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Archives Journalières: 15/01/2021

Le couvre-feu permanent : une histoire longue du confinement nocturne

15 vendredi Jan 2021

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  1. Arnaud ExbalinMaître de conférence, histoire, Labex Tepsis – Mondes Américains (EHESS), Université Paris Nanterre – Université Paris Lumières
Université Paris Nanterre

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Rétif de la Bretonne auteur des Nuits de Paris (publiées pendant la Révolution française), en oiseau de nuit, est l’un des rares Parisiens à parcourir les rues au-delà de minuit. Wikipédia

Le couvre-feu renvoie dans l’imaginaire collectif aux guerres du XXe siècle, imposé pendant le Blitz aux habitants de Londres en 1940 ou encore par le gouvernement français aux musulmans algériens en 1961.

Ce qui s’apparente à une mesure militaire – renforçant ainsi le ton martial tenu par certains chefs d’État, d’Elizabeth II à Emmanuel Macron – est au regard du temps long d’abord une mesure de police chrétienne visant à mieux marquer et à différencier le cycle du jour de celui de la nuit.

Au Moyen Âge et à l’époque moderne, avant l’éclairage généralisé, les citadins vivaient un couvre-feu permanent. Retour sur des siècles de confinement nocturne.

L’Ancien Régime nocturne

La nuit est longtemps restée imperméable aux curiosités historiennes. Mais les choses ont changé depuis une vingtaine d’années grâce aux travaux de Jean Verdon sur le Moyen Âge, de Simone Delattre sur les nuits parisiennes au XIXe siècle ou encore ceux d’Alain Cabantous pour l’époque moderne. Ces historiens ont insisté sur un moment décisif situé entre le XVIIIe et le XIXe siècle qui a vu le basculement d’un ancien régime nocturne tout modelé par la peur des ténèbres à un nouveau rapport à la nuit, où « sortir » est devenu une pratique socialement valorisée.

L’ouvrage de Simone Delattre publié en 2000 est une approche culturelle des pratiques nocturnes a marqué le champ historiographique des sensibilités et inspiré bon nombre d’historiens intéressés par la nuit.

Le vocable existe dès le Moyen Âge. Le couvre-feu – ou courfeu qui donne curfew en anglais – ne recouvrait pas la dimension d’exception qu’il revêt aujourd’hui. L’évolution sémantique qu’en donne Antoine Furetière (1690) est riche de sens pour le citoyen actuel : « signal de retraite qu’on donne dans les villes de guerre pour se coucher ». Une mesure, toujours selon Furetière, qu’aurait imposée Philippe de Valois au début de la guerre de Cent Ans qui consistait à sonner la retraite par la cloche de l’église ou celle du beffroi ; mais d’ajouter aussitôt qu’elle désigne aussi, au moment où il élabore son dictionnaire, la discipline « de se mettre à couvert des débauchés et des voleurs de nuit ».

Le couvre-feu est alors la norme dans l’ensemble des villes occidentales du XIVe au XVIIIe siècle ; les chartes de coutumes et les ordonnances de police fourmillent d’interdictions de circuler de la tombée de la nuit au lever du jour. Elle est à la fois une mesure préventive contre les incendies qui menacent les maisons en bois, de régulation des horaires de travail et de sûreté publique.

Une nuit à Paris au XVᵉ siècle

La nuit fait peur. Cette nuit-ténèbres peuplée de lycanthropes, de sorcières et d’êtres maléfiques, personnages qui ne filtrent plus aujourd’hui que dans les comptines pour enfants. Inventés par les théologiens et les démonologues, ils façonnèrent profondément les sensibilités. La nuit diabolique se double d’une nuit criminelle, elle aussi un produit des juristes qui élaborent un jus nocturnis (droit nocturne) où l’obscurité, parce qu’elle implique la préméditation, est toujours une circonstance aggravante dans l’échelle des délits et des peines. Les historiens ont pourtant démontré à partir d’analyses sérielles des archives judiciaires que crimes et larcins n’étaient pas plus nombreux la nuit que pendant le jour.

