• Actualités régionales
    • Communes limitrophes
    • Régionales
  • Adhésion
  • André Lhote
  • Au-delà du 14 juillet, des interrogations tenaces sur l’usage des armées
  • Auteurs morts en 17, (déjà…)
  • BD « Sciences en bulles » : À la recherche des exoplanètes
  • Bonnes feuilles : Le château d’If, symbole de l’évasion littéraire
  • Comment la lecture enrichit l’éducation des enfants
  • Corruption, contrebande : le drame de Beyrouth et la question de la sécurité dans les zones portuaires
  • Des crises économiques à la crise de sens, le besoin d’une prospérité partagée
  • Evènements
  • Lecture : comment choisir un album qui peut vraiment plaire aux enfants
  • L’économie fantôme de l’opéra
  • L’Europe s’en sortirait-elle mieux sans l’Allemagne ?
  • Maladie de Lyme : attention au sur-diagnostic !
  • Mirmande
    • Pages d’histoire
    • AVAP et PLU
    • Fonds de dotation et patrimoine
  • NutriScore : quand l’étiquetage des aliments devient prescriptif
  • Penser l’après : Le respect, vertu cardinale du monde post-crise ?
  • Podcast : le repos, une invention humaine ?
  • Prévoir les changements climatiques à 10 ans, le nouveau défi des climatologues
  • Qui sommes-nous?
  • Réforme de la taxe d’habitation… et si la compensation financière n’était pas le seul enjeu ?
  • Revues de presse et Chroniques
  • S’INSCRIRE AU BLOGUE
  • Scène de crime : quand les insectes mènent l’enquête
  • The conversation – Changement climatique : entre adaptation et atténuation, il ne faut pas choisir
  • Une traduction citoyenne pour (enfin) lire le dernier rapport du GIEC sur le climat

Mirmande PatrimoineS Blogue

~ La protection des patrimoines de Mirmande.com site

Mirmande PatrimoineS Blogue

Archives Journalières: 24/11/2020

Deuxième article du jour :Des chauves-souris aux visons : les rôles passés, actuels et futurs des animaux dans la Covid-19

24 mardi Nov 2020

Posted by mirmandepatrimoines in Uncategorized

≈ Poster un commentaire

Auteur

  1. Alexis LécuDocteur Vétérinaire, Muséum national d’histoire naturelle (MNHN)
Muséum National d’Histoire Naturelle

Muséum National d’Histoire Naturelle apporte un financement en tant que membre adhérent de The Conversation FR.

Voir les partenaires de The Conversation France

CC BY NDNous croyons à la libre circulation de l’information
Visons en captivité. Oikeutta eläimille / Flickr, CC BY-SA

75 % : ce pourcentage est devenu incontournable pour introduire la majorité des articles et publications de synthèse sur les origines de la pandémie actuelle ; il s’agit de la proportion de maladies émergentes humaines qui sont dites « d’origine animale ». Ainsi, près de trois maladies infectieuses sur quatre qui frappent l’humanité seraient liées à des zoonoses, transmissibles de l’animal à l’homme et inversement. Revanche du règne animal sur l’homme ou effet brownien d’une coévolution, quelle est vraiment la dimension zoonotique de ce nouveau virus ?

Si l’origine animale de SARS-CoV-2 semble désormais évidente, l’homme continue à chercher le nom précis des « coupables » dans le code génétique du coronavirus. Le point de départ est désormais localisé à l’ordre des chiroptères où l’une des 1400 espèces de chauve souris, Rhinolophus affinis, semble être l’hôte d’un virus très proche (>96 % d’identité génétique), mais cependant encore dénué d’aptitudes zoonotiques directes.

Chauve-souris Rhinolophus smithersi. Taylor, Stoffberg, Monadjem, Schoeman, Bayliss & Cotterill, CC BY

L’hypothèse de l’hôte intermédiaire reste ouverte, car la piste du pangolin paraît de moins en moins probable. S’il existe un hôte intermédiaire, il est capital de le trouver, non pas pour apporter des solutions à la crise que nous connaissons, mais plutôt pour prévenir la prochaine. Le lieu et le moment sont les deux clés de l’émergence infectieuse et de sa prévention. L’un des scénarios envisagés est celui de l’existence actuelle d’un ou plusieurs pools de virus préadaptés à l’homme, persistant chez une ou plusieurs populations animales, et qui nous restent pour le moment cachée.

