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Archives Journalières: 13/02/2021

GameStop : quand les gamers activistes mettent à genoux les Goliaths de la finance

13 samedi Fév 2021

Posted by mirmandepatrimoines in Uncategorized

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8 février 2021, 21:14 CET

  1. Julien PillotEnseignant-Chercheur en Economie et Stratégie (Inseec U.) / Pr. et Chercheur associé (U. Paris Saclay), INSEEC Grande École
  2. Julien Pillot ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.
INSEEC Business School
INSEEC U.

INSEEC Business School et INSEEC U. fournissent des financements en tant que membres adhérents de The Conversation FR.

CC BY NDNous croyons à la libre circulation de l’information
L’action coordonnée des amateurs de jeux vidéo a poussé le cours de l’action à 347,51 dollars le 27 janvier dernier alors qu’il s’échangeait à 4,15 dollars début 2020. Rafapress / Shutterstock

Si vous êtes un cinéphile averti ou tout simplement amateur, peut-être avez-vous vu The Big Short : le casse du siècle ?. Ce film de 2015 réalisé par Adam McKay et fort d’un casting 5 étoiles relate les aventures de quelques insiders (initiés) de la finance qui, au milieu des années 2000, découvrent qu’une bulle financière sans précédent est sur le point d’éclater en raison d’une accumulation colossale d’actifs de très mauvaise qualité dans le bilan des banques.

À la base de ces actifs de mauvaise qualité, nous trouvons des crédits immobiliers non garantis (les fameux subprimes), mais aussi des actifs synthétiques (les titres structurés et tranchés de créances, ou CDO) mêlant des prêts de qualité avec des prêts médiocres, créant ainsi des produits aux fondements instables et ne demandant qu’à s’écrouler. La suite de l’histoire, nous la connaissons. L’effondrement du marché résidentiel américain a été l’étincelle qui a mis le feu à la finance mondiale.

Pour autant, cette crise ne fit pas que des perdants. C’est justement le cas de nos insiders. Ces derniers ont fait partie des très rares à miser sur l’effondrement du marché immobilier, contre la quasi-totalité des investisseurs institutionnels. Concrètement, ils ont shorté le marché, c’est-à-dire qu’ils ont contracté auprès des investisseurs institutionnels des couvertures de défaillances (aussi appelés Swaps ou CDS) avec des titrisations hypothécaires comme sous-jacents.

Autrement dit, ils ont emprunté aux banques des CDS pour les vendre au prix de marché constaté à l’instant « t », pour les racheter à l’instant « t+1 » avec obligation de les rendre à leurs propriétaires d’origine. Évidemment, l’investisseur engagé dans une telle stratégie espère que le prix de l’actif aura baissé entre « t » et « t+1 » de façon à pouvoir empocher la différence.https://www.youtube.com/embed/lKOC_kmBsJU?wmode=transparent&start=0Bande-annonce du film « The Big short : le casse du siècle » (Paramount Pictures France, 2015).

De leur côté, les banques ne pouvaient qu’accepter ces deals car, franchement, quel individu sensé pourrait miser sur l’effondrement d’un marché résidentiel réputé particulièrement solide, et too big to fail car soutenu par l’ensemble des grandes places financières du fait de leurs engagements se comptant en centaines de milliards de dollars ?

Alors, me direz-vous, que diable vient faire The Big Short en introduction d’un papier consacré au décryptage du cas GameStop ? Tout simplement, car nous y retrouvons des mécanismes en partie similaires, mais aussi un protagoniste que le film d’Adam McKay a élevé au rang d’icône de la pop culture : le docteur Michael J. Burry (interprété par Christian Bale à l’écran), manager du hedge fund Scion Capital, présenté comme celui qui, le premier, découvrit les faiblesses inhérentes aux subprimes.

Une victime idéale et des usual suspects

GameStop est un groupe américain bien connu des gamers du monde entier. Spécialiste de la distribution physique de jeux vidéo, il détient plus de 5 000 magasins aux États-Unis,ou encore l’enseigne Micromania en France. Un spécialiste de la distribution physique sur un marché où souffle fort le vent de la dématérialisation ? Le tout dans un monde où les mesures de confinement découlant de la crise sanitaire ont favorisé la distribution numérique au détriment des acteurs traditionnels ? Il n’en fallait pas plus pour aiguiser l’appétit des requins de la finance de tous bords qui ont misé comme d’un seul homme sur la chute du titre.

