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Archives Mensuelles: août 2022

Budget pour l’école : une augmentation sans précédent ?

31 mercredi Août 2022

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  1. Claude LelièvreEnseignant-chercheur en histoire de l’éducation, professeur honoraire à Paris-Descartes, Université Paris Cité

Déclaration d’intérêts

Claude Lelièvre ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.

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La question de la revalorisation du métier enseignant et de la hausse des salaires est au cœur des débats de la rentrée 2022. Shutterstock

L’école va-t-elle bénéficier d’une augmentation de moyens sans précédent ? C’est du moins ce qu’a déclaré Gabriel Attal, le ministre du Budget, dans un entretien paru dans le quotidien Les Echos le 8 août, qualifiant d’historique la hausse de « 3,6 milliards d’euros » : « L’engagement du Président de la République de poursuivre la revalorisation sera tenue et aucun enseignant n’entrera dans la carrière avec moins de 2000 euros ».

Effectivement, on trouve dans le texte de cadrage budgétaire arbitré par Matignon et envoyé par Bercy aux différents ministères et au Parlement la mention qu’il sera attribué à l’enseignement scolaire (au primaire et au secondaire) 60,2 milliards d’euros pour 2023 contre 56,6 milliards d’euros pour 2022. Et il est écrit que « le Gouvernement a fait de l’éducation l’une des priorités du nouveau quinquennat. Dans les premier et second degrés, l’ambition de renforcer l’attractivité du métier d’enseignant conduit à un rehaussement de 3,6 milliards d’euros des crédits du ministère de l’Éducation nationale, permettant de poursuivre et d’amplifier la revalorisation des rémunérations des personnels enseignants dès la rentrée 2023 et d’engager l’accompagnement du Pacte pour les enseignants ».

Ce type d’augmentation est rare. Cette hausse de 3,6 milliards d’euros est « nominalement » sans précédent. Elle représente en pourcentage une augmentation de 6,4 %.

Il ne faudrait cependant pas oublier que, pour le budget de 2017, il avait été décidé sous le ministère de Najat Vallaud-Belkacem (durant la présidence de François Hollande) une augmentation du budget destiné à l’enseignement scolaire de 3 milliards d’euros, alors que l’inflation était seulement de 1 % et qu’elle atteint actuellement environ 6 % en rythme annuel.

Puisqu’il a été question d’« une hausse historique », on peut aussi et surtout invoquer le net précédent survenu au début du second septennat de François Mitterrand, durant les années 1990-1992. La part de la dépense intérieure d’éducation dans le PIB est alors passée en trois ans de 6,6 % à 7,6 % (soit une augmentation de plus de 0,3 % chaque année). Actuellement l’estimation du produit intérieur brut est de l’ordre de 2400 milliards d’euros. L’augmentation de 3,6 milliards d’euros ne représente donc que 0,15 % du PIB actuel et pour une seule année. L’engagement sur une année est deux fois moindre ; et comme l’augmentation a été effective sur trois années consécutives et cumulées, elle a été au début du deuxième septennat de François Mitterrand six fois supérieure à ce qui a été annoncé comme une « hausse historique » pour l’année 2023.


À lire aussi : Le boom des profs non titulaires, un tournant pour l’Éducation nationale ?


La comparaison est d’autant plus opportune qu’il y a eu alors un débat assez proche de ce qui est par ailleurs en jeu actuellement dans la façon de répartir les ressources de cette augmentation des moyens financiers mis à disposition.

Revalorisation du métier enseignant

Le ministre actuel de l’Éducation nationale Pap Ndiaye a rappelé sur France Inter le 7 juillet dernier qu’« il faut penser la hausse des rémunérations en deux parties. Une hausse inconditionnelle […] et une partie qui sera liée à de nouvelles missions dans le cadre de l’école du futur, dans le cadre des projets pédagogiques, offrant plus d’autonomie aux établissements ». Durant la campagne de l’élection présidentielle, Emmnanuel Macron avait déjà dûment évoqué cette hausse des rémunérations en deux parties.

En lançant en 1989 le processus de revalorisation des enseignants, le ministre de l’Éducation nationale Lionel Jospin avait pris certes le soin de ne pas employer le terme « mérite », mais nombre d’enseignants – notamment du secondaire – l’ont perçu « entre les lignes », même s’il s’en est défendu : « les indemnités sont destinées à rétribuer les tâches qui sont d’ores et déjà assumées, mais gratuitement, par les enseignants. Réparer des injustices, ce n’est pas inventer le mérite ».


À lire aussi : Salaires des profs : un travail invisible à prendre en compte


Dans le primaire, selon le journaliste du Monde Philippe Bernard, « en annonçant l’instauration de primes et d’un système de carrière hiérarchisé dans les écoles, alors que la profession attendait des augmentations uniformes et substantielles, le ministre a heurté le corps des instituteurs toujours fier de son unité » (Le Monde du 3 février 1989). Les slogans affichés sont significatifs de tout un état d’esprit : « Nous sommes tous méritants ! Salaire unique ! 1500 francs pour tous ! » Une délégation supporte trois mannequins représentant les trois grades que souhaite instaurer le ministre : « Lionel, je t’aime » assure le mieux noté. Le second porte l’étiquette : « Peut mieux faire », tandis que le maître de base sans promotion implore « Lionel, aime-moi ! »

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Des journées d’action (grèves ou manifestations) ont lieu aussi bien dans le primaire que dans le secondaire, et la mobilisation est forte.

Le 8 mars, le Premier ministre Michel Rocard et le ministre de l’Éducation nationale Lionel Jospin participent en duo à une émission commune sur Antenne 2, FR3 et Radio France. Michel Rocard souligne que l’engagement budgétaire de son gouvernement dépasse d’ores et déjà la promesse électorale de François Mitterrand, mais qu’il est aussi impossible de rattraper d’un seul coup un pouvoir d’achat qui se dégrade depuis trente-cinq ans. Lionel Jospin répète que l’attribution sélective d’indemnités « n’obéit pas à une philosophie », et surtout pas à un quelconque « mérite ». Michel Rocard surenchérit : « Je récuse la référence à une évaluation du mérite individuel, lié à une hiérarchie. Il s’agit de trouver des moyens d’évaluation du service rendu par l’institution scolaire à la société tout entière, non pas d’établir une compétition sauvage entre individus. L’évaluation devra se faire suivant des critères négociés avec les syndicats »

Précédents historiques

Finalement, c’est une revalorisation pour l’essentiel sans condition qui a eu lieu. Et elle a été substantielle, « historique » aux dires mêmes des différents protagonistes. Selon Philippe Bernard « pour l’essentiel, Lionel Jospin a maintenu la copie qui avait fait frémir d’espoir le SNI et le SNES (FEN) voici une semaine, en reculant sur la mise en œuvre de certaines indemnités et de l’avancement au mérite (jugés inégalitaires) pour donner un peu à tout le monde : 500 francs en moyenne » (Le Monde du 30 mars 1989).

In fine « l’avancée ‘porteuse d’avenir’ saluée par la secrétaire générale du SNES – Monique Vuaillat – a bel et bien le goût d’une victoire sonnante et trébuchante. On se rappelle que Michel Rocard, voici moins de trois mois, affirmait que la revalorisation se ferait essentiellement par des indemnités et non par des promotions indiciaires pour le ‘stock’ des enseignants et l’on mesure le chemin parcouru depuis lors » (Le Monde du 23 mars 1989)Enseignants : la hausse des salaires de 10 % sera « inconditionnelle » – Amélie de Montchalin, ex-ministre de la Fonction publique, en interview sur Public Sénat en avril 2022.

On l’a vu, le projet actuel est une « revalorisation en deux parties ». Le chef de l’État Emmanuel Macron nouvellement réélu y tient, et cela a été réaffirmé aussi bien par le ministre de l’Éducation nationale Pap Ndiaye que dans la note explicitant l’effort budgétaire annoncé : « dans les premier et second degrés, l’ambition de renforcer l’attractivité du métier d’enseignant conduit à un rehaussement de 3,6 milliards d’euros des crédits du ministère de l’Éducation nationale, permettant de poursuivre et d’amplifier la revalorisation des rémunérations des personnels enseignants dès la rentrée 2023 et d’engager l’accompagnement du Pacte pour les enseignants ».

Au regard des comparaisons historiques effectuées, on se demande comment il serait possible qu’il y ait la « hausse historique » évoquée sans un effort financier plus élevé chaque année, et répété de façon cumulative durant plusieurs années pour permettre une revalorisation au moins à la hauteur de celle du début du second septennat de François Mitterrand, surtout en pleine inflation et avec l’objectif maintenu d’une « revalorisation en deux parties ».

Les zones grises de l’exploitation des ressources sur la Lune, et les pistes pour en sortir

31 mercredi Août 2022

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  1. Michelle L.D. HanlonProfessor of Air and Space Law, University of Mississippi

Déclaration d’intérêts

Michelle L.D. Hanlon ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.

Un astronaute en combinaison spatiale salue le drapeau américain sur la Lune.
Revendiquer un territoire dans l’espace est illégal selon les lois internationales. NASA/Neil Armstrong

 Michelle L.D. Hanlon, University of Mississippi 

Cela fait 50 ans que l’homme n’est pas allé sur la Lune, et même les robots y vont peu. Mais le satellite naturel de la Terre est sur le point d’être envahi.

Au moins six pays et une multitude d’entreprises privées ont annoncé publiquement plus de 250 missions vers la Lune, qui auront lieu au cours de la prochaine décennie. Nombre de ces missions prévoient des bases lunaires permanentes et ambitionnent d’évaluer et de commencer à utiliser les ressources naturelles de la Lune. À court terme, les ressources seraient utilisées pour les missions lunaires, mais à long terme, la Lune et ses ressources seront essentielles aux missions vers les autres trésors du système solaire.