Le vison est notamment étudié, alors que pour la première fois en France la présence du virus a été détectée dans un élevage en Eure-et-Loir et qu’il y a quelques semaines le gouvernement danois avait ordonné l’abattage de millions de visons.

La réceptivité animale ? Différents degrés de lecture…

En six mois, ce sont désormais plus d’une centaine de publications scientifiques qui s’intéressent à la sensibilité des différentes espèces animales à ce virus. Mais avant que d’évoquer les méthodes et les résultats obtenus, il est très instructif d’en comprendre les objectifs ; en réalité, la première des raisons qu’ont les chercheurs à se pencher sur ce sujet est de trouver un modèle expérimental idéal et fiable. Pour comprendre les mécanismes qu’utilise ce virus si performant chez l’homme, puis pour trouver et éprouver les parades thérapeutiques ou immunologiques, les chercheurs ont besoin de modèles « non humains ». Or, pour une fois, les rongeurs font défaut : rats et souris ne sont pas sensibles au SARS-CoV-2, à moins qu’on ne les « humanise » à renfort de modifications génétiques.

Les primates non humains « habituels » (macaques principalement) y sont sensibles, mais semblent présenter moins de formes graves que l’homme et leur gestion expérimentale est toujours plus délicate. Les primates du nouveau monde comme les ouistitis (à l’élevage plus facile), semblent bien moins sensibles que leurs cousins de l’ancien monde. Ainsi, si les chats et les furets ont fait leur apparition dans les publications, ce n’est pas tant pour savoir s’ils jouent un rôle épidémiologique dans la crise actuelle (ce qui semble de moins en moins probable), mais c’est avant tout pour trouver un modèle de recherche adapté, choix dicté par les enseignements du SARS-CoV-1, qui avait déjà montré son tropisme préférentiel pour certains carnivores comme la civette palmiste au début des années 2000.


À lire aussi : Covid-19 : Et si mon animal était contaminé ?


De fait, les conclusions que l’on peut lire sur la sensibilité du chat infecté expérimentalement par de très hautes doses de virus déposées directement dans les voies respiratoires sont très peu transposables au même chat dans son écosystème urbain, fut-il entouré d’humains infectés. On comprend alors mieux pourquoi les études expérimentales objectivent une excrétion, voire une transmission entre les animaux, tandis que des analyses de populations urbaines de nos compagnons domestiques peinent à trouver quelques animaux positifs, excrétant apparemment peu de virus et de manière courte dans le temps. Modèle expérimental et réservoir ne riment pas, heureusement pour l’homme.

Modèles et prédictions : l’ordinateur contre le vivant

Au-delà des objectifs, intéressons-nous maintenant aux méthodes. Environ la moitié des publications voulant explorer la réceptivité des animaux au nouveau coronavirus le font sous l’angle de l’analyse moléculaire du tristement fameux récepteur membranaire « ACE2 ». « Angiotensin Converter Enzyme 2 » (ACE2) est une protéine présente à la fois sous forme libre, mais aussi fixée à la surface de nombreuses cellules de mammifères. Il s’agit d’un site de fixation du virus SARS-CoV-2, lequel dispose d’une région dite « Region Binding Domain » (RBD) sur l’une de ses glycoprotéines de surface « S » (pour « Spike ») venant coïncider avec l’ACE2 de la cellule à infecter.

L’image « Clé-Serrure » souvent utilisée pour vulgariser cette étape se traduit dans la réalité par un véritable accord tridimensionnel entre certaines séquences d’acides aminés de l’ACE2 de l’hôte et celles de la partie RBD du « S » viral. Cet accord est redoutablement parfait chez l’homme et c’est l’un des facteurs du « succès » de ce virus chez notre espèce. Or, cette enzyme ACE2 existe chez tous les vertébrés. Les chercheurs disposent de bases de données assez exhaustives pour comparer ses séquences à travers tous les taxons.

