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Archives Mensuelles: décembre 2022

Pauline : « Pourquoi on divise l’année en 365 jours, le jour en 24 heures, l’heure en 60 minutes… ? »6-0+-0

31 samedi Déc 2022

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  1. Daniel BlochDirecteur de recherche au CNRS, physicien, spécialiste d’optique, lasers et nanotechnologies, Université Sorbonne Paris Nord

Déclaration d’intérêts

Daniel Bloch ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.

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D’où vient cette division du temps ? Tanya Selez/Shutterstock

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C’est l’alternance du jour et de la nuit qui est, pour toute l’humanité, la première des marques du temps : la durée d’une journée est celle d’un « lever » de soleil au « lever » de soleil du jour suivant, même si ce n’est pas tout à fait le Soleil qui se lève au début du jour mais la Terre qui tourne sur elle-même.

La Terre tourne aussi autour du Soleil. Ces deux mouvements ont des durées différentes : il faut environ 365 jours un quart pour accomplir le tour du Soleil.

Une autre complication naturelle explique la diversité des calendriers. Le monde ancien et agricole, plus proche de la nature, observait les phases de la Lune (marquées par Nouvelle Lune, premier quartier, Pleine Lune, dernier quartier) : celles-ci durent sept jours, d’où la division en semaine, commune à une large part de l’humanité ; la durée entre deux phases lunaires est d’environ 29,5 jours, soit un mois lunaire.

Le choix des mois de 30 ou 31 jours, dans une année de 12 mois qui totalise 365 jours, est historique et date de l’Empire romain, mais beaucoup de civilisations fonctionnent avec des mois lunaires de 29 ou 30 jours, et des années qui ont 12 ou 13 mois.« Les jours et les nuits : Mouvement de la terre autour du soleil » (PCCL).

La division de la journée, en 24 heures de 60 minutes, est plus universelle que les calendriers, parce que c’est entièrement un processus humain, il n’est pas soumis à des contraintes complexes de la nature.

Les nombres 24 et 60 ne nous sont familiers que pour compter le temps, puisque nous vivons plutôt dans un monde « décimal », avec dizaines, centaines et milliers. Pourtant, nous achetons les œufs ou les huîtres par douzaine, ou par « demi-douzaine ».

Le système décimal n’est naturel que pour compter sur ses doigts, mais pour diviser, il est souvent utile de pouvoir diviser en 2 ou en 3, voire en 4 ou en 6. Diviser un gâteau en 5 ou en 10 est moins commode qu’en 12, et même qu’en 24. Et diviser en 60 (ou en 20), n’est guère plus compliqué que diviser par 5… D’ailleurs, sur les montres à aiguilles, le cadran est divisé en 12 heures.

Compter 60 minutes en une heure, ou 60 secondes en une minute, demande des instruments techniques de précision tels qu’un chronomètre. En revanche, diviser la journée en heures a été naturel, bien avant l’invention des horloges. Il suffit d’observer le mouvement du Soleil dans le ciel, aux heures où il fait soleil, et la division de la journée est alors aussi simple que la découpe, en 6, 12 ou 24 d’un gâteau.

Sans détailler le fonctionnement d’un cadran solaire, on peut simplement suivre l’ombre d’un bâton (planté verticalement). Midi est le moment où le Soleil est le plus haut dans le ciel au cours de la journée : c’est là que l’ombre est la plus courte, et le Soleil pointe dans une direction fixe, indépendante des saisons, le Sud. C’est seulement aux équinoxes (autour du 20 mars, et du 22 septembre, lorsqu’il y a 12 heures de jour, et 12 heures de nuit) que le Soleil se lève en indiquant strictement la direction de l’est, et se couche en montrant l’ouest.

En été, le Soleil monte plus haut dans le ciel, et il se lève au-delà de l’est (nord-est), en se couchant au-delà de l’ouest (au nord-ouest). Cependant, entre les moments où le Soleil est passé de l’Est géographique à l’ouest, il s’est écoulé la moitié d’une journée, soit 12 heures. Et si autour du bâton dont on observe l’ombre, on trace un cercle et que l’on divise celui-ci en 24, l’heure sera marquée par la direction du Soleil. Ainsi, quand le Soleil est dans la direction de l’est, il est donc toujours six heures du matin, six heures du soir quand il est à l’ouest.


Diane Rottner, CC BY-NC-ND

Si toi aussi tu as une question, demande à tes parents d’envoyer un mail à : tcjunior@theconversation.fr. Nous trouverons un·e scientifique pour te 

Beau parleur comme une IA

31 samedi Déc 2022

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auteurs

  1. Fabian SuchanekProfesseur en informatique, Télécom Paris – Institut Mines-Télécom
  2. Gaël VaroquauxDirecteur de recherche en intelligence artificielle et applications en santé, Inria

Déclaration d’intérêts

Fabian Suchanek est porteur de la chaire NoRDF à Télécom Paris, qui est co-financé par l’ANR, la Gendarmerie nationale, l’Agence innovation défense, Sereneo, Converteo, EDF, BPCE, et Schlumberger.

Gaël Varoquaux a reçu des financements de l’Agence National de la Recherche (chaire LearnI), la BPI France, et l’Union Européenne.

Partenaires

Inria, Télécom Paris et Institut Mines-Télécom fournissent des financements en tant que membres adhérents de The Conversation FR.

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Les intelligences artificielles apprennent à parler grâce aux « modèles de langage ». Les modèles les plus simples permettent la fonction d’autocomplétion sur le smartphone : ils proposent le mot suivant. Mais les prouesses et les progrès des modèles de langage les plus modernes tels que GPT-3, LaMDA, PaLM ou ChatGPT sont époustouflants, avec par exemple des programmes informatiques capables d’écrire dans le style d’un poète donné, de simuler des personnes décédées, d’expliquer des blagues, traduire des langues, et même produire et corriger le code informatique – ce qui aurait été impensable il y a quelques mois à peine. Pour faire cela, les modèles se basent sur des modèles de neurones de plus en plus complexes.

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Quand les intelligences artificielles parlent à tort et à travers

Ceci dit, les modèles sont plus superficiels que ces exemples nous font croire. Nous avons comparé les histoires générées par des modèles de langage à des histoires écrites par des humains et constaté qu’elles étaient moins cohérentes, mais engageantes, et moins surprenantes que les histoires écrites par les humains.

Plus important encore, nous pouvons montrer que les modèles de langage actuels ont des problèmes même avec des tâches de raisonnement simples. Par exemple, lorsque nous demandons :

« L’avocat a rendu visite au médecin ; le médecin a-t-il rendu visite à l’avocat ? »

… les modèles de langage simples ont tendance à dire oui. GPT3 répond même que l’avocat n’a pas rendu visite au médecin. Une raison possible que nous sommes en train d’explorer est que ces modèles de langage encodent les positions des mots de manière symétrique, et donc ils ne font pas la distinction entre « avant le verbe » et « après le verbe », ce qui complique la distinction du sujet et de l’objet dans une phrase.

De plus, les limites théoriques des modèles de langage basés sur les « transformateurs » signifient qu’ils ne peuvent pas distinguer les séquences paires et impaires d’un certain élément, si celles-ci sont intercalées avec un autre élément. En pratique, cela signifie que les modèles ne peuvent pas résoudre une tâche que nous appelons la « tâche pizza » – une simple énigme de la forme :

« La lumière est éteinte. J’appuie sur l’interrupteur d’éclairage. Je mange une pizza. J’appuie sur l’interrupteur d’éclairage. La lumière est-elle allumée ? »

Ici, une séquence paire d’interrupteurs d’éclairage signifie que la lumière est éteinte, mais un modèle BERT n’arrive pas à l’apprendre. Les modèles les plus puissants actuellement (GPT-3 et chatGPT) refusent catégoriquement de conclure que la lumière est éteinte.

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Les modèles de langage d’aujourd’hui ont également des difficultés avec la négation, et réussissent généralement mal les tâches de raisonnement dès que celles-ci sont plus complexes. Par exemple, considérons l’énigme suivante de l’examen national des fonctionnaires de Chine :

« David connaît l’ami de M. Zhang, Jack, et Jack connaît l’amie de David, Mme Lin. Tous ceux qui connaissent Jack ont une maîtrise, et tous ceux qui connaissent Mme Lin sont de Shanghai. Qui est de Shanghai et a une maîtrise ? »

Les modèles actuels ne répondent correctement que dans 45 % des cas et chatGPT refuse de répondre… alors que la meilleure performance humaine est de 96 %.

Le modèle ne sait pas qu’il ne sait pas

Très probablement, le principal inconvénient des modèles de langage actuels est qu’ils sont faits pour faire des analogies, mais pas pour mémoriser exactement un ensemble trop grand. Par exemple, ils ne peuvent pas se souvenir d’une liste d’un million de clients ou d’un ensemble de dix mille protéines. Le modèle, à sa propre discrétion, oubliera certains des articles. Un problème encore plus important est qu’il peut aussi, encore une fois à sa propre discrétion, inventer de nouveaux éléments (un processus appelé à juste titre « hallucination »). Cela est une conséquence fondamentale des techniques d’apprentissage automatique des modèles de langage, optimisées pour interpoler et généraliser, pas pour mémoriser.

Le problème est qu’il est impossible de dire à partir de la sortie d’un modèle de langage si une réponse a été mémorisée ou inventée. Par exemple, quand on demande à GPT-3 où est mort Alan Turing, le modèle répond impassiblement « Warrington », au lieu de la réponse correcte (Wilmslow). ChatGPT répond correctement à cette question, mais si on l’interroge sur des chercheurs moins connus, comme les auteurs de cet article, il invente des faits. Et quand on lui pose des questions plus compliquées, il fournit des réponses élégantes, mais fausses :

« L’addition de deux nombres impairs est-elle impaire ? »

… le modèle répond poliment :

« Oui, lorsque vous ajoutez deux nombres impairs, le résultat est toujours un nombre impair. Cela est dû au fait qu’un nombre impair peut s’exprimer sous la forme 2n+1, où n est un entier. Lorsque vous ajoutez deux nombres sous cette forme, le résultat est (2n+1)+(2m+1) = 2(n+m)+2, qui est également sous la forme 2p+1, où p est un entier. Cela signifie que le résultat est un nombre impair. »

Sur la forme, la réponse est très convaincante, mais fausse.

Avec ces exemples, nous souhaitons montrer qu’il reste à l’heure actuelle imprudent de s’appuyer sur un modèle de langage pour raisonner ou prendre des décisions. Les modèles s’améliorent avec le temps, connaissent plus de choses, et savent de plus en plus s’abstenir de répondre lorsqu’ils n’ont pas l’information. Cependant, en dehors des questions simples, un modèle de langage peut facilement inventer une réponse et avec une explication ou une preuve tout aussi inventée et approximative.

D’autres méthodes excellent à raisonner sur des faits exacts

Tout cela ne veut pas dire que les modèles de langage ne seraient pas des outils étonnants aux capacités époustouflantes. Cela ne veut pas non plus dire que les modèles de langage ne pourront jamais surmonter ces défis, ou que d’autres méthodes de deep learning ne seront pas développées à cette fin. C’est plutôt dire qu’au moment d’écrire ces lignes, en 2022, les modèles de langage ne sont pas l’outil de choix pour raisonner ou pour stocker des données exactes.

Pour ces fonctions, l’outil de prédilection reste actuellement les « représentations symboliques » : les bases de données, les bases de connaissances et la logique. Ces représentations stockent les données non pas de façon implicite, mais comme des ensembles d’entités (telles que des personnes, des produits commerciaux ou des protéines) et des relations entre ces entités (telles que qui a acheté quoi, ce qui contient quoi, etc.). Des règles logiques ou des contraintes sont ensuite utilisées pour raisonner sur ces relations d’une manière prouvée correcte – bien que généralement sans tenir compte des informations probabilistes. Un tel raisonnement a par exemple été utilisé dès 2011 par l’ordinateur Watson, lors du jeu Jeopardy pour répondre à la question suivante :

« Quel est le roi espagnol dont un portrait, peint par Titien, a été volé avec arme d’un musée argentin en 1987 ? »

En effet, la question peut se traduire par des règles de logique applicables sur une base de connaissance, et uniquement le roi Philip II peut correspondre. Les modèles de langages ne savent actuellement répondre à cette question, probablement parce qu’ils n’arrivent pas à mémoriser et manipuler suffisamment de connaissance (liens entre des entités connues).

