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Archives Journalières: 20/06/2022

Législatives : La vie politique bouleversée par un scrutin inattendu

20 lundi Juin 2022

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  1. Mathias BernardHistorien, Université Clermont Auvergne (UCA)

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Un homme rentre dans l'isoloir scrutin législatif du 19 juin 2022
Un homme se rend dans l’isoloir au Touquet pour le second tour de l’élection législative le 19 juin 2022. Ludovic Marin / AFP

 

La campagne du second tour des élections législatives a mis aux prises deux programmes antagonistes – celui de la majorité présidentielle et celui d’une gauche rassemblée autour de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (NUPES) – qui correspondent à deux visions radicalement différentes de la société et de la position de la France dans le monde.

Mais les résultats ont aussi désigné très clairement et confirmé le poids d’une troisième force plus discrète cette semaine : le RN qui obtient désormais un groupe parlementaire, événement historique depuis 1986, avec 89 députés élus. L’espoir d’une majorité absolue comme en 2017 pour « Ensemble » dans la logique institutionnelle qui a dominé la Ve République, est désormais enterré. Celui d’une cohabitation classique aussi.

Or la majorité relative qui se dessine, un « impensé » pour les macronistes, va impulser de nouvelles stratégies d’alliances notamment entre la coalition présidentielle et Les Républicains (64 sièges). Avec un risque de paralysie évident.

La campagne de l’entre-deux-tours a ainsi été marquée par une incertitude inédite depuis les législatives de 1997, issue de la dissolution décidée par le président Chirac.

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Ces résultats constituent aussi un revers pour les deux forces politiques qui ont dominé le débat public lors de ce scrutin : la coalition macroniste enregistre un recul de près de 100 sièges et se situe très loin de la majorité absolue ; la NUPES peine à amplifier la dynamique qui avait été la sienne au premier tour et n’atteint pas la barre symbolique des 150 sièges.

En revanche, le parti LR, très discret tout au long de la campagne, sauve 64 sièges grâce à l’implantation de ses élus locaux. Il est toutefois distancé par le RN qui est le seul vrai vainqueur du scrutin. La nouvelle Assemblée nationale est constituée de quatre blocs inégaux, le premier d’entre eux étant bien la coalition majoritaire qui détient une majorité relative.

Une histoire de compromis ancienne

La situation institutionnelle provoquée par ces résultats n’est pas totalement inédite. Une fois déjà, dans l’histoire de la Ve République, les élections législatives ont abouti à l’émergence d’une majorité relative. C’était en 1988. Réélu président de la République après deux années de cohabitation qui lui avaient permis d’endosser un rôle d’arbitre, au-dessus de la mêlée politique, François Mitterrand avait fait le choix de dissoudre l’Assemblée nationale élue en 1986 et dominée par les deux principaux partis de droite (RPR et UDF).

Il espérait ainsi obtenir une majorité à l’appui de la politique d’« ouverture » au centre qu’il avait prônée au cours de sa campagne électorale et que son nouveau Premier ministre, Michel Rocard, devait incarner. Il ne souhaitait donc ni revenir à l’union de la gauche entre socialistes et communistes, qui constituait le socle du gouvernement « du changement » conduit par Pierre Mauroy entre 1981 et 1984), ni s’appuyer, comme entre 1984 et 1986, sur une majorité constituée par le seul Parti socialiste.

« Il n’est pas bon qu’un Parti gouverne seul » avait-il même déclaré lors de la campagne des législatives de 1988, lors de la rituelle ascension de la roche de Solutré organisée comme chaque année lors du week-end de la Pentecôte.

François Mitterrand fait l’ascension de la Roche de Solutré le 18 mai 1986
François Mitterrand fait l’ascension de la Roche de Solutré le 18 mai 1986 suivi du maire de Dordogne Roland Dumas et du maire de Blois Jack Lang. Eric Feferberg/AFP

Il espérait sans doute obtenir le ralliement d’une partie des centristes que rebutaient les positions jugées alors trop droitières de Jacques Chirac et de son parti le RPR. Le résultat des élections de juin 1988 semblait créer le contexte de cette reconfiguration politique. Avec 275 sièges à l’Assemblée, le PS échouait – à quatorze sièges près – à obtenir la majorité absolue. Mais il s’affirmait clairement comme le premier parti de France.

