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Archives Journalières: 19/08/2022

Martinique : comment les métropolitains sont-ils perçus ?

19 vendredi Août 2022

Posted by mirmandepatrimoines in Uncategorized

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  1. Olivier PulvarMaître de conférences (sciences de l’information et de la communication), Université des Antilles

Déclaration d’intérêts

Olivier Pulvar a reçu des financements de l’Agence Nationale de la Recherche (ANR). https://anr.fr/Projet-ANR-10-SUDS-0003

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Vue depuis la rade de Fort-de-France en Martinique
Fort-de-France, en Martinique, où se mêlent métropolitains et population antillaise. David Stanley/Flickr, CC BY-NC-ND

Un remaniement gouvernemental qui met le ministère des outre-mer sous tutelle du ministère de l’intérieur et un débat à l’Assemblée nationale qui rejette l’amendement sur l’adaptation de la prime pouvoir d’achat aux territoires d’outre-mer auront suffi a ravivé les tensions entre politiques ultramarins et hexagonaux.

Ces tensions sont à mettre en miroir avec d’autres qui existent au sein même des territoires sur lesquels vivent ultramarins et métropolitains. Notre ouvrage récent explore ces identités et interactions complexes à partir d’une enquête de terrain menée de 2010 à 2014 portant sur la population métropolitaine en Martinique, actualisée entre 2016 et 2020.

Pour mieux comprendre les significations de leur présence sur ces territoires français éloignés de l’Hexagone, et dans lesquels ils sont assimilés d’emblée à des migrants par les populations locales, nous avons interrogé les métropolitains en Martinique depuis leur projet migratoire, leur vécu sur place, jusqu’à leurs perspectives de rester ou partir.


À lire aussi : Présidentielle aux Antilles : « Le vote d’extrême droite était lié aux problèmes sociaux »


Nombreuses sont les thématiques liées à cette expérience migratoire et qui mettent en scène des tensions entre métropolitains et population locale. Qu’il s’agisse de la préférence locale pour l’emploi, de la lutte contre la spéculation immobilière, de la défense du patrimoine culturel matériel et immatériel, de l’opposition aux autorités quant à la gestion de la crise sanitaire (Covid-19), ces thèmes construisent des représentations sur les rapports sociaux entre les groupes en présence.

Reprise par les médias locaux, voire initiée par les médias sociaux, la discussion publique sur ces thèmes clivants adopte tantôt le ton de l’humour/dérision, tantôt celui de la revendication sociale, culturelle ou politique.

Au-delà de la perception que les métropolitains ont d’eux-mêmes, comme de la manière dont ils sont perçus par la population locale, il importe de voir quelle place le discours des acteurs tient dans l’espace public local.Revendications en août 2021 en lien avec le scandale du chlordécone et la résistance aux mesures sanitaires dans les Antilles.

Qui sont les métropolitains ?

Les métropolitains sont d’abord ces colons blancs qui viennent s’installer sur une autre terre depuis la métropole coloniale au cours du XVIIe siècle. Devenus planteurs, ils se dissocient d’eux culturellement aujourd’hui, par la créolisation réalisée sur plusieurs générations (Békés).

La fondation de la colonie de la Martinique par les Français en 1635 (Pierre Belain d’Esnambuc). Huile sur toile, entre 1839 et 1845. Collections du château de Versailles, Théodore Gudin (1802-1880)/Wikimedia

Le terme métropolitain qualifie ensuite, ceux qui forment de nouvelles vagues d’arrivée, au travers des postes de fonctionnement de l’État colonial local (gouverneur, administration, armée, personnel soignant, et à partir de 1870, personnel enseignant) jusqu’en 1946 avec la loi 46-451 tendant au classement comme départements français de la Guadeloupe, de la Martinique, de la Réunion et de la Guyane française.