Loup-garou, gravure sur bois, vers 1495. Wikicommons

Voilà le déroulé d’une nuit ordinaire à Paris au XVe siècle en plein hiver. À la tombée du jour, les vêpres sonnent aux clochers des églises et des couvents. Il est entre 16h et 17h, les hommes et les femmes cessent de travailler et regagnent leur foyer. Certains traînent dans les tavernes des faubourgs ; les gueux sans logis cherchent tant bien que mal un abri sous un étal. On sonne complies à Notre-Dame, c’est la fermeture des dernières échoppes. Il est 19h, c’est l’heure du couvre-feu qui varie en fonction des saisons. La grande majorité des habitants se renferme alors à double tour. Quelques écoliers, dont un certain François Villon, s’attardent malgré le tintement à 21h de la grande cloche de la Sorbonne, chahutent ivres, cherchent à fracturer une porte ou un huis. Un peu plus tard, deux domestiques équipés de lanternes avancent à pas pressés à la recherche d’un chirurgien pour leur maître malade. Au loin, à de rares intervalles, passent les archers du guet. Exceptionnellement, le calendrier chrétien ménage des fêtes nocturnes qui outrepassent le couvre-feu : feux de joie de la Saint-Jean, torches des Brandons, chandelles de la Chandeleur.

Les veilleurs de nuit

Jusqu’au XVIIIe siècle, les dispositifs de contrôle des espaces nocturnes sont extrêmement rudimentaires : fermeture des portes des enceintes fortifiées, usage de chaînes pour entraver les rues principales et de grilles aux fenêtres, instructions données aux corporations pour faire respecter les horaires de travail, limitation des horaires d’ouverture des tavernes. Dans cette perspective, le couvre-feu est une manière de pallier la faiblesse numérique des forces de l’ordre. En vidant la ville des circulations humaines, le couvre-feu facilite les rondes opérées par les quelques gardes. La main forte déployée la nuit se substitue alors aux régulations sociales exercées par le voisinage pendant le jour.

Le guet est une obligation des corporations auquel s’ajoute à Paris le guet royal : 40 sergents à pied et 20 à cheval dans une ville qui frôle alors les 200 000 habitants selon Claude Gauvard. Et encore ce guet est-il notoirement inefficace : les sergents s’endorment, jouent aux cartes, se laissent corrompre par les malandrins. À Toulouse, à Perpignan mais aussi dans les Provinces-Unies comme à Leyde, des réveilleurs de nuit sont chargés de faire respecter le couvre-feu, patrouillent dans les rues, procèdent à des contrôles, chassent les ivrognes. À Sienne ou à Venise étudiée par Élisabeth Crouzet-Pavan, les Custodi di notte qui relèvent des magistratures municipales depuis le XIIIe siècle jouent un rôle similaire. À Mexico, dès le XVIIe siècle, les guardapitos puis les serenos sont des gardes nocturnes équipés d’une lanterne, d’un sifflet et d’une hallebarde.

Le garde nocturne, aquarelle de Claudio Linati (1828).

Les serenos que l’on retrouve aux quatre coins de l’Amérique espagnole évacuent les ivrognes, chassent les mendiants, éradiquent les chiens errants tout en criant, à chaque demi-heure et d’une voix lancinante, le temps qu’il fait et l’heure qu’il est.

