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Archives Journalières: 28/04/2022

Les citoyens actifs sur Internet sont-ils politiquement plus radicaux ?

28 jeudi Avr 2022

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Auteurs

  1. Marie NeihouserChercheuse en science politique, Université Fédérale Toulouse Midi-Pyrénées
  2. Felix-Christopher von NostitzResearch and Teaching Assistant in Political Science, Institut catholique de Lille (ICL)
  3. François BriatteAssistant Lecturer in Political Science, Institut catholique de Lille (ICL)
  4. Giulia SandriProfesseur en science politique, ESPOL, Université Catholique de Lille, Institut catholique de Lille (ICL)
  5. Tristan HauteMaître de conférences, Université de Lille

Déclaration d’intérêts

Marie Neihouser a reçu des financements de ESPOL, de l’Université Catholique de Lille et du Ceraps..

Felix-Christopher von Nostitz a reçu des financements de ESPOL, de l’Université Catholique de Lille et du Ceraps.

François Briatte a reçu, dans le cadre du projet de recherche PEOPLE2022, des financements de l’Université Catholique de Lille et de l’Université de Lille.

Giulia Sandri a reçu des financements de ESPOL, de l’Université Catholique de Lille et du Ceraps.

Tristan Haute a reçu des financements de ESPOL, de l’Université Catholique de Lille et du Ceraps.

Partenaires

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On sait que les citoyens politiquement actifs sur Internet présentent différentes caractéristiques : ils sont plus intéressés par la politique, plus diplômés, et plus jeunes que la moyenne. Sont-ils plus radicaux ? KristopherK/Pixabay, CC BY-NC-ND

Les usages électoraux d’Internet et des réseaux sociaux ont été particulièrement scrutés lors de la campagne d’avant premier tour. De nouvelles plates-formes, telles que TikTok ou Twitch, ont été fortement investies afin de toucher les plus jeunes, et certains candidats semblent y avoir été plus performants que d’autres – notamment Jean-Luc Mélenchon et Éric Zemmour. À cet égard, des études montrent que l’activisme sur Internet se structure souvent sur des bases idéologiques et est plus élevé aux extrêmes de l’échiquier politique. D’où une question : les citoyens actifs sur Internet sont-ils politiquement plus radicaux que l’ensemble des électeurs ?

Les citoyens actifs sur Internet sont-ils plus radicaux ?

En France, les usages électoraux d’Internet et des réseaux sociaux se sont développés depuis la présidentielle de 2012. Ils restent cependant relativement minoritaires. En témoignent les chiffres présentés en Figure 1 ci-dessous et récoltés lors de la première semaine de janvier :

Figure 1. Nombre de likes et de commentaires sur les publications Twitter et Facebook des candidats durant la première semaine de janvier 2022. Parmi les candidats présents au premier tour, seul Jean Lassalle ne figure pas dans ce tableau. Données People2022

Les commentaires à la suite de messages de candidats restent relativement peu nombreux tant sur Twitter que sur Facebook. Ainsi, si Jean-Luc Mélenchon récolte respectivement 23 491 et 126 465 commentaires, ce qui en fait le candidat le plus commenté, ces chiffres restent relativement modestes si on les rapporte au nombre d’inscrits sur les listes électorales, ou même au nombre de personnes inscrites sur les réseaux sociaux en France (40 millions d’utilisateurs mensuels de Facebook, 8 sur Twitter, 22 sur Instagram, 50 sur YouTube).

Surtout, certains candidats ne récoltent que quelques centaines de commentaires – ou même moins. Même si l’on regarde le nombre de likes, pratique moins coûteuse pour les internautes que le commentaire, les réactions aux messages des candidats restent relativement rares, a fortiori lorsqu’on les compare à leurs nombres d’abonnés. Pour ne prendre que quelques exemples, les likes recueillis par Emmanuel Macron sur Twitter durant la première semaine de janvier ne représentent que 2,6 % de ses abonnés, ceux reçus par Jean-Luc Mélenchon 4,4 %, ceux reçus par Marine Le Pen 1,8 %, et ceux reçus par Anne Hidalgo 0,8 %.

