée par les défenseurs et défenseuses de l’égalité en matière d’accès aux droits et aux ressources et d’un partage plus équitable des responsabilités politiques, administratives et économiques. Du « Muslim ban » à la séparation des enfants de leurs parents migrants à la frontière mexicaine, du soutien à peine voilé aux suprémacistes blancs violents (Ku Klux Klan compris), à l’instrumentalisation de la mort de George Floyd pour promouvoir un agenda clivant, identitaire et ultra-sécuritaire, le legs trumpiste est déjà très lourd. Avec Trump, la démocratie a mis un genou à terre.

Que veut la Turquie en Méditerranée orientale ?

02 lundi Nov 2020

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Auteur

  1. Margaux MagalhaesEnseignante chercheuse, Sciences Po Lille
Université Lille Nord-Europe (ULNE)
CC BY NDNous croyons à la libre circulation de l’information
Le président turc Recep Tayyip Erdogan
Le président turc Recep Tayyip Erdogan salue les membres de la presse à Ankara le 10 août 2020. Adem Altan/AFP

Depuis l’automne 2019, les ambitions régionales de la Turquie se heurtent régulièrement aux intérêts de l’Union européenne. De sa politique syrienne, marquée par sa volonté inébranlable de venir à bout des milices kurdes du PYD, alliées de l’Occident face à Daech mais considérées comme terroristes par Ankara, à son soutien actif au gouvernement de Tripoli en dépit de l’embargo sur les armes prononcé par les Nations unies, en passant par sa revendication de territoires maritimes en Méditerranée orientale ou par son appui diplomatique et militaire à l’Azerbaïdjan face à l’Arménie, le président Erdogan poursuit un agenda résolument nationaliste.

Des facteurs tant intérieurs qu’extérieurs permettent de mieux comprendre la politique maximaliste poursuivie depuis un an par l’homme fort de la Turquie dans son environnement régional.

L’AKP fragilisé sur la scène intérieure

La Turquie rencontre, depuis plusieurs années, des difficultés économiques que la crise de la Covid-19 n’a fait que renforcer. Or l’AKP, le parti au pouvoir depuis 2002, tire précisément sa popularité de ses succès économiques, symbolisés par le fort taux de croissance que la Turquie a affiché lors de la première décennie du nouveau millénaire. Afin de faire oublier la situation économique précaire à laquelle il ne semble pas en mesure de répondre efficacement, le gouvernement d’Erdogan redouble d’activisme sur la scène internationale, convoquant régulièrement l’intérêt national, discours à forte résonance auprès de l’électorat nationaliste du MHP sur lequel il compte pour remporter les prochaines élections.https://www.youtube.com/embed/EAbEi1rpg7M?wmode=transparent&start=0Turquie : Erdogan Land | ARTE Reportage.

Mais au-delà de ce parti ultranationaliste, les politiques régionales poursuivies par Erdogan rencontrent un écho favorable auprès d’une large majorité de Turcs, y compris du CHP, le parti d’opposition kémaliste, qui soutient à la fois la politique menée à l’encontre des milices kurdes affiliées au PKK (tant en Syrie qu’en Irak) et l’appui apporté à Fayez el-Sarraj en Libye. Ce soutien ouvre la voie à des débouchés économiques et énergétiques, tout en permettant à la Turquie de revendiquer des droits en Méditerranée orientale, dont elle est largement exclue en dépit de sa longue zone côtière (elle se sent par exemple encerclée par la Grèce, qui clame sa souveraineté sur des territoires maritimes à plus de 500 kilomètres de sa métropole et à seulement 2km des côtes turques).https://platform.twitter.com/embed/index.html?dnt=false&embedId=twitter-widget-0&frame=false&hideCard=false&hideThread=false&id=1316038486546317312&lang=en&origin=https%3A%2F%2Ftheconversation.com%2Fque-veut-la-turquie-en-mediterranee-orientale-147694&siteScreenName=FR_Conversation&theme=light&widgetsVersion=ed20a2b%3A1601588405575&width=550px

Dans le même temps, Ankara se montre solidaire de l’Azerbaïdjan face à l’Arménie, en raison de liens ethniques et historiques unissant ces peuples turciques d’une part, et des coopérations économiques et énergétiques mises en place depuis les années 1990 d’autre part. D’ailleurs, ce soutien s’insère dans la politique eurasiatique menée par les prédécesseurs de l’AKP, dont la vocation était de diversifier la politique étrangère de la Turquie en rompant avec son tropisme purement occidental afin de favoriser l’expansion du monde turcique de « l’Adriatique à la grande Muraille de Chine » comme l’expliquait le premier ministre de l’époque, Süleyman Demirel.

2020 : le centenaire du traité de Sèvres

Face à des politiques jugées agressives, mais surtout heurtant les intérêts de l’UE et l’influence de certains de ses États membres dans la région, ces derniers redoublent de critiques envers la Turquie, n’hésitant pas, dans le cas d’Emmanuel Macron, à adopter une rhétorique des plus virulentes couplée à l’usage du hard power.

Or, loin d’affaiblir Erdogan, ces postures ne font que renforcer la solidarité des Turcs envers un dirigeant qui semble défendre les intérêts de son pays contre des États étrangers cherchant à l’affaiblir et à empêcher son avènement. Ainsi Bulent Kusoglu, vice-président du CHP, prenant les propos de Macron à rebours, a déclaré qu’« il n’y a pas de différence entre le peuple turc et Erdogan quand il s’agit d’une question nationale ».