La grande idée du moment est donc de tenter de prédire l’affinité d’une espèce pour ce coronavirus en fonction de la composition de sa protéine ACE2 : identification acides aminés « clés », reconstruction 3D, compositions atomiques, tout est passé au crible, dans des tamis différents suivant les équipes de recherche. On obtient ainsi des gradients de scores, des listes « d’aptitude », des pyramides et autres spirales d’espèces où, sans surprise, la majorité des primates non humains sont théoriquement très « bien » placés, et où l’on trouve ensuite d’autres espèces potentiellement très sensibles plus inattendues telles certains cétacés, le grand fourmilier, les cervidés, etc. pour lesquelles la prédiction moléculaire donne de grandes probabilités d’infection. Ce genre d’étude conforte d’ailleurs la mauvaise affinité des rongeurs de laboratoire, ainsi que des reptiles, amphibiens et oiseaux. Ce qui peut nous sembler réconfortant puisque cela limite d’autant le nombre d’hôtes et donc de réservoirs possibles dans le règne animal.

Ce travail théorique est séduisant, d’autant qu’il est rapide à mettre en œuvre et ne nécessite aucune expérimentation animale, aucune enquête de terrain. Nul besoin de se frotter au virus pour télécharger une base de données. Il est parfois complété par une approche in vitro, où l’on infecte des cellules animales et non les animaux eux-mêmes. Plus coûteuse, cette approche reste respectueuse de la règle des 3R (réduire, raffiner, remplacer) visant à limiter le recours à l’expérimentation animale directe. Mais lorsqu’on lit en détail les protocoles, on se rend compte des subtilités de méthodes qui font s’écarter l’étude un peu plus encore de la réalité in vivo : au lieu d’infecter la cellule de l’animal X avec des virus SARS-CoV-2 humains, on infecte une cellule chimérique modifiée par un autre virus, la forçant alors à exprimer le récepteur ACE2 de l’animal X. Puis on la bombarde de protéines synthétiques virales « S » (sans virus) pour déterminer le taux d’accrochage…

Certes, mais les enseignements de l’informatique et de la culture cellulaire résistent-t-il à l’épreuve de la nature ? Pas vraiment. Réduire la complexité de l’infection virale au seul moment de son accroche sur la cellule hôte, au motif qu’il s’agit d’une étape obligatoire et limitante, ne fonctionne pas toujours bien.

Dans certaines études, on peut lire par exemple que le furet ou le vison ont des probabilités jugées « faibles » ou « très faibles » de connexion sur le récepteur. Plusieurs études expérimentales sur le furet et les cas des élevages de dizaines de milliers de visons américains en Europe (Espagne, Danemark, Pays Bas) prouvent au contraire qu’une proximité avec un humain positif permet l’infection de l’animal, la survenue de signes cliniques, l’excrétion virale et la transmission à d’autres congénères. De même, la roussette d’Égypte a été infectée expérimentalement alors que les prédictions rendaient peu probable sa réceptivité, comme bon nombre d’autres chauves-souris frugivores.

Parmi les félidés sauvages, on ne compte depuis 10 mois de pandémie que quatre tigres, trois lions, un puma et récemment un nouveau tigre positifs (tous guéris) ; tous les cas supposés chez les tigres sauvages ont été infirmés. Les fauves de zoo ont été infectés par des soigneurs positifs en l’absence de mesures barrière, et pourtant ces espèces ont une position “intermédiaire” dans le gradient de probabilité des études in silico, inférieure par exemple aux scores du renne ou des bisons.

Alors, quelle place pour l’animal ?

Le problème qui semble se dessiner à travers tous les microscopes braqués sur le récepteur ACE2 des mammifères est le suivant : ça peut marcher. Il semble que le virus puisse théoriquement se lier à cette enzyme dans un très large panel d’espèces de mammifères, y compris celles que l’homme a volontairement multipliées autour de lui, comme les animaux domestiques (carnivores, mais aussi bovidés).