Ces nobles ambitions se heurtent à une question juridique imminente. Sur Terre, la possession et la propriété des ressources naturelles sont fondées sur la souveraineté territoriale. À l’inverse, l’article II du Traité sur l’espace extra-atmosphérique – l’accord vieux de 60 ans qui guide l’activité humaine dans l’espace – interdit aux nations de revendiquer un territoire dans l’espace. Cette limitation inclut la Lune, les planètes et les astéroïdes. Comment peut-on alors gérer les ressources spatiales ?

Je suis avocate, et je me concentre sur l’utilisation pacifique et durable de l’espace pour le bénéfice de toute l’humanité. Je pense que les années 2020 seront reconnues comme la décennie au cours de laquelle l’homme est devenu une véritable « espèce spatiale », qui utilise les ressources de l’espace pour survivre et prospérer dans l’espace et sur Terre. Pour construire cet avenir, la communauté internationale travaille, dans différentes instances, à développer un cadre de gestion des ressources spatiales, en commençant par celles de notre plus proche voisine : la Lune.

Deux images côte à côte des pôles nord et sud de la Lune avec des taches bleues représentant l’eau
L’eau est l’une des ressources les plus précieuses sur la Lune et se trouve principalement dans les cratères du pôle sud (gauche) et du pôle nord (droite). Les zones de glace de surface sont en bleu. NASA

Missions lunaires pour ressources lunaires

Le Programme Artemis mené par les États-Unis est une coalition de partenaires commerciaux et internationaux dont le premier but est de ramener des humains sur la Lune d’ici 2024, avec l’objectif à plus long terme d’établir une base lunaire permanente. La Russie et la Chine ont également annoncé un projet de station de recherche lunaire internationale (ILRS) et ont invité à la collaboration internationale. De multiples missions privées sont également en cours de développement par des entreprises comme iSpace, Astrobotic et une poignée d’autres.

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Ces missions visent à déterminer quelles ressources sont réellement disponibles sur la Lune, où elles se trouvent et s’il sera difficile de les extraire. Actuellement, la plus précieuse de ces ressources est l’eau. L’eau se trouve principalement sous forme de glace dans les cratères ombragés des régions polaires. Elle est nécessaire pour boire et cultiver des aliments. Divisée en hydrogène et en oxygène, elle pourrait également être utilisée comme combustible pour les fusées qui retournent sur Terre ou voyageraient au-delà de la Lune.

Parmi les autres ressources précieuses de la Lune figurent des métaux rares comme le néodyme – utilisé dans les aimants – et l’hélium 3, qui peut être utilisé pour produire de l’énergie.

Les recherches actuelles suggèrent que seules quelques petites zones de la Lune contiennent à la fois de l’eau et des éléments de terres rares. Cette concentration de ressources pourrait poser un problème, car de nombreuses missions prévues se dirigeront probablement vers les mêmes zones de la Lune pour prospecter.

Une empreinte de botte dans la surface poussiéreuse de la Lune
Une couche de fine poussière et d’éclats de roche tranchants recouvre la surface de la Lune, comme le montre cette photo prise par Buzz Aldrin en 1969. NASA/Buzz Aldrin

Tout commence avec une poussière lunaire… exaspérante

Le dernier humain sur la Lune, l’astronaute d’Apollo 17 Eugene Cernan, a qualifié la poussière lunaire de « l’une des limitations les plus exaspérantes de la surface lunaire ». En effet, la Lune est recouverte d’une couche de poussière fine et de petits fragments de roche pointus, appelés régolithe. Comme il n’y a pratiquement pas d’atmosphère sur la Lune, le régolithe est facilement soufflé par le vent généré par les engins spatiaux qui atterrissent ou roulent à la surface.


À lire aussi : Pourra-t-on faire pousser des plantes sur la Lune ? Des indices avec les échantillons ramenés par Apollo


Une partie de la mission Apollo 12 de 1969 consistait à ramener sur Terre des morceaux de Surveyor 3, un vaisseau spatial américain qui s’était posé sur la Lune en 1967 pour étudier sa surface. Le module lunaire Apollo 12 s’est posé à quelque 150 mètres de Surveyor 3, mais après inspection, les ingénieurs ont constaté que des particules soufflées par les gaz d’échappement d’Apollo 12 avaient perforé la surface de Surveyor 3, enfonçant littéralement du régolithe dans l’équipement.

Dans ces conditions, on imagine facilement un atterrisseur ou un rover (un véhicule de surface) d’un pays puisse passer trop près de l’engin spatial d’un autre pays et provoque des dommages importants.

Une personne en combinaison spatiale se tenant à côté d’un engin de sondage sur la surface de la Lune avec un atterrisseur en arrière-plan
La poussière de l’atterrissage d’Apollo 12, vue en arrière-plan sur cette image, a perforé le métal sur le Surveyor 3, à l’avant, à plus de quelques 150 mètres de distance. Alan L. Bean/NASA

Un besoin de règles

Quand les efforts pour retourner sur la Lune ont commencé à s’intensifier dans les années 2000, la NASA était très préoccupée par le potentiel destructeur de la poussière lunaire. À tel point qu’en 2011, elle a émis une série de recommandations à l’intention de toutes les entités spatiales. L’objectif était de protéger Apollo et d’autres objets américains sur la surface lunaire qui ont une valeur historique et scientifique. Les recommandations mettent en œuvre des « zones d’exclusion », définies par la NASA comme des « zones limites dans lesquelles les engins spatiaux en visite ne doivent pas pénétrer ». Ces suggestions ne peuvent pas être mises en œuvre à l’égard d’une entité ou une nation – à moins qu’elle ne soit liée directement à la NASA par contrat.

Le concept même de ces zones viole le sens littéral et l’intention de l’article II du Traité sur l’espace extra-atmosphérique : cet article stipule qu’aucune zone de l’espace n’est sujette à une « appropriation nationale » par « des moyens d’utilisation ou d’occupation ». La création d’une zone d’exclusion autour d’un site d’atterrissage ou d’une exploitation minière pourrait certainement être considérée comme une occupation.

Mais le Traité sur l’espace extra-atmosphérique offre potentiellement une solution.

Actions internationales

En effet, son article IX exige que toutes les activités dans l’espace soient menées « en tenant dûment compte des intérêts correspondants d’autrui ». Suivant cette philosophie, de nombreuses nations travaillent actuellement à l’utilisation collaborative des ressources spatiales.

À ce jour, 21 nations ont accepté les Accords d’Artémis, qui utilisent cette disposition du Traité, relative à la prise en compte des intérêts d’autrui, pour encourager le développement de zones de « notification et de coordination », également appelées « zones de sécurité ». S’il n’est pas négligeable d’avoir 21 signataires, les accords n’incluent pas pour l’instant les grandes nations spatiales que sont la Chine, la Russie et l’Inde.

En juin 2022, le comité des Nations unies sur les utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique a créé le Groupe de travail sur les aspects juridiques des activités liées aux ressources spatiales. Le mandat de ce groupe est d’élaborer des recommandations de principes concernant « l’exploration, l’exploitation et l’utilisation des ressources spatiales ». Bien que le groupe n’ait pas encore abordé les questions de fond, au moins un pays non-signataire des accords d’Artémis, le Luxembourg, a déjà exprimé son intérêt pour la promotion des zones de sécurité.

Ce groupe de travail semble un bon moyen pour obtenir un soutien international unanime à l’idée des zones de sécurité telles que celles décrites dans les accords d’Artémis. For All Moon-kind, une organisation à but non lucratif que j’ai fondée et qui est composée d’experts de l’espace et de vétérans de la NASA, a pour mission de soutenir la création de zones de protection autour des sites d’importance historique dans l’espace, comme première version des zones de sécurité. Bien qu’initialement motivées par cette exaspérante poussière lunaire, les zones de sécurité pourraient constituer un point de départ pour le développement d’un système fonctionnel de gestion des ressources et du territoire dans l’espace. Une telle action permettrait de protéger les sites historiques importants. Elle pourrait également avoir l’avantage de présenter la gestion des ressources comme un outil de conservation, plutôt que d’exploitation.–

La version originale de cet article a été publiée en anglais.

Vignobles de Bourgogne, une marqueterie de terroirs aux climats réputés

31 mercredi Août 2022

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  1. Nicolas CharlesGéologue, PhD, BRGM

Déclaration d’intérêts

Nicolas Charles ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.

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Roche de Solutré (493 m) composée de roches calcaires et marneuses âgées du Jurassique et dominant les vignes de l’appellation Pouilly-Fuissé. Nicolas Charles, Fourni par l’auteur

À l’est de la France, d’Auxerre à Mâcon en passant par Dijon et Beaune, c’est un vignoble exceptionnel et de renommée mondiale qui s’étire de façon discontinu sur près de 250 kilomètres. Le vignoble de Bourgogne produit entre autres des vins rouges et des vins blancs réputés les meilleurs et les plus chers du monde. Il se décline en six régions : Chablis et Grand Auxerrois, Côte et Hautes Côtes de Nuits, Côte et Hautes Côtes de Beaune, Côte chalonnaise et Couchois, Mâconnais, Châtillonnais, et certains auteurs y rattachant le Beaujolais. C’est le royaume du Chardonnay et du Pinot noir, auxquels s’ajoutent les cépages Aligoté, Melon de Bourgogne, Sacy et Sauvignon pour les vins blancs et Gamay, Pinot gris, César et Tressot pour les vins rouges.

Les terroirs bourguignons résultent d’une histoire géologique de plus de 200 millions d’années. Mer tropicale, récifs coralliens, soubresauts et déformation du sous-sol avec la naissance des Alpes, altération, érosion et dépôts de sédiments, changements climatiques au Quaternaire sont autant d’épisodes de l’histoire de la Terre qui ont concouru à la géodiversité et à la forme des reliefs, ainsi qu’à la naissance des terroirs bourguignons.