À partir des années 1970-1980, les effets de dispositifs législatifs et fiscaux spécifiques favorisent et diversifient les migrations métropolitaines. Aux fonctionnaires et entrepreneurs privés, encouragés par les avantages financiers (sursalaires, défiscalisations, etc.), se joignent désormais des retraités (vie paisible, climat favorable, etc.), des petits artisans parfois « aventuriers » (bien gagner sa vie, faire de l’argent, etc.) voire des personnes en situation précaire (misère moins visible au soleil).

Quelle que soit la motivation qui sous-tend le désir de migration, les métropolitains se projettent. Même ceux qui font l’objet d’une affectation professionnelle (trois ou quatre ans consécutifs), y ont préalablement passé des vacances, ou ont bénéficié d’amis sur place ayant assuré une transition vers ce passage. Il y a là, quelque chose de l’ordre du protocole et de la filière, alimenté par une sorte d’imaginaire des tropiques français.

Finalement, les métropolitains sont ces Français blancs de l’Hexagone qui se rendent outre-mer pour des raisons professionnelles ou personnelles, et y séjournent sur une période variable. Ils s’inscrivent dans la construction sociohistorique même de ces possessions françaises.Martinique, drôle de France… Mohr Simone, documentaire RTS, 1978. YouTube.

Une « double présence » des Français

Dans l’Hexagone, aucun Français ne se dit métropolitain d’emblée, alors qu’outre-mer, personne n’est surpris par cette dénomination, pas même ceux qui sont pris dans cette catégorisation. La qualification est relevée comme si le rapport à l’ex-métropole coloniale continuait de définir une « double présence » des Français dans ces anciennes colonies. On saisit le biais de cette construction sociale lorsqu’on repère que plusieurs cheminements d’identification s’offrent aux acteurs.

Sur place, les métropolitains sont aisément identifiables (apparence, conduites) par rapport au groupe majoritaire (rites religieux, fêtes familiales, etc.). Ils développent des formes de circulation et d’ancrage en lien avec leurs projets propres certes, mais dans des cadres sociaux formels préétablis qui leur sont familiers.

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Certains pensent leur proximité territoriale dans une distance à la population locale, transposent leurs modes de vie antérieurs à leur venue, édifient des zones d’étanchéité : lieux de résidence, choix d’école, types de loisirs.

D’autres pensent leur inclusion par « localisme », tentent de se rapprocher des univers locaux, respectent des distances sociales propices à leur reconnaissance (participation aux fêtes locales, respect des rythmes sociaux, relations amicales et familiales). Une étude quantitative encore à faire, devrait fournir une représentation affinée des formes et degrés d’intégration de la population métropolitaine sur place.

Trois pêcheurs reviennent d’une sortie en bateau à Sainte-Marie en Martinique
Retour de pêche à Sainte-Marie. Certains métropolitains tentent de se rapprocher par le localisme. Stephane Romany/Wikimedia, CC BY-NC-ND

Les métropolitains n’existent que nommés par un terme qui renvoie à un lieu géographique distinct (France métropolitaine) ; les désigner eux seuls, comme Français lorsque les ultramarins le sont aussi, conduit à soupçonner de séparatisme celui qui désigne.

C’est l’autonomie des acteurs, à travers divers processus d’identification s’offrant à eux, qui permet de saisir à quel moment le métropolitain cesse d’être un « migrant ». C’est elle encore qui autorise tout non-Blanc venu de l’Hexagone à se percevoir et/ou à être perçu comme métropolitain.

Un traitement médiatique à part ?

Saisi par les discours dont il fait l’objet, le métropolitain procède aussi de formats médiatiques. Ses phénotype et accent tonique, stigmates au plan des représentations sociales, mettent en avant les stéréotypes d’un groupe homogène distant de la population locale, et dont les membres apparaissent socialement dominants.

Un continuum du discours sur la migration métropolitaine outre-mer, borné par le temps de la vie quotidienne d’un côté, et le temps des crises sociales de l’autre, fait apparaître une permanence des thèmes en rapport avec cette migration, mais également une similitude de leurs formes de traitement.