Une autre catégorie de publication naît depuis quelques mois, celles des scénarios catastrophes sur la création silencieuse de réservoirs animaux : et si le virus mutait et contaminait les bovins, pour le moment très peu sensibles ? Et si la faune aquatique se contaminait à force d’exposition à nos eaux de rejets riches en particules virales ?

Jusqu’ici, les infections in natura et expérimentales semblent plutôt rassurantes sur le fait que l’infection chez les animaux ne soit pas aussi immédiate qu’entre humains, avec des signes cliniques bien plus modérés (voire absents) et des excrétions faibles en doses et courtes dans le temps.

Le cas particulier du vison

Aujourd’hui, seul le cas des élevages de visons d’Amérique implique une circulation et une persistance importante du virus entre les animaux, ainsi qu’une suspicion de passage exceptionnelle de l’animal vers l’homme. La réaction humaine n’est alors pas originale : au nom du risque, les animaux sont abattus aux Pays-Bas, en Espagne et aujourd’hui en France… Désormais que plus de 3 millions de ces mustélidés ont été tués en raison du Covid-19.https://platform.twitter.com/embed/index.html?dnt=false&embedId=twitter-widget-0&frame=false&hideCard=false&hideThread=false&id=1324313009485836295&lang=en&origin=https%3A%2F%2Ftheconversation.com%2Fdes-chauves-souris-aux-visons-les-roles-passes-actuels-et-futurs-des-animaux-dans-la-covid-19-138279&siteScreenName=FR_Conversation&theme=light&widgetsVersion=ed20a2b%3A1601588405575&width=550px

Même le Danemark, qui avait prôné cet été une approche moins radicale, se retrouve dépassé et en vient à ces mesures extrêmes. Les visons ne meurent pas du virus (leur mortalité est de l’ordre de 3 pour 1000), mais de la main de l’homme.

L’élevage industriel de vison est donc le seul cas actuel avéré, anthropogène, où l’on suspecte une circulation inter-animale active et rapide. Depuis novembre, c’est aussi le seul cas où l’on a détecté que cette survie prolongée du virus pourrait avoir conduit à l’apparition de mutations (sur la fameuse protéine « S »). Ce qui fait craindre à certain que ce type de mutations n’ait des conséquences sur l’efficacité vaccins en cours de développement. La Première Ministre Danoise Mette Frederiksen l’a annoncé au cours d’une conférence de presse : pour limiter le risque, l’entièreté des visons du Danemark seront sacrifiés ce mois-ci.https://platform.twitter.com/embed/index.html?dnt=false&embedId=twitter-widget-1&frame=false&hideCard=false&hideThread=false&id=1324095151984312324&lang=en&origin=https%3A%2F%2Ftheconversation.com%2Fdes-chauves-souris-aux-visons-les-roles-passes-actuels-et-futurs-des-animaux-dans-la-covid-19-138279&siteScreenName=FR_Conversation&theme=light&widgetsVersion=ed20a2b%3A1601588405575&width=550px

Un principe de précaution qui fera grimper la funeste facture pour ces mustélidés à 20 millions d’euthanasies. Le chiffre est fort et, au passage, fait subitement prendre conscience au citoyen européen que 63 % de la production mondiale de fourrure de cette espèce vient de l’Union européenne.

Zoonose ou « retro-zoonose » ?

En dehors des cas des visons en élevage, le concept de zoonose est désormais mis à mal par l’absence de preuve de passage régulier de l’animal vers l’homme, et se précise alors plutôt en celui de « rétro-zoonose », scénario où l’homme devient le réservoir infectant pour l’animal. Il pourrait alors devenir un risque supplémentaire pesant sur les populations animales menacées qu’il tentait justement de sauvegarder comme les gorilles, les orangs-outangs, ou encore les furets à pied noir.

Les rôles s’inversent et l’homme ajoute le risque infectieux à l’arsenal déjà bien fourni qu’il détenait pour nuire à la biodiversité animale. Ce n’est d’ailleurs par la première fois que l’homme transmet l’un de ses coronavirus : en 2016, l’écotourisme autour des chimpanzés du parc national de Taï en Côte d’Ivoire, fut à l’origine de la transmission de HCoV-OC43, coronavirus très courant dans le syndrome du rhume, à une population de chimpanzés, chez lesquels les signes cliniques restèrent heureusement aussi léger que pour leurs cousins humains.