Calcaire à entroques du Bajocien (-170 millions d’années), substrat calcaire des terres argilo-siliceuses du Grand Cru « Les Bonnes Mares » sur la commune de Chambolle-Musigny, Côte de Nuits. Nicolas Charles

Une histoire de mer, montagnes et rivières

Les terroirs, essentiellement argilo-calcaires, résultent du dépôt de sédiments marins principalement au Jurassique (-200 à -150 millions d’années) au fond d’une mer tropicale chaude et peu profonde. Il s’agit de calcaires renfermant des alternances marneuses (couches plus argileuses) dont certains sont exploités en carrières et donnent de belles pierres ornementales à l’instar du calcaire de Comblanchien.

Carrière de Comblanchien exploitant un calcaire âgé du Bathonien (-167 millions d’années) qui porte une partie du vignoble bourguignon. S. Colin, Fourni par l’auteur

L’histoire continue avec la naissance des Alpes qui vient chambouler l’architecture du sous-sol il y a environ 30 millions d’années. À cette époque nommée Oligocène, la croûte terrestre est soumise à un étirement à l’échelle de toute l’Europe de l’Ouest, qui donnera naissance à plusieurs fossés d’effondrement dont celui de la Bresse bordé par un réseau de failles méridiennes (orientées globalement nord-sud) délimitant les coteaux de la plaine de Saône (côtes de Beaune et de Nuits, Côte chalonnaise, Mâconnais, Beaujolais).

Aussi le sous-sol se déforme, les roches se plissent, parfois rompent le long de failles. Jusqu’au Quaternaire (-2,6 millions d’années à nos jours), le sous-sol se soulève, l’alternance de périodes glaciaires et de réchauffement façonne des reliefs asymétriques nommés cuestas en basse Bourgogne (Chablis, Tonnerre, Auxerre) tandis que le Morvan s’élève à l’est du Massif central.

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Des cours d’eau modèlent des combes (petites vallées) le long des côtes, servant d’exutoires aux formations superficielles (alluvions, colluvions et éboulis) qui se déposent au pied des coteaux et qui concourent aujourd’hui grandement à la qualité et à la diversité des terroirs bourguignons. L’altération est en outre un phénomène géologique qui a son importance pour la formation des terroirs, puisqu’elle conduit à la dissolution des roches calcaires, les transforme en argile et participe à la formation des sols, si importants pour la vigne (drainage et capacité hydrique, minéralité, oligo-éléments, etc.).

Outre la géologie, le climat est un élément naturel essentiel au vignoble bourguignon. À dominante continentale, le climat bourguignon sait aussi être influencé par l’air marin venu de l’ouest ou encore la douceur méditerranéenne venue du sud, ce qui marque la qualité des millésimes.

Des climats bien particuliers

Le climat justement, un mot qui a également une tout autre définition en Bourgogne. Depuis le Moyen-âge, les vignerons ont progressivement et précisément délimité et nommé leurs parcelles de vignes, définissant ainsi des « climats ». Et rien à voir avec le ciel ! C’est une particularité bourguignonne classée au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 2015. Selon la définition de l’Unesco, « chaque climat possède des caractéristiques géologiques, hydrométriques et d’exposition particulières. La production de chaque climat est vinifiée séparément, à partir d’un seul cépage, et le vin ainsi produit prend le nom du climat dont il est issu ».

Plaque en calcaire de Comblanchien marquant la reconnaissance des Climats de Bourgogne au titre du patrimoine mondial de l’Unesco depuis 2015. Nicolas Charles, Fourni par l’auteur

Cette délimitation en climats a également contraint le cadastre, une situation unique où la propriété foncière se cale en partie sur l’organisation du milieu naturel. Le paysage viticole bourguignon exhibe ainsi une véritable marqueterie révélatrice de la diversité naturelle (géologique, pédologique, climatique, topographique, etc.).

Comme tout vignoble, celui de Bourgogne repose, certes sur des éléments naturels déterminants, mais doit aussi sa renommée au savoir-faire des vignerons (principalement des ecclésiastiques jusqu’à la Révolution) qui depuis des générations ont su adapter leur savoir-faire aux terroirs hérités de l’histoire de la Terre. On peut citer l’exemple du vin réputé comme l’un des plus chers du monde (une bouteille de 1945 vendue 482 000 euros en 2018…), La Romanée-Conti en Côte de Nuits à Vosne-Romanée qui s’étend sur 1,8 ha. Les vignes reposent sur un sol brun calcaire fortement argileux et avec du fer, sur une pente douce exposée au levant. Ces sols argilo-calcaires résultent de l’altération de la roche sous-jacente, un calcaire rose dit de Premeaux surmontant des marnes âgées du Jurassique moyen (-168 millions d’années). Des éboulis recouvrent en partie ces roches assurant un bon drainage. C’est à partir du Moyen-âge que des moines clunisiens façonnent et travaillent le terrain accueillant ces rangs de vigne de Pinot noir. Une certaine compétition s’installe d’ailleurs avec les moines cisterciens qui fonderont le Clos-de-Vougeot. De siècle en siècle, les vignerons héritiers de ce domaine adapteront au mieux les ceps de Pinot noir aux spécificités de la parcelle, riche d’une diversité géologique et pédologique.

Il faut rappeler que la délimitation des aires d’appellation ne peut pas s’établir que sur les éléments naturels d’ordre géologique (étude du sous-sol), pédologique (étude des sols), topographique ou encore climatique. Si les géologues demeurent des acteurs importants au sein des commissions d’experts chargées des délimitations, géographes, historiens, agronomes, pédologues, botanistes, œnologues, ou encore vignerons, travaillent ensemble. Ils établissent les relations vins/terroirs sur la base d’explications multifactorielles, souvent complexes mais au plus proche de la réalité du terrain. Les Climats bourguignons servent ainsi d’exemples pour d’autres vignobles qui visent une production de vins dits parcellaires.

Budget pour l’école : une augmentation sans précédent ?

31 mercredi Août 2022

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  1. Claude LelièvreEnseignant-chercheur en histoire de l’éducation, professeur honoraire à Paris-Descartes, Université Paris Cité

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Claude Lelièvre ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.

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La question de la revalorisation du métier enseignant et de la hausse des salaires est au cœur des débats de la rentrée 2022. Shutterstock

L’école va-t-elle bénéficier d’une augmentation de moyens sans précédent ? C’est du moins ce qu’a déclaré Gabriel Attal, le ministre du Budget, dans un entretien paru dans le quotidien Les Echos le 8 août, qualifiant d’historique la hausse de « 3,6 milliards d’euros » : « L’engagement du Président de la République de poursuivre la revalorisation sera tenue et aucun enseignant n’entrera dans la carrière avec moins de 2000 euros ».

Effectivement, on trouve dans le texte de cadrage budgétaire arbitré par Matignon et envoyé par Bercy aux différents ministères et au Parlement la mention qu’il sera attribué à l’enseignement scolaire (au primaire et au secondaire) 60,2 milliards d’euros pour 2023 contre 56,6 milliards d’euros pour 2022. Et il est écrit que « le Gouvernement a fait de l’éducation l’une des priorités du nouveau quinquennat. Dans les premier et second degrés, l’ambition de renforcer l’attractivité du métier d’enseignant conduit à un rehaussement de 3,6 milliards d’euros des crédits du ministère de l’Éducation nationale, permettant de poursuivre et d’amplifier la revalorisation des rémunérations des personnels enseignants dès la rentrée 2023 et d’engager l’accompagnement du Pacte pour les enseignants ».

Ce type d’augmentation est rare. Cette hausse de 3,6 milliards d’euros est « nominalement » sans précédent. Elle représente en pourcentage une augmentation de 6,4 %.

Il ne faudrait cependant pas oublier que, pour le budget de 2017, il avait été décidé sous le ministère de Najat Vallaud-Belkacem (durant la présidence de François Hollande) une augmentation du budget destiné à l’enseignement scolaire de 3 milliards d’euros, alors que l’inflation était seulement de 1 % et qu’elle atteint actuellement environ 6 % en rythme annuel.

Puisqu’il a été question d’« une hausse historique », on peut aussi et surtout invoquer le net précédent survenu au début du second septennat de François Mitterrand, durant les années 1990-1992. La part de la dépense intérieure d’éducation dans le PIB est alors passée en trois ans de 6,6 % à 7,6 % (soit une augmentation de plus de 0,3 % chaque année). Actuellement l’estimation du produit intérieur brut est de l’ordre de 2400 milliards d’euros. L’augmentation de 3,6 milliards d’euros ne représente donc que 0,15 % du PIB actuel et pour une seule année. L’engagement sur une année est deux fois moindre ; et comme l’augmentation a été effective sur trois années consécutives et cumulées, elle a été au début du deuxième septennat de François Mitterrand six fois supérieure à ce qui a été annoncé comme une « hausse historique » pour l’année 2023.


À lire aussi : Le boom des profs non titulaires, un tournant pour l’Éducation nationale ?


La comparaison est d’autant plus opportune qu’il y a eu alors un débat assez proche de ce qui est par ailleurs en jeu actuellement dans la façon de répartir les ressources de cette augmentation des moyens financiers mis à disposition.

Revalorisation du métier enseignant

Le ministre actuel de l’Éducation nationale Pap Ndiaye a rappelé sur France Inter le 7 juillet dernier qu’« il faut penser la hausse des rémunérations en deux parties. Une hausse inconditionnelle […] et une partie qui sera liée à de nouvelles missions dans le cadre de l’école du futur, dans le cadre des projets pédagogiques, offrant plus d’autonomie aux établissements ». Durant la campagne de l’élection présidentielle, Emmnanuel Macron avait déjà dûment évoqué cette hausse des rémunérations en deux parties.