Évolution du cours de l’action GameSoft. Yahoo ! Finance

Or, que devrait-il se passer quand de grands noms de la finance font tous le même calcul au même moment ? Réponse : ils créent les conditions d’une prophétie autoréalisatrice où l’événement prédit finit par se réaliser du simple fait du poids (direct ou indirect) que lesdits acteurs exercent sur le marché.

Alors dans ces conditions, comment expliquer que, bien loin de s’effondrer face à l’action conjointe de ces usual suspects, le titre GameStop se soit au contraire envolé ces dernières semaines, jusqu’à coter 347,51 dollars le 27 janvier, là où il s’échangeait à quelque 4,15 dollars un an auparavant ?

Reddit et les néo-actionnaires activistes

Pour comprendre les origines de ce résultat contre-intuitif, il faut nous intéresser à la communauté des gamers. Outre de partager des caractéristiques communes, comme un intérêt marqué pour la pop culture et une fascination partagée pour ses icônes, les membres de cette dernière restent très actifs sur les forums et les réseaux sociaux.

Si en France, les espaces de discussions du site spécialisé jeuxvideo.com défraient souvent la chronique, aux États-Unis, c’est sur Reddit que ça se passe. Et plus spécifiquement, sur le sous-forum r/WallStreetBets (qui compte à lui seul plus de 8,6 millions d’abonnés) où un gamer a relayé début 2020 une lettre d’un investisseur renommé qui annonce être monté au capital de GameStop à hauteur de 3 %, et se lancer dans une opération de short squeeze déterminée, c’est-à-dire une opération visant à forcer les short-sellers à liquider leurs positions selon une mécanique que nous décrirons plus loin. Cet investisseur… c’est Michael J. Burry !

Mais un gamer n’est pas nécessairement un as de l’investissement me direz-vous ? Effectivement. Et c’est bien pourquoi, toujours sur Reddit, un autre membre de la communauté va poster un plan d’attaque coordonnée, expliquant par le détail la procédure à suivre pour « pousser les investisseurs institutionnels à la faillite » dans le but de soutenir la société GameStop, mais aussi de livrer une bataille idéologique contre une certaine conception de la finance déconnectée de la réalité (et, soyons honnête, d’empocher un petit pactole au passage, histoire de joindre l’utile à l’agréable). L’idée consiste à appliquer une stratégie visant à contrer la mécanique décrite dans The Big Short, autrement dit à suivre la stratégie de short squeeze de Michael J. Burry pour lui donner encore plus d’ampleur.

Le sous-forum r/WallStreetBets de la plate-forme Reddit compte quelque 8,6 millions d’abonnés. Tada Images/Shutterstock

Concrètement, cette stratégie de short suqeeze a amené nos néo-investisseurs activistes ont mené deux actions simultanées. D’une part, ils ont acheté en masse des actions GameStop, ce qui a eu pour effet de doper le cours du titre. Cette appréciation du titre a poussé les investisseurs institutionnels engagés dans une stratégie baissière à racheter des titres de façon à compenser en partie leurs pertes… ce qui a en retour contribué à renforcer la valorisation de GameStop.

D’autre part, les gamers ont également pris des « options », c’est-à-dire des titres dont la valeur est indexée à celle d’une action donnée, en l’espèce l’action GameStop. Ces options ont joué un rôle catalyseur, étant interprétés par les investisseurs tiers – humains comme algorithmes – comme de signaux de confiance dans la valeur GameStop.

Épiphénomène ou changement de paradigme ?

Cette affaire GameStop est encore loin d’avoir livré son verdict. Car si les investisseurs activistes sont effectivement parvenus à contrer la stratégie baissière des investisseurs institutionnels – leur occasionnant des pertes importantes quand, dans le même temps, le fond de Michael J. Burry affichait un bénéfice insolent de 1 500 % – on observe sur les derniers jours un reflux de la valeur de GameStop, probablement consécutif à la prise de profits des néo-boursicoteurs. Mais, l’important n’est pas là.