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Reste que certains candidats suscitent plus de réactions que d’autres, et qu’à l’exception du cas particulier du président sortant, les candidats recueillant le plus d’interactions (likes et commentaires) sont les candidats d’extrême droite (Marine Le Pen, Eric Zemmour, Nicolas Dupont-Aignan) et Jean-Luc Mélenchon, ce qui tend à accréditer l’idée que les citoyens mobilisés sur Internet exprimeraient des choix électoraux plus radicaux et plus polarisés que la population électorale générale.

Pourquoi de telles différences d’activité sur Internet ?

On sait que les citoyens politiquement actifs sur Internet présentent différentes caractéristiques : ils sont plus intéressés par la politique, plus diplômés, et plus jeunes que la moyenne. Hormis en termes d’âge, ils ressemblent en réalité beaucoup aux citoyens actifs « hors ligne ». Ces pratiques politiques s’imbriquent d’ailleurs fortement : en 2012, par exemple, les électeurs ayant participé à un meeting étaient aussi parmi les plus actifs sur Internet.

Mais l’on sait aussi – et surtout – que, après avoir contrôlé par le sexe, l’âge, le niveau de diplôme, la situation professionnelle et l’intérêt pour la politique, les individus politiquement actifs sur Internet en 2012, ceux qui ont consulté le site ou la page Facebook d’un candidat lors des élections régionales de 2015, ou encore ceux qui ont suivi un candidat sur Internet lors de la campagne présidentielle de 2017, sont soit sensiblement plus à gauche, soit, pour une part plus faible, plus à droite, que le reste des citoyens. C’est en particulier le cas lorsque l’intensité de l’activisme sur Internet est plus faible, comme lors des régionales de 2015.

Le Tableau 1 ci-dessous complète ce portrait en montrant que, entre ceux qui se déclarent très à gauche et ceux qui se déclarent très à droite sur l’échiquier politique, des différences existent toutefois quant aux réseaux sur lesquelles ils choisissent d’être actifs :

Tableau 1. A consulté, partagé, « liké » ou commenté un contenu en lien avec la présidentielle 2022 sur les réseaux sociaux ces 7 derniers jours (en %) Champ : ensemble des répondants (N = 1619) Conseil de lecture : dans les 7 derniers jours avant la passation du questionnaire, 9,4 % des individus se déclarant au centre ont consulté, « liké » ou partagé un contenu en lien avec la présidentielle 2022 sur un réseau privé (WhatsApp, par exemple). French Election Study 2022, vague 1 (novembre-décembre 2021), CDSP, Fourni par l’auteur

Si Facebook semble autant mobilisé à l’extrême droite que par les individus se déclarant très à gauche, on note cependant des différences concernant tous les autres réseaux sociaux, qui sont bien plus utilisés à l’extrême droite.

L’écart est très important sur Twitter : seuls 2,5 % des individus se déclarant très à gauche affirment avoir consulté, partagé, « liké » ou commenté du contenu sur cette plate-forme dans les sept jours précédant l’enquête. Ce chiffre est quatre fois plus élevé chez ceux qui se positionnent très à droite (12 %), soulignant possiblement en miroir l’activisme intense des soutiens d’Éric Zemmour sur cette plate-forme.

Notons, enfin, que la sociologie des organisations partisanes offre une piste d’explication complémentaire à celle esquissée ci-dessus : contrairement aux partis structurés en courants ou tendances, les partis d’extrême droite, plus centralisés et constitués autour d’un leader charismatique, ont peut-être moins de difficulté à concevoir un discours unitaire et à le faire diffuser sur Internet par leurs bases militantes.

Sur la base de ces résultats, et bien qu’il faille relativiser l’influence des réseaux sociaux sur le résultat final d’une élection, on peut s’attendre à ce que les électeurs soutiens d’Emmanuel Macron se mobilisent moins fortement sur Internet que les électeurs d’extrême droite – alors même qu’il est le président sortant et que sa stratégie numérique tiendra compte de ce paramètre. De même, lors des élections législatives, on peut s’attendre à nouveau à un sur-investissement des réseaux sociaux par les citoyens exprimant des préférences politiques plus polarisées que l’électorat dans son ensemble.