Il lui revenait clairement de structurer une majorité, en appui au Président et à son gouvernement. La création d’un groupe centriste autonome – l’Union du centre –, distinct de celui de l’UDF, tout comme la bienveillance affichée par Raymond Barre à l’égard du Président réélu et de son Premier ministre, pouvait laisser penser qu’une coalition socialo-centriste permettrait de dégager une majorité absolue dans cette Assemblée. Il n’en fut pourtant rien.

Un gouvernement difficile

Les gouvernements conduits par Michel Rocard (1988-1991) puis par Édith Cresson (1991-1992) et Pierre Beregovoy (1992-1993) durent réunir des majorités pour faire adopter chaque texte de loi, tantôt avec les communistes, tantôt avec les centristes et les non-inscrits.

Le recours à l’article 49-3 de la Constitution permit aussi de sortir de certaines situations de blocage, puisqu’il permet au Premier ministre de faire adopter un projet de loi sans vote, à condition que les oppositions de droite et de gauche ne se rejoignent pas pour voter une motion de censure.

L’article 49-3 fut utilisé à 39 reprises pendant cette législature. En cinq ans, seul le budget 1989 a été adopté sans recourir à cet article. La procédure n’est pas sans risque. À deux reprises, le gouvernement a failli être renversé par une motion de censure. En 1990, il a manqué cinq voix pour que Michel Rocard soit renversé lorsqu’il a mobilisé l’article 49-3 pour faire adopter la Contribution sociale généralisée (CSG). En 1992, le gouvernement de Pierre Bérégovoy a été confronté à une motion de censure sur la question de réforme de la Politique agricole commune, qui a failli être adoptée à trois voix près.

Gouverner avec une majorité relative

Gouverner avec une majorité relative n’est donc pas impossible. La législature ouverte en 1988 en apporte l’exemple. Elle fut marquée par une certaine stabilité ministérielle et par la mise en œuvre d’importantes réformes (RMI, CSG, éducation…) dans un contexte international en pleine mutation (effondrement du bloc communiste, signature du traité de Maastricht, première guerre du Golfe).

La gestion d’une majorité relative suppose toutefois, de la part de l’exécutif, un art consommé de la négociation parlementaire et un sens du compromis, dont surent faire preuve aussi bien le ministre des Relations avec le Parlement, un poste-clef dans ce contexte (occupé alors par Jean Poperen), que le conseiller parlementaire du Premier ministre, le constitutionnaliste Guy Carcassonne.

Elle conduit forcément à des renoncements et à demi-mesures qui furent assez nettement sanctionnées par les électeurs. Lors des législatives de 1993, le PS perdit sa majorité relative et obtint même le pire résultat de son histoire… jusqu’en 2017 !

Une nécessaire culture du compromis

Ce précédent historique peut éclairer la situation politique présente. Comme son lointain prédécesseur, le Président peut difficilement espérer le ralliement d’un des groupes d’opposition pour constituer une majorité stable. Les partis de gauche sortent renforcés d’un scrutin dans lequel leurs électeurs ont montré leur attachement à une dynamique unitaire, clairement située dans l’opposition : il n’est donc pas dans leur intérêt de rejoindre le pouvoir. Les députés RN, qui sont susceptibles de constituer le premier groupe parlementaire d’opposition à l’Assemblée nationale, se situent dans une opposition frontale à un exécutif qui, depiuis 2017, s’est construit en désignant l’extrême droite comme son adversaire principal. Aucun ralliement n’est donc à attendre de ce côté.

Quant à certains parlementaires LR qui, comme les centristes de 1988, pourraient être tentés de s’allier à une majorité dont ils ne sont séparés par aucun antagonisme fondamental, ils risquent fort de privilégier la logique de reconstruction d’une droite de gouvernement, dans la perspective de l’anti-macronisme. De son côté, le Président n’incarne pas naturellement cette « culture du compromis » nécessaire dans un tel contexte, comme le souligne l’historien Christian Delporte. Et il ne dispose pas des mêmes atouts que ses prédécesseurs. En effet, depuis la réforme constitutionnelle de 2008, le recours à l’article 49-3, critiqué comme le rappelle le chercheur Francesco Natoli, est très strictement limité. Ainsi, écrit Natoli, « hormis les projets de loi de finances ou de financement de la sécurité sociale, ce dispositif ne peut être mis en œuvre que sur un seul texte au cours d’une même session parlementaire ».