Les investisseurs estimaient que la distribution physique de jeux vidéo n’avait pas d’avenir et misaient sur l’effondrement de GameSoft. C’était sans compter sur la mobilisation des games… Spencer Platt/AFP

De mémoire d’économiste, jamais dans l’histoire nous n’avions encore assisté à pareille rébellion sur le front de la finance, voyant des millions d’investisseurs amateurs retourner les stratégies de marché contre leurs instigateurs. Au-delà de la perte financière, pour ces acteurs habitués à être price makers (faiseurs de prix), le camouflet est terrible. Et les enseignements nombreux :

  • contrairement à The Big Short, la stratégie n’est pas à mettre au crédit d’insiders rompus aux mécanismes de la finance, mais à des investisseurs amateurs… certes guidés par quelques relais d’influence et initiés ;
  • l’espérance de gain semble être une motivation de second rang dans cette affaire, relativement à la bataille idéologique sous-jacente et la volonté farouche de soutenir l’enseigne GameStop à laquelle les gamers sont très attachés ;
  • Cette attaque coordonnée a été rendue possible par la mobilisation d’une communauté particulièrement importante quant à son ampleur, et agissante. Elle s’inscrit en cela dans la droite ligne des grands mouvements tels #MeToo et autres #GiletsJaunes et #BlackLivesMatter qui ont pris naissance et se sont organisés sur les réseaux sociaux.

En d’autres circonstances, nous avons déjà eu l’occasion de souligner le changement de paradigme qu’entraîne la massification des audiences introduite par les réseaux sociaux couplée à la constitution de communautés se définissant aussi à travers les relais d’influence qu’elles contribuent à ériger comme tels. Mais si ce constat est plutôt partagé pour des marchés jugés « accessibles », la technicité de la finance semblait mettre ses acteurs à l’abri de l’agissement des foules.

Pourtant, le cas GameStop pourrait bien amener les investisseurs institutionnels à se discipliner ou, à tout le moins, à réviser certaines de leurs pratiques jugées non éthiques par les communautés activistes. Car, dans l’ombre de l’affaire GameStop, il se murmure sur les forums que des opérations similaires seraient en cours pour sauver d’anciennes gloires de l’industrie au fort pouvoir émotionnel, tels que Nokia et Blackberry, des griffes des shorts-sellers…

Femmes dealeuses : des profils atypiques, mal identifiés et méconnus

13 samedi Fév 2021

Posted by mirmandepatrimoines in Uncategorized

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  1. Sarah PerrinDoctorante en sociologie, Université de Bordeaux

Sarah Perrin a reçu des financements de l’Université de Bordeaux (France) et de l’Université de Sherbrooke (Canada)

Université de Bordeaux

Université de Bordeaux apporte un financement en tant que membre adhérent de The Conversation FR.

Voir les partenaires de The Conversation France

CC BY NDNous croyons à la libre circulation de l’information
Weeds, la série de Jenji Kohan diffusée en 2005 a connu un succès fulgurant: la protagoniste est une dealeuse bien intégrée socialement… Allocine- Randy Tepper/SHOWTIME

Alors que l’Assemblée nationale a récemment mis en ligne une consultation citoyenne sur le cannabis dit « récréatif », il apparaît nécessaire de s’interroger sur nos représentations des drogues et de ceux qui les vendent.

C’est un aspect de mon travail de thèse en sociologie, intitulé « Les mondes cachés de la drogue. L’invisibilité des femmes insérées socialement », qui s’intéresse aux trajectoires de femmes en logement, en emploi ou en études dans les « mondes de la drogue », à savoir les milieux des ventes et des usages, les institutions sanitaires, les institutions répressives et les politiques publiques.

Dans cet article, les résultats s’appuient sur des entretiens réalisés avec 26 femmes consommatrices et/ou vendeuses de drogues insérées socialement et avec 10 policiers, à Bordeaux, et présentent des portraits inattendus bien loin de l’image type associée au dealer.

