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Archives Journalières: 22/06/2022

« France périphérique », abstention et vote RN : une analyse géographique pour dépasser les idées reçues

22 mercredi Juin 2022

Posted by mirmandepatrimoines in Uncategorized

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  1. François LuciardiDoctorant, Université Libre de Bruxelles (ULB)

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François Luciardi ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.

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Zone commerciale La Croix-Blanche à Sainte-Geneviève-des-Bois en France. Lionel Alorge, CC BY-NC-ND

En France, les commentaires qui ont ponctué la décennie 2010 sur la montée du vote pour le Front national (désormais Rassemblement national) et de l’abstention s’inscrivent dans une perspective plus large de crise des grandes démocraties occidentales.

Dans le cadre de cette crise, le vote populiste (a fortiori de droite) et l’abstention iraient de pair. Récemment, le géographe français Christophe Guilluy, en introduisant le concept controversé de « France périphérique », a tenté de fournir une clef de lecture géographique à ces maux. La mondialisation, en favorisant en Occident une économie des services dans laquelle les « villes-mondes » ont la part belle, a conduit à fracturer chaque territoire national. Deux espaces se feraient désormais face. Dans chaque pays, aux grandes métropoles s’opposerait le reste du territoire. C’est cette périphérie qui serait le terreau de l’abstention et du vote nationaliste émanant de ceux qui ont fait sécession avec le système.

Les géographies de l’abstention et du vote Front national (devenu Rassemblement national en 2018) recoupent-elles toutes deux le concept de France périphérique ? Une analyse (publication à venir) de la dernière élection présidentielle permet de nuancer cette idée au moment où la force politique lepéniste confirme sa dynamique au parlement.

La France périphérique selon Guilluy

Pour vérifier la pertinence de l’approche de Guilluy pour l’analyse de l’abstention et du vote FN, nous avons pris la définition de la France périphérique donnée en 2015 dans son livre éponyme.

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Celle-ci s’appuie sur une base communale. La France métropolitaine correspond aux communes des vingt-cinq plus grandes métropoles françaises en s’appuyant sur le zonage en aires urbaines 2010 de l’Insee. La France périphérique correspond au reste du pays auquel s’adjoignent les communes périurbaines les plus fragiles des vingt-cinq grandes métropoles françaises : Paris, Lyon, Marseille – Aix-en-Provence, Toulouse, Lille (partie française), Bordeaux, Nice, Nantes, Strasbourg (partie française), Grenoble, Rennes, Rouen, Toulon, Douai – Lens, Montpellier, Avignon, Saint-Étienne, Tours, Clermont-Ferrand, Nancy, Orléans, Caen, Angers, Metz et Dijon.

L’ajout de ces communes périurbaines a pour but de distinguer le périurbain pauvre du périurbain aisé des grandes villes et est réalisé en calculant pour chaque commune périurbaine un indice quantifiant le niveau de fragilité sociale de la population locale et combinant plusieurs grandeurs socio-économiques comme le taux d’ouvriers et d’employés ou le niveau de vie.

Nous avons ainsi reconstitué la France périphérique et la France métropolitaine de Guilluy en utilisant les données communales socio-économiques de 2017.

Cette dichotomie territoriale est ensuite comparée aux géographies de l’abstention et du vote FN au premier tour de la présidentielle de 2017.

Figure 1 : La France périphérique (en bleue). Géographie de l’abstention VS géographie du vote RN. La visualisation des géographies de l’abstention et du vote RN pour le premier tour de la présidentielle de 2017 suggère que leur recoupement avec la France périphérique n’est pas immédiat. Outil « statistiques locales » de l’Insee, Fourni par l’auteur
Figure 2 : taux d’abstention par commune au 1ᵉʳ tour de l’élection présidentielle de 2017. Ministère de l’Intérieur, Observatoire des votes en France
Figure 3 : taux d’abstention par région au 1ᵉʳ tour de l’élection présidentielle de 2017. Ministère de l’Intérieur, Observatoire des votes en France

La géographie de l’abstention à l’échelle communale montre des dynamiques spatiales diverses. Pour certaines aires métropolitaines (Paris et Lyon), il semble effectivement se dessiner un gradient kilométrique positif : l’abstention semble plus forte autour du centre métropolitain, sans pour autant que cela soit très net.