Un système démocratique de plus en plus fragile

Emmanuel Macron se trouve toutefois confronté à une situation plus délicate que François Mitterrand. Il doit faire face à des oppositions radicalisées, à gauche (avec la NUPES) comme à droite (avec le RN), qui n’ont aucun intérêt à ce qu’il mette en œuvre son projet. Sa majorité est surtout bien plus relative que celle de son lointain prédécesseur. Il lui manque en effet plus de 50 sièges pour obtenir une majorité absolue dans une Assemblée nationale dont on pourrait penser qu’elle a été élue au scrutin proportionnel, tant elle reproduit la tripolarisation de la vie politique à l’œuvre depuis le premier tour de la présidentielle de 2022. La majorité macroniste se retrouve ainsi dans une position inconfortable – celle d’un centre soumis à la double pression d’une gauche et d’une droite chacune dominée par son aile la plus radicale (LFI et le RN).

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La cohérence politique de cette majorité est aussi plus fragile que celle du PS de la fin des années 1980. Le parti présidentiel, désormais nommé « Renaissance », n’a pas la même implantation territoriale que le PS d’il y a trente ans, aussi bien termes de militants que de cadres et d’élus locaux. Et il doit compter sur des alliés – le MoDem de François Bayrou et Horizons d’Edouard Philippe – beaucoup plus jaloux de leur autonomie et de leur influence que ne l’étaient le Mouvement des radicaux de gauche ou Génération Écologie de Brice Lalonde.

Enfin, cette majorité relative intervient alors même que le système démocratique français est beaucoup plus fragile qu’il y a quarante ans et suscite une réelle défiance auprès d’une partie croissante de la population.

La légitimité des élus et des institutions est affaiblie par la montée de l’abstention (30 % aux législatives de 1988, 52 % à celles de 2022). L’effondrement successif des partis qui avaient structuré la vie politique française dans la seconde moitié du XXe siècle (le communisme, le gaullisme, le socialisme…) a laissé la place à un paysage politique fragmenté et changeant.

La montée de l’extrême droite (14.5 % aux présidentielles de 1988, plus de 30 % si l’on additionne les électeurs de Le Pen et Zemmour en 2022) est également l’un des symptômes de l’essor des populismes et de la crise que connaissent aujourd’hui les partis de gouvernement. Il ne faudrait pas qu’à ces problèmes multiples s’ajoute une crise du parlementarisme et des institutions démocratiques que pourrait engendrer le résultat d’un scrutin qui semble ressusciter le spectre de la IVᵉ République.

Judith, figure biblique de la « veuve noire »

20 lundi Juin 2022

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  1. Christian-Georges SchwentzelProfesseur d’histoire ancienne, Université de Lorraine

Déclaration d’intérêts

Christian-Georges Schwentzel ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.

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Judith décapitant Holopherne. Tableau du Caravage, vers 1598-1602. Galleria Nazionale d’Arte Antica, Rome. Détail. Wikipédia

Le livre de Judith fait partie des écrits deutérocanoniques admis dans le canon biblique par les Églises catholique et orthodoxe. Il s’agit d’un récit édifiant qui doit montrer au lecteur comment il est possible, en des circonstances dramatiques, de rester fidèle à Dieu.

Malgré les divergences entre les commentateurs de cette œuvre, on s’accorde généralement à reconnaître qu’elle a été écrite entre 160 et 60 av. J.-C., c’est-à-dire à l’époque des Hasmonéens, dynastie de souverains juifs qui régna sur la Judée, entre la fin de la domination séleucide et la conquête romaine.

Judith, par Jean-Joseph Benjamin Constant, vers 1886. National Gallery of Art, Washington.

Le livre se réfère, de manière allusive, à la guerre de libération menée contre le roi séleucide Antiochos IV Épiphane par Judas Maccabée, héros fondateur de la dynastie hasmonéenne.