Un exemple très simple de « graphe de connaissance ». Ces objets permettent de connecter des concepts et des entités. Ils sont beaucoup utilisés par les moteurs de recherche et les réseaux sociaux. Fuzheado/Wikidata, CC BY-SA

Ce n’est sans doute pas un hasard si les mêmes grandes entreprises qui construisent certains des modèles de langage les plus puissants (Google, Facebook, IBM) construisent également certaines des plus grandes bases de connaissances. Ces représentations symboliques sont aujourd’hui souvent construites par l’extraction d’information d’un texte en langage naturel, c’est-à-dire un algorithme essaie de créer une base de connaissances en analysant des articles de presse ou une encyclopédie. Les méthodes qui sont utilisées pour cela sont en l’occurrence les modèles de langage. Dans ce cas, les modèles de langage ne sont pas l’objectif final, mais un moyen de construire les bases de connaissances. Ils sont adaptés pour ça parce qu’ils sont très résistants au bruit, à la fois dans leurs données d’apprentissage et dans leurs entrées. Ils sont donc très bien adaptés pour traiter les entrées ambigues ou bruyantes, omniprésentes dans le langage humain.

Les modèles de langage et les représentations symboliques sont complémentaires : les modèles de langage excellent dans l’analyse et la génération de texte en langage naturel. Les méthodes symboliques sont l’outil de choix lorsqu’il s’agit de stocker des éléments exacts et de raisonner dessus. Une analogie avec le cerveau humain peut être instructive : certaines tâches sont suffisamment faciles pour que le cerveau humain les exécute inconsciemment, intuitivement, en quelques millisecondes (lire des mots simples ou à saisir la somme « 2 + 2 ») ; mais des opérations abstraites nécessitent une réflexion laborieuse, consciente et logique (par exemple mémoriser des numéros de téléphone, résoudre des équations ou déterminer le rapport qualité/prix de deux machines à laver).

Daniel Kahneman a dichotomisé ce spectre en « Système 1 » pour le raisonnement subconscient et en « Système 2 » pour le raisonnement avec effort. Avec la technologie actuelle, il semble que les modèles de langage résolvent les problèmes du « Système 1 ». Les représentations symboliques, en revanche, sont adaptées aux problèmes du « Système 2 ». Au moins pour l’instant, il apparaît donc que les deux approches ont leur raison d’être. Qui plus est, tout un spectre entre les deux reste à explorer. Des chercheurs explorent déjà le couplage entre modèles de langage et bases de données et certains voient l’avenir dans la fusion des modèles neuronaux et symboliques en approches « neurosymboliques ».

Comment nos voitures « gaspillent » les deux tiers de leur carburant

30 vendredi Déc 2022

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  1. Noël BrunetièreDirecteur de recherche, Université de Poitiers

Déclaration d’intérêts

Noël Brunetière ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.

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À la veille des départs en vacances et avec l’envolée des prix des carburants, il est légitime de se poser la question : nos voitures consomment-elles trop ? Même si l’Europe a décidé d’interdire la production de véhicule à moteur thermique à partir de 2035, la majorité des véhicules de tourisme en circulation en France et sur la planète fonctionne avec un moteur thermique, c’est-à-dire avec un moteur utilisant un carburant de type essence ou gas-oil.

Ces moteurs ont pour fonction de transformer l’énergie thermique résultant de la combustion du carburant en énergie mécanique qui servira à mettre en mouvement le véhicule. Environ 40 à 50 % de l’énergie fournie par le carburant est transformée en énergie mécanique, le reste étant dissipé en chaleur. L’énergie mécanique n’est pas entièrement restituée aux roues du véhicule et près de 30 % seraient perdus par frottement.

Au final, l’énergie utilisée pour faire effectivement avancer le véhicule ne représente qu’environ 30 % de l’énergie totale fournie par le carburant. D’où viennent ces pertes ? Peut-on les réduire ? Quel gain peut-on espérer sur la consommation des véhicules ?

Fonctionnement d’un moteur thermique

Un moteur thermique est constitué d’une chambre de combustion dans laquelle le carburant est brûlé avec de l’air. Ceci conduit à une augmentation du volume de gaz dans la chambre de combustion qui va pousser un piston vers le bas. Ce dernier est lié à une bielle, elle-même connectée à un vilebrequin qui va transformer le mouvement vertical du piston en rotation. Cette rotation est transmise via la transmission mécanique (notamment la boîte de vitesse) aux roues du véhicule.

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Constitution d’un moteur thermique : mouvement des pièces (rouge) et zones de frottement (jaune). Zephyris/Wikimedia, CC BY

Des soupapes vont s’ouvrir et se fermer pour laisser entrer l’air et le carburant et permettre aux gaz brûlés de sortir via le tuyau d’échappement. Seule une partie (40 à 50 %) de l’énergie thermique de la combustion est transformée en énergie mécanique. Le reste de cette énergie est perdue et évacuée par les gaz chauds qui sortent de l’échappement et par le radiateur qui assure le refroidissement du moteur. Une amélioration de la combustion associée à des systèmes de récupération d’énergie peut permettre d’augmenter le pourcentage d’énergie transformée et réduire la consommation de carburant de près de 30 %.

Les pertes par frottement

Il est maintenant utile de définir ce qu’on entend par frottement. Lorsque l’on met deux objets en contact, le frottement qui apparaît dans les zones de contact entre ces deux objets va s’opposer au glissement de l’un par rapport à l’autre. Par exemple, le frottement entre nos chaussures et le sol nous permet de nous déplacer sans glisser. Si le frottement est trop faible, par exemple lorsque le sol est verglacé, le glissement sera facilité entre nos chaussures et le sol et il devient très difficile de se déplacer en marchant. En revanche, on peut alors opter pour des patins qui vont utiliser le faible frottement avec le sol pour permettre un déplacement par glissement. Lorsque l’on fait glisser (ou frotter) deux objets l’un sur l’autre, il va donc y avoir une résistance due au frottement. Ceci conduit à une perte d’énergie sous forme de chaleur qui est perceptible lorsque l’on se frotte les mains par exemple. C’est exactement ce qui va se produire entre les éléments en mouvement dans le moteur et dans la transmission mécanique et dont nous allons évaluer l’impact.

La tribologie est la science qui s’intéresse aux problèmes de contact et de frottement et sur la façon de les contrôler. Des études récentes de tribologie, ont permis d’estimer les pertes par frottement dans les moteurs thermiques et les transmissions vers les roues du véhicule. La figure ci-dessus présente en jaune les zones de contact où se produisent les pertes par frottement dans un moteur. Les pertes les plus importantes se produisent en périphérie du piston (environ 45 % des pertes), dans les liaisons entre la bielle, le vilebrequin et le bloc moteur (environ 30 % des pertes) et autour des soupapes et de leur système d’actionnement (pour environ 10 % des pertes). Les 10 % restant correspondent à des pertes dans les accessoires du moteur.

L’énergie mécanique qui sort du moteur est à nouveau réduite à nouveau réduite par les pertes dans la transmission mécanique notamment à cause du frottement dans les engrenages de la boîte de vitesse. L’énergie mécanique fournie par la combustion au sein du moteur thermique est finalement amputée, dans les conditions moyennes d’utilisation du véhicule, d’environ 30 % en raison de l’ensemble de ces pertes.

Peut-on réduire la consommation en limitant les pertes par frottement ?

Environ 30 % du carburant est donc utilisé pour vaincre le frottement entre les pièces mécaniques en mouvement. Une réduction de ces pertes laisse entrevoir un gain substantiel de la consommation. Il faut maintenant se focaliser sur les éléments en frottement pour discuter des améliorations possibles. Les pièces du moteur et de la transmission sont lubrifiées par une huile qui s’insère entre les surfaces et permet de limiter le frottement et l’usure de ces surfaces.

Pour réduire encore les pertes par frottement, les recherches en tribologie concernent deux axes. Le premier est l’amélioration des lubrifiants. Ces travaux visent à un meilleur contrôle de la variation des propriétés du lubrifiant telle que la viscosité avec la température. En effet, le frottement est globalement réduit lorsque la viscosité est plus faible, mais le film d’huile peut devenir trop mince et conduire aux contacts des aspérités des surfaces et à une usure plus rapide. Pour cela, le développement de nouveaux additifs ajoutés au lubrifiant qui permettent la création de couches protectrices à faible frottement sur les surfaces est aussi un sujet de recherche.

Les solutions utilisées pour réduire le frottement et l’usure dans les contacts mécaniques. Fourni par l’auteur

Le second volet concerne l’amélioration des surfaces elles-mêmes grâce à la réalisation de revêtements notamment à base de carbone qui assurent la protection des surfaces en contact et un plus faible frottement. Une autre façon de limiter le frottement passe par l’utilisation de surfaces texturées par un réseau de cavités dont les dimensions sont optimisées pour permettre une lubrification plus efficace.

Des travaux que nous avons récemment menés à l’Institut Pprime de Poitiers (CNRS, Université de Poitiers, ISAE Ensma) ont montré qu’il est possible de réduire le frottement de 50 % dans certains types de contact grâce à la texturation de surface.

Dans le cas des véhicules à moteur thermique, différentes études confirment que ces nouvelles technologies peuvent permettre à moyen terme de réduire les pertes par frottement de 50 à 60 % pour un gain en consommation de carburant de l’ordre de 15 %. Ce gain peut sembler faible, mais s’il est combiné avec une amélioration des moteurs et surtout une réduction de la taille et la masse des véhicules et par conséquent de la largeur des pneumatiques, des économies de consommation de carburant de l’ordre de 50 % sont atteignables. L’accroissement du segment des SUV sur le marché automobile, montre que ce n’est malheureusement pas une voie qui a été retenue par les fabricants de véhicules automobiles ces dernières années.

À très court terme quelles sont les solutions pour réduire la facture ? Si on exclut l’achat d’un nouveau véhicule, l’utilisation de lubrifiants plus performants peut réduire la consommation de quelques pourcents, ce qui reste faible et ne compense pas l’augmentation du prix des carburants à la pompe. De plus le choix d’un nouveau lubrifiant reste compliqué pour un particulier, car les études comparatives ne sont, pour l’heure, disponibles que dans la littérature scientifique et technique et donc réservées à un public averti.

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En revanche, n’oublions pas que les véhicules sont conçus pour transporter plusieurs passagers. Le covoiturage autorise, si on rapporte la consommation aux nombre de passagers, à diviser la consommation par 2, 3, 4 ou plus. Une utilisation rationnelle des véhicules reste la solution la plus efficace et la plus simple pour réduire la facture énergétique.

À plus long terme, la voiture électrique, qui est maintenant plébiscitée par l’Union européenne et de nombreux constructeurs, est-elle une solution plus efficace du point de vue des pertes par frottement ? La réponse est oui. Le nombre de pièces mécaniques en frottement étant très limité, ces pertes sont évaluées à moins de 5 %. Il reste cependant de nombreux verrous à lever pour en faire la solution idéale : le poids et le prix des batteries, l’extraction des matériaux nécessaires à leur fabrication et leur recyclage.

« Quiet quitting » : au-delà du buzz, ce que révèlent les « démissions silencieuses »

29 jeudi Déc 2022

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  1. Maëlezig BigiChercheuse affiliée au Centre d’études de l’emploi et du travail, Co-directrice du Groupe d’études sur le travail et la santé au travail (GIS Gestes), Maîtresse de conférences en sociologie, Conservatoire national des arts et métiers (CNAM)

Déclaration d’intérêts

Maëlezig Bigi ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.