Il ne faut pas s’imaginer que le couvre-feu était synonyme d’interdiction stricte et totale de circuler dans les rues et, ce faisant, de penser que les rues des villes d’Ancien Régime étaient totalement désertes une fois plongées dans l’obscurité. Mais ceux qui se déplaçaient devaient avoir de bonnes raisons de le faire : appeler un curé pour administrer l’extrême-onction à un mourant, chercher une sage-femme pour un accouchement imminent, avoir une dérogation du maître pour travailler à des heures indues. Les passants devaient signaler leur présence en criant et en portant une lanterne à main, d’où le succès des porte-falots qui subsistent jusqu’à la fin du XVIIIe siècle. Gare à ceux qui circulaient armés et sans lumière ; gare également aux locataires sans le sou qui déménageaient nuitamment avec les meubles des propriétaires… En période de troubles, le couvre-feu devenait plus strict, comme au début de la Fronde en 1648 ou pendant la période révolutionnaire en 1792.

L’éclairage public, une révolution globale

La grande révolution du XVIIIe siècle est la diffusion de la lumière artificielle. Ce qui nous semble aujourd’hui d’une banalité déconcertante – se promener dans des rues éclairées – est en réalité le résultat d’un processus qui s’étala sur près de deux siècles, du XVIIIe au XIXe siècle, un processus global qui transforme en profondeur notre rapport à la nuit : à Paris et à Londres dès la fin du XVIIe siècle, à Amsterdam et à Bruxelles au début du XVIIIe siècle, et plus tard, à partir des années 1770, à Genève étudiée par Marco Cicchini, à Madrid mais également de l’autre côté de l’Atlantique à Mexico où plus d’un millier de réverbères furent installés en 1790, à Boston, New York ou encore à La Nouvelle-Orléans au début du XIXe siècle.

Médaillon de la Gaualerie des Glaces à Versailles vantant l’instauration de la sûreté publique la nuit à Paris sous Louis XIV. Celui qui maîtrise la lumière est le maître de la cité. L’éclairage participa pleinement à l’affirmation de l’autorité politique.

Grâce aux travaux de Sophie Reculin, on sait que dans le Royaume de France la généralisation des lanternes à chandelle, puis à huile (réverbères dotés de miroirs), avant que le gaz et l’électricité ne s’imposent, fut un processus au long cours – ni linéaire, ni consensuel. Cette nouveauté était en effet loin de susciter l’approbation du voisinage : pourquoi éclairer les rues s’il n’y avait rien à y faire ? N’est-ce pas un moyen d’encourager les vices nocturnes ? L’éclairage public est alors un dispositif technologique dont le coût très élevé pour les municipalités entraîna une hausse des taxes sur les denrées. Il impliquait des contraintes techniques et matérielles : fixer les lanternes, les approvisionner en combustible, les allumer et les éteindre selon des horaires qui variaient selon la saison et la position de la lune.

Le temps des plaisirs noctambules

En encourageant les déplacements nocturnes, la lumière artificielle suscitait à son tour de nouveaux forfaits et plaçait sous des réverbères le halo des amours vénales qui auraient dû, selon les hommes d’Église, rester dans l’ombre. Le bon fonctionnement de l’éclairage impliquait la présence constante d’allumeurs, la multiplication des patrouilles policières et donc un contrôle territorial plus prégnant. La police moderne, territorialisée, en arme et en uniforme, est en partie fille de la nuit.

Surtout, de manière silencieuse, l’extension progressive des durées d’éclairage et des espaces reconfigure la scansion du temps nocturne, repoussant plus loin dans la nuit le moment de la retraite et du confinement dans les logis. À mesure que la nuit s’ouvre aux loisirs noctambules dans des soirées qui s’étirent (théâtre, promenade, tavernes), les obsessions de la police migrent pour se focaliser sur les relâchements des corps : manifestations publiques de l’ivresse, jets d’urine, tapage. L’impératif du couvre-feu se dilue peu à peu dans les exigences nouvelles des urbanités nocturnes, un processus observable dans l’évolution du contenu des règlements de police.

Le café-concert des Ambassadeurs sur les Champs-Élysées, gravure d’Adolphe Normand (1875).