En lançant en 1989 le processus de revalorisation des enseignants, le ministre de l’Éducation nationale Lionel Jospin avait pris certes le soin de ne pas employer le terme « mérite », mais nombre d’enseignants – notamment du secondaire – l’ont perçu « entre les lignes », même s’il s’en est défendu : « les indemnités sont destinées à rétribuer les tâches qui sont d’ores et déjà assumées, mais gratuitement, par les enseignants. Réparer des injustices, ce n’est pas inventer le mérite ».


À lire aussi : Salaires des profs : un travail invisible à prendre en compte


Dans le primaire, selon le journaliste du Monde Philippe Bernard, « en annonçant l’instauration de primes et d’un système de carrière hiérarchisé dans les écoles, alors que la profession attendait des augmentations uniformes et substantielles, le ministre a heurté le corps des instituteurs toujours fier de son unité » (Le Monde du 3 février 1989). Les slogans affichés sont significatifs de tout un état d’esprit : « Nous sommes tous méritants ! Salaire unique ! 1500 francs pour tous ! » Une délégation supporte trois mannequins représentant les trois grades que souhaite instaurer le ministre : « Lionel, je t’aime » assure le mieux noté. Le second porte l’étiquette : « Peut mieux faire », tandis que le maître de base sans promotion implore « Lionel, aime-moi ! »

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Des journées d’action (grèves ou manifestations) ont lieu aussi bien dans le primaire que dans le secondaire, et la mobilisation est forte.

Le 8 mars, le Premier ministre Michel Rocard et le ministre de l’Éducation nationale Lionel Jospin participent en duo à une émission commune sur Antenne 2, FR3 et Radio France. Michel Rocard souligne que l’engagement budgétaire de son gouvernement dépasse d’ores et déjà la promesse électorale de François Mitterrand, mais qu’il est aussi impossible de rattraper d’un seul coup un pouvoir d’achat qui se dégrade depuis trente-cinq ans. Lionel Jospin répète que l’attribution sélective d’indemnités « n’obéit pas à une philosophie », et surtout pas à un quelconque « mérite ». Michel Rocard surenchérit : « Je récuse la référence à une évaluation du mérite individuel, lié à une hiérarchie. Il s’agit de trouver des moyens d’évaluation du service rendu par l’institution scolaire à la société tout entière, non pas d’établir une compétition sauvage entre individus. L’évaluation devra se faire suivant des critères négociés avec les syndicats »

Précédents historiques

Finalement, c’est une revalorisation pour l’essentiel sans condition qui a eu lieu. Et elle a été substantielle, « historique » aux dires mêmes des différents protagonistes. Selon Philippe Bernard « pour l’essentiel, Lionel Jospin a maintenu la copie qui avait fait frémir d’espoir le SNI et le SNES (FEN) voici une semaine, en reculant sur la mise en œuvre de certaines indemnités et de l’avancement au mérite (jugés inégalitaires) pour donner un peu à tout le monde : 500 francs en moyenne » (Le Monde du 30 mars 1989).

In fine « l’avancée ‘porteuse d’avenir’ saluée par la secrétaire générale du SNES – Monique Vuaillat – a bel et bien le goût d’une victoire sonnante et trébuchante. On se rappelle que Michel Rocard, voici moins de trois mois, affirmait que la revalorisation se ferait essentiellement par des indemnités et non par des promotions indiciaires pour le ‘stock’ des enseignants et l’on mesure le chemin parcouru depuis lors » (Le Monde du 23 mars 1989)Enseignants : la hausse des salaires de 10 % sera « inconditionnelle » – Amélie de Montchalin, ex-ministre de la Fonction publique, en interview sur Public Sénat en avril 2022.

On l’a vu, le projet actuel est une « revalorisation en deux parties ». Le chef de l’État Emmanuel Macron nouvellement réélu y tient, et cela a été réaffirmé aussi bien par le ministre de l’Éducation nationale Pap Ndiaye que dans la note explicitant l’effort budgétaire annoncé : « dans les premier et second degrés, l’ambition de renforcer l’attractivité du métier d’enseignant conduit à un rehaussement de 3,6 milliards d’euros des crédits du ministère de l’Éducation nationale, permettant de poursuivre et d’amplifier la revalorisation des rémunérations des personnels enseignants dès la rentrée 2023 et d’engager l’accompagnement du Pacte pour les enseignants ».

Au regard des comparaisons historiques effectuées, on se demande comment il serait possible qu’il y ait la « hausse historique » évoquée sans un effort financier plus élevé chaque année, et répété de façon cumulative durant plusieurs années pour permettre une revalorisation au moins à la hauteur de celle du début du second septennat de François Mitterrand, surtout en pleine inflation et avec l’objectif maintenu d’une « revalorisation en deux parties ».

Dossier : Renvoyer des humains sur la Lune

30 mardi Août 2022

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  1. Benoît TonsonChef de rubrique Science + Technologie, The Conversation France
  2. Elsa CoudercCheffe de rubrique Science + Technologie, The Conversation France

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Lundi 29 août 2022 doit décoller la mission Artemis I, le coup d’envoi du grand programme spatial de la NASA et de ses partenaires, qui vise à renvoyer des humains sur la Lune dans les prochaines années. Découvrez les différentes facettes de ce grand défi au travers de notre dossier spécial.


À l’aube d’un retour sur la Lune avec les missions Artemis

La fusée SLS décolle.
La dernière fusée de la NASA (le Space Launch System) doit être lancée en août avec le vaisseau Orion à son sommet, pour entrer en orbite autour de la Lune. NASA

Le nouveau programme lunaire Artemis vise à installer des humains sur la Lune. Comment vont se dérouler les premières étapes ?

Retour des humains sur la Lune: Artemis, figure de proue d’une compétition globale

Eugene Cernan sur la Lune en combinaison devant le drapeau américain
Eugene Cernan a été le dernier homme sur la Lune. Photo du 13 décembre 1972. NASA

Plusieurs agences spatiales visent à envoyer de nouveau des humains sur la Lune. Coopération et compétition géostratégiques et économiques au programme.

Les zones grises de l’exploitation des ressources sur la Lune, et les pistes pour en sortir

Carte des zones polaires comprenant de l'eau, en bleu.
L’eau est l’une des ressources les plus précieuses sur la Lune, située principalement aux pôles. Mais revendiquer un territoire dans l’espace, et donc s’approprier ses ressources, est illégal selon les lois internationales. NASA

L’ère de l’exploitation des ressources lunaires approche rapidement. Comment le faire durablement – et légalement?

Pourra-t-on faire pousser des plantes sur la Lune ? Des indices avec les échantillons ramenés par Apollo

Image de la Lune d'octobre 2020, légèrement orangée, derrière des buissons.
La Lune est couverte de poussière et bénéficie de peu d’eau, d’oxygène et de lumière pour faire pousser des plantes. Kevin Gill/Flickr, CC BY-SA

Les futurs colons pourront peut-être faire pousser des plantes sur la Lune… mais pas n’importe où.

L’influence de la Lune est-elle réelle ou imaginaire ?

Nuit de pleine lune dans les champs
La Lune a-t-elle une influence sur les cultures ? Luca Huter / Unsplash, CC BY-SA

La Lune nourrit nos imaginaires depuis la nuit des temps. Mais faut-il réellement planter ses tomates à la pleine lune ? Y a-t-il vraiment plus de crimes ces nuits-là ? Faisons le point, scientifiquement.

L’inquiétante rhétorique bestialisante de Vladimir Poutine

29 lundi Août 2022

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  1. Laurent Bègue-ShanklandProfesseur de psychologie sociale, membre de l’Institut universitaire de France (IUF), directeur de la MSH Alpes (CNRS/UGA). Dernier ouvrage : Face aux animaux. Nos émotions, nos préjugés, nos ambivalences. Odile Jacob, 2022, Université Grenoble Alpes (UGA)

Déclaration d’intérêts

Laurent Bègue-Shankland a reçu des financements de l’Institut universitaire de France

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Vladimir Poutine lors de sa conférence de presse annuelle en décembre 2021. Natalia Kolesnikova/AFP

« Tout peuple, et en particulier le peuple russe, est capable de distinguer les vrais patriotes de la racaille et des traîtres, et de recracher ces derniers comme un moucheron qui aurait atterri dans leur bouche. Je suis convaincu que cette purification naturelle et nécessaire de la société ne fera que renforcer notre pays. »

Le discours prononcé le 16 mars dernier par Vladimir Poutine avait une tonalité peu rassurante. On pouvait y déceler un inquiétant écho au discours stalinien des années 1930, dans lequel ceux que le régime avait choisi de persécuter étaient comparés à des reptiles et à des chiens enragés. Dans la récente diatribe de Poutine, l’évocation du moucheron cherche à minimiser avec mépris la menace représentée par l’adversaire en le destituant de toute dignité.

Le discours de Poutine est préoccupant, car l’histoire humaine suggère que le registre bestialisant est la basse continue rhétorique des massacres et des génocides. Dans Race et Histoire, quelques années après la fin de la Seconde Guerre mondiale, Claude Lévi-Strauss rappelait que le passé de l’humanité surabondait de sombres exemples montrant que pour désigner les « autres » de manière à les avilir, tous les « noms d’oiseaux » étaient convoqués : œuf de pou, singe, chien, cochon, rat, parasite, insecte… L’origine même du mot barbare, en français, renvoie d’ailleurs aux gazouillis des oiseaux, opposés à la valeur signifiante du langage humain.