Figure 4 : taux d’abstention par commune en région parisienne au 1ᵉʳ tour de l’élection présidentielle de 2017. Ministère de l’Intérieur, Observatoire des votes en France

Mais pour la majorité des métropoles (Bordeaux, Toulouse, Lille, Poitiers, Marseille, Clermont-Ferrand), la modalité dominante est celle de centres qui s’abstiennent plus que leurs alentours. Cela fait écho à la configuration « nord-américaine » des métropoles de province, où la fragilité sociale se concentre plutôt dans le centre et les couronnes proches, du fait notamment de la présence de quartiers d’habitat social et de populations immigrées.

Surtout, une géographie régionale apparaît. L’abstention est très forte en Corse, dans le Nord et dans l’Est. Elle l’est moins en Bretagne et dans le Sud-Ouest, même si l’on repère quelques poches abstentionnistes (par exemple, le Médoc également connu pour être une terre frontiste). La géographie régionale de l’abstention (sur la base des grandes régions de 2015) permet de révéler plus clairement ce phénomène en retrouvant le fameux axe Le Havre-Marseille qui sépare la France de l’Est historiquement industrielle, plus dense et territoire d’immigration de la France de l’Ouest historiquement moins dense et plus rurale.


À lire aussi : « Gilets jaunes » : une fracture nord-sud ?


Une analyse de la variance

Nos constats visuels sont précisés par une analyse de la variance (test de Fisher). Cette méthode statistique permet d’estimer le poids de différentes échelles spatiales dans l’abstention. Elle indique aussi quelles échelles sont significatives. Nous la déployons ici pour deux échelles : les régions de 2015 et la France périphérique.

Tableau 1 : contribution à la variation de l’abstention de chaque échelle spatiale significatif au seuil de 5 % selon un test de Fisher. F. Luciardi, Fourni par l’auteur

Les données électorales sont pondérées par la population des communes pour gommer au mieux les différences de taille. Il apparaît ainsi dans nos analyses statistiques que la France périphérique a un poids bien inférieur à celui des régions.

Par ailleurs, sa significativité pourrait tout aussi bien renvoyer à l’abstention forte dans plusieurs centres urbains par rapport à leurs alentours, dichotomie inverse de celle de Guilluy. Enfin, nous constatons qu’une grande partie de l’abstention (résidus), et donc de la participation, reste à éclairer par d’autres échelles, qui pourraient être par exemple la concentration de retraités, au comportement électoral souvent assidu, sur certains littoraux, notamment dans le Sud, ou la haute participation dans les petites communes rurales.

Si le concept de France périphérique n’explique que peu l’abstention, il en est autrement pour le vote FN.

Des espaces régionaux bien identifiés

En visualisant la géographie du vote FN à l’échelle communale, on observe, plus clairement que pour l’abstention, une concurrence entre une géographie régionale et une géographie distinguant les grandes métropoles de leurs alentours.

Nous retrouvons les espaces régionaux qui constituent les traditionnelles zones de force du FN : le Nord et l’Est, où l’industrie a été mise en difficulté, et le littoral méditerranéen.


