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Archives Journalières: 17/03/2022

Les oligarques russes ne sont pas près de renverser Poutine

17 jeudi Mar 2022

Posted by mirmandepatrimoines in Uncategorized

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Auteur

  1. Stanislav MarkusAssociate Professor of International Business, University of South Carolina

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Le 24 février 2022, jour du début de l’offensive russe en Ukraine, Vladimir Poutine reçoit au Kremlin des représentants du monde des affaires. Alexey Nikolsky/AFP

En quête de moyens pour arrêter et punir Vladimir Poutine – ainsi que ceux qui l’ont soutenu et ont profité de son règne – après l’invasion de l’Ukraine, le président américain Joe Biden et d’autres dirigeants mondiaux lorgnent du côté des oligarques russes.

Dans son discours sur l’état de l’Union, Joe Biden les a pointés du doigt, promettant de « saisir (leurs) yachts, appartements de luxe, jets privés ». « Nous venons chercher vos biens mal acquis », a-t-il déclaré.

Au Royaume-Uni, ce sont en tout onze Russes richissimes qui ont été ou seront personnellement sanctionnés.

Qui sont ces oligarques, quelle est leur relation avec Poutine ? Et, plus important encore, s’attaquer à leurs richesses peut-il aider à mettre fin à la guerre en Ukraine ?

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Une caste apparue en deux temps

En tant que chercheur spécialiste des marchés émergents, de la stratégie d’entreprise et de l’économie politique post-soviétique, j’ai étudié les oligarques de près.

Ils constituent une élite commerciale ultra-riche, détentrice d’un pouvoir politique disproportionné. Cette caste est apparue en deux temps.

La première vague d’oligarques est née des privatisations des années 1990, en particulier des ventes au comptant des plus grandes entreprises russes d’État, après 1995. Le tout dans un contexte de corruption de grande ampleur. On se souvient par exemple de la tristement célèbre opération « prêts contre actions », qui a permis à des magnats choisis par le pouvoir de prendre des participations dans douze grandes entreprises d’État, en échange de prêts destinés à consolider le budget fédéral.

Le gouvernement a délibérément fait défaut sur ces prêts, permettant à ses créanciers – les futurs oligarques – d’acheter au rabais les participations dans de grandes sociétés telles que Ioukos, Lukoil et Norilsk Nickel.

L’administration de Boris Eltsine, alors président, a ainsi enrichi un petit groupe de magnats en vendant les joyaux les plus précieux de l’économie soviétique, avec une forte décote.

L’accession au pouvoir de Poutine en 2000 a permis l’émergence de la deuxième vague d’oligarques par le biais de contrats d’État. Les fournisseurs privés dans de nombreux domaines tels que les infrastructures, la défense et les soins de santé surfacturaient leurs services au gouvernement, offrant au passage des pots-de-vin aux fonctionnaires impliqués.

Dans la nuit du 2 au 3 mars, les autorités françaises ont saisi le Amore Vero, le yacht d’Igor Setchine, dans le port de La Ciotat. Bishr Eltoni/AFP

Poutine a ainsi enrichi une nouvelle légion d’oligarques qui lui doivent aujourd’hui leurs énormes fortunes.

Les oligarques perdent leur pouvoir politique mais conservent leurs richesses

Dans les années 1990, ceux-ci exerçaient une grande influence au Kremlin et pouvaient même parfois dicter la politique russe. Sous Eltsine, de nombreux oligarques ont occupé des postes au sein du gouvernement. Les anecdotes abondent sur les coffres remplis d’argent liquide transportés au Kremlin en échange de faveurs politiques.

Mais depuis que Poutine est aux affaires, c’est lui qui mène la barque. L’ancien officier du KGB a proposé un accord aux oligarques : ils se tiennent éloignés de la politique, et en échange le Kremlin ne s’occupe pas de leurs affaires et ferme les yeux sur leurs profits, souvent acquis illégalement.Qui sont les oligarques de Poutine, Le Point, 8 mars 2022.

La déception populaire à l’égard des privatisations des années 1990 a par ailleurs facilité cette reprise en main dans les années 2000. Le Kremlin de Poutine a exercé des pressions politiques sur les oligarques dans des secteurs stratégiques tels que les médias et les ressources naturelles, afin qu’ils revendent des participations majoritaires à l’État.

Poutine a également adopté des lois qui accordent un traitement préférentiel aux prétendues entreprises publiques. Ces mesures ont permis au Kremlin de renforcer son contrôle sur l’économie et sur les oligarques.

Les trois nuances de l’oligarchie

Aujourd’hui, trois types d’oligarques se distinguent par leur proximité avec le pouvoir.