Malgré le poids de ces risques croisés, l’animal parvient encore à quitter le seul cercle épidémiologique pour seconder l’être humain dans sa bataille contre cette pandémie et il continue à pouvoir l’aider :

  • Le chien apprend ainsi à détecter les malades du Covid-19 comme il le fait avec la tuberculose, la malade de Parkinson ou certains cancers. Une équipe de l’université vétérinaire de Pennsylvanie et une autre de l’école nationale vétérinaire de Maisons-Alfort forment en ce moment des chiens à cette détection, l’aéroport d’Helsinki les utilise déjà dans les aérogares. Reste à savoir comment éviter la contamination du chien lui-même lors de ces investigations olfactives.
  • Les chauves-souris révèlent des mécanismes de modulation inflammatoire inédits. Avec les mêmes armes que notre système immunitaire (interféron, anticorps..), elles parviennent à ne garder que quelques exemplaires viraux sans être malades, en évitant l’invasion et la mort cellulaire. Leur immunité contourne bien soigneusement le piège de l’orage cytokinique, souvent mortel à l’espèce humaine.
  • Après « humanisation », l’homme fait en sorte que la souris recalibre son système immunitaire pour produire des anticorps contre ce virus qui ne l’affecte normalement pas. Parmi plus de 200 anticorps différents produits, un candidat qui se bloque sur la cible a été retenu pour intégrer un cocktail thérapeutique, en raison de son efficacité à bloquer la région « RBD » du virus, l’empêchant de lier à la cellule hôte. L’un des hôtes célèbres qui bénéficie déjà de cette aide murine n’est autre que l’actuel locataire de la Maison-Blanche.
  • Encore plus inattendu, un camélidé (le Lama) démontre les capacités de son système immunitaire humoral à fabriquer de redoutables anticorps contre cette fameuse glycoprotéine « S » virale. Déjà objectivé lors d’essais vaccinaux sur le SARS-Cov-1 et le MERS, cette production d’anticorps (dits « VHH ») capte l’attention des chercheurs, car ils semblent capables de vraiment neutraliser les betacoronavirus, et leur petite taille moléculaire en fait de bons candidats pour des applications locales au plus près des voies d’entrée virales (ex : spray nasal).

Si cette pandémie est souvent l’occasion de remettre en question les schémas d’interaction entre l’homme et l’animal, pointant du doigt la surexploitation et l’envahissement de l’habitat du premier par le deuxième, il semble aussi être temps de sortir de notre vision purement épidémiologique de l’animal où il n’est que vecteur, réservoir, hôte.. Il peut aussi être une inspiration, un auxiliaire, ou juste un support. Et le vétérinaire de se demander : si c’était au tour des animaux de se soucier de l’homme au nom de la biodiversité animale, feraient-il tant de cas des 0.00015 % de mortalité chez notre espèce ?

Le mouvement anti-Amazon de retour avec la crise de la Covid-19

24 mardi Nov 2020

Posted by mirmandepatrimoines in Uncategorized

≈ Poster un commentaire

Auteur

  1. Hanene OueslatiMaître de conférences en Marketing, Université de Haute Alsace
Région Grand Est

Voir les partenaires de The Conversation France

CC BY NDNous croyons à la libre circulation de l’information
Des militants manifestent contre Amazon
Des militants manifestent le 17 juin 2020 devant le ministre français de l’économie et des finances contre la société américaine de commerce électronique Amazon. Ludovic Marin/AFP

Depuis l’annonce du deuxième confinement et de la décision de fermeture des commerces jugés non essentiels, nous assistons à une vague de contestations plaçant le géant du e-commerce Amazon dans le viseur des responsables politiques, des enseignes de distribution et des consommateurs. Amazon, en particulier, devient le responsable des maux de cette société fragilisée par la crise sanitaire de la Covid-19. Cela prend plusieurs formes allant de l’appel à boycott d’Amazon par des politiciens, des associations consuméristes et des enseignes de la grande distribution, jusqu’à la création d’un plugin « Amazon Killer » recommandé aux consommateurs afin de chercher un livre sur Amazon et de l’acheter dans une librairie physique, ou de « Amazon Antidote » qui guide le consommateur vers d’autres sites proposant le même produit vendu par Amazon, à des prix plus bas.