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En septembre dernier, l’institut de sondage Gallup avançait que 50 % des salariés à temps plein ou temps partiel de plus de 18 ans aux États-Unis seraient des « démissionnaires silencieux » (« quiet quitters »), qui désigneraient les personnes qui « ne se surpassent pas au travail et se contentent de répondre à la description de leur poste ».

Aussitôt, le terme « quiet quitting » s’est imposé dans le débat public et de nombreux médias français ont exposé cette tendance.

Certes, il reste trop tôt pour mesurer plus précisément et avec une méthodologie fiable les réalités derrière ce mot. L’évolution de la durée du travail, du moins pour les cadres, fournirait par exemple un meilleur indicateur. Cependant, l’apparition de ce « buzzword » reste intéressante car elle signale une forme d’inquiétude des employeurs vis-à-vis du consentement de leurs salariés à s’engager dans leur travail autant qu’ils le souhaiteraient, dans le prolongement du « big quit », (« la grande démission »), qui avait atteint à son paroxysme 4,3 millions de départs dans les entreprises américaines pour le seul mois d’août 2021.

Une inquiétude ancienne

Cette inquiétude à l’égard des salariés qui se limiteraient au minimum est d’ailleurs très ancienne. Il y a plus d’un siècle, les travaux de Frederick Taylor, père de l’organisation scientifique du travail, visaient déjà à débusquer et supprimer la « flânerie systématique » des ouvriers.

À ce titre, le quiet quitting peut évoquer de nombreuses notions en sociologie du travail et des organisations telles que :

  • La grève du zèle, qui consiste à ne faire que ce qui est prescrit et à respecter scrupuleusement les règles. Or, comme l’ergonomie l’a bien montré, l’écart entre le travail prescrit et le travail réel est nécessaire au bon déroulement de l’activité. Lorsque plus personne ne s’écarte du prescrit pour que « ça marche », ni individuellement ni collectivement, plus rien n’est possible.
  • Le freinage, c’est-à-dire la limitation volontaire de la production. Comme l’a montré le sociologue Donald Roy, dans une étude devenue classique réalisée dans un atelier de mécanique d’une grande usine américaine, les ouvriers pourraient en faire plus.
  • Le retrait. Dans la typologie des modèles de sociabilité au travail du sociologue français Renaud Sainsaulieu cette identité désigne les salariés qui s’impliquent peu professionnellement au profit de leur sphère personnelle, notamment pour faire face à un manque de perspectives et de reconnaissance.
  • L’apathie, qui désigne une posture face au travail que l’économiste belge Guy Bajoit a ajoutée à la célèbre la typologie des réactions face au mécontentement d’Albert Hirschmann (exit, voice, loyalty) et pourrait s’apparenter au quiet quitting dans la mesure où elle provoque une « détérioration de la coopération ».

Dans l’ouvrage Travailler au XXIᵉ siècle (Éditions Laffont, 2015), nous avons montré qu’il s’agit de faire le minimum attendu du poste, pour se protéger d’une profonde déception à l’égard d’un travail auquel on était initialement très attaché.

Ainsi, Nadine, infirmière à l’hôpital, déplore la trop grande coupure qui s’est faite entre elles et les médecins, les reléguant au rang de « techniciennes ». « On ne sait pas si l’enfant a une infection ou s’ils mettent un traitement, pourquoi… on met le médicament et voilà », déplore-t-elle. Pour elle, l’apathie s’impose comme un mécanisme de défense depuis qu’elle estime ne plus pouvoir « prendre des initiatives » et « réfléchir à ce qu’elle fait ». Toutefois, se contraindre à un fonctionnement apathique ne suffit pas toujours à rendre les souffrances au travail soutenables.

Pour Florence, gestionnaire dans une mutuelle, qui a connu de nombreuses fusions et rationalisations d’une activité qu’elle ne supporte plus, l’apathie s’accompagne d’une prise de médicaments :

« On se dope aux médicaments. Moi j’ai pris pendant quelque temps des antidépresseurs et je ne suis pas la seule. […] Parce que je n’ai plus envie de travailler. Le travail ne me plaît pas, je le fais parce qu’il faut bien gagner sa vie. […] Par exemple, la mise à jour des comptes de points pour les agents, je ne supporte plus ! Je serais capable d’accepter n’importe quel boulot pour ne pas faire ça ! »

Demande de sens

Le taux de démission, c’est-à-dire le nombre de salariés qui démissionnent par rapport au nombre total de salariés, était de 2,7 % au premier trimestre 2022. Ce taux est élevé mais pas inédit si l’on remonte à la crise financière de 2008. Il s’agit là d’un indicateur qui baisse habituellement pendant les crises et augmente avec les reprises. Pour l’immense majorité des salariés, la démission ne constitue donc pas une option pour faire face à un travail qui n’aurait plus de sens ou dont les conditions de travail seraient trop dures. Le taux d’emploi a d’ailleurs atteint un niveau historiquement élevé au premier trimestre 2021 selon l’Insee, avec 73 % d’individus en emploi parmi les 15-64 ans.

Toutefois, selon la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares), l’attachement au sens du travail a progressé au plus fort des contraintes sanitaires. En janvier 2021, près de 20 % des actifs ont déclaré ressentir un plus grand sentiment d’utilité ou de fierté à l’égard de leur travail, tandis que 10 % d’entre eux indiquaient au contraire une dégradation du sens du travail. La crise sanitaire et ses confinements ont ainsi pu permettre aux travailleurs et travailleuses une prise de recul sur les conditions et le sens du travail.

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Soulignons que le sens du travail constitue une préoccupation ancienne. En effet, les grandes enquêtes internationales qui sont conduites depuis les années 1980 montrent plus largement que les Français accordent une très grande importance au travail comme activité pourvoyeuse de revenu et de dignité. En 2015, une enquête du Centre d’études et de recherches sur les qualifications (Cereq) montrait d’ailleurs que 33 % des salariés souhaitaient changer de métier, pour des raisons qui mêlent toujours le sens et les conditions de travail.

  • Les employés et les ouvriers les moins qualifiés mettent en avant leur volonté d’échapper à la précarité, liée par exemple à la perspective d’un plan de sauvegarde de l’emploi ou à une situation de cumul d’employeurs intenable.
  • Pour les employés et les ouvriers qualifiés, le désir de changement répond également à une volonté de mettre à distance la précarité et la peur du déclassement, mais ces derniers déclarent aussi un refus des tâches répétitives et pénibles, ou encore leur volonté de mieux concilier vies personnelle et professionnelle ;
  • Enfin, les cadres et professions intermédiaires soulignent eux aussi la crainte de perdre leur emploi mais soulignent également le décalage entre leurs aspirations personnelles et le sens de leur activité professionnelle, de même que certains conflits éthiques.

En réalité, pour l’ensemble des catégories socioprofessionnelles, la question se pose bien souvent en termes de santé, qu’elle soit physique ou mentale. En effet, les salariés souffrent lorsque leur travail leur parait absurde, de mauvaise qualité, non reconnu, mais aussi lorsqu’il est réalisé dans des conditions insoutenables.

Ainsi, la « démission silencieuse » n’est probablement pas le choix froid et délibéré d’individus maximisateurs mais relèverait plutôt de la mise en place spontanée d’un mécanisme de défense lorsque le travail n’est plus tenable. Mécanisme de défense pour atténuer le sentiment d’absurdité, le manque de reconnaissance qu’il provienne des collègues, des supérieurs ou qu’il soit salarial, c’est-à-dire en termes de partage de la valeur.

C’est ainsi que l’on peut comprendre la grève, à l’origine des pénuries de carburants qui touchent actuellement la France des salariés de Total, qui ne comprennent pas pourquoi les bénéfices records de leur entreprise ne les concerneraient pas.

« Pourquoi les travailleurs travaillent-ils autant »

Comme le rappelle Marx, dans les Grundrisse ou Fondements de la critique de l’économie politique, dans un monde où les travailleurs sont « libres » de vendre leur force de travail, la question de la coopération s’impose comme fondement du système de production capitaliste. Il se pourrait donc que des notions telles que le quiet quitting ou le big quit s’imposent aujourd’hui car elles traduisent une inquiétude à propos du maintien des modes de coopérations (disponibilité, intensité, investissement subjectif et émotionnel, etc.) et donc du consentement de la force de travail à collaborer dans le régime de travail actuel.

Faut-il partager cette inquiétude ? Au contraire, si la « démission silencieuse » consiste, pour les travailleurs et travailleuses, à s’interroger sur qui est contractuellement attendu d’eux, à évaluer l’écart entre ce qu’ils font et ce qui leur est payé, puis à renoncer à effectuer tout ou partie de ce travail gratuit, alors la somme de ces comportements individuels pourrait avoir une portée politique en remettant en question le fonctionnement du système productif.

Dans les trois fonctions publiques, le bon accomplissement des missions de service public repose pour une part significative sur ce surtravail : que l’on pense par exemple aux heures supplémentaires non rémunérées dans le secteur du soin, de l’éducation, de la police ou de la justice ! Et dans le secteur privé, la création de plus-value repose notamment sur le surtravail des salariés, sans qu’ils en voient les bénéfices. Pourtant, comme nous le montrons dans une étude comparative entre la France et la Finlande, la disponibilité professionnelle limitée aux attendus du contrat est parfaitement compatible avec des exigences de productivité élevées.

Le quiet quitting pourrait ainsi constituer une invitation à cesser de déplorer le manque d’engagement des travailleurs et travailleuses, pour plutôt se demander, avec le sociologue britannique Michael Burawoy dans son ouvrage Produire le consentement, « pourquoi travaillent-ils autant » ? Ce serait alors l’occasion de mieux reconnaître que le bon fonctionnement des organisations dépend de ce que les travailleurs et travailleuses font en plus de ce qui est attendu contractuellement d’eux, et ceux dans tous les métiers et catégories socioprofessionnelles, des ouvriers aux cadres.*

La Palestine, invitée surprise de la Coupe du Monde 2022

28 mercredi Déc 2022

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  1. Raphaël Le MagoariecChercheur doctorant en géopolitique, spécialiste des sociétés de la péninsule Arabique et du sport, CITERES-EMAM, Université de Tours

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Raphaël Le Magoariec a reçu des financements de IHEDN-Fondation de France .

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Joueurs de l'équipe nationale marocaine avec un drapeau palestinien
Les joueurs du Maroc célèbrent leur qualification pour les quarts de finale, obtenue contre l’Espagne, en brandissant un drapeau palestinien, le 6 décembre 2022. Glyn Kirk/AFP

Le temps d’un Mondial, la Palestine s’est rappelée au monde. Des travées aux pelouses, les drapeaux et symboles palestiniens ont fleuri au cours de la première Coupe du Monde de football organisée dans un pays arabe.

Il est vrai que le soutien à la Palestine est une ligne politique assumée par le Qatar et que cette cause fait largement consensus au sein des sociétés arabes et, spécialement, dans les stades de nombreux pays de la région, même hors période de Coupe du Monde…

Un soir de 2019, dans la « curva » sud du stade Mohammed V, à Casablanca, le groupe d’ultras du Raja de Casablanca déploie un tifo. Sur la toile, le dessin d’un enfant de dos, Handala.Handala, une figure majeure de la culture palestinienne depuis 50 ans.

Ce petit personnage devenu, en 50 ans d’existence, une figure majeure de la culture palestinienne, est l’œuvre du dessinateur palestinien Naji Al-Ali (1937-1987). Après avoir fui, en 1948, la Palestine pour le camp d’Aïn Al-Helwe, en périphérie de Saïda, ville côtière au sud du Liban, il acquiert ses galons de caricaturiste dans la presse du Koweït, où il s’installe en 1963.