À lire aussi : Le Rassemblement national par ses électorats


Nous retrouvons également ses zones de faiblesse comme l’ancien Limousin, le Sud-Ouest (excepté une implantation FN dans la vallée de la Garonne) et la Bretagne. En effet, l’ouest de la France a été, à partir des années 1970, une zone d’implantation pour le Parti socialiste (PS), tandis que le Limousin renvoie au passé des « campagnes rouges » où des structures agricoles coopératives favorisaient un communisme rural. La Bretagne et l’extrême Sud-Ouest (le Béarn) font aussi penser à l’implantation historique de la démocratie chrétienne. Les zones de faiblesse du RN témoignent donc de la persistance de cultures politiques régionales qui font que l’échelle régionale continue de compter dans la géographie électorale française.

Une nouvelle géographie frontiste

Mais face à cette géographie régionale, le concept de France périphérique semble aussi avoir de l’intérêt dans la géographie frontiste. On repère assez clairement les aires d’influence des grandes métropoles françaises (Paris, Lyon, Marseille, Bordeaux, Rennes, Nantes…) dont le vote FN est faible et entourées par des territoires plus favorables à ce parti.

Figure 5 : vote RN par commune au 1ᵉʳ tour de la présidentielle 2017 ( % des inscrits). Ministère de l’Intérieur, Observatoire des votes en France

L’analyse de la variance réalisée sur le vote FN montre cette fois-ci que la France périphérique est un facteur significatif dans ce phénomène. Sa contribution n’est pas négligeable bien qu’inférieure à l’échelle régionale. De plus, en répétant ce traitement statistique pour les présidentielles de 2002 et 2012 (2007 est mise de côté du fait de l’affaiblissement du FN dû à Sarkozy) nous constatons que l’échelle de la France périphérique n’a fait que gagner en puissance sur la période 2002-2017.

Tableau 2 : contribution à la variation du vote RN de chaque échelle spatiale pour plusieurs présidentielles, *significatif au seuil de 5 % selon un test de Fisher. F. Luciardi, Fourni par l’auteur

Deux comportements électoraux à distinguer

L’abstention et le vote extrémiste, bien que présentés comme deux symptômes de la crise des démocraties occidentales, sont deux comportements très différents tant politiquement, que socialement et spatialement. C’est le constat qui ressort de l’analyse par le prisme de la France périphérique.

L’abstention est équivoque et procède de multiples mécanismes à la fois spatiaux et sociaux (régions en difficulté, pauvreté dans les centres urbains, déclassement social, défiance vis-à-vis du politique).

À l’inverse, la France périphérique semble compter davantage dans la structuration du vote FN. Une logique centre-périphérie semble ainsi gagner en puissance dans la structuration de ce comportement. Reste à savoir si cette logique s’enracine plutôt dans une opposition centres urbains vs périurbain ou grandes métropoles vs périphéries déclassées (y compris des centres urbains), comme l’invite à réfléchir le récent mouvement des « gilets jaunes ».


L’auteur effectue sa thèse sous la direction de Gilles Van Hamme (Université Libre de Bruxelles, faculté des sciences) et Jean-Michel De Waele (Université Libre de Bruxelles, faculté de philosophie et sciences sociales).

Ce que les dessins d’enfants nous disent de la société de consommation

22 mercredi Juin 2022

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  1. Pascale Ezanprofesseur des universités – comportements de consommation – alimentation – réseaux sociaux, Université Le Havre Normandie

Déclaration d’intérêts

Pascale Ezan ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.

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Trois enfants dessinent sur une grande feuille de papier
Les dessins des enfants nous renseignent sur la manière dont ils perçoivent leur environnement. Shutterstock

 

Dessiner est une des activités préférées des enfants. Du gribouillage aux productions plus abouties, leurs dessins nous renseignent sur leur environnement. Or les enfants sont immergés dans une culture de consommation et les travaux académiques convergent pour souligner que la société de consommation est particulièrement investiguée par eux quand ils dessinent.

Partant de ce constat, les chercheurs qui s’intéressent à ce domaine ont de plus en plus souvent recours à ces supports graphiques pour saisir ce que les enfants apprennent et comprennent de la consommation.