Des femmes sous-représentées dans les statistiques policières

Dès lors qu’on commence à questionner la pertinence d’une légalisation de certaines drogues en France, apparaît l’argument selon lequel cette légalisation entraînerait une paupérisation des banlieues.

S’il est vrai que certains quartiers de France sont en grande partie alimentés par le trafic de drogues, il est intéressant de constater à quel point nous rattachons la vente de drogues aux zones périphériques urbaines, au masculin et aux « classes dangereuses », selon l’expression employée par Michel Kokoreff dans son article « Drogues, trafics, imaginaire de la guerre. Des quartiers aux cartels » paru dans la revue Multitudes en 2011.

L’image du dealer est celle d’un jeune homme vivant en cité, issu de l’immigration, intégré dans des réseaux structurés et hiérarchisés de groupes criminels. Cette image est aussi celle qui nous est renvoyée par les statistiques policières : 92 % des interpellés pour Infraction à la Législation sur les Stupéfiants (ILS) sont des hommes.

Les femmes seraient donc sous-représentées au sein des individus mis en cause pour ILS, puisqu’elles sont 16 % dans la population totale des mis en cause, toutes infractions confondues, selon la thèse de Kathia Barbier datant de 2017.

Les statistiques policières ne sont cependant pas représentatives de la réalité, et sont davantage le reflet des pratiques policières qui criminalisent certaines catégories de la population (jeunes, racisées, masculines, précaires) et en ignorent d’autres. Certains policiers interrogés admettent qu’ils se dirigent d’eux-mêmes vers ces profils où ils savent qu’ils trouveront des « clients » (c’est-à-dire, dans ce contexte, des vendeurs de drogues et autres délinquants).

Des trajectoires spécifiques pour des femmes peu ciblées

Il est frappant de constater à quel point les policiers rencontrent peu de femmes dans les affaires liées aux drogues. Tous les policiers interrogés s’accordent pour dire que les femmes représentent une infime part des mis en cause pour ILS, en partie car elles ne correspondent pas au profil type des populations qu’ils ciblent.

Quand elles sont impliquées, c’est en tant que mules (c’est-à-dire des personnes transportant sur elles des drogues, qui sont le plus souvent étrangères et en situation de grande pauvreté), nourrices (des personnes gardant chez elles des drogues, soit car elles sont sous contrainte, soit en échange d’une rémunération) ou complices (le plus souvent cette catégorie concerne les femmes de trafiquants qui bénéficient du trafic sans y participer directement). Des rôles subalternes et passifs, donc, quasiment perçus comme des victimes du trafic, mais qui peuvent tout de même faire l’objet de poursuites.

Weeds, série phare des années 2005-2012 mettant en scène une jeune femme « comme il faut » vendeuse d’herbe. Allociné

Les femmes dealeuses que j’ai rencontrées sont pourtant bien éloignées des figures préalablement décrites. Elles se présentent comme volontaires dans leur choix de vendre des drogues. Leurs trajectoires sont bien différentes de celles des dealers de cités qui expliquent le plus souvent vendre des drogues par manque d’opportunités professionnelles licites.

Des usagères-revendeuses bien insérées dans la société

Les femmes interrogées sont toutes insérées socialement : elles ont des diplômes, des revenus, un habitat stable, une vie sociale qui ne se cantonne pas à la marginalité et la déviance. Elles vivent dans des appartements, seules, en couple ou en colocation, dans des zones du centre-ville ou de calmes banlieues pavillonnaires. Leurs revenus sont majoritairement issus de leurs activités professionnelles licites (bourses étudiantes, revenus salariés, etc.).

Si elles vendent des drogues, c’est d’abord parce qu’elles en consomment. Elles s’inscrivent dans une trajectoire d’usage-revente : toutes ont commencé par consommer du cannabis, puis parfois d’autres drogues (le plus souvent de la cocaïne et des amphétamines, parfois aussi des hallucinogènes), dans des contextes de sociabilité juvénile.

