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Archives Journalières: 12/11/2020

Deuxième article du jour : Covid-19 : quels pays ont été les plus touchés ?

12 jeudi Nov 2020

Posted by mirmandepatrimoines in Uncategorized

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  1. Thibault FioletDoctorant en Santé Publique et ingénieur AgroParisTech, Inserm

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Il est particulièrement délicat d’estimer l’ampleur et la sévérité de la pandémie de Covid-19 qui secoue la planète depuis le début de l’année, car les données recueillies sont très hétérogènes. Souvent utilisé comme indicateur, le nombre de décès n’est représentatif que d’une petite partie des infections. En outre, les données disponibles varient en fonction des pays, en particulier concernant les décès des personnes âgées.

En s’appuyant sur les données de mortalité par classe d’âge ainsi que sur les résultats de 22 études portant sur la séroprévalence, c’est-à-dire la recherche, dans des prélèvements sanguins, d’anticorps dirigés contre le SARS-CoV-2 (ce qui témoigne d’une infection par ce coronavirus), des chercheurs de l’Université de Cambridge et de l’Institut Pasteur ont estimé, dans 45 pays, le pourcentage de la population ayant été infectée au 1er septembre 2020.

Dans l’ensemble, cette analyse confirme que l’immunité collective sans vaccin reste un objectif très difficilement réalisable. Autrement dit, en attendant un vaccin, nous n’avons guère d’autre choix que de continuer de porter le masque, de nous tenir à distance les uns des autres dans les lieux publics, d’aérer les lieux clos et de respecter les mesures d’hygiène si nous voulons freiner la progression du coronavirus. Voici ce que nous apprennent ces travaux.

Des comparaisons délicates de l’incidence du Covid-19 entre pays

Pour évaluer la dynamique et la sévérité d’une épidémie, divers indicateurs sont disponibles : le nombre de cas d’infections, le nombre de décès, le taux de reproduction de base (nombre moyen de personnes infectées par une personne contaminée par le virus), le temps de doublement des cas (durée nécessaire pour que le nombre de personnes infectées double), le taux d’occupation hospitalière…

Cette multiplicité d’indicateurs implique que la comparaison des situations entre différents pays peut s’avérer un exercice périlleux, pour plusieurs raisons. Tout d’abord, les profils des populations (âge, sexe, comorbidités…) sont hétérogènes. Ensuite, tous les pays ne sont pas égaux en matière de capacités de test et de surveillance, ce qui peut rendre difficile l’estimation du nombre de cas. Enfin, la définition de ce qu’est un cas d’infection peut aussi varier d’un pays à l’autre, selon par exemple que l’on se base pour cela sur la réalisation d’un seul test RT-PCR ou de deux tests successifs, que l’on prend en compte les symptômes cliniques via une radio pulmonaire, etc.

De ce fait, les données de mortalité basées sur les certificats de décès sont souvent considérées comme un indicateur plus fiable, même si l’attribution des causes de décès peut également varier selon le pays considéré. En se basant sur ces données, les auteurs de ces travaux ont montré qu’elles peuvent être utilisées en combinaison avec le taux de létalité due à l’infection (Infection-to-Fatality Ratio ou IFR en anglais, autrement dit le rapport du nombre de décès sur le nombre de personnes infectées) pour estimer le nombre total d’infections par le SARS-CoV-2 Ce nombre est plus important que le nombre de cas détectés, qui dépend des tests.

En croisant ces données avec les résultats des enquêtes de séroprévalence, les auteurs ont aussi pu estimer les IFR par âge et par localisation. Ce point est important, car se borner à comparer la mortalité entre différents pays sans prendre en compte la structure d’âge de la population peut fournir une représentation trompeuse du niveau de transmission du SARS-CoV-2.