L’ampleur de la tendance de boycott d’Amazon en France est jugée sans précédent. Cédric O, Secrétaire d’État chargé de la transition numérique, l’assimile à « une psychose française sur Amazon qui n’a pas beaucoup de sens ». Il précise que « Amazon, c’est 20 % du e-commerce en France », représentant le pourcentage le plus faible dans les pays de l’Union européenne. Pour cela, deux questions se posent : pourquoi s’attaque-t-on à Amazon en particulier, malgré le fait qu’il ne soit pas seul sur le marché du e-commerce français ? Et pourquoi ce mouvement anti-Amazon est-il propre à ce deuxième confinement ?

Pour répondre à ces questions, une étude qualitative, qui paraîtra en 2021, a été menée auprès de commerçants appartenant aux deux catégories : « commerces essentiels » et « commerces non essentiels » et de consultants en matière de RSE (responsabilité sociale des entreprises). Une étude ethnographique complémentaire a permis d’analyser une centaine de réactions clients à différentes publications écrites ou vidéo en relation avec l’appel au boycott d’Amazon.

Cela nous a permis d’identifier les facteurs explicatifs du mouvement de boycott d’Amazon lié au deuxième confinement, ainsi que les limites de ce mouvement.

L’injustice cultivée par Amazon…

Selon la théorie de la justice sociale de Rawls (1971), l’homme juste est celui qui soutient les organisations justes. Or, Amazon incarne pour certaines personnes interviewées l’image du capitalisme sauvage caractérisé par un engraissement qui ne profite qu’à un très petit nombre de bénéficiaires. Ainsi, il a été pendant plusieurs années attaqué pour ses valeurs sociales et sociétales. Il a souvent fait l’objet de mouvements de contestation à l’égard de sa politique sociale caractérisée par des conditions de travail jugées inhumaines, par une politique salariale injuste, par la suppression de postes et la robotisation de ses entrepôts, etc.https://www.youtube.com/embed/CBKs156BSaw?wmode=transparent&start=0Covid-19 : l’inquiétude des salariés d’Amazon.

De plus, Amazon a été pointé du doigt, à plusieurs reprises, à cause d’une mauvaise protection de ses salariés lors de la première vague de la Covid-19, en refusant de fermer ses entrepôts malgré les nombreux cas atteints signalés. Ses salariés se sont retrouvés dépourvus de moyens de protection, seuls face à la pandémie, contribuant ainsi, injustement, à l’enrichissement du géant du e-commerce.

En France, on reproche à Amazon, l’opacité des informations au niveau de son chiffre d’affaires de la publicité en ligne, des places de marché et du cloud. Ces chiffres estimés à plus de 50 % du chiffre d’affaires total réalisé en France, ne sont pas taxés. Ainsi, Amazon ne contribue pas à l’économie française grâce aux avantages fiscaux dont il jouit, contrairement à d’autres géants du Web français tel que C-discount, dont les richesses générées profitent à l’économie française, et de manière indirecte aux Français. Amazon est perçu comme un opportuniste qui a énormément profité de la guerre contre la Covid-19, à travers la montée fulgurante de son chiffre d’affaires et de ses cours d’action en bourse.https://platform.twitter.com/embed/index.html?dnt=false&embedId=twitter-widget-0&frame=false&hideCard=false&hideThread=false&id=1324026621003812864&lang=en&origin=https%3A%2F%2Ftheconversation.com%2Fle-mouvement-anti-amazon-de-retour-avec-la-crise-de-la-covid-19-150000&siteScreenName=FR_Conversation&theme=light&widgetsVersion=ed20a2b%3A1601588405575&width=550px

Les quelques initiatives du géant du e-commerce de mettre en avant les produits fabriqués en France et de soutenir les entreprises françaises sur son site Web, sont assimilées à de « la poudre de perlimpinpin ». Amazon est considéré, par certains, comme l’un des « riches de la guerre » avec tout ce que cela porte comme symboles négatifs d’opportunisme, d’égoïsme, d’individualisme et d’injustice.