L’auteur a dissimulé son dessein édifiant sous le voile du passé : il situe l’action au temps de Nabuchodonosor, souverain babylonien du VIe siècle av. J.-C. Mais, toute ressemblance avec des personnages et des faits du IIe siècle av. J.-C. n’est nullement fortuite.

Deux époques superposées

L’auteur superpose deux époques, suivant un procédé qui sera encore exploité, bien plus tard, par Sergueï Eisenstein dans Alexandre Nevski (1938). Le film, bien que se situant au Moyen Âge, n’en fait pas moins implicitement référence au contexte contemporain de sa réalisation : la menace de l’expansionnisme nazi. Dans un but propagandiste, le passé est mis au service du présent.

Judith et Holopherne. Tableau de Franz von Stuck, 1927. Gemäldegalerie, Schwerin. Wikimedia

Le roi Nabuchodonosor, ennemi des Juifs, n’est autre que la transposition littéraire d’Antiochos IV Épiphane. Le livre de Judith évoque aussi le principal haut fait de Judas Maccabée : la purification du Temple de Jérusalem et de son autel, après leur profanation par le roi séleucide qui avait consacré le sanctuaire des Juifs à Zeus Olympien.

« Depuis peu tout le peuple de Judée avait été rassemblé et les ustensiles, l’autel et la maison de Dieu avaient été consacrés après leur profanation (Judith 4, 3) ».

Il s’agit d’une référence au 25 kislew (mois du calendrier hébraïque) 165 ou 164 av. J.-C. et à l’instauration de la fête de Hanoucca qui fut ensuite célébrée chaque année.

Conquérir « toute la terre d’Occident »

Le livre de Judith s’ouvre sur une évocation de Nabuchodonosor. L’orgueilleux roi, avide de guerres et de pillages, lance le général en chef de son armée, Holopherne, à la conquête de « toute la terre d’Occident » (Judith 2, 6), c’est-à-dire du Proche-Orient méditerranéen. Les Juifs, effrayés par la menace qui pèse sur eux, n’en décident pas moins de résister à l’envahisseur.

Holopherne, qui souhaite en savoir davantage sur l’identité de ces Juifs qui osent lui tenir tête, interroge à ce sujet un officier ammonite nommé Akhior, commandant de troupes auxiliaires recrutées en Transjordanie.

Akhior déconseille formellement à Holopherne de s’attaquer aux Juifs « de peur que leur Seigneur et Dieu ne les protège » (Judith 5, 21). Mais le général méprise cet avertissement : selon lui, Nabuchodonosor est un dieu bien plus puissant que le dieu d’Israël (Judith 6, 2).

Pour punir Akhior de l’insolence de ses propos, Holopherne ordonne à ses hommes de ligoter l’officier et d’aller l’abandonner au pied de la colline où s’élève la ville de Béthulie. Une localité juive, inconnue par ailleurs, sans doute inventée par l’auteur.


À lire aussi : Le Messie était-il un leader nationaliste ?


Akhior est recueilli et bien traité par les habitants, tandis qu’Holopherne commence le siège de la ville. Bientôt la population n’a plus de quoi se nourrir et envisage de se rendre à l’ennemi.

Et Dieu créa Judith

C’est alors qu’intervient une belle veuve nommée Judith. Pourquoi une veuve ? L’auteur veut souligner le fait qu’elle échappe à toute tutelle masculine dans un cadre matrimonial. C’est une femme libérée de la domination des hommes, mais non de Dieu. Judith possède aussi une expérience qui va lui permettre de mener à bien sa mission. De plus, comme les filles juives étaient alors mariées dès l’adolescence, il n’est pas difficile pour le lecteur d’imaginer une jeune et pimpante veuve.

Judith prend la parole : elle prédit aux habitants de Béthulie leur prochain salut, car, dit-elle, « le Seigneur visitera Israël par mon entremise (Judith 8, 33) ». Après une prière, accompagnée de sa servante, la veuve quitte Béthulie pour se rendre dans le camp ennemi. Elle est vêtue comme pour un jour de fête. Elle s’est enduit le corps d’un baume parfumé, a entouré sa chevelure d’un bandeau, a chaussé des sandales, mis « ses colliers, ses bracelets, ses bagues, ses boucles d’oreilles et toutes ses parures » (Judith 10, 4).