Des données de mortalité plus fiables chez les moins de 65 ans

Médiane et intervalle de confiance à 95% de l’IFR estimé, par âge et sexe, reportés sur une échelle log-linéaire. O’Driscoll M. et al (2020)

Les auteurs de ces travaux ont constaté que la létalité la plus faible concernait les 5-9 ans (IFR de 0,001 %). Pour les personnes âgées de 30 à 65 ans, le risque relatif de décès augmentait avec l’âge selon une relation log-linéaire (qui suit un modèle de régression de Poisson). Au-delà de 65 ans, le risque de létalité était beaucoup plus variable, même si l’on constate une augmentation (chez les personnes âgées de 80 ans et plus, l’IFR est de 8,29 % en moyenne pour les deux sexes).

Il faut toutefois souligner que les données concernant les personnes de plus de 65 ans pourraient être moins fiables, et les chiffres de mortalité sous-estimés, en raison du problème de notification des décès dans les maisons médicales et de retraites. Ainsi, au Royaume-Uni, au Canada et en Suède, la Covid-19 a infecté toujours de façon importante les résidents des maisons de retraite avec 20 % de décès. En effet, une fois que le virus a pénétré dans un Ehpad, il peut s’y propager rapidement au sein d’une population fragile. En revanche, certains pays d’Asie et d’Amérique du Sud ont signalé beaucoup moins de décès par Covid-19 chez les personnes âgées que prévu. Les auteurs estiment que dans certains pays cela témoigne de la réussite des politiques de protection des personnes âgées alors que pour d’autres pays (Équateur, par exemple), ces chiffres pourraient être liés à des erreurs.

Ces travaux ont également mis en évidence un risque de décès significativement plus élevé chez les hommes que chez les femmes, en particulier chez les personnes d’âge avancé : chez les 80 ans et plus, l’IFR pour les hommes est de 10,8 % tandis que celui des femmes est de 5,6 %.

IFR par pays. O’Driscoll M. et coll. (2020)

Seule une petite partie des populations présente des anticorps

Cet IFR a permis aux chercheurs de mettre au point un modèle mathématique afin d’estimer quelle fraction de la population était susceptible d’avoir développé des anticorps contre le coronavirus SARS-CoV-2, en prenant en compte l’âge, le sexe, la sensibilité et la spécificité des tests au 1er septembre 2020.

Les résultats obtenus varient de 0,06 % en Corée du Sud à 62,44 % au Pérou. La modélisation globale montre que les pays d’Amérique latine ont été fortement touchés par l’épidémie : la séroconversion estimée est particulièrement importante au Pérou (62,44 %), au Mexique (45,6 %), et en Équateur (44,7 %). Cependant, les niveaux d’incertitude des estimations sont élevés pour ces pays, ce qui reflète les incertitudes des enquêtes de séroprévalences individuelles infra-nationales.

À l’inverse, les pays d’Asie du Sud semblent avoir subi beaucoup moins d’infections. C’est par exemple le cas du Japon (0,1 %), de la Chine (0,09 %) et de la Thaïlande (0,08 %). Une autre étude publiée dans Bulletin of the World Health Organization a obtenu des estimations similaires de séroprévalence : celles-ci variaient de 0,02 % à Shijiazhuang, en Chine, à 58,4 % dans les bidonvilles indiens.https://platform.twitter.com/embed/index.html?creatorScreenName=T_Fiolet&dnt=false&embedId=twitter-widget-0&frame=false&hideCard=false&hideThread=false&id=1323340465647849473&lang=en&origin=https%3A%2F%2Ftheconversation.com%2Fcovid-19-quels-pays-ont-ete-les-plus-touches-149419&siteScreenName=FR_Conversation&theme=light&widgetsVersion=ed20a2b%3A1601588405575&width=550px

Soulignons ici qu’il reste encore de nombreuses questions sur la durée et la forme de la réponse immunitaire (anticorps et réponse lymphocytaire) à l’infection par ce coronavirus, et que la présence d’anticorps n’est pas forcément synonyme de neutralisation du SARS-CoV-2nbsp;. Les anticorps neutralisants doivent spécifiquement être dirigés contre sa protéine spike S, qui lui sert de « clé » pour entrer dans les cellules.