Les attentes de solidarité avec les Français, d’assistance aux petits commerçants et d’aide aux salariés non remplies par Amazon lors de la première vague ont contribué à ternir son image et à faire de lui une cible privilégiée lors de cette deuxième vague de la Covid-19.

L’injustice cultivée par les politiciens et relayée par les médias…

L’appel au boycott d’Amazon par madame Roselyne Bachelot, ministre de la Culture, a fait l’effet de « la seringue hypodermique » sur certains consommateurs qui ont placé le géant du e-commerce dans l’agenda de leurs sujets de discussion. Ce discours a d’autant plus été considéré comme faisant appel au sentiment de culpabilité du consommateur et à son sens de la justice, tel qu’évoqué par le philosophe américain John Rawls (1971).

Cela a été accentué par les communiqués des différentes fédérations du commerce, les publicités « solidaires » diffusées par certaines enseignes de distribution, ainsi que les discours politiques contradictoires au sujet d’Amazon. Or, au lieu d’aider à rétablir la justice sociale chez les Français, la médiatisation des différents discours politiques a davantage creusé le sentiment d’injustice sociale chez eux ; elle leur a donné l’impression qu’Amazon est plus fort que l’État français. Certains commerçants se lamentent en rappelant que : « lutter contre Amazon quand on fait partie du gouvernement doit se traduire par des lois et non pas par l’appel au boycott… ».https://platform.twitter.com/embed/index.html?dnt=false&embedId=twitter-widget-1&frame=false&hideCard=false&hideThread=false&id=1323174185770881024&lang=en&origin=https%3A%2F%2Ftheconversation.com%2Fle-mouvement-anti-amazon-de-retour-avec-la-crise-de-la-covid-19-150000&siteScreenName=FR_Conversation&theme=light&widgetsVersion=ed20a2b%3A1601588405575&width=550px

Par ailleurs, lors du deuxième confinement, l’interdiction d’ouvrir les commerces jugés non essentiels, y compris les rayons concernés chez les supermarchés et les hypermarchés français, à l’exception des e-commerçants dont Amazon, a davantage éveillé le sentiment d’injustice sociale chez les consommateurs et les commerçants français. Cela a pris la forme de deux grandes polémiques.

La première polémique concerne la catégorisation de ce qui est essentiel de ce qui ne l’est pas. La hiérarchie des biens retenue par le gouvernement ne reflète pas de manière juste et équitable celle des commerçants français qui trouvent que les biens culturels sont aussi importants que les biens alimentaires pour eux et pour leurs clients. Le président de UFC que choisir a d’ailleurs pointé du doigt le mauvais choix du terme « biens essentiels », au lieu d’utiliser celui de « la capacité à réguler les flux, à assurer de la distanciation, etc. ».https://platform.twitter.com/embed/index.html?dnt=false&embedId=twitter-widget-2&frame=false&hideCard=false&hideThread=false&id=1326853490170277889&lang=en&origin=https%3A%2F%2Ftheconversation.com%2Fle-mouvement-anti-amazon-de-retour-avec-la-crise-de-la-covid-19-150000&siteScreenName=FR_Conversation&theme=light&widgetsVersion=ed20a2b%3A1601588405575&width=550px

La deuxième polémique concerne les inégalités dans les traitements constatées entre Amazon et tous les autres commerçants. En effet, malgré que la fermeture des commerces et des rayons « non essentiels » ne concerne pas les acteurs du e-commerce, dont ceux français, Amazon reste le plus grand bénéficiaire de cette décision avec la hausse encore plus importante de son chiffre d’affaires et la préservation des mêmes avantages fiscaux non permis aux petits commerçants et aux autres acteurs français de l’e-commerce.