Tout d’abord, les amis de Poutine, qui sont personnellement liés au président. De nombreux proches du président russe – en particulier ceux de Saint-Pétersbourg où Poutine est né et a grandi, ainsi que ceux du KGB – se sont considérablement enrichis.

Parmi les oligarques que Poutine a connus à Saint-Pétersbourg figurent Iouri Kovaltchouk, souvent appelé le « banquier personnel » de Poutine, Guennadi Timtchenko, fondateur de la société de commerce d’énergie Gunvor, et les frères Arkadi et Boris Rotenberg, qui possèdent des actifs dans la construction, l’électricité et le pétrole. Toutes ces personnes sont visées par les sanctions occidentales.

Le 18 mars 2020, à Sébastopol, en Crimée, Vladimir Poutine décore Arkadi Rotenberg de la médaille de Héros du travail pour le rôle de son entreprise de construction dans l’édification du pont qui relie la Russie continentale à la Crimée. Alexander Nemenov/AFP

Le deuxième groupe comprend les dirigeants des services de sécurité, de la police et de l’armée russes – connus sous le nom de « siloviki ».

Ils ont également tiré parti de leurs réseaux pour amasser des fortunes. Certains de ces « silovarques » sont d’anciens officiers de renseignement du KGB, et actuellement du FSB (Service fédéral de sécurité de la Fédération de Russie).

Ces hommes observaient jalousement le pouvoir et la richesse des oligarques de l’ère Eltsine et les ont obtenus sous Poutine. Le leader informel des siloviki est Igor Setchine, président du géant pétrolier Rosneft, souvent désigné comme la personne la plus puissante de Russie après Poutine.

Vladimir Poutine en compagnie d’Igor Setchine, PDG du géant pétrolier Rosneft. Alexander Nemenov/AFP

Enfin, la plupart des oligarques russes n’ont pas de liens personnels avec Poutine, l’armée ou le FSB. En effet, certains d’entre eux sont ceux des années 1990. Si Poutine a écrasé les oligarques politiquement gênants ou récalcitrants après son arrivée au pouvoir, il n’a pas cherché à « éliminer systématiquement les oligarques en tant que classe », comme il l’avait promis lors de sa première campagne électorale.

Des hommes tels que Vladimir Potanine et Oleg Deripaska, qui ont fait fortune dans les années 1990, figurent ainsi dans la listes des Russes les plus riches aujourd’hui.

Complices de Poutine

Il ne faut pas s’y tromper : quelle que soit la catégorie dont ils relèvent, ces oligarques ont aidé Poutine à rester au pouvoir, par leur docilité politique et leur soutien économique aux initiatives du Kremlin.

En outre, mes recherches montrent que les oligarques ont parfois utilisé leur richesse pour influencer les politiciens d’autres pays.

Ainsi, en 2014, la banque russe FCRB a prêté 9,4 millions d’euros au parti d’extrême droite de Marine Le Pen, qui s’appelait encore à l’époque le Front national, créant ainsi une dette politique de cette formation envers la Russie.

En 2016, Lukoil, la deuxième plus grande compagnie pétrolière russe, a payé une amende gouvernementale de 1,4 million de dollars pour Martin Nejedly, un conseiller clé du président tchèque, lui permettant de conserver son poste influent. Cela a contribué à faire du président Milos Zeman « l’un des plus ardents sympathisants du Kremlin parmi les dirigeants européens. »

Certains oligarques semblent lancer de leur propre initiative des transactions géopolitiques d’envergure pour s’attirer les bonnes grâces du Kremlin. S’il est difficile d’établir des liens de causalité directs entre ce que j’appelle le « volontariat géopolitique » des oligarques et les politiques pro-Kremlin de leurs bénéficiaires, il existe des preuves empiriques solides montrant que le financement des oligarques facilite l’adoption de positions pro-Poutine hors Russie.

En outre, mes recherches suggèrent que l’utilisation d’intermédiaires qui se proclament apolitiques, comme les sociétés privées, constitue une stratégie clé permettant à des États tels que la Russie de masquer leurs tentatives d’influence politique.

Otages de Poutine

Cela nous amène à la question qui préoccupe la plupart d’entre nous : les lourdes sanctions contre les oligarques pourraient-elles les inciter à abandonner Poutine ou à infléchir le cours de la guerre ?

Certains oligarques s’expriment déjà contre cette invasion. Citons le président d’Alfa Group, Mikhail Fridman, et le magnat des métaux, Oleg Deripaska, qui ont tous deux été sanctionnés par l’Occident. Lukoil a également appelé à la fin de la guerre. Bien que cette entreprise ne soit pas actuellement soumise à des sanctions directes, les négociants en pétrole évitent déjà ses produits par anticipation.