Depuis le monde grec et romain, qui animalisait déjà les catégories asservies, jusqu’aux génocides du XXe siècle qui en ont apporté l’illustration à une échelle terrifiante, ces logiques s’exacerbent durant les périodes de conflits entre groupes. L’historien Éric Baratay le constate :

« Lutte entre païens et chrétiens dans l’Empire romain, entre chrétiens et hérétiques au XIIe siècle, sorciers aux XV-XVIe siècle, etc. À partir de la Renaissance, le procédé prend une dimension nouvelle avec l’imprimerie qui ajoute le livre et la gravure au discours oral. Le XIXe siècle est aussi un moment d’apogée en raison de fortes tensions politiques, nationalistes, sociales, et de l’essor d’instruments médiatiques (journaux, affiches…) inégalés jusqu’alors. »

Déshumaniser un groupe en l’animalisant

Animaliser (ou bestialiser) consiste à répudier l’humanité d’un individu ou d’un groupe en leur assignant des traits associés à des animaux. Le discours raciste fait fréquemment appel à cette rhétorique. C’est ce que montre une série d’études menées par un chercheur de l’Université Northwestern, qui a consisté à demander à des volontaires d’attribuer un « degré d’évolution » (du singe à l’humain) à chaque groupe en positionnant un curseur sur une ligne pour exprimer leurs jugements.

Dans une recherche qui employait cette méthode auprès d’Américains, les participants jugeaient les Coréens du Sud, les Chinois et les immigrés mexicains comme moins « évolués ». Plus les participants déshumanisaient les Arabes, plus ils s’opposaient à leur accueil dans leur pays, ou toléraient qu’ils subissent des injustices professionnelles ou policières flagrantes, voire la torture. Dans une autre étude, des participants américains que l’on informait durant une expérience que leurs compatriotes étaient jugés moins évolués par des Arabes avaient ensuite tendance à exprimer en retour un jugement plus négatif à l’encontre de ces derniers.

L’une des tâches de l’histoire, selon Éric Baratay, serait de montrer dans quelle mesure le recours aux représentations bestialisantes décline lorsque les tensions entre les groupes s’atténuent. En France, cela s’est produit -dans la seconde moitié du XXᵉ siècle, quand le nationalisme et l’antisémitisme ont diminué après avoir atteint leur apogée dans la première moitié.

Mais la déshumanisation ne disparaît pas pour autant, et continue à fluctuer selon les circonstances nationales. Ainsi, après un attentat commis aux États-Unis (une explosion qui a fait trois victimes et 140 blessés en 2013 lors du marathon de Boston), la déshumanisation des Arabes s’y est intensifiée même si les auteurs étaient Tchétchènes. À l’inverse, lorsque des groupes d’origine étrangère sont impliqués dans des interactions constructives, la déshumanisation à leur égard décline.

Dire d’un individu ou d’un groupe qu’il est un animal peut-il également favoriser des comportements préjudiciables ? Cette idée a été formulée par le philosophe Theodore Adorno, théoricien des fondements psychologiques du fascisme et qui, dans Minima Moralia, estimait que

« l’affirmation récurrente que les sauvages, les Noirs, les Japonais ressemblent à des animaux, ou à des singes, contient déjà la clé du pogrom ».

Bestialisation au laboratoire

Une recherche réalisée à l’Université Stanford a mis à l’épreuve cette intuition.

Des participants ont été recrutés pour former des équipes de trois « superviseurs » dont le rôle était d’observer les prises de décision collective. Ceux-ci entendaient les échanges verbaux des membres du groupe étudié se trouvant dans une autre pièce. À la fin de chaque séquence de prise de décision, lorsqu’une erreur était constatée (les erreurs étaient en réalité planifiées à l’avance par les chercheurs, il n’y avait pas d’équipe prenant des décisions, mais des enregistrements qui permettaient de le faire croire), les « superviseurs » devaient administrer un choc électrique d’une intensité croissante à tous les membres du groupe après une mauvaise performance.

Alors qu’ils étaient installés pour l’étude, les « superviseurs » entendaient un échange par interphone entre l’assistant de recherche et un chercheur : l’assistant affirmait soit que les membres de ce groupe semblaient « pleins d’humanité », soit au contraire qu’ils étaient une équipe « d’animaux ». Dans une dernière condition (neutre), aucun jugement n’était exprimé à propos du groupe.

Les résultats ont été conformes à l’hypothèse d’Adorno : au fil des sessions, les participants ayant été désignés comme des « animaux » devenaient les cibles de chocs électriques de plus en plus intenses, et ceux qui étaient décrits favorablement recevaient les chocs les plus faibles possible, les neutres se trouvant au milieu.

Animaliser des personnes s’apparente donc à une altération de leur valeur morale et peut faciliter la perpétration de traitements violents ou irrespectueux qui sont généralement réservés à la sous-catégorie morale que forment encore aujourd’hui les animaux dans la pensée ordinaire. L’existence d’une frontière entre l’humanité et le monde animal se retourne ainsi contre l’humanité elle-même, qui la reporte sur les groupes qu’elle accable.

Comment la culture peut redynamiser les territoires de montagne

29 lundi Août 2022

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auteurs

  1. Véronique Favre-BontéProfesseur des Universités en Sciences de Gestion, Université Savoie Mont Blanc
  2. Benoît RégentMCF Sciences de Gestion, Université Savoie Mont Blanc
  3. Marie Da FonsecaInnovation, Université de Perpignan

Déclaration d’intérêts

Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.

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Oeuvre de la VIAPAC au Col de l’Arche, David RENAUD, Table relief représentant la vallée autour du col de l’arche.

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La culture occupe une place croissante dans les Plans de Développement Economique et Social de l’Unesco et les innovations de produits et de services sont au cœur des réflexions territoriales et nationales.

Depuis plusieurs décennies, un grand nombre de territoires s’appuie sur le développement de la culture comme un outil de développement territorial. C’est le cas de nombreuses villes comme Liverpool en Angleterre, Bilbao en Espagne ou encore Philadelphie et Baltimore aux États-Unis. Ces villes se sont appuyées sur le développement de la culture pour faire face à la désindustrialisation, à une croissance démographique ralentie ou encore à une image défavorable

Oeuvre Horizons Art-Nature, Edition 2015, Massif du Sancy. source, Fourni par l’auteur

La culture apparaît comme levier pertinent de redynamisation et de renforcement de l’attractivité territoriale et touristique. Par exemple, aujourd’hui la région métropolitaine du « Grand Bilbao » abrite la moitié de la population et de l’activité économique du Pays basque, se classant ainsi parmi les régions européennes les plus compétitives, innovantes et productives (PIB par habitant supérieur de 30 % à la moyenne de l’Union européenne).

Ce modèle de développement par la culture pour pallier à un déficit d’attractivité touristique inspire de plus en plus de politiques de développement territorial. En France, dans le massif du Sancy, le développement du festival Horizons Art Nature en est un exemple, tout comme la VIAPAC qui relie les villes de Digne-les-Bains (en France) à Caraglio (en Italie), grâce aux œuvres de douze artistes contemporains. Cependant, le modèle de développement de la culture sur les territoires urbains est difficilement transposable aux territoires ruraux et de montagne dont les spécificités vont imposer des modèles adaptés.

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Les données de notre étude ont été recueillies grâce à des observations sur les deux terrains et des discussions avec les habitants et touristes. Des entretiens ont également été menés au cours de l’été 2018 auprès d’acteurs institutionnels et économiques en charge d’un PCT sur un territoire de montagne. Nous avons ensuite suivi les deux PCT (en 2019 et 20) pour nous assurer d’une certaine stabilité dans le temps des observations faites en 2018 (notamment sur la partie « Retombées sur le territoire »).

La spécificité des territoires de montagne

Les territoires de montagne ont une saisonnalité touristique marquée et sont très peu reconnus comme des destinations culturelles. Or pour être attractifs, les territoires doivent développer une offre culturelle qui valorise le paysage et le patrimoine local, ainsi que l’histoire et les spécificités du territoire, tout en intégrant des activités sportives, de nature, etc. D’autant que dans le cas de la montagne, le tissu culturel local est souvent très riche : fêtes de village à caractère thématique, festivals locaux marqués par des savoir-faire ancestraux, écomusée basé sur des ressources naturelles, etc. Il est crucial de s’appuyer sur cette richesse et de favoriser les partenariats avec les associations et entreprises locales afin d’ancrer le projet culturel sur le territoire.

Oeuvre de la VIAPAC, Village D’Aisone, Italie, Paolo GRASSINO, Incursione, Sculpture en accès libre. source, Fourni par l’auteur

Toutefois, si la culture peut devenir un atout dans le jeu de la mondialisation et permettre au territoire de se différencier durablement, il apparaît essentiel de déterminer d’une part les éléments clés des projets culturels de territoire et d’autre part de construire des outils et méthodes pour accompagner leur gestion.

Valoriser les ressources territoriales

Les spécificités des territoires ruraux de montagne, comme le relief, la pente et le climat difficile deviennent à l’aune du nouveau système des ressources potentielles qui, si elles sont convenablement valorisées, peuvent devenir une source de dynamisme, de richesse et d’inspiration pour la création artistique. À titre d’illustration, pour la VIAPAC, les ressources différenciantes sont les spécificités géologiques du territoire et pour le festival HAN, l’abondance des reliefs volcaniques et les spécificités de la flore et de la faune de ses zones cairns.

Dans le cadre des événements culturels, la valorisation de ces ressources territoriales apparaît comme un élément fédérateur. En effet, les habitants interrogés sont devenus les premiers ambassadeurs du projet car ils voyaient leur territoire mis en lumière. Ils se sont alors rapprochés du projet et leur participation est alors devenue primordiale dans la formation de relais d’informations.

Pour le directeur de l’association Marcovaldo : « l’artiste disait à la population ce qu’il allait faire et ce dont il avait besoin comme informations et comme participation, et la population se mettait en ordre de marche ». Enfin, dans un effet boule de neige, cette valorisation du territoire et cette participation des habitants favorisaient la participation des acteurs privés qui à leur tour souhaitaient investir et développer de nouveaux produits.

Oeuvre de la VIAPAC au Col de l’Arche, David RENAUD, Table relief représentant la vallée autour du col de l’arche. source, Fourni par l’auteur

Dans les deux cas étudiés, on remarque que combiner le projet culturel au sport, à l’industrie, au patrimoine permet d’une part d’attirer des publics qui ne sont pas nécessairement adeptes des activités culturelles et d’autre part de différencier l’offre tout en motivant les populations locales.