Pour cette raison, bien que récemment plusieurs plusieurs études récentes suggèrent que certains anticorps contre le SARS-CoV-2 pourraient persister jusqu’à 5 mois dans l’organisme (avec toutefois un déclin au cours du temps), il faut rester prudent sur leur interprétation.

En outre, la réponse immunitaire a surtout été étudiée chez les patients hospitalisés ; les connaissances sont beaucoup plus faibles pour les cas asymptomatiques. Par ailleurs, quelques rares cas de ré-infections chez de jeunes patients ont été rapportés dans la littérature en Belgique, aux États-Unis, en Équateur ou à Hongkong.

La situation en France

Dans notre pays, les auteurs estiment qu’en moyenne de 3,38 % à 4,63 % de la population générale possède des anticorps anti-SARS-CoV-2. Dans les Ehpad, 7,28 % de la population aurait été infectée, ce qui s’explique par le fait que le taux d’attaque (la vitesse d’accumulation de nouveaux cas) était 1,7 fois plus élevé qu’en population générale.

Ces résultats sont cohérents avec les données de l’enquête EpiCoV, basée sur les analyses sérologiques de 12 000 participants. Ceux-ci montrent qu’en mai-juin, la séroprévalence était de 4,5 % en France. Le Haut-Rhin et Paris concentraient les taux les plus importants de personnes testées positives (respectivement 10,8 % et 9 %), tandis que les taux les plus faibles ont été relevés en Occitanie ou en Normandie (1,9 %).

Une autre enquête, SAPRIS, a porté sur trois cohortes en population générale (Constances, E3N-E4N, NutriNet-Santé et Elfe-Epipage2), totalisant 14 600 résultats sérologiques. Selon ses résultats, la proportion d’habitants des régions Grand-Est, Île-de-France et Nouvelle-Aquitaine possédant des anticorps anti-SARS-CoV-2 est respectivement de 9 %, 10 % et 3,1 % (ce qui est cohérent, la région Nouvelle-Aquitaine ayant été moins touchée par la première vague).

Les limites de ces données de mortalité et d’enquêtes de séroprévalence

L’utilisation de telles données par pays présente quelques limites. On sait notamment qu’il existe une importante variabilité au sein d’un pays en termes de transmission de l’infection, comme l’ont montré les situations des diverses régions françaises durant la première vague.

Il peut également y avoir des personnes qui ne se séroconvertissent jamais, ou qui développent uniquement une réponse impliquant des lymphocytes T, et qui seront « manqués » par les tests sérologiques. Par ailleurs, certains cas asymptomatiques peuvent avoir leur niveau d’anticorps qui diminue rapidement au cours du temps.

Un autre point limitant concerne l’attribution des causes de décès. Il peut s’avérer difficile de distinguer les patients décédés des suites directes d’une infection par le coronavirus SARS-CoV-2, et les décès associés, dus par exemple à un manque d’accès aux interventions médicales ou aux traitements (dans le cas de patients asthmatiques ou diabétiques par exemple).

Une Covid-19 non diagnostiquée peut aussi aboutir à l’exacerbation d’une maladie préexistante, ce qui peut entraîner un décès prématuré. Les retards dans le diagnostic et le traitement de divers types de cancer, par exemple, peuvent permettre la progression du cancer et affecter la survie des patients. Autre exemple : la peur de l’exposition au virus a empêché de nombreux patients atteints de problèmes cardiaques de se rendre à l’hôpital, les exposant à un risque accru de complications à long terme d’infarctus du myocarde.

Pour tenir compte de ces cas indirects, la surmortalité – l’excès de décès par rapport à la normale – constitue un bon indicateur. Elle est calculée en comparant les décès hebdomadaires de l’année en cours à une « valeur attendue » fondée sur la moyenne des cinq années précédentes. De cette façon, il est possible d’englober la mortalité indirecte due au Covid-19.