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C’est dans les pages d’un journal publié dans cet émirat qu’Handala voit le jour, en 1969. L’enfant représente le caricaturiste palestinien fuyant sa terre natale à l’âge de dix ans. Il se retrouve alors sans territoire, sans appui. Handala deviendra, au cours des décennies suivantes, l’un des emblèmes de la cause palestinienne, qui unit au-delà des frontières, du Machrek au Maghreb.

L’enfant apatride surgit en ce jour de 2019 des tribunes bouillonnantes de Casablanca, encadré par une phrase qui prolonge le tifo, « Hatta al-nasr » – « jusqu’à la victoire ». Les ultras d’Afrique du Nord sont coutumiers du fait et notamment ceux des verts et blancs du Raja. Ce même soir de 2019, les ultras du Raja entonnent la chanson « rajaoui falestiniy » – « rajaoui palestinien ».

Thermomètre social

Du Maroc à l’Irak, ces groupes de supporters font office de thermomètre social. Du tifo aux chants, pour ces groupes, la cause palestinienne apparaît comme un prolongement de l’esprit contestataire qui structure la tribune et souvent, s’oppose aux régimes en place.

La tendance au rapprochement entre Rabat et Tel-Aviv n’est pas pour rien dans cette manifestation de soutien à la Palestine. À l’instar du film égyptien Une ambassade dans l’immeuble, où le personnage joué par l’acteur star Adel Imam est horrifié, à son retour des Émirats arabes unis, de constater que l’ambassade d’Israël est désormais voisine de son appartement, le stade est le reflet du décalage qui subsiste entre les salons du pouvoir et l’état d’esprit qui règne au sein des sociétés arabes.

Autre exemple : en Égypte, les matchs de la sélection de football sont régulièrement marqués par des chants en soutien à la Palestine, réfutant les accords de Camp David signés, en 1978, par Le Caire et Tel-Aviv.

Des joueurs arabes sur le même credo

De la jeunesse des tribunes à celle de la pelouse, l’état d’esprit reste le même. Ainsi de la star marocaine Achraf Hakimi. En mai 2021, le défenseur des Lions de l’Atlas signale sur Twitter son soutien à la Palestine, ce qui lui vaudra d’être sifflé quand il jouera avec le PSG à Tel-Aviv dans le cadre du trophée des Champions, en août 2021 puis en juillet 2022. Ce cas est loin d’être isolé : la cause palestinienne demeure prégnante dans les rangs des équipes de la région et chez de nombreux joueurs.

Tweet posté par Achraf Hakimi le 10 mai 2021.

Il n’est pas rare que des célébrations de but mettent en scène la violence subie par la population palestinienne. Au Caire, Mustafa Mohammed célèbre son but avec la sélection « Espoirs » en plaçant sa main sur son œil, ce 19 novembre 2019. Le jeune buteur égyptien rend ainsi hommage au photographe palestinien Moaz Amaraneh, éborgné par un tir de l’armée israélienne.

Originaires de la région ou de la diaspora, les joueurs apparaissent eux-mêmes comme un prolongement de cette cause qui unit au-delà des frontières. Malgré la posture stratégique de plusieurs chancelleries du monde arabe, qui se rapprochent d’Israël – ce qui se manifeste notamment par la signature en 2020 des Accords d’Abraham entre Israël, d’une part, et les Émirats arabes unis, Bahreïn de l’autre, rejoints ensuite par le Maroc et le Soudan, la cause palestinienne continue de mobiliser.

Une zone fait cependant exception : celle, précisément, où vient de se dérouler la Coupe du Monde.

Loin de la Coupe du Monde, une cause palestinienne absente des stades du Golfe

Cette Coupe du Monde 2022 fait la part belle à la cause palestinienne ; pourtant, au Qatar, en temps normal, loin de ces lumières, cette lutte reste absente de ses travées.

Rien d’étonnant, dans un émirat où le domaine sportif est construit par le pouvoir comme un espace apolitique et où le supportérisme épouse les formes du consumérisme. Et il n’y a pas qu’au Qatar que cette lutte demeure peu visible dans les tribunes : cet apolitisme règne sur l’ensemble des stades de la région.

Or, il faut rappeler le rôle des Palestiniens, qui ont été des acteurs moteurs dans l’essor du sport et en particulier du football dans la péninsule arabique. Pour prendre le cas du Koweït, terre d’exil du caricaturiste Naji Al-Ali, la bourgeoisie palestinienne a eu un rôle déterminant dans la structuration du mouvement sportif de l’émirat. Parmi les professeurs qui composent ses rangs, nombreux sont ceux qui pratiquent le football. Entre la centralité du Koweït pour l’immigration palestinienne et les voyages d’études de jeunes koweïtiens au Caire, de multiples idées se diffusent et infusent le milieu sportif koweïtien.

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Al-Arabi l’un des deux grands clubs du pays est le fruit de cet élan. Il est fondé dans les années 1950 sous le nom d’Al-Ourouba – l’arabisme. À cette période, le nationalisme arabe et notamment la cause palestinienne sont à l’origine de la création de ce club. Et dès les années 1950, de nombreux clubs essaiment dans l’ensemble de la région sous ce même nom, avec cette même essence. Certains de leurs joueurs repartent d’ailleurs parfois au Proche-Orient, pour prendre part au combat contre l’État d’Israël dans les rangs des « fedayin ».

Ferme dans sa posture face à Israël, le Koweït reste toutefois une exception sur la scène golfienne en matière de rapport de son monde footballistique à la question palestinienne. En effet, le club d’Al-Arabi n’a pas oublié ses racines et il n’est pas rare de voir ses joueurs arborer des symboles en hommage à la Palestine.

En revanche, dans les autres pays du Golfe les autorités cherchent à éviter toute revendication politique dans leurs stades, y compris les pro-palestiniennes.

Quand Doha brandit la cause palestinienne

Objet stratégique pour Doha, la Coupe du monde aura notamment été un relais de sa ligne politique régionale. L’émirat s’appuie sur la résonance d’un tel événement pour communiquer et recentrer la question palestinienne sur l’échiquier mondial durant un mois de compétition.

L’afflux de supporters de l’ensemble de la région, ainsi que la présence de centaines de milliers de personnes appartenant à cette aire géographique et habitant les pays de la péninsule arabique ont rejailli sur l’atmosphère du Mondial. Par cette politisation sélective – d’autres symboles, comme le fameux brassard One Love, ou encore des messages de soutien au mouvement de contestation en Iran, ont été interdits au nom de l’apolitisme officiel de l’événement – le Qatar laisse s’exprimer un sujet de popularité transnational au sein d’un ensemble culturel dans lequel il s’inscrit et met ainsi en scène son orientation politique.

À travers l’usage de ce code fédérateur, il se positionne du côté des sociétés arabes et orchestre une nouvelle fois l’organisation de cette compétition comme « la Coupe du monde pour tous les Arabes ». La Coupe du Monde est construite par le Qatar comme un objet de séduction, il cherche véritablement à renforcer sa popularité auprès des sociétés arabes. Mettant la FIFA face au fait accompli de la géopolitique, loin de l’apolitisme prôné par l’institution du football mondial, le Qatar se sera placé, pendant un mois, au centre du monde arabe, cherchant toujours à renforcer sa position de « leader en douceur ».

Les économistes jouent-ils au Monopoly sans le savoir ?

27 mardi Déc 2022

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  1. Thomas Michael MuellerMaître de conférence HDR en histoire de la pensée économique à l’Université Paris 8, Université catholique de Louvain (UCLouvain)

Déclaration d’intérêts

Thomas Michael Mueller ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.

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Les dés roulent sur un chapeau haut de forme. Ils s’arrêtent sur « chance ». C’est un billet aller simple pour la Rue de la Paix. J’ai 10 ans et je viens de gagner au Monopoly pour la première fois, mais bizarrement, je ne m’en réjouis pas. Certes, je suis riche, très riche. Je suis le seul propriétaire des maisons, hôtels et terrains laissés par les membres d’une société fictive dont je suis le dernier survivant.

À cette époque, je soupçonnais déjà que la vraie leçon du jeu du Monopoly résidait dans le fait que le capitalisme – dans sa version la plus radicale – conduit au mieux à la solitude et au pire à la faillite, pour la plupart des individus.

Or, peu de gens le savent, mais c’est bien ce que la créatrice du jeu souhaitait nous dire.

La naissance du géorgisme

Dans sa première version, née en 1903, le Monopoly fut appelé « le jeu du propriétaire foncier » (The Landlord’s Game). Ce jeu mettait en garde contre les méfaits du capitalisme. Comme dans le Monopoly moderne, on jouait jusqu’au dernier souffle et jusqu’au dernier hôtel.

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Première planche brevetée, en 1904 aux États-Unis, du jeu The Landlord’s Game. US National Archives./Wikimedia

Toutefois, cette version permettait à deux joueurs, frustrés et mécontents de cette brutale expérience sociale, de s’allier. Il pouvaient ainsi révolutionner le cours des choses et établir des règles différentes : nationaliser la banque, transformer la prison en école, ouvrir à tous les stations, l’eau et l’électricité, désormais propriété de l’État. Ne vous méprenez pas, il ne s’agissait certainement pas de la révolution prolétarienne : chacun restait propriétaire de ses hôtels, de ses maisons, de ses biens dans une sorte d’équilibre entre l’État et la propriété privée.

Carte postale géorgiste/trouver date. New York Public library/Wikimedia

L’utopie ainsi créée, peu connue de nos jours mais autrefois en vogue aux États-Unis, s’appelait le géorgisme.). Elle préconisait la possibilité d’un monde où la chance de réussite individuelle et du rêve américain restaient tangibles et réelles, mais dans lequel le contre-pouvoir de l’État empêchait la naissance de grands monopoles et redistribuait les richesses. Le géorgisme prônait un impôt unique, frappant la rente foncière, les mines et les héritages, ce qui aurait laissé à chacun le fruit de ses efforts et de son travail, tout en confisquant les rentes. C’était bien le but du jeu : montrer que les monopoles engendrent misère et pauvreté, et qu’une gestion économique qui en empêche la naissance assure le bien-être et la prospérité de chacun. Gagner, dans un monde georgiste, implique s’enrichir, sans pour cela provoquer la faillite d’autrui.

Henry George, dont les écrits et le plaidoyer forment la base du géorgisme. Wikimedia

Elisabeth Magie, pionnière de la justice sociale

Le jeu du propriétaire foncier est une invention d’Elizabeth Magie, militante géorgiste, féministe, brillante mais méconnue. Son histoire et celle de son jeu ont été racontées dans un ouvrage écrit par une journaliste américaine, Mary Pilon. Grâce à elle, nous savons que Magie n’a jamais récolté le fruit de sa brillante création, et que son nom a été oublié depuis longtemps. Le jeu de Magie ne fut ni vendu ni promu correctement. Toutefois, il fut joué avec conviction par ceux qui, comme elle, croyaient aux idéaux georgistes. Il se répandit le long de l’East Coast, parmi les militants et les passionnés qui en copièrent le modèle et en transmirent oralement les règles. Le jeu fut joué dans les universités, les parcs et les fumoirs, et enfin dans les salles de classe universitaires. Le long de son parcours, il changea de nom : il devint le jeu du Monopoly.

Ce jeu comparait le capitalisme et le géorgisme en termes concrets, à travers des sommes d’argent tangibles, des billets de banque et des biens. Qui sait combien de jeunes esprits, étudiants à Princeton et à Columbia, eurent l’occasion d’expérimenter cette nouvelle rhétorique de nombres et de chiffres. Parmi eux figurait certainement Harold Hotelling, brillant statisticien, économiste hors pair, futur directeur de thèse de deux prix Nobel et partisan du géorgisme.