Il faut rentrer franchement dans le XIXe siècle pour voir s’épanouir dans les grandes villes l’ère du noctambulisme. D’abord, sous la Monarchie de Juillet, un noctambulisme élégant porté par les élites et des dandys qui revendiquent l’euphorie d’une vie à contretemps ; ensuite sous le Second Empire avec l’haussmannisation, la généralisation de l’éclairage au gaz, le développement des grandes artères commerciales et des grands magasins : le noctambulisme se répand alors dans les couches populaires, à la faveur des bals et des cabarets qui se démocratisent et des cafés-concerts qui se développent sur les Champs-Élysées. La pratique du couvre-feu avait alors disparu avant d’être brutalement restaurée pendant l’occupation prussienne de Paris en 1870.

En définitive, et au regard du temps long du confinement nocturne, le couvre-feu imposé par les pouvoirs publics est d’un genre nouveau : ni mesure militaire, ni disposition chrétienne visant instaurer une alternance claire entre travail et repos, il relève d’une police sanitaire déployée dans le contexte très spécifique de la pandémie de Covid-19 qui, faut-il le rappeler, reste pour l’heure la moins « faucheuse » de l’histoire de l’humanité.

Donald Trump : quel risque pour l’Amérique avant et après le 20 janvier ?

15 vendredi Jan 2021

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  1. Blandine Chelini-Pont Blandine Chelini-Pont est un·e adhérent·e de The ConversationProfesseur des Universités en histoire contemporaine, Aix-Marseille Université (AMU)
Aix-Marseille Université

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Une banderole pro-Trump devant le Capitole, le 9 janvier 2021.
Une banderole pro-Trump devant le Capitole, le 9 janvier 2021. Brendan Smialowski/AFP

En 390 av. J.-C., l’armée romaine perd une bataille gagnée d’avance, face à une bande de Gaulois hirsutes au bord de l’Allia, laissant Rome sans défense. Les Gaulois saccagent la ville, la brûlent et assiègent la citadelle… du Capitole, pendant 7 mois. Les Romains exsangues achètent leur départ par une humiliante rançon de 330 kilos d’or.

Cet événement est resté un traumatisme national. Les récits, notamment celui de l’historien Tite-Live qui connaît la plus grande postérité, s’accordent à reconnaître « le sac de Rome » comme une souillure d’ordre sacré.

Ce drame historique – comparable à celui que vécurent les Chinois avec le pillage et la destruction du Palais d’Eté par les troupes franco-anglaises en 1860 – a touché à l’essence même de la nation romaine, au point d’avoir traversé les siècles comme une tragédie.

Ainsi en est-il de ce 6 janvier 2021 pour les États-Unis : le temple de la démocratie américaine a été souillé par une foule furieuse et le terme de desacration a été employé à l’envie pour en signifier le sacrilège.

L’événement restera-t-il l’ultime transgression du règne de Trump d’ici le 20 janvier ? Et après cette date ? Rien n’est moins sûr.

Les intentions de Donald Trump

On sait qui a montré à la foule la direction du Capitole. Il faut prendre Donald Trump au sérieux. Névrosé, menteur pathologique, cynique selon sa nièce psychologue et d’autres spécialistes de la santé mentale, Donald Trump est prêt à tout pour rester le boss « de la plus grande puissance de tous les temps », car selon lui c’est son bon droit et pas celui d’un loser comme Joe Biden.

Sa vraie conseillère est la folie des grandeurs, dont les bouffées délirantes le conduisent toujours à la même attitude, de bravade incontrôlable.

Il n’est pas le premier chef d’État frappé d’un tel désordre, conforté pendant quatre ans par l’exploit sidéral d’être arrivé, avec ses talents de bateleur, à la tête d’une grande démocratie électorale, et en suivant à peu près les règles du jeu. Certes, les États-Unis ont connu un autre génie de l’auto-communication narcissique en la personne de Théodore Roosevelt, mais là s’arrête la comparaison.