Parfum, coiffure et bijoux contribuent à façonner une figure prête à séduire, de la tête aux pieds, « les yeux des hommes qui la verraient ».

Judith et Holopherne. Tableau de Lucas Cranach l’Ancien, vers 1530. Jagdschloss Grunewald. Wikimedia

L’appât féminin

Quand elle se présente à l’entrée du camp ennemi dans cet irrésistible accoutrement, la jeune femme attire aussitôt tous les regards. Subjugué par l’appât, Holopherne l’invite à entrer dans sa tente, comme un cheval de Troie féminin. Assurée de son succès, la sublime veuve se permet une touche d’ironie : « Dieu m’a envoyée réaliser avec toi des affaires dont toute la terre sera stupéfaite », lance-t-elle à sa proie (Judith 11, 16).

Après un banquet bien arrosé, Holopherne, ivre, s’assoupit. L’assistance se retire, laissant le chef seul avec Judith. La belle soulève la lourde épée que le général a déposée près de son lit. Elle saisit Holopherne par les cheveux et, frappant de toutes ses forces, lui tranche le cou. Puis elle sort de la tente et confie la tête à sa suivante qui la met dans son sac.

Toutes deux s’en retournent alors à Béthulie avec leur trophée. Ravis de cet exploit, les assiégés accrochent la tête d’Holopherne à la muraille de la ville. Lorsqu’ils découvrent l’assassinat de leur chef, les ennemis, frappés de stupeur, se hâtent d’abandonner leur camp.

Judith. Tableau de Gustav Klimt, 1901. Musée du Belvédère, Vienne. Détail. Wikimedia

La belle tueuse

Bien après l’Antiquité, le livre de Judith fascina nombre de lecteurs et d’artistes. Son attrait repose notamment sur le renversement de situation qu’il opère entre le dominant et le prétendu faible, qui sort finalement vainqueur de la confrontation.

Ce schéma asymétrique est comparable au duel entre le jeune David et le géant Goliath, thème biblique qui connut un engouement similaire.

La figure de Judith rencontra aussi un grand succès en raison des deux thèmes, en apparence contradictoires, qui fusionnent en elle : la séduction et la mort. Elle incarne la femme dangereuse, mais dans un sens positif, car elle agit pour la bonne cause. C’est une sorte de Salomé inversée.


À lire aussi : Salomé : itinéraire d’une jeune fille impudique


À partir du XVe siècle, la veuve de Béthulie devint un sujet d’inspiration pour nombre de peintres, comme le Caravage (vers 1598-1602) qui la représente en train de décapiter sa proie.

Sandro Botticelli préfère montrer les conséquences de l’acte : l’effroi des officiers d’Holopherne découvrant le corps amputé de leur maître, ou encore Judith rentrant à Béthulie, suivie de sa servante qui porte la tête d’Holopherne sur sa propre tête, comme une femme revenant du marché.

On ne compte pas les nombreuses Judith posant en compagnie de leur macabre trophée, de Lucas Cranach l’Ancien (vers 1530) à Gustav Klimt (1901). Quant à Franz von Stuck (1927), il choisit d’illustrer l’instant fatidique où la lame tranchante va s’abattre sur le cou du chef ennemi.

Le retour de Judith à Béthulie. Tableau de Sandro Botticelli, vers 1470. Galerie des Offices, Florence. Wikimedia

L’odalisque armée

À la fin du XIXe siècle, Benjamin Constant, suivant la mode orientaliste du moment, imagine une odalisque aux longs cheveux noirs, sertie de bijoux, et armée d’un puissant cimeterre.

Le livre de Judith inspira aussi Flaubert. Comme l’héroïne de Béthulie, Salammbô pénètre dans la tente de l’ennemi, dans le chapitre 11.

« Au chevet du lit, un poignard s’étalait sur une table de cyprès ; la vue de cette lame luisante l’enflamma d’une envie sanguinaire ».

La Carthaginoise songe un instant à tuer Mâtho endormi, avant de se raviser.


À lire aussi : Les jeux érotiques de Salammbô et de son python fétiche


Dans l’imaginaire occidental de l’époque, toutes ces figures de femmes fatales, de Judith à Salammbô, en passant par Salomé, se rejoignent et se confondent en un même rêve d’Orient érotique et cruel.

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