Hotelling aimait jouer au Monopoly avec sa famille, avec les étudiants, même seul, dans ses rêveries qui précédaient l’arrivée de Morphée. Il jouait à la version originale, géorgiste. À un moment donné, il se mit à intégrer ce jeu – sans doute inconsciemment – dans les modèles économiques sur lesquels il travaillait, devenus célèbres par la suite. Les articles de Hotelling traitent des sujets les plus disparates : fiscalité, ressources non renouvelables, économie géographique, bien-être social. La structure de ses écrits est très similaire.

L’optimum social selon Hotelling

Tout d’abord, Hotelling définit un modèle de société et propose d’étudier les résultats qui peuvent être obtenus en appliquant une politique capitaliste. Il compare cette dernière à certaines alternatives, comme la gestion socialiste. Il rapporte le tout à un « optimum social », le choix politique avec lequel on parvient à atteindre ce qu’il y a de mieux pour la société dans son ensemble.

Ce qu’on essaye d’optimiser dépend du problème auquel on fait face : le bien-être maximum, la répartition géographique la plus efficace, ou encore l’exploitation optimale des ressources. Peu importe le problème, dans les modèles étudiés par Hotelling, l’optimum social s’avère correspondre toujours à une politique géorgiste. Soyons clairs : Hotelling n’utilise jamais le mot géorgisme dans ses articles, masquant son idéologie derrière des démonstrations mathématiques rigoureuses. Dans ses écrits ses idées s’expriment par des sommes d’argent qui s’additionnent, ne laissant la place à rien d’autre qu’à la logique, et tout est comparé en termes de bien-être social. Cependant, d’un article à l’autre, l’on retrouve l’idée ludique et ingénieuse qui consiste à comparer différentes utopies sociales en les reproduisant dans un petit modèle stylisé de société, un jeu de table.

Hotelling est un chercheur infatigable et sa réputation grandit rapidement dans le monde académique américain et atteint enfin un niveau international. Le point culminant de sa carrière d’économiste arrive en 1938 : cette fois, il s’intéresse aux monopoles naturels. Les monopoles naturels sont des biens pour lesquels il est extrêmement difficile, voire impossible, de créer une concurrence. Cela se produit généralement parce que les investissements initiaux sont si coûteux qu’il est presque impossible et décidément peu pratique que deux entreprises investissent pour se concurrencer. Exemples ? Le chemin de fer, l’électricité, l’eau potable. Oui, il s’agit des mêmes entreprises présentes dans le jeu du Monopoly et non, il ne s’agit pas d’une coïncidence.

Par un calcul sophistiqué, qui compare le bien-être engendré par différents modèles sociétaux, Hotelling parvient à montrer dans quelle mesure il faudrait financer le coût des billets de train, de l’eau potable ou de l’électricité afin que cela soit au service du bien commun. Une fois de plus, Hotelling compare d’abord une société capitaliste puis l’optimum social. Une fois de plus, l’idée d’Elizabeth Magie prend forme dans un modèle économique.

Une idée qui fait florès

L’idée de 1938 connaîtra un succès inattendu. En France, l’économiste Maurice Allais, après une discussion houleuse, qui s’est soldée au final par une profonde amitié avec Hotelling, réussit à faire de cette idée un argument politique capable d’influencer la gestion de l’électricité et des chemins de fer français. Aux États-Unis, Nancy Ruggle (une autre chercheuse dont le travail aurait mérité plus de visibilité) et une poignée d’autres économistes transformeront progressivement l’argument d’Hotelling en ce que nous appelons maintenant le deuxième théorème de l’économie du bien-être.

Gérard Debreu, élève d’Allais, venu aux États-Unis grâce à Hotelling, inventa, en se basant sur les discussions de plus en plus complexes et passionnées entre ses deux amis, une nouvelle façon de penser le problème au cœur de l’idée de 1938 basée sur la topologie. Il l’appliquera plus tard au plus célèbre des théorèmes économiques : le modèle Arrow-Debreu. Kenneth Arrow, brillant élève de Hotelling, s’inspirera par la suite de l’idée de l’optimum social pour la développer davantage, et sera récompensé par un prix Nobel. Will Vickrey, un autre étudiant de Hotelling et lauréat lui aussi du prix Nobel, développera certaines des idées de son maître-penseur.

Hotelling lui-même ne connaîtra probablement jamais l’existence d’Elizabeth Magie mais il continuera, encore et encore, à jouer au Monopoly. À un moment donné ce jeu deviendra célèbre mais il deviendra aussi la référence cachée pour plusieurs modèles économiques. L’idéologie géorgiste deviendra une référence en économie en tant que « optimum social ». Le jeu du propriétaire foncier, le Monopoly, est donc en quelque sorte célébré et rappelé chaque jour par les économistes et les universitaires du monde entier. Ces derniers ne connaissent ni Magie, ni son jeu, ni se souviennent du géorgisme. Pourtant, ce jeu se glisse à leur insu dans leurs travaux, les manuels qu’ils consultent et écrivent et dans des classes universitaires.

Atouts et défis de la vaccination nasale anti-Covid : les  promesses d’une approche française

26 lundi Déc 2022

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  1. Mathieu EpardaudResearch Associate, Inrae

Déclaration d’intérêts

Mathieu Epardaud fait partie des cofondateurs de la société LoValTech, pour laquelle il exerce un rôle de consultant scientifique (non rémunéré).

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Contrairement aux idées reçues encore largement partagées, le but premier des vaccins actuels contre le Covid-19 est de protéger contre les formes graves de la maladie afin de prévenir les risques d’hospitalisations et de décès… et non de bloquer la transmission entre individus. Pour ce faire, il faudrait viser une vaccination dite « stérilisante » : ce n’est qu’alors que le cercle des contaminations pourrait être interrompu, seule possibilité pour stopper la pandémie.

Comment passer de l’un à l’autre ?

De façon générale, la vaccination permet l’induction d’une réponse immunitaire basée sur deux types de cellules : les lymphocytes T, capables de détruire les cellules infectées, et les lymphocytes B qui produisent des anticorps capables de neutraliser le virus (SARS-CoV-2 dans le cas du Covid) pour l’empêcher d’infecter de nouvelles cellules saines.

Les vaccins actuels (y compris à ARNm) sont administrés par voie intramusculaire et sont dits « systémiques » : ils permettent l’activation des cellules immunitaires au niveau du corps entier via un pool de cellules circulant dans le sang, qui peuvent ensuite gagner les organes infectés. Si efficace qu’elle soit, cette immunité systémique ne permet pas d’avoir un niveau élevé de lymphocytes B et T dans la cavité nasale et les poumons – qui favoriserait une protection rapide et efficace contre le virus, en le bloquant dès son arrivée.

À l’inverse, une vaccination par voie intranasale induit une réponse immunitaire non seulement systémique mais également locale – directement, donc, au niveau de la porte d’entrée du SARS-CoV-2.

L’activation des cellules immunitaires de la muqueuse nasale permettrait ainsi de s’affranchir de la course contre la montre entre le virus (qui se multiplie dans notre système respiratoire) et notre système immunitaire systémique (qui doit se mobiliser jusqu’aux organes les plus concernés) : concrètement, cela permettrait de stopper rapidement le virus et de bloquer ses possibilités de dissémination et réplication dans notre organisme. De quoi éviter sa transmission et les contaminations.

Les spécificités de la vaccination nasale

Premier constat, on l’a dit, la vaccination nasale agit en priorité au niveau de la zone d’entrée du virus. Mais on peut également constater que les cellules immunitaires qu’elle y active (lymphocytes T et B résidents au niveau du nez, de la bouche et des voies respiratoires supérieures) diffèrent de celles activées par la vaccination intramusculaire classique.

Autre remarque : la vaccination nasale induit des lymphocytes B producteurs d’anticorps particuliers, les IgA (Immunoglobulines de type A), qui ne sont que très faiblement induits par voie intramusculaire – qui induit principalement la production d’IgG (Immunoglobulines de type G). Or les IgA ont une capacité supérieure aux IgG à « capturer » les virus pour les neutraliser. Autre atout des IgA, ils sont plus « polyvalents » que les IgG et conservent leur efficacité malgré les variations possibles du virus.

Synthèse des effets du vaccin nasal (qui entraine la formation d’IgA au niveau des voies respiratoires, et IgG au niveau des poumons) et intramusculaire (IgG dans tous le corps)
Les vaccins intramusculaire et nasal n’entraînent pas le même type d’immunité. Le second (à gauche) a une action systémique et locale, plus à même de bloquer la transmission du virus. LoValTech, Author provided

Pour toutes ces raisons, la vaccination « muqueuse » permettrait de prévenir les formes mêmes modérées de la maladie et de bloquer la transmission inter-individus, pour atteindre l’immunité stérilisante.

Le vaccin FluMist est le seul exemple de vaccin intranasal en santé humaine ayant reçu une autorisation de mise sur le marché (AMM). Vaccin contre la grippe basé sur une forme atténuée du virus responsable (influenza), il est approuvé aux États-Unis et en Europe, et possède une efficacité qui surpasse celle du vaccin intramusculaire chez les jeunes enfants.

Cependant, son efficacité est moindre chez les adultes en raison de leur immunité muqueuse déjà acquise, du fait des infections précédemment contractées. Constitué d’une version atténuée du virus, le vaccin est rapidement bloqué par l’immunité locale en place : ce qui lui laisse moins de chance d’agir.

Nouvelle approche de vaccin nasal anti-Covid

Notre équipe de recherche (laboratoire BioMAP, Unité mixte de recherche Université-INRAE ISP 1282), dirigée par le professeur Isabelle Dimier-Poisson, possède une expérience reconnue en immunologie et vaccination par voie muqueuse.

En nous basant sur cette expertise, nous avons travaillé à une stratégie innovante de vaccin muqueux anti-Covid afin de faire face à ses multiples spécificités. Notre candidat vaccin s’appuie sur trois innovations :

  • L’antigène : Cible du virus, il est au cœur du vaccin. Il s’agit d’une protéine de fusion originale, conçue dans notre laboratoire, composée de la désormais célèbre protéine Spike (S) associée à une autre protéine du virus, la Nucléoprotéine (N). Cette stratégie permet à notre vaccin de maintenir son efficacité contre différents variants car il cible d’autres parties du virus, conservées, indépendantes des variations de la protéine S.
  • Afin d’optimiser l’activation de la réponse immunitaire muqueuse, notre antigène est enveloppé dans des « nano-carriers » (que l’on pourrait traduire par « nano-transporteurs »). Il s’agit de molécules de type sucres, qui confèrent des propriétés originales d’adhésion à la muqueuse et permettent d’optimiser la prise en charge de notre vaccin. Aucun besoin d’adjuvant (susceptible de créer des inflammations), ce qui limite les risques d’effets secondaires.
  • Enfin, dernier élément clé, un système de délivrance, ou spray, capable de déposer efficacement notre vaccin dans la cavité nasale, précisément au niveau des zones capables d’induire la réponse immunitaire muqueuse.
Synthèse des trois innovations développées : vue 3D de la protéine vaccinale, de son nano-porteur et du spray
Trois innovations ont été nécessaires à l’élaboration de notre candidat vaccin : au niveau de l’antigène, de son enveloppe protectrice et du système d’injection.. LoValTech, Author provided

Vaccination nasale anti-Covid : où en est-on ?

D’autres équipes se sont lancées dans ce type d’approches privilégiant une délivrance du vaccin par voie muqueuse. Il existe toutefois encore peu de candidats vaccins disponibles chez l’Homme. Nous pouvons citer deux exemples récents (septembre 2022), en Chine et en Inde – en gardant à l’esprit qu’ils n’utilisent pas la voie intranasale au sens strict.

Un premier vaccin, actuellement en essai en Chine, est administré par inhalation. Le vaccin de CanSino Biologics a été approuvé par les autorités sanitaires chinoises comme dose de rappel pour protéger contre les symptômes du Covid-19. Il est basé, comme son homologue intradermique, sur un adénovirus recombinant exprimant la protéine S du SARS-CoV-2 et est délivré à l’aide d’un nébuliseur par la bouche. Il demande donc un dispositif médical particulier et, de par sa nature virale, même atténuée, présente un risque d’effets secondaires de type inflammation pulmonaire.