Les métropolitains sont fréquemment raillés par les populations locales qui entretiennent une série de préjugés à leur endroit. Ces catégorisations présentent des manières de voir ceux qui viennent de « là-bas » (eux vs. nous) ; elles sont régulièrement revisitées par des artistes reprenant à leur compte des situations récurrentes de ces rapports intergroupes.Laurence Joseph et Laurent Tanguy – Le black. YouTube.

Des inégalités exacerbées

Tous ces stéréotypes renvoient à la différence culturelle autant qu’ils révèlent des inégalités sociales exacerbées. Faisant l’expérience de leur minorité numérique sur place, les métropolitains notent des différences entre la métropole et les outre-mer qu’ils questionnent par le biais de la plainte et du jugement de valeur, ou bien dans le sens de l’adaptation à la vie locale.

D’un autre côté, les métropolitains sont régulièrement présentés dans leur rôle d’acteurs sociaux dominants). Soit, ils sont représentants de l’État sur place, soit ils sont détenteurs d’un pouvoir économique, financier ou culturel.

De ce point de vue, les multiples confrontations entre gendarmes et jeunes rappellent des scènes connues des banlieues sensibles des grandes villes françaises, à ceci près qu’ici, les fauteurs de trouble appartiennent à la majorité ethnique de la population sur le territoire.

D’autres rapports sociaux moins extrêmes mettant en scène personnels enseignants ou soignants, chefs d’entreprise ou responsables de service, se prêtent à la même analyse.

Des frustrations et un déséquilibre visibles

La présence métropolitaine jouissant de conditions favorables alors que tous les indicateurs de pauvreté sont supérieurs à ceux de l’Hexagone n’est pas sans susciter frustrations et dénonciations contre des situations injustes vécues sur place. Ce constat n’est pas moins réel malgré l’évolution notable du spectre des migrants, de la figure de « l’expat » sécurisé à celle de « l’aventurier » mal informé.

Enfin, la distribution spatiale des métropolitains relève d’une inscription territoriale spécifique et visible.

Surreprésentés dans les zones touristiques balnéaires, ils sont bien présents dans d’autres zones d’affaires, par rapport aux secteurs moins dotés en équipements et activités. S’il existe une part personnelle dans le désir migratoire des métropolitains vers les outre-mer, il apparaît difficile d’écarter l’effet de système par l’action de dispositifs politique et institutionnel, législatif et administratif, économique et social, culturel et artistique, soutien d’une migration aux représentations transnationales.

Pour la plupart, et quelle que soit leur orientation idéologique, les métropolitains ne réfléchissent pas à la place qu’ils occupent, au rôle qu’ils jouent collectivement outre-mer.

Le déni de l’histoire coloniale se niche dans les significations qu’ils donnent à l’évidence de leur présence dans ces territoires, ce qui pourrait bien constituer la singularité de cette migration.

Comment le surf fabrique des stéréotypes de genre

19 vendredi Août 2022

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auteur

  1. Ludovic FalaixMaître de conférences, Université Clermont Auvergne (UCA)

Déclaration d’intérêts

Ludovic Falaix ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.

Partenaires

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Dans l’imaginaire du surf, les femmes sont souvent hypersexualisées et correspondent à des normes esthétiques bien précises. Unsplash / Jeremy Bishop, CC BY-SA

Les incendies en Gironde rappellent aux vacanciers de la côte atlantique combien la canicule et la sécheresse marquent un inéluctable dérèglement climatique. Pourtant, la saison bat son plein dans le sud aquitain, berceau du surf européen, avec cette année des eaux aux températures quasi tropicales. L’odeur de menthe des mojitos se confond avec le parfum de la wax et du monoï. Les animations socioculturelles célèbrent la culture surf à travers des expositions, des festivals, des compétitions sportives, des actions de prévention liées aux menaces d’ordre écologique qui affectent l’intégrité environnementale des océans. La musique résonne et les surfeurs professionnels enchaînent, au cœur de décors paradisiaques, les tubes et les aérials sur les écrans de télévision des surf shops ou des établissements de nuit. Les stations balnéaires du littoral sud aquitain ont toutes revêtu leur costume californien.