Maintenant que les règles de la bataille électorale se sont retournées contre lui, Donald Trump cherche à les tordre à sa propre fiction par toutes les ruses. Nous en avons eu un large aperçu ces dernières semaines. Il se fiche de la réalité des résultats, il se fiche du parti républicain, il se fiche des institutions américaines, il se fiche de la démocratie, il se fiche de la paix civile.

La fidélité à sa grandeur est le seul indicateur de sa (dé)mesure et, tel un charmeur de serpents ou le joueur de flûte de Hamelin, il utilise en apprenti sorcier la part vengeresse de l’âme américaine, après l’avoir transformée en secte. Et la secte sentimentale et chauffée au ressentiment boit les paroles de son idole.

Une information en amont du jour funeste devrait nous alerter sur la nature des intentions de l’encore-Président, si personne ne l’arrête à temps, c’est-à-dire ne le réduit au silence ou ne le chasse dans un grand fracas symbolique. Le Pentagone a donné son feu vert, le 5 décembre, au déploiement de la Garde nationale demandé par la maire de Washington quinze jours plus tôt, afin de prévenir les débordements éventuels des manifestants pro-Trump.

La garde nationale n’a été déployée qu’après l’assaut contre le Capitole. Brendan Smialowski/AFP

Or, au moment de l’irruption dans le Capitole, la Garde nationale n’était pas déployée. Donald Trump n’avait donné aucun ordre. Pressé de le faire quand les séditieux se trouvaient déjà à l’intérieur, il refuse vigoureusement et à plusieurs reprises. Ce sera Mike Pence mis à l’abri au troisième étage, qui ordonnera le déploiement à la demande du conseiller de la Maison Blanche Pat Cippolone, ordre répercuté par Ryan McCarthy, Secrétaire aux Armées et Christopher C. Miller, Secrétaire à la Défense.

Une telle obstination à refuser la Garde nationale et à refuser ensuite, pendant plusieurs heures, de désavouer les saccageurs et de leur intimer de se retirer – puisqu’ils affichaient de toutes les manières possibles qu’ils faisaient cela en son nom – n’est pas un errement lié au stress.

C’est une manifestation de super-pouvoir pour celui qui voulait sortir de l’hôpital après son infection à la Covid avec un tee-shirt de Superman.

Contrairement à ce qu’il a laissé entendre, dans son message convenu et obtenu au petit matin par un entourage paniqué, Donald Trump ne regrette pas le sac du Capitole. Il ne condamne pas les émeutiers prêts à menacer les élus du Congrès. Il a montré au monde entier sa capacité de nuisance et la force de son peuple (son public ?) en colère. À son échelle, ce fut « grandiose ».

Briser l’impunité

Face à l’appel unanime des grands médias américains à son départ immédiat, il ne faut pas attendre de Donald Trump qu’il s’en aille de lui-même en démissionnant. Et ce ne serait d’ailleurs pas souhaitable qu’il parte ainsi, impunément, avant l’investiture de Biden, sans forme de condamnation institutionnelle – l’impeachment accéléré que la Constitution n’interdit pas, puisque Mike Pence a annoncé que le gouvernement restant n’invoquerait pas le 25e amendement – ni la certitude d’une investigation criminelle pour causes de rébellion, insurrection et conspiration séditieuse, et ce dès le 21 janvier.

Certes, Donald Trump n’a pas réussi à s’assurer l’appui des militaires, à aucun moment. Mais que dix anciens Secrétaires de la Défense (Dick Cheney, James Mattis, Mark Esper, Leon Panetta, Donald Rumsfeld, William Cohen, Chuck Hagel, Robert Gates, William Perry et Ashton Carter) se soient fendus, trois jours avant la cérémonie de certification, d’une lettre publique dans le Washington Post pour rappeler que l’armée ne se mêle pas des élections et que tout civil ou militaire qui irait dans cette direction serait tenu pour responsable et coupable, dit clairement combien le risque était pris au sérieux.