Le second a été approuvé par les autorités sanitaires indiennes. Il s’agit d’iNCOVACC, développé par la société Bharat Biotech, pour la primo-vaccination en deux doses administrées par le nez. Ce vaccin nasal utilise également un adénovirus modifié et atténué pour délivrer la protéine Spike du SARS-CoV-2.

Ce vaccin, créé par Michael S. Diamond, David T. Curiel (Université de Washington), a fait l’objet d’une publication récente présentant des essais précliniques chez le chimpanzé, et montrant des résultats prometteurs. Cependant, ce résultat n’est pas représentatif d’une « vraie » vaccination nasale car il utilise une double voie de vaccination : intranasale et intrabronchique. Le vaccin est administré jusqu’aux poumons, avec un risque potentiel d’inflammation. Ce résultat préclinique est donc à considérer avec prudence.

Il est également à noter que ni la Chine ni l’Inde n’ont encore publié les résultats d’études cliniques humaines soutenant leur décision d’approuver ces vaccins.

Quel que soit le candidat considéré, la capacité à administrer la formulation vaccinale de manière efficace par voie nasale est un challenge.

La société AstraZeneca vient ainsi d’annoncer en octobre les résultats décevants de ses premiers essais cliniques de vaccin nasal. Cette version administrable par voie nasale tirée de son vaccin injectable (développée avec des chercheurs de l’université d’Oxford) n’a montré que de faibles réponses en anticorps dans la muqueuse nasale. L’explication serait qu’une grande partie du vaccin, qui utilise un virus désactivé, n’aurait pas atteint sa cible et se serait retrouvé en grande partie dans le tube digestif avant d’avoir pu activer le système immunitaire des muqueuses.

Un point clef, que souligne d’ailleurs l’équipe de ce dernier candidat vaccin, est l’importance du système de spray. La vaccination par administration nasale nécessite clairement de prendre en considération l’optimisation de la délivrance du produit in situ.

Dernières étapes pour notre candidat vaccin

Notre candidat vaccin a donné d’excellents résultats face à de multiples variants du SARS-CoV-2, avec protection contre la maladie et limitation de sa transmission, sur des modèles précliniques de référence (souris et hamsters). Notre objectif est à présent de valider cette efficacité lors des essais cliniques chez l’Homme, programmés dès 2023.

Le challenge, pour passer du préclinique animal à l’Homme, est d’obtenir une réponse immunitaire efficace malgré une délivrance du vaccin différente : en effet, sur les modèles type souris et hamster, le volume et la voie de délivrance à la micropipette induisent une immunisation dans la cavité nasale mais également jusque dans la partie supérieure des poumons.

Or, chez l’Homme, nous voulons rester au niveau de la cavité nasale afin de limiter les risques de réaction immunitaire non maîtrisée pouvant conduire à une réaction inflammatoire trop forte (les « orages cytokiniques ») : l’objectif est d’optimiser la stimulation du système muqueux nasal uniquement.

Pour ce faire, nous voulons que notre vaccin soit intégralement déposé dans les zones critiques du nez : là où le virus se niche pour infecter et se multiplier, et là où se situent les cellules immunitaires qui doivent répondre au vaccin (au niveau du NALT, ou Nasal Associeted Lymphoid Tissus, où sont concentrés les lymphocytes B producteurs d’IgA et les lymphocytes T).

Développer un système de spray adapté à la vaccination nasale

Petite subtilité : un spray vaccinal est différent d’un spray thérapeutique, à usage multiple et répété. Il lui faut délivrer une dose unique, très précise et ciblant le système immunitaire muqueux.

Dès le début du développement de notre projet, nous avons commencé à travailler sur cette question et mis en place des collaborations de recherche et développement avec deux sociétés spécialisées dans les systèmes de délivrance par voie intranasale : les sociétés Aptar pharma et Medspray.

L’efficacité potentielle de ces systèmes de spray est évaluée par deux méthodes :

  • In vitro, à l’aide d’un modèle artificiel (nasal cast) qui reproduit la cavité nasale humaine et permet d’évaluer, après ajout d’un colorant fluorescent, comment se dépose notre formulation vaccinale dans les différents compartiments. Ce modèle nous permet de corriger le spray pour qu’il cible de façon optimale les zones clés du système immunitaire de la muqueuse nasale.
Photos du modèle artificiel permettant de visualiser la diffusion du vaccin après injection dans le nez
Ce modèle artificiel permet de pallier à l’impossibilité de s’appuyer sur les modèles précliniques animaux classiques. Il reproduit la cavité nasale humaine et le candidat vaccin peut y être administré afin de vérifier sa bonne diffusion. LoValTech, Author provided
  • In vivo, nous réalisons des tests comparatifs d’efficacité des différents systèmes de spray chez le lapin (modèle animal de référence) pour évaluer leur capacité à induire une réponse vaccinale optimale dans les muqueuses nasales (dans le cadre des tests réglementaires de toxicologie).

Notre objectif est de sélectionner le système de délivrance intranasal optimal pour les essais cliniques à venir, en termes d’efficacité biologique (activation de la vaccination par délivrance réduite à la cavité nasale). Mais, dans l’idée de concevoir un spray accessible aux pays à faibles revenus, nous sommes attentifs aux contraintes économiques et veillons à ce qu’il puisse être produit en masse et à coût réduit.

Apprendre à faire des choix dans un monde incertain

25 dimanche Déc 2022

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  1. Isabelle PatroixDocteur en littérature, Playground Manager, Grenoble École de Management (GEM)

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Plus les règles d’un jeu sont complexes, plus le joueur est libre d’inventer sa propre stratégie. Shutterstock

Depuis 2020, le monde a changé et d’aucuns disent qu’il est devenu incertain. Les règles du jeu ont en tout cas changé, et celles-ci ne sont plus claires. Comment l’être humain et la société peuvent-ils jouer avec ces nouvelles règles – ou cette absence de règles ? Et comment le fonctionnement propre aux jeux peut-il nous éclairer sur cette nouvelle situation ?

Rappelons d’abord que les règles sont une caractéristique fondamentale du jeu et que ce sont elles qui permettent au joueur d’être inventif. Roger Caillois l’écrit dès 1958 : « Le terme de jeu combine alors les idées de limites, de liberté et d’invention. ». Qu’il ait à deviner des mots sans en prononcer d’autres (dans le cas de Taboo) ou qu’il doive dessiner un concept dans un temps donné (dans le cas de Pictionary), c’est parce qu’il est contraint que le joueur devient créatif. C’est parce qu’il y a des règles qu’il doit se dépasser pour réussir à l’emporter.


À lire aussi : Les « mad skills », au cœur des métiers de demain ?


Outre son usage dans les séances de brainstorming, de créativité, dans les services innovation des entreprises, cette caractéristique du jeu se retrouve dans de nombreux domaines. En littérature, l’OuLiPo en a fait sa ligne de conduite : poser des règles pour solliciter la créativité. L’exemple le plus connu est celui de Georges Perec qui écrit un roman entier sans la lettre « e ». Cédric Villani, lauréat de la médaille Fields, le « Nobel » des mathématiques, évoque, lui aussi, cet équilibre entre règles et liberté dans son TedX sur la naissance des idées.

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Pendant les périodes de confinement, nous avons d’ailleurs pu constater au quotidien combien la créativité humaine était exacerbée par les contraintes. Denis Cristol en a d’ailleurs recensé quelques exemples, qu’ils soient inventifs, drôles, solidaires, musicaux, voire médicaux ou issus de la EdTech.

Les règles et la liberté de choisir

Au-delà de la créativité, la contrainte liée aux règles confronte le joueur à la prise de décision. A chaque tour, en effet, il est sommé de faire des choix. Au Monopoly, il devra décider s’il achète ou non telle rue ou telle avenue par exemple. Dans des jeux plus vastes comme Catan, Carcassonne, Seven Wonders, Risk, les règles sont plus nombreuses et les joueurs sont donc encore plus libres car ils peuvent élaborer des stratégies très différentes. Chaque partie sera l’occasion de tester une autre manière de jouer.

Le jeu permet alors de voir – action après action – les conséquences des choix des participants. Ces feedbacks immédiats permettent de visualiser les stratégies mises en place. Ils accroissent la motivation du joueur et sa capacité à progresser.

Action après action, le jeu permet de visualiser les conséquences de ses choix. Shutterstock

Cette caractéristique intrinsèque du jeu qui permet à la fois de choisir et de visualiser les conséquences de ses choix a donc une influence sur le déroulement du jeu. Par extension, si le jeu inclut un scénario avec des personnages, il sera possible d’influencer le déroulement du scénario. L’univers du jeu vidéo s’en est d’ores et déjà saisi. C’est le cas du studio Quantic Dream qui propose à ses joueurs des choix qui influencent le cours de l’histoire.

Dans Detroit : Become Human l’auteur et directeur du studio, David Cage, a réalisé un scénario de plus 5000 pages afin d’obtenir un récit complexe avec plus de 65 000 possibilités. Le scénario change en fonction des décisions, des dialogues et des choix moraux du joueur. Au-delà de l’expérience du joueur, ce jeu vidéo pose des questions sur les relations, humain/robot.

De la nécessité de retrouver des règles (du jeu)

Appliqué à des sujets cruciaux, le jeu permet donc aux participants d’en découvrir les conséquences. Cette caractéristique explique notamment l’usage exponentiel du « serious game » dans les domaines de la pédagogie, de la formation, de la sensibilisation aux sujets complexes actuels.

Les joueurs peuvent ainsi visualiser les conséquences de leur agissement sur la planète par exemple comme dans Change Game réalisé par la fondation Euro-Mediterranean Center on Climate Change (CMCC). Ils peuvent aussi réfléchir à leur choix et à leur éthique au travers de jeux tels que Are You Sure ou Finethics.


À lire aussi : Neurosciences : vos décisions, vous les prendrez avec ou sans émotions ?


Vous l’aurez compris, dans un jeu, c’est en fait la règle qui rend l’être humain créatif et c’est la multiplicité des règles qui lui donne la liberté de faire des choix et d’établir une stratégie.

Ce qui explique, par exemple, que le Morpion soit un jeu qui lasse vite et dont on se détourne par ennui. Ce jeu qui n’est composé que d’une seule règle (aligner trois signes identiques en ligne sur la grille) n’est pas assez contraignant pour inciter le cerveau à se dépasser et ne sollicite donc pas sa créativité. Il ne comprend pas non plus assez de règles pour permettre d’effectuer d’établir une stratégie.

Dans un monde devenu incertain, les règles floues, inattendues, en apparence inexistantes, sont donc forcément déstabilisantes pour l’être humain. Peut-être qu’il nous faudra projeter de nouvelles règles à l’image de Red Team, apprendre à lire entre les lignes, à repérer les signaux faibles ; user peut-être de la prospective pour détecter les nouvelles règles et apprendre à jouer avec.

Tuvalu, menacé d’être englouti par les eaux, crée son double digital

24 samedi Déc 2022

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  1. Géraldine GiraudeauProfesseure de droit public, Paris-Saclay (UVSQ), Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines (UVSQ) – Université Paris-Saclay

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Sans action immédiate au niveau planétaire contre le changement climatique, Tuvalu n'existera bientôt plus que dans le metavers.
Sans action immédiate au niveau planétaire contre le changement climatique, Tuvalu n’existera bientôt plus que dans le métavers. Tuvalu.tv

 

À l’occasion de la COP27, Simon Kofe, le ministre des Affaires étrangères de Tuvalu, a annoncé la création d’une réplique digitale de son pays, lui offrant ainsi la perspective d’une continuité virtuelle en cas de submersion par les eaux.