Mais en marge des stéréotypes socioculturels liés à la mise en tourisme du surf qui constituent le paysage idyllique véhiculé sur les cartes postales et dans la plupart des médias nationaux – qui, chaque été, consacrent un reportage au surf sur la côte atlantique – quelles sont les limites de ce développement touristique articulé autour de la promotion d’une activité sportive ? En d’autres termes, quel est le revers de la médaille d’une discipline sportive désormais inscrite au panthéon des jeux olympiques ?

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Les recherches en sciences sociales sur le surf se multiplient depuis les travaux précurseurs initiés en 1994 par Jean-Pierre Augustin, professeur de géographie à l’Université Bordeaux Montaigne, décédé à Lacanau en juin 2022 et auquel il s’agit ici de rendre un vibrant hommage. Même si elles n’embrassent pas les mêmes cadres paradigmatiques, ces recherches scientifiques mettent en exergue, dans une féconde complémentarité, le fait que la pratique du surf et les cultures sportives qui leur sont associées sont beaucoup plus complexes que la manière dont elles sont scénarisées dans les médias.

Un sport esthétisé à l’extrême

Le surf est une pratique sportive exigeante. Elle requiert une excellente condition physique, patience, abnégation, et une connaissance fine du milieu océanique. Pour parvenir à ses fins, c’est-à-dire accomplir un ride sur la vague, le surfeur doit entrer en syntonisation avec la vague, s’immerger dans le mouvement provoqué par la houle, être placé au bon endroit ; au bon moment. Le surf est une rencontre, une « opportunité opportune » avec la vague. C’est ce que mettent en scène les vidéos consacrées au surf où les surfeurs atteignent une forme d’excellence tant sportive, qu’esthétique.


À lire aussi : Comprendre la formation des vagues, et comment les surfeurs les domptent


Cette esthétisation de la performance sportive suscite la fascination et le désir mimétique chez une grande partie des néo-pratiquants qui s’inscrivent auprès des écoles de surf pour prendre des cours. En revanche, les accomplissements éprouvés lors des leçons sont parfois loin de correspondre aux fantasmes qu’ils nourrissent.

En effet, en période estivale, les nouveaux pratiquants ne pourront s’initier que dans des vagues de bord, dans les mousses, qui atteignent rarement une taille qui va au-delà de leurs épaules. Ils n’ont pas les ressources physiques et la connaissance du milieu océanique nécessaire, et les moniteurs sont les garants de leur intégrité physique et psychologique. Ils seront également confrontés à la cohabitation avec d’autres néophytes, ainsi exposés à la surfréquentation des spots induite par la démocratisation du surf qui se caractérise par une très forte densité d’écoles de surf sur les spots les plus emblématiques comme à la côte des basques à Biarritz ou à la plage du Santocha à Capbreton.

En d’autres termes, rares seront celles et ceux qui parviendront à expérimenter la glisse dans toute son intensité, goûteront les joies de reproduire les performances sportives accomplies par les professionnels dont ils s’abreuvent sur les réseaux sociaux. À défaut de vivre la glisse dans sa déclinaison sportive, ces néophytes, non sans manifester une frustration légitime auprès des moniteurs, se rattrapent, la nuit tombée, dans une tribalisation des interactions sociales établies dans un contexte festif où la culture surf occupe une place hégémonique.

Surfeur apollinien et surfeuse amphitrite

Plus problématique encore, la mise en tourisme et la médiatisation du surf véhiculent des stéréotypes de genre. En effet, la mise en scène de l’excellence sportive est essentiellement réservée à la gent masculine. Elle s’orchestre par le biais des réseaux sociaux ou des spots publicitaires.