Faire participer les populations locales

La seconde clé repose sur la gestion démocratique du projet. Sur les territoires ruraux comme ailleurs, une gouvernance démocratique des PCT favorise leur réussite.

La gestion démocratique du projet implique d’accorder à l’ensemble des parties prenantes le même pouvoir. Autrement dit, adopter des modalités de gouvernance démocratique implique de favoriser la participation des citoyens auxquels on reconnaît la capacité de faire des choix en matière de politique publique et de mobiliser des outils favorisant la participation au débat et à la décision publique.

Cela suppose de créer des instances et d’instaurer des règles de gouvernance pluralistes et participatives qui associent à la prise de décision l’ensemble des acteurs qui sont ou peuvent être affectés par la réalisation du projet. Toutefois, la gestion démocratique est limitée par la volonté des acteurs à s’engager et à participer au projet, ce qui peut faire défaut dans certains cas.

L’appropriation du projet apparaît comme la seule source de légitimation des PCT ruraux. En effet, là où, sur un territoire urbain, un leadership détenu par des experts de la culture apparaît comme légitime, ce n’est pas le cas sur un territoire de montagne. Ainsi l’accès limité à la culture en zone rurale et quelques fois la non-compréhension de l’art conceptuel peuvent provoquer des réticences et réactions négatives chez les habitants des territoires de montagne. La stratégie d’inclusion des populations est donc primordiale. Par exemple, dans la VIAPAC ou HAN, les producteurs agricoles locaux sont invités à venir vendre leur production et à en faire la promotion lors des évènements organisés dans le cadre du projet.

Croiser les activités et mesurer les retombées

Il s’agit également de croiser les activités culturelles avec les autres activités du territoire (agriculture, sport, industrie, tourisme, etc.). Mêler les différents publics peut non seulement permettre de structurer une offre touristique plus complémentaire, mais aussi créer une dynamique pouvant donner naissance à la création d’activités novatrices.

Enfin, la dernière clé -et pas la moindre –, la valorisation des retombées de l’offre constituée dans le cadre du PCT, apparaît comme un élément primordial pour la pérennisation de l’offre. En effet, le manque d’évaluation des impacts réels du projet pour le territoire contribue à renforcer les interrogations des acteurs du territoire sur la légitimité du projet. L’absence d’outils de mesure des impacts complique le renouvellement des financements et représente donc un frein important à la pérennisation de l’offre constituée dans le cadre d’un PCT.

Ces outils d’évaluation sont habituellement peu présents dans les politiques culturelles et surtout rarement mis en place dès le départ du projet. Pour y faire face, il est recommandé d’établir en amont une liste d’indicateurs pour l’évaluation de l’offre. Cette liste doit être coconstruite avec l’ensemble des parties prenantes du territoire (publique, privée et civile).

Les principaux résultats de nos études montrent l’importance d’une gouvernance démocratique et participative du service public avec une vision innovante de la culture associée à un nouveau modèle économique. L’appropriation et la valorisation du territoire par les artistes permettent de développer une culture différenciante et facilitent son appropriation par les populations locales. De même, le croisement des activités du territoire avec les activités culturelles permet de mobiliser de nouveaux réseaux de publics.

Si le rôle de la culture comme facteur d’innovation et d’attractivité d’un territoire est souvent mis en exergue dans les articles scientifiques et les rapports professionnels, les dynamiques à l’œuvre tout au long du développement des projets de territoire, bien que primordiales ne sont pas suffisamment explicitées. Ce sujet mérite plus que jamais toute l’attention des managers territoriaux s’ils souhaitent réinventer leurs territoires de montagne !

Pour en savoir plus, lisez Favre-Bonté, V., Da Fonseca, M., & Régent, B. (2022). Entrepreneurship and Territorial Cultural Projects: Towards a Development of Territorial Effectuation Concept. Revue de l’Entrepreneuriat. Disponible auprès des auteurs.

Le chômage partiel durant la crise sanitaire : quel bilan ?

28 dimanche Août 2022

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auteurs

  1. Anthony TerriauMaître de conférences en économie, Le Mans Université
  2. Arthur PoirierMaître de Conférence en économie, Université Paris 8 – Vincennes Saint-Denis
  3. Julien AlbertiniMaître de conférences en économie, Université Lumière Lyon 2
  4. Xavier FairiseProfesseur d’Economie, Le Mans Université

Déclaration d’intérêts

Julien Albertini a reçu des financements de l’Agence Nationale de la Recherche (ANR).

Anthony Terriau, Arthur Poirier et Xavier Fairise ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.

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Entre mars et mai 2020, l’État a pris en charge l’intégralité de la rémunération des heures chômées, dans la limite de 4,5 le smic. Ludovic Marin/AFP

En 2020, la pandémie de Covid-19 a provoqué une crise économique majeure qui aurait pu entraîner, comme ce fût le cas en 2007-2008 lors de la crise des subprimes, une hausse importante des défaillances d’entreprises et des licenciements en France. Face à ce choc inédit, le gouvernement a décidé de suivre la stratégie adoptée par l’Allemagne durant la «grande récession», en subventionnant massivement le chômage partiel, notamment durant le premier confinement. Au plus fort de la crise, près de la moitié des employés du secteur privé étaient ainsi placés sous chômage partiel.

Le gouvernement a, entre autres, simplifié les procédures de mise en place du chômage partiel pour les entreprises et étendu la durée maximale de recours au chômage partiel. De mars à décembre 2020, l’employeur était tenu de verser au salarié, pour chaque heure chômée, une indemnité représentant 70% du salaire horaire brut.

Entre mars et mai 2020, l’État a pris en charge l’intégralité de la rémunération des heures chômées, dans la limite de 4,5 le smic. L’aide accordée par l’État a ensuite été abaissé à 60% du salaire horaire brut en juin 2020, puis a été réduite progressivement jusqu’à atteindre 36% du salaire horaire brut en janvier 2022.

Effets d’aubaines

Nos simulations (à paraître dans la revue Annals of Economics and Statistics) permettent de montrer que, en l’absence de réponse du gouvernement, les licenciements auraient été bien plus nombreux. Grâce aux mesures exceptionnelles, le taux de chômage est resté relativement stable et finalement contenu sous les 9% durant la crise sanitaire.

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Pour cela, nous avons étudié les effets sur l’emploi pour chacun des trois dispositifs de chômage partiel (avant crise, le STW1, entre mars et mai 2022, le STW2, puis entre juin et la fin de l’année, le STW3) si ceux-ci avaient prévalu sur l’ensemble de la période.

Le graphique ci-dessous montre que si le gouvernement avait été passif en laissant en place le dispositif d’avant-crise, le STW1, le taux de chômage aurait augmenté de près de 5 points de pourcentage à l’impact. Notamment, la durée moyenne de chômage des travailleurs peu qualifiés étant relativement longue, il aurait probablement fallu attendre plusieurs années avant de retrouver le taux de chômage d’avant-crise. Au lieu de cela, nous avons observé une hausse de l’ordre de 1 à 2 points de pourcentage (STW2).

Fourni par l’auteur

Nous remarquons également qu’il y a peu de différences en termes de dynamique du taux de chômage entre STW2 et STW3, ce qui suggère que l’on aurait pu atteindre les mêmes performances en termes de taux de chômage si le gouvernement avait appliqué un dispositif légèrement moins généreux dès le début de la crise sanitaire.

Dans la figure ci-contre, nous confirmons cette intuition. Un dispositif intermédiaire tel que STW3 permet de sauver à court terme 3,5% de l’emploi non qualifié, mais le passage de STW3 à STW2 (un dispositif plus généreux) ne sauve que très peu d’emplois supplémentaires (entre 0,16 et 0,5% de l’emploi non qualifié). Autrement dit, si le gouvernement avait appliqué le dispositif intermédiaire (STW3) dès le début de la crise, on aurait pu sauver presque autant d’emplois mais à un coût moindre.

Fourni par l’auteur

Ceci s’explique par l’existence d’effets d’aubaine : certaines firmes, dans lesquelles l’emploi n’était pas menacé, ont utilisé le chômage partiel pour ajuster leurs heures de travail. Si le chômage partiel est trop généreux (comme c’est le cas avec STW2), ces effets d’aubaine peuvent être importants. En adoptant un dispositif légèrement moins généreux, on peut limiter les effets d’aubaine et cibler les aides uniquement sur les entreprises dans lesquelles l’emploi est menacé. On parvient alors aux mêmes résultats en termes de taux de chômage, avec un coût plus modéré.

Rétention de main-d’œuvre

À court terme, le chômage partiel permet de sauver des emplois mais il peut également engendrer des effets à plus long terme qui restent aujourd’hui difficiles à mesurer.


À lire aussi : À partir de quand pourra-t-on dire que la récession est derrière nous ?


Premièrement, il permet d’éviter que le capital humain des travailleurs ne soit détruit : lorsqu’une personne perd son emploi, une partie du savoir et du savoir-faire accumulé par le travailleur au sein de son entreprise est perdu, ce qui peut induire une perte de productivité pour l’entreprise et une perte d’employabilité pour le travailleur. Le chômage partiel permet, en préservant l’emploi, de sauvegarder une grande partie du capital humain.

Deuxièmement, le chômage partiel permet aux entreprises d’éviter certains coûts de gestion liés aux fluctuations de l’économie et de la main-d’œuvre : en période de récession, la firme n’a pas à subir les coûts liés aux procédures de licenciement, tandis qu’en période d’expansion la firme n’a pas besoin de réaliser des procédures de recrutement chronophages et potentiellement coûteuses.


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Troisièmement, le chômage partiel freine la réallocation des travailleurs au sein de l’économie et engendre un phénomène de rétention de main-d’œuvre : comme le chômage partiel cible majoritairement des emplois peu qualifiés, il maintient en vie des secteurs d’activité peu productifs et potentiellement en déclin, empêchant ainsi certains secteurs en expansion de pourvoir des postes vacants et de se développer. Ce constat semble cohérent avec les difficultés de recrutement actuelles mentionnées par de nombreux chefs d’entreprises.