Le téléchargement de cet archipel polynésien dans le métavers doit être réalisé par étapes, avec une reproduction en 3D des terres, des eaux les entourant et d’éléments de la vie culturelle de Tuvalu. Pour l’heure, le site hébergeant le projet propose une représentation de Teafualiku, sa plus petite île.Annonce de la création d’un double de Tuvalu dans le métavers.

Les nations du Pacifique sont en première ligne des effets du changement climatique alors qu’elles y contribuent de façon infime (moins de 0,03 % des émissions de gaz à effet de serre) et que leurs ressources économiques pour y faire face sont limitées. Voilà des années qu’elles alertent sur la menace qu’emporte le phénomène pour leur survie.

La création d’un double virtuel de la monarchie du Pacifique poursuit deux objectifs. Le premier est de sensibiliser le monde sur le danger vital encouru par Tuvalu du fait du changement climatique ; le second est d’assurer un support de rattachement culturel et de survivance juridique au cas où le pire surviendrait. Cette dernière dimension pose de nombreuses questions.

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Alerter sur les effets du changement climatique

En Océanie, les multiples conséquences du dérèglement climatique sont déjà très réelles et documentées. Elles illustrent à quel point la crise climatique est avant tout une crise des droits humains, entravant la jouissance des droits culturels et menaçant aussi les droits à l’alimentation, à l’éducation, à la santé, à la protection de la famille, et même à la vie.

Ces bouleversements ont déjà entraîné de multiples relocalisations internes, comme en Papouasie Nouvelle-Guinée, aux Îles Salomon, à Fidji ou au Vanuatu.

Ils obligent également à anticiper des déplacements internationaux de populations, en particulier pour les États atolliens, à l’instar de Tuvalu, mais aussi de Kiribati, des Iles Marshall, ou de Tokelau (territoire spécial de Nouvelle-Zélande) : ces territoires entièrement composés de formations coralliennes basses sont susceptibles de disparaître sous les eaux d’ici quelques décennies.« Nations of Water » est un film documentaire sur la question du droit et des déplacés climatiques dans le Pacifique.

Un scénario juridique inédit

Or, si des États ont déjà cessé d’exister en raison de circonstances militaires et politiques, ils ne l’ont jamais été parce que leur territoire avait disparu.

Ce scénario soulève des questions juridiques sans précédent. En réalité, la montée des eaux étant un phénomène progressif, un territoire devient inhabitable avant d’être englouti par l’océan. Dans le cas des États atolliens, c’est l’ensemble des habitants qui pourraient être amenés à se déplacer. Une perspective d’autant moins fantaisiste que ces populations sont réduites en nombre (Tuvalu compte environ 12 000 habitants).


À lire aussi : L’impact du changement climatique sur la Polynésie française


Différentes incertitudes naissent de cette projection. Se pose d’abord la question de la survivance de l’État en lui-même. Selon le droit international, une entité étatique est composée de trois éléments : un territoire, une population et un gouvernement. Le déplacement de la population entière d’un État entraîne donc la première carence de ce triptyque, la disparition du territoire une seconde. En pareil cas, le gouvernement serait a minima obligé de s’exiler. Qu’adviendrait-il donc de ces entités étatiques ? Pourraient-elles continuer d’exister juridiquement et être encore représentées sur la scène internationale ? Pourraient-elles par exemple conserver leur statut d’État membre des Nations unies ?

La situation des personnes n’est pas plus claire. Les ressortissants de l’État dont le territoire serait devenu inhabitable ou aurait disparu continueraient-ils d’avoir la même nationalité ? Comment pourraient-ils faire valoir leurs droits ?


À lire aussi : « Réfugiés climatiques » : une décision historique du Comité des droits de l’homme de l’ONU ?


Enfin, il faudrait également répondre à la question importante de savoir si la reconnaissance de compétences souveraines sur les espaces maritimes pourrait subsister. En effet, le droit de la mer tel que codifié et développé dans la Convention de Montego Bay prévoit l’exercice de compétences liées à l’exploration et à l’exploitation des ressources sur la zone économique exclusive, jusqu’à 200 milles marins des lignes de base, ainsi que sur le plateau continental.

À l’occasion de la COP 26, le ministre des Affaires étrangères de Tuvalu s’est adressé aux dirigeants du monde avec de l’eau jusqu’aux genoux
À l’occasion de la COP 26, le ministre des Affaires étrangères de Tuvalu s’est adressé aux dirigeants du monde avec de l’eau jusqu’aux genoux. World Meteorological Organization/Flickr

En Océanie, la configuration géographique fait que le ratio terre/mer pour les États insulaires est unique au monde, et que ces confettis de terre sont en fait d’immenses nations maritimes (la ZEE de Tuvalu est un cas d’école avec plus de 756 000 km2 pour 30 km2 de terre, soit 27 000 fois la superficie terrestre de l’État). Dans quelle mesure pourrait-on renverser le postulat juridique selon lequel la terre domine la mer, et considérer que des profits pourraient continuer d’être tirés des espaces maritimes entourant l’ancien territoire terrestre ?

[Près de 80 000 lecteurs font confiance à la newsletter de The Conversation pour mieux comprendre les grands enjeux du monde. Abonnez-vous aujourd’hui]

De nombreuses hypothèses d’États « territorialisés », ou « ex-situ » ont déjà nourri les recherches des internationalistes. L’achat de terres à Fiji par Kiribati a par exemple illustré la possibilité de relocalisation externe de la population (ces terres auraient finalement été converties en exploitation agricole, avec le soutien de la Chine).

Ces projections, dont les obstacles concrets restent difficiles à ignorer, mobilisent l’imagination des juristes. La création d’un double digital des États constitue encore une nouvelle piste.

Un support virtuel à la continuité de l’État

Faudrait-il dès lors envisager la doublure de l’État dans le métavers comme un nouveau support de son existence ? La territorialité et la souveraineté pourraient-elles être également virtuelles ?

Le métavers, concept un peu flou promu par les géants d’Internet, a la particularité de proposer un monde virtuel au sein duquel des avatars tridimensionnels seraient dotés d’une existence propre. Certaines institutions y ont déjà cédé, à l’instar de la ville de Séoul ou de la Barbade, qui ont annoncé y recréer une partie de leurs services administratifs pour la première et diplomatiques pour la seconde. Le projet de Tuvalu est novateur en ce qu’il se propose de télécharger l’entièreté de l’État, dans ses dimensions à la fois spatiales et culturelles.

Cette projection numérique ne créerait pas de droits – sauf éventuellement dans le métavers lui-même. Néanmoins, dans le monde réel, elle pourrait supporter la survivance d’un État déterritorialisé, en lui donnant une certaine matérialité. Les modalités de cette continuité juridique restent toutefois à préciser. Elles font l’objet de nombreuses réflexions menées notamment au sein de la Commission du droit international de l’ONU.

L’État virtuel a aussi été présenté par le ministre Kofe comme un moyen pour les Tuvaluans et leurs descendants de pouvoir un jour se replonger au sein de la richesse esthétique, biologique et culturelle de leur pays, en portant des lunettes 3D. La construction d’un monde virtuel peut paraître en soi effrayante, elle devient tragique lorsqu’il s’agit d’y télécharger un monde sur le point de disparaître à jamais de la réalité physique. De récentes évolutions, tel le soutien apporté à la campagne menée par le Vanuatu pour solliciter un avis de la Cour internationale de Justice sur le changement climatique et les droits humains sont autant de signes d’une croissante prise en compte de la situation des petits États insulaires face au changement climatique.

La création lors de la COP 27 d’un fonds pour les pertes et préjudices – certes existant mais pas encore doté et dont la liste des pays bénéficiaires n’a pas été arrêtée – peut également être soulignée. Le sort des nations comme celle de Tuvalu tient néanmoins à des actions beaucoup plus concrètes et immédiates tant il y a urgence à les sauver.

Publié: 18 décembre 2022, 19:15 CET

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  1. Géraldine GiraudeauProfesseure de droit public, Paris-Saclay (UVSQ), Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines (UVSQ) – Université Paris-Saclay

Déclaration d’intérêts

Géraldine Giraudeau ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.

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Sans action immédiate au niveau planétaire contre le changement climatique, Tuvalu n'existera bientôt plus que dans le metavers.
Sans action immédiate au niveau planétaire contre le changement climatique, Tuvalu n’existera bientôt plus que dans le métavers. Tuvalu.tv

À l’occasion de la COP27, Simon Kofe, le ministre des Affaires étrangères de Tuvalu, a annoncé la création d’une réplique digitale de son pays, lui offrant ainsi la perspective d’une continuité virtuelle en cas de submersion par les eaux.

Le téléchargement de cet archipel polynésien dans le métavers doit être réalisé par étapes, avec une reproduction en 3D des terres, des eaux les entourant et d’éléments de la vie culturelle de Tuvalu. Pour l’heure, le site hébergeant le projet propose une représentation de Teafualiku, sa plus petite île.Annonce de la création d’un double de Tuvalu dans le métavers.

Les nations du Pacifique sont en première ligne des effets du changement climatique alors qu’elles y contribuent de façon infime (moins de 0,03 % des émissions de gaz à effet de serre) et que leurs ressources économiques pour y faire face sont limitées. Voilà des années qu’elles alertent sur la menace qu’emporte le phénomène pour leur survie.

La création d’un double virtuel de la monarchie du Pacifique poursuit deux objectifs. Le premier est de sensibiliser le monde sur le danger vital encouru par Tuvalu du fait du changement climatique ; le second est d’assurer un support de rattachement culturel et de survivance juridique au cas où le pire surviendrait. Cette dernière dimension pose de nombreuses questions.

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En Océanie, les multiples conséquences du dérèglement climatique sont déjà très réelles et documentées. Elles illustrent à quel point la crise climatique est avant tout une crise des droits humains, entravant la jouissance des droits culturels et menaçant aussi les droits à l’alimentation, à l’éducation, à la santé, à la protection de la famille, et même à la vie.

Ces bouleversements ont déjà entraîné de multiples relocalisations internes, comme en Papouasie Nouvelle-Guinée, aux Îles Salomon, à Fidji ou au Vanuatu.

Ils obligent également à anticiper des déplacements internationaux de populations, en particulier pour les États atolliens, à l’instar de Tuvalu, mais aussi de Kiribati, des Iles Marshall, ou de Tokelau (territoire spécial de Nouvelle-Zélande) : ces territoires entièrement composés de formations coralliennes basses sont susceptibles de disparaître sous les eaux d’ici quelques décennies.« Nations of Water » est un film documentaire sur la question du droit et des déplacés climatiques dans le Pacifique.

Un scénario juridique inédit

Or, si des États ont déjà cessé d’exister en raison de circonstances militaires et politiques, ils ne l’ont jamais été parce que leur territoire avait disparu.

Ce scénario soulève des questions juridiques sans précédent. En réalité, la montée des eaux étant un phénomène progressif, un territoire devient inhabitable avant d’être englouti par l’océan. Dans le cas des États atolliens, c’est l’ensemble des habitants qui pourraient être amenés à se déplacer. Une perspective d’autant moins fantaisiste que ces populations sont réduites en nombre (Tuvalu compte environ 12 000 habitants).


À lire aussi : L’impact du changement climatique sur la Polynésie française


Différentes incertitudes naissent de cette projection. Se pose d’abord la question de la survivance de l’État en lui-même. Selon le droit international, une entité étatique est composée de trois éléments : un territoire, une population et un gouvernement. Le déplacement de la population entière d’un État entraîne donc la première carence de ce triptyque, la disparition du territoire une seconde. En pareil cas, le gouvernement serait a minima obligé de s’exiler. Qu’adviendrait-il donc de ces entités étatiques ? Pourraient-elles continuer d’exister juridiquement et être encore représentées sur la scène internationale ? Pourraient-elles par exemple conserver leur statut d’État membre des Nations unies ?

La situation des personnes n’est pas plus claire. Les ressortissants de l’État dont le territoire serait devenu inhabitable ou aurait disparu continueraient-ils d’avoir la même nationalité ? Comment pourraient-ils faire valoir leurs droits ?