En fait, Erdogan parvient à capitaliser sur le syndrome de Sèvres qui touche l’ensemble de la population turque. Alors qu’en 1920 l’Empire ottoman est en état de déliquescence, le Sultan consent à signer le traité de Sèvres, prévoyant le dépeçage de la Turquie par les puissances européennes, établissant en outre un Kurdistan indépendant et accordant à l’Arménie un territoire plus grand que celui dont elle dispose aujourd’hui. C’est dans ce contexte que le général Mustafa Kemal, livrant alors sa guerre d’indépendance dont il sort victorieux en 1923, impose aux Européens la révision du traité de Sèvres, auquel succède le traité de Lausanne (1923), plus avantageux pour la nouvelle République.https://www.youtube.com/embed/E3QLVgLplB0?wmode=transparent&start=0La fin de l’Empire ottoman.

Reste que le traumatisme de Sèvres est grand : les Turcs redoutent toujours que des forces étrangères, et a fortiori européennes, cherchent à porter atteinte à l’intégrité territoriale et à la sécurité nationale du pays. Les injonctions des Européens et leur refus de prendre en considération les droits jugés légitimes de la Turquie en Méditerranée orientale – du fait, selon les Turcs, d’un suivisme aveugle à l’égard de la Grèce et de la République de Chypre, deux pays hostiles à Ankara – ne font que renforcer ce complexe obsidional.

C’est ainsi qu’Erdogan, après avoir signé en novembre 2019 un accord de délimitation maritime avec le GNA libyen en réponse à la coopération énergétique offshore établie entre la Grèce, Chypre, Israël et l’Égypte (qui exclut la Turquie de ce partage des ressources de la Méditerranée), déclare que [« grâce à cette coopération [avec le GNA]][…], on a renversé le traité de Sèvres »](https://www.lemonde.fr/international/article/2020/07/31/turquie-revanche-sur-le-traite-de-sevres_6047822_3210.html).

Le « gaullisme » d’Erdogan

Les choix de politique étrangère de l’actuel gouvernement répondent donc à une logique électorale (les prochaines élections ayant lieu en 2023, année du centenaire de la République et donc hautement symbolique), d’où ses discours, postures et politiques nationalistes. Mais ils sont aussi la conséquence de l’accession de la Turquie au statut de puissance émergente qui la conduit à adopter une politique proactive sur la scène internationale cherchant à défendre sa souveraineté et à maximiser son intérêt national comme l’explique Jana Jabbour dans son livre La Turquie. L’invention d’une diplomatie émergente. C’est ce que le chercheur Ömer Taspinar qualifie de « gaullisme » d’Erdogan.

C’est ainsi que désormais en position de force face, d’une part, à une UE dépeinte à son tour comme « l’homme malade de l’Europe », désunie, désarmée, affaiblie économiquement et déliquescente et, d’autre part, à une Amérique en retrait (et qui de toute façon a tendance à soutenir Ankara en raison de la lutte d’influence que celle-ci livre à Moscou et Téhéran), la Turquie entend réviser des traités signés quand le rapport de force était inversé. Rappelons d’ailleurs que le tropisme européen de Kemal Atatürk avait pour vocation non pas de s’aligner en tout sur les Européens, mais de rattraper le retard accumulé par les Ottomans afin de pouvoir, à terme, supplanter ses anciens adversaires. En ce sens, la politique menée par Erdogan s’inscrirait dans la continuité de l’action du fondateur de la République.https://www.youtube.com/embed/nr1bafCX8Uo?wmode=transparent&start=0Entre Macron et Erdogan, la guerre est-elle déclarée ? – 28 Minutes – ARTE.

Par conséquent, la Turquie compte dorénavant étendre son influence et défendre ses intérêts, fût-ce par le biais de son hard power. C’est ce qui justifie ses interventions en Syrie ou son soutien sans faille à l’Azerbaijan.

Et c’est là, par exemple, l’esprit de sa politique de la « patrie bleue » (Mavi Vatan) défendue par Ankara en Méditerranée orientale notamment. La Turquie ne veut plus se sentir « emprisonnée » dans cette mer, qui ressemble, dit-elle, à un « lac grec », alors même qu’elle jouit de la plus grande zone côtière des pays de la région. En outre, son engagement en Méditerranée orientale est bien sûr guidé par sa recherche de sécurité énergétique (elle importe 99 % du gaz qu’elle consomme), puisqu’il s’agit d’une zone riche en hydrocarbures et que la Turquie ambitionne de devenir un hub énergétique régional. Ankara revendique donc sa souveraineté sur des zones maritimes desquelles elle a été exclue au lendemain de l’effondrement de son Empire. L’objectif est maintenant de réviser le traité de Lausanne, jugé désavantageux pour la Turquie « renaissante », comme en atteste le vaste espace maritime dont est pourvue la Grèce au détriment du pays d’Atatürk.

Face à ces politiques turques allant à l’encontre de ses intérêts (qu’il s’agisse de la lutte armée contre le PYD en Syrie, du détournement de l’embargo sur les armes de l’ONU en Libye, des explorations dans la ZEE grecque et chypriote en Méditerranée ou du soutien apporté à Bakou), l’UE est divisée et son allié américain silencieux ; de quoi conforter le sentiment de force de Recep Tayyip Erdogan…

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