Cette consommation ayant un coût (le gramme d’herbe coûte en moyenne 7 euros, le gramme de cocaïne 80 euros et le gramme de MDMA 60 euros), les interrogées ont cherché à le limiter. Pour cela, il leur suffisait d’acheter davantage de produits (le prix des drogues étant inversement proportionnel à la quantité de drogues achetée : plus on achète, moins c’est cher), puis d’en revendre une partie, afin de consommer gratuitement.

Certaines se sont arrêtées là, d’autres ont choisi d’intensifier leurs pratiques de revente pour en tirer des bénéfices économiques : on sort alors du modèle de l’usage-revente.

Leurs clients sont essentiellement des amis, des partenaires de consommation ; leur nombre est restreint, la confiance étant un élément essentiel pour limiter les risques liés à cette activité illicite. Elles vendent chez elles, ou dans des espaces festifs ; jamais dans la rue. On est bien loin de l’image du dealer en bas de sa tour vendant au tout-venant.

Ces pratiques d’usage-revente ne sont pas propres aux femmes, et concernent une part importante de consommateurs insérés socialement. Être une femme vendeuse de drogues comporte néanmoins des spécificités qui méritent d’être soulignées.

Prouver qu’on a sa place

Le milieu du deal est, comme on l’a dit, rattaché à la violence, au danger, à la force, à des valeurs virilistes. Quand on est une femme, il faut prouver qu’on y a sa place. En effet, plusieurs stéréotypes pèsent sur les femmes dans les mondes de la drogue : on les pense moins aptes à négocier et à s’imposer, on les juge moins crédibles.

Des clients et fournisseurs peuvent tenter des approches oscillant tantôt entre drague et harcèlement sexuel, puisqu’une femme qui consomme et vend des drogues est forcément une femme de mauvaise vie, amorale et donc disponible sexuellement. Fiona Hutton, dans son article « Up for it, mad for it ? Women, drug use and participation in club scenes », publié en 2004 dans la revue Health, Risk and Society, analyse ce cliché de la femme droguée qui veut forcément avoir des rapports sexuels, et la manière dont la drogue fournit une excuse aux hommes pour justifier la pression sexuelle qu’ils font subir aux femmes.

On imagine aussi les dealeuses fragiles et innocentes, et donc moins capables de réagir face à des menaces de violences. Les femmes interrogées rapportent ainsi des stratégies pour s’imposer, affirmer leurs connaissances des produits qu’elles vendent, leurs capacités à ne pas se laisser impressionner par de fréquentes démonstrations de virilité. Il s’agit de faire preuve de répartie, de « tchatche », mais aussi parfois d’agressivité. Certaines expliquent se masculiniser au maximum, à travers l’habillement, la manière de parler, de se tenir, pour contrer le stigmate de genre.

Mais être une femme qui vend des drogues peut aussi comporter des avantages, et il serait réducteur d’imaginer les femmes dealeuses comme dépourvues de ressources. Elles peuvent aussi retourner le stigmate de genre pour en tirer parti.

De nombreuses dealeuses opèrent dans des espaces festifs, boites de nuit, bars et festivals (image d’illustration). Martin Lopes/Pexels, CC BY

Certaines interrogées expliquent ainsi profiter des tentatives de séduction de leurs interlocuteurs masculins pour vendre plus cher ou acheter moins cher, selon le contexte. Elles vont jouer de leur stéréotype d’innocence et de fragilité pour escroquer, misant sur le fait qu’on n’imagine pas une femme arnaquer car elle aurait forcément peur des représailles.

Le fait d’être une femme est aussi un avantage certain face à la police : aucune femme interrogée n’a été mise en cause pour ILS, mais toutes connaissent des hommes qui ont eu affaire à la police pour usage ou vente de drogues.

Pour passer inaperçues, elles s’habillent de manière féminine lorsqu’elles transportent des drogues dans l’espace public. En cas de contrôle, plusieurs interrogées m’ont rapporté avoir singé le stéréotype de la fille naïve et innocente, en feignant d’être impressionnées face aux forces de l’ordre, voire parfois en rentrant dans un jeu de séduction avec les agents.

Comprendre les trajectoires de femmes dans le deal permet de mieux saisir la réalité des trafics, bien plus diversifiée que le laissent à penser nos représentations.

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