Enfin, dernier point limitant dans l’utilisation des données de mortalité et de séroprévalence : dans certains pays où les tests ont manqué et dont le système de surveillance est insuffisamment développé, il peut être difficile de se faire une idée précise de la situation. Les auteurs des travaux publiés dans la revue Nature soulignent par exemple qu’il a été estimé que, pour 6 des pays inclus dans leur analyse, les décès dus à la Covid-19 ont pu être sous-évalués (jusqu’à 40 %) ou surévalués (jusqu’à 10 %). Pour cette raison, certains spécialistes estiment que, quand le système de soins de santé a dépassé ses capacités, tous les décès peuvent être attribués, d’une manière ou d’une autre, à la pandémie.

Toutefois, malgré ces incertitudes sur le nombre de décès, ces travaux démontrent qu’il est possible d’obtenir des estimations robustes à partir des données de séroprévalence à l’échelle mondiale. Cette approche peut s’avérer utile pour les pays ou les régions qui n’ont pas les moyens de mettre en place une enquête de séroprévalence.

La parole des professeurs fait-elle encore autorité ?

12 jeudi Nov 2020

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  1. Bruno RobbesProfesseur des universités en sciences de l’éducation, CY Cergy Paris Université

Bruno Robbes est co-président de l’Association des Enseignant.e.s et Chercheur.e.s en Sciences de l’Éducation.

CY Cergy Paris Université

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Collège la Grange aux Belles, à Paris, lundi 2 novembre 2020. Thomas Samson/AFP

L’effroyable assassinat de Samuel Paty peut conduire à penser que la parole professorale ne fait plus autorité dans certaines situations où les professeurs enseignent des savoirs figurant dans les programmes scolaires, mais contestés par une partie du corps social. Quelles sont les causes et les conséquences d’un tel affaiblissement ? Sur quelles ressources les professeurs peuvent-ils s’appuyer ? Mais aussi, quelles limites à leur action ?


À lire aussi : Lettre aux enseignants, en première ligne pour défendre les valeurs de la République


Pour mieux comprendre les enjeux qui se posent en salle de classe, il faut d’abord revenir sur les différentes conceptions de la vérité qui se sont croisées au cours de l’histoire, celle des savoirs, celle des informations et celle des croyances.

Rappelons qu’avant 1789, sous l’Ancien Régime, le savoir émanait d’une transcendance (Dieu), dont certains hommes – le roi avant tout – tenaient leur autorité. À la Renaissance, l’imprimerie, le protestantisme et les libres penseurs ont contribué à remettre en cause le principe de transcendance au profit du principe de rationalité : le savoir se légitime alors du fait de la cohérence des énoncés.

Depuis la période des Lumières, le développement continu des sciences assoit davantage encore le principe de rationalité. Mais il n’empêche pas que les savoirs soient interrogés voire contestés. Plusieurs raisons l’expliquent :

  • Premièrement, l’idée que la vérité des savoirs scientifiques reste temporaire est largement partagée. Les savoirs reflètent l’état actuel de nos connaissances, évolutives par essence. De plus, au cours du XXe siècle, l’idée d’un progrès humain continu grâce à la raison, à la science et à la « civilisation » a été considérablement mise à mal, lorsque la rationalité technique a été mise au service des guerres mondiales et coloniales ou des systèmes totalitaires. Ces éléments ont contribué à délégitimer les savoirs.
  • Deuxièmement, l’essor des technologies numériques – et avec elles le projet d’une « société de la connaissance » – assimile la science à la connaissance et la réduit à une information. Acquérir des connaissances revient à traiter des informations, sans lien avec les questions humaines fondamentales à l’origine des savoirs accumulés au fil des générations. Or, c’est l’inscription des savoirs dans la culture qui aide à comprendre le monde contemporain.
  • Troisièmement, les croyances n’ont pas disparu avec l’essor des sciences. Elles apportent des réponses à certaines questions humaines essentielles, d’une nature différente des réponses scientifiques. Mais contrairement aux sciences qui produisent des savoirs dans des conditions bien particulières, les croyances ne se démontrent pas. On y adhère ou pas, ce qui ne signifie pas qu’elles ne font pas l’objet de débats d’interprétation.