Si personne ne le stoppe ni ne l’empêche en même temps de communiquer – les GAFA ont pris dans l’affaire des décisions qui les honorent mais ne leur incombaient pas —, Trump va continuer à mobiliser son peuple – cet agrégat blanc d’identitaires nostalgiques, de survivalistes, de suprémacistes xénophobes, de complotistes et de libertaires, conspuant le Big Government et ses manigances – pour défendre l’Amérique contre le « système », incluant désormais dans un même sac les deux partis politiques et les institutions démocratiques, qui ont manifesté ensemble leur soumission aux ordres de ce même système.

Sans entraves légales, Donald Trump pourrait ensuite créer son propre parti, ses propres médias et continuer sa trajectoire délirante. Trump a déjà annoncé vouloir créer son propre réseau social et même une chaîne de télévision. Bien que les analystes doutent de ses chances de mettre sur pied le moindre Empire médiatique, il aurait les mains libres pour surmonter le bannissement des réseaux sociaux et son divorce d’avec Fox News, surmonter la répudiation du Parti républicain et garder sous contrôle ceux des élus qui l’ont suivi, afin de siphonner « son » électorat pour les élections de mi-mandat en 2022 et être le candidat du Trump’s Greatest Party pour 2024.

« Will be wild » : le risque de nouvelles violences

Les grands réseaux sociaux ont justifié la fermeture des comptes de D. Trump et, avant cela, le blocage de ses derniers messages, par la peur du « risque de l’incitation à de nouvelles violences », notamment le jour de l’investiture, dont les cérémonies ont été réduites au minimum pour cause de pandémie.

C’est une peur que partagent beaucoup d’acteurs.

Des supporters de Donald Trump lors d’une « marche patriotique » le 9 janvier à San Diego. Patrick T. Fallon/AFP

Washington placée en couvre-feu dans la nuit du 6 au 7 janvier par sa très responsable édile est en état d’urgence pour 15 jours avec tout le District de Colombia. La Garde nationale, avec le Département de police métropolitain aidé d’autres Départements de police régionaux, a sécurisé un large périmètre autour du Capitole et se trouve en charge de faire respecter le couvre-feu à partir de 18 heures.

Tout semble donc désormais sous contrôle dans la capitale fédérale. Le FBI a lancé des procédures couvrant l’ensemble des États pour sédition, conspiration et crime contre la propriété fédérale. Il a arrêté un représentant du Congrès de Virginie occidentale, Derrick Evans, que s’était filmé au milieu des émeutiers. Le FBI recherche activement le poseur de bombe artisanale retrouvée devant le siège du Parti républicain à Washington. Le 8 janvier, un autre « terroriste » a été arrêté dans le Michigan pour son appel de menace à la bombe sur le Capitole de son État.

Mais il reste bien d’autres Capitoles à saccager ailleurs, dans les États où les écarts n’ont pas été importants et d’une manière bien plus dramatique encore quand ces États n’interdisent pas le port d’armes. On se souvient de l’intrusion printanière au Capitole du Michigan de groupes armés venus réclamer la suspension des mesures de confinement, terrifiant leurs élus. En janvier 2020, plus de 20 000 manifestants armés ont défilé dans les rues de Richmond pour protester contre de nouvelles lois contrôlant les armes à feu, obligeant le gouverneur à déclarer l’état d’urgence et à sécuriser la State house.

Outre une rhétorique constamment martiale dès la campagne de 2016, Trump a légitimé pendant quatre ans les groupes extrémistes dans leur manichéisme haineux, notamment envers les immigrés, les libéraux et les musulmans, et prôné des solutions agressives, ce qui explique que certains soient réellement prêts à passer à l’action.

Dans le passé, en 1874, 1875 et 1876, les membres de la White League et Red Shirts ne furent pas punis de leur intrusion dans les Offices publics et leurs campagnes de terreur dans les États de Louisiane, Mississippi et Caroline du Sud.

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