À lire aussi : « Réfugiés climatiques » : une décision historique du Comité des droits de l’homme de l’ONU ?


Enfin, il faudrait également répondre à la question importante de savoir si la reconnaissance de compétences souveraines sur les espaces maritimes pourrait subsister. En effet, le droit de la mer tel que codifié et développé dans la Convention de Montego Bay prévoit l’exercice de compétences liées à l’exploration et à l’exploitation des ressources sur la zone économique exclusive, jusqu’à 200 milles marins des lignes de base, ainsi que sur le plateau continental.

À l’occasion de la COP 26, le ministre des Affaires étrangères de Tuvalu s’est adressé aux dirigeants du monde avec de l’eau jusqu’aux genoux
À l’occasion de la COP 26, le ministre des Affaires étrangères de Tuvalu s’est adressé aux dirigeants du monde avec de l’eau jusqu’aux genoux. World Meteorological Organization/Flickr

En Océanie, la configuration géographique fait que le ratio terre/mer pour les États insulaires est unique au monde, et que ces confettis de terre sont en fait d’immenses nations maritimes (la ZEE de Tuvalu est un cas d’école avec plus de 756 000 km2 pour 30 km2 de terre, soit 27 000 fois la superficie terrestre de l’État). Dans quelle mesure pourrait-on renverser le postulat juridique selon lequel la terre domine la mer, et considérer que des profits pourraient continuer d’être tirés des espaces maritimes entourant l’ancien territoire terrestre ?

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De nombreuses hypothèses d’États « territorialisés », ou « ex-situ » ont déjà nourri les recherches des internationalistes. L’achat de terres à Fiji par Kiribati a par exemple illustré la possibilité de relocalisation externe de la population (ces terres auraient finalement été converties en exploitation agricole, avec le soutien de la Chine).

Ces projections, dont les obstacles concrets restent difficiles à ignorer, mobilisent l’imagination des juristes. La création d’un double digital des États constitue encore une nouvelle piste.

Un support virtuel à la continuité de l’État

Faudrait-il dès lors envisager la doublure de l’État dans le métavers comme un nouveau support de son existence ? La territorialité et la souveraineté pourraient-elles être également virtuelles ?

Le métavers, concept un peu flou promu par les géants d’Internet, a la particularité de proposer un monde virtuel au sein duquel des avatars tridimensionnels seraient dotés d’une existence propre. Certaines institutions y ont déjà cédé, à l’instar de la ville de Séoul ou de la Barbade, qui ont annoncé y recréer une partie de leurs services administratifs pour la première et diplomatiques pour la seconde. Le projet de Tuvalu est novateur en ce qu’il se propose de télécharger l’entièreté de l’État, dans ses dimensions à la fois spatiales et culturelles.

Cette projection numérique ne créerait pas de droits – sauf éventuellement dans le métavers lui-même. Néanmoins, dans le monde réel, elle pourrait supporter la survivance d’un État déterritorialisé, en lui donnant une certaine matérialité. Les modalités de cette continuité juridique restent toutefois à préciser. Elles font l’objet de nombreuses réflexions menées notamment au sein de la Commission du droit international de l’ONU.

L’État virtuel a aussi été présenté par le ministre Kofe comme un moyen pour les Tuvaluans et leurs descendants de pouvoir un jour se replonger au sein de la richesse esthétique, biologique et culturelle de leur pays, en portant des lunettes 3D. La construction d’un monde virtuel peut paraître en soi effrayante, elle devient tragique lorsqu’il s’agit d’y télécharger un monde sur le point de disparaître à jamais de la réalité physique. De récentes évolutions, tel le soutien apporté à la campagne menée par le Vanuatu pour solliciter un avis de la Cour internationale de Justice sur le changement climatique et les droits humains sont autant de signes d’une croissante prise en compte de la situation des petits États insulaires face au changement climatique.

La création lors de la COP 27 d’un fonds pour les pertes et préjudices – certes existant mais pas encore doté et dont la liste des pays bénéficiaires n’a pas été arrêtée – peut également être soulignée. Le sort des nations comme celle de Tuvalu tient néanmoins à des actions beaucoup plus concrètes et immédiates tant il y a urgence à les sauver.

Ce que les enfants pensent vraiment du père Noël

23 vendredi Déc 2022

Posted by mirmandepatrimoines in Uncategorized

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auteur

  1. Jonathan LaneAssistant Professor of Psychology and Human Development, Vanderbilt University

Déclaration d’intérêts

Les recherches de Jonathan Lane ont été financées par le National Institutes of Health et la John Templeton Foundation.

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Même si les enfants ne croient pas au Père Noël, c’est une fiction qui leur semble agréable et gratifiante. Shutterstock

Pour beaucoup d’enfants, l’arrivée du père Noël est le point culminant des festivités de décembre. Mais croient-ils vraiment qu’un homme aux pouvoirs magiques parcourt le globe pour leur apporter leurs cadeaux ?

S’ils y croient, n’est-ce pas une preuve de leur crédulité ou de leur incapacité à faire la distinction entre la fiction et la réalité ? Pour bien faire la part des choses, imaginez cependant un instant votre réaction face au scénario qui suit.

Depuis plusieurs jours, les journaux télévisés diffusent en boucle des reportages sur un individu non identifié qui s’introduit dans les habitations où il dérobe les clés de la voiture avant de partir au volant du véhicule. Le coupable ne laisserait aucune trace, hormis celles que de bottes pleines de boue sur le sol.

Un matin au réveil, vous trouvez des traces de boue chez vous, vous remarquez que vos clés de voiture ont disparu. Vous vous précipitez à la fenêtre et constatez que la voiture n’est plus là. Immédiatement, vous vous dites que l’inconnu dont vous avez entendu parler aux infos vous a rendu une petite visite. Quelques minutes plus tard, vous recevez un appel de votre colocataire, un type sans-gêne, qui vous explique qu’il a voulu se rendre au travail à pied, comme d’habitude, mais qu’il pleuvait tellement qu’il est rentré dans l’appartement avec ses chaussures sales et vous a emprunté votre voiture pour la journée.

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Les parents s’efforcent de disséminer dans la maison des preuves irréfutables de l’existence du Père Noël. Shutterstock

Des publicités aux adultes, tout le monde s’évertue à perpétuer le mythe du père Noël. Les parents eux-mêmes emmènent leur progéniture dans les centres commerciaux pour rencontrer un type déguisé qui prend l’enfant sur ses genoux pour qu’il lui récite sa liste de cadeaux. La veille de Noël, ils disséminent dans la maison des preuves irréfutables de l’existence de ce personnage : des bouts de biscuits et un verre de lait à moitié vide que les enfants trouveront le lendemain matin et, le plus important, les cadeaux sous le sapin.

Alors, si les enfants croient à l’existence du père Noël, ce n’est pas parce qu’ils sont plus crédules que vous, mais qu’on les a encouragés dans cette voie. Vous-même, face à des preuves du même ordre, auriez été capable de déduire qu’un criminel s’était introduit chez vous pour voler vos clés de voiture. D’ailleurs, les enfants font parfois preuve de davantage de scepticisme que les adultes à l’égard d’allégations et d’affirmations.

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L’adhésion à l’histoire du père Noël pique particulièrement la curiosité du chercheur spécialisé dans les croyances des enfants que je suis. Je m’intéresse à la représentation qu’ils se font des autres, à leur esprit, et à leur conception de l’extraordinaire. La recherche sur le développement cognitif des enfants nous permet d’entrer dans l’histoire fascinante – et plus nuancée qu’on l’imagine souvent – de cette croyance annuelle.

Se représenter le monde

Admettre l’existence du père Noël est une chose. Mais les enfants croient-ils vraiment que le père Noël est capable de faire tout ce que racontent leurs parents et les autres adultes ? Qu’il peut faire le tour de la Terre en une nuit, sur un traîneau tiré par des rennes, et leur apporter des cadeaux à tous ? Ou qu’il sait s’ils ont été gentils ou méchants au cours de l’année écoulée ?

C’est là que l’histoire devient plus intéressante et plus nuancée. Ces croyances dépendent en fait de la conception que les enfants ont du monde, et ces représentations évoluent de façon spectaculaire au cours de l’enfance.

Au-delà de 8 ans, les enfants ne croient plus au Père Noël mais ils aiment perpétuer le rituel. Shutterstock

Il existe par exemple des différences individuelles considérables entre les enfants et des évolutions dans leur manière d’envisager les notions de planète Terre, de temps et de vitesse chez l’enfant.

Si un jeune enfant croit que la Terre est petite ou qu’elle abrite peu d’habitants, une distribution massive de cadeaux par le père Noël en 24 heures ne lui semble pas si farfelue. Il existe également de grandes différences dans l’idée que les enfants se font de l’esprit. Les jeunes enfants, en particulier, trouvent difficile de se représenter quelqu’un d’omniscient, qui connaîtrait chacune de leurs pensées et chacun de leurs mouvements. En maternelle par exemple, ils sont enclins à croire que le père Noël a un esprit exceptionnel, qu’il peut savoir des choses que la plupart des autres adultes ignorent, mais pas tout.

Ainsi, les plus petits croient généralement que le père Noël existe, mais sous une forme plus banale que ce que les adultes laissent entendre.

Jouer avec les faux-semblants

Pourtant, même dans les cultures où les récits sur le père Noël et les preuves physiques de son existence sont omniprésents, la plupart des enfants finissent par se rendre compte qu’il n’existe pas. Ce qu’en disent leurs copains peut lentement éroder leur croyance. Ils peuvent aussi surprendre leurs parents qui se régalent des biscuits du père Noël ou déposent les cadeaux sous le sapin.


À lire aussi : Ces livres de jeunesse qui font Noël


De plus, à mesure que les enfants se rendent compte de l’ampleur des pouvoirs attribués au père Noël – lorsqu’ils prennent par exemple conscience de la distance qu’il doit parcourir et du nombre de maisons qu’il doit visiter en une seule nuit – ils se mettent à remettre en question ses qualités supposées et finissent par douter de son existence tout court. Vers l’âge de huit ans, la plupart n’y croient plus vraiment.

Alors, pourquoi continuent-ils de participer à ce rituel annuel ? Pourquoi font-ils comme si le père Noël existe vraiment et leur offre des cadeaux parce qu’ils ont été gentils (ce qui va sans dire) ?

La réponse est simple : parce que c’est amusant. C’est un peu comme les amis imaginaires. Les enfants qui en ont savent qu’ils ne sont pas réels, mais ils font semblant de jouer avec eux et de parler d’eux à leur entourage parce que c’est une fiction agréable et gratifiante. Considérer que le père Noël est réel présente un avantage supplémentaire puisqu’il leur apporte des jouets chaque année ! Lorsque les enfants plus âgés s’adonnent à cette mythologie, ils jouent le jeu avec les adultes, qui eux-mêmes s’amusent de ce faux-semblant.


À lire aussi : Mon enfant a un ami imaginaire : et si ça l’aidait à grandir ?


Ce mensonge a-t-il des conséquences sur les enfants ? Perdent-ils la confiance qu’ils avaient en leurs parents lorsqu’ils découvrent que ceux-ci ont mis en place un stratagème aussi sophistiqué ?

Peu d’études répondent directement à ces questions. L’une des rares à avoir interrogé les enfants sur leurs réactions a révélé qu’ils éprouvaient plus d’émotions positives que négatives lorsqu’ils apprenaient l’existence du mythe, qu’ils aient découvert le mensonge eux-mêmes ou de la bouche de leurs parents.

Si l’on considère que les enfants sont à même de comprendre qu’il s’agit d’un jeu et qu’ils font semblant sans que leurs parents ne s’en rendent compte, et si l’on considère que toute cette fiction se déroule dans un contexte de plaisir et de convivialité, il y a alors probablement plus à y gagner qu’à y perdre.

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