Le bilan d’Emmanuel Macron : agenda néo-libéral et pragmatisme face aux crises

28 jeudi Avr 2022

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Auteurs

  1. Anne-Cécile DouilletProfesseure de science politique, Université de Lille
  2. Bernard DolezProfesseur de sciences politiques, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
  3. Julien FretelProfesseur de sciences politiques, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
  4. Rémi LefebvreProfesseur de science politique université Lille 2, I-site Université Lille Nord Europe (ULNE)

Déclaration d’intérêts

Anne-Cécile Douillet a reçu des financements de la MESH pour la publication de l’ouvrage L’entreprise Macron à l’épreuve du pouvoir.

Bernard Dolez, Julien Fretel et Rémi Lefebvre ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.

, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et Université de Lille fournissent des financements en tant que membres adhérents de The Conversation FR.

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Emmanuel Macron, en campagne pour sa propre réélection le 7 mars 2022 à Poissy, le 7 mars 2022. Ludovic Marin / AFP

Dans sa Lettre aux Français par laquelle il annonce sa candidature à un second mandat à la présidence de la République, Emmanuel Macron n’annonce plus la « révolution » mais vante son bilan, comme il se doit, soulignant les transformations engagées et la crédibilité acquise au cours des cinq dernières années.

C’est sur ce quinquennat qui s’achève que revient l’ouvrage collectif L’entreprise Macron à l’épreuve du pouvoir (PUG). Les contributions des 29 auteurs et autrices permettent d’apprécier l’ampleur de la transformation du système partisan, des glissements de l’électorat et du renouvellement des élites politiques, mais aussi de faire le bilan de l’action entreprise par Emmanuel Macron avec les gouvernements qu’il a nommés et la majorité parlementaire qui l’a soutenu.

Quel changement ?

Analyser le changement n’est pas chose facile : la mesure des transformations dépend du point de référence, de l’accord sur le degré d’évolution qui autorise à parler de changement, de la hiérarchisation des enjeux, mais aussi de l’attribution toujours délicate des causalités (ainsi, dans quelle mesure les éventuels changements sont-ils dus à la présidence d’Emmanuel Macron ?).

La « rupture » est une figure imposée du discours politique et les analyses de sciences sociales sont toujours promptes à en réduire la portée. Le cadre institutionnel, le poids des choix antérieurs comme les mobilisations que peuvent susciter certaines entreprises réformatrices ont vite fait d’atténuer la portée des postures volontaristes, d’autant que les discours de rupture peuvent cacher des projets politiques dans la continuité des politiques antérieures.

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Là où l’homme politique vante sa capacité à réformer « en profondeur » et le caractère exceptionnel de son action, l’analyste conclut à une forme de continuité, constate la résilience des clivages institués de la vie politique ou des figures classiques de l’élu, qui cherche à concilier « présidentialisme et proximité ».

De ce point de vue, le quinquennat Macron n’échappe pas à la règle. Les ruptures amorcées, expérimentées ou tentées dans la pratique du pouvoir ont souvent été contrariées. Le renouvellement des élites n’est que partiel, malgré la forte proportion de députés novices en politique (un tiers des députés, la plupart sous l’étiquette LREM) : ceux-ci ont été dominés par les plus expérimentés tandis que les catégories socio-professionnelles supérieures restent surreprésentées ; au niveau gouvernemental, la haute fonction publique garde une place centrale, malgré le nombre élevé au regard des pratiques antérieures, de ministres passés par des groupes privés.

Enfin, les politiques publiques du quinquennat Macron s’inscrivent très largement dans le prolongement de mouvements anciens : l’analyse des politiques de logement, de santé comme celle des politiques fiscales ou des réformes territoriales montre ainsi surtout une continuité et une accélération d’orientations néo-libérales, celles-ci étant clairement assumées, au nom de la priorité donnée à la croissance économique et aux entreprises.


À lire aussi : Portrait(s) de France(s) : Alerte sur l’aggravation des inégalités françaises


Deux crises majeures sans remise en cause profonde

Les changements d’orientation au cours du quinquennat sont eux aussi à prendre à leur juste mesure. Certaines réformes annoncées n’ont finalement pas été menées à bien (le renforcement des exigences déontologiques en matière policière, la suppression d’un quart des départements) ; d’autres réformes emblématiques ont été arrêtées (la réforme des retraites).

Pourtant, le cap général a été maintenu. Les crises qui ont émaillé le quinquennat pouvaient pourtant laisser présager d’importantes réorientations. L’irruption des Gilets jaunes, même si elle répond en partie à des transformations socio-économiques de long terme, est en effet une réaction au pouvoir en place et aux politiques qu’il mène ; le président de la République est d’ailleurs pris à partie très personnellement tandis que le patronat n’est pas interpellé, alors que ce sont les conditions de travail, de salaires, de niveau de vie qui sont dénoncées.