Un livreur 'Amazon' lors du premier confinement en avril 2020.
Un livreur ‘Amazon’ lors du premier confinement en avril 2020. JOEL SAGET / AFP

Par ailleurs, fragilisés par le premier confinement, les commerces « non essentiels » risquent la cessation de leur activité suite à ce deuxième confinement décidé à une période critique de l’année (Black Friday et fêtes de Noël). De plus, l’aide promise par l’État a été jugée trop faible par certains, ce qui les a amenés à se battre pour survivre, à travers leurs différentes fédérations et associations, et à médiatiser leur combat. Cette deuxième polémique alimente donc l’hypothèse selon laquelle l’État n’a pas réussi à instaurer un système de concurrence loyale et juste entre les différentes formes de commerce, par les décisions et les politiques jugées injustes.

Le consommateur pour rétablir la justice sociale ?

L’isolement social vécu par les Français lors du premier confinement les a poussés à revoir leurs priorités et à se rendre compte de l’importance des relations humaines dans leur enrichissement personnel et dans l’atteinte de leur bien-être personnel. La proximité humaine avec les vendeurs en magasin, l’échange de bonnes pratiques et de conseils, ou de simples discussions autour de sujets divers et variés sont devenus de véritables avantages du magasin physique de proximité, contribuant ainsi à la construction d’un capital social, au sens de Bourdieu (1979). Ainsi, prenant conscience du combat des commerces de proximité par l’effet de la médiatisation du sujet, les consommateurs se sont mêlés de l’affaire et ont tenté de s’inscrire dans un mouvement de solidarité afin de les sauver, en désignant « À qui le crime profite ».https://platform.twitter.com/embed/index.html?dnt=false&embedId=twitter-widget-3&frame=false&hideCard=false&hideThread=false&id=1325872030550519809&lang=en&origin=https%3A%2F%2Ftheconversation.com%2Fle-mouvement-anti-amazon-de-retour-avec-la-crise-de-la-covid-19-150000&siteScreenName=FR_Conversation&theme=light&widgetsVersion=ed20a2b%3A1601588405575&width=550px

Ce mouvement s’est manifesté par une campagne virale de boycott d’Amazon, à travers le partage des différents supports (textes, images, photos, vidéos) mis à leur disposition par les associations consuméristes, les enseignes de distribution et les groupements de librairies, dénonçant les pratiques déloyales et non éthiques d’Amazon.

Les limites du mouvement anti-Amazon

Malgré les tentatives citoyennes des consommateurs afin de restreindre Amazon et de réguler socialement le marché, la hausse des chiffres enregistrés par le géant américain de l’e-commerce, en France, dans la première semaine du reconfinement, remet en question la force de ce mouvement, pointant ainsi du doigt le double discours des consommateurs. Cette situation nous pousse à supposer l’existence d’un « Amazon paradox » selon lequel les consommateurs affichent des intentions et des positions susceptibles de différer de leurs comportements réels, et ce en fonction des bénéfices générés par Amazon à chacun parmi eux (choix, praticité, prix avantageux, rapidité de livraison…).

Le rôle de l’État demeure donc central à assurer l’égalité entre les différents acteurs du commerce et à rétablir, par conséquent, la justice sociale en instaurant les mêmes règles pour tous.

novembre 2020
L M M J V S D
 1
2345678
9101112131415
16171819202122
23242526272829
30  
« Oct   Déc »

Stats du Site

  • 96 096 hits

Liens

  • Associations-patrimoines
  • La Fédération d'environnement Durable
  • Moelle Osseuse
  • Visite de Mirmande
novembre 2020
L M M J V S D
 1
2345678
9101112131415
16171819202122
23242526272829
30  
« Oct   Déc »

Commentaires récents

Le Soudanite dans Nutrition : pour bien vieillir…
Le Soudanite dans Nutrition : pour bien vieillir…
L’Écologie aux porte… dans L’Écologie aux portes du pouvo…
jac-zap dans Comment les allocations chômag…
L’Union politique eu… dans L’Union politique européenne v…

Propulsé par WordPress.com.