(Suite « Voyage du patrimoine)

L’ histoire de France distingue deux longues périodes dans le processus de formation et de renouvellement des élites urbaines :
celle d’abord des dominants de l’argent, du XIIe siècle au milieu du XIVe siècle, celle ensuite des dominants du pouvoir et de la
culture, du milieu du XIVe siècle à la fin du XVe siècle. Cette remarque s’applique plus aisément aux élites du nord de la France
qu’à celle du midi. Il ne peut s’adapter aux sociétés méridionales qu’à condition d’y insérer deux spécificités.

– Ce sont les chevaliers urbains qui, comme guerriers ou agents administratifs, ont constitué les premières élites urbaines jusqu’à
l’ascension, à partir de la fin du XIIe siècle, des praticiens, hommes d’expérience.

– La seconde spécificité tient à l’émergence précoce d’une aristocratie du savoir, celle des juristes, aux côtés des chevaliers et
des marchands enrichis des XIIe et XIIIe siècles. Dans les petites villes, le groupe de notables, aussi bien dans sa configuration, et ses fonctions que dans son évolution, se rattache, au-delà de toute considération d’échelle ou de taille, au modèle des élites des
grandes villes.

L’argent est la principale préoccupation: richesse sur le grand commerce, le capital accumulé, les rentes, les prêts usuraires,
l’immobilier, le change. Le pouvoir est urbain; le système est clos avec l’appareil militaire, la gestion de l’approvisionnement, le
marché, la fiscalité, les statuts, le droit, la juridiction. Il y a une solidité du lignage, et des gens de métiers. C’est l’embellie
économique du Moyen Age XIV, XVe, et il n’y a pas de crise majeure.

On peut constater l’opulence et le nombre des édifices domestiques des XIIIe et XIVe siècles, l’extraordinaire diffusion des demeures urbaines, et la diversité d’un fait urbain qui s’exprime dans des regroupements de faibles dimensions.

Le XIIIe siècle vit s’ouvrir sur le monde paysan une demande croissante de crédit, pour l’investissement et la consommation,
pour l’achat des franchises, pour le paiement en numéraires des redevances et impôts .. Ainsi s’établit sur la terre paysanne une
domination économique d’une nature nouvelle qui opérait comme la seigneurie d’importantes ponctions sur le revenu paysan, au
profit, cette fois, des bourgeois; sans compter aussi que les patriciats ou grandes familles ont souvent choisi d’investir dans la
terre, les profits du commerce.

Les élites de la petite ville ont développé des formes de gestion de la terre qui leurs assuraient le contrôle effectif de ceux qui les
cultivaient. Les campagnes proches des villes ont souvent abandonné ou négligé la polyculture pour les besoins du marché :
vigne, plantes tinctoriales ou textiles( lin, safran, pasteL.)

Les lignages chevaleresques dans le midi du XIIIO siècle ont progressivement cessé d’exister au XIV et XVe siècle.

De la fin du XIIIe siècle à la fin du XVe siècle, il n’est guère possible de suivre les destinées des familles bourgeoises.

La famille dominante d’une petite ville se caractérisait par son appartenance à un réseau protéiforme et à géométrie invariable:
protéiforme, car les liens étaient des liens d’affaires, de famille, de solidarité, de politique; et à géométrie invariable, car le patricien y côtoyait toujours à la fois, les partenaires issus des mêmes petites
villes, et les autres issus des grandes villes.

Au XVIIe Siècle, Changement très important dans l’agriculture de la vallée du Rhône : Car l’entrée du mûrier dans les campagnes
méridionales, et dans la vallée du Rhône a une signification industrielle, et non alimentaire comme la tradition agricole l’a imposee.

Le système agricole millénaire est mis à mal par l’introduction des premiers mûriers due au Seigneur d’Allan, sur ses terres de
Montélimar, au retour des expéditions en Italie, selon la légende. Dès le XVIIe siècle, les entreprises séricicoles paraissent liées à de grands domaines; la résistance des paysans ne tombera que tardivement.

(A suivre)