Je pense que nous verrons les oligarques s’opposer de plus en plus vivement à la guerre. À tout le moins, leur volonté de faire le sale boulot du Kremlin en essayant d’influencer les politiques occidentaux devrait considérablement diminuer.

Mais il y a deux limites déterminantes à leur capacité d’influence sur Poutine.

D’une part, les oligarques ne coopèrent pas entre eux et agissent en ordre dispersé. Au sein du « capitalisme piranha » qui prévaut en Russie, ces milliardaires se trouvent en rivalité pour obtenir les largesses du gouvernement. Dans cette optique, c’est leur survie individuelle face au Kremlin qui a toujours été le moteur de leur action. Or il s’agirait aujourd’hui de défendre leurs intérêts communs – la levée des sanctions. Le Kremlin a de son côté promis un soutien de l’État aux entreprises sanctionnées, notamment dans le secteur bancaire.

Plus important encore, c’est le pouvoir des armes, et non celui de l’argent, qui domine au Kremlin aujourd’hui. Tant que Poutine gardera le contrôle sur les siloviki – les officiers de l’armée et des services de renseignement, actuels et anciens, proches de Poutine – les autres oligarques resteront, à mon avis, les otages de son régime.

Les généraux sont plus susceptibles d’influencer Poutine que les oligarques. Et un effondrement économique du pays pourrait être encore plus convaincant…

Comment Donald Trump et Vladimir Poutine dévoient le concept de vérité

17 jeudi Mar 2022

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Auteur

  1. Marion BourbonDocteure en Philosophie et chercheuse associée (Université Bordeaux Montaigne/SPH), Université Bordeaux Montaigne

Déclaration d’intérêts

Marion Bourbon ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.

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La banalisation des discours qui s’affranchissent impunément de la réalité doit nous alerter. AFP

Qu’il y ait eu et qu’il y ait des petits et grands arrangements avec la vérité, rien de très nouveau sous le soleil de l’histoire. On peut en revanche questionner une certaine forme de démonétisation de la valeur de la vérité, caractéristique de ce qu’on nomme aujourd’hui le régime de la post-vérité et qui me semble révéler une crise de notre rapport à la réalité.

Tout se passe comme si les stratégies de mystification étaient devenues désormais des paroles publiques comme les autres, tout aussi légitimes que les vérités factuelles que les historiens et les journalistes s’attachent patiemment à établir.

Deux événements récents me semblent symptomatiques de cette crise du rapport à la réalité que traversent nos démocraties.

Le « Réseau Vérité »

Nous avons d’abord assisté au lancement du réseau social de Donald Trump, même s’il fut néanmoins éclipsé par l’accélération de la crise russo-ukrainienne. On s’en souvient, au lendemain de l’Assaut du Capitole par ses partisans, Donald Trump avait été exclu de Twitter « indéfiniment à cause du risque de nouvelles incitations à la violence ». Qu’à cela ne tienne, l’ex-Président américain avait annoncé qu’il allait créer son propre réseau, nommé tout à fait humblement, « Truth Social », qu’on peut traduire par « Réseau Vérité ». C’est désormais chose faite depuis fin février.

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L’ancien président Donald Trump à côté d’un écran de téléphone qui affiche l’application « Truth Social »
Donald Trump lors du lancement de son réseau social « Truth Social », le 21 février 2022 à Washington. Stefani Reynolds/AFP

Avec ce nom, Donald Trump dit exactement ce qu’il fait. Tout comme il dirait « Moi, je dis la vérité », il érige son réseau social en détenteur du monopole de la « vérité » : « Venez ici chez moi ! », tout ce qui s’y dit est par nature vrai, parce qu’il y est prononcé par « moi » (ou, ce qui revient au même, ceux qui se revendiquent de moi). Je le dis donc cela vaut comme une vérité. La réalité, comme toutes les normes rationnelles de justification et de vérification, passent à la trappe au profit des intérêts particuliers de celui qui parle.

Il y a pourtant dans cette affirmation une contradiction entre les termes. Le vrai, précisément parce qu’il est l’adéquation entre ce que l’on dit et ce qui est, ne peut être à quelqu’un. Il ne peut être privatisé. C’est quelque chose de la réalité qui fait que ce que je dis est vrai, et ce quelque chose, ce n’est pas moi. C’est pour cela que pour dire le vrai, il faut accepter de se décentrer, du moins de se distancier de sa croyance et de ses intérêts immédiats. Cette revendication relève donc de la mystification, portée ici à sa limite caricaturale.

Une perversion de la valeur « vérité »

On voit toute l’ambivalence du « discours » de Donald Trump dont on fait depuis quelque temps une figure paradigmatique du régime de la post-vérité dans lequel le partage entre le vrai et le faux aurait disparu. Et en effet, à bien des égards, nous avons affaire à quelqu’un qui semble totalement indifférent au principe de réalité et par là même à la vérité factuelle sur laquelle est censée reposer la validité de nos énoncés et de nos opinions. Avec lui, tout se passe comme si le réel n’avait plus d’effet sur ce que nous avons à en dire.