Il faudra plusieurs années avant de pouvoir mesurer pleinement les effets de long terme du chômage partiel, en termes de préservation du capital humain ou de réallocation des travailleurs. Néanmoins, à court terme, et étant donné les nombreuses incertitudes qui ont entouré la crise sanitaire, nous pouvons déjà établir que la politique menée par le gouvernement a effectivement permis de stabiliser l’emploi.

Les grands défis de l’école française

27 samedi Août 2022

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  1. Eirick PrairatProfesseur de Philosophie de l’éducation, membre de l’Institut universitaire de France (IUF), Université de Lorraine

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Eirick Prairat ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.

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Comment rendre l’école plus juste, plus efficace, plus hospitalière ? C’est toute la communauté éducative qui doit relever ce défi structurel. Shutterstock, Author provided

L’École de la République est fille des Lumières. Ouverte à toutes et tous, elle prend forme à la fin du XVIIIe siècle. Gratuite, laïque et soucieuse de l’égalité des chances, elle se veut un lieu préservé des turbulences de la société, puisque vouée à éclairer et à émanciper les hommes. Au-delà des enjeux d’efficacité et de justice inhérents à sa mission, la voilà néanmoins confrontée à de nouveaux défis qui ouvrent une nouvelle page de son histoire, estime Eirick Prairat dans L’école des Lumières brille toujours, un ouvrage qui paraît en cette fin août 2022 chez ESF Sciences Humaines et dont l’auteur nous propose un aperçu dans le texte ci-dessous.


Notre école a cinq grands défis à relever, cinq combats à mener. Il faut distinguer les défis structurels et les nouveaux défis. Les premiers sont des tâches sans cesse recommencées, sans cesse continuées, car inscrites au cœur même du projet républicain ; comment rendre l’école plus juste, plus efficace, plus hospitalière ? Ces défis sont ceux d’hier, comme d’aujourd’hui et de demain. Les nouveaux défis – l’épreuve de la post-vérité et le défi du vivant – sont apparus il y a deux petites décennies. Plus récents, ils sont aussi plus inquiétants.

L’exigence de justice

L’école française est devenue une des écoles les plus inégalitaires. C’est au collège que la situation se dégrade avec l’apparition de véritables établissements ghettos. Certains établissements en réseau d’éducation prioritaire renforcée accueillent, reflet de la ségrégation résidentielle, jusqu’à 70 % d’élèves issus de milieux défavorisés.

Notre école amplifie ces inégalités sociales initiales, comme l’a montré le Cnesco, en offrant à ces élèves un enseignement de moindre qualité, avec des temps d’apprentissage plus courts, des professeurs moins expérimentés, des équipes pédagogiques moins stables et le recours à des méthodes pédagogiques souvent moins efficaces. Si notre système scolaire peine à offrir une véritable égalité des chances, ce sont les grandes écoles qui portent cette question de l’injustice à son point d’incandescence.

Les travaux de Julien Grenet et de son équipe nous apprennent que, dans les écoles les plus prestigieuses (comme l’ENS-Ulm, Polytechnique, HEC ou encore Sciences Po Paris), le pourcentage d’étudiants issus de catégories sociales très favorisées atteint 90 % des effectifs. Autant dire que ces écoles sont des chasses gardées. Il y a bien injustice car ces inégalités d’accès ne s’expliquent qu’en partie par des écarts de performance.


À lire aussi : Démocratiser les grandes écoles : pourquoi ça coince ?


Si 40 % de cet écart peut être expliqué par des performances scolaires moyennes plus élevées des élèves issus des catégories sociales très favorisées, il reste que plus de la moitié de l’écart renvoie à d’autres facteurs (éloignement géographique, manque d’information, faibles ressources familiales, phénomène d’autocensure), rappelant combien l’exigence de justice reste un enjeu brûlant.

La question de l’efficacité

Nous avons encore en mémoire l’inquiétude de l’historien Antoine Prost écrivant dans le journal Le Monde en février 2013 : « Le niveau scolaire baisse, cette fois-ci c’est vrai ! » On peut évoquer PISA (enquête qui porte sur leurs compétences en lecture, sciences et mathématique), PIRLS (qui évalue la compréhension de l’écrit des élèves de CM1), ou encore TIMSS (qui s’intéresse aux compétences des élèves de CM1 et de quatrième en mathématique et en sciences), toutes ces enquêtes internationales convergent pour souligner la médiocrité voire la faiblesse des résultats de nos élèves.

Parlons mathématiques, l’actualité nous y invite à travers la question de la place de cette discipline au lycée. Avec un score de 485 points lors de la dernière enquête TIMSS, les élèves français de CM1 se situent bien en deçà de la moyenne européenne (527 points) et de la moyenne des pays de l’OCDE (529 points). Le niveau des élèves de quatrième s’effondre avec une baisse de 47 points en deux décennies. Cela signifie, pour dire les choses clairement, que les élèves de quatrième ont le niveau qu’avaient les élèves de 5e en 1995.

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Il faut ajouter à ce constat les 100 000 jeunes qui quittent notre école sans diplôme ni qualification. Même si ces trois dernières décennies, les sorties sans diplôme ont diminué, elles restent encore élevées. Il y a des explications extrascolaires (les conditions de vie, les diplômes des parents, le fait d’appartenir à une famille monoparentale), mais l’école a bien évidemment un rôle de premier plan à jouer. Comment l’aider à retrouver toute son efficacité de ce point de vue, c’est une question majeure aujourd’hui.

Rendre l’école plus hospitalière

Rendre l’école plus hospitalière est le troisième défi structurel. On peut écrire une histoire de l’école à l’aune du principe d’hospitalité. Accueil des enfants de notables puis de ceux des classes populaires au XVIIe avec la généralisation des petites écoles charitables, accueil des filles et de ceux que l’on appellera au XIXe siècle les « arriérés mentaux », accueil enfin des enfants dits « à besoins particuliers ». Mais nous ne saurions réduire l’hospitalité à l’accueil, elle est aussi la place réellement faite à autrui.

L’école doit devenir un lieu de vie aussi bien que d’étude. Les élèves doivent pouvoir prendre part à la mise en œuvre de dispositifs requis par la vie studieuse car habiter un lieu c’est se l’approprier, un élève doit pouvoir dire en son for intérieur : « cette école, c’est la mienne ».


À lire aussi : Ces rituels qui organisent la vie scolaire : une importance à reconsidérer ?


La classe est, on le sait, ce lieu original où l’on s’instruit en se socialisant. L’enfant, devenu élève, y est confronté à une double altérité : celle de ses pairs et celle de la culture. La philosophe Corine Pelluchon parle dans ses travaux de convivance qui, nous dit-elle, dépasse la simple coexistence car elle « traduit non seulement le désir mais aussi le plaisir qu’il y a à vivre ensemble, les uns avec les autres, et pas seulement les uns à côté des autres ». La convivance scolaire – osons l’expression –, qui cultive le désir et le plaisir d’apprendre ensemble, passe assurément par des modes d’apprentissage coopératifs et une ritualité scolaire rénovée.

L’épreuve de la post-vérité

L’ignorance est toujours là mais elle n’est plus toute seule. L’école, dans ses grandes classes, doit faire face au flot des propos ineptes, des délires conspirationnistes et autres divagations. Une nouvelle menace est apparue : la post-vérité. C’est un mal sournois qui se plaît à mimer l’art de raisonner, qui subvertit les compétences cognitives et menace l’école dans sa tâche de transmission.

Ce phénomène résulte de la conjonction de deux éléments : la tendance à surestimer nos compétences dans les domaines que l’on maîtrise le moins, ce que l’on appelle parfois l’effet Dunning-Kruger, et une capacité sans précédent à échanger et à communiquer avec l’arrivée d’internet.


À lire aussi : La parole des professeurs fait-elle encore autorité ?


Le doux rêve d’une société de la connaissance s’est trouvé, dès les débuts, contrarié par le cauchemar d’un monde de la bêtise et de la désinformation. La post-vérité nous invite à réfléchir sur les contenus d’enseignement car, avant d’être juste, l’école doit être une bonne école, c’est-à-dire une institution qui enseigne ce qui mérite d’être enseigné pour émanciper les hommes. Elle nous invite aussi à revisiter l’art d’enseigner. Pas d’enseignement sans un apport sur les règles et protocoles épistémiques qui prévalent dans la discipline que l’on enseigne. Il faut aussi apprendre aux élèves à être attentifs aux processus mentaux qu’ils mettent en œuvre dans le moment même où ils apprennent. Pas d’esprit critique sans travail métacognitif.

Le défi du vivant

S’il y a des réalités que l’on ne plus ignorer, ce sont bien les désastres climatiques et écologiques. Relever ce défi passe par la valorisation de deux enseignements : l’enseignement moral et civique et l’éducation artistique et culturelle. Ironie de l’histoire, quand les parents pauvres de l’école deviennent les ambassadeurs de la révolution culturelle qui s’annonce.

L’enseignement moral et civique s’organise autour de trois finalités : respecter autrui, acquérir les valeurs de la République et construire une culture civique. Il faut ajouter à ce programme ambitieux une quatrième finalité : faire acquérir une conscience écologique. L’heure est à l’écocitoyenneté.

ESF Sciences Humaines

Il faut aussi promouvoir l’éducation artistique qui est sans doute la meilleure école pour nous aider à repenser notre rapport à l’altérité, à tout ce qui est autre que nous et dont nous dépendons pour vivre. Il s’agit de passer d’une conscience polarisée par le désir de connaître et de dominer à une attitude animée par le souci de l’accueil.