La pandémie de Covid-19 questionne quant à elle les politiques de santé évidemment mais aussi, plus généralement, le rôle de l’État et de la dépense publique. Pourtant, si ces deux crises ont eu un impact fort sur le tempo du quinquennat, si elles n’ont pas été sans effet sur les mesures adoptées, elles n’ont finalement pas remis en cause les orientations libérales défendues par le Président de la République et ses soutiens.

Un certain pragmatisme dans l’exercice du pouvoir

Ainsi, les deux crises des Gilets jaunes et de la Covid-19 mettent en évidence un certain pragmatisme dans l’exercice du pouvoir, qui se traduit par l’adoption de mesures « exigées » par les circonstances sans que cela remette en cause les grandes orientations idéologiques. Quelques concessions sont faites face au mouvement des Gilets jaunes et conduisent l’exécutif à prendre des décisions qu’il n’envisageait pas (chèque énergie, moratoire sur la taxe carbone, annulation de la hausse de la CSG pour les retraités les plus modestes), mais ce dernier ne revient pas sur la transformation de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) et « profite » même du mouvement pour accélérer l’augmentation de la prime d’activité et la baisse des cotisations sociales.

De la même façon, si E. Macron déclare en mars 2020 que « la santé n’a pas de prix, [que] le gouvernement mobilisera tous les moyens financiers nécessaires pour porter assistance, pour prendre en charge les malades, pour sauver des vies, quoi qu’il en coûte », si le gouvernement déploie tout un ensemble d’aides aux entreprises et à certaines professions pour pallier les conséquences des confinements – laissant filer les dépenses publiques et la dette –, si la réforme des retraites lancée fin 2019 est suspendue (mais pas abandonnée), les grandes orientations du quinquennat sont réaffirmées fermement en 2021.

En mars le ministre de l’économie Bruno Le Maire rappelle à l’Assemblée nationale les « piliers de la sagesse financière », parmi lesquelles la croissance et la baisse de la dépense publique. La réforme de l’assurance-chômage est bien actée en mars 2021. Les revendications des personnels hospitaliers en termes de budget, d’effectifs, de lits et de rémunérations restent pour leur part sans réponse malgré l’organisation d’un « Ségur de la santé ».


À lire aussi : Débat :  La « Grande Sécu », mythe ou réalité ?


Les mesures qui caractérisent l’orientation du quinquennat ne sont pas celles « imposées » par les crises mais bien les « ordonnances travail », la suppression progressive de la taxe d’habitation, le remplacement de l’ISF par l’impôt sur la fortune immobilière, l’instauration d’un prélèvement forfaitaire unique sur les revenus des placements financiers, la baisse de l’allocation logement (APL), la réforme de l’assurance chômage.

C’est d’ailleurs bien la poursuite de la baisse des impôts « pesant sur le travail et la production » et la « reconquête productive par le travail » qu’annonce la Lettre aux Français. Face à cela, les mesures « sociales » (doublement des classes en CP et CE1 en zone d’éducation prioritaire ; « zéro reste à charge » pour le remboursement des lunettes et des prothèses auditives ou dentaires) ou « sociétales » (PMA) apparaissent secondaires.

Si la crise sanitaire et le mouvement des Gilets jaunes apparaissent moins comme des facteurs de réorientation que comme des révélateurs de la présidence d’E. Macron c’est aussi parce qu’ils illustrent une forme singulière d’exercice du pouvoir.

Omniprésence présidentielle

La présidence Macron se caractérise par une forte personnalisation et une omniprésence du Président sur la scène publique et politique. Elles sont liées à la forme et à la nature du rôle présidentiel sous la Ve république. Cependant, Emmanuel Macron a particulièrement forcé le trait, intervenant bien au-delà des seuls domaines régaliens. Par ailleurs, l’inféodation des députés à l’exécutif a renforcé la centralité de la figure présidentielle. Les deux crises marquantes du quinquennat sont aussi très révélatrices de cette personnalisation. Face au mouvement des Gilets jaunes, le Président apparaît comme une « cible individualisée ».