Mais le paradoxe, c’est que Donald Trump ne cesse pas moins de revendiquer « la vérité » et fait donc un certain usage du lexique de la vérité. Là où dans l’Athènes classique les sophistes concédaient volontiers que la vérité n’était pas leur affaire et qu’ils la laissaient bien volontiers aux philosophes, il s’agit au contraire de prétendre détenir la vérité et d’en faire sa chose. On se souvient comment le Président américain renvoyait aux journalistes que leurs affirmations pourtant documentées n’étaient que des « fake news », renversant ainsi la norme de vérité pour mieux maquiller ses mensonges. Tout cela sans la moindre honte, et dans l’impudence la plus totale.


À lire aussi : Pour mieux saisir la post-vérité, relire Hannah Arendt


Il n’est dès lors pas certain que nous assistions réellement à une disparition de la « valeur » vérité, mais plutôt à une perversion de cette valeur. Et dans cette tentative de hold-up et de confiscation, c’est notre rapport à la réalité qui est menacé. Or ce qui peut faire tenir la vérité, c’est bien l’indépendance de la réalité sans laquelle, rappelons-le, nous ne pouvons discuter. C’est bien parce qu’il y a ce tiers qui n’est ni moi ni l’autre que nous pouvons échanger sur lui.

Plus encore, il est à craindre que les réseaux de « vérité » sur le modèle de celui de Trump ne se multiplient comme des petits pains, et que le phénomène à l’œuvre avec les « bulles cognitives » ne s’accélère. Les algorithmes sélectionnent ce qui est conforme à nos croyances et nous présentent du contenu conforme à nos attentes et à nos préférences, en jouant sur les effets d’identification renforcés par la dimension virtuelle de ces « pseudo-échanges » dans lesquels nous ne sommes jamais confrontés qu’à du même.

Aujourd’hui c’est ainsi au sein d’un même réseau que se pratiquent les clivages et il est à craindre que la prolifération de nouveaux réseaux renforce ce cloisonnement, empêchant l’exercice du jugement partagé qui constitue le cœur du dispositif démocratique, ce débat animé par l’épreuve de la contradiction et de la confrontation argumentée. On ne pense jamais qu’en pensant contre soi-même, c’est-à-dire en se mettant en pensée « à la place » de l’autre. Au lieu de cela, on ne discute plus, on ne relationne plus. On alimente purement et simplement la violence du fantasme dans la communion des affects ressentimistes. Car pour discuter, il faut pouvoir s’entendre sur ce qui n’est pas discutable, et qui nous oblige précisément à penser, à peser ce que l’on dit, a fortiori publiquement. C’est dire que si la réalité n’est pas reconnue pour elle-même, nous ne pouvons pas délibérer collectivement.

« Ceci n’est pas une guerre »

À cet égard, un autre événement qui n’a en apparence que peu de rapport avec l’épisode Trumpien me semble tout à fait signifiant : jusqu’à ce qu’il soit rendu caduc par un puissant effet de réalité (il n’était plus possible de nier que nous ayons affaire à une guerre), nous avons assisté à un débat sémantique sur la nature des « opérations militaires » menées par V. Poutine en Ukraine. Au moins jusqu’à l’offensive menée le 24 février, malgré les multiples violations des accords de Minsk dont il s’est rendu coupable dans la région, nombreux étaient ceux qui pratiquaient la litote, se refusant absolument à parler d’« agression » ou pire encore de « guerre ».


À lire aussi : En Ukraine, la Russie fait la guerre pour étendre sa sphère d’influence


La guerre admet pourtant une définition précise, celle de la violation de la souveraineté d’un État via une intervention armée. Contre l’évidence, attestée, documentée, nous nous sommes pourtant accommodés d’un discours qui niait une vérité factuelle, un discours de déni, dont le point d’acmé réside peut-être dans la manière dont Vladimir Poutine a déclaré la guerre en se refusant à la nommer, en parlant d’une « opération militaire ». La « guerre » : mot tabou.

Quand la réalité ne constitue plus la norme et le sens du discours, il n’est plus possible de discuter, et toutes les stratégies de « pour-parler » sont vouées à l’échec. Nous nous sommes réveillés sidérés. Cet épisode tragique (et de ce point de vue sans commune mesure avec le précédent) devrait peut-être nous conduire à nous interroger sur la banalisation des discours qui s’affranchissent impunément de ce qui fait notre monde commun, la réalité. Car en renonçant à elle, nous renonçons aussi à ce que la parole puisse être autre chose que le masque de la violence.

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