L’éducation artistique nous invite à cultiver l’écoute et l’attention car l’homme n’est pas seulement un être qui analyse et fabrique, il est aussi un sujet qui ressent et reçoit. À l’heure où l’on ne jure que par les mots d’appropriation et de compétence, où la connaissance se mesure à sa seule capacité à faire, il faut aussi penser la formation comme acquisition de postures qui modifient notre présence au monde.

Sur l’île de La Réunion, difficile de se passer de sa voiture en dépit de l’urgence climatique

26 vendredi Août 2022

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  1. Karine Dupré Karine Dupré est un·e adhérent·e de The ConversationProfessor in Architecture, Griffith University

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Karine Dupré ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.

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Cilaos, Ile de La Réunion
Ville de Cilaos sur l’île de la Réunion. La particularité géographique et le mode de bâti fait de la voiture un outil quasi indispensable pour un grand nombre de Réunionnais. Miwok/wikimedia , CC BY-NC-ND

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Symbole de liberté, de richesse ou de singularité, la voiture a profondément transformé nos habitudes depuis la seconde moitié du XXᵉ siècle. Il en est de même à la Réunion. Depuis l’arrivée de l’automobile sur l’île après la départementalisation en 1946, et d’autres technologies corollaires, les modes d’habiter traditionnels tels que le vivre ensemble ou le fait de vivre à l’extérieur, le « kartié », ont radicalement changé comme le montrait Eliane Wolf dans sa thèse en 1989.

Tout comme en métropole, l’essor de la voiture se fait principalement après la Seconde Guerre mondiale : on compte alors 1200 voitures sur toute l’île, ce qui augmentera rapidement pour atteindre un parc automobile de 74 000 voitures en 1980 et 248 000 en 2000.


À lire aussi : Martinique : comment les métropolitains sont-ils perçus ?


Si longtemps cette évolution cachait un écart de près de 20 % entre le taux de motorisation des ménages réunionnais et ceux de la métropole, ceci est maintenant pratiquement rattrapé puisqu’on compte désormais 419 véhicules pour 1 000 habitants sur l’île, se rapprochant du chiffre métropolitain (494). Aujourd’hui, que ce soit pour faire le tour de l’île, des pique-niques dans la forêt ou encore aller travailler, toutes ces pratiques nécessitent un véhicule.

Une sectorisation issue du modernisme

Cette omniprésence de la voiture n’est pas nouvelle, mais le résultat d’un processus de sectorisation de nos villes, historiquement amorcé par le mouvement moderne dans les années 1920-30. Le Corbusier, l’un des architectes emblématiques du modernisme, prône alors le zoning dont le principe est de séparer les fonctions, ne mélangeant plus par exemple espaces de travail, de loisir et de logement. Pour lier le tout, il crée des autoroutes et place ainsi la voiture au centre de nos modes de vie modernes.

Depuis, des voix s’élèvent pour modifier cet état de fait. Ainsi l’urbaniste Jan Gehl conseille dans son livre Pour des villes à échelle humaine (2012) de ramener « la ville à l’échelle humaine », c’est-à-dire de maximiser l’expérience des piétons et leurs rythmes (par opposition à celle de la voiture par exemple), permettre des modes de déplacements doux, favoriser les échanges et transformer la ville en espaces de vie.

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Par ailleurs, si à l’origine la voiture répondait au besoin de parcourir des distances plus rapidement et revêtait d’un certain statut social, l’évolution de la société et de la démocratisation de ce moyen de transport ont clairement complexifié nos rapports à l’automobile. « Ma voiture montre mon désir, ma manière d’être moi » comme le dit le philosophe Pierre Ansay dans un rapport d’étude traitant de la voiture, qui expose le paradoxe de la relation avec ce moyen de transport.

À La Réunion, le tout voiture par défaut

Tout comme le concours d’architecture et d’urbanisme Europandom l’avait déjà souligné en 2000, l’île de la Réunion et les autres territoires ultra-marins souffrent encore aujourd’hui d’un urbanisme majoritairement tourné vers la voiture.

La politique tout voiture – prônée plus par défaut que par choix – exclut le développement d’autres modes de transports plus propres tels que le bus, le tram ou les modes plus doux comme le vélo. Elle a aussi participé à l’abandon de transports qui auraient pu être revalorisés, tel le petit train qui parcourrait la route du littoral, certes à petite vitesse et avec une capacité réduite de voyageurs.

La prédominance automobile s’explique par le contexte géographique de l’île avec deux volcans en son centre et des ravines à forte déclivité qui rendent particulièrement chère toute nouvelle infrastructure, mais aussi du fait du contexte tropical où les gens trouvent refuge contre les pluies battantes et le soleil écrasant dans le confort ventilé de leur voiture.

Embouteillage. Karine Dupré, Fourni par l’auteur

Certes, de nombreux projets sont proposés mais ne voient pas le jour. Ainsi le « tram train » connectant le Nord au Sud et qui aurait été le premier tram de l’île, a été définitivement abandonné en 2010 faute de soutien financier de la part de l’État français qui a préféré investir dans une nouvelle route à la place.

À ce jour, les seuls transports collectifs sont les bus, soumis aux aléas des embouteillages et des intempéries (routes inondées ou dangereuses du fait de la chute de pierres). Mais le réseau de bus interurbain est très limité, se résumant souvent à un bus toutes les heures et quelques arrêts éloignés des centres-ville rendant contraignant l’utilisation des transports en commun, ce qui renforce l’attachement à la voiture et participe à entretenir un fort taux de pollution sur l’île.

En effet, le rapport 2015 sur les indicateurs de développement durable à La Réunion souligne que, chaque jour, environ 860 tonnes de CO2 sont rejetés dans l’atmosphère pour les déplacements domicile-travail. Des émissions de gaz à effet de serre qui contribuent un peu plus au dérèglement climatique.

Le palmarès de la route la plus chère du monde

Aujourd’hui, cette politique favorisant la voiture est encore visible avec la construction de nombreuses nouvelles routes comme la route des Tamarins (reliant l’Ouest au Sud) ou la Nouvelle Route du Littoral (NRL) qui est la route la plus chère du monde avec un budget initial qui a depuis largement été dépassé du fait des contraintes techniques et de l’approvisionnement des matériaux de construction qui sont tous importés. Cette nouvelle route est en fait un viaduc qui ceinture la partie nord-ouest de l’île.

Estimé aujourd’hui à plus de 2 milliards d’euros dont près de 42 % financés par l’État français, le chantier de la NRL a souffert d’un manque de compétences et de cyclones réguliers qui ont mis à mal le calendrier initial du chantier, causant aussi des faillites et le délai d’achèvement.

Aujourd’hui, même si 10 km ont été achevés, la pandémie et la difficulté d’approvisionnement des matériaux empêchent encore de terminer les 2,5km restants.

80 km par jour

A la Réunion, nombreux sont ceux qui prennent la voiture pour travailler et parcourent jusqu’à 80 km tous les jours, créant d’énormes embouteillages aux heures de pointe ; les habitants des hauts de l’île devant rejoindre les zones économiques se situant sur le littoral. Ce découpage s’explique par le relief extrêmement accidenté de l’île qui est en fait la partie émergée de deux volcans.

Ce phénomène est aussi accentué par le fait que les Réunionnais entretiennent une vraie culture autour de la voiture, exhibant souvent l’ascension sociale et permettant de se différencier.La Réunion, bénies soient les voitures.

Également visible dans les modes d’habiter réunionnais, le logement et la relation au quartier ont complètement changé. En effet, la voiture occupe désormais une place prépondérante : ce qui était auparavant la varangue, (sorte de veranda), un espace convivial où on accueillait la famille, s’est parfois transformée en garage.

Désormais on accède chez soi généralement par le garage modifiant ainsi la notion d’entrée dans le logement à la Réunion comme le relève le travail de Marie-Lucie Payet, étudiante de master à l’École d’Architecture de la Réunion.

De la lumière au bout du tunnel ?

Cependant de nouveaux projets voient le jour, tel le téléphérique urbain Papang à Saint-Denis, lancé depuis 2015 et inauguré le 15 mars 2022 pouvant accueillir jusqu’à 6 000 utilisateurs par jour.

Dans le chef-lieu de l’île, le téléphérique permet de relier les bas aux hauts en à peine quinze minutes contre 25 voire 40 minutes en bus ou voiture. Le succès est tel qu’un deuxième téléphérique est prévu pour 2023, qui sera aussi connecté au réseau de transport public.

Le nouveau téléphérique Papang
Le nouveau téléphérique Papang. Camille Renard, Fourni par l’auteur

Dans les plus grandes villes, on peut aussi trouver des bornes de vélos urbains électriques et des trottinettes permettant de découvrir ou redécouvrir sa ville sous un autre angle (et avec une autre vitesse). Même si pour le moment les communes ne recensent en général qu’entre 1 et 10 stations pour les recharger, l’essor actuel démontre bien l’intérêt de la population pour ces modes de transport plus doux.

Route de bord de mer sur l’île de la Réunion
Route de bord de mer sur l’île de la Réunion. Karine Dupre, Fourni par l’auteur

D’autres signes positifs existent, tels que l’apparition récente des porte-vélos sur les bus favorisant ainsi l’intermodalité, ainsi que, sur le plan financier, des incitations gouvernementales favorisant le covoiturage notamment suite à la flambée des prix des carburants et des nombreux embouteillages. Cependant, en l’absence d’aides qui concernent directement l’ensemble des transports publics (comme la mise en place de la gratuité ou de plus de bus), les retours ont été généralement négatifs.

Sans réelle amélioration des correspondances de bus urbains et interurbains avec des voies dédiées aux transports collectifs en site propre, il semble difficile d’opérer un changement majeur sur l’île. L’urgence climatique est un défi qu’il faut pourtant relever.


Marie Lucie Payet, étudiante à l’ENSAM Antenne de la Réunion en Master 1 est à l’origine de cette idée d’article et a fortement contribué à cette recherch.

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