Fin du monopole scolaire ?

L’une des difficultés actuelles vient des confusions – parfois ouvertement entretenues – entre savoirs, croyances, informations et opinions. Certes, des groupes religieux fondamentalistes situant leurs croyances au même niveau que des savoirs, déclarent qu’elles disent le vrai au détriment de ceux-ci, mais ils ne sont pas les seuls. À l’ère de la post-vérité, des responsables politiques de premier plan en ont fait une pratique d’exercice du pouvoir, diffusant de fausses informations ou privilégiant des travaux scientifiques sujets à caution, parfois avec la complicité de chercheurs.

En substance, trois conceptions de la vérité s’opposent :

  • la vérité des savoirs scientifiques est une vérité classique (quelque chose est vrai s’il a été démontré à l’aide d’un raisonnement scientifique) ;
  • la « société de la connaissance » va de pair avec une vérité pragmatiste (quelque chose est vrai s’il produit des effets immédiats tangibles) ;
  • les croyances reposent sur une vérité révélée, non démontrable (quelque chose est vrai s’il émane d’une transcendance, de paroles transcrites dans des textes sacrés).

Or à l’école, c’est la première conception qui prévaut. Elle n’en est pas moins en concurrence avec les deux autres. Les savoirs scolaires ne peuvent s’enseigner comme des croyances. L’autorité des professeurs ne peut plus se fonder uniquement sur les savoirs qu’ils détiennent et énoncent.

En clair, être savant est une condition nécessaire, mais non suffisante pour faire apprendre des élèves, qui contestent davantage qu’autrefois les savoirs au nom d’autres autorités (familiales, amicales, religieuses…). Lorsque c’est possible, la démarche expérimentale, mais aussi l’histoire des sciences, sont de précieux moyens d’enseignement.

De plus, avec la « révolution numérique », l’école n’a plus l’exclusivité de la transmission des savoirs et les professeurs n’ont plus le monopole du savoir fiable, la plupart des élèves pouvant accéder à des connaissances diversifiées et vérifiables.https://platform.twitter.com/embed/index.html?creatorScreenName=RobbesB&dnt=false&embedId=twitter-widget-0&frame=false&hideCard=false&hideThread=false&id=1248265282499555328&lang=en&origin=https%3A%2F%2Ftheconversation.com%2Fla-parole-des-professeurs-fait-elle-encore-autorite-149023&siteScreenName=FR_Conversation&theme=light&widgetsVersion=ed20a2b%3A1601588405575&width=550px

Cependant, ce n’est pas parce que les savoirs sont disponibles sur Internet que les élèves y accèdent et les acquièrent. Ainsi, les professeurs doivent-ils repenser leur pédagogie, pour aider leurs élèves à faire le tri entre savoir (spécifié par les conditions de sa production), information (vraie ou fausse), opinion ou croyance, notamment en identifiant les sources consultées. La recherche documentaire devient un enseignement fondamental.

Ajoutons que dans une « société de la connaissance », tous les savoirs enseignés à l’école ne sont plus regardés comme pertinents. Les savoirs scolaires sont investis différemment selon les élèves et leurs familles, du fait des possibilités d’orientation qu’ils permettent ou de leur utilité sociale immédiate. Pourtant, certaines disciplines – par exemple les disciplines artistiques – sont indispensables au développement d’esprits critiques, d’ouverture et de créativité.