Cet épisode ne conduit pas pour autant à la remise en cause de la conception extensive et personnalisée du pouvoir présidentiel d’E. Macron, qui se remet volontairement au centre de la scène politique en surinvestissant et monopolisant le Grand débat national mis en place en réponse au mouvement de contestation. La crise sanitaire est aussi l’occasion de réaffirmer cette conception extrêmement personnifiée de l’exercice du pouvoir et de mettre en scène sa capacité à tout contrôler.

Comme le souligne la chercheuse Brigitte Gaïti, cette personnalisation n’est pas un exercice solitaire du pouvoir – le président est toujours très entouré – mais plutôt un exercice « informalisé », qui conduit à une « prolifération organisationnelle », les instances existantes étant dédoublées par d’autres, tel le « conseil scientifique », pour ne pas se voir imposer de « partenaire institué ».Brigitte Gaïti sur les entourages du président qui l’aident dans sa prise de décision, AFSP, 2021.

La désintermédiation

La personnalisation du pouvoir rejoint ici une deuxième caractéristique de l’exercice présidentiel d’Emmanuel Macron : la désintermédiation. Celle-ci est d’abord symbolisée par les caractéristiques de la communication présidentielle. Passant outre les journalistes politiques, il a trouvé des voies de contournement, via les réseaux sociaux notamment, au risque de se mettre, pour reprendre l’un de ses termes, à « portée d’engueulade » de la population.

La crise sanitaire illustre aussi ce souci de désintermédiation, vis-à-vis des instances administratives mais aussi, parfois, vis-à-vis des scientifiques. Le mouvement des Gilets jaunes a traduit pour sa part un même mouvement de méfiance vis-à-vis des corps constitués et institués, ce qui révèle sans doute un mouvement profond d’affaiblissement des organisations traditionnelles et de désintermédiation de la politique en France. Cette « expression inversée » (« par le haut » et « par le bas ») d’une même dynamique permet d’ailleurs au président de la République de mieux délégitimer certains corps intermédiaires, comme lorsqu’il rejette la proposition de « grande conférence » faite par le secrétaire général de la CFDT.

Qu’il s’agisse des partis politiques, des syndicats, des élus locaux et de leurs associations ou des cabinets ministériels, Emmanuel Macron et ses proches collaborateurs ont le souci de ne pas trop s’embarrasser d’intermédiaires, ce qui ne signifie pas qu’ils parviennent toujours à faire sans eux : les cabinets ministériels, d’abord resserrés, ont repris leur taille habituelle. Emmanuel Macron est revenu vers les élus locaux et, dans certains domaines comme la police, les syndicats ont joué un rôle central de gardien de l’agenda.

Une base sociale et électorale évolutive et fragile

Face à une telle pratique du pouvoir, l’électorat Macron semble avoir quelque peu évolué. En 2017, il était composé pour une petite moitié d’anciens électeurs de François Hollande. Dès la fin de l’été 2017, la perception d’Emmanuel Macron dans l’opinion change et ses soutiens à gauche s’estompent en même temps que sa position se décale sur l’axe gauche-droite.

Si l’on en croit les dernières enquêtes pré-électorales, Emmanuel Macron est désormais perçu par l’opinion comme un homme de centre-droit ; il parvient à attirer encore un quart des sympathisants socialistes, tout en séduisant désormais une proportion presque identique d’anciens électeurs de François Fillon.

L’ancrage électoral du macronisme doit cependant être apprécié aussi au regard des résultats des différents scrutins du quinquennat, qui ne dessinent pas un bilan univoque : le score de LREM aux élections européennes de 2019 (22,4 % des suffrages exprimés, en première place) contraste avec celui, beaucoup plus modeste, des régionales de 2021 (7 % au niveau national au deuxième tour). En miroir, la résistance des partis du « vieux monde » est tout aussi ambiguë : si les listes conduites par Raphaël Glucksmann (PS et alliés) et François-Xavier Bellamy (LR) aux européennes de 2019 font des scores à un chiffre, ces partis ont préservé leurs positions lors des scrutins municipaux, départementaux et régionaux.


Les auteurs viennent de co-publier l’ouvrage collectif L’entreprise Macron à l’épreuve du pouvoir co-dirigé par Bernard Dolez, Anne-Cécile Douillet, Julien Fretel et Rémi Lefebvre.

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