Dans ce contexte, le surfeur se doit d’être performant, de répondre aux diktats de la réussite sportive. Il endosse ainsi les attributs de l’héroïsme sportif. L’Ulysse de la glisse doit se montrer courageux, fort, être musclé et développer une aptitude à affronter les éléments naturels. Il s’agit pour ce surfeur de fracasser, de déchirer la vague. Comme dans la plupart des univers sportifs, le monde du surf se fait ainsi l’écho de l’apologie d’une domination masculine où les faibles, les mélancoliques, les romantiques n’ont pas leur place. Dans ce contexte, les pratiques de surf se radicalisent. Les figures réalisées sur la vague se doivent d’illustrer l’animalité masculine alors, qu’originellement, le surf est une cosmogonie c’est-à-dire une consécration de la vague accomplie dans une perspective ontologique. Ainsi, plusieurs styles de pratiques du surf se superposent c’est-à-dire que certains surfeurs, inscrits dans une perspective méditative, privilégient la contemplation océanique, là où d’autres s’emploient à affronter la vague dans une approche compétitive et sportive.


À lire aussi : Le surfeur, l’autre vigie des plages françaises


A ce rythme, les affrontements et les accidents se multiplient sur les spots. Les plus enclins à répondre à cette injonction lancinante à incarner une forme de suprématie sur la nature et sur les autres ne partagent pas la moindre vague, se montrent agressifs, s’évertuent à « scorer » toutes les vagues.

Et si ce que les médias rangent derrière le terme de localisme était l’expression d’un mal être existentiel de surfeurs masculins pris au piège de leur stéréotype de genre, pas encore assurés qu’il existe d’autres espaces d’expression, plus sensibles, plus pacifiques, pour incarner la figure du mâle ?

Quant aux surfeuses, elles sont circonscrites dans un périmètre au sein duquel seul leur capital érotique compte. Au risque de verser dans un registre plus trivial, la plupart des surfeuses sont successivement passées du rôle de muse à celui de fille facile, hypersexualisée. En effet, là encore, la médiatisation du surf féminin met en scène les attributs corporels de celles qui répondent aux canons esthétiques de la beauté non sans convoquer des imaginaires érotiques. Pour toutes celles qui n’entrent pas dans ces standards de beauté, et malgré le fait qu’elles accomplissent des performances sportives remarquables, il est très difficile d’occuper une place sur la scène médiatique ou bien encore d’obtenir un soutien financier de la part des principaux sponsors qui gravitent dans l’économie du surfwear.

Des corps discriminés

Là encore, les observations ethnographiques engagées sur les plages de la côte atlantique mettent en évidence que ce processus d’érotisation de la surfeuse trouve une résonance dans les sociabilités plagiques, c’est-à-dire que, par mimétisme, de manière insidieuse, sont plébiscitées une sensualité et une érotisation des corps dont sont exclus toutes celles et tous ceux dont l’apparence physique pose la question de la légitimité de leur présence sur la plage. Dans ce contexte, les stéréotypes de genre véhiculés dans le monde du surf fondés sur la célébration d’un surfeur apollinien et sur la sexualisation d’une amphitrite contemporaine à la merci du désir masculin introduit des processus discriminatoires au cœur des logiques sociales propres à l’univers de la plage initialement établies sur l’émergence, au dix-neuvième siècle, du désir de rivage, sur la contemplation, la rêverie, le romantisme. Or, ces dispositions sociales initiales des usages de la plage sont situées aux antipodes d’un paradigme érotico-sportif des espaces maritimes qui traduit aujourd’hui l’incapacité de ceux qui se considèrent comme habilités à jouir de l’océan à dépasser l’appropriation nombriliste de leurs territoires de pratique.

Le surf est donc peut-être devenu une discipline sportive à part entière dans la mesure où il dispose d’un pouvoir d’aliénation des masses confrontées à une réelle difficulté quant au fait d’élaborer des logiques d’émancipation vis-à-vis des normes de la bicatégorisation sexuée. Et si le potentiel réenchantement du caractère contre-culturel du surf résidait, et aussi paradoxal que ce choix sémantique puisse le laisser entendre, dans l’émergence d’une glisse plus « terrienne » pour reprendre une expression latourienne, c’est-à-dire davantage située dans la connivence océanique afin que le surf puisse renouer avec sa puissance de transformation de l’être-au-monde ?

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