Apprendre à apprendre

Mais la parole des professeurs entre encore en concurrence avec les valeurs individualistes et productivistes des sociétés néo-libérales. Les multinationales industrielles et financières les diffusent en contrôlant les moyens de communication audiovisuels et numériques. Ces nouvelles autorités « dictent » les valeurs et les comportements des jeunes. Elles captent leur attention, pour satisfaire leurs pulsions primaires de plaisirs immédiats et illimités, posséder pour exister et être comme les autres, dans la passivité et sans effort.

Or, apprendre nécessite une attitude inverse : l’élève doit contrôler a minima ses pulsions, tolérer la frustration et différer son plaisir, accepter une discipline qui lui permettra d’être en condition d’activité cognitive, mais aussi faire des efforts dans la durée.https://www.youtube.com/embed/ovbeMGfSO2M?wmode=transparent&start=0Génération écrans, génération malade ? (Documentaire de Raphaël Hitier, 2020/Arte).

Par conséquent, l’autorité des professeurs ne se fonde plus seulement sur leur parole et l’exercice du métier change en profondeur. C’est en mettant en œuvre des compétences didactiques (organisation et présentation des contenus de savoir) et pédagogiques (organisation de l’espace, du temps, des relations en classe, aspects matériels et techniques), qu’ils créent, dans leurs cours, des conditions permettant à leurs élèves d’apprendre sans se contenter seulement de ce qu’ils disent, les croire « sur parole ».

Pour autant, les élèves n’ont pas à « redécouvrir » ou à « ré-inventer » les savoirs. La situation d’enseignement/apprentissage doit les aider à se décentrer des représentations incomplètes ou erronées qu’ils en ont, tout en leur permettant de se poser d’autres questions. Un nouveau savoir fera sens pour eux s’il leur apporte des réponses à ces questions, rejoignant leur expérience humaine.

La réflexivité des élèves sur les savoirs devient donc un enjeu majeur à l’école, non seulement pour légitimer l’autorité des professeurs, mais aussi pour que les élèves accèdent à un rapport au savoir subjectif, critique et émancipateur.https://www.youtube.com/embed/848g0DzaMeM?wmode=transparent&start=0Un bon professeur, qu’est-ce que c’est ? (Ina Actu).

Certains professeurs sont devenus des experts dans l’enseignement des thèmes sensibles des programmes scolaires. Des dispositifs de formation permettant d’analyser ces situations existent aussi. Des pédagogues, des chercheurs, le Ministère de l’Éducation nationale lui-même relèvent le défi de la formation des élèves à l’esprit critique.

Enjeux sociaux et politiques

Des ressources existent, mais tous les professeurs n’y sont pas formés, et ce n’est pas la formation continue, sinistrée, qui y remédie. On ne s’étonnera donc pas que certains renoncent à aborder ces savoirs qui les mettent en difficulté, surtout s’ils subissent des pressions de leur chef d’établissement où les remontrances de leurs inspecteurs.

La parole des responsables politiques à propos de l’autorité des professeurs n’apporte pas plus de soutien. En laissant constamment entendre – comme le fait l’actuel ministre de l’Éducation nationale – que les professeurs auraient besoin que « la science » détermine les « bonnes pratiques » qu’ils n’auraient qu’à appliquer ensuite, on méprise leurs qualifications et leurs capacités d’améliorer collectivement leurs pratiques. Ces discours, qui font des professeurs de simples exécutants, discréditent leur autorité aux yeux de l’opinion publique.


À lire aussi : Pour l’école et les résultats scolaires, les neurosciences feront-elles le printemps ?


Plus globalement, les difficultés récurrentes qu’a notre représentation nationale à définir les finalités que la société assigne à son école (par exemple à travers la fréquence des changements de programmes scolaires), sans corriger les inégalités de réussite scolaire selon l’origine sociale, ne font qu’accroître son discrédit auprès des milieux populaires.

Enfin, face à un attentat comme celui qu’a subi notre collègue, la réponse est d’abord politique. Elle relève d’une cohérence des paroles et des décisions, pour une résistance de l’ensemble de la société au projet totalitaire de l’islamisme politique, contraire à nos valeurs.

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