Dessin d’enfant
Dessin d’enfant collecté pour une recherche. Recherche sur le dessin comme langage de l’enfant, Fourni par l’auteur

Compte tenu de leurs capacités cognitives, les enfants traitent prioritairement l’information via des éléments visuels. Ainsi, dans le cadre d’ateliers, les chercheurs qui demandent à des enfants âgés de 7 à 12 ans (stade opératoire concret, selon le psychologue du développement Jean Piaget) de dessiner des produits ou des situations de consommation, font tous les mêmes constats. Les enfants convoquent de nombreux détails, témoignant d’une bonne interprétation et mémorisation des attributs spécifiques qui catégorisent les produits et discriminent les marques : logo, charte graphique, mascotte, packaging…

De même, lorsqu’ils sont présents aux côtés des jeunes participants, les chercheurs relèvent une grande application des enfants à reproduire les couleurs et les formes qui caractérisent les marques.

Contextes de consommation

D’ailleurs, même quand l’enfant n’est pas sollicité par le chercheur sur une consigne spécifique, il n’est pas rare de trouver dans un dessin une ou plusieurs marques. Celles-ci sont alors mobilisées pour renforcer le réalisme de la production, illustrant sans doute l’importance que les enfants leur accordent dans leur quotidien.

Certains des participants ajoutent des slogans, soulignant dès lors, leur compréhension du lien existant entre marques et publicité. La présence des produits, des marques associées à des messages de promotion dans les productions enfantines montre à quel point ces différents éléments constituent des ressources dans la construction de leur culture de la consommation.

Au-delà de leur connaissance des produits et des marques, les enfants savent différencier les contextes dans lesquels ils sont consommés. Ainsi, ils représentent les lieux physiques de consommation mais aussi les environnements sociaux qui en découlent. Ils sont capables de distinguer des produits qui sont consommés au sein du foyer – et dessinent alors les membres de leur famille – d’autres produits qui sont utilisés dans des endroits hors domicile.

D’un statut de repas perçu comme anodin, le goûter est passé à celui de temps fort de la convivialité familiale avec les périodes de confinement. Shutterstock

À lire aussi : Alimentation : le retour en grâce du goûter


Par exemple, dans un repas pris à la cantine figureront diverses tables et chaises pour signifier un repas pris dans un cadre collectif. On trouvera également de nombreux enfants pour rendre compte de la commensalité induite par ces repas pris en commun. Autre exemple, si l’on demande à des enfants de dessiner un goûter sans détailler la consigne, ils produiront des dessins où ils se figureront en train de manger, où ils représenteront leur propre goûter mais ils pourront également dessiner un goûter d’anniversaire où seront mis en scène de nombreux artefacts soulignant le caractère occasionnel et festif de ce repas.

Chaque situation dessinée est alors reliée à des produits types, témoignant de leurs compétences à identifier les « bons » objets et les « bonnes » personnes en fonction des circonstances. L’inventaire des objets associés aux personnages (famille, pairs, éducateurs…) suggère aussi que les enfants perçoivent très tôt les dimensions symboliques et sociales attachées à la consommation.

Monde de transitions

Les enfants vivent dans un monde de transitions et cette prise de conscience se laisse voir dans leurs dessins. Baignés par des normes et des valeurs qui s’efforcent de rendre la consommation plus responsable, plus vertueuse, les enfants s’attachent à les véhiculer dans leurs dessins.

Compte tenu des enjeux liés à une alimentation saine et durable sur leur santé et leur bien-être, les enfants sont souvent sollicités sur ce sujet par chercheurs et spécialistes de la consommation. Les dessins réalisés permettent d’accéder à leur répertoire alimentaire et à leurs préférences individuelles. Ils révèlent également les produits et les marques qui sont associés au bien manger ou sont facteurs pour eux de bien-être.

Dessin d’enfant
Les conseils pour une alimentation saine vus par le jeune participant d’une étude. Recherche sur le dessin comme le langage de l’enfant, Fourni par l’auteur

En outre, les dessins montrent que les enfants connaissent les codes utilisés par les industriels agro-alimentaires pour signifier aux consommateurs qu’un produit est sain : mobilisation des couleurs vertes ou jaunes, reproduction de labels ou du Nutri-score… Leurs dessins interrogent alors sur les bons leviers à activer pour encourager des changements de comportements. Certains enfants donnent d’ailleurs eux-mêmes quelques solutions à adopter dans leurs productions : « donner des bons points, éviter la publicité, fabriquer des bonbons qui n’abîment pas les dents »…

Dans le même esprit, notre étude empirique portant sur la conscience écologique des enfants, réalisée auprès de 42 d’entre eux âgés de 7 à 12 ans (17 filles et 25 garçons) montre que les causes principales du réchauffement climatique qu’ils identifient relèvent toutes de la consommation. Des couleurs noires et grises sont utilisées pour mettre en scène des fumées émanant de voitures ou d’usines. Ce qui tend à suggérer qu’ils ont intériorisé le fait que les activités humaines polluent et que cela met en danger la planète, qui est représentée sous forme d’un visage triste parfois couvert de larmes.

Si les enfants présentent des réactions affectives fortes face au réchauffement climatique, leurs dessins retracent peu de solutions pour lutter contre ce phénomène. Sans doute faut-il y voir leur difficulté, tout comme les adultes, à évoluer dans une société de consommation sous tensions.

De la représentation à l’imaginaire

Si les dessins rendent compte de la manière dont les enfants se saisissent de la société de consommation, ils permettent aussi de capturer leurs imaginaires, de cerner leurs aspirations et d’analyser les décalages avec l’existant. Par exemple, dans le cadre d’une recherche sur les enseignes de distribution, 95 enfants ont été invités à représenter « le magasin idéal, le magasin de ses rêves » à partir d’une feuille A4 et de 32 feutres, 18 crayons de couleur et des crayons de papier.


À lire aussi : Sur les écrans, aider les enfants à devenir des consommateurs avertis


Les chercheuses constatent que tous les enfants ont laissé libre cours à leur créativité, s’affranchissant de contraintes rationnelles au profit de considérations ludiques, poétiques, voire féériques. Les magasins ont été dessinés comme des lieux sublimant une expérience d’achat enchantée et dans lesquels ils se sentent bien accueillis et considérés. Ces productions ancrées dans une pensée divergente constituent sans doute des sources d’inspirations pour les managers qui souhaitent innover en tenant compte des attentes de leurs jeunes clients.

Les imaginaires de consommation ont également été convoqués dans le cadre d’une étude portant sur les représentations des enfants autour de l’ingestion d’insectes. Les enfants proposent dans leurs dessins des recettes à base d’insectes et soulignent, de ce point de vue, que leur consommation suscite moins de dégoût que chez les adultes et pourrait donc être envisagée dans un futur proche en activant les bons leviers.

Loin d’être un objet banal suscitant la fierté de parents attendris, les dessins d’enfants sont des productions culturelles et constituent à ce titre des ressources scientifiques pour accéder à leurs pratiques et à leurs représentations en tant que jeunes consommateurs. L’analyse de ces productions enfantines peut nourrir des réflexions, concevoir des actions en phase avec leur point de vue, susceptibles d’accroître leur bien-être dans une société de consommation qui leur fait jouer des rôles centraux en tant que prescripteurs et futurs citoyens mais dont les avis sont finalement peu réclamés et peu suivis.

Cette activité « naturelle » des enfants est aujourd’hui revisitée chez les adultes au travers d’approches par le design qui envisagent la mise en forme (par le dessin ou la maquette) comme un outil de transformation permettant de capturer des imaginaires, innover ou encore construire des futurs souhaitables autour de la consommation. Preuve sans doute qu’un « un bon croquis vaut mieux